L’art et la machine
Du métronome au gramophone par Emmanuel Reibel. Fayard, 384 p., 24 €.
L’ère romantique fut aussi une ère révolutionnaire – celle de la révolution industrielle : Emmanuel Reibel ne pouvait s’intéresser à la première sans se pencher sur la seconde. Le titre de son roboratif essai dit bien le parcours emprunté. Il part du métronome perfectionné en 1815 par le Bavarois Johann Nepomuk Maelzel, qui « ne fut pas conçu à l’origine pour rationaliser et contrôler l’apprentissage » de la musique, encore moins pour tyranniser des générations d’élèves, « mais pour standardiser la notion du tempo », souligne le musicologue. Le chemin s’achève sur l’invention du phonographe, breveté en 1877 par Edison qui, « en arrachant les sons à l’instant », sera porteur d’une « mutation anthropologique » durable. Entre ces deux extrémités de la frise, l’auteur raconte la formidable frénésiequi consiste en l’audition téléphonique de représentations dramatiques et lyriques, en direct, dès les années 1880.