UNE VÉRITABLE LEÇON DE CONSTRUCTION, AU SENS MUSICAL DU TERME
Loin des sorties tonitruantes avec force surexposition médiatique et sujets à polémiques, le succès peut aussi reposer sur la discrétion. S’il n’a pas forcément la notoriété de bien des auteurs contemporains, Akira Mizubayashi n’en finit pas, semaine après semaine et sans faire grand bruit, de conquérir de nouveaux lecteurs. Qui aurait pu imaginer qu’un (certes magnifique) roman comme histoire d’un violon cassé nous ramenant aux horreurs de la guerre, aurait connu un si beau destin ? Un peu noyé dans le catalogue de la Blanche lors de la rentrée littéraire 2019, cet ouvrage a toutefois immédiatement bénéficé d’un excellent bouche-à-oreille, pas forcément spectaculaire mais régulier, qui lui a valu de rester en piles, et reçu quelques mois plus tard un certain nombre de distinctions – dont le prix de la Ville de Deauville et le prix des Libraires. À ce jour, on compte plus de 200000 exemplaires écoulés d’Âen France. Grand amoureux de la culture et des lettres françaises (passion qu’il explique dans son essai publié en 2011, ), l’écrivain japonais a d’ailleurs choisi la langue de Flaubert pour son œuvre littéraire, qui compte entre autres ou, aujourd’hui, réunissant tous les thèmes chers à l’auteur. Il s’attache à une jeune altiste parisienne, Marie-Mizuné (prénom composé de , « l’eau » en japonais, et , « le son »), cherchant à en savoir plus sur ses grands-parents, qui s’étaient connus à la fin des années 1930. Son grand-père apprenait l’alto au conservatoire, et celle dont il tomba amoureux travaillait dans le restaurant familial. La guerre aura raison des amants et le conflit sino-japonais obligera le musicien à repartir en Asie pour, sans doute, ne jamais revenir… Est-ce un hasard si l’on retrouve cette histoire personnelle dans le livre d’un jeune écrivain nippon, dont Marie-Mizuné vient d’avoir connaissance? Que vient faire la de Chostakovitch dans cette intrigue ? Véritable leçon de construction – au sens musical du terme –, révèle habilement tous ses secrets au fil du récit (jusqu’à son final étonnant), dans un style à la fois simple et