Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

Aller au contenu

Sinbad le marin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Illustration de Sinbad le marin par René Bull.

Sinbad le marin, en persan Sindibad (aussi épelé « Sindbad » du persan : سندباد (Sandbād)), est un conte d'origine irakienne qui conte les aventures de son personnage éponyme, un marin de la ville de Bagdad du temps de la dynastie des Abbassides (aux environs de 781-835 d'après René R. Khawam[1]). Durant ses voyages dans les mers de l'est de l'Afrique et du sud de l'Asie, Sinbad vit de nombreuses aventures fantastiques.

Les Sept Voyages de Sinbad le marin se retrouvent, à l'initiative d'Antoine Galland, à partir de la 69e nuit (tome 3) des contes des Mille et Une Nuits. Les sept voyages occupent précisément les nuits 69 à 90, toutes contenues dans le tome 3. Les aventures sont basées, d'une part, sur de véritables expériences de marins de l'océan Indien et, d'autre part, sur d'anciens textes de sources diverses (dont l’Odyssée d'Homère) ainsi que de nombreuses légendes perses et indiennes.

René R. Khawam propose une nouvelle traduction de Sindbad le marin[1] légèrement différente de celle d'Antoine Galland et de ses successeurs, à partir de manuscrits utilisés par Galland. D'après lui, Sindbad le marin ne ferait pas partie des Mille et Une Nuits. Il s'agirait d'un récit inspiré d'un navigateur de l'époque d'Hâroun ar-Rachîd, calife de Bagdad. Il permettrait, pour l'époque, de donner des indications quant aux possibilités de commerce. Le récit aurait été écrit quelques années après, vers 837, et aurait notamment été lu par le géographe Ibn-Khourradâdhbîh (qui aurait peut-être rencontré le personnage réel inspirant Sindbad). De plus, le récit complet comprendrait également les aventures de Sindbad le terrien[2], présenté comme Sindbad le portefaix, l'interlocuteur de Sindbad le marin.

Nom du héros

[modifier | modifier le code]

Le nom du héros a différentes orthographes selon les traducteurs. Il est nommé Sindbad chez Antoine Galland[3], Joseph-Charles Mardrus[4], René R. Khawam, ainsi que Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel, par exemple. Il est appelé Sind-Bâd chez Louis-Mathieu Langlès[5], ainsi que Sind-Bad chez Édouard Gauttier d'Arc[6].

Étymologie

[modifier | modifier le code]

On[Qui ?] attribue plusieurs étymologies au nom « Sindbad » :

  • « Siddhapati », mot sanscrit qui signifie « le seigneur des sages » ;
  • « Bidpai » (Bidyápati) ;
  • « Sind » ou « Sindh », le nom d'origine de l'Indus et d'une région du Pakistan
  • « Sîn-dabâne » (l'homme attiré par la Chine)[1]
  • « Sanbao » signifiant littéralement « Trois Joyaux » (vertus capitales indissociables communes aux principales philosophies que sont L'Éveil, l'Altruisme et l’Équité, soit « Apprendre, comprendre et partager »), est le surnom honorifique du grand-amiral musulman Zheng He, grand-eunuque à la cour de l'empereur chinois Ming Yongle et planificateur des sept expéditions transocéaniques lancées sous le règne de celui-ci.

Les aventures de Sinbad le marin

[modifier | modifier le code]

Les Mille et Une Nuits est un recueil qui narre les nuits où la jeune Shéhérazade, fille de vizir, invente une multitude de contes pour distraire son mari et échapper à la mort. On y trouve en particulier, depuis la traduction d'Antoine Galland[1], les aventures de Sinbad le marin.

Vers la fin de la 536e nuit, Shéhérazade débute l'histoire de Sinbad : à l'époque de Hâroun ar-Rachîd, calife de Bagdad, un pauvre livreur du nom de Hindbad, ou Sindbad, homonyme de Sindbad le marin[1], fait une pause sur un banc près de la grille de la maison d'un riche marchand. Alors qu'il se plaint à Allah des injustices d'un monde qui permet aux riches de vivre pleinement, tandis que lui doit travailler d'arrache-pied et demeurer pauvre, le propriétaire des lieux l'entend et l'envoie chercher. Le riche Sinbad dit au pauvre Hindbad qu'il est devenu riche par la chance, au cours de ses sept voyages fantastiques qu'il va maintenant lui raconter. Il rencontre des rats, des chevaux et des hippopotames.

Le premier voyage

[modifier | modifier le code]

Sindbad et ses compagnons accostent sur une petite île à fleur d'eau : c'est en fait le dos d'une baleine. Quand la baleine se réveille, Sindbad n'a pas le temps de rejoindre le bateau, qui repart en catastrophe. Accroché à une pièce de bois, il accoste sur une autre île, où des cavales sont couvertes par un cheval marin, pour le compte du roi Mihrage. Les palefreniers du roi conduisent Sindbad à la ville. De là, Sindbad visite l'île de Cassel, aux poissons longs de plus de 100 coudées. Quelque temps plus tard, le bateau qui l'avait abandonné accoste chez le roi Mihrage : Sindbad retrouve sa cargaison de marchandises et peut rentrer chez lui.

Le deuxième voyage

[modifier | modifier le code]
Sinbad le marin et la vallée des diamants (Maxfield Parrish).

Durant le deuxième jour de l'histoire de Sinbad, la 549e nuit de Shéhérazade, il raconte comment il s'est lassé de sa vie de plaisirs puis a repris la mer, possédé par l'idée de voyager dans le monde des hommes et de visiter leurs villes et leurs îles.

Accidentellement abandonné par son équipage, il se retrouve seul dans une inaccessible vallée de serpents géants et d'oiseaux encore plus gigantesques, des rokhs. Piégé dans le nid d'une de ces créatures, il se rend compte que le sol du nid est tapissé de diamants.

On y apprend que des marchands récoltent les diamants en lançant de gros blocs de viandes dans la vallée, blocs que les oiseaux ramènent dans leurs nids : les diamants se collent à la viande et les marchands les récoltent en ramenant la viande à l'aide d'une corde. Afin de sortir du nid, Sinbad s'attache à une pièce de viande, emportant avec lui un gros sac de diamants.

Le troisième voyage

[modifier | modifier le code]

Sans cesse en quête d'aventures, Sinbad repart de Bassorah.

Par malchance, lui et ses compagnons sont emprisonnés sur une île par une créature gigantesque, noire de peau, un œil unique étincelant, avec des lèvres longues et pendantes comme celles des chameaux, les oreilles lui couvrant les épaules et les ongles des mains pareilles aux griffes d'un lion.

Le monstre dévore un à un les membres de l'équipage, en commençant par le plus gros. Sinbad élabore un plan pour aveugler le géant avec des broches métalliques[7]. Ainsi, l'équipage s'enfuit sur des radeaux qu'ils avaient construits. Le cyclope se précipite sur la plage pour jeter des pierres sur les radeaux des fugitifs. Malheureusement seuls trois marchands (dont Sinbad) survivent..

Arrivés sur une autre île, ils rencontrent un serpent qui dévore chaque nuit un des marchands. Quand Sinbad se retrouve seul, il décide de construire un barrage autour de lui. Ce stratagème fonctionne, et lorsque le jour arrive le serpent s'éclipse ; Sinbad peut quitter l'île grâce à un navire qui passait par là.

Il retourne alors à Bagdad, plus en forme que jamais, et les festivités de son retour lui font oublier les horreurs de son troisième voyage.

Le quatrième voyage

[modifier | modifier le code]

Comme dans chaque voyage de Sinbad, son navire s'échoue. Les sauvages nus avec lesquels son équipage et lui se retrouvent leur donnent à manger une plante qui leur enlève toutes leurs volontés. Sinbad refuse de manger de cette plante et, lorsque les cannibales se lassent de lui, il s'échappe. Un groupe de marchands itinérants le ramène sur leur propre île, où leur roi se lie d'amitié pour Sinbad et lui donne une riche et belle vie. Il finit aussi par épouser une des habitantes de l'île.

Un peu trop tard, Sinbad apprend une coutume particulière de l'île : à la mort d'un des deux époux, son partenaire est enterré vivant avec lui, tous deux dans leurs plus beaux atours. Malgré toute son attention, la femme de Sinbad tombe malade et meurt peu après, laissant Sinbad emprisonné dans une caverne souterraine, une tombe commune, avec un pot d'eau et quelques morceaux de pain. Au moment où ses maigres provisions sont écoulées, un autre couple, le mari étant mort et la femme vivante, sont jetés dans la caverne ; Sinbad tue la femme et prend ses rations.

Il a bientôt une bonne quantité de pain et d'eau et beaucoup d'or et de joyaux, mais est toujours incapable de s'échapper, jusqu'au jour où un animal sauvage lui montre un passage vers l'extérieur, au-dessus de l'océan. De là, un navire le recueille et le ramène à Bagdad, où il donne ses richesses aux pauvres et recommence à vivre une vie de plaisirs.

Le cinquième voyage

[modifier | modifier le code]

Les plaisirs de la vie à Bagdad, dit-il, purent encore effacer de sa mémoire toutes ses souffrances, mais sans lui ôter l'envie d'entreprendre de nouveaux voyages.

C'est pourquoi il achète des marchandises, qu'il fait emballer et charger sur des voitures. Pour avoir un navire à son commandement, il en fait construire et équiper un à ses frais. Dès qu'il fut achevé, il le fait charger. Il prend à bord plusieurs marchands de différentes nations, avec leurs marchandises.

Après une longue navigation, ils abordent sur une île déserte où ils trouvent un œuf de Roc sur le point d'éclore : le bec commence à paraître...

Les compagnons de Sindbad s'emparent alors du petit Roc pour le rôtir ce qui provoque la colère de ses parents.

Plus tard, Sindbad, après avoir échappé aux Rocs, affronte le vieillard de la mer (en), un étrange vieillard qui tente de l'étouffer en mettant ses jambes autour de son cou. Sinbad fait du vin et le vieillard en boit et adore. Il termine la bouteille et de devient soûl et lâche Sinbad. Sinbad prend une grosse pierre et lui écrase la tête.

Le sixième voyage

[modifier | modifier le code]

Puis un navire le recueille et Sinbad est reparti en mer et s'échoue cette fois sur une île dont les rivières sont remplies de pierres précieuses dont les flots brillent d'ambre gris.

Cependant, il n'y a aucune nourriture et ses compagnons meurent les uns après les autres, jusqu'à ce qu'il se retrouve seul. Il creuse sa tombe lui-même mais au moment où il croit mourir, il aperçoit un cours d'eau. Il fabrique une barque et étant fatigué, s'endort. Il trouve en se réveillant la ville du roi de Serendib (Sri Lanka). Le roi est curieux de ce que Sindbad lui raconte à propos de Haroun al-Rashid et lui demande d'apporter des présents de sa part à Bagdad : une coupe taillée dans un unique rubis, un lit fait de la peau du serpent qui avala un éléphant, cent mille pots d'aloès indienne, une jeune et belle esclave, et d'autres présents.

Lorsque Sinbad retourne à Bagdad, le calife est très intéressé par ce qu'il lui dit de la terre du Serendib.

Le septième voyage

[modifier | modifier le code]

Sinbad reprend la mer avec le résultat habituel.

Perdu sur une île désolée, il se fabrique un radeau et flotte jusqu'à une grande ville. Là-bas, le chef des marchands marie Sinbad à sa fille, le nomme comme héritier et meurt.

Les habitants de cette ville se transforment une fois par mois en oiseaux et Sinbad se fait porter par l'un d'eux jusqu'au plus haut du ciel, où il entend les anges glorifier Boodi. Cependant, l'entendant, les anges lui lancent du feu qui consume l'homme-oiseau. Les hommes-oiseaux sont fâchés contre Sinbad et l'isolent sur le sommet d'une montagne où deux jeunes, les servants d'Allah, lui donnent un bât.

De retour en ville, Sinbad apprend par sa femme que les hommes-oiseaux sont maléfiques, mais qu'elle-même et son père ne sont pas comme eux. Suivant les suggestions de sa femme, Sinbad vend tous ses avoirs et retourne avec elle à Bagdad, où, finalement, il finit par vivre tranquille, ne recherchant plus d'aventures.

Dans une seconde version du septième voyage (ou bien la deuxième partie du sixième voyage[1]), on ajoute que Sinbad se voit demander par le calife Haroun al-Rachid de retourner un cadeau au roi de Serendib. Bien que réticent à reprendre la mer, ses aventures ayant été assez malheureuses, Sinbad entreprend son seul voyage diplomatique. Le roi de Serendip est très heureux des cadeaux du calife et enrichit Sinbad de présents. Au retour, la catastrophe habituelle se produit : Sinbad est capturé et vendu comme esclave. Son maître lui demande de tuer des éléphants avec un arc et des flèches, ce qu'il fait jusqu'à ce que le roi des éléphants le transporte au cimetière des éléphants. Le maître de Sinbad est tellement heureux par la quantité d'ivoire qu'il y trouve qu'il libère Sinbad, lequel retourne à Bagdad riche en ivoire et en or.

Les voyages de Sindbad relevant du merveilleux, déterminer leur cadre géographique exact est hasardeux. Toutefois, plusieurs spécialistes ont tenté d'en déterminer les destinations :

René R. Khawam affirme qu'il est possible, sans grand risque d'erreur, de reconstituer les itinéraires de Sindbad[1],[8] :

André Miquel, de son côté, propose une liste très différente[9] :

  • Premier voyage : à Sumatra ;
  • Deuxième voyage : au Sri Lanka ;
  • Troisième voyage : à Salahath (en fait Malaisie) ;
  • Quatrième voyage : dans les îles de la Sonde ;
  • Cinquième voyage : dans les îles de la Sonde ;
  • Sixième voyage : au Sri Lanka ;

Adaptations

[modifier | modifier le code]

Autres utilisations

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d e f et g René R. Khawam, Les aventures de Sindbad le Marin, Phébus, (ISBN 978-2-85940-767-4, OCLC 468734264, lire en ligne)
  2. René R. Khawam (trad. de l'arabe), Les aventures de Sindbad le Terrien : texte intégral, Paris, Phébus, , 252 p. (ISBN 978-2-7529-0805-6, OCLC 812523614, lire en ligne)
  3. Voir en ligne dans l'édition d'Antoine Galland.
  4. Voir en ligne dans l'édition de Joseph-Charles Mardrus.
  5. Louis-Mathieu Langlès, Les voyages de Sind-Bâd le Marin, et la ruse des femmes (lire en ligne).
  6. (voir en ligne) dans l'édition de Joseph-Charles Mardrus.
  7. Voir la légende de Polyphème.
  8. Yves Paccalet, Les Plus Beaux Récits de voyage, Éditions de la Martinière, , « Le long voyage de Sinbad le marin, 835 - 840 », p. 12 - 13
  9. « Tome 2 : Notes 7 (suite): Les Mille et une Nuits - Textes et traducteurs », sur bibliotrutt.eu
  10. wearelearning.com/sindbad
  11. « (41488) Sindbad », sur Centre des planètes mineures
  12. « Aventuriers des mers », Institut du monde arabe,‎ (lire en ligne, consulté le )
  1. Ce terme, donné comme nom propre, signifie "maharaja".
  2. Nommé "Sarandîb" dans le conte, reprenant le nom de l'île en vieux persan.

Liens externes

[modifier | modifier le code]