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Jean de Matha

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Jean de Matha
Image illustrative de l’article Jean de Matha
Jean de Matha, anonyme, XIXe siècle.
Saint, prêtre, fondateur
Naissance
Faucon-de-Barcelonnette, comté de Provence
Décès (à 53 ans) 
Rome, États pontificaux
Ordre religieux Ordre des Trinitaires
Canonisation 1666 Rome
par Alexandre VII
Vénéré par l'Église catholique romaine
Fête 17 décembre

Jean de Matha, né à Faucon-de-Barcelonnette le [1] et mort à Rome le , est un religieux provençal,. Il est le fondateur, avec saint Félix de Valois, de l'ordre de la Sainte Trinité, appelé aussi ordre de la Très Sainte Trinité pour la rédemption des captifs, ou Trinitaires.

Le , Jean de Matha naissait à Faucon en Provence. Son père Euphème de Matha (Eufemi de Mata) était un seigneur catalan qui avait reçu de Raymond Bérenger le jeune, comte de Barcelone et de Provence, la terre de Faucon. Pour lui donner une instruction et une éducation digne de son rang, la famille se fixe à Marseille où Jean commence ses études. Sa mère, Marthe, lui apprend à connaître les pauvres, les malheureux et à les aimer. Elle le conduit aussi dans les hôpitaux et les prisons.

Jean de Matha secourant un esclave chrétien, Gaetano Lapis, église de la Très-Sainte-Trinité-des-Espagnols de Rome.

Il poursuivra ses études à Aix-en-Provence, puis à l'université à Paris où il prend ses grades de docteur en théologie. Il est encouragé à devenir prêtre par Maurice de Sully, évêque de Paris, qui avait remarqué sa valeur et sa piété.

Quand il célèbre sa première messe, le [2], fête de sainte Agnès, dans la chapelle de Maurice de Sully, il « voit » un homme en blanc, une croix rouge et bleue sur la poitrine, posant les mains sur deux prisonniers dont l'un est blanc et l'autre maure. Le lendemain, alors qu'il s'est retiré dans une forêt pour prier avec un ermite dont la réputation de sainteté est arrivée jusqu'à ses oreilles, les deux hommes sont témoins de l'apparition d'un cerf portant une croix entre les bois, qui vient s'abreuver à une fontaine auprès d'eux.

Jean de Matha parle de sa vision des prisonniers au pape, qui a eu la même : ils l'interprètent comme un appel à la fondation d'un ordre ayant pour mission de racheter les captifs victimes des razzias menées par les Sarrasins sur les côtes méditerranéennes. L'ordre de la Très Sainte Trinité pour la rédemption des captifs est approuvé, en même temps que sa règle, par Innocent III le [3] (bulle Operante divine dispositionis).

Les Trinitaires construisent un premier monastère à Cerfroid (actuellement commune de Brumetz, dans l'Aisne), lieu de l'apparition, sur une propriété donnée par Marguerite de Blois[4], future comtesse de Bourgogne (la Maison de la Trinité de Cerfroid restera le Chef-d'ordre des Trinitaires jusqu'à la Révolution française). À Cerfroid s'ajoutent Planels et Bourg-la-Reine : ce sont les trois fondations initiales.

Puis Philippe Auguste aide les Trinitaires à construire un monastère à Paris près d'une chapelle dédiée à saint Mathurin, d'où leur nom de Mathurins. Des milliers de chrétiens sont ainsi rachetés aux musulmans du Maroc, d'Algérie et de Tunisie dont ils étaient devenus esclaves. Après la mort de son ami ermite (qu'on appellera Félix de Valois trois siècles plus tard, sans savoir qui il fut), Jean se retire à Rome où il meurt le . Il fut enterré le dans l’église San Tommaso in Formis, d’où son corps fut transféré en Espagne.

Jean de Matha, fondateur de l’ordre de la Sainte-Trinité en 1198, assigne à ses disciples, les Trinitaires, une mission unique, exigeante et nouvelle : la rédemption, par le rachat ou l’échange, des captifs chrétiens jusque-là abandonnés aux musulmans lors des croisades, ou victimes de razzias sur les côtes ou en mer.

Si les "Barbaresques" prennent des esclaves, ils ne sont pas les seuls[5]. Les occidentaux, en se défendant, en font autant. Il y a des captifs de partout. l'échange est donc envisagé. Un contre un. Mais la personne est parfois en bonne santé, malade ou mourante, jeune ou âgée, bien ou mal nourrie, convertie à l'islam ou au christianisme, portée sur la liste mais absente au moment de l'échange, parce qu'enfuie. Autant de difficultés pour un échange sur pied d'égalité. Peu à peu fut exigé un occidental contre deux barbaresques, puis contre trois. L'échange devenait de plus en plus difficile, au point que les Trinitaires se limitèrent au rachat pur et simple.

Même au risque d'engrener les prises d'otages devenues lucratives, Jean de Matha n'a pas inventé "la libération contre rançon" ; cette pratique existait même depuis très longtemps, mais il l'a développée, en en faisant la ligne principale de son Ordre, qui consacrait le tiers de ses revenus au rachat des captifs. Mais il fallait de plus en plus de fonds, d'où des tournées de quête[6]

Appellation

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Manuscrit latin anonyme du XIIIe siècle (Bibliothèque nationale de France) citant Jean le Provençal: nomen erat Johannes Provincialis.
Jean de Matha.

Né en 1160 et décédé à Rome en décembre 1213, ce véritable précurseur de l’action humanitaire près des champs de bataille ne fut jamais appelé pendant plusieurs siècles que Jean le Provençal ou maître Jean. Déclaré seulement né à Faucon, son lieu de naissance lui-même restait un mystère car en Provence, il existe un Faucon dit « du Caire » et un Faucon dit « de Barcelonnette ». L'interprétation privilégiant une naissance à Faucon-du-Caire se base sur la présence à 10 km de là, sur la Motte-du-Caire, d'une seigneurie bien attestée au XIIe siècle avec des proches du comte de Provence, des juristes et des ecclésiastiques; alors que de tels patronymes (Mota, Motetus,...) n’apparaissent pas sur Faucon-de-Barcelonnette. D'autre part, suivant la tradition d'implantation d’un couvent sur le lieu de naissance du fondateur d'un ordre ou à proximité de celui-ci afin d'honorer sa mémoire, un établissement des religieux Trinitaires à la Motte du Caire fut décidé dès 1210[7] et installé en 1498[8], soit bien antérieurement à celui de Barcelonnette en 1644[9] et à la canonisation (1666).

Canonisation et vénération

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En 1665, le père Jean de la Conception présenta une requête au vicariat de Rome avec des arguments prouvant que Jean de Matha (ainsi que Félix de Valois) avait été qualifié de saint par plusieurs papes. Le , le cardinal vicaire de Rome rend un décret constatant le culte accordé de temps immémorial à Jean de Matha et à Félix de Valois, sentence confirmée par la Sacrée Congrégation des rites le et par le pape Alexandre VII le .

Les noms de Jean et de Félix seront insérés dans le martyrologe romain le par un décret d'Innocent XI. Le [10], les fêtes des deux saints seront étendues à l'Église universelle. Les reliques de saint Jean de Matha (os du pouce) sont transférées de l'église de Faucon à l'église des Trinitaires le .

Notes et références

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  1. Vie de Saint Jean de Matha, fondateur de l'ordre de la Très Saint Trinité pour la rédemption des captifs, par Calixte de la Providence, P. Wattelier éditeur, Paris 1867, 356 pages, page 34.
  2. Ordre de la Très Sainte Trinité et de la Rédemption des Captifs
  3. 2 février 1199 d’après Dr. Hoefer (Jean Chrétien Ferdinand) in « Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours » Tome XXV, Firmin Didot Frères, 1861, p 442
  4. Gaucher III, seigneur de Chatillon d’après Dr. Hoefer et aussi dans les Bienfaiteurs de l’humanité, 1856.
  5. Jean Albert CAIRE, « St Jean de Matha et l'Ordre des Trinitaires, "Jean de Matha, sa vie, son oeuvre" », Thèse d'Histoire, Paris IV Sorbonne, 1988,‎ , p. 10 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  6. Xavier BALP, Vallée de Barcelonnette, Ubaye Ubayette, Meyronnes - Larche, Haute-Provence, 33610 Canéjan, Auto - éditeur : Xavier BALP, , 358 p. (ISBN 978-2-9549806-3-8), p. 36
  7. Honoré Fisquet, La France Pontificale (Gallia Christiana) - Volume 3,Partie 1, Paris, E. Repos, 1864-1874 (lire en ligne), p. 59
  8. Daniel Thiery, « La Motte-du-Caire », sur ArcheoProvence,
  9. Communauté des Frères Trinitaires de France, « Histoire du Couvent Saint Jean de Matha », sur Ordre de la Très Sainte Trinité et de la Rédemption des Captifs
  10. Canonisé le 30 juillet 1679 d’après Dr. Hoefer

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Bibliographie

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  • Calixte de la Providence, Vie de Saint Jean de Matha, fondateur de l'ordre de la Très Sainte Trinité pour la rédemption des captifs, Paris, P. Wattelier, , 356 p., sur books.google;fr (lire en ligne).
  • [Teillet 2002] Claude Teillet, « Il était une fois, Jean de Matha, le fondateur de l'ordre des Trinitaires de Saint-André », Comptes-rendus et mémoires de la Société historique et archéologique de Clermont-en-Beauvaisis, t. 40 « Bulletin du centenaire - 100e anniversaire 1902-2002 »,‎ , p. 93-100 (lire en ligne [sur gallica]).
  • Paul Deslandres, L'Ordre des Trinitaires pour le rachat des captifs. Tome 2, Toulouse - Paris, Edouard Privat - Plon, (lire en ligne)

Liens externes

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