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Mihran Mavian

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Mihran Mavian
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Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata
Adapazarı (Sandjak de Kocaeli (en), Empire ottoman)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 83 ans)
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Միհրան ՄավիյանVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
MichelVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activités
Autres informations
Parti politique
Idéologie
Membre de
Confédération générale du travail ()
Union culturelle française des Arméniens de France (d) ()
Front national arménien (d)
Main-d'œuvre immigrée
Section française du Comité de secours pour l'ArménieVoir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Lieux de détention
Distinction

Mihran Mavian (arménien : Միհրան Մավիյան), né le à Adapazarı (Empire ottoman) et mort en , est un homme politique, militant et résistant communiste arménien.

Mihran Mavian naît le à Adapazarı et est le fils d'un tanneur[1]. Il commence ses études secondaires au sein du lycée de sa ville d'origine, mais elles sont interrompues par le déclenchement du génocide arménien, durant lequel il perd ses parents et est lui-même déporté[1]. Il affirme plus tard avoir complété son instruction à travers ses lectures de la presse communiste et des œuvres de Lénine[1].

Après être passé par l'Égypte, la Grèce et la Bulgarie, il arrive en France en 1923[1]. Il suit des cours du soir et obtient un diplôme de bottier-modéliste avec la médaille d'argent[1]. En 1924, il adhère à la Confédération générale du travail unitaire (CGTU), section « cuirs et peaux »[1]. Khatchig Boyadjian, responsable du travail syndical au sein de la sous-section arménienne du Parti communiste français, l'amène à adhérer au parti en 1932[1]. Il fréquente le groupe de travail arménien de Belleville et fait partie de la cellule 210 du 20e rayon où militent d'autres Arméniens, dont Tchobanian, Khatchig et Hovnan Boyadjian[1].

Mihran Mavian est licencié par plusieurs établissements pour avoir pris part à différentes grèves[1]. Il se consacre à la propagande auprès des Arméniens de sa corporation et participe à la publication en arménien des feuilles L'Étoile rouge et Le Cordonnier[1].

Il est membre de la section française du Comité de secours pour l'Arménie (HOG), notamment de son Comité central, et est nommé secrétaire de sa section de Belleville qui regroupe 130 adhérents[1]. Il est le correspondant de la section bellevilloise du périodique Hog[1].

En 1930, il se marie avec Béatrice Ovsepian (1910-2012)[2], tresseuse de chaussures et membre du Conseil de la section féminine du HOG, avec laquelle il a deux enfants[1].

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Mihran Mavian n'est pas perçu comme un bon élément par la Commission des cadres du PCF[1]. Il est toutefois parmi les premiers à être recruté dans les triangles arméniens de la Main-d'œuvre immigrée (MOI) qui s'organisent à Paris dès sous la supervision de Jacques Kaminski[1]. Son activité militante consiste principalement à la production et la diffusion de la littérature clandestine[1]. Au printemps 1942, il fournit au résistant FTP-MOI Leo Kneler un certificat de baptême de l'Église arménienne au nom de Lévon Basmadjian[1]. À partir de , il apporte une aide logistique à ses compatriotes résistants[1].

Mihran Mavian est arrêté le , deux jours après l'exécution des membres du Groupe Manouchian[1]. Il est incarcéré à la prison de Fresnes puis interné au camp de Royallieu[1]. Il est déporté le à Auschwitz, qu'il atteint le 30, où il est tatoué du matricule 186060 sur son avant-bras gauche[3]. Le , le convoi est envoyé à destination de Buchenwald, qu'il rejoint le 14 ; il y reçoit le matricule 53350[3]. Il effectue sa période de quarantaine au camp des tentes du Petit camp et intègre le Block 57 (Petit camp)[3]. Le , il est transféré au camp de Flossenbürg, où il reçoit le matricule 10018[3]. Le camp est évacué les 19 et  : plusieurs milliers de détenus partent à pied vers le sud, dont près de la moitié perd la vie[3]. Mihran Mavian est libéré le par l'armée américaine dans la région de Cham[3].

Il rentre à Paris en , où il s'investit dans l'organisation du rapatriement des Arméniens vers l'Arménie soviétique, intégrant notamment le comité d'immigration mis en place sous l'égide du Front national arménien (FNA)[1]. Il est aussi un membre actif de l'UCFAF (Union culturelle française des Arméniens de France, fondée en 1949 après l'interdiction du FNA en 1948) et un personnage central des milieux communiste et prosoviétique arméniens[1].

Dans les années 1950, Mihran Mavian subit la répression anticommuniste du gouvernement français[1]. Il est arrêté en , interrogé dans les locaux de la direction centrale des Renseignements généraux puis envoyé dans le Cantal, où il est assigné à résidence (à l'instar d'Alexandre Konstantinian dans le Puy-de-Dôme)[1],[4]. Sous l'égide du Comité français pour la défense des immigrés (CFTI), un Comité national de défense de ces deux anciens résistants est mis en place et parrainé par des personnalités issues du Mouvement de la paix[1]. Le journal L'Humanité prend aussi parti pour les deux hommes[5].

Proche des représentants soviétiques en France et ayant publiquement désapprouvé les réserves émises par Waldeck-Rochet sur l'intervention soviétique en Tchécoslovaquie, Mihran Mavian est écarté de la Commission nationale arménienne (CNA) du PCF en 1971[1]. Il est exclu du parti en 1972 pour avoir déclaré devant Georges Marchais que le PCF était un parti antisoviétique[1].

Mihran Mavian meurt en [6].

Publication

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  • (hy) Ոճիրի անդրաշխարհեն [« Par-delà les ténèbres »], Erevan,‎ , 213 p.
    • Par-delà les ténèbres (trad. Alice Mavian), Mémorial de l'internement et de la déportation, , 163 p. (ISBN 978-2-9534328-2-4)

Décoration

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Notes et références

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  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z et aa Astrig Atamian 2018.
  2. « Ovsepian Béatrice » Accès libre, sur deces.matchid.io
  3. a b c d e et f « MAVIAN Mihran KLB 53350 » Accès libre, sur asso-buchenwald-dora.com (consulté le )
  4. J.-F. Dominique, « En résidence forcée dans le Cantal : L'ancien déporté Mavian risque d'être envoyé par la DST dans un camp de D.P. en Allemagne ! », Libération, no 2851,‎ , p. 3 (lire en ligne sur Gallica Accès libre)
  5. « Deux héros de la Résistance resteront-ils des déportés ? : Le vrai dossier de Mavian et Kostantinian », L'Humanité, no 2858,‎ , p. 6 (lire en ligne sur Gallica Accès libre)
  6. « Mavian, Mihran (1900-1983) » Accès libre, sur catalogue.bnf.fr
  7. « Mihran MAVIAN (1900-1983) » Accès libre, sur acam-france.org (consulté le )

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Astrig Atamian, « Les Arméniens communistes en France, une histoire oubliée », Amnis, Revue de civilisation contemporaine, no 7 « Histoire de l'immigration, traces et mémoires »,‎ (DOI 10.4000/amnis.853, lire en ligne Accès libre)
  • Astrig Atamian, La mouvance communiste arménienne en France : entre adhésion au PCF et contemplation de l'Ararat : Les "rouges" de la communauté arménienne de France, des années 1920 aux années 1990 (Thèse de doctorat dirigée par Claire Mouradian), Paris, INALCO, , 522 p. (SUDOC 181848600, présentation en ligne)
  • Astrig Atamian, « MAVIAN Mihran (Michel) », Le Maitron,‎ (lire en ligne Accès libre)

Liens externes

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