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Langues berbères

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Berbère ou Tamazight
ⵜⴰⵎⴰⵣⵉⵖⵜ / ⵜⵎⵣⵗⵜ / Tamaziɣt
Pays Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Égypte, Mauritanie, Mali, Niger
Nombre de locuteurs 40-60 millions
Nom des locuteurs berbérophones
Typologie VSO[1] flexionnelle
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle
Régi par Institut royal de la culture amazighe (Maroc)
Haut commissariat à l'amazighité (Algérie)
Académie berbère (France)
Direction nationale de l'alphabétisation fonctionnelle et de la linguistique appliquée (Mali)
Codes de langue
IETF ber
ISO 639-2 ber
ISO 639-5 ber
Linguasphere 10=
Glottolog berb1260
Carte
Image illustrative de l’article Langues berbères
Principales aires berbérophones en Afrique du Nord.
Drapeau formé de 3 bandes horizontales bleue, verte et jaune, du haut vers le bas, avec au centre une lettre rouge de l'alphabet berbère.
Le drapeau berbère.

Les langues berbères ou les dialectes berbères[6] — ou le tamazight, ou encore « le » berbère, en berbère « tamazight » Écouter (néo-tifinagh : ⵜⴰⵎⴰⵣⵉⵖⵜ ; tifinagh touareg : ⵜⵎⵣⵗⵜ ; ABL : Tamaziɣt) — forment une branche de la famille des langues chamito-sémitiques (ou afro-asiatiques, ou afrasiennes)[7] et couvrent une vaste aire géographique : l’Afrique du Nord depuis le Maroc jusqu’à l’Égypte, en passant par l’Algérie, la Tunisie et la Libye, ainsi qu'une partie du Sahara, et la partie ouest du Sahel (Mauritanie, Mali et Niger)[8]. Une variante du berbère, le guanche, fut parlée autrefois aux îles Canaries[9].

Glottolog recense 27 langues / dialectes berbères (langues mortes incluses)[10].

Le berbère possède son propre système d'écriture, le tifinagh — un alphabet touareg[11] issu du libyque, l'alphabet usité par les berbères jusqu'à l'Antiquité tardive en Afrique du Nord —, dont une variante est officiellement utilisée au Maroc, le néo-tifinagh.

Il n'y a pas de chiffres officiels concernant le nombre de berbérophones, mais on estime qu'il existe entre 25 et 30 millions de locuteurs[12].

Les langues/dialectes berbères sont très influencées par l'arabe : d'après le linguiste berbère Maarten Kossmann, l'arabe serait un élément important de la sémantique du berbère, ce dernier possédant par ailleurs un superstrat phénicien[13],[14],[15].

Le libyque consiste en un ensemble de dialectes parlés en Afrique du Nord dans l'Antiquité par les anciens Libyens, et connus par l'épigraphie. Il représente une forme ancienne du berbère[16].

Ère almohade

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Période coloniale et post-coloniale

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Durant la seconde moitié du XXe siècle, le nombre de locuteurs berbères se situe entre 30 et 60 % selon les sources. Cette chute s’explique entre autres par la politique linguistique coloniale, suivie de la politique d'arabisation[17].

Classification interne

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Le groupe des langues berbères connaît une forte variation interne. On y distingue plus généralement les langues berbères du Nord, les langues berbères de l'Est (bien que parfois considérées comme faisant partie du groupe précédent), les langues touarègues, ainsi que le groupe zenaga-tetserret[18].

Langues berbères du nord

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Le groupe des langues berbères du nord comprend[19],[20] :

Bien que décrit par Kossmann comme faisant partie des parlers zénètes du nord-ouest de l’Algérie[22], le parler des Beni Snous (en) est généralement rattaché aux parlers du Rif, particulièrement le rifain oriental[23].

Le nafusi, parlé au nord-ouest de la Libye, autrefois considéré comme faisant partie du groupe zénète, en est exclu par les études récentes, qui le rattachent au groupe des langues berbères de l'Est[20].

Langues berbères de l'Est

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Le groupe des langues berbères de l'Est, incluses par Kossmann au sein des langues berbères du nord dans le cadre d'un continuum dialectal[20], comprend deux sous-groupes[24] :

  • un premier sous-groupe incluant le ghadamesi et le tawjilit, caractérisés par la préservation du *β proto-berbère en tant que β[24] (devenu h ou disparu ailleurs) ;
  • un second sous-groupe incluant le nafusi, le siwi et les parlers berbères du Fezzan, partageant un certain nombre d'innovations avec les langues berbères du Nord, tel la perte du *β proto-berbère[24] et l’évolution du *ă en ə[25].

Langues touarègues

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Le groupe des langues touarègues comprend plusieurs parlers généralement proches et mutuellement intelligibles :

Langues berbères de l'Ouest

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Le zenaga (parlé par les Zenagas en Mauritanie et au Sénégal) et le tetserret (parlé au Niger par les Kel Aghlal et les Aït Awari (en)) constituent, malgré la distance qui les sépare, un groupe distinct de parlers berbères. Les deux langues, avec quelques milliers de locuteurs pour chacune, sont considérées comme menacées.

Le guanche, langue éteinte au XVIIe siècle et autrefois parlée aux îles Canaries par les Guanches contient un grand nombre d'éléments berbères et y est souvent apparentée. Cette langue demeure toutefois peu documentée.

Répartition géographique

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Carte linguistique du Maroc montrant les espaces berbérophones.

Le Maroc est le principal[26],[8],[27] État berbérophone. L'article 5 de la Constitution de 2011 a introduit l'« amazighe » comme « langue officielle de l'État, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception »[28]. Dans l'introduction de l'ouvrage Berbères aujourd'hui[27], les berbérophones y représentent autour de 16%[29],[30] de la population tandis que l'administration, se basant sur le recensement général de 2014 effectué par le Haut-Commissariat au plan, indique plutôt un taux de 26.7%[31]ce qui s'apparente a une baisse du nombre de berbérophones depuis 2014.

L'amazighe est introduite dans les programmes publics et dans les émissions de télévision en vue de faciliter son apprentissage. Certaines bibliothèques, comme celle de la Fondation du roi Abdul-Aziz Al Saoud pour les études islamiques et les sciences humaines à Casablanca, possèdent un fond berbère.

Trois principales variétés du berbère sont parlées au Maroc :

  • le chleuh, par près de 8 million de locuteurs, principalement dans le Haut Atlas Occidental, l'Anti-Atlas, le Souss et le Nord du Sahara[32], ainsi que dans les grandes villes comme Casablanca, Marrakech et Rabat parmi les immigrés : c'est la variante berbère qui prédomine[33] ; le chleuh a différents sous-dialectes, comme le berbère du Souss (tassoussit, soussiya) et le berbère du Sud-Est marocain ;
  • le tamazight (ou tamazight du Maroc central ; anciennement braber), par 3,3 millions de personnes, principalement dans le Haut Atlas Oriental et le Moyen Atlas[34] ;
  • le rifain ou tarifit, par près de 1,5 million de personnes, principalement dans le Rif[35].

On trouve également d'autres dialectes, parlés par un nombre restreint de locuteurs comme le sanhadji des Srayr (environ 40 000 locuteurs), le ghomari (environ 10 000 locuteurs dans le Rif) et le berbère de Figuig (environ 30 000 locuteurs).

D'autres parlers distincts existent au Maroc mais sont généralement rattachés à des ensembles plus larges. Les parlers zénètes du Moyen Atlas oriental, sont généralement rattachés au tamazight avec lequel ils sont mutuellement intelligibles. Le parler des Béni-Snassen et celui de la province de Jerada sont quant à eux généralement rattachés au rifain, avec lequel ils sont mutuellement intelligibles.

Le judéo-berbère, rattaché au tachelhit et parlé autrefois par certaines communautés juives, est pratiquement éteint. Il serait néanmoins encore parlé par près de 2 000 personnes en Israël.

Carte des aires berbérophones d'Algérie

L'Algérie compte entre 25 %[8],[27] et 30 %[36] de berbérophones. Depuis le début du XXe siècle l'Algérie est le foyer de la revendication identitaire berbère, notamment à travers la Kabylie, principale région berbérophone du pays. Elle connaît divers printemps berbères, en 1980 et 2001, notamment autour de la question linguistique[37]. La diaspora algérienne fonde l'académie berbère, une structure associative qui promeut l'alphabet tifinagh, un alphabet touarègue (Sahara algérien, malien, libyen et nigérien). Cet alphabet est progressivement habilité au niveau des aires berbérophones du nord du pays (kabyle, chaoui...) bien qu'il n'ai pas d'exemple d'usage du tifinagh après l'antiquité en Algérie[38],[39],[40].

Le Haut-commissariat à l'amazighité, premier institut officiel au Maghreb destiné à l'étude des langues berbères est créé en 1995. L'Algérie est le premier pays à donner un statut constitutionnel à la langue berbère ; le tamazight est reconnu « langue nationale » dans la constitution de 2002[41]. Du fait de la pratique du tamazight, de sa valeur culturelle dans la société algérienne et du consensus politique autour de la question, la volonté de réforme de la constitution algérienne depuis 2015 constitue une perspective pour son officialisation[42]. Tamazight est finalement promu langue nationale et officielle lors de la révision constitutionnelle algérienne de 2016 (cf. son article 4)[43].

Les langues du nord de l'Algérie réparties sur le Tell incluent :

Les langues du nord-Sahara et du Sahara incluent :

  • Le mozabite, est parlé au Mzab, dans le sud : entre 150 000 et 200 000 locuteurs[8].
  • Le touareg (c'est-à-dire les variantes tamasheq, tamahaq, tamajaq) est parlé dans le sud de l'Algérie, (parlé aussi dans le sud-ouest de la Libye, au Mali, au Niger et au nord du Burkina Faso) le pays compte des effectifs touaregs plus modestes qui ne dépassent pas quelques dizaines de milliers de personnes. L’ensemble des populations touarègues avoisine donc le million d'individus[47].
  • Le Chilha du Sud oranais et de Figuig : Il s'étale sur plusieurs oasis et ksours des deux côtés des frontières algérienne et marocaine entre Mecheria et Figuig. Il est parlé par les habitants sédentaires de ces espaces qui vivent de l'agriculture saharienne et du commerce des dattes.
  • Le tagargrent est parlé dans la région de Ouargla et de N'Goussa ainsi que Touggourt et sa région Righa.
  • Le Zénète du Gourara et de Touat est parlé par 80 000 personnes au Touat en Algérie[48]. (Teminine, Gouraya).
Ilots berbérophones de l'ouest de l'Algérie.

Plusieurs parlers à travers l'Algérie, restes d'une berbérophonie autrefois plus importante, ont été répertoriés et pour certains étudiés par des ethnologues au début du XIXe siècle, cependant ils furent notés comme étant en voie de disparition et il est aujourd'hui très difficile de savoir s'ils sont définitivement éteints ;

  • Les divers parlers de l'Ouarsenis (Matmata, Haouara, etc.), dont certains seraient[pas clair] encore vivants.
  • Le Bettioui du Vieil Arzew (parler d'origine rifaine), éteint.
  • Le chelha des Achaacha (région de Mostaganem), éteint.
  • Le parler des Ben Hlima (Frenda au sud-est de Mascara), éteint.

En Tunisie, pays où l'arabe tunisien est la langue maternelle de 98 % de la population, le chelha est parlé dans les villages semi-berbérophones du Sud — Chenini, Douiret, Matmata, Tamezret, Ghomrassen, etc. — ainsi que dans quelques villages de l'île de Djerba (surtout Guellala/Iqellalen, Ajim, Sedouikech/Azdyuch, Ouirsighen/Ursighen)[49] et les régions de montagnes à Gafsa ou Sbeïtla.

Les mouvements berbères en Tunisie connaissent une montée importante après le et la révolution tunisienne, plusieurs associations berbérophones se constituant, et des marches qui demandent la reconnaissance de la langue et des droits culturels ayant lieu[50].

Mali et Niger

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Le touareg, plus précisément les variantes tamasheq (ou tamashaq) au Mali et tamajaq au Niger[51]. Les Touaregs représentent environ 10 % de chacune des populations malienne et nigérienne.

Les berbérophones représentent près de 10 % de la population libyenne, ils sont concentrés dans le nord-ouest du pays, dans les montagnes du Nefoussa et dans la ville côtière de Zouara[52]. Le berbère est également parlé à Awjila et Sokna. Le tamaheq est également parlé dans la région de Ghat par environ 17 000 personnes (Johnstone 1993).

Le zenaga est parlé à Mederdra. Le tamasheq est également utilisé[réf. nécessaire]. Mais la plupart des non-arabophones de Mauritanie parlent les langues nigéro-congolaises[réf. nécessaire].

Îles Canaries

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Aux îles Canaries se parlait jadis le guanche, aujourd'hui disparu. Une partie de la population actuelle de ces îles espagnoles se revendique berbère mais ne parle de nos jours aucun dialecte de cette langue[53]. Cette revendication berbère est notamment portée par le Congrès national canarien (CNC), parti indépendantiste canarien, branche politique du mouvement de libération des îles Canaries, le MPAIAC[54].

Les Siwis parlent le seul dialecte berbère égyptien, le siwi, présent dans les oasis de Siwa et de Qara. Ces deux oasis du nord-ouest de l'Égypte représentent le plus oriental des groupes berbères[55].

Les langues et les dialectes berbères ont eu une tradition écrite, par intervalles, pendant environ 2 500 ans, bien que la tradition ait été fréquemment perturbée par des changements culturels et des invasions. Ils ont d'abord été écrits dans l'abjad libyco-berbère, qui est encore utilisé aujourd'hui par les Touaregs sous la forme tifinagh. L'inscription la plus ancienne date du IIIe siècle av. J.-C. Plus tard, entre environ 1000 et 1500 apr. J.-C., ils ont été écrits avec le script arabe, et depuis le xxe siècle, ils ont été écrits avec l'alphabet berbère latin, particulièrement parmi les communautés kabyles d'Algérie. L'alphabet berbère latin était également utilisé par la plupart des linguistes européens et berbères aux XIXe et XXe siècles[56].

Une forme modernisée de l'alphabet tifinagh, appelée néo-tifinagh, a été adoptée au Maroc en 2003 pour l'écriture berbère. Les Algériens utilisent principalement l'alphabet berbère latin dans l'éducation berbère aux écoles publiques, tandis que le tifinagh est surtout utilisé pour le symbolisme artistique. Le Mali et le Niger reconnaissent un alphabet latin berbère touareg adapté au système phonologique touareg. Cependant, le tifinagh traditionnel est toujours utilisé dans ces pays.

Entrée à Kidal, ville touareg du Mali, au centre du massif de l'Adrar des Ifoghas. Sur le côté gauche du rocher, Kidal est écrit en caractère tifinagh : « KDL ».

Le berbère est noté, depuis le milieu du premier millénaire avant l'ère chrétienne, au moyen de l'alphabet tifinagh ou libyco-berbère. Il comporte des voyelles et des consonnes, dont il existe plusieurs variantes[57].

Depuis le début du XXe siècle, le berbère a surtout été écrit au moyen de l'alphabet latin ou de l'alphabet arabe, bien que les Touaregs continuent de l'utiliser couramment.

Cependant, des propositions de tifinagh standard ont vu le jour à partir de la fin du XXe siècle. L'Académie berbère, travailla sur une version, révisée ensuite par le professeur Salem Chaker de l'Inalco. L'Ircam officialisa une version de l'alphabet tifinagh en 2003.

La principale difficulté de la mise en place d'un alphabet standard réside dans la localisation progressive des langues berbères, qui a engendré une différenciation de certains phonèmes et lettres[58].

Alphabet berbère latin

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L'alphabet berbère latin est basé sur l'alphabet latin. Développée par le linguiste berbère Mouloud Mammeri dans les années 1960, cet alphabet comporte 23 lettres latines standards et 10 lettres supplémentaires.

Les militants berbères privilégient massivement l'utilisation de l'alphabet latin afin d'assurer un développement et une prolifération rapides de la langue berbère dans les écoles, dans les institutions publiques et sur Internet.

Alphabet arabe

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Certains peuples berbères ont utilisé l'arabe au cours de l'histoire, et dans le manuel scolaire algérien il y a en plus du latin, une description arabe pour les débutants.

Dans la table ci-dessous figurent sur fond gris des lettres arabes les moins connues et peu ou pas utilisées ; sur fond rose les 3 lettres latines supplémentaires destinées aux transcriptions d'emprunts et dont l'ancienne transcription arabe a peu été utilisée, ou a substitué par une autre lettre arabe de base, voire non transcrite ; et sur fond jaune les 10 lettres latines berbères standards, mais hors de l'alphabet latin de base, plus fréquemment substituées (par exemple transcrites par la lettre latine de base sans signe diacritique, ou par une autre lettre latine diacritée reprise par exemple de l'alphabet maltais mieux pris en charge, ou composées dans un digramme approchant, voire remplacées par des symboles ou lettres grecques ou d'autres signes, notamment dans les échanges personnels sur Internet et sur téléphones mobiles):
Lettres arabes Lettres latines
isolées jointives nom standards substituts fréquents
ا ااا ʾalif A a
ب ببب bāʾ B b
ش ششش shīn C c
ڜ ڜڜڜ shīn petit v renversé en chef Č č
د ددد dāl D d
ظ ظظظ ẓāʾ ou dzāʾ
ض ضضض ḍād
آ آآآ ʾalif maddah en chef E e
ف ففف fāʾ F f
ڤ ڨڨڨ vāʾ ou gāʾ G g
گ گگگ gāf ou kāf ouvert trait en chef
ڭ ڭڭڭ nga ou kāf trois points en chef
چ چچچ tchimʾ ou tche Ğ ğ
غ غغغ ghaïn ou ġayn Ɣ ɣ Γ (grecque) ou Ġ γ (grecque) ou ġ
ع ععع ʾaïn Ɛ ɛ ε (grecque) ou ' (apostrophe)
ه ههه héʻ H h
ح ححح ḥāʾ
إ إإإ ʾalif hamza souscrite I i
ئ ئئئ yāʾ hamza en chef
ج ججج djîm J j
ڪ ڪڪڪ kāf écrasé K k
ل للل lām L l
م ممم mīm M m
ن ننن nūn N n
ۇ ۇۇۇ wāw ḍamma en chef O o
پ پپپ pāʾ ou pe P p
ق ققق qāf Q q
ر ررر rāʾ R r
ڒ ڒڒڒ rāʾ petit v en chef
س سسس sīn S s
ص صصص çād ou ṣād
ت تتت thāʾ ou ṯeʾ T t
ط ططط tāʾ
ؤ ؤؤؤ wāw hamza en chef U u
ڥ ڥڥڥ fāʾ trois points souscrits V v
و ووو wāw W w
خ خخخ khāʾ X x
ي ييي yāʾ Y y
ز ززز zaïn Z z
ژ ژژژ jāʾ ou zhāʾ

En 1883, le linguiste René Basset, de l'école supérieure des lettres d'Alger, publie dans son manuel de la langue kabyle, un alphabet berbère en caractères arabes, qui, selon l'instituteur Auguste Veller peut aider à un développement plus rapide du berbère, dont voici les lettres :

Lettre Prononciation Notes
ا [æː], [æ], [u] et [ə]
ب [b] et [v] Il s'agit de la lettre B, mais dans la majorité des cas, il s'agit du [v]
ت [t] ou [ts] Deux ت se prononce [ts], parfois le ت est seul et peut se prononcer [ts], s'il est suivi par un ض, il se contracte en ط
ث [tʰ], [θ], [ts], [t] Le son du θ manque dans plusieurs dialectes : en mozabite et en touareg. Lorsque le ث tha est précédé d'un ن noun, il se prononce ت ta. Les tribus de O. Soummam lui donnent le même son après un ش chin, un س sin, ou un ت ta. Précédé d'un ذ dhal, il s'assimile cette lettre et se renforce en ق q et en tsa dans l'Ouest de la Kabylie. De même, il s'assimile le ض dhad qui le précède et se renforce en ت ta. — Deux ث tha qui se suivent sans voyelle intermédiaire se contractent en ت tta. Un double tha suivi d'un sin devient souvent tsa.
ج [d͡ʒ]
چ [tʃ]
ح [ħ]
خ [x]
د [d]
ذ [ð] Il s'assimile au ن quand celui-ci le suit
ر [r]
ز [z]
ژ [ʒ]
س [s]
ش [ʃ]
ص [s̙ˤ]
ض [d̪ˤ]
ط [t̙ˤ]
ظ ou ڞ [ð̙ˤ] ou [zˤ] Rarement employé chez les kabyles qui le confondent avec le ض, les chleuhs le remplacent en un ڞ. Il est aussi utilisé pour différencier les sons [zˤ] et [z] quand ceux-ci ont la même orthographe, sinon, il s'écrit en ز.
ع [ʕ] w
غ [ʁ] ou [ɣ]
ف [f]
ق [q]
ک [k] et [ç] En kabyle, le kef se prononce (généralement) comme le χ grec
ݣ ou گ [g] est toujours dur
ل [l] il permute très rarement en kabyle en د.
م [m]
ن [n]
ه [h] ou [ə]
و [w], [v], [u], [o] Dans plusieurs dialectes kabyles, deux و (وو) se prononce [p], et [bʷ] et [g] chez les Ouled Abdeldjebar (Aït Waghlis, Ait Ymel, Ouled Tazmalt, Barbacha...).
ی [i], [i:], [ə] Deux يـ se prononce [g]
ء [ə] et [əː] Cette lettre n’est pas notée par Basset.

Notes et lettres supplémentaires:

Note Prononciation
ـَ [ə], [æ]
ـُ [o], [u]
ـِ [i]
ـْ [ə] ou pour Sukūn
تض [t̙ˤ]
نث [t]
ثث [ts]
ثثـ [t]
ثثسـ [ts]
لا [læ:]
ـه ou ـۀ pour noter un [æ] et un [ə] en fin de mot
ة Utilisé pour les emprunts à l'arabe, il a la même fonction que le précédent
ىٰ pour noter un [æ] et un [ə] en fin de mot, utilisé pour les emprunts arabes
Signalisation trilingue à la faculté de Tizi-Ouzou (Algérie) transcrit en arabe, en berbère (tifinagh), et en français.
Panneau de bienvenue trilingue de la province de Tiznit (Maroc) transcrit en arabe, en berbère (tifinagh), et en français.

Le berbère est langue officielle au Maroc depuis l'instauration de la Constitution de 2011 et en Algérie depuis la révision constitutionnelle de 2016 et au Mali depuis 2023 après le Référendum constitutionnel malien de 2023. Il est langue nationale au Niger et langue régionale en Libye.

Enseignement du berbère

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En Algérie

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À l'issue de la « grève du cartable » (1994-1995)[59] ayant paralysé le secteur éducatif en Kabylie, le gouvernement algérien s'est finalement décidé à introduire de façon très timide l'enseignement du tamazight dans 16 wilayas en 1995 pour environ 35 000 élèves[60]. Quinze ans plus tard, en 2010, le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) note que plus 240 000 élèves apprennent le tamazight en Algérie[61] mais cet enseignement ne concerne plus qu'une dizaine de wilayas. La politique de généralisation de l'enseignement de la langue amazighe reprend sous le mandat de la ministre de l'Education Mme Nouria Benghabrit (2014-2019)[62] pour atteindre 20 wilayas en 2016[63]. Le nombre d'apprenants est passé à 468 291 élèves en 2022 (dont 161 384 élèves pour la seule wilaya de Tizi Ouzou)[64] et plus de 500 000 élèves lors de l'année scolaire 2023/2024[65]dans 48 wilayas du pays[66].

Le tamazight est enseigné en Algérie à partir de la 4ème année du cycle primaire. Il a été introduit aux épreuves du baccalauréat et du brevet d'enseignement moyen (BEM). Son enseignement se généralise progressivement, en particulier dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira. Des manuels scolaires de tamazight ont été rédigés et sont disponibles en graphie latine, arabe et tifinagh.

Autre signe positif, l'amélioration de la qualité des enseignants grâce à l'introduction de cursus de langue amazighe dans les universités de Tizi Ouzou, Béjaia et Bouira[67]. Aujourd'hui, la majorité des enseignants sont des universitaires diplômés. Lors de l'année scolaire 2022/2023, on dénombrait 3 744 enseignants de langue amazighe en Algérie dont 1 148 enseignants au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou[68]. En 2011, on recensait 1 114 enseignants de tamazight dont 800 licenciés universitaires. En 1995, il n'y avait que 200 enseignants.

Contrairement à la langue arabe ou aux langues étrangères (français et anglais), l'enseignement de la langue amazighe n'est pas obligatoire. L'article 34 de la Loi d'orientation de l'Education nationale de 2008 soumet son enseignement à l'existence d'une demande sociale, considéré comme un "verrou" pour la généralisation de son enseignement par Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA[69]. Régulièrement, la presse algérienne fait état de polémiques à la suite du refus de directeurs d'ouvrir des classes de tamazight[70] ou de parents exigeant que leurs enfants soient dispensés de cet enseignement[71].

Quelques chiffres récents:

Nombre de candidats au Baccalauréat concernés par l'épreuve de tamazight 2011[72] 2013[73] 2015[74] 2019 2022[75]
Algérie (toutes wilayas confondues) 4396 6644 18339 27976 33953
  • En 2012, environ 28 400 collégiens (soit 3,66 % du nombre total) ont passé l'épreuve de tamazight au Brevet d'enseignement moyen (BEM)[76] contre 1 280 élèves en 2007[77]. À noter que nul ne peut composer en tamazight au BEM s'il ne l'a pas étudié durant chacune des quatre années du collège[78].
  • Pour l'année scolaire 2009/2010[79] : 193 226 élèves et 1 148 enseignants en langue amazighe (Wilaya de Tizi Ouzou : 93 947 élèves et 558 enseignants, Wilaya de Béjaïa : 47 162 apprenants et 313 enseignants, Wilaya de Bouira : 26 599 apprenants)
  • Wilaya de Tizi Ouzou: 11 777 élèves passent l'épreuve de tamazight au BEM 2013 sur les 15 946 candidats[80] / Wilaya de Sétif : 697 élèves passent l'épreuve de tamazight au BEM 2013 sur les 21 841 candidats[81] / Wilaya de Bouira : 3 316 élèves passent l'épreuve de Tamazight au BEM 2011 sur les 11 492 inscrits / Wilaya de Béjaia : 4 172 élèves passent l'épreuve de tamazight au BEM 2012 sur les 18 859 inscrits[82] (en 2011, ils étaient 1 588 élèves à passer l'épreuve de tamazight sur les 14 288 candidats[83]) / Wilaya de Boumerdès : 363 élèves passent l'épreuve de tamazight au BEM 2011 sur les 10 149 inscrits[84]. Ce nombre progresse à 975 élèves pour le BEM de 2012[85] / Wilaya de Batna: 2 200 candidats au BEM ont passé l'épreuve de tamazight en 2013[86].
  • Enseignement universitaire: la filière des langues et cultures amazighes de l'université de Bouira a vu l'inscription de 114 bacheliers au titre de l'année 2013/2014[87]. Au niveau de l'université de Béjaia, ce sont 302 bacheliers qui ont choisi d'étudier la langue amazighe pour l'année 2012/2013. Notons que l'ensemble des étudiants de ce département de langue amazighe était évalué à 1 998 étudiants pour l'année 2011-2012[88]. Quant à l'université de Tizi Ouzou, elle a accueilli 439 nouveaux inscrits en première année de langue amazighe pour l'année 2011-2012[89].

En Algérie, chaque région enseigne sa propre version du tamazight (c'est-à-dire, la version chaouie dans les Aurès, la version kabyle en Kabylie…). L'alphabet latin est largement plébiscité pour l'enseignement du tamazight mais il existe quelques exceptions comme à Tamanrasset où le tifinagh est parfois utilisé.

Introduit en 2003 dans 317 écoles du pays[90], le tamazight est en 2012, enseigné dans environ 4 000 écoles par 14 000 professeurs[91].

L'apprentissage de la langue amazighe se limite au cycle d'enseignement primaire[92]. Il se fait à l'aide de l'alphabet tifinagh, ce qui ne fait pas consensus[93],[94].

L'enseignement du tamazight est quasiment absent des écoles privées du pays[95]. Le 15 mai 2024, les représentants des écoles privées ont été convoqués par le Ministre de l'Education afin de discuter de mesures à mettre en œuvre pour l'enseignement de la langue amazighe dans le secteur privé[96].

En 2012, la ville de Midelt a été la première à généraliser l'enseignement du tamazight dans ses écoles[97],[98].

Le Maroc est le pays qui compte le plus grand nombre de berbères. Les berbérophones représentent 40 à 45% de la population selon l'INALCO (institut national des langues et civilisations orientales)[9],[10].

Le 1er juin 2023, M. Chakib Benmoussa, ministre de l'Éducation nationale, a annoncé l'adoption d'une feuille de route gouvernementale visant à généraliser l'enseignement de la langue amazighe dans le cycle primaire à l'horizon 2030. A terme, 4 millions d'écoliers et 12 000 établissements seront concernés par cette mesure[99]. En 2023, seuls 330 000 élèves bénéficient de cours d'enseignement en langue berbère au Maroc[100]. Pour l'année scolaire 2023/2024, 31% des écoles primaires enseignent la langue amazighe. Le ministre de l’Éducation a mentionné l’attribution de 600 postes lors de la session de formation de décembre 2023, portant à 2 460 le nombre d’enseignants spécialisés en langue amazighe pour l’année scolaire 2024/2025[101].

Dans l'enseignement supérieur, depuis 2007, des licences en "Études amazighes" sont dispensées au niveau de trois universités (Ibn Zohr à Agadir, Sidi Mohamed Ben Abdellah à Fès-Saiss et Mohammed 1er à Oujda)[102]. En 2023, le ministre de l'Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, a indiqué qu'un parcours national modèle sera créé pour la licence en éducation, spécialisée dans l'enseignement primaire de la langue amazighe à l'ENS de Rabat ainsi qu'à l’École supérieure d'éducation et de formation d'Oujda[103].

Interdit sous le régime de Mouammar Kadhafi, l'enseignement du tamazight est aujourd'hui au centre des revendications des populations berbérophones du pays[104],[105]. À Tripoli, une école propose des cours gratuits de langue amazighe[106]. L'enseignement de la langue berbère, utilisant l'alphabet tifinagh[107], a commencé dès 2012 dans plusieurs établissements scolaires des régions amazighophones du nord-est du pays[108],[109]. En 2022, une première promotion d'étudiants diplômés en licence de tamazight est sortie de la faculté des Lettres de l'université de Zouara[110].

Dans les autres pays

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Il est possible de retrouver l'enseignement du tamazight dans certains pays ou régions comprenant une forte communauté immigrée berbérophone à l'instar de la France, des Pays-Bas, de la Belgique, de l'Espagne ou du Canada[111].

Les médias d'expression berbérophone

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En Algérie

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Il existe quelques médias publics et privés d'expression berbère.

La Chaîne 2
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La Chaîne 2 est une radio algérienne nationale généraliste diffusant ses programmes en cinq variantes linguistiques amazighes comme le kabyle principalement mais aussi le chenoui, le chaoui, le mozabite et le targui[112].

En 2012, le Haut commissariat à l'amazighité a exprimé la nécessité de développer les ressources humaines et matérielles de Chaîne 2 pour sa mise à niveau avec la radio arabophone Chaîne 1[113].

Les radios publiques locales
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Les radios locales de Tizi Ouzou et Béjaia sont presque entièrement berbérophones. D'autres radios locales (Bouira, Khenchela, Batna, Tipaza, Oum El Bouaghi, etc.) proposent quelques programmes en langue amazighe[114],[115].

Télévision

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Le , une chaine de télévision publique en tamazight (A4, Algérie 4 ou Tamazight TV 4) a vu le jour en Algérie. La chaîne Berbère Télévision émet également vers l'Algérie.

Presse écrite

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L'agence de presse APS offre deux versions de son site web en tamazight : une écrite en néo-tifinagh et l'autre écrite avec l'alphabet berbère latin.

  • Berbère Télévision : est une chaîne privée lancée en , qui diffuse ses programmes en langues kabyle et française.
  • Berbère Jeunesse : est une chaîne de télévision communautaire en langues berbère et française pour les enfants. Elle a été inaugurée le .
  • Berbère Music : est une chaîne de télévision consacrée à la musique berbère. Elle a été inaugurée le .
  • Beur TV : propose quelques programmes en langue berbère.
  • Beur FM, Radio Pays diffusent quelques programmes en kabyle.
  • Depuis 2012 Beur FM lance BEUR FM 100 % KABYLE sur le web.
  • TV amazigh monde : est une chaîne privée qui diffuse ses programmes en berbère.
  • TQ5 : est une chaîne privée lancée le , soit le 1 Yennayer 2968 qui diffuse ses programmes 100 % en langue kabyle.

Notes et références

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    Salem Chaker est professeur de berbère à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) et directeur du Centre de recherche berbère.
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Wikipédia en tamazight du Maroc central dans l'Incubateur de Wikimedia.
Wikipédia en rifain dans l'Incubateur de Wikimedia.
Wikipédia en chaoui dans l'Incubateur de Wikimedia.

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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