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Accord du Vendredi saint

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(Redirigé depuis Accord de Belfast)
Affiche en faveur du « oui » (« votez oui, c'est la voie à suivre ») à l'accord du Vendredi saint lors du référendum qui eut lieu simultanément en Irlande du Nord et en république d'Irlande.

L'accord du Vendredi saint (anglais : The Good Friday Agreement, irlandais : Comhaontú Aoine an Chéasta), également appelé accord de Belfast (anglais : Belfast Agreement, irlandais : Comhaontú Bhéal Feirste), officiellement nommé accord de paix pour l'Irlande du Nord (anglais : The Northern Ireland Peace Agreement), a été signé le par les principales forces politiques d'Irlande du Nord acceptant une solution politique pour mettre fin aux trente années (de 1969 à 1998) de troubles sanglants qui firent 3 480 morts.

Il tire son nom de la date de signature, le vendredi précédant Pâques, Vendredi saint.

Les signataires

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Les termes de l'accord

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L'accord prévoit principalement :

La signature de cet accord a été approuvée par une majorité des Irlandais lors d'un référendum :

  • 71,1 % de OUI en Irlande du Nord. Même si des mesures avaient été prises pour qu'il soit impossible d'identifier la confession religieuse des votants, il apparut que la grande majorité des 28,8 % du NON à l'accord venait de la communauté protestante, notamment de la minorité ultra-unioniste incarnée par le DUP[1]. La grande majorité de la communauté catholique a largement voté pour le oui. Le taux de participation au référendum atteint les 81 %.
  • 94 % de OUI en république d'Irlande.

Bien qu'il fût qualifié d'« historique » par la majorité des analystes, les dispositions adoptées n'étaient pas, en soi, « révolutionnaires » et reprenaient, en grande partie, les solutions déjà envisagées en 1973 (accord de Sunningdale), 1985 (accords d'Hillsborough) et 1993 (déclaration de Downing Street). C'est bien plus leur acceptation et leur validation par voie référendaire qui fut historique[1].

Après les accords, une pacification fragile

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Deux mois plus tard, les unionistes ultras, battus dans les urnes au moment de la campagne référendaire, répliquent en incendiant dix églises[2] au lendemain de l'élection de David Trimble (unioniste modéré du Parti unioniste de l'Ulster) partageant le pouvoir avec un vice-premier ministre catholique Seamus Mallon (nationaliste modéré du SDLP). Des heurts éclatent au moment des traditionnelles parades de l'Ordre d'Orange, qui commémorent la bataille de Boyne, clin d’œil à la bataille décisive qui vit les orangistes défaire le parti jacobite pendant la Glorious revolution[2]. Le , une force dissidente de l'IRA réplique par un attentat à la voiture piégée dans le centre d'Omagh, tuant 28 personnes et en blessant 220 autres. C'est à ce jour l'attentat le plus meurtrier de l'histoire des Troubles.

En , David Trimble accepte de rencontrer pour la première fois Gerry Adams, leader du Sinn Féin. Après l'attribution du prix Nobel de la Paix à David Trimble et Seamus Mallon, un accord est signé le pour mettre en place les dispositions de l'Accord du Vendredi Saint. Ce texte institue 6 institutions transfrontalières et 10 départements ministériels répartis à la proportionnelle entre nationalistes et unionistes[3].

Le problème majeur qui a longtemps bloqué le processus a été celui de la démilitarisation des milices et groupes armés, tout particulièrement l'IRA qui finit tout de même par annoncer son renoncement à la violence politique en 2005[3]. Cette démarche a été surnommée l'« Adieu aux armes ».

Cependant, depuis les accords, des attentats sporadiques ont fait 93 morts, de 1999 à 2009.

Critiques et faiblesses des accords de paix

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Un certain nombre d'auteurs, comme Agnès Maillot, pointe les faiblesses de ces accords, voire une véritable contradiction interne : en instaurant un gouvernement consociationiste, qui force les différents partis à s'entendre pour former un gouvernement, les accords ont officialisé, voire gravé dans la loi, les divisions sectaires, en rendant très complexe le dépassement de celle-ci en vue de l'intérêt général de la province[4]. En effet, dans un tel système, les partis ont beaucoup plus intérêt à s'adresser en priorité à leur communauté, plutôt qu'à défendre des intérêts trans-partisans et mener des politiques qui profitent à l'ensemble de la communauté. De plus, l'instauration du système des minorités de blocage (les petitions of concern) débouchent souvent sur un immobilisme politique notamment sur les grandes questions de société comme le débat autour du mariage homosexuel : la communauté protestante a systématiquement bloqué[5] toute législation ouvrant la voie à une reconnaissance des couples de même sexes, ce qui fait que l'Irlande du Nord a été la dernière province du royaume à reconnaître les unions homosexuelles en janvier 2020. Enfin, la bipolarisation induite par le système consociationiste entrave l'affirmation de parti neutre sur le plan confessionnel et communautaire : le parti de l'Alliance, trans-communautaire, plafonne à 8 %, entravant le dépassement des clivages confessionnels.

Dans le cadre de sa politique de Brexit, le Royaume-Uni a émis un livre blanc, dans lequel le gouvernement du Royaume-Uni réitère son engagement dans l'accord de Belfast. Sur le statut de l'Irlande du Nord, la position initiale du gouvernement britannique indique sa préférence pour garder la position constitutionnelle de l'Irlande du Nord dans le giron britannique mais avec des liens forts avec l'Irlande[6].

Toutefois, cette position devra s’accommoder d'autres réalités, l'Irlande étant, en tant que membre de l'Union européenne, partie prenante dans l'Union douanière.

Par ailleurs, le Brexit a créé des perturbations lors des dernières élections de l'assemblée nord-irlandaise[7].

Lors du Brexit, l'un des premiers points négociés sera la question irlandaise : les liens commerciaux de l'Irlande, la zone de mobilité commune et l'Accord du Vendredi saint[8].

D'après Tony Blair — l'un des premiers ministres participant à cet accord — une partie de cet accord doit être amendé de par le Brexit[9].

Au cours des négociations du Brexit, l'UE a défini un position paper concernant le support du "Good Friday Agreement" par le Royaume-Uni, au cours du Brexit[10].

Le position paper concerne des sujets tels que :

  • Good Friday Agreement and Peace Process ;
    • Interdépendance des institutions politiques,
    • L'évitement d'une frontière matérielle,
    • La coopération nord-sud entre l'Irlande et l'Irlande du Nord,
    • Des provisions sur les droits, les sauvegardes et l'égalité d'opportunité,
    • le droit de naissance de toutes les personnes d'Irlande du Nord,
    • Les programmes de paix et les engagements au travers des Multi-annual Financial Framework,
  • Common Travel Area ;
    • Le fonctionnement continu de la Common Travel Area,
    • La continuation des arrangements de la Common Travel Area, en conformité avec la loi de l'Union européenne.

Le 4 mars 2021, plusieurs organisations nord-irlandaises unionistes déclarent ne plus apporter leur soutien aux accords de paix conclus en 1998.

Notes et références

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  1. a et b Guffian 2006, p. 252.
  2. a et b Guffian 2006, p. 253.
  3. a et b Guffian 2006, p. 255.
  4. Maillot 2018, p. 307.
  5. Maillot 2018, p. 308.
  6. HM Government, The United Kingdom's exit from and new partnership with the European Union, Cm 9417, February 2017.
  7. (en-GB) « Our Brexit-driven disregard for Ireland is perilous », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) « EU sees our unique circumstances but the 'Irish question must be dealt with early in the talks' - Independent.ie », Independent.ie,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Irlande du Nord : le Brexit entraînera un changement de l'accord de Paix, dit Blair », L'Orient-Le Jour,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. https://ec.europa.eu/commission/sites/beta-political/files/guiding-principles-dialogue-ei-ni_en.pdf.

Bibliographie

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  • Jean Guffian, La Question d'Irlande, Paris, Éditions Complexe, (ISBN 2-8048-0105-5)
  • Agnès Maillot, L'IRA et le conflit nord-irlandais, Paris, Presses Universitaires de Caen, (ISBN 978-2-84133-875-7)

Articles connexes

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