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« Thibaut Ier (roi de Navarre) » : différence entre les versions

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| enfants = [[Blanche de Navarre (1226-1283)|Blanche de Navarre]]<br />[[Thibaut II de Navarre]] [[Fichier:Red crown.png|15 px]] <br /> Pierre de Navarre(† 1265)<br />[[Henri Ier de Navarre|Henri {{Ier}} de Navarre]] [[Fichier:Red crown.png|15 px]] <br /> Marguerite († 1306)
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'''Thibaut IV de Champagne''', dit « Thibaut le Posthume » puis « Thibaut le Chansonnier », né le {{date de naissance|30|mai|1201}} à [[Troyes]] et mort le {{date de décès|14|juillet|1253}} à [[Pampelune]], est [[Liste des comtes de Champagne|comte de Champagne]] de [[1201]] à [[1253]] (sous le nom de Thibaut IV), et [[Liste des rois de Navarre|roi de Navarre]] de [[1234]] à [[1253]] (sous le nom de Thibaut {{Ier}}).
'''{{noble-|Thibaud Ier}} de Navarre''', aussi connu sous le nom de '''{{noble-|Thibaud IV}} de Champagne''', puis « Thibaud le Chansonnier »<ref>Ou encore « Thibaud le Posthume ».</ref>, né le {{date de naissance|30|mai|1201}} à [[Troyes]] et mort le {{date de décès|7|juillet|1253}}{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXVI}}}} à [[Pampelune]], fut [[Liste des comtes de Champagne|comte de Champagne]] de 1201 à 1253 et [[Liste des rois de Navarre|roi de Navarre]] de 1234 à 1253. Il est aujourd'hui connu surtout comme l'un des plus grands [[trouvère]]s de son temps.


== Le comte de Champagne ==
== Le comte de Champagne ==
[[Fichier:Map France 1180-fr.svg|vignette|Le royaume de France en 1180.]]
Il était fils de [[Thibaut III de Champagne|Thibaut III]], comte de Champagne, et de [[Blanche de Navarre (1177-1229)|Blanche de Navarre]]. Son parrain fut [[Philippe II Auguste|Philippe Auguste]], roi de France qui l'éduqua à la cour. Il y fut confié aux bons soins de [[Blanche de Castille]], épouse du prince héritier, le futur [[Louis VIII de France|Louis VIII]], cousine de son père par [[Aliénor d'Aquitaine]] et petite-cousine de sa mère par les couples [[García V de Navarre]] - [[Marguerite de l'Aigle]] et [[Alphonse VII de Castille]] - [[Bérengère de Barcelone]].
Il est le fils posthume du comte {{noble|Thibaud III de Champagne}}, mort subitement le {{date|24 mai 1201}} à la veille de son départ pour la [[quatrième croisade]], et de [[Blanche de Navarre (1177-1229)|Blanche de Navarre]], fille du roi {{noble|Sanche VI de Navarre}}{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XII}}}}. Son parrain fut [[Philippe II Auguste|Philippe Auguste]], roi de France qui l'éduqua à la cour{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XIII}}}}. Il y fut confié aux bons soins de [[Blanche de Castille]], épouse du prince héritier, le futur {{noble|Louis VIII de France|-}}.


Entre 1216 et 1221, il dut défendre son comté contre les revendications du seigneur [[Érard de Brienne-Ramerupt|Érard de Brienne]]. L'intervention de [[Philippe II Auguste|Philippe Auguste]], du duc {{noble|Eudes III de Bourgogne}} et de l'empereur {{noble|Frédéric II (empereur du Saint-Empire)}}, mit fin à cette [[Guerre de succession de Champagne|guerre de succession]]. Thibaud conserva les comtés de Champagne et de Brie, et s'acquitta envers Érard d'une indemnité{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XIII}}}}.
Après que la succession lui eut été contestée par un cousin ([[Guerre de succession de Champagne]], [[1216]]-[[1221]]), Thibaut prit en main l'administration de ses États.


En [[1224]], il participa aux campagnes de [[Louis VIII de France|Louis VIII]] contre les Anglais, et notamment au [[siège de La Rochelle (1224)|siège de La Rochelle]], puis contre les Cathares, mais quitta la [[croisade des Albigeois|croisade]] une fois effectués les quarante jours de service requis, au grand mécontentement du roi.
En 1224, il participa aux campagnes de {{noble|Louis VIII de France|-}} contre les Anglais, et notamment au [[siège de La Rochelle (1224)|siège de La Rochelle]]{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XIII}}}}. L'année suivante, il reçut la mission de conduire au concile de Bourges le comte {{noble|Raymond VII de Toulouse}}{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XIII}}}}. En {{date|août 1226}}, alors qu'il participait à la [[croisade des Albigeois|guerre contre les Cathares]], il abandonna le roi lors du [[siège d'Avignon]], une fois effectués les quarante jours de [[Ost|service requis]], au grand mécontentement du roi{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XIV}}}}. Deux ans plus tard, Thibaud joua le rôle de négociateur dans l'élaboration du projet de [[Traité de Paris (1229)|traité de Paris]], qui mit fin à la [[croisade des Albigeois]].


Après la mort de {{noble-|Louis VIII}} en {{date|novembre 1226}}, Thibaut rassembla autour de lui une ligue des grands barons opposés au jeune {{noble|Louis IX}} et à la régente sa mère [[Blanche de Castille]]{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XV}}}}. Thibaut abandonna néanmoins la ligue dès l'année suivante et se réconcilia avec Blanche{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XIX}}}}. Ses anciens alliés, indignés de cette défection, s'attaquèrent alors directement à Thibaut, le plus puissant soutien de la régente<ref name=Le-Goff-120>Jacques Le Goff, ''Saint Louis'', Gallimard, 1996, p. 120-121.</ref>. Des rumeurs injurieuses furent propagées, accusant Blanche d'être la maîtresse de Thibaut<ref name=Le-Goff-120/>. Les coalisés se jetèrent sur le comté de Champagne qu'ils ravagèrent et ils ne déposèrent les armes que sous la menace de l'armée royale{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXII}}}}. La paix fut finalement signée en {{date|septembre 1230}} et les barons rebelles abandonnèrent leurs revendications{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXII}}}}. En 1233, ses ennemis trouvèrent néanmoins un nouveau moyen d'importuner Thibaud en faisant venir [[Alix de Champagne-Jérusalem]], une prétendante au comté de Champagne{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXII}}}}. À la fin de l'année 1234, elle renonça au comté moyennant la somme de quarante mille livres tournois et un domaine de deux mille livres tournois de revenus{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXIII}}}}. Pour payer l'indemnité, les représentants de Thibaud furent contraints de vendre au roi {{noble-|Louis IX}} la mouvance de quatre fiefs : les comtés de [[Blois]], de [[Chartres]] et de [[Sancerre]], et la vicomté de [[Châteaudun]]{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXIII}}}}.
En [[1228]], il servit de négociateur, avec l'accord du [[Raymond VII de Toulouse|comte de Toulouse]], dans l'élaboration du projet de [[Traité de Paris (1229)|traité de Paris]], qui mettra fin à la [[croisade des Albigeois]].


== Le roi de Navarre ==
En 1234, Thibaut reçut la couronne de [[Royaume de Navarre|Navarre]], après la mort de [[Sanche VII de Navarre|Sanche VII le Fort]], son oncle, frère de sa mère Blanche de Navarre.
À la mort de son oncle le roi {{noble|Sanche VII de Navarre}} sans héritier direct en {{date|avril 1234}}, les Navarrais ne tinrent aucun compte de la volonté du roi, qui avait désigné {{noble|Jacques Ier d'Aragon}} comme son successeur. Ils appelèrent Thibaud de Champagne qui fut couronné le {{date|5 mai 1234}} à [[Pampelune]]<ref name=Leroy>Béatrice Leroy, « Le royaume de Navarre aux {{sp-|XIII|-|XIV}} », ''Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public'', vol. 30, 1999, p. 155-164. {{lire en ligne|lien=https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_2000_act_30_1_1766}}.</ref>. Thibaud jura fidélité aux ''[[For (droit coutumier)|fueros]]'' du royaume, fournissant ainsi à la couronne de Navarre une [[Maison de Blois|dynastie]] bien installée de puissants vassaux dans le nord du royaume de France<ref name="dbe">{{es}} María Raquel García Arancón, « {{noble-|Teobaldo I}} », ''Diccionario Biográfico Español''.</ref>.


Des traités furent conclus avec la [[Royaume de Castille|Castille]], l'[[Royaume d'Aragon|Aragon]] et l'[[Royaume d'Angleterre|Angleterre]], permettant au nouveau souverain de consolider sa couronne. Il gouverna avec l'aide de nobles venus de Champagne qui reçurent des charges importantes. Il réduisit l'importance des fiefs non héréditaires, les ''[[Tenure (féodalité)|tenencias]]'', comme divisions territoriales et créa quatre grands districts confiés à des ''[[Mérindade|merinos]]'', à qui il attribua des fonctions fiscales et relevant de l'ordre public. Il établit ses lois par écrit, élaborant un [[cartulaire]] où elles figuraient toutes, et il commença la compilation des traditions juridiques de la monarchie navarraise connue sous le nom de ''Fuero General''.
Pendant la minorité de [[Louis IX]], Thibaut rassembla autour de lui quelques « Barons » formant une ligue des grands vassaux qui voulaient s'opposer au sacre du jeune roi, mais les trahissant, il se rendit rapidement auprès du roi et se soumit. Ses alliés, indignés de cette défection, se jetèrent aussitôt sur son comté qu'ils ravagèrent et ils en auraient pris la capitale, [[Troyes]], si l'armée royale n'était venue la secourir. Les rebelles, poursuivis jusqu'à [[Langres]], y furent dispersés<ref>Émile Jolibois, ''Histoire de la ville de Chaumont''</ref>.


Pour obtenir l'appui de la Castille, il négocia le mariage de sa fille [[Blanche de Navarre (1226-1283)|Blanche]] avec Alphonse, le futur {{noble|Alphonse X de Castille|le Sage}}<ref name=Leroy/>. Par ce traité, {{noble|Ferdinand III de Castille|le Saint}} offrait à Thibaud les terres de [[Guipuscoa]] à titre viager, mais pas celles d'[[Alava]] comme Thibaud l'aurait voulu. Ainsi le royaume de Navarre aurait eu un accès naturel à la [[mer Cantabrique]]. Ce traité, qui ne fut pas appliqué, aurait entraîné l'incorporation de la Navarre à la Castille<ref name=Leroy/>. Il promit sa fille Blanche au duc [[Jean Ier de Bretagne|Jean de Bretagne]] l'année suivante.
En [[1239 dans les croisades|1239]], à la suite de l'appel du pape [[Grégoire IX]], il conduisit une [[Croisade de 1239|croisade]] en [[Terre sainte]].


En 1238, il répondit favorablement à l'appel à la croisade lancé par le pape {{noble|Grégoire IX}}. Cependant, lorsque le pontife demanda à Thibaud de se détourner vers la Grèce pour soutenir le prétendant au trône de Constantinople, {{noble|Baudouin II de Courtenay|-}}, le roi de Navarre refusa<ref>Alain Demurger, ''Croisades et croisés au Moyen Âge'', Flammarion, coll. « Champs histoire », 2006, p. 155.</ref>.
En [[1240]], la légende veut qu'il ait rapporté de [[Damas]] « dans son [[heaume]] », le rosier dit « de [[Provins]] », de son nom latin [[rosa gallica]] ''officinalis'' (ce qui semble peu probable de par l'absence de sources écrites, et du fait que la variété était déjà cultivée par les Romains), il rapporta également un morceau de la [[Vraie Croix]] et la tradition veut qu'il en ait rapporté le [[cépage]] [[Chardonnay]] qui entre dans la composition du [[Champagne (AOC)|champagne]].


En 1239, il dirigea la [[croisade des barons]] en [[Terre sainte]]. La plupart de ses anciens ennemis l'accompagna, entre autres le duc [[Pierre Ier de Bretagne|Pierre de Bretagne]], le comte [[Henri II de Bar|Henri de Bar]] et le duc [[Hugues IV de Bourgogne|Hugues de Bourgogne]]{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXIV}}}}. Après avoir embarqué son armée à [[Marseille]] et à [[Aigues-Mortes]], il débarqua à [[Saint-Jean-d'Acre]] le {{date|1er septembre 1239}}{{sfn|Runciman|1954|p=212}}. En novembre, son expédition prit la direction de l'[[Égypte]], avec pour objectif les villes d'[[Ashkelon|Ascalon]] et de [[Gaza]]{{sfn|Runciman|1954|p=213}}.
Au cours de sa vie, il composa de nombreuses chansons et poésies qu'il faisait peindre sur les murs de ses palais de Troyes et de Provins. Ceci lui valut le qualificatif de « chansonnier ». Il est l'auteur de 71 compositions lyriques variées (dont 37 chansons d'amour) dans lesquelles il fait montre d'une grande virtuosité technique et verbale (il apprécie jeux de mots, pointes, métaphores filées et allégories) ainsi que d'une certaine désinvolture ironique envers la matière courtoise. Thibaut de Champagne est le [[trouvère]] le plus célébré de son temps. Il sera au siècle suivant salué par [[Dante]] comme un précurseur (''De Vulgari Eloquentia'').


L'union était imparfaite, et les barons se jalousaient mutuellement{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXIV}}}}. Dédaignant les conseils de prudence de Thibaud, et désireux d'acquérir une gloire personnelle, le comte [[Henri II de Bar|Henri de Bar]], accompagné des barons syriens [[Balian Granier|Balian de Sidon]] et [[Eudes de Montbéliard]], décida de partir à la tête d’une troupe de cinq cents chevaliers et de plus de mille fantassins pour surprendre un détachement de soldats égyptiens envoyés en garnison à Gaza{{sfn|Runciman|1954|p=214}}. La chevauchée fut un désastre : plus de mille hommes furent tués, dont le comte de Bar, et six cents furent emmenés prisonniers au [[Le Caire|Caire]], dont le comte [[Amaury VI de Montfort|Amaury de Montfort]] et le seigneur [[Philippe de Nanteuil]], un ami intime de Thibaud{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXIV}}}}. Apprenant la nouvelle, Thibaut de Champagne retourna à Saint-Jean-d'Acre avec le reste de l’armée croisée{{sfn|Runciman|1954|p=215}}.
== Le roi de Navarre ==
Comme il était le fils de Blanche de Navarre, sœur du roi [[Sanche VII de Navarre|Sanche VII le Fort]], à la mort de ce dernier les Navarrais ne tinrent aucun compte de la volonté du roi, qui avait désigné [[Jacques Ier d'Aragon|Jacques {{Ier}} d'Aragon]] comme son successeur ; ils appelèrent Thibaut de Champagne qui, un mois après la mort de son oncle, se présenta à [[Pampelune]], où il jura fidélité aux [[For (droit)|Fueros]] du royaume, fournissant ainsi à la couronne de Navarre une dynastie bien installée de puissants vassaux dans le nord du royaume de France. C'est ainsi qu'est établie la « Maison de Champagne ».


Au cours de l'été 1240, Thibaud conclut une alliance défensive avec [[Al-Salih Ismaël|Ismaël]], émir de [[Damas]], en échange de la cession des forteresses de [[Forteresse de Beaufort|Beaufort]] et [[Safed]]{{sfn|Runciman|1954|p=216}}. Une négociation parallèle fut menée par les [[Ordre de Saint-Jean de Jérusalem|Hospitaliers]] avec le sultan [[Malik al-Salih Ayyoub|Ayyoub]], qui eut pour résultat la cession d'[[Ashkelon|Ascalon]]{{sfn|Runciman|1954|p=217}}. Rendu impopulaire par la rupture du pacte avec Damas, Thibaud s'embarqua pour l'Europe à la fin septembre{{sfn|Runciman|1954|p=217}}.
Des traités furent conclus avec la [[Royaume de Castille|Castille]], l'[[Royaume d'Aragon|Aragon]] et l'[[Royaume d'Angleterre|Angleterre]], permettant au nouveau souverain de consolider sa couronne. Il gouverna avec l'aide de nobles venus de Champagne qui reçurent des charges importantes. Il réduisit l'importance des fiefs non héréditaires, les [[Tenure (féodalité)|tenencias]], comme divisions territoriales et créa quatre grands districts confiés à des [[Merindad|merinos]], à qui il attribua des fonctions fiscales et relevant de l'ordre public. Il établit ses lois par écrit, élaborant un ''Cartulario Magno'' où elles figuraient toutes, et il commença la compilation des traditions juridiques de la monarchie navarraise connue sous le nom de « [[Fuero General]] ».


La légende veut qu'il ait rapporté de [[Damas]] « dans son [[heaume]] », le rosier dit « de [[Provins]] », de son nom latin [[rosa gallica]] ''officinalis'' (ce qui semble peu probable de par l'absence de sources écrites, et du fait que la variété était déjà cultivée par les Romains), il rapporta également un morceau de la [[Vraie Croix]] et la tradition veut qu'il en ait rapporté le [[cépage]] [[Chardonnay]] qui entre dans la composition du [[Champagne (AOC)|champagne]].
Pour obtenir l'appui de la Castille, il négocia le mariage de sa fille [[Blanche de Navarre (1226-1283)|Blanche]] avec Alphonse, le futur [[Alphonse X de Castille|Alphonse X le Sage]]. Par ce traité, [[Ferdinand III de Castille|Ferdinand III le Saint]] offrait à Thibaut les terres de [[Guipuscoa]] à titre viager, mais pas celles d'[[Alava]] comme Thibaut l'aurait voulu. Ainsi le royaume de Navarre aurait eu un accès naturel à la [[mer Cantabrique]]. Ce traité, qui ne fut pas appliqué, aurait entraîné l'incorporation de la Navarre à la Castille. Il semble que l'année suivante Thibaut ait promis sa fille Blanche au duc de Bretagne.


De retour de croisade, Thibaud vécut tantôt en Navarre, tantôt en Champagne. Il accompagna le roi {{noble-|Louis IX}} dans sa campagne contre les Anglais en [[Poitou]] et en [[Saintonge]]{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXV}}}}. Entre 1242 et 1244, il soutint les rébellions en [[Gascogne]] contre le roi d'Angleterre et affirma sa présence en [[Basse-Navarre]]<ref>{{es}} « {{noble-|Teobaldo I}} », ''Gran Enciclopedia de Navarra''. {{lire en ligne|lien=http://www.enciclopedianavarra.com/?page_id=19430}}</ref>. Il eut d'importants différends avec l'évêque de Pampelune, Pedro Jimenez de Gazólaz, et refusa de répondre devant les tribunaux pontificaux. En 1248, il fut contraint de se rendre à [[Rome]] en pèlerinage pénitentiel{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXV}}}}. Un concile provincial tenu en 1250 alla jusqu'à l'excommunier, mais le pape lui accorda un privilège spécial selon lequel, sans mandat du Saint-Siège, personne ne pouvait excommunier le roi.
En [[1238]], il dirigea la [[Croisade de 1239|Croisade des barons]] en Terre sainte. Malgré sa défaite, les querelles entre les musulmans lui permirent de signer la paix et d'obtenir pour les chrétiens Jérusalem, Bethléem et Ashkelon. Il revint de la croisade à la fin de [[1240]] et passa une grande partie de son règne à des voyages continuels entre Navarre et Champagne.


Il mourut à [[Pampelune]] le {{date|7 juillet 1253}}{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXVI}}}} à l'âge de 52 ans, au retour d'un de ses voyages en Champagne, et fut enterré dans la [[Cathédrale Sainte-Marie de Pampelune|cathédrale de Pampelune]].
[[Fichier:Confirmation d’une vente de bois à l’abbaye de Saint-Denis par le comte de Champagne et le roi de Navarre Thibaut IV Le Chansonnier. - Archives Nationales - AE-II-246.jpg|vignette|Confirmation d’une vente de bois à l’abbaye de Saint-Denis par le comte de Champagne et le roi de Navarre Thibaut IV Le Chansonnier. Coulommiers, juillet 1247. [[Archives nationales de France]].]]
Il eut d'important différends avec l'évêque de Pampelune, Pedro Jimenez de Gazólaz, et refusa de répondre devant les tribunaux pontificaux. Un concile provincial tenu en [[1250]] alla jusqu'à l'excommunier, mais le pape lui accorda un privilège spécial selon lequel, sans mandat du Saint-Siège, personne ne pouvait excommunier le roi.


== Le « Chansonnier » ==
Thibaut était connu par le surnom de « [[Troubadour]] » en raison de son talent de poète que de son temps il possédait déjà et que l'histoire a confirmée. En fait, prince vraiment éduqué, sa cour était réputée avec une appréciation considérable de la culture florissante. Ainsi, en profitant du [[chemin de Saint-Jacques]], la musique, quel que soit son genre, restait florissante dans sa cour, reliée à la cour pontificale d'Avignon ainsi qu'à Paris<ref>http://www.persee.fr/doc/hispa_0007-4640_1976_num_78_1_4197_t1_0177_0000_2</ref>.
[[Fichier:Thibaut2.png|vignette|Thibaud le Chansonnier.]]
Thibaud était connu par le surnom de « Chansonnier » en raison de son talent de poète. Profitant de sa position sur le [[chemin de Saint-Jacques]], la musique, quel que soit son genre, était florissante dans sa cour, reliée à la cour pontificale d'Avignon ainsi qu'à Paris<ref>{{Article |auteur1=Bourligueux, Guy |titre=Higinio Anglés, Historia de la música medieval en Navarra (Obra póstuma). Présentation de Fernando Remacha |périodique=[[Bulletin hispanique]] |éditeur=Persée - Portail des revues scientifiques en SHS |volume=78 |numéro=1 |date=1976 |pages=177–178 |lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/hispa_0007-4640_1976_num_78_1_4197_t1_0177_0000_2 |accès url=libre |consulté le=05-10-2020}}.</ref>. Il perpétua la tradition de sa grand-mère [[Marie de France (1145-1198)|Marie de France]], comtesse de Champagne, qui avait tenu avec son époux une [[Henri Ier de Champagne#Arts et littérature|cour brillante et lettrée]] et protégé de nombreux écrivains comme [[Chrétien de Troyes]].


Au cours de sa vie, il composa de nombreuses chansons et poésies qu'il faisait peindre sur les murs de ses palais de Troyes et de Provins. Il est l'auteur de 71 compositions lyriques variées (dont 37 chansons d'amour) dans lesquelles il fait montre d'une grande virtuosité technique et verbale (il apprécie jeux de mots, pointes, métaphores filées et allégories) ainsi que d'une certaine désinvolture ironique envers la matière courtoise. Thibaud de Champagne est le [[trouvère]] le plus célébré de son temps. Au siècle suivant, il est cité à trois reprises par [[Dante]] dans son ouvrage ''[[De vulgari eloquentia|De l'éloquence en langue vulgaire]]''<ref>Dante, ''De vulgari eloquentia'', {{I}}, {{IX}}, 3 ; {{II}}, {{V}}, 4 ; {{II}}, {{VI}}, 6.</ref>.
Il meurt en Navarre, à [[Pampelune]], le {{Date|14|juillet|1253}} à l'âge de 52 ans, au retour d'un de ses voyages en Champagne, et fut enterré dans la cathédrale de Pampelune.


Thibaut est connu comme troubadour non seulement parce qu'il aimait écrire, mais parce que ses poèmes chantés étaient d'un mérite exceptionnel, et avant même la fin de la croisade de 1238-1240, il écrivait encore. Il fut le premier à mettre par écrit les droits et les libertés du royaume dans ce qu'on a appelé le ''fuero antiguo'', et au cours de son règne il les compila tous, les traditionnels comme les nouveaux.
Thibaud est connu comme trouvère non seulement parce qu'il aimait écrire, mais parce que ses poèmes chantés étaient d'un mérite exceptionnel, et avant même la fin de la croisade de 1238-1240, il écrivait encore. Il fut le premier à mettre par écrit les droits et les libertés du royaume dans ce qu'on a appelé le ''fuero antiguo'', et au cours de son règne il les compila tous, les traditionnels comme les nouveaux.


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Chansonnier dit Chansonnier Cangé-53.jpg|Thibaud, roi de Navarre, dans le [[chansonnier Cangé]] ({{s-|XIII}}).
Theobald IV. of Champagne.gif|Thibaut de Champagne.
Theobald IV. of Champagne.gif|Thibaud de Champagne.
Thibaut2.png|Thibaut le Chansonnier.
Aumonière Thibaut IV éclaircie 07204.jpg|Dessin de l'[[aumônière]] de Thibaut IV<ref>Collection CHG 42 de la [[bibliothèque municipale de Reims]]</ref>
Aumonière Thibaut IV éclaircie 07204.jpg|Dessin de l'[[aumônière]] de {{noble-|Thibaud IV}}<ref>Collection CHG 42 de la bibliothèque municipale de Reims.</ref>.

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== Unions et descendance ==
== Unions et descendance ==
[[Fichier:Confirmation d’une vente de bois à l’abbaye de Saint-Denis par le comte de Champagne et le roi de Navarre Thibaut IV Le Chansonnier. - Archives Nationales - AE-II-246.jpg|vignette|Confirmation d’une vente de bois à l’abbaye de Saint-Denis par le comte de Champagne et le roi de Navarre {{noble-|Thibaut IV}} Le Chansonnier. Coulommiers, {{date-|juillet 1247}}. [[Archives nationales de France]].]]
Vers 1220, il épousa [[Gertrude de Dabo]] (1204 † v. 1225), fille d'[[Albert II de Dabo-Moha]], comte de [[Dabo]], de [[Moha]] et [[Liste des comtes de Metz|de Metz]], et veuve de [[Thiébaud Ier de Lorraine|Thiébaud {{Ier}}]], [[Liste des ducs de Lorraine|duc de Lorraine]], en espérant s'approprier le [[comté de Metz]]. Après l'échec de cette tentative, il répudia Gertrude.
Vers 1220, il épousa [[Gertrude de Dabo]]{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXVI}}}} (1204 † v. 1225), fille d'{{noble|Albert II de Dabo-Moha}}, comte de [[Dabo]], de [[Moha]] et [[Liste des comtes de Metz|de Metz]], et veuve de {{noble|Thiébaud Ier de Lorraine|-}}, [[Liste des ducs de Lorraine|duc de Lorraine]], en espérant s'approprier le [[comté de Metz]]. Après l'échec de cette tentative, il la répudia en 1222{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXVI}}}}.


En [[1223]], il épousa en secondes noces [[Agnès de Beaujeu]], cousine du futur [[Louis IX de France|Saint-Louis]], qui fut sa compagne de jeux à la cour de France et mourut en [[1231]]. Elle était fille de [[Guichard IV de Beaujeu|Guichard IV]], [[Liste des sires de Beaujeu|sire de Beaujeu]] et de [[Sibylle de Hainaut]], fille de [[Baudouin V de Hainaut]]. Ils eurent :
En 1223, il épousa en secondes noces [[Agnès de Beaujeu]]{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXVII}}}} († 1231), sœur d'{{noble|Humbert V de Beaujeu}} et cousine du futur [[Louis IX de France|Saint-Louis]], qui fut sa compagne de jeux à la cour de France. Elle mourut en 1231{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXVII}}}}. Elle était fille de {{noble|Guichard IV de Beaujeu|-}}, [[Liste des sires de Beaujeu|sire de Beaujeu]] et de [[Sibylle de Hainaut]], sœur de {{noble|Baudouin VI de Hainaut}}, empereur de Constantinople. Ils eurent :
* [[Blanche de Navarre (1226-1283)|Blanche]] (1226 † 1283), mariée en 1236 avec [[Jean Ier de Bretagne|Jean {{Ier}} le Roux]] († 1286), [[Liste des ducs de Bretagne|duc de Bretagne]], d'où (entre-autres) :
* [[Blanche de Navarre (1226-1283)|Blanche]] (1226 † 1283), mariée en 1236 avec {{noble|Jean Ier de Bretagne|le Roux}} († 1286), [[Liste des ducs de Bretagne|duc de Bretagne]]{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXVII}}}}.
** [[Jean II de Bretagne]].


En [[1232]], il épousa en troisièmes noces [[Marguerite de Bourbon (1211-1256)|Marguerite de Bourbon]], fille d'[[Archambaud VIII de Bourbon|Archambaud VIII]], [[liste des seigneurs de Bourbon|seigneur de Bourbon]] et d'Alix de Forez qui lui donnera :
Le {{date|22 septembre 1232}}, il épousa en troisièmes noces [[Marguerite de Bourbon (1211-1256)|Marguerite de Bourbon]]{{sfn|Wallensköld|1925|p={{XXVII}}}} († 1256), fille d'{{noble|Archambaud VIII de Bourbon}}, [[liste des seigneurs de Bourbon|seigneur de Bourbon]] et d'Alix de Forez qui lui donnera :
* [[Thibaut II de Navarre|Thibaut II]] (1238 † 1270), comte de Champagne et roi de Navarre ;
* {{noble|Thibaud II de Navarre|-}} (1238 † 1270), comte de Champagne et roi de Navarre ;
* Pierre (1241-1265), vicomte de Muruzabal, en Navarre ;
* Pierre (1241-1265), vicomte de Muruzabal, en Navarre ;
* Éléonore (1242, † jeune) ;
* Éléonore (1242, † jeune) ;
* Marguerite (1244-1306), mariée en 1255 à [[Ferry III de Lorraine|Ferry III]] († 1302) [[Liste des ducs de Lorraine|duc de Lorraine]], d'où (entre-autres) :
* Marguerite (1244-1306), mariée en 1255 à {{noble|Ferry III de Lorraine|-}} († 1302) [[Liste des ducs de Lorraine|duc de Lorraine]] ;
* [[Béatrice de Champagne|Béatrice]] (1246-1295), mariée en 1258 à {{noble|Hugues IV de Bourgogne|-}} (1212 † 1272), [[Liste des ducs de Bourgogne|duc de Bourgogne]] ;
** [[Thiébaud II de Lorraine|Thibaut II de Lorraine]] ;
* {{noble|Henri Ier de Navarre|le Gros}} (1249-1274), comte de Champagne et roi de Navarre ;
* Béatrice (1246-1295), mariée en 1258 à [[Hugues IV de Bourgogne|Hugues IV]] (1212 † 1272), [[Liste des ducs de Bourgogne|duc de Bourgogne]], d'où (entre-autres) :
** [[Isabelle de Bourgogne]], impératrice (1284-1291) ;
* [[Henri Ier de Navarre|Henri {{Ier}} le Gros]] (1249-1274), comte de Champagne et roi de Navarre ;
* Guillaume (1250-1267), religieux.
* Guillaume (1250-1267), religieux.


Thibaut {{Ier}} eut aussi plusieurs enfants nés hors mariage :
Thibaut eut aussi plusieurs enfants nés hors mariage :
* Alix, mariée en 1242 à Álvar Pérez de Azagra, seigneur d'Albarracín ;
* Alix, mariée en 1242 à Álvar Pérez de Azagra, seigneur d'Albarracín (postérité, dont {{noble|Jean Ier d'Empúries}}) ;
* Marquise, mariée à Pierre d'Aragon, seigneur de Híjar ;
* Marquise, mariée en 1262 à Pierre d'Aragon, seigneur de Híjar, fils naturel de {{noble|Jacques Ier (roi d'Aragon)|d'Aragon}} ;
* Bérengère, religieuse à Pampelune.
* Bérengère, religieuse à Pampelune.


== Bibliographie==
== Ascendance ==
{{Boîte déroulante/début|alignT=center|titre=Ancêtres de {{noble-|Thibaud Ier}} de Navarre}}
* Paul Flamant, ''Thibaut le chansonnier'', fabliau en 2 actes -en vers-, Eugène Figuier éditeur, Paris, 1927
<center>{{Ancêtres-compact6
* ''Les Chansons de Thibaut de Champagne, roi de Navarre, édition critique'', [[Axel Wallensköld]], Edouard Champion éditeur, Paris, 1925
|style=font-size: 90%; line-height: 110%;
* {{Ouvrage |auteur1=|prénom1= Claude|nom1=Taittinger|lien auteur1= Claude Taittinger|titre= Thibaut le Chansonnier|sous-titre= Comte de Champagne|éditeur= Perrin|lieu= Paris|collection= |numéro dans collection= |année=1987|pages totales=323|isbn= 978-2262004385|présentation en ligne=}}
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* {{Article
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|langue=en
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|auteur1=Christopher Callahan
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|auteur2=Daniel E. O’Sullivan
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|titre=Melodic Variance in the Songs of Thibaut de Champagne
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|volume=12-13
|1= 1. {{noble-|Thibaud Ier}} de Navarre
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|5= 5. [[Marie de France (1145-1198)|Marie de France]]
|lire en ligne=http://variants.revues.org/276
|6= 6. {{noble|Sanche VI de Navarre}}
|consulté le=29 septembre 2017
|7= 7. [[Sancha de Castille (reine de Navarre)|Sancha de Castille]]
}}
|8= 8. {{noble|Thibaut IV de Blois}}
* {{Article
|9= 9. [[Mathilde de Carinthie]]
|langue=fr
|10= 10. {{noble|Louis VII le Jeune|de France}}
|auteur1=Gaston Raynaud
|11= 11. [[Aliénor d'Aquitaine]]
|titre=Le chansonnier Clairambault de la Bibliothèque nationale
|12= 12. {{noble|García V de Navarre}}
|périodique=Bibliothèque de l'école des chartes
|13= 13. [[Marguerite de l'Aigle]]
|volume=40
|14= 14. {{noble|Alphonse VII de León et Castille}}
|numéro=1
|15= 15. [[Bérengère de Barcelone]]
|date=1879
|16= 16. {{noble|Étienne II de Blois}}
|pages=48-67
|17= 17. [[Adèle de Blois|Adèle de Normandie]]
|issn=
|18= 18. [[Engelbert II de Sponheim|Engelbert de Carinthie]]
|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1879_num_40_1_446842
|19= 19. [[Uta de Passau]]
|consulté le=30 septembre 2017
|20= 20. {{noble|Louis VI le Gros|de France}}
}}
|21= 21. [[Adélaïde de Savoie]]
* Thibaut de Champagne, ''Les Chansons. Textes et mélodies'', édition bilingue établie, traduite, présentée et annotée par Christopher Callahan, Marie-Geneviève Grossel et Daniel E. O'Sullivan, Paris, [[éditions Honoré Champion]], {{coll|Champion classiques. Moyen Âge}} {{n°|46}}, 2018 {{ISBN|978-2-7453-4800-5}}
|22= 22. {{noble|Guillaume X d'Aquitaine}}
|23= 23. [[Aénor de Châtellerault]]
|24= 24. [[Ramiro II de Monzón|Ramiro Sanchez de Monzón]]
|25= 25. [[Cristina Rodríguez (noble)|Cristina Rodríguez de Vivar]]
|26= 26. [[Gilbert de l'Aigle]]
|27= 27. [[Juliette du Perche]]
|28= 28. [[Raymond de Bourgogne]]
|29= 29. [[Urraque Ire de León|Urraca de León]]
|30= 30. {{noble|Raimond-Bérenger III de Barcelone}}
|31= 31. [[Douce de Gévaudan|Douce de Provence]]
|32= 32. {{noble|Thibaud III de Blois}}
|33= 33. [[Gersende du Maine]]
|34= 34. {{noble|Guillaume le Conquérant|Guillaume Ier d'Angleterre}}
|35= 35. [[Mathilde de Flandre]]
|36= 36. {{noble|Engelbert Ier de Sponheim}}
|37= 37. Edwige
|38= 38. [[Ulrich de Passau]]
|39= 39. [[Adélaïde de Megling-Frontenhausen]]
|40= 40. {{noble|Philippe Ier (roi des Francs)|de France}}
|41= 41. [[Berthe de Hollande]]
|42= 42. {{noble|Humbert II de Savoie}}
|43= 43. [[Gisèle de Bourgogne (comtesse de Savoie)|Gisèle de Bourgogne]]
|44= 44. {{noble|Guillaume IX d'Aquitaine}}
|45= 45. [[Philippe de Toulouse]]
|46= 46. {{noble|Aymeric Ier de Châtellerault}}
|47= 47. [[Dangereuse de L'Isle Bouchard]]
|48= 48. [[Sanche de Uncastillo|Sancho Garcès de Uncastillo]]
|49= 49. [[Constance de Marañón]]
|50= 50. [[Rodrigo Díaz de Vivar]]
|51= 51. [[Chimène|Jimena Diaz de Oviedo]]
|52= 52. [[Richard de L'Aigle]]
|53= 53. [[Judith d'Avranches]]
|54= 54. {{noble|Geoffroy II du Perche}}
|55= 55. [[Béatrice de Roucy]]
|56= 56. {{noble|Guillaume Ier de Bourgogne}}
|57= 57. [[Étiennette de Bourgogne]]
|58= 58. {{noble|Alphonse VI de León}}
|59= 59. [[Constance de Bourgogne]]
|60= 60. {{noble|Raimond-Bérenger II de Barcelone}}
|61= 61. [[Mahaut de Pouille|Mahaut de Hauteville]]
|62= 62. {{noble|Gilbert Ier de Gévaudan}}
|63= 63. [[Gerberge de Provence]]
}}</center>
{{Boîte déroulante/fin}}

== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{références}}
{{références}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
==== Éditions ====
* ''Les Chansons de Thibaut de Champagne, roi de Navarre'', édité par [[Axel Wallensköld]], Paris, Édouard Champion, 1925. {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k53236.image}}
* Thibaut de Champagne, ''Les Chansons. Textes et mélodies'', édition bilingue établie, traduite, présentée et annotée par Christopher Callahan, Marie-Geneviève Grossel et Daniel E. O'Sullivan, Paris, [[Éditions Honoré Champion|Honoré Champion]], {{coll|Champion classiques. Moyen Âge}} {{n°|46}}, 2018 {{ISBN|978-2-7453-4800-5}}.

==== Études ====
* Yvonne Bellenger, Danielle Quéruel dir., ''Thibaut de Champagne, prince et poète au {{s-|XIII}}'', Lyon, La Manufacture, 1989.
* {{Ouvrage |prénom1=Claude |nom1=Taittinger |lien auteur1=Claude Taittinger |titre=Thibaut le Chansonnier |sous-titre=Comte de Champagne |lieu=Paris |éditeur=Perrin |année=1987 |pages totales=323 |isbn=978-2-262-00438-5}}.
* {{Chapitre |auteur=Axel Wallensköld|titre chapitre=Vie de Thibaut de Champagne|titre ouvrage=Les Chansons de Thibaut de Champagne |passage={{XI}}-{{XXVII}} |lieu=Paris |éditeur=Édouard Champion |année=1925}}.
* {{Ouvrage|langue=en |nom=Runciman |prénom=Steven |lien auteur=Steven Runciman |titre=A History of the Crusades, {{nobr rom|volume III}} |éditeur=Cambridge University Press |année=1954}}.

=== Discographie ===
* ''Thibaut de Navarre'', [[Atrium Musicae de Madrid]], Gregorio Paniagua, Harmonia Mundi, 1979.
* ''Thibaut de Champagne : Le Chansonnier du roi'', [[Alla francesca|Ensemble Alla francesca]], [[Brigitte Lesne]], Aeon, 2012.

=== Articles connexes ===
{{Autres projets
{{Autres projets
| commons = category:Theobald I of Navarre
| commons = category:Theobald I of Navarre
| commons titre = {{noble-|Thibaud Ier}} de Navarre
| wikisource =Thibaut de Champagne
}}
}}
* {{noble|Henri Ier de Champagne}}

== Articles connexes ==
* [[Henri Ier de Champagne|Henri {{Ier}} de Champagne]]
* [[Marie de France (1145-1198)]]
* [[Marie de France (1145-1198)]]
* [[Thibaut III de Champagne]]
* {{noble|Thibaud III de Champagne}}
* [[Blanche de Navarre (1177-1229)]]
* [[Blanche de Navarre (1177-1229)]]
* [[Sanche VII de Navarre]]
* {{noble|Sanche VII de Navarre}}
* [[Littérature française du Moyen Âge]], [[Littérature médiévale]], [[Poésie médiévale française]]
* [[Littérature française du Moyen Âge]] - [[Littérature médiévale]] - [[Poésie médiévale française]]


== Liens externes ==
=== Liens externes ===
* {{autorité}}
{{Liens}}

* http://www.provins.org/histoire/thibault_le_chansonnier.htm
{{Succession/Début|titre={{noble-|Thibaud IV de Champagne}} ou {{noble-|Thibaud Ier de Navarre}}}}
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{{Succession/Fin}}


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{{Palette|Monarques de Navarre|Comté de Champagne}}
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[[Catégorie:Histoire de l'Aube]]
[[Catégorie:Trouvère du XIIIe siècle]]
[[Catégorie:Siège de La Rochelle (1224)]]
[[Catégorie:Écrivain médiéval de langue française]]
[[Catégorie:Écrivain médiéval de langue française]]
[[Catégorie:Écrivain espagnol francophone]]
[[Catégorie:Écrivain espagnol francophone]]
[[Catégorie:Écrivain espagnol du XIIIe siècle]]
[[Catégorie:Écrivain espagnol du XIIIe siècle]]
[[Catégorie:Personnalité de Navarre]]
[[Catégorie:Personnalité navarraise]]
[[Catégorie:Poète du Moyen Âge]]
[[Catégorie:Poète du Moyen Âge]]
[[Catégorie:Croisade des albigeois]]
[[Catégorie:Croisé du XIIIe siècle]]
[[Catégorie:Personnalité de la croisade des albigeois]]
[[Catégorie:Personnalité de la croisade des barons]]
[[Catégorie:Personnalité de la croisade des barons]]
[[Catégorie:Naissance en 1201|Thibaut Ier de Navarre]]
[[Catégorie:Enfant posthume]]
[[Catégorie:Naissance à Troyes]]
[[Catégorie:Naissance en 1201]]
[[Catégorie:Décès en juillet 1253|Thibaut Ier de Navarre]]
[[Catégorie:Naissance à Troyes|Thibaut 1]]
[[Catégorie:Décès à Pampelune]]
[[Catégorie:Décès en juillet 1253]]
[[Catégorie:Décès à Pampelune|Thibaut 1]]
[[Catégorie:Décès à 52 ans]]
[[Catégorie:Décès à 52 ans]]
[[Catégorie:Monarque de Navarre du XIIIe siècle]]

Dernière version du 10 septembre 2024 à 15:52

Thibaud Ier
Illustration.
Titre
Roi de Navarre

(19 ans et 3 mois)
Couronnement , en la cathédrale de Pampelune
Prédécesseur Sanche VII
Successeur Thibaud II
Comte de Champagne

(52 ans, 1 mois et 7 jours)
Prédécesseur Thibaud III
Successeur Thibaut V
Biographie
Dynastie Maison de Blois-Champagne
Date de naissance
Lieu de naissance Troyes (Champagne)
Date de décès (à 52 ans)
Lieu de décès Pampelune (Navarre)
Sépulture Cathédrale Sainte-Marie de Pampelune
Père Thibaud III de Champagne
Mère Blanche de Navarre
Conjoint Gertrude de Dabo
(1220-1222)
Agnès de Beaujeu
(1222-1231)
Marguerite de Bourbon
(1232-1253)
Enfants Avec Agnès de Beaujeu
Blanche de Navarre
Avec Marguerite de Bourbon
Éléonore de Navarre
Thibaut II de Navarre
Pierre de Navarre
Béatrice de Navarre
Henri Ier de Navarre
Marguerite de Navarre
Guillaume de Navarre

Thibaut Ier (roi de Navarre)
Monarques de Navarre
Comtes de Champagne

Thibaud Ier de Navarre, aussi connu sous le nom de Thibaud IV de Champagne, puis « Thibaud le Chansonnier »[1], né le à Troyes et mort le [2] à Pampelune, fut comte de Champagne de 1201 à 1253 et roi de Navarre de 1234 à 1253. Il est aujourd'hui connu surtout comme l'un des plus grands trouvères de son temps.

Le comte de Champagne

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Le royaume de France en 1180.

Il est le fils posthume du comte Thibaud III de Champagne, mort subitement le à la veille de son départ pour la quatrième croisade, et de Blanche de Navarre, fille du roi Sanche VI de Navarre[3]. Son parrain fut Philippe Auguste, roi de France qui l'éduqua à la cour[4]. Il y fut confié aux bons soins de Blanche de Castille, épouse du prince héritier, le futur Louis VIII.

Entre 1216 et 1221, il dut défendre son comté contre les revendications du seigneur Érard de Brienne. L'intervention de Philippe Auguste, du duc Eudes III de Bourgogne et de l'empereur Frédéric II, mit fin à cette guerre de succession. Thibaud conserva les comtés de Champagne et de Brie, et s'acquitta envers Érard d'une indemnité[4].

En 1224, il participa aux campagnes de Louis VIII contre les Anglais, et notamment au siège de La Rochelle[4]. L'année suivante, il reçut la mission de conduire au concile de Bourges le comte Raymond VII de Toulouse[4]. En , alors qu'il participait à la guerre contre les Cathares, il abandonna le roi lors du siège d'Avignon, une fois effectués les quarante jours de service requis, au grand mécontentement du roi[5]. Deux ans plus tard, Thibaud joua le rôle de négociateur dans l'élaboration du projet de traité de Paris, qui mit fin à la croisade des Albigeois.

Après la mort de Louis VIII en , Thibaut rassembla autour de lui une ligue des grands barons opposés au jeune Louis IX et à la régente sa mère Blanche de Castille[6]. Thibaut abandonna néanmoins la ligue dès l'année suivante et se réconcilia avec Blanche[7]. Ses anciens alliés, indignés de cette défection, s'attaquèrent alors directement à Thibaut, le plus puissant soutien de la régente[8]. Des rumeurs injurieuses furent propagées, accusant Blanche d'être la maîtresse de Thibaut[8]. Les coalisés se jetèrent sur le comté de Champagne qu'ils ravagèrent et ils ne déposèrent les armes que sous la menace de l'armée royale[9]. La paix fut finalement signée en et les barons rebelles abandonnèrent leurs revendications[9]. En 1233, ses ennemis trouvèrent néanmoins un nouveau moyen d'importuner Thibaud en faisant venir Alix de Champagne-Jérusalem, une prétendante au comté de Champagne[9]. À la fin de l'année 1234, elle renonça au comté moyennant la somme de quarante mille livres tournois et un domaine de deux mille livres tournois de revenus[10]. Pour payer l'indemnité, les représentants de Thibaud furent contraints de vendre au roi Louis IX la mouvance de quatre fiefs : les comtés de Blois, de Chartres et de Sancerre, et la vicomté de Châteaudun[10].

Le roi de Navarre

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À la mort de son oncle le roi Sanche VII de Navarre sans héritier direct en , les Navarrais ne tinrent aucun compte de la volonté du roi, qui avait désigné Jacques Ier d'Aragon comme son successeur. Ils appelèrent Thibaud de Champagne qui fut couronné le à Pampelune[11]. Thibaud jura fidélité aux fueros du royaume, fournissant ainsi à la couronne de Navarre une dynastie bien installée de puissants vassaux dans le nord du royaume de France[12].

Des traités furent conclus avec la Castille, l'Aragon et l'Angleterre, permettant au nouveau souverain de consolider sa couronne. Il gouverna avec l'aide de nobles venus de Champagne qui reçurent des charges importantes. Il réduisit l'importance des fiefs non héréditaires, les tenencias, comme divisions territoriales et créa quatre grands districts confiés à des merinos, à qui il attribua des fonctions fiscales et relevant de l'ordre public. Il établit ses lois par écrit, élaborant un cartulaire où elles figuraient toutes, et il commença la compilation des traditions juridiques de la monarchie navarraise connue sous le nom de Fuero General.

Pour obtenir l'appui de la Castille, il négocia le mariage de sa fille Blanche avec Alphonse, le futur Alphonse X le Sage[11]. Par ce traité, Ferdinand III le Saint offrait à Thibaud les terres de Guipuscoa à titre viager, mais pas celles d'Alava comme Thibaud l'aurait voulu. Ainsi le royaume de Navarre aurait eu un accès naturel à la mer Cantabrique. Ce traité, qui ne fut pas appliqué, aurait entraîné l'incorporation de la Navarre à la Castille[11]. Il promit sa fille Blanche au duc Jean de Bretagne l'année suivante.

En 1238, il répondit favorablement à l'appel à la croisade lancé par le pape Grégoire IX. Cependant, lorsque le pontife demanda à Thibaud de se détourner vers la Grèce pour soutenir le prétendant au trône de Constantinople, Baudouin II, le roi de Navarre refusa[13].

En 1239, il dirigea la croisade des barons en Terre sainte. La plupart de ses anciens ennemis l'accompagna, entre autres le duc Pierre de Bretagne, le comte Henri de Bar et le duc Hugues de Bourgogne[14]. Après avoir embarqué son armée à Marseille et à Aigues-Mortes, il débarqua à Saint-Jean-d'Acre le [15]. En novembre, son expédition prit la direction de l'Égypte, avec pour objectif les villes d'Ascalon et de Gaza[16].

L'union était imparfaite, et les barons se jalousaient mutuellement[14]. Dédaignant les conseils de prudence de Thibaud, et désireux d'acquérir une gloire personnelle, le comte Henri de Bar, accompagné des barons syriens Balian de Sidon et Eudes de Montbéliard, décida de partir à la tête d’une troupe de cinq cents chevaliers et de plus de mille fantassins pour surprendre un détachement de soldats égyptiens envoyés en garnison à Gaza[17]. La chevauchée fut un désastre : plus de mille hommes furent tués, dont le comte de Bar, et six cents furent emmenés prisonniers au Caire, dont le comte Amaury de Montfort et le seigneur Philippe de Nanteuil, un ami intime de Thibaud[14]. Apprenant la nouvelle, Thibaut de Champagne retourna à Saint-Jean-d'Acre avec le reste de l’armée croisée[18].

Au cours de l'été 1240, Thibaud conclut une alliance défensive avec Ismaël, émir de Damas, en échange de la cession des forteresses de Beaufort et Safed[19]. Une négociation parallèle fut menée par les Hospitaliers avec le sultan Ayyoub, qui eut pour résultat la cession d'Ascalon[20]. Rendu impopulaire par la rupture du pacte avec Damas, Thibaud s'embarqua pour l'Europe à la fin septembre[20].

La légende veut qu'il ait rapporté de Damas « dans son heaume », le rosier dit « de Provins », de son nom latin rosa gallica officinalis (ce qui semble peu probable de par l'absence de sources écrites, et du fait que la variété était déjà cultivée par les Romains), il rapporta également un morceau de la Vraie Croix et la tradition veut qu'il en ait rapporté le cépage Chardonnay qui entre dans la composition du champagne.

De retour de croisade, Thibaud vécut tantôt en Navarre, tantôt en Champagne. Il accompagna le roi Louis IX dans sa campagne contre les Anglais en Poitou et en Saintonge[21]. Entre 1242 et 1244, il soutint les rébellions en Gascogne contre le roi d'Angleterre et affirma sa présence en Basse-Navarre[22]. Il eut d'importants différends avec l'évêque de Pampelune, Pedro Jimenez de Gazólaz, et refusa de répondre devant les tribunaux pontificaux. En 1248, il fut contraint de se rendre à Rome en pèlerinage pénitentiel[21]. Un concile provincial tenu en 1250 alla jusqu'à l'excommunier, mais le pape lui accorda un privilège spécial selon lequel, sans mandat du Saint-Siège, personne ne pouvait excommunier le roi.

Il mourut à Pampelune le [2] à l'âge de 52 ans, au retour d'un de ses voyages en Champagne, et fut enterré dans la cathédrale de Pampelune.

Le « Chansonnier »

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Thibaud le Chansonnier.

Thibaud était connu par le surnom de « Chansonnier » en raison de son talent de poète. Profitant de sa position sur le chemin de Saint-Jacques, la musique, quel que soit son genre, était florissante dans sa cour, reliée à la cour pontificale d'Avignon ainsi qu'à Paris[23]. Il perpétua la tradition de sa grand-mère Marie de France, comtesse de Champagne, qui avait tenu avec son époux une cour brillante et lettrée et protégé de nombreux écrivains comme Chrétien de Troyes.

Au cours de sa vie, il composa de nombreuses chansons et poésies qu'il faisait peindre sur les murs de ses palais de Troyes et de Provins. Il est l'auteur de 71 compositions lyriques variées (dont 37 chansons d'amour) dans lesquelles il fait montre d'une grande virtuosité technique et verbale (il apprécie jeux de mots, pointes, métaphores filées et allégories) ainsi que d'une certaine désinvolture ironique envers la matière courtoise. Thibaud de Champagne est le trouvère le plus célébré de son temps. Au siècle suivant, il est cité à trois reprises par Dante dans son ouvrage De l'éloquence en langue vulgaire[24].

Thibaud est connu comme trouvère non seulement parce qu'il aimait écrire, mais parce que ses poèmes chantés étaient d'un mérite exceptionnel, et avant même la fin de la croisade de 1238-1240, il écrivait encore. Il fut le premier à mettre par écrit les droits et les libertés du royaume dans ce qu'on a appelé le fuero antiguo, et au cours de son règne il les compila tous, les traditionnels comme les nouveaux.

Unions et descendance

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Confirmation d’une vente de bois à l’abbaye de Saint-Denis par le comte de Champagne et le roi de Navarre Thibaut IV Le Chansonnier. Coulommiers, . Archives nationales de France.

Vers 1220, il épousa Gertrude de Dabo[2] (1204 † v. 1225), fille d'Albert II de Dabo-Moha, comte de Dabo, de Moha et de Metz, et veuve de Thiébaud Ier, duc de Lorraine, en espérant s'approprier le comté de Metz. Après l'échec de cette tentative, il la répudia en 1222[2].

En 1223, il épousa en secondes noces Agnès de Beaujeu[26] († 1231), sœur d'Humbert V de Beaujeu et cousine du futur Saint-Louis, qui fut sa compagne de jeux à la cour de France. Elle mourut en 1231[26]. Elle était fille de Guichard IV, sire de Beaujeu et de Sibylle de Hainaut, sœur de Baudouin VI de Hainaut, empereur de Constantinople. Ils eurent :

Le , il épousa en troisièmes noces Marguerite de Bourbon[26] († 1256), fille d'Archambaud VIII de Bourbon, seigneur de Bourbon et d'Alix de Forez qui lui donnera :

Thibaut eut aussi plusieurs enfants nés hors mariage :

  • Alix, mariée en 1242 à Álvar Pérez de Azagra, seigneur d'Albarracín (postérité, dont Jean Ier d'Empúries) ;
  • Marquise, mariée en 1262 à Pierre d'Aragon, seigneur de Híjar, fils naturel de Jacques Ier d'Aragon ;
  • Bérengère, religieuse à Pampelune.

Notes et références

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  1. Ou encore « Thibaud le Posthume ».
  2. a b c et d Wallensköld 1925, p. XXVI.
  3. Wallensköld 1925, p. XII.
  4. a b c et d Wallensköld 1925, p. XIII.
  5. Wallensköld 1925, p. XIV.
  6. Wallensköld 1925, p. XV.
  7. Wallensköld 1925, p. XIX.
  8. a et b Jacques Le Goff, Saint Louis, Gallimard, 1996, p. 120-121.
  9. a b et c Wallensköld 1925, p. XXII.
  10. a et b Wallensköld 1925, p. XXIII.
  11. a b et c Béatrice Leroy, « Le royaume de Navarre aux XIIIe – XIVe siècle », Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, vol. 30, 1999, p. 155-164. [lire en ligne].
  12. (es) María Raquel García Arancón, « Teobaldo I », Diccionario Biográfico Español.
  13. Alain Demurger, Croisades et croisés au Moyen Âge, Flammarion, coll. « Champs histoire », 2006, p. 155.
  14. a b et c Wallensköld 1925, p. XXIV.
  15. Runciman 1954, p. 212.
  16. Runciman 1954, p. 213.
  17. Runciman 1954, p. 214.
  18. Runciman 1954, p. 215.
  19. Runciman 1954, p. 216.
  20. a et b Runciman 1954, p. 217.
  21. a et b Wallensköld 1925, p. XXV.
  22. (es) « Teobaldo I », Gran Enciclopedia de Navarra. [lire en ligne]
  23. Bourligueux, Guy, « Higinio Anglés, Historia de la música medieval en Navarra (Obra póstuma). Présentation de Fernando Remacha », Bulletin hispanique, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 78, no 1,‎ , p. 177–178 (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  24. Dante, De vulgari eloquentia, I, IX, 3 ; II, V, 4 ; II, VI, 6.
  25. Collection CHG 42 de la bibliothèque municipale de Reims.
  26. a b c et d Wallensköld 1925, p. XXVII.

Bibliographie

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  • Les Chansons de Thibaut de Champagne, roi de Navarre, édité par Axel Wallensköld, Paris, Édouard Champion, 1925. [lire en ligne]
  • Thibaut de Champagne, Les Chansons. Textes et mélodies, édition bilingue établie, traduite, présentée et annotée par Christopher Callahan, Marie-Geneviève Grossel et Daniel E. O'Sullivan, Paris, Honoré Champion, coll. « Champion classiques. Moyen Âge » no 46, 2018 (ISBN 978-2-7453-4800-5).
  • Yvonne Bellenger, Danielle Quéruel dir., Thibaut de Champagne, prince et poète au XIIIe siècle, Lyon, La Manufacture, 1989.
  • Claude Taittinger, Thibaut le Chansonnier : Comte de Champagne, Paris, Perrin, , 323 p. (ISBN 978-2-262-00438-5).
  • Axel Wallensköld, « Vie de Thibaut de Champagne », dans Les Chansons de Thibaut de Champagne, Paris, Édouard Champion, , p. XI-XXVII.
  • (en) Steven Runciman, A History of the Crusades, volume III, Cambridge University Press, .

Discographie

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Articles connexes

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Liens externes

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