Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

Aller au contenu

« Révolution asturienne » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Tumulto (discuter | contributions)
Torsade de Pointes (discuter | contributions)
Bibliographie : Wikif. 'roman graphique', mentions inutiles
 
(39 versions intermédiaires par 18 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Ébauche|histoire|Espagne}}{{Infobox Conflit militaire
{{Infobox Conflit militaire
| guerre = [[Révolution de 1934]]
| guerre = [[Révolution de 1934]]
| image = Arrested workers during the Asturian Revolution, 1934.jpg
| légende = Mineurs en grève arrêtés par les forces de police de la [[Garde d'assaut]] et de la [[Garde civile]] pendant l'insurrection asturienne.
| date = Du 5 au 19 octobre 1934
| date = Du 5 au 19 octobre 1934
| lieu = [[Asturies]], [[Espagne]]
| lieu = [[Asturies]] ([[Espagne]])
| issue = Échec de l'insurrection ouvrière.
| issue = Échec de l'insurrection ouvrière.
| combattants1 = [[Fichier:Flag of Spain (1931 - 1939).svg|border|20px]] [[Seconde République (Espagne)|République Espagnole]]
| combattants1 = [[Fichier:Flag of Spain (1931 - 1939).svg|border|20px]] [[Seconde République (Espagne)|République espagnole]]
| combattants2 = [[Fichier:Bahnmarke bleibt an Backbord liegen.svg|20px]] République des ouvriers et paysans des Asturies
| combattants2 = [[Alianza Obrera|Alliance ouvrière]]
Soutenu par :
*[[Fichier:Bahnmarke bleibt an Backbord liegen.svg|20px]] [[Parti Socialiste Ouvrier Espagnol]] (PSOE)
*[[Fichier:Bahnmarke bleibt an Backbord liegen.svg|20px]] [[Union générale des travailleurs (Espagne)]] (UGT)
*[[Fichier:Bahnmarke bleibt an Backbord liegen.svg|20px]] [[Parti socialiste ouvrier espagnol]] (PSOE)
*[[Fichier:Bandera CNT-FAI.svg|border|20px]] [[Confédération Nationale du Travail]] (CNT)
*[[Fichier:Bahnmarke bleibt an Backbord liegen.svg|20px]] [[Union générale des travailleurs (Espagne)|Union générale des travailleurs]] (UGT)
*[[Fichier:Flag of the CPN-UML.svg|20px]] [[Parti Communiste Espagnol]] (PCE)
*[[Fichier:Bandera CNT-FAI.svg|border|20px]] [[Confédération nationale du travail (Espagne)|Confédération nationale du travail]] (CNT)
*[[Fichier:Flag of the CPN (Unified Socialist).svg|20px]] [[Parti communiste espagnol]] (PCE)
| forces1 = 40 000 hommes
| forces2 = au moins 50 000 hommes
| pertes1 = 1 000 tués et blessés
| pertes2 = 3 000 tués<br />7 000 blessés<br />30 000 prisonniers
}}
}}


La '''révolution asturienne''' désigne une insurrection qui éclata en 1934, préparée par les forces socialistes asturiennes, qui voulaient l'abolition du système républicain imposé par la [[Constitution espagnole de 1931|constitution de 1931]] et sa substitution par un gouvernement socialiste. Ce fut un fait important dans le processus révolutionnaire survenu en [[Espagne]] en 1934. Elle aboutit à la création de l'éphémère [[République des ouvriers et paysans des Asturies|République socialiste asturienne]].
La '''révolution asturienne''' est une insurrection qui éclata en 1934, à l’instigation des forces socialistes asturiennes, qui voulaient l’abolition du système républicain instauré par la [[Constitution espagnole de 1931|constitution de 1931]] et son remplacement par un gouvernement socialiste. Ce fut un fait important dans le processus révolutionnaire survenu en [[Espagne]] en 1934. Elle aboutit à la création de l'éphémère République socialiste asturienne.


== Contexte politique ==
==L'Alliance ouvrière==
Depuis le début des années 1930, de fortes tensions politiques existent en Espagne, entre d'un côté la [[Gauche (politique)|gauche]] [[Républicains espagnols|républicaine]] et [[Socialisme|socialiste]] et de l'autre la [[Droite (politique)|droite]] [[Monarchisme|monarchiste]] et [[Conservatisme|conservatrice]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Amalric|prénom2=Geneviève|nom2=Dreyfus-Armand|nom3=Vargas|prénom3=Bruno|titre=Présence de Manuel Azaña. Journées Manuel Azaña ''(actes des 9es et 10es Journées Manuel Azaña, Montauban, 2014-2015)''|chapitre=Huit ans de République en Espagne: entre réforme, guerre et révolution, 1931-1939|éditeur=Presses universitaires du Midi|collection=Méridiennes|date=2017|isbn=978-2-8107-0551-1|consulté le=2023-08-30}}.</ref>. Un gouvernement socialiste mis en place en 1931 peine à mener ses réformes, face à une crise économique importante<ref>{{Lien web|nom=Antoine (Montpellier) |titre=Lectures de l'été. 1934 : La Révolution asturienne |url=https://blogs.mediapart.fr/antoine-montpellier/blog/260712/lectures-de-lete-1934-la-revolution-asturienne |site=Mediapart |consulté le=2023-08-30}}.</ref>. Le {{date-|4 octobre 1934}} marque l'entrée dans le gouvernement républicain de la ''Confederación española de derechas autónomas'' (CEDA) ([[Confédération espagnole des droites autonomes]]). Créé en {{date-|février 1933}}, ce mouvement réunit des forces politiques hostiles à la République et favorables aux régimes fascistes d’[[Troisième Reich|Allemagne]] et d’[[Histoire de l'Italie fasciste|Italie]]<ref>référence?</ref>. En réaction, et comme cela avait été annoncé, de multiples grèves ont lieu dans plusieurs régions<ref name=":1">{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=es|nom1=Guillamón, Agustín, 1950- ...|titre=Josep Rebull, la voie révolutionnaire|sous-titre=critique d'Andreu Nin et de la direction du POUM, 1937-1939|lieu=Paris|éditeur=Spartacus|date=impr. 2014|pages totales=169|isbn=978-2-902963-70-6|isbn2=290296370X|oclc=894376134|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/894376134|consulté le=2019-07-11}}.</ref>.
Dans les Asturies, la [[Confédération nationale du travail (Espagne)|Confédération nationale du travail]] était plus encline à la formation d'alliances ouvrières que dans les autres provinces d'Espagne. Ainsi, la CNT avait signé un pacte en mars avec l'[[Union générale des travailleurs (Espagne)|Union générale des travailleurs]] avec lequel la Fédération socialiste asturienne, représentante du [[Parti socialiste ouvrier espagnol]] dans la province, était d'accord. Par la suite, de nouveaux partis socialistes se sont unis à l'Alliance, appelée ''Union des frères prolétaires'', comme le [[Parti communiste espagnol]], le [[Bloc ouvrier et paysan]] ou les Forces socialistes unies.


Dans les Asturies, la [[Confédération nationale du travail (Espagne)|Confédération nationale du travail]] était plus encline à la formation d'alliances ouvrières que dans les autres provinces d'Espagne. Ainsi, la [[Confédération nationale du travail (Espagne)|CNT]] avait signé un pacte en mars avec l'[[Union générale des travailleurs (Espagne)|Union générale des travailleurs]] avec lequel la Fédération socialiste asturienne, représentante du [[Parti socialiste ouvrier espagnol]] dans la province, était d'accord. Par la suite, de nouveaux partis socialistes se sont unis à l'Alliance, appelée ''Union des frères prolétaires,'' symbolisé par le slogan et acronyme ''[[Uníos Hermanos Proletarios|UHP (Uníos Hermanos Proletarios)]]'', comme le [[Parti communiste espagnol]], le [[Bloc ouvrier et paysan]] ou les Forces socialistes unies.
==La révolution==

Les mineurs, travailleurs des gisements de charbon et colonne vertébrale de l'économie des Asturies, disposaient d'armes et de dynamite, et la révolution était très bien organisée. Le {{date-|5 octobre 1934}}, la [[République des ouvriers et paysans des Asturies|République socialiste asturienne]] fut proclamée à [[Oviedo]]. Trois jours plus tard, toutes les Asturies étaient gouvernées par les mineurs. Dix jours après, {{unité|30000|travailleurs}} formèrent l'Armée rouge, reproduction de l'[[Armée rouge|armée soviétique]].
Les mouvements politiques dans la province des Asturies s'accompagnent de grandes grèves insurrectionnelles notamment d'une grève des mineurs de charbon, très suivie. Les [[Mineur (métier)|mineurs]], travailleurs des gisements de charbon et colonne vertébrale de l'économie des Asturies, disposaient d'armes et de dynamite<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Révolution asturienne |url=https://www.youtube.com/watch?v=UDaAt3aFxK4 |consulté le=2023-08-07}}</ref>.
[[Fichier:Column of Guardias Civiles during the 1934 Asturian Revolution, Brañosera.jpg|vignette|Une colonne de la [[Garde civile]] conduit des mineurs captifs, [[Brañosera]], le 8 octobre 1934.]]

== République des ouvriers et des paysans ==
Le {{date-|5 octobre 1934}}, une République des ouvriers et des paysans est proclamée dans la ville d'[[Oviedo]] par le comité révolutionnaire, composé des différentes forces de l'Alliance ouvrière, qui avait appuyé et préparé la révolution<ref name=":0">{{Lien web |langue=fr |titre=1934 : la révolution des mineurs dans les Asturies |url=https://www.retronews.fr/long-format/2018/11/30/1934-la-revolution-des-mineurs-dans-les-asturies |site=RetroNews - Le site de presse de la BnF |date=2018-11-30 |consulté le=2023-08-06}}</ref>. Trois jours plus tard, toutes les Asturies étaient gouvernées par les mineurs. Une Armée rouge, composée de {{unité|30000|travailleurs}}, est créée pour assurer la défense des insurgés<ref name=":1" />. La République des ouvriers et des paysans est dirigée par un comité révolutionnaire, présidé successivement par [[Ramón González Peña]], [[Teodomiro Menéndez]] et enfin [[Belarmino Tomás]], président du [[Parti socialiste ouvrier espagnol]].

La République des ouvriers et des paysans donne la terre aux paysans, confisque les usines, juge ses ennemis dans des tribunaux révolutionnaires<ref>{{en}} Felix Morrow, [http://lawsdocbox.com/75909789-Politics/The-civil-war-in-spain.html ''The Civil War in Spain''], Pioneer Publishers, New York, 1936, p. 33 : {{Citation étrangère|langue=en|The greatest and most glorious struggle took place in Asturias. Here the Workers' Alliances were most nearly like Soviets, and had been functioning for a year under socialist and Communist Left leadership. Peña and Manuel Grossi led the miners, who made up for lack of arms by dynamite, tool of their trade, in a victorious insurrection. The "Workers and Peasants Republic" of Asturias gave the land to the peasants, confiscated the factories, tried their enemies in revolutionary tribunals, and for fifteen historic days held off the Foreign Legion and Moorish troops. There is a saying in Spain that had there been three Asturiases, the revolution would have been successful. Only the failure of the rebellion elsewhere enabled the government to concentrate its full force on Asturias}}.</ref>.


== Répression ==
== Répression ==
[[Fichier:Column of Guardias Civiles during the 1934 Asturian Revolution, Brañosera.jpg|vignette|Une colonne de la [[Garde civile]] conduit des mineurs captifs, [[Brañosera]], le 8 octobre 1934.|195x195px]]
Les mouvements politiques dans la province des Asturies s'accompagnent de grandes grèves insurrectionnelles notamment d'une grève des mineurs de charbon, très suivie.
Une armée de 40 000 hommes, commandée par le général de division [[Francisco Franco|Franco]], est envoyée par la [[Seconde République (Espagne)|République espagnole]] pour réprimer la révolte. Elle est formée de soldats de la Légion étrangère et de troupes arabes du Maroc. Au bout d’une quinzaine de jours, l'armée asturienne doit se rendre, faute de munitions. La répression fait {{nombre|3000}} morts (dont la plupart après la reddition), {{nombre|7000}} blessés et {{nombre|30000}} emprisonnés<ref name="AlbCam">Emile Martinez, [http://www.anpnpa.org/wp-content/uploads/2010/03/Albert-Camus-est-vivant.pdf Albert Camus, l'Algérie au cœur...], 13 mars 2010.</ref>.


== Retombées ==
Sur ordre de la [[Seconde République (Espagne)|République espagnole]], la grève fut impitoyablement réprimée par les troupes du ''Tercio'', la [[Légion espagnole|Légion étrangère espagnole]] et par les troupes coloniales marocaines commandées par le [[Francisco Franco|général Franco]] (on dénombre plus de {{unité|3000|morts}}).
[[Fichier:Blindado UHP.jpg|vignette|194x194px|Un char républicain de la guerre civile portant les initiales « UHP ».|gauche]]
Cette insurrection aura un impact fort en Espagne, et inspirera le gouvernement de [[Front populaire (Espagne)|Front populaire]] élu en 1936<ref>https://www.cairn.info/revue-nouvelles-fondations-2007-2-page-143.htm</ref>. A l'international, le mouvement marque également les esprits, notamment en France<ref name=":0" />. Il est ainsi souvent mis en parallèle avec la [[commune de Paris]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L’insurrection des Asturies en 1934 |url=http://www.zones-subversives.com/2021/08/l-insurrection-des-asturies-de-1934.html |site=Chroniques critiques |consulté le=2023-08-06}}</ref>. Il inspire également une pièce de [[théâtre]], ''Révolte dans les Asturies'', sous-titré ''Essai de création collective'', écrite collectivement par [[Albert Camus]], Jeanne-Paule Sicard, Bourgeois et Poignant, en 1935 et publiée en [[1936 en littérature|1936]] par [[Edmond Charlot]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}


== Voir aussi ==
* Manuel Grossi, ''L'Insurrection des Asturies : quinze jours de révolution socialiste'', traduction et présentation par Georges Garnier ; préface de Joaquín Maurín ; postface de Julían Gorkin ; Paris , Études et documentation internationales, 1972.
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Ignacio Díaz|traducteur=Pierre-Jean Bourgeat|langue originale=espagnol|titre=Asturies 1934. Une révolution sans chefs|lieu=Toulouse|éditeur=Smolny|date=2021|pages totales=256|isbn=978-2-490793-04-4}}
*Manuel Grossi, ''L'Insurrection des Asturies : quinze jours de révolution socialiste'', traduction et présentation par Georges Garnier ; préface de Joaquín Maurín ; postface de Julían Gorkin ; Paris , Études et documentation internationales, 1972.
*Collectif, ''Rouge charbon. L'insurrection de 1934 dans les Asturies et en Espagne : actes du colloque de Nérac du 18 et {{date-|19 octobre 2014}}'', Éditions d'Albret, Ancrage, 2015.
*Collectif, ''Rouge charbon. L'insurrection de 1934 dans les Asturies et en Espagne : actes du colloque de Nérac du 18 et {{date-|19 octobre 2014}}'', Éditions d'Albret, Ancrage, 2015.
*''Le chant des Asturies,'' d'[[Alfonso Zapico]], [[roman graphique]] traduit de l'espagnol (titre originel : ''La balada del norte)'' de près de 1 000 planches en quatre volumes
* Ignacio Díaz, ''Asturies 1934 – Une révolution sans chefs'', traduction par Pierre-Jean Bourgeat ; avant-propos des éditeurs ; Toulouse, Smolny, 2021.


{{Références|taille=40}}

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Révolution de 1934]]
*[[République des ouvriers et paysans des Asturies]]
*[[Révolution de 1934]]
* [[Saints Martyrs de Turón]]
* [[Saints Martyrs de Turón]]
* ''[[Révolte dans les Asturies]]'', pièce de théâtre d'[[Albert Camus]]
* ''[[Révolte dans les Asturies]]'', pièce de théâtre d'[[Albert Camus]]
* [[Grèves de 1962–63 en Espagne]]
* [[Grèves de 1962–63 en Espagne]]


=== Lien externe ===
{{Portail|histoire|Politique en Espagne|anarchie|communisme|Syndicalisme|années 1930|Asturies}}
{{Liens}}
* {{en}} José Luis Mulas Hernandez, [https://www.katesharpleylibrary.net/4f4rh2 The Asturian Commune of 34]

{{Portail|Politique en Espagne|anarchie|communisme|Syndicalisme|années 1930|Asturies}}


{{DEFAULTSORT:Revolution asturienne}}
[[Catégorie:Histoire des Asturies]]
[[Catégorie:Histoire des Asturies]]
[[Catégorie:Seconde République espagnole]]
[[Catégorie:Seconde République (Espagne)]]
[[Catégorie:Révoltes en Espagne]]
[[Catégorie:Commune ou république ouvrière ou paysanne]]
[[Catégorie:Révolte en Espagne]]
[[Catégorie:Révolution au XXe siècle|Asturies]]
[[Catégorie:Révolution au XXe siècle|Asturies]]
[[Catégorie:Anarchisme en Espagne]]
[[Catégorie:Anarchisme en Espagne]]
[[Catégorie:1934 en Espagne]]
[[Catégorie:1934 en Espagne]]
[[Catégorie:1934 en politique]]
[[Catégorie:1934 en politique]]
[[Catégorie:Octobre 1934]]

Dernière version du 25 mars 2024 à 19:07

Révolution asturienne
Description de cette image, également commentée ci-après
Mineurs en grève arrêtés par les forces de police de la Garde d'assaut et de la Garde civile pendant l'insurrection asturienne.
Informations générales
Date Du 5 au 19 octobre 1934
Lieu Asturies (Espagne)
Issue Échec de l'insurrection ouvrière.
Belligérants
République espagnole République des ouvriers et paysans des Asturies

Soutenu par :

Forces en présence
40 000 hommes au moins 50 000 hommes
Pertes
1 000 tués et blessés 3 000 tués
7 000 blessés
30 000 prisonniers

Révolution de 1934

La révolution asturienne est une insurrection qui éclata en 1934, à l’instigation des forces socialistes asturiennes, qui voulaient l’abolition du système républicain instauré par la constitution de 1931 et son remplacement par un gouvernement socialiste. Ce fut un fait important dans le processus révolutionnaire survenu en Espagne en 1934. Elle aboutit à la création de l'éphémère République socialiste asturienne.

Contexte politique

[modifier | modifier le code]

Depuis le début des années 1930, de fortes tensions politiques existent en Espagne, entre d'un côté la gauche républicaine et socialiste et de l'autre la droite monarchiste et conservatrice[1]. Un gouvernement socialiste mis en place en 1931 peine à mener ses réformes, face à une crise économique importante[2]. Le marque l'entrée dans le gouvernement républicain de la Confederación española de derechas autónomas (CEDA) (Confédération espagnole des droites autonomes). Créé en , ce mouvement réunit des forces politiques hostiles à la République et favorables aux régimes fascistes d’Allemagne et d’Italie[3]. En réaction, et comme cela avait été annoncé, de multiples grèves ont lieu dans plusieurs régions[4].

Dans les Asturies, la Confédération nationale du travail était plus encline à la formation d'alliances ouvrières que dans les autres provinces d'Espagne. Ainsi, la CNT avait signé un pacte en mars avec l'Union générale des travailleurs avec lequel la Fédération socialiste asturienne, représentante du Parti socialiste ouvrier espagnol dans la province, était d'accord. Par la suite, de nouveaux partis socialistes se sont unis à l'Alliance, appelée Union des frères prolétaires, symbolisé par le slogan et acronyme UHP (Uníos Hermanos Proletarios), comme le Parti communiste espagnol, le Bloc ouvrier et paysan ou les Forces socialistes unies.

Les mouvements politiques dans la province des Asturies s'accompagnent de grandes grèves insurrectionnelles notamment d'une grève des mineurs de charbon, très suivie. Les mineurs, travailleurs des gisements de charbon et colonne vertébrale de l'économie des Asturies, disposaient d'armes et de dynamite[5].

République des ouvriers et des paysans

[modifier | modifier le code]

Le , une République des ouvriers et des paysans est proclamée dans la ville d'Oviedo par le comité révolutionnaire, composé des différentes forces de l'Alliance ouvrière, qui avait appuyé et préparé la révolution[6]. Trois jours plus tard, toutes les Asturies étaient gouvernées par les mineurs. Une Armée rouge, composée de 30 000 travailleurs, est créée pour assurer la défense des insurgés[4]. La République des ouvriers et des paysans est dirigée par un comité révolutionnaire, présidé successivement par Ramón González Peña, Teodomiro Menéndez et enfin Belarmino Tomás, président du Parti socialiste ouvrier espagnol.

La République des ouvriers et des paysans donne la terre aux paysans, confisque les usines, juge ses ennemis dans des tribunaux révolutionnaires[7].

Répression

[modifier | modifier le code]
Une colonne de la Garde civile conduit des mineurs captifs, Brañosera, le 8 octobre 1934.

Une armée de 40 000 hommes, commandée par le général de division Franco, est envoyée par la République espagnole pour réprimer la révolte. Elle est formée de soldats de la Légion étrangère et de troupes arabes du Maroc. Au bout d’une quinzaine de jours, l'armée asturienne doit se rendre, faute de munitions. La répression fait 3 000 morts (dont la plupart après la reddition), 7 000 blessés et 30 000 emprisonnés[8].

Un char républicain de la guerre civile portant les initiales « UHP ».

Cette insurrection aura un impact fort en Espagne, et inspirera le gouvernement de Front populaire élu en 1936[9]. A l'international, le mouvement marque également les esprits, notamment en France[6]. Il est ainsi souvent mis en parallèle avec la commune de Paris[10]. Il inspire également une pièce de théâtre, Révolte dans les Asturies, sous-titré Essai de création collective, écrite collectivement par Albert Camus, Jeanne-Paule Sicard, Bourgeois et Poignant, en 1935 et publiée en 1936 par Edmond Charlot.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Jean-Pierre Amalric, Geneviève Dreyfus-Armand et Bruno Vargas, Présence de Manuel Azaña. Journées Manuel Azaña (actes des 9es et 10es Journées Manuel Azaña, Montauban, 2014-2015), Presses universitaires du Midi, coll. « Méridiennes », (ISBN 978-2-8107-0551-1), « Huit ans de République en Espagne: entre réforme, guerre et révolution, 1931-1939 ».
  2. Antoine (Montpellier), « Lectures de l'été. 1934 : La Révolution asturienne », sur Mediapart (consulté le ).
  3. référence?
  4. a et b Guillamón, Agustín, 1950- ... (trad. de l'espagnol), Josep Rebull, la voie révolutionnaire : critique d'Andreu Nin et de la direction du POUM, 1937-1939, Paris, Spartacus, impr. 2014, 169 p. (ISBN 978-2-902963-70-6 et 290296370X, OCLC 894376134, lire en ligne).
  5. « Révolution asturienne » (consulté le )
  6. a et b « 1934 : la révolution des mineurs dans les Asturies », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consulté le )
  7. (en) Felix Morrow, The Civil War in Spain, Pioneer Publishers, New York, 1936, p. 33 : « The greatest and most glorious struggle took place in Asturias. Here the Workers' Alliances were most nearly like Soviets, and had been functioning for a year under socialist and Communist Left leadership. Peña and Manuel Grossi led the miners, who made up for lack of arms by dynamite, tool of their trade, in a victorious insurrection. The "Workers and Peasants Republic" of Asturias gave the land to the peasants, confiscated the factories, tried their enemies in revolutionary tribunals, and for fifteen historic days held off the Foreign Legion and Moorish troops. There is a saying in Spain that had there been three Asturiases, the revolution would have been successful. Only the failure of the rebellion elsewhere enabled the government to concentrate its full force on Asturias ».
  8. Emile Martinez, Albert Camus, l'Algérie au cœur..., 13 mars 2010.
  9. https://www.cairn.info/revue-nouvelles-fondations-2007-2-page-143.htm
  10. « L’insurrection des Asturies en 1934 », sur Chroniques critiques (consulté le )

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Ignacio Díaz (trad. de l'espagnol par Pierre-Jean Bourgeat), Asturies 1934. Une révolution sans chefs, Toulouse, Smolny, , 256 p. (ISBN 978-2-490793-04-4)
  • Manuel Grossi, L'Insurrection des Asturies : quinze jours de révolution socialiste, traduction et présentation par Georges Garnier ; préface de Joaquín Maurín ; postface de Julían Gorkin ; Paris , Études et documentation internationales, 1972.
  • Collectif, Rouge charbon. L'insurrection de 1934 dans les Asturies et en Espagne : actes du colloque de Nérac du 18 et , Éditions d'Albret, Ancrage, 2015.
  • Le chant des Asturies, d'Alfonso Zapico, roman graphique traduit de l'espagnol (titre originel : La balada del norte) de près de 1 000 planches en quatre volumes

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Lien externe

[modifier | modifier le code]