Le Koran (Traduction de Kazimirski)/7
Apparence
EL-ARAF[1].
Donné à La Mecque. — 205 versets.
Au nom du Dieu clément et miséricordieux
- Elif. Lam. Min. Sad.[2]. Voici un livre qui t’a été envoyé d’en-haut ; qu’il n’y ait aucune inquiétude dans ton cœur au sujet de ce livre, et n’hésite pas à avertir à l’aide de ce livre ; qu’il serve d’admonition aux croyants.
- Suivez la loi qui vous est venue de votre Seigneur, et ne suivez point d’autres patrons que lui. Oh ! Que vous y pensez peu !
- Que de villes nous avons détruites ! Notre colère les a surprises, les unes dans la nuit, d’autres à la clarté du jour.
- Quel était leur cri au moment où notre colère les a surpris (les peuples impies) ? Ils criaient : Oui ! Nous avons été impies.
- Nous demanderons compte aux peuples à qui nous avons envoyée des prophètes ; nous demanderons compte aux prophètes eux-mêmes.
- Nous leur ferons le récit de leurs actions, en ayant une connaissance parfaite par devers nous, car nous n’étions pas absents.
- Ce jour-là, il sera pesé avec justice ; ceux dont le poids sera lourd, ceux-là seront heureux.
- Ceux dont le poids sera léger, ceux-là auront perdu eux-mêmes pour avoir été iniques à l’égard de nos signes[3].
- Nous vous avons établis sur la terre, nous vous y avons donné la nourriture. Que vous êtes peu reconnaissants !
- Nous vous créâmes et nous vous donnâmes la forme, puis nous dimes aux anges : Inclinez-vous devant Adam ; et ils s’inclinèrent, excepté Eblis, qui n’était point de ceux qui s’inclinèrent.
- Dieu lui dit : Qu’est-ce qui t’empêche de t’incliner devant lui, quand je te l’ordonne ? Je vaux mieux que lui, dit Eblis ; tu m’as créé de feu, et lui, tu l’as créé de limon.
- Sors d’ici, lui dit le Seigneur, il ne te sied pas de t’enfler d’orgueil dans ces lieux. Sors d’ici, tu seras au nombre des méprisables.
- Donne-moi du répit jusqu’au jour ou les hommes seront ressuscités.
- Tu l’as, reprit le Seigneur.
- Et parce que tu m’as égaré, reprit Eblis, je les guetterai dans ton sentier droit.
- Puis je les assaillirai par devant et par derrière ; je me présenterai à leur droite et à leur gauche, et certes tu n’en trouveras que bien peu qui te seront reconnaissants.
- Sors d’ici ! Lui dit le Seigneur, couvert d’opprobre et repoussé au loin, et qui te suivra… je remplirai l’enfer de vous tous.
- Toi, Adam habite avec ton épouse le jardin, et tous deux mangez de ses fruits partout où vous voudrez ; seulement n’approchez point de l’arbre que voici, de peur que vous ne deveniez coupables.
- Satan leur fit des suggestions pour leur montrer leur nudité qui jusqu’alors leur était cachée. Il leur dit : Dieu ne vous interdit cet arbre qu’afin que vous ne deveniez pas deux anges, et que vous ne soyez pas immortels.
- Il leur jura qu’il était leur conseiller fidèle.
- Il les séduisit en les aveuglant ; et lorsqu’ils eurent gouté de l’arbre, leur nudité leur apparut, et ils se mirent à la couvrir de feuilles du jardin. Le Seigneur leur cria alors : Ne vous ai-je point défendu cet arbre ? Ne vous ai-je point dit que Satan est votre ennemi déclaré ?
- Ils (Adam et Eve) répondirent : O notre Seigneur ! Nous sommes coupables ; et si tu ne nous pardonnes pas, si tu n’as pas pitié de nous, nous sommes perdus.
- Descendez, leur dit Dieu, vous serez ennemis l’un de l’autre[4]. Vous trouverez sur la terre un séjour et une jouissance temporaires.
- Vous y vivrez et vous y mourrez, et vous en sortirez un jour.
- O enfants d’Adam ! Nous vous avons envoyé des vêtements pour couvrir votre nudité, et des ornements précieux ; mais le vêtement de la piété vaut encore mieux. Tels sont les enseignements de Dieu : peut-être les hommes les méditeront-ils.
- O enfants d’Adam ! Que Satan ne vous séduise pas comme il a séduit vos pères, qu’il a fait sortir du jardin ; il leur a ôté leur vêtement pour leur faire voir leur nudité. Lui et ses suppôts vous voient d’où vous ne les voyez pas. Nous les avons donnés pour patrons à ceux qui ne croient pas.
- Quand les pervers ont commis quelque turpitude, ils disent : Nous l’avons vu pratiquer par nos pères, c’est Dieu qui le commande. Dis-leur : Dieu n’ordonne point d’actions infâmes[5] ; allez-vous dire de Dieu ce que vous ne savez pas ?
- Dis-leur : Mon Seigneur ordonne l’équité. Tournez vos fronts vers le lieu où on l’adore ; Invoquez-le, sincères dans votre culte. De même qu’il vous a fait sortir du néant, il vous ramènera chez lui. Il dirige les uns d’entre vous, et laisse les autres dans l’égarement. Ceux-ci ont pris les suppôts de Satan pour leurs patrons plutôt que Dieu, et ils se croient dans le chemin droit.
- O enfants d’Adam ! Mettez vos plus beaux habits[6] toutes les fois que vous vous rendez à quelque oratoire[7]. Mangez et buvez, mais sans excès, car Dieu n’aime point ceux qui font des excès.
- Dis-leur : Qui peut défendre de se parer d’ornements que Dieu produit pour ses serviteurs, ou de se nourrir d’aliments délicieux qu’il leur accorde ? Ces biens appartiennent aux fidèles dans ce monde, mais surtout au jour de la résurrection. C’est ainsi que Dieu explique ses enseignements a ceux qui savent.
- Dis-leur : Dieu a défendu toute turpitude ouverte ou secrète ; il a défendu l’iniquité et toute violence injuste. Il a défendu de lui associer quelque être que ce soit ; il ne vous a donné aucun pouvoir à ce sujet, et il vous a défendu de dire de lui ce que vous ne savez pas.
- Chaque nation a son terme. Quand leur terme est arrivé, les hommes ne sauraient ni le reculer ni l’avancer.
- O enfants d’Adam ! Il s’élèvera au milieu de vous des apôtres, ils vous réciteront mes enseignements. Quiconque craint le Seigneur et fait le bien sera à l’abri de toute crainte et ne sera point attristé.
- Ceux qui traitent mes signes de mensonges, ceux qui les dédaignent, seront livrés au feu et y demeureront éternellement.
- Qui est plus impie que celui qui forge des mensonges sur le compte de Dieu, ou qui traite ses signes d’imposture ? À ces hommes une part des biens de ce monde, conformément au Livre éternel, sera accordée jusqu’au moment où nos envoyés, en les recueillant[8], leur demanderont : Ou sont les idoles que vous invoquiez à côté de Dieu ? Ils répondront : Elles ont disparu ; et ils témoigneront ainsi eux-mêmes qu’ils étaient infidèles.
- Dieu leur dira : Entrez dans le feu pour rejoindre les générations des hommes et des génies qui ont disparu avant vous. Toutes les fois qu’une nouvelle génération y entre, elle maudit sa sœur jusqu’au moment ou elles seront toutes réunies ensemble ; la dernière dira alors en montrant la première : Seigneur, voilà ceux qui nous ont égarés, inflige-leur un double châtiment du feu ; et Dieu leur dira : Le double sera pour vous tous ; Mais vous l’ignorez.
- Et la première dira à la dernière : Quel avantage avez-vous sur nous ? Goûtez le châtiment que vous ont valu vos œuvres.
- Certes, ceux qui ont traite nos signes de mensonges et qui les ont dédaignés, les portes du ciel ne s’ouvriront point pour eux ; ils n’entreront au jardin que quand un chameau passera par le trou d’une aiguille[9] C’est ainsi que nous récompenserons les criminels.
- La géhenne sera leur lit, et au-dessus d’eux des couches de feu les couvriront. C’est ainsi que nous récompensons les impies.
- Nous n’imposerons point à ceux qui auront cru et fait le bien des charges au-dessus de leurs forces. Ils seront en possession du jardin, où ils demeureront éternellement.
- Nous ôterons tout ressentiment de leurs cœurs. Les rivières couleront sous leurs pas, et ils s’écrieront : Gloire à Dieu qui nous a conduits en ces lieux ! Certes, nous nous serions égarés, si Dieu ne nous avait pas conduits. Les apôtres de notre Seigneur nous avaient bien annoncé vrai. Une voix leur fera entendre ces paroles : Voici le jardin que vous avez gagné par vos œuvres.
- Et les habitants du jardin crieront aux habitants du feu : Nous avons éprouvé la vérité des promesses de votre Seigneur, et vous, l’avez-vous éprouvée ? Et ils répondront : Oui ! Un héraut qui criera parmi eux criera ces paroles : Malédiction de Dieu sur les impies ;
- Sur ceux qui détournaient les autres du sentier de Dieu, qui voulaient le rendre tortueux, et qui ne croyaient pas à la vie future !
- Une cloison[10] sépare les bienheureux des réprouvés. Sur l’Elaraf[11] se tiendront des hommes qui connaîtront chacun à sa marque distinctive ; ils crièrent aux habitants du jardin : La paix soit avec vous ! Ils (les reprouvés} n’y entreront pas, bien qu’ils le désirent ardemment.
- Et lorsque leurs regards se tourneront vers les habitants du feu, ils s’écrieront : O notre Seigneur ! Ne nous place pas avec les injustes.
- Ceux qui se tiendront sur l’Elaraf crieront aux hommes qu’ils reconnaîtront à leurs marques distinctives comme des réprouvées : A quoi vous ont servi vos richesses amassées et votre orgueil ?
- Sont-ce là les hommes au sujet desquels vous aviez juré qu’ils n’obtiendront jamais la miséricorde de Dieu ? Entrez dans le jardin, vous serez à l’abri de toute crainte et vous ne serez point attristés.
- Les habitants du feu crieront aux habitants du jardin : Répandez sur nous un peu d’eau ou un peu de ces délices que Dieu vous a accordées. — Dieu, répondront ceux-là, a interdit l’un et l’autre aux infidèles
- Qui ont fait de la religion leur jouet et l’objet de leurs railleries, pendant que la vie de monde les a rendus aveugles. Nous les oublions aujourd’hui comme ils ont oublié ce jour de leur comparution, et parce qu’ils ont nié la vérité de nos signes.
- Nous leur avions cependant apporté un livre, et nous l’avions expliqué avec science, afin qu’il servît de direction et fût une faveur de Dieu pour ceux qui croient.
- Attendent-ils encore son interprétation ? Le jour où son interprétation sera arrivée, ceux qui l’auront négligé dans le monde s’écrieront : Les apôtres de Dieu nous avaient bien apporté la vérité. Ne trouverons-nous pas quelque intercesseur qui intercède pour nous, ou bien ne pourrons-nous pas retourner sur la terre ? Oh ! Nous agirions autrement que nous ne l’avons fait ? Mais alors ils se seront déjà perdus sans retour, et les divinités qu’ils avaient inventées auront disparu.
- Votre Seigneur est ce Dieu qui créa les cieux et la terre en six jours, et se porte avec fermeté vers le trône ; Il enveloppe le jour avec la nuit, et le jour la poursuit rapidement ; Il créa le soleil et la lune et les étoiles, soumis par son ordre à certaines lois. La création et le gouvernement de toutes choses ne lui appartiennent-ils pas ? Béni soit Dieu, maître de l’univers.
- Invoquez Dieu avec humilité et en secret. Il n’aime point les transgresseurs.
- Ne commettez pas des désordres sur la terre, lorsque tout y a été disposé pour le mieux ; invoquez Dieu par crainte et par désir, car la miséricorde de Dieu est proche de ceux qui font le bien.
- C’est lui qui envoie les vents avant-coureurs de sa grâce[12]. Nous leur faisons porter les nuages gros de pluie et nous les poussons vers le pays mort de sécheresse ; nous en faisons descendre l’eau et à l’aide de celle-ci nous faisons sortir tous les fruits. C’est ainsi que nous faisons sortir les morts de leurs tombeaux ; peut-être y réfléchirez-vous.
- Dans un bon pays, les plantes germent abondamment avec la permission de Dieu ; dans un mauvais, elles viennent clairsemées. C’est ainsi que nous manions[13] nos enseignements pour les hommes qui rendent des actions de grâces
- Nous avons envoyé Noé vers son peuple. Il lui dit ; O mon peuple ! Adore Dieu Pourquoi adorer d’autres divinités que lui ? Je crains pour vous le châtiment du grand jour,
- Les grands de son peuple lui dirent ; nous voyons que tu es dans une grossière erreur.
- O mon peuple ! Je ne suis point dans l’erreur, je suis l’envoyé du maître de l’univers,
- Je vous annonce les commandements du Seigneur, et je vous donne des conseils salutaires, Je sais de Dieu ce que vous ne savez pas.
- Vous étonnez-vous de ce que la parole de votre Seigneur vous arrive par un homme d’entre vous, chargé de vous exhorter à craindre Dieu, afin que vous éprouviez sa miséricorde ?
- Mais ces hommes le traitèrent d’imposteur. Nous avons sauvé lui et ceux qui l’ont suivi dans un vaisseau, et nous avons noyé ceux qui ont traité nos signes de mensonges. C’était un peuple d’aveugles.
- Nous avons envoyé auprès des gens d’Ad l’un d’entre eux[14], Houd. Celui-ci leur disait de même : O mon peuple ! Adore Dieu, et n’adore point d’autres divinités que lui. Ne craignez-vous pas le Seigneur ?
- Ceux des grands qui étaient incrédules lui disaient : Nous voyons que tu es dans une aberration d’esprit ; et, en vérité, nous croyons que tu n’es qu’un imposteur.
- Ô mon peuple ! Leur dit Houd, ce n’est point de l’aberration d’esprit ; loin de la, je suis l’envoyé de Dieu, maître de l’univers.
- Je vous annonce les commandements de Dieu ; je suis votre conseiller sincère et fidèle.
- Vous étonnez-vous de ce que la parole de votre Seigneur vous arrive par un d’entre vous chargé de vous exhorter ? Rappelez-vous qu’il vous a fait succéder au peuple de Noé, qu’il vous a donné une taille gigantesque[15]. Souvenez-vous des bienfaits de Dieu, afin que vous soyez heureux.
- Es-tu venu, lui dirent-ils, pour nous faire adorer un seul Dieu et abandonner les divinités de nos pères ? ’Fais donc que tes menaces s’accomplissent, si tu es sincère.
- Bientôt, reprit-il, la vengeance et la colère de Dieu vont fondre sur vous. Disputerez-vous avec moi sur les noms que vous et vos pères avez donnés aux divinités, au sujet desquelles Dieu ne vous a accordé aucun pouvoir ? Attendez seulement, et moi j’attendrai aussi avec vous.
- Par l’effet de notre miséricorde, nous sauvâmes Houd et ceux qui l’ont suivi, et nous exterminâmes jusqu’au dernier ceux qui avaient traité nos signes de mensonges, et qui ne croyaient pas.
- Nous avons envoyé vers les Thémoudites Saleh leur frère[16]. Il leur dit : O mon peuple ! adorez Dieu, pourquoi adoreriez-vous · d’autres divinités que lui ? Voici un signe évident de Dieu. Cette chamelle de Dieu est pour vous un signe : laissez-la paître dans le champ de Dieu, ne lui faites aucun mal, de peur qu’un châtiment douloureux ne tombe sur vous.
- Souvenez-vous que Dieu vous a fait succéder au peuple d’Ad, qu’il vous a établis sur la terre, où, du milieu de ses plaines, vous élevez des châteaux, ou vous taillez des rochers en maisons. Souvenez-vous des bienfaits du ciel, et ne vous répandez pas sur la terre pour y commettre des désordres.
- Mais les chefs, parmi les orgueilleux Thémoudites, disaient à ceux qu’ils regardaient comme faibles, à ceux qui croyaient : Êtes-vous sûrs que Saleh soit envoyé par son Seigneur ? — Nous croyons, reprirent-ils, à sa mission.
- Quant à nous, répondaient les orgueilleux, nous n’admettons pas ce en quoi vous croyez.
- Et ils coupèrent les jarrets de la chamelle, furent rebelles aux commandements de Dieu, et dirent ensuite à Saleh : Fais donc que tes menaces s’accomplissent, si tu es réellement un envoyé de Dieu.
- Alors une commotion violente de la terre les surprit ; le lendemain on les trouva gisants, morts et la face contre terre dans leurs demeures.
- Saleh les laissa en disant : Je vous ai annonce l’avertissement de Dieu, et je vous ai donné des conseils ; mais vous n’aimez point ceux qui vous donnent des conseils.
- Nous avons aussi envoyé Loth vers les siens. Il leur dit : Commettrez-vous des turpitudes qu’aucun peuple n’a jamais commises avant vous ?
- Abuserez-vous des hommes au lieu de femmes pour assouvir vos appétits charnels ? En vérité, vous êtes un peuple livré aux excès.
- Et quelle fut la réponse du peuple de Loth ? Ils se dirent les uns aux autres : Chassez-les (Loth et sa famille). Ce sont des gens qui se piquent d’être chastes.
- Nous sauvâmes Loth et sa famille, excepté sa femme, qui demeura en arrière.
- Nous fîmes pleuvoir sur eux une pluie… Regarde quelle a été la fin des coupables.
- Nous avons envoyé vers les Madianites Choaïb leur frère, qui leur dit : O mon peuple ! Adore Dieu ; pourquoi adorerais-tu d’autres divinités que lui ? Un signe évident du ciel vous a apparu. Observez rigoureusement la mesure et le poids ; n’enlevez point aux hommes leur dû, ne commettez pas de désordres sur la terre quand tout y a déjà été disposé pour le mieux. Cela vous sera plus avantageux si vous voulez le croire.
- Ne vous mettez pas en embuscade à tout bout de chemin, et ne détourner point de la voie de Dieu ceux qui croient en lui ; vous voulez la rendre tortueuse. Rappelez-vous que vous n’étiez qu’un petit nombre, et qu’il vous a multipliés. Voyez plutôt quelle a été la fin des méchants.
- Si une partie de vous nuit à ma mission. Tandis que l’autre la rejette, prenez patience, et attendez que Dieu juge entre nous. Il est le meilleur des juges.
- Les chefs du peuple, enflés d’orgueil, dirent à Choaïb : O Choaïb nous te chasserons de notre ville ainsi que ceux qui ont cru avec toi, eu bien revenu à notre religion. — Comment ? Nous qui avons de l’aversion pour elle, répondirent les Madianites croyants.
- Nous serions coupables d’avoir inventé des mensonges au sujet de Dieu, si nous revenions à votre religion après que Dieu nous en a délivrés une fois. Comment pourrions-nous revenir à elle autrement que par la volonté de Dieu, qui embrasse tout dans sa science ? Nous avons mis notre confiance en Dieu. Seigneur, décides entre nous, car tu es le plus habile parmi ceux qui décident.
- Les chefs d’entre ceux qui n’ont point cru dirent au peuple : Si vous suivez Choaïb, vous périrez.
- Une commotion violente de la terre les surprit, et le lendemain on les trouva gisants, morts et la face contre terre dans leurs demeures.
- Ceux qui traitèrent Choaïb d’imposteur disparurent, comme s’ils n’avaient jamais habité ces pays-la ; ceux qui traitèrent Choaïb d’imposteur sont perdus.
- Choaïb s’éloigna en disant : O mon peuple ! Je vous prêchais les commandements de Dieu, et je vous donnais des conseils salutaires. Mais pourquoi m’affligerais-je du sort des infidèles ?
- Nous n’avons jamais envoyé d’apôtres vers une ville sans frapper ses habitants d’adversité et de calamités, afin qu’ils s’humiliassent.
- Ensuite nous changeâmes le mal en bien (les malheurs en prospérité) en sorte qu’effaçant tout dans leur mémoire, ils se mirent à dire : Le bonheur et le malheur arrivaient aussi à nos pères. Puis soudain nous les saisîmes de châtiments au moment où ils n’y songeaient pas.
- Si les habitants des villes avaient voulu croire et craindre Dieu, nous leur aurions ouvert les bénédictions du ciel et de la terre ; mais ils ont traité nos signes de mensonges, et nous les avons châtiés de leurs œuvres.
- Les habitants des villes ont-ils été sûrs que notre colère ne les surprendra pas dans la nuit, pendant qu’ils dormiront ?
- Les habitants des villes ont-ils été sûrs que notre colère ne les surprendra pas à la clarté du jour, pendant qu’ils se livreront aux divertissements ?
- Se croyaient-ils à l’abri des stratagèmes de Dieu ? Et qui donc se croira à l’abri des stratagèmes de Dieu excepté le peuple condamné à la perdition ?
- N’est-il pas encore prouvé aux yeux de ceux qui ont hérité de la terre après ses anciens habitants, que, si nous voulions, nous les châtierions de leurs péchés pendant que nous imprimerions un sceau sur leurs cœurs au point qu’ils n’entendraient rien[17].
- Nous allons te raconter quelques histoires de ces villes. Des prophètes s’y élevèrent et firent voir des miracles ; mais ces peuples ne croyaient point à ce qu’ils avaient précédemment traité de mensonge. C’est ainsi que Dieu imprime le sceau sur le cœur des infidèles.
- Nous n’avons trouvé chez la plupart aucune fidélité à l’alliance ; le plus grand nombre étaient des pervers.
- A la suite de ces prophètes, nous envoyâmes Moïse, armé de nos signes, vers Pharaon et les grands de son peuple Ils ont agi avec iniquité. Tu verras quelle a été la fin des méchants.
- Moïse dit à Pharaon : Je suis l’envoyé de Dieu, maître de l’univers.
- Il est juste que je ne dise de Dieu que la pure vérité. Je viens chez vous pour opérer un prodige éclatant ; laissent partir avec moi les enfants d’Israël. — Puisque tu es venu, dit Pharaon, pour opérer un prodige, fais-nous le voir, si tu es véridique.
- Moïse jeta sa baguette, et tout d’un coup elle se changea en serpent très distinctement.
- Moïse tira sa main de son sein, et la voilà toute blanche aux yeux des spectateurs[18].
- Les grands du peuple de Pharaon s’écrièrent : C’est un magicien habile !
- Il veut vous faire sortir de votre pays, dit Pharaon : Que pensez -vous qu’il faille faire ?
- Ils répondirent : Temporise avec lui[19], ainsi qu’avec son frère, et envoie dans toutes les villes des hommes qui réunissent
- Et qui t’amènent tout ce qu’il y a d’habiles magiciens.
- Les magiciens se réunirent chez Pharaon, et dirent : Sans doute, nous aurons une récompense si nous l’emportons sur lui ?
- - Oui certes, et vous serez au nombre des familiers de ma cour.
- Les magiciens demandèrent à Moïse : Est-ce toi qui jetteras le premier, ou bien nous ?
- - Jetez les premiers, dit Moïse. Et ils jetèrent, et fascinèrent les regards des spectateurs et les épouvantèrent. Ils avaient étalé là une magie surprenante.
- Alors nous fîmes cette révélation à Moïse : Jette ta baguette ; et voici qu’à l’instant elle dévore les autres baguettes changées en serpents.
- Ce qui était vrai apparut, dans tout son éclat, et les opérations des magiciens s’évanouirent.
- Ils furent vaincus, et se retirèrent humiliés.
- Les magiciens se prosternèrent adorant Dieu
- En disant : Nous croyons en Dieu, Seigneur de l’univers,
- Seigneur de Moïse et d’Aaron.
- Pharaon leur dit : Comment ! Vous devenez croyants avant que je vous en aie donné la permission ? Vous avez arrangé d’avance cette fourberie dans la ville, pour en faire sortir les habitants. Bientôt vous verrez.
- Je vous ferai couper les pieds et les mains alternés[20], et ensuite je vous ferai crucifier tous.
- Ils répondirent : Nous devons tous retourner à notre Seigneur.
- Tu veux te venger de nous, parce que nous avons cru aux signes de Dieu. Seigneur, accorde-nous la constance, et fais que nous mourions résignés à ta volonté (musulmans).
- Les grands du royaume de Pharaon lui dirent : Laisseras-tu partir Moïse et sa nation, afin qu’ils commettent des désordres dans le pays, t’abandonnent toi et tes divinités ? — Alors, répondit Pharaon, faisons mourir leurs enfants mâles, et n’épargnons que leurs filles ; ainsi nous aurons le dessus sur eux.
- Moïse dit alors à son peuple : Implorez l’assistance de Dieu, et attendez ; car la terre est à Dieu, et il la donne en héritage à celui de ses serviteurs qu’il veut. La vie future sera la récompense de ceux qui craignent.
- — Nous étions opprimés avant toi, répondirent-ils, et nous le sommes encore. — Dieu peut exterminer vos ennemis, reprit Moïse, et vous faire héritiers de leur terre, pour voir comment vous vous conduirez.
- Déjà nous avons fait sentir aux peuples de Pharaon la stérilité et un déchet dans leurs denrées, afin qu’ils réfléchissent.
- Quand ensuite nous leur avons accordé la prospérité, ils disaient : Voilà ce qui nous est dû. Qu’un malheur leur arrive, ils l’attribuent à la mauvaise fortune de Moïse et de ceux qui le suivent. Leur mauvaise fortune vient de Dieu, mais la plupart ne l’entendent guère.
- Ils dirent à Moïse : Tu as beau nous apporter des miracles Pour nous fasciner, nous ne te croirons pas.
- Alors nous envoyâmes contre eux l’inondation, les sauterelles, la vermine, les grenouilles et le sang, signes évidents ; mais ils s’enflèrent d’orgueil, car ils étaient criminels.
- Chaque fois qu’une plaie s’appesantissait sur eux, ils disaient à Moïse : Invoque ton Dieu suivant l’alliance que tu as contractée avec lui. Si tu nous délivres de cette plaie, nous t’ajouterons foi, et nous laisserons partir avec toi les enfants d’Israël. Mais, aussitôt que nous les eûmes délivrés de la plaie, et que le terme fixé d’avance fut expiré, ils violèrent leurs promesses.
- Nous avons tiré vengeance de ce peuple, et nous l’avons noyé dans la mer, parce qu’il a traité de mensonges nos signes, et n’y a prêté aucune attention.
- Nous avons donné en héritage aux faibles les contrées orientales et les contrées occidentales de la terre, sur lesquelles nous avons répandu nos bénédictions. Les magnifiques promesses de ton Seigneur aux enfants d’Israël se sont accomplies, parce qu’ils ont été constants. Nous avons détruit les ouvrages et les édifices de Pharaon et de son peuple.
- Nous avons traversé la mer avec les enfants d’Israël, et ils trouvèrent dans le pays un peuple adorant des idoles. O Moïse ! Dirent les Israélites, fais-nous des dieux comme ces gens en ont. — vous êtes un peuple d’ignorants, répondit Moïse.
- Le culte qu’ils professent est caduc, et leurs actions sont vaines.
- Chercherai-je pour vous une divinité autre que ce Dieu qui vous a élevés au-dessus de tous les peuples ?
- Souvenez-vous que nous vous avons délivrés des gens de Pharaon, qui vous accablaient de maux ; qui tuaient vos enfants mâles et n’épargnaient que vos filles. C’était une dure épreuve de la part de votre Seigneur.
- Nous donnâmes à Moïse un rendez-vous pour trente nuits, et nous les complétâmes par dix autres nuits, en sorte que le temps de son entretien avec Dieu fut de quarante nuits. Moïse dit alors à son frère Aaron : Remplace-moi auprès de mon peuple, agis avec justice, et ne suis point le sentier des méchants.
- Lorsque Moïse arriva à l’heure convenue et que Dieu lui eut parlé, il dit à Dieu : Seigneur, montre-toi à moi, afin que je te contemple. — Tu ne me verras pas, reprit Dieu : regarde plutôt la montagne ; si elle reste immobile à sa place, tu me verras. Et lorsque Dieu se manifesta sur la montagne, il la réduisit en poussière. Moïse tomba évanoui la face contre terre.
- Revenu à lui, il s’écria : Gloire à toi ! Je retourne à toi pénétré de repentir[21], et je suis le premier des croyants.
- O Moïse ! Dit le Seigneur, je t’ai choisi de préférence à tous les hommes pour porter mes messages et ma parole. Prends ce que je te donne, et sois reconnaissant.
- Nous avons tracé pour lui, sur des tables, des commandements sur toutes les matières et des explications détaillées de toutes choses. Reçois-les avec fermeté, et commande à ton peuple de les observer de son mieux. Je vous montrerai le séjour des criminels.
- J’écarterai de mes enseignements ceux qui s’enorgueilliront injustement sur la terre, qui verront tous nos miracles et ne croiront pas, qui verront le sentier droit et ne le prendront pas pour leur route, mais qui, apercevant le chemin de l’égarement, le prendront pour leur route.
- Il en sera ainsi, parce qu’ils ont traité mes signes de mensonges et n’y prêtaient aucune attention.
- Les œuvres de ceux qui traitent mes signes de mensonges et qui ne croient point à la vie future seront en pure perte. Seraient-ils récompensés autrement qu’ils n’ont agi ?
- Le peuple de Moïse prit, pendant son absence, un veau fait d’ornements d’or, un veau en corps et mugissant[22]. Ne voyaient-ils pas qu’il ne pouvait pas leur parler, ni les diriger dans le chemin droit ?
- Ils prirent ce veau pour l’adorer, et ils agirent avec iniquité.
- Et lorsqu’ils se furent repentis, et qu’ils eurent reconnu leur égarement, ils s’écrièrent : Si notre Seigneur n’a pas pitié de nous, et s’il ne nous pardonne nos péchés, nous sommes perdus.
- Moïse, revenu au milieu de son peuple, rempli de colère et de douleur, s’écria : C’est affreux ce que vous avez fait en mon absence ! Voulez-vous hâter l’œuvre de Dieu[23] ? Il jeta les tables de la loi, saisit son frère par la tête, le tirant à lui. — O fils de ma mère ! Dit Aaron, le peuple m’a ôté toute force : Peu s’en est fallu qu’il ne m’ait tué ; ne va pas réjouir mes ennemis par le spectacle de mon châtiment, et ne me mets pas au nombre des pervers.
- Seigneur ! S’écria Moïse, pardonne-moi et à mon frère ; donne-nous une place dans ta miséricorde, car tu es le plus miséricordieux.
- Ceux qui adorèrent le veau encourront sa colère et l’ignominie dans ce monde. C’est ainsi que nous rétribuerons ceux qui forgent des mensonges.
- Ceux qui, après avoir commis une mauvaise action, reviennent à Dieu et croient… Dieu sera pour eux indulgent et miséricordieux.
- Lorsque le courroux de Moïse se calma, il ramassa les tables de la loi. Les caractères qui y étaient tracés renfermaient la direction et la grâce pour ceux qui redoutent leur Seigneur.
- Moïse choisit dans le peuple soixante et dix homme pour les faire comparaître devant nous[24]. Une violente commotion de terre les frappa. Moïse s’écria : Seigneur, tu aurais pu les anéantir avant ce jour, et moi avec eux. Nous feras-tu périr tous à cause des crimes de quelques insensés ? Ce n’était qu’une de ces épreuves par lesquelles tu égares ou diriges ceux que tu veux. Tu es notre protecteur. Pardonne-nous nos fautes et aie pitié de nous ; tu es le meilleur de ceux qui pardonnent.
- Assigne-nous une belle portion dans ce monde et dans l’autre ; nous voilà revenus pleins de repentir, à toi. -·Mon châtiment, reprit Dieu, tombera sur quiconque je voudrai ; ma miséricorde embrasse toutes choses ; je la destine à ceux qui craignent, qui font l’aumône et qui croient en mes signes ;
- Qui suivent l’envoyé, le prophète illettré qu’ils trouveront signale dans leurs livres, dans le Pentateuque et dans l’Évangile : Le prophète, qui leur commande le bien et leur interdit le mal ; qui leur permet l’usage des aliments excellents et leur défend les aliments impurs ; qui allège leurs fardeaux et ôte les chaînes qui les accablaient. Ceux qui croiront en lui, ceux qui le fortifient, ceux qui l’assistent et suivent la lumière descendue avec lui, ces hommes-la seront bienheureux.
- Dis-leur : O hommes ! Je suis l’apôtre de Dieu envoyé vers vous tous ;
- De ce Dieu à qui les cieux et la terre appartiennent ; il n’y a point d’autre dieu que lui ; il donne la vie et fait mourir. Croyez en Dieu et à son envoyé, le prophète illettré, qui croit, lui aussi, en Dieu et en sa parole. Suivez-le, et vous serez dans le droit chemin.
- Il y a dans le peuple de Moïse un certain nombre d’hommes qui prennent la vérité pour leur guide et qui pratiquent l’équité.
- Nous avions partagé les Israélites en douze peuplades séparées, et nous révélâmes à Moïse implorant la pluie pour son peuple, ces paroles : Frappe le rocher de ta baguette ; et le rocher se fondit en douze sources. Chaque tribu savait de laquelle elle devait boire. Puis nous fîmes planer au-dessus d’eux un nuage, et nous leur envoyâmes la manne et les cailles. Nourrissez-vous d’excellentes choses que nous vous accordons. Ce n’est pas à nous qu’ils ont fait du mal ; c’est à eux-mêmes.
- On leur disait : Habitez cette ville, et nourrissez-vous de ses produits tant qu’il vous plaira. Demandez l’absolution de vos péchés, et, quand vous entrerez par la porte de la ville, prosternez-vous en signe d’adoration. Alors nous vous pardonnerons vos péchés, et nous augmenterons les richesses de ceux qui font le bien.
- Mais les méchants parmi eux ont substitué d’autres paroles à celles qui leur avaient été recommandées[25]. Alors nous envoyâmes contre eux un châtiment du ciel pour prix de leur méchanceté.
- Interroge-les sur cette ville située sur le bord de la mer, dont les habitants transgressaient le sabbat, lorsque, le jour du sabbat, les poissons venaient paraître à la surface de l’eau et qu’ils disparaissaient les autres jours. C’est ainsi que nous les éprouvions, parce qu’ils étaient des prévaricateurs[26].
- Une partie d’entre eux disaient alors à ceux qui exhortaient les méchants : Pourquoi prêchez-vous un peuple que Dieu exterminera ou châtiera d’un châtiment terrible ? — c’est pour avoir une excuse devant Dieu, et afin qu’ils le craignent. —
- Et lorsque les méchants ont oublié ces exhortations, nous sauvâmes ceux qui défendaient de faire le mal, et nous surprîmes les méchants par un châtiment terrible, pour prix de leur impiété.
- Lorsqu’ils franchirent ce qu’on leur avait défendu de franchir[27], nous leur dîmes : Soyez changés en singes refoulés dans la mer. Ton Seigneur déclara alors que de là au jour de la résurrection il enverra contre eux une nation qui leur fera éprouver des maux terribles ; car ton Seigneur est prompt dans ses châtiments, mais il est indulgent et miséricordieux.
- Nous les avons morcelés sur la terre et partagés en peuplades[28]. Il y en a qui sont vertueux, et d’autres qui ne le sont pas. Nous les avons éprouvés par le bien et par le mal, afin qu’ils reviennent à nous.
- De mauvais successeurs succédèrent à ceux-là ; ils sont héritiers du Livre (du Pentateuque), et ils reçoivent les biens périssables de ce vil monde pour prix de leur perversité[29], et disent : Cela nous sera pardonné ; et puis, si on leur en offre de nouveaux, ils les reçoivent encore. N’a-t-on pas reçu de leur part un engagement solennel, le pacte des Écritures, lorsqu’on leur a recommandé de ne dire sur Dieu que la vérité ? Ils (les juifs d’aujourd’hui) étudient cependant ce que ces Écritures contiennent ; et d’ailleurs le séjour de l’autre monde à plus de valeur pour ceux qui craignent Dieu, ne le comprendrez-vous pas ?
- Il a plus de valeur pour ceux qui s’attachent fermement au Livre, qui observent la prière ; et certes, nous ne ferons point périr la récompense des justes.
- Quand nous élevâmes la montagne de Sinaï comme un ombrage au-dessus de leurs tète, ils croyaient qu’elle allait tomber sur eux ; alors nous leur dîmes : Recevez ces tables que nous vous donnons, avec une ferme résolution de les observer, et souvenez-vous de ce qu’elles contiennent, afin que vous craigniez le Seigneur.
- Souvenez-vous que Dieu tira un jour des reins des fils d’Adam tous leurs descendants et leur fit rendre un témoignage contre eux[30]. Il leur dit : Ne suis-je pas votre Seigneur ? Ils répondirent : Oui, nous l’attestons. — Nous l’avons fait, afin que vous ne disiez pas au jour de la résurrection : Nous n’en savions rien.
- Afin que vous ne disiez pas : Nos pères associaient d’autres divinités à Dieu avant nous ; nous sommes leur postérité, nous perdras-tu pour les actions de ceux qui ont menti ?
- C’est ainsi que nous expliquons nos signes ; peut-être reviendront-ils à Dieu.
- Récite-leur (aux juifs) l’histoire de celui auquel nous avons fait voir un signe, et qui s’en détourna pour suivre Satan, et qui fut ainsi parmi les égarés[31].
- Or, si nous avions voulu, nous l’aurions élevé par ce miracle ; mais il demeura attaché à la terre et suivit ses passions. Il ressemble au chien qui aboie quand tu lui donnes la chasse, et qui aboie encore quand tu t’éloignes de lui. Voilà à quoi ressemblent ceux qui traitent nos signes de mensonges. Répète-leur ces histoires, afin qu’ils réfléchissent.
- C’est à quelque chose de mauvais que ressemblent ceux qui ont traité nos signes de mensonges, et c’est à eux-mêmes qu’ils font du mal.
- Celui que Dieu dirige est bien dirigé, et celui qu’il égare est perdu.
- Nous avons créé pour la géhenne un grand nombre de génies et d’hommes qui ont des cœurs avec lesquels ils ne comprennent rien, qui ont des yeux avec lesquels ils ne voient rien, qui ont des oreilles avec lesquelles ils n’entendent rien. Ils sont comme les brutes, ils s’égarent même plus que les brutes. Tels sont les hommes qui ne prêtent aucune attention d nos signes.
- Les plus beaux noms appartiennent à Dieu[32]. Invoquez-le par ces noms, et éloignez-vous de ceux qui les appliquent à tort. Ils recevront la récompense de leurs œuvres.
- Il est, parmi ceux que nous avons créés, des hommes qui sont dans la droite voie et qui pratiquent l’équité.
- Pour ceux qui traitent nos signes de mensonges, nous les anéantirons peu à peu et par des moyens qu’ils ne connaissent pas.
- Je leur accorderai un long délai, car ma ruse est à toute preuve[33].
- Les Arabes ne réfléchiront-ils pas que leur compagnon Mahomet n’est pas un démoniaque, mais qu’il est un apôtre chargé d’avertir ouvertement ?
- Que ne tournent-ils leurs regards vers le royaume des cieux et de la terre, et vers toutes les choses que Dieu a créées, pour voir si leur terme n’approche pas ? Et en quel autre livre croiront-ils, eux qui ne croient pas au Koran ?
- Celui que Dieu égarera ne trouvera plus de guide, Dieu le laissera errant sans connaissance.
- Ils te demanderont à quand est fixée l’arrivée de l’Heure. Dis-leur : La connaissance en est réservée à Dieu seul. Personne ne saurait en révéler le terme, excepté lui. Elle pèse aux cieux comme à la terre[34], et elle n’arrivera qu’inopinément.
- Ils te le demanderont comme si tu en avais la connaissance. Dis-leur : La connaissance en est chez Dieu ; mais la plupart des hommes ignorent cette vérité.
- Dis-leur : Je n’ai aucun pouvoir soit de me procurer ce qui m’est utile, soit d’éloigner ce qui m’est nuisible, qu’autant que Dieu le veut. Si je connaissais les choses cachées, je deviendrais riche, et aucun malheur ne pourrait m’atteindre. Mais je ne suis qu’un homme chargé d’annoncer des promesses et d’avertir le peuple des croyants.
- C’est lui qui vous a créés tous d’un seul individu, qui en a produit son épouse afin qu’il demeurât avec elle, et, lorsque l’homme eut cohabité avec elle, elle porta d’abord un fardeau léger, et marchait sans peine ; Puis, lorsqu’il devint plus pesant, les deux époux adressèrent cette prière à Dieu leur Seigneur : Si tu nous donnes un fils bien fait[35], nous te rendrons des actions de grâces.
- Et lorsque Dieu leur eut donné un fils bien fait, ils donnèrent des associés à Dieu en retour de ce qu’il leur avait accorde. Mais Dieu est trop élevé pour qu’on lui donne des associés.
- Lui associeront-ils les divinités qui ne peuvent rien créer et qui sont créées elles-mêmes, qui ne peuvent les aider en rien, ni s’aider elles-mêmes ?
- Si tu les appelles à la vraie religion, ils ne te suivront pas. Si vous les y appelez ou si vous restez muets, cela revient au même pour eux.
- Ceux que vous invoquez à côté de Dieu sont ses serviteurs comme vous ; priez-les donc pour voir s’ils vous exauceront, si vous êtes sincères.
- Ont-ils des pieds pour marcher ? Ont-ils des mains pour saisir quelque chose ? Ont-ils des yeux pour voir ? Ont-ils des oreilles pour entendre ? Dis-leur : Appelez vos compagnons, imaginez contre moi quelque ruse, et ne me donnez pas de répit. Je ne crains rien.
- Car mon patron est Dieu, celui qui a fait descendre le Livre et qui protège les justes. .
- Mais ceux que vous invoquez à côté de Dieu ne peuvent vous porter aucun secours ni s’aider eux-mêmes.
- Si tu les appelles à la vraie religion, ils ne t’entendent pas ; ils te regardent, mais ils ne voient rien.
- Sois indulgent[36], ordonne le bien et évite les ignorants.
- Si une suggestion te vient de Satan, cherche un refuge auprès de Dieu[37], car il entend et sait tout.
- Ceux qui craignent Dieu, lorsque quelque fantôme suscité par Satan les touche[38], se souviennent de Dieu et deviennent aussitôt clairvoyants.
- Leurs frères[39] ne font que prolonger leur égarement, et ne sauraient se préserver eux-mêmes.
- Quand tu ne leur apportes pas un verset du Koran, ils te disent : Tu ne l’as donc pas encore trouvé ? Dis-leur : Je ne fais que suivre ce qui m’est révélé par Dieu. Ce sont des preuves évidentes de la part de votre Seigneur, c’est une direction, une grâce et une preuve de miséricorde envers ceux qui croient.
- Quand on fait la lecture du Koran. Soyez attentifs et écoutez en silence, afin que vous obteniez la miséricorde de Dieu.
- Pense à Dieu dans l’intérieur de toi-même, avec humilité et avec crainte ou prononce son nom tout haut, mais sans trop élever la voix, pense à lui le matin et le soir, et ne sois pas négligent.
- Ceux qui séjournent chez Dieu ne dédaignent pas de lui adresser la prière ; ils célèbrent ses louanges et se prosternent devant lui.
- ↑ El·araf dont il est question dans ce chapitre, est une séparation, une ligne entre l’enfer et le paradis, et vue également par les habitants de l’un et de l’autre. C’est une espèce de purgatoire.
- ↑ Voy. sur ces lettres, I, 1, note.
- ↑ C’est-à-dire, pour ne les avoir pas appréciés à leur valeur, pour n’y avoir pas ajouté foi.
- ↑ C’est-à-dire, les hommes et Satan seront dans une inimitié éternelle.
- ↑ Le mot du texte qui répond à turpitude est : el-fahicha ; cela s’entend surtout de tout péché contre la chasteté.
- ↑ Mot à mot : prenez vos ornements.
- ↑ Nous avons préféré le mot oratoire, qui répond au mesdjid (mosquée) du texte, pour éviter la confusion avec le mot temple, qui peut se dire de toute maison d’adoration. Nous ferons observer, en passant, que le mot djami, employé aujourd’hui pour toute mosquée spacieuse où par conséquent peut se faire la prière du vendredi, est inconnu dans le Koran. La mosquée de la Mecque seule à conservé jusqu’à ce jour le nom de mesdjid, bien que ce soit une grande mosquée.
- ↑ C’est-à-dire, en recueillent leur souffle, leur âme à l’heure de la mort. Il s’agit ici des anges de la mort, Nakir et Monkir, appelés envoyés de Dieu.
- ↑ On connait cette comparaison appliquée dans l’Évangile aux riches ; on sait également que quelques modernes exégètes, s’appuyant sur une variante du texte grec de l’Évangile, ont cherché à substituer au mot chameau le mot câble, non seulement parce que l’hyperbole serait en quelque sorte moins outrée, mais encore parce qu’un trou d’aiguille est destiné à recevoir plutôt un fil, un cordon, et par hyperbole un câble plutôt qu’un chameau. D’un autre côté, bien que le Koran ne puisse être invoqué comme une autorité pour l’explication de l’Évangile, l’expression du texte arabe prouverait au moins que la version du chameau passant par le trou d’une aiguille, pouvait seule avoir cours parmi les chrétiens du temps de Mahomet. Il n’est pas inutile cependant d’ajouter que dans l’écriture primitive arabe, dans l’écriture cufique, les mots djémel (chameau), et habl (câble), pouvaient être aisément confondus.
- ↑ Le mot du texte, hidjab, qui se dit d’un voile ou d’une portière, s’emploie aussi pour tout ce qui cache une chose à nos regards, que ce soit une muraille, une toile ou autre chose semblable.
- ↑ Elaraf un rempart placé entre le paradis et l’enfer, et d’où les bienheureux comme les réprouvés peuvent être vus par ceux qui se tiennent sur le rempart. L’origine de ce mot est inconnue, car l’étymologie que donnent les commentateurs (ce mot, disent-ils, vient de arafa, connaître, parce que ceux qui sont sur l’araf reconnaissent les réprouvés à leur marque) est tirée sans aucun doute du texte même, ou elaraf et arafa, connaître, sont rapprochés, et n’est ni plus vraie ni plus ingénieuse que la plupart des étymologies des auteurs orientaux. Au reste, il est impossible de se faire une idée quelconque de la manière dont Mahomet concevait le paradis et l’enfer quant à leur position, tant les détails relatifs à ce sujet, renfermés dans le Koran, sont confus, incohérents et contradictoires.
- ↑ C’est-à-dire, avant coureurs de la pluie, qui est un bienfait réel pour les pays tels que l’Arabie ; de là le mot grâce, faveur de Dieu, est devenu en quelque sorte l’équivalent de pluie.
- ↑ Très souvent, après une parabole amenée à la suite de ses avertissements, Mahomet ajoute cette phrase : C’est ainsi que nous manions nos enseignements, comme pour s’applaudir de l’adresse avec laquelle il les applique aux circonstances.
- ↑ Mot à mot : Leur frère, pour leur concitoyen.
- ↑ Mot à mot : qu’il vous a ajouté de l’ampleur quant à votre visage. Le peuple d’Ad, selon la tradition, qui a longtemps eu cours en Arabie, était remarquable par sa taille gigantesque. Quelques auteurs mahométans (et nous ne citerons ici que le savant et judicieux Ebn Khaldoun) font cependant observer que les habitations de cette peuplade, dont on voit encore des traces, n’ont rien qui fasse conclure à cette prétendue taille gigantesque, et qu’elles ne dépassent pas les proportions des édifices des autres peuples.
- ↑ C’est·à-dire, leur concitoyen.
- ↑ Imprimer un sceau sur le cœur d’un homme, c’est le rendre endurci insensible à tout avertissement.
- ↑ Voici ce qu’on lit à ce sujet dans les commentateurs : « Moïse avait la peau très-rouge, cuivrée, de sorte que lorsqu’il fit voir sa main tout éclatante de blancheur et resplendissante, il était naturel qu’on y vit un miracle. La main blanche de Moïse est devenue chez les musulmans le synonyme de main puissante, puissance. C’est l’expression iad hazaka du texte hébreu, la main puissante qui a délivré les israélites de l’esclavage.
- ↑ Littéralement : fais-le espérer, laisse-lui quelque espoir, ne lui donne pas tout de suite une réponse péremptoire.
- ↑ Cela veut dire un pied gauche et une main droite, ou une main gauche et un pied droit à chacun : Ce genre de supplice est connu en Orient.
- ↑ Pour avoir voulu voir Dieu. Nul être créé ne saurait voir Dieu sans mourir sur-le-champ. Ce passage du Koran est fréquemment cité dans les ouvrages mystiques musulmans Les ascètes, qui prétendent recevoir des manifestations de Dieu, ne voient que ses attributs et non pas son essence.
- ↑ Les commentaires ne nous donnent aucune explication satisfaisante de ce passage. Le veau, disent-ils, a été fait d’ornements d’or que les Israélites avaient enlevés en quittant l’Égypte, et le Samaritain qui l’a fondu a jeté dans la bouche du veau une poignée de poussière ramassée sur les traces du cheval de l’ange Gabriel ; c’est par la vertu de cette poussière que le veau reçut la vie et se mit à mugir ; ou bien le Samaritain a su ménager la fonte de manière que le vent, en passant par la gueule du veau, lui faisait rendre un son semblable au mugissement d’un veau vivant. Tout cela n’explique pas encore les mots veau en corps ou corporel.
- ↑ L’affaire de Dieu, sa vengeance.
- ↑ Dieu avait ordonné à Moïse de se rendre à la montagne de Sinaï avec soixante-dix hommes ; lorsque tous s’y rendirent, Dieu parla à Moïse dans un nuage. Les soixante-dix israélites, l’entendant parler, demandèrent à Moïse de leur faire voir Dieu ; c’est pour les punir de cette coupable curiosité, que la montagne tremble.
- ↑ Voy. chap. II, verset 51.
- ↑ Voy. chap. II, verset 61.
- ↑ C’est-à-dire, lorsqu’ils violèrent le sabbat.
- ↑ Il est toujours question des Israélites, mais c’est en vain qu’on chercherait à savoir à quelle époque de leur histoire ces passages se rapportent
- ↑ Comme, par exemple, des cadeaux avec lesquels on achetait leur décision ou l’altération des Écritures.
- ↑ Dieu fit comparaître un jour toutes les générations futures des hommes qui devaient naître d’Adam, pour leur faire prendre un engagement solennel d’obéissance, et afin que plus tard il pût leur rappeler ce pacte et se servir de leur propre témoignage contre eux.
- ↑ Selon les uns, il s’agit ici d’un juif qui d’abord reconnut dans Mahomet le prophète prédit par les Écritures, mais qui ensuite, par orgueil et par jalousie, refusa de croire à sa mission ; selon d’autres, il serait ici question de Balaam, le Chananéen, qui, refusant d’abord de maudire Moïse, se laissa dans la suite entraîner par les suggestions de Satan, et fut condamné à tirer la langue comme un chien.
- ↑ Parmi les noms de Dieu, en arabe, se trouve rahman, le miséricordieux. Un Arabe idolâtre, entendant ce nom appliqué par Mahomet à Dieu, se mit à rire en disant qu’il ne connaissait qu’un seul individu de ce nom dans la province de Yemama. D’autres Arabes répétaient que les noms de leurs idoles, tels que Alozza, Allat, Menat, venaient des noms que Mahomet donnait à Dieu, tels que Elaziz, Allah, Mennan. Dans le chapelet mahométan, Dieu a quatre-vingt-dix-neuf noms, parmi lesquels sont : le grand, le bon, le clément, le savant, le sage, le subtil, le bienfaisant, etc.
- ↑ Mot à mot : ma ruse est solide, on ne saurait la déjouer à force de temps.
- ↑ Non-seulement elle préoccupe la pensée des hommes, mais celle des anges aussi.
- ↑ Le mot du texte est salihan, qui veut dire juste, vertueux et bon. On pourrait donc traduire : si tu nous donnes un fils vertueux, prière toute naturelle dans la bouche de nos premiers parents ; cette acception même est la plus générale et la plus fréquente. Cependant on est convenu de donner à ce mot, dans ce passage, la signification de bien fait, de forme humaine, d’après les commentateurs qui racontent qu’Ève étant enceinte, Satan lui prédisait qu’elle mettrait au monde une brute ; Il promettait d’ailleurs de détourner d’elle ce malheur, à condition que l’enfant serait nommé Abdolhareth (serviteur du cultivateur), ou serviteur d’Alhareth, car Satan portait ce nom parmi les anges auxquels il se disait appartenir ; C’était un acte d’idolâtrie ; Car, dans le nom d’un homme, le mot serviteur ne doit jamais se joindre à un autre nom qu’à celui de Dieu. Dieu punit nos premiers parents de cet acte de rébellion. L’enfant ne vécut point. Quelques commentateurs combattent cette explication comme incompatible avec le caractère prophétique d’Adam, et appliquent le sens des versets en question à un des ancêtres de Mahomet, qui donna à ses enfants des noms du culte idolâtre. On pourrait objecter que les premiers mots du verset 189 ne sont applicables qu’à Adam.
- ↑ En traduisant mot à mot, les deux premiers mots de ce verset voudraient dire : « Prends ce qui te vient de soi-même, » c’est·à-dire prends les hommes comme ils sont et leurs actions, sois accommodant et n’exige pas ce qui est trop lourd. Ou bien, « perçois le superflu en fait d’aumônes. »
- ↑ C’est-à-dire, invoque la protection de Dieu en prononçant ces mots : « Je cherche un refuge auprès de Dieu contre les machinations de Satan. »
- ↑ Le mot taïf employé ici, veut dire, d’après l’étymologie, rôdeur, et se dit de toute vision, fantôme, que ce soit une apparition quelconque ou la création du cerveau surexcité ; les orientaux attribuent ces apparitions à Satan ; dans ce cas, ils ont l’habitude, comme le recommande ici le Koran, de prononcer le nom de Dieu.
- ↑ Selon les uns, le mot frères, qu’il faut prendre dans le sens de compagnons, s’applique ici aux hommes acquis à Satan ; selon d’autres, aux démons.