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Wallons

Wallons
Page d'aide sur les redirections Cet article concerne l'identité wallonne. Pour les autres significations, voir Wallon (homonymie).
Wallons
Populations
Population totale 3,4 millions
Drapeau de Belgique Belgique :
Région wallonne
Bruxelles
Région flamande
Autre
Langue(s) Français, wallon, picard, allemand, luxembourgeois, lorrain, etc.
Religion(s) Catholicisme
Groupe(s) relié(s) Néerlandais, Flamands, Germanophones, Français

Le terme Wallons se réfère soit aux habitants de la Région wallonne ou soit aux habitants de la Wallonie qui ont en commun une « identité construite[1] » basée sur les idées du Mouvement wallon. Il peut désigner les locuteurs de la langue wallonne[2] qui ont avant tout une identité culturelle (d'origine latine), mais on parle alors de wallophones ou de waloneus.
Les Wallons sont un groupe ethnique distinctif en Belgique[3] et aussi selon les seuls critères anthropologiques historiques et politiques en Europe[4]. Cependant, d'autres critères communs[5] tels que la langue, la religion, les traditions, le folklore les associent culturellement aux Français[6],[7].

Sommaire

Étymologie

Article détaillé : Histoire du terme Wallon.

Le terme Wallon vient de Walh , très vieux mot germanique utilisé par les Germains pour désigner les populations celtophones ou romanes.

Selon les régions, Walh s'est transformé, notamment par des emprunts à d'autres langues, et son sens a été réduit. C'est le cas de Wallon qui fut créé dans le roman avec d'autres termes apparentés mais les a très vite supplantés.
La portée sémantique se réduira encore un peu plus avec les régimes français, hollandais puis l'indépendance belge pour ne plus désigner que les Belges de langue romane .
Le clivage linguistique dans la politique belge et l'apparition du mouvement wallon ajouteront un contenu conceptuel et affectif[8] au mot Wallon , qui désigne à présent les habitants de la Wallonie - terre unilingue francophone - en opposition directe au mot Flamand .

Aspect institutionnel

Articles détaillés : Région wallonne et Fédéralisme belge.

Suite à la fédéralisation de la Belgique, des entités fédérées ont été créées, à la fois des Communautés et des Régions. L'une d'elles s'appelle la Région wallonne et ses habitants sont appelés des Wallons.

Au 1er janvier 2007, il y avait 3 435 879 Wallons en Région wallonne[9]. La majorité d'entre eux sont des Belges francophones mais la population comprend également des Belges germanophones dans l'Est du pays, des Belges néerlandophones principalement dans les communes à facilités le long de la frontière linguistique ainsi que des ressortissants de différents pays européens et des immigrés de diverses origines, notamment une importante communauté italienne.

Aspect conceptuel et affectif

Article détaillé : Mouvement wallon.

L'identité wallonne, telle qu'elle est définie par le mouvement wallon, est une identité construite basée principalement sur la Wallonie et la langue française. Philippe Destatte écrit à propos de cette identité :

L'identité wallonne ou, plutôt, le processus d'identification des Wallonnes et des Wallons, constitue une recherche cognitive, celles des efforts fournis par les habitants du sud francophone de la Belgique pour s'affirmer Wallons, non par phénomène de révélation transcendantale - il n'y a pas d'identité naturelle qui s'imposerait à nous par la force des choses -, mais en réalisant un travail de définition et de construction de ce qu'ils sont et surtout de ce qu'ils veulent devenir. Notre combat est d'abord un combat contre nous-mêmes, écrivait François Perrin en 1971[10].

La Wallonie

Article détaillé : Wallonie.

Pour les membres du mouvement wallon, les Wallons se définissent avant tout par leur «identité territoriale» liée à la Wallonie : «La Wallonie définit comme Wallons tous ses habitants, quelle que soit leur origine[11]. » Il n'y a d'identité wallonne que par la reconnaissance de l'existence de la Wallonie[12]. Reconnaissance de la Wallonie à la fois comme une «Terre romane» et comme un projet de société : «la Wallonie est une société à faire, c'est en la faisant que les Wallons prendront conscience de leur identité[13] ».

La langue française

Le mouvement wallon est attaché à la langue et la culture françaises. Il ne considère pas les dialectes belgo-romans, en particulier les dialectes wallons, comme déterminant de l'identité wallonne mais bien le français : «Ce n'est donc pas le dialecte [wallon] qui crée le trait d'union entre tous les Wallons, mais bien le français[14] ». Les militants wallons considèrent les Wallons comme une «communauté de langue française[15] » autour de concepts de Francité ou de Romanité :

Les concepts de 'francité' ou 'romanité' sont largement répandus dans le milieu du MW d'aujourd'hui. Ils visent une communauté linguistique romane à laquelle les Wallons auraient 'toujours' appartenu, c'est-à-dire depuis la période gallo-romaine. Il est frappant dans ce contexte que les wallingants n'aient jamais lutté pour la reconnaissance du wallon comme langage standard. En effet, certainement depuis le 19e siècle, les nations doivent disposer, non seulement d'un territoire propre, mais aussi, d'un langage unifié prestigieux. Un dialecte taxé de variante linguistique ne suffit pas. Le prestige du français présentait un avantage certain dans la lutte contre le MF [Mouvement flamand][16].

Certains militants wallons, comme Jean-Maurice Rosier, pensent pourtant qu'il est impossible de fonder l'identité wallonne sur la langue[17].

Identité citoyenne

Le mouvement wallon, s'inscrivant dans la tradition intellectuelle de la Révolution française, l'identité wallonne est une identité citoyenne, basée sur des valeurs républicaines et sociales, que les militants wallons opposent à une identité ethnique, particulièrement celle proposée par le Mouvement flamand.

Philippe Destatte avait insisté en 1994, lors d'un colloque tenu à Namur et consacré à la pensée de Jean-Marc Ferry, sur la nature de cette identité: «Voilà un certain nombre de valeurs : l’attachement à la démocratie, l’universalité, etc, pour construire une identité. Celle-ci ne sera pas idéaliste, mais concrète parce qu’elle détermine un certain nombre de valeurs positives. Cette identité, nous allons essayer de la cultiver tout en sachant bien qu’elle est artificielle mais nécessaire[18]... »

La politologue Anny Dauw considère que le mouvement wallon, quand il parle de l'identité wallonne, s'inscrit dans la tradition intellectuelle française :

Il ne peut être question d'une identité culturelle de type ethnique où l'accent serait mis soit sur une histoire commune, soit sur une langue commune soit encore sur un caractère commun. Il s'agit d'une identité culturelle où l'accent est mis sur la « volonté » des personnes. Car ce qui est important dans la tradition française, ce n'est pas ce que les gens sont, mais ce qu'ils veulent[19].

L'artificialité de cette identité culturelle à construire est également reconnue par les politiciens, notamment le Ministre-Président de la Région wallonne, Robert Collignon, qui déclare en 1996 qu'il faut créer l'identité culturelle wallonne sur base de la dimension territoriale et juridique de la Région wallonne, à défaut d'une identité wallonne historique[20].

Antinationalisme

Résistance

Aspect linguistique

Article détaillé : Wallon.

Les locuteurs de langue wallonne peuvent être désignés par le terme Wallons[21]. Les locuteurs des autres langues endogènes de la Belgique romane ne sont donc pas toujours considérés comme Wallons, même s'ils font partie de la Wallonie selon les militants wallons :

« Pour nous, Wallons, Lorrains et Picards qui, de Tournai à Malmedy et de Mouscron-Comines à Virton, formons ce que l'on appelle la Wallonie, l'heure est venue d'affirmer notre véritable nationalité : la nationalité française[22]. »

D'autre part, il y a une identification linguistique chez les personnes non-wallonophones comme par exemple dans les régions picardophones de la Belgique romane où les gens dans «le Borinage ou le Tournaisis en Belgique sont fiers de se dire picard(s)[23] ».

Notes et références

  1. Philippe Destate, L'Identité wallonne, Institut Jules Destrée, coll. Notre Histoire, Charleroi, 1997, p. 20.
  2. en rapport avec les expressions « locuteur wallons » ou « dictionnaire wallon »
  3. Ethnic Groups Worldwide, a ready reference Handbook, David Levinson, ORYX Press, (ISBN 1-57356-019-7), p. 13 : « Walloons are identified through their residence in Wallonia and by speaking dialects of French. They, too, are descended from the original Celtic inhabitants of the region and Romans and Franks who arrived later. Walloons are mainly Roman catholic. »
  4. Dans « The Encyclopedia of the Peoples of the World » A Henri Holt Reference Book, Page 645 : « The Walloons are descended from Germanic (Frankish) invaders who were culturally absorbed into the romanized sphere in which they settled and came to speak a French dialect » : Les wallons sont les descendants d'envahisseurs germaniques (Les Francs) qui culturellement ont été assimilés à un giron de langue latine et par la suite se mirent à parler un dialecte français.). Cette référence est en fait très sujette à caution car le wallon n'est pas un dialecte français mais est d'origine latine en ligne directe.
  5. Selon Taylor, "Tandis qu'en Allemagne, dans les pays slaves et dans l'Europe du Nord, les dérivés d'ethnos mettent l'accent sur le sentiment d'appartenance à une collectivité, en France le critère déterminant de l'ethnie est la communauté linguistique" Taylor (A-C), Ethnie, dans le « Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie » de Pierre Bonte, et Michel Izard (avec Marion Abélès, Philippe Descola, etc.), 1991, page 242-244, ISBN 2-13-055999-9
  6. Dans « The Encyclopedia of the Peoples of the World » A Henri Holt Reference Book, page 645 : « Culturally there is continuity between the French and the Walloons, Wallon culture consisting mainly of dialect literary productions. While historically most Wallons came within France's cultural orbit, Liège was more influenced by Germany »)
  7. Ethnic Groups Worldwide, a ready reference Handbook, David Levinson, ORYX Press, (ISBN 1-57356-019-7), p. 13 : « Walloon culture was heavely influenced by the French. »
  8. Albert Henry, Histoire des mots Wallons et Wallonie, Institut Jules Destrée, Coll. «Notre histoire», Mont-sur-Marchienne, 1990, 3e éd. (1re éd. 1965), p. 14.
  9. source : Institut national de statistique
  10. Philippe Destatte, ibid., p. 20.
  11. Proposition pour lancer un débat sur un projet de Constitution wallonne, Institut Jules Destrée, Namur, le 2 juillet 1997 [lire en ligne]
  12. «[…] c'est seulement lorsque nous reconnaissons l'existence de la Wallonie que nous pouvons avoir une identité wallonne.» Jacques Lefevre, Quelques réflexions à propos de l'évolution de la conscience wallonne, Institut Jules Destrée, octobre 2007 (page consultée le 1er octobre 2007) <http://www.wallonie-en-ligne.net/Wallonie-Futur-1_1987/WF1-61_Lefevre-J.htm
  13. Michel Molitor, Wallonie : autour d'un manifeste dans La Revue Nouvelle, janvier 1984, p. 17.
  14. Félix Rousseau, Wallonie, Terre Romane, Institut Jules Destrée, Charleroi, 1962, 3e éd., p. 49.
  15. José Fontaine, La XVIe Conférence des peuples de langue française, 9 juillet 2005 (page consultée le 1er octobre 2007) <http://www.vigile.net/archives/ds-chroniques/docs5/jf-149.html>
  16. Maarten Van Ginderachter, Le chant du coq - Nation et nationalisme en Wallonie depuis 1880, Cahiers Jan Dhondt 3, Acamedia Press, Gand, 2005, p. 52-53.
  17. Jean-Maurice Rosier, Sur la culture wallonne, in Cahiers Marxistes, n°187, novembre 1992, pp. 229-232.
  18. Philippe Destatte, Ce nationalisme wallon in Nationalisme et postnationalisme, Actes du Colloque qui s’est tenu à Namur le 30 avril 1994. Presses universitaires de Namur, Namur, 1995.
  19. Anny Dauw, De Waalse identiteit en het integratiebeleid in Wallonië [L'identité wallonne et la politique d'intégration en wallonie] année académique 2001-1002 direction du Professeur Verlot. L'auteur en a publié quelques extraits sous le titre Le tournant de l'identité wallonne dans la revue TOUDI, juin 2003, pp.23-30.
  20. «J’ai écrit un jour que l’identité wallonne n’existe peut-être pas étant donné la multiplicité des origines et des histoires différentes des sous-régions qui la composent. Si l’identité culturelle n’existe pas, la Wallonie a par contre une identité territoriale et juridique. Donc, il convient de créer cette identité culturelle wallonne.» dans une interview pour la revue Télémoustique, cité dans Marco Martiniello, Culturalisation des différences, différenciation des cultures dans la politique belge, Les Cahiers du CERI, N°20, 1998, p. 24. [lire en ligne]
  21. «L'acception linguistique […] respectivement belge et dialectologique» Albert Henry, ibid., p. 59.
  22. Manifeste pour le retour à la France, in Patrick Dupuis, Jean-Émile Humblet, Un siècle de mouvement wallon 1890 - 1997, Éd. Quorum, Gerpinnes, 1998, ISBN 2-87399-059-7, p.322.
  23. (en)/(fr) Malcolm H. Offord, A Reader in French Sociolinguistics, Éd. Multilingual Matters, Clevedon, 1996 (ISBN 1853593435) p. 85.

Bibliographie

  • Philippe Destatte, L'Identité wallonne, Institut Jules Destrée, coll. Notre Histoire, Charleroi, 1997 (ISBN 2870350007)
  • Maarten Van Ginderachter, Le chant du coq - Nation et nationalisme en Wallonie depuis 1880, Cahiers Jan Dhondt 3, Acamedia Press, Gand, 2005 (ISBN 9038208308)
  • Chantal Kesteloot, Mouvement Wallon et identité nationale, Courrier Hebdomadaire du CRISP, no 1392, 1993.
  • Paul Tourret, La quête identitaire wallonne, dans Hérodote, no 72-73, janvier - juin 1994
  • Jean-Marie Klinkenberg, L'identité wallonne : hypothèques et faux papiers, dans La Wallonie au futur, Vers un nouveau paradigme, Actes du Congrès, Institut Jules Destrée, Charleroi, 1989, p. 208-215.
  • Philippe Destatte, La citoyenneté et l'identité : entre société civile et système politique, dans Pratique de la Citoyenneté et Identités, Treizième Conférence des Peuples de Langue française, Actes, Centre René Lévesque, Charleroi, 1996, p. 13-25.
  • Chantal Kesteloot, Être ou vouloir être. Le cheminement difficile de l’identité wallonne, Cahiers d’histoire du temps présent, 1997, no 3, p. 181-201.

Voir aussi



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