- Thermogenèse
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La thermogenèse est la production de chaleur de l’organisme chez les animaux et l’homme par augmentation du métabolisme cellulaire. Elle s'oppose à la thermolyse, qui correspond aux mécanismes d’exportation de la chaleur produite en excès par l’organisme. Elle intervient quand la température du corps est inférieure au point de consigne (température aux alentours de 37 °C). Cela entraine la libération dans le sang de catécholamines (adrénaline), qui vont entraîner une vasoconstriction au niveau de la peau . Le corps va chercher à produire de la chaleur par :
- Activité musculaire : volontaire ou frissons thermiques
- Le métabolisme : catécholamines, hormones thyroïdiennes
- Lipolyse du tissu adipeux brun (la graisse brune n'est présente que chez les nourrissons et disparaît progressivement avec l'âge sauf chez les animaux qui hibernent)
Lors de la thermogenèse, il y a vasoconstriction des vaisseaux, ce qui aide à maintenir la température centrale. Penser que l'alcool réchauffe est une croyance trop répandue, notamment chez les SDF. Effectivement, l'alcool provoque une vasodilatation des vaisseaux, soit une augmentation de la thermolyse, ce qui a pour effet de plonger le sujet en hypothermie.
Sommaire
Ajustement par rapport à la température corporelle humaine
Dans le règne animal, on distingue les poïkilothermes des homéothermes ; ces derniers sont capables de maintenir leur température centrale à une valeur relativement fixe appelée « température de consigne ». Elle est de l’ordre de 37,0 °C avec de légères variations (de 36,1 °C à 37,8 °C) selon les espèces.
L'hypothalamus, qui contient le centre thermorégulateur, reçoit des informations de tous les récepteurs (cutanés et centraux), analyse la température en permanence, et la compare à une valeur de consigne (environ 37 °C).En plus, d'une régulation nerveuse il y a aussi une régulation hormonale[1].
Cependant, ce point de consigne peut se déplacer en cas de pathologies ou d'infections, provoquant ainsi une fièvre. La fièvre est une réponse classique à une infection chez les Homéothermes. Elle traduit non pas un dérèglement des mécanismes thermorégulateurs, mais l'établissement d'une nouvelle consigne de température plus élevée[1].
Lorsque la température est inférieure à la température de consigne il y a des frissons pour produire de l'énergie par contraction musculaire (ce phénomène s'observe lors des poussées de fièvre).
Les hommes peuvent frissonner pour se réchauffer alors que les animaux principalement hibernants utilisent leurs graisses (Graisse (anatomie)) brunes comme source de chaleur, c'est une thermogenèse sans frisson[1].
Thermogenèse d'exercice
L'exercice musculaire qui a un rendement relativement faible, s’accompagne d’une production de chaleur qui représente la différence entre l’énergie consommée et l’énergie mécanique produite. La thermogenèse peut être multipliée par un facteur 10 à 20, voire même plus lors d'un effort intense de courte durée[1]. Dans le cas des muscles, la production de chaleur n'est pas uniquement d'origine métabolique, il existe aussi des mécanismes physiques : frottement des fibres, des filaments... les uns contres les autres lors du phénomène de contraction et de décontraction.
Le frisson musculaire correspond à une augmentation du tonus musculaire normal avec des contractions des fibres musculaires voisines, sans aucun mouvement. Il est très efficace pour produire de la chaleur[2].
La thermogenèse alimentaire
La digestion, comme l'activité musculaire, accroît la thermogenèse, nommée dans ce cas « action dynamique spécifique » ou extra-chaleur. Elle est généralement proportionnelle à la quantité d'énergie consommée et représente environ 10% des apports énergétiques quotidiens. La thermogenèse alimentaire est influencée par la nature des macronutriments consommés. En effet, les glucides, protéines, lipides, mais également l'alcool sont à l'origine d'une thermogenèse alimentaire plus ou moins importante.
Le coût énergétique associé à la consommation d'alcool (dépendant de la quantité ingérée) est d'environ 5 à 10%, soit une augmentation comparable à celle causée par l'ingestion de glucides. La conversion des glucides en acides gras est un processus coûteux qui engendre une thermogenèse avoisinant les 26 % de la teneur énergétique du glucose.
Les lipides bénéficient d'une faible thermogenèse (environ de 2 à 3%) ce qui leur confère une rentabilité énergétique très élevée.
Enfin, la part de la dépense énergétique associée à la consommation de protéines chez l'être humain se situe entre 20 et 30 %[3].
Frissons thermiques
Les frissons thermiques sont des contractions rapides des muscles striés squelettiques (5 à 10 fois par seconde) elles n'affectent cependant pas le mouvement du corps . C'est un mécanisme de production de chaleur efficace à mise en place rapide.
Les frissons peuvent durer jusqu'à six heures, après ce délai l'organisme ne peut plus les maintenir[réf. nécessaire].
Thermogenèse végétale
La thermogenèse n'est pas propre qu'aux animaux à sang chaud. Elle est également présente dans différents végétaux[4], particulièrement chez les Araceae. Elle a été découverte par Jean-Baptiste Lamarck en 1777.
Depuis les botanistes ont trouvé de nombreuses fleurs, inflorescences ou cones produisant de la chaleur : outre les Aracées, il y a le lotus (Nelumbonaceae), quelques Nymphaeaceae, des Aristolochiaceae, des palmiers (Arecaceae), des Annonaceae, Magnoliaceae, Illiciaceae, Rafflesiaceae, Winteraceae et Cycadaceae[5].
Ce sont des plantes relativement primitives possédant des structures florales charnues pollinisées par des insectes. La production de chaleur sert en général à la dispersion d'odeurs destinées à attirer les pollinisateurs mais aussi dans certains cas à prévenir le gel de la plante ou à maintenir une température agréable dans la chambre florale où sont enfermés les insectes.
Quelques plantes de la famille des Aracées sont capables de monter la température de leur inflorescence jusqu'à 35 °C au dessus de la température ambiante. Ainsi au Brésil, l'inflorescence du Philodendron selloum peut atteindre 40 °C alors que la température de l'air est voisine du gel[5].
- Origine de la chaleur
L'origine de cette dissipation de chaleur se trouve dans les mitochondries, organites spécialisés dans la conversion de l'énergie des glucides en une forme disponible par le métabolisme (l'ATP).
La voie principale de la respiration mitochondriale[6] consiste dans le cycle de Krebs et la chaîne de transport d'électrons. Le cyce de Krebs fournit de l'énergie sous forme de donneurs d'électrons (NADH, NADPH, succinate) aux premiers éléments de la chaîne de transport d'électrons (complexe I, complexe II) qui vont aller réduire le pool d'ubiquinone Q. C'est à ce niveau que se situe la voie alternative de la respiration mitochondriale produisant de la chaleur. La voie principale se poursuit elle, par la réoxydation du pool d'ubiquinone par les complexes III et IV qui produisent in fine l'ATP.
La chaîne de transfert d'électrons des mitochondries végétales comportent des soupapes de sécurité face aux déséquilibres entre l'offre et la demande en énergie chimique. Lorsque le cycle de Krebs produit trop rapidement du NADH et du FADH2 par rapport à la capacité d'oxydation de la chaîne respiratoire, la voie alternative dissipe sous forme de chaleur l'excès d'énergie et évite ainsi le blocage des réactions respiratoires.
C'est ce système de protection qui est réutilisé par certains végétaux pour assurer leur pollinisation.
L'enzyme clef de cette voie alternative est une oxydase, l'oxydase alternative mitochondriale ou AOX (Alternative OXidase) qui n'a été découverte qu'à la fin des années 1970. Cette enzyme mitochondriale, codée par le génome nucléaire, a été identifiée chez la totalité des plantes supérieures étudiées, chez de nombreuses algues, champignons, levures et protistes[7],[8]. L'AOX est une protéine à centre Fer-Fer qui réduit l'O2 en H2O par un mécanisme utilisant 2 électrons fournis par 2 ubiquinols. L'énergie libre générée par le flux d'électrons de l'ubiquinol vers l'AOX ne produit pas d'ATP mais se diffuse sous forme de chaleur[9].
- Régulation de l'activité de l'AOX
La compétition entre la voie de respiration passant par les cytochromes, les complexes III et IV ou par la voie alternative de l'AOX est finement contrôlée suivant les besoins métaboliques de la cellule[10]. La réduction de 40 à 50% du pool d'ubiquinone est le facteur principal de l'activité de l'AOX. L'expression du gène aox est sous le contrôle des métabolites clefs du métabolisme mitochondrial. On observe une augmentation de la synthèse de l'AOX sous l'effet du citrate, de l'acide salicylique, des espèces activées de l'oxygène ROS. Une induction importante de l'AOX a été observée aussi sous l'effet de stress (attaque de pathogène, froid, blessure), de désordre métaboliques, au moment de la sénescence, du mûrissement du fruit ou du développement floral.
Dès 1937, Adriaan Van Herk avait observé que la thermogenèse était déclenchée par la sécrétion d'une molécule, le calorigène qui fut identifiée à l'acide salicylique en 1987. Ce phénomène a pour but de favoriser la synthèse de monoamines aliphatiques au moment de la pollinisation ce qui attire les insectes endothermes pollinisateurs comme le scarabée.
Le gène AOX est fortement exprimé durant la thermogenèse de plantes consommatrices de glucides comme le Dracunculus vulgaris (Araceae) mais pour des plantes qui brûlent des lipides comme le Philodendron selloum[5], la production de chaleur pourrait être associée avec l'UCP (uncoupling proteins).
Le taux de respiration de certaines plantes à inflorescence thermogénique est très élevé et peut même dépasser celui d'animaux à sang chaud. Ainsi, les tissus de l'Arum maculatum produisent jusqu'à 400 mW g-1 alors qu'un colibri en vol ne produit que 240 mW g-1.
- Thermorégulation
Quelques espèces à fleurs thermogéniques sont aussi aptes à maintenir une température à peu près constante indépendamment de la température de l'air ambiant. Cette thermorégulation[5] a d'abord été démontrée chez le Philodendron selloum puis chez d'autres aracées et chez le lotus (Nelumbo nucifera).
Notes et références
- THERMORÉGULATION, biologie », Encyclopaedia Universalis, 2008. Consulté le 29/04/2011 René LAFONT, «
- La cryothérapie corps entier », Etienne Barbiche, 2009. Consulté le 15/05/2011 Dr Etienne Barbiche, «
- thermogenèse alimentaire », Synemorphose inc., 2009. Consulté le 02/05/2011 Maxime St‐Onge, «
- Giberneau M, Brabé D, Des fleurs « à sang chaud », Pour la Science, Septembre 2007, p 50-56
- (en) Roger S. Seymour, K. Ito, « Temperature Regulation by Thermogenic Flowers », dans A Compagnion to Plant Physiology, 2006, p. [1]
- S. Meyer, C. Reeb, R. Bosdeveix, BOTANIQUE, Biologie et physiologie végétales, Maloine, 2008
- McDonald A, Vanlerberghe G, « Branched mitochondrial electron transport in the Animalia: presence of alternative oxidase in several animal phyla », dans IUBMB Life, vol. 56, no 6, 2004, p. 333–41 [lien PMID, lien DOI]
- Sluse FE, Jarmuszkiewicz W, « Alternative oxidase in the branched mitochondrial respiratory network: an overview on structure, function, regulation, and role », dans Braz. J. Med. Biol. Res., vol. 31, no 6, 1998, p. 733–47 [lien PMID, lien DOI]
- (en) Moore AL, Siedow JN, « The regulation and nature of the cyanide-resistant alternative oxydase of plant mitochondria », dans Biochim Biophys Acta, vol. 1059, 1991, p. 121-140
- Eve-Marie Josse, « Caractérisation d'une oxydase terminale plastidiale impliquée dans la biosynthèse des caroténoïdes et dans la réponse au stress », dans Thèse, Un. Joseph Fourier, 2003
Bibliographie
- A.Bal, C.Calamand, C.Cotton, G.Gohau, M.Lebellégard, C.Marconis, D.Richard, M.Sebbah, C.Tortora Régulation: la régulation des fonctions, Hachette, synapses, 1992, 2-01-018439-9, p. 78-82.
- Séguy, Bernard, Physiologie :. 3 : fonction endocrine, fonction sexuelle et de reproduction, fonction de thermorégulation, fonction nerveuse, Maloine, Dossiers médico-chirurcaux de l'infirmière, 1984, 2-224-01013, p. 125-134.
- Dr Etienne Barbiche, « La cryothérapie corps entier », Etienne Barbiche, 2009. Consulté le 15/05/2011
- René LAFONT, « THERMORÉGULATION, biologie », Encyclopaedia Universalis, 2008. Consulté le 29/04/2011
- Maxime St‐Onge, « thermogenèse alimentaire », Synemorphose inc., 2009. Consulté le 02/05/2011
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