- Une journee particuliere
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Une journée particulière
Une journée particulière Titre original Una Giornata particolare Réalisation Ettore Scola Acteurs principaux Sophia Loren (Antonietta)
Marcello Mastroianni (Gabriel)Scénario Ettore Scola
Ruggero Maccari
Maurizio CostanzoMusique Armando Trovajoli Décors Luciano Ricceri Costumes Enrico Sabbatini Montage Raimondo Crociani Production Carlo Ponti Société de production Compagnia Cinematografica Champion
CanafoxSociété de distribution CCFC
20th Century Fox ItaliaFormat Couleur par Technicolor (sépia)
Monophonique
35 mmGenre Drame Durée 105 min Sortie 17 mai 1977 Festival de Cannes France Langue(s) originale(s) italien Pays d’origine France Une journée particulière (Una giornata particolare) est un film italo-canadien réalisé par Ettore Scola et sorti en 1977.
Sommaire
Synopsis
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Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
En pleine période fasciste italienne, nous assistons à la rencontre de deux êtres que tout semble séparer. Le pays en est à sa 16e année de fascisme et vit un tournant avec une fuite en avant : alliance allemande, lois raciales, déclaration de guerre (référence historique au 16 mai 1938). À Rome, le 8 mai 1938, Hitler rencontre Mussolini. Tous les Romains ont déserté leurs habitations pour aller assister à la cérémonie. Dans un grand immeuble, Antonietta, en bonne mère de famille nombreuse (conformément à l’endoctrinement mussolinien : un mari tout ce qu’il y a de plus machiste et six enfants), est contrainte de rester à la maison pour s’occuper des tâches ménagères alors qu’elle serait bien allée voir le Duce comme tout le monde. Le hasard va la mettre en contact avec un homme esseulé qu'elle a aperçu dans un appartement de l’autre côté de la cour. Il s’agit de Gabriele, un intellectuel homosexuel qui, pour cette raison, a été exclu de la radio nationale où il était présentateur et est menacé de déportation. Antonietta et Gabriele, sur fond de retransmission radiodiffusée de la parade militaire émanant de chez la concierge, vont d’abord s’affronter idéologiquement avant de se reconnaître dans leur commune et profonde solitude pour finalement vivre d’intenses émotions. À l’issue de cette journée particulière, chacun va de nouveau se retrouver emprisonné : la police vient arrêter Gabriele tandis qu’Antonietta, une fois la famille revenue, va se soumettre, comme d’habitude, au devoir conjugal.
Analyse
L'organisation de l'ensemble d'immeubles et leur équipement intérieur traduisent la politique sociale de l'Italie fasciste.
Les immeubles sont disposés autour d'une cour rectangulaire au centre de laquelle a été construit un jardinet dont la forme rappelle celle des cirques de la Rome antique, comme le Circus Maximus. Les habitants sont obligés, pour sortir de l'immeuble, de contourner cette structure qui évoque la splendeur passée et présente de la Rome impériale. On débouche dans la rue par un porche percé dans l'un des immeubles, sur lequel veille Madame Cécilia, la concierge veuve, qui tout autant que le cerbère chargé de la propreté des lieux, est la garante du respect des bonnes mœurs et de l'orthodoxie fasciste. On l'imagine aisément servir d'indicateur pour la police politique, l'OVRA (Organizzazione di Vigilanza e Repressione dell'Antifascismo). La concierge n'est d'ailleurs pas seule à surveiller les habitants de la cité, puisque la cour est juste assez exiguë pour que chacun puisse surveiller son vis-à-vis depuis ses fenêtres. On retrouve dans l'habitat moderne de l'Italie des années 1930 la volonté fasciste de nier l'individu au profit des masses agissantes, orientées vers la réalisation d'un idéal commun. Les appartements sont spacieux et très bien équipés pour l'époque : évier avec eau courante chaude et froide, salle de bain, toilettes, sans doute chauffage central. La famille Tiberi dispose par ailleurs d'un réfrigérateur et Gabriele a le téléphone. Les habitants appartiennent à la classe moyenne plutôt aisée et les Tibéri doivent sans doute leur présence dans l'immeuble au statut de fonctionnaire affilié PNF (Parti national fasciste). L'OND (Œuvre nationale du temps libre) veille dans l'Italie de Mussolini au bien-être des Italiens. Bien que l'on tente de lutter contre l'exode rural, il est nécessaire de se lancer dans une politique ambitieuse de construction de logements, qui s'inscrit dans les grands travaux que le régime totalitaire (voir totalitarisme) va lancer afin de moderniser le pays et d'occuper la main-d'œuvre.Les immeubles sont pratiquement vides en cette singulière journée, Antonietta mère de famille nombreuse et Gabriele, homosexuel, sont reclus.
Non représentatifs de cette nouvelle Italie en marche, ils n’ont pas le droit d’acclamer les maîtres du moment.
Ces quelques heures vont permettre à ces deux cas extrêmes curieusement associés par leurs différences de communiquer.
La distance des incompréhensions va peu à peu diminuer. Cette mère « truie » porteuse d’abord réticente au discours hors norme de cet homme refoulé suite à sa non-conformité va se laisser conquérir et remettre en question son statut de « sous femme », créature soumise aux désirs de son mari, nerf de la guerre d'un régime considérant l'homme comme seigneur et maître.
Sa vue baisse, Antonietta est vieille avant l'âge, les tâches quotidiennes épuisantes ne sont porteuses d’aucune reconnaissance de la part d’un régime qualifiant uniquement les femmes d’organismes de reproductions et de machines à dépoussiérer.
Antonietta est harassée par les nombreuses tâches quotidiennes ménagères à effectuer : lits à faire, lessives, repas qu’il faut préparer pour ce troupeau qui rentrera affamé sans considération aucune sur les états d’âmes d’une femme épuisée par le labeur domestique.
Gabriele par ses propos est convaincant, Antonietta grisée se reconsidère puis cède à cette nouvelle passion mais celui-ci se rétracte.
Une journée particulière bénéficie d’une couleur amputée au maximum, à la limite du noir et blanc.
L’image blafarde est le visage terni d’Antonietta, un regard creusé, une exceptionnelle métamorphose acceptée par une grande comédienne perdant de sa superbe pour incarner une femme fanée, détruite par des théories imbéciles non durables à long terme.
Antonietta, en lente destruction morale et physique, trouve l’espace d’un moment une lueur d’espoir véhiculée par un homme courageux digne dans l’acceptation d’un état différent de la normalité.
L’État broyeur de marginaux déportera ce « parasite homosexuel » de société.
Antonietta résignée continuera sa longue agonie.
Symbolique
Les objets symboliques du film reflètent la situation de l'Italie fasciste :
- Robe d'hôtesse d'Antonietta, ses pantoufles, ses bas usés.
- Le lustre lampadaire
- La radio : son obsession
- Image de Gabriele qui contredit le son de la radio
- Un espace fermé (qui met en place les 3 unités du théâtre classique)
- Tenue noire de la concierge, en deuil de son mari, idéologie nazie
- Tableaux, BD d'enfants, journaux : divers objets de propagande du régime
- le mainate, par son pouvoir de reproduction mécanique de la voix, symbolise la capacité d'un peuple à suivre l'idéologie dominante de l'époque
Fiche technique
- Titre : Une journée particulière
- Titre original : Una Giornata particolare
- Réalisation : Ettore Scola
- Scénario : Ettore Scola, Ruggero Maccari, Maurizio Costanzo
- Musique : Armando Trovajoli
- Directeur de la photographie : Pasqualino De Santis
- Cadreur : Idelmo Simonelli
- Assistants-réalisateur : Silvio Ferri, Marco Pettini
- Décorateur : Luciano Ricceri
- Ingénieur du son : Carlo Palmieri
- Costumes : Enrico Sabbatini
- Maquilleur : Franco Freda
- Coiffeuse : Ada Palombi
- Scriptes : Paola Scola, Ilde Muscio
- Monteur : Raimondo Crociani
- Pays d’origine : Italie, Canada
- Producteur : Carlo Ponti
- Directeur de production : Giorgio Scotton
- Sociétés de production : Compagnia Cinematografica Champion (Rome), Canafox (Montréal)
- Distributeurs d’origine :
- Pour la France, CCFC (Compagnie Commerciale Française Cinématographique, Paris)
- Pour l’Italie, 20th Century Fox Italia (Rome)
- Période de tournage : 13 décembre 1976 au 18 février 1977
- Studio et extérieurs : Rome
- Langue de tournage : italien
- Format : couleur par Technicolor (sépia) – son monophonique – 35 mm
- Genre : drame
- Durée : 105 minutes
- Dates de sortie :
Distribution
- Sophia Loren : Antonietta
- Marcello Mastroianni : Gabriele
- John Vernon : Emanuele, le mari d’Antonietta
- Françoise Berd : la concierge
- Patrizia Basso : Romana
- Tiziano De Persio : Arnaldo
- Maurizio Di Paolantonio : Fabio
- Antonio Garibaldi : Littorio
- Vittorio Guerrieri : Umberto
- Alessandra Mussolini : Maria Luisa
- Nicole Magny : La fille de l'officier
Distinctions
- 1977 : nommé pour la Palme d'or au Festival de Cannes
- 1978 : César du meilleur film étranger
- 1978 : Golden Globe Award : Meilleur film étranger
Vidéographie
- 2005 : Une journée particulière d’Ettore Scola, 1 DVD Région 2, René Château Vidéo. Malheureusement, la version originale sous-titrée est introuvable en France.
Lien externe
(fr+en) Une journée particulière sur l’Internet Movie Database
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