- ROMMEL (E.)
- ROMMEL (E.)ROMMEL ERWIN (1891-1944) maréchal allemandWurtembergeois, Erwin Rommel est fils d’un professeur de Heidenheim; il entre comme cadet au 6e bataillon du 124e régiment d’infanterie, à Weingarten, et reçoit en 1912 le brevet de lieutenant. Il se couvre de gloire pendant la Première Guerre mondiale et il est décoré de l’ordre «Pour le Mérite». Sympathisant du national-socialisme il prend, à l’automne de 1933, le commandement d’un bataillon de chasseurs à Goslar, avant d’être chargé de cours à l’école de guerre de Potsdam, puis assure la direction de l’école de guerre de Wiener-Neustadt. Il écrit à l’intention des jeunes hitlériens un manuel d’instruction tactique qui connaît un gros succès: L’Infanterie attaque (Infanterie greift an ). Très bien vu de Hitler, il est en 1938 l’un des chefs du quartier général du Führer. Commandant la 7e division blindée pendant la campagne de France (mai-juin 1940), il donne l’assaut aux troupes françaises sur la Meuse, sur le canal de La Bassée; puis il fonce sur Lille qu’il attaque, et faisant volte-face, il traverse la Somme et enfonce la ligne Maginot. Il surgit partout à l’improviste, et plus particulièrement là où on ne l’attend pas, réglant l’affaire rapidement et partant vers un nouvel objectif en semant le désarroi chez l’adversaire. Sa valeur personnelle et ses méthodes tactiques attirent l’attention du colonel général Guderian, inspecteur des troupes rapides et pionnier de la guerre des chars. Désigné par lui comme modèle de l’armée moderne, Rommel est nommé par Hitler en 1941 commandant de l’Afrika Korps qui doit porter de toute urgence secours en Libye à l’allié italien menacé. Pendant deux années en Afrique du Nord, il va affirmer la qualité de son talent de grand capitaine. Sa figure va devenir légendaire; Wawell, Auchinleck et Montgomery, qui seront tour à tour ses adversaires, l’estiment à sa juste valeur. Parfois réputé fantasque, Rommel est un calculateur précis sur le théâtre d’opérations, en même temps qu’un chef de troupe de style moderne, qui sait rompre avec la tradition quand il s’agit de remporter la victoire. Il pense et commande de façon révolutionnaire, réalisant des plans audacieux dans des opérations de grand style, couronnées de succès. Les historiens militaires voient en lui un éminent spécialiste du désert. Ils soulignent et commentent avec admiration ses audacieuses opérations en Cyrénaïque, son impétueuse avance jusqu’à El-Alamein, ses plans pour la prise d’Alexandrie et du Caire, simples étapes sur la route qui devait le mener jusqu’au Caucase pour prendre les Soviétiques à revers. Ses plans échouèrent par suite de l’entêtement du commandement italien, des retards dans l’arrivée des renforts — la campagne de Russie absorbe les forces allemandes — ainsi que de la supériorité matérielle des Alliés. Promu maréchal par Hitler en 1942, Rommel se trouve pris entre deux feux après le débarquement anglo-américain du 8 novembre en Afrique du Nord. Il est obligé de reculer devant l’offensive britannique déclenchée le 23 octobre 1942. Il parvient à regrouper ses forces sur la ligne Mareth mais, ne recevant en renfort ni hommes ni matériel, il se présente au G.Q.G. du Führer afin de réclamer cette aide indispensable pour conserver le théâtre d’opérations africain. Mais il n’est tenu aucun compte de ses suggestions. Le 11 mars 1943, il reçoit des mains de Hitler les diamants de la feuille de chêne avec épées pour sa croix de chevalier de la Croix de fer (27 titulaires), mais le haut commandement d’Afrique lui est retiré, cependant qu’on lui ordonne de suivre une cure; le maréchal s’était permis de tempérer l’optimisme du Führer. Au printemps de 1944, il commande les forces du mur de l’Atlantique. Quand les Alliés débarquent, dans la nuit du 5 au 6 juin, il est parti pour l’Allemagne depuis la veille sur la foi d’informations excluant toute possibilité de débarquement jusqu’au 15. Il rentre le même jour; il ne peut s’opposer à la percée alliée et, le 17 juin, il essaie en vain de faire adopter à Hitler son plan de contre-attaque. Il est grièvement blessé le 17 juillet par des chasseurs-bombardiers qui mitraillent sa voiture pendant une inspection du front. Atteint de nombreuses fractures, il doit abandonner son commandement. Dès le début de 1944, Rommel avait été contacté par des amis de Goerdeler en vue d’obtenir son appui dans le putsch projeté contre Hitler. Le maréchal avait très vite donné son accord, non à un assassinat — il ne fallait pas faire un martyr — mais à une arrestation du Führer. Au cours de l’une des nombreuses conférences qu’il eut avec les conjurés du 20 juillet, Rommel fut désigné pour exercer l’intérim à la direction de l’État. Il semble que Rommel ait, avec d’autres, entretenu l’illusion que les Alliés se rangeraient aux côtés de l’Allemagne, après la chute des nazis, pour une lutte commune contre le bolchevisme. Rommel passe sa convalescence dans sa propriété de Herrlingen lorsque, le 14 octobre 1944, les généraux Burgdorf et Maisel font irruption dans le bureau du maréchal et lui déclarent que la «Cour d’honneur de la Wehrmacht» a prononcé son exclusion de l’armée. Convaincu de sa participation au putsch manqué contre Hitler, il ne reste à Rommel que deux possibilités: se présenter devant le tribunal du peuple (la condamnation à mort ne faisait aucun doute) ou se suicider. Rommel choisit le poison. Hitler lui fit des funérailles nationales. En vérité, il lui était difficile de traîner devant le tribunal du peuple le chef le plus populaire de l’Allemagne et de l’assimiler à «une petite clique d’officiers». Les carnets personnels de Rommel ont été publiés en 1953 par l’historien anglais Liddell Hart, sous le titre La Guerre sans haine.
Encyclopédie Universelle. 2012.