Chapter Text
Cette fanfic, je l'ai dans un coin de ma tête depuis 2019/2020 mais je ne savais pas comment l'écrire et j'ai fais plusieurs versions avant de me décider sur une définitive. Je suis tellement impatiente d'avoir vos retours dessus car c'est une histoire qui me tient à coeur. Histoire qui m'a donné envie de créer un Multiverse à Saint Seiya un peu comme dans Episode G (je n'ai pas beaucoup lu ces spin-off cela dit). Par contre, il ne se basera que sur la série originale en pointant du doigt certains points sombres ou incohérents dans le canon ou juste exploiter mes headcanons ou simplement écrire sur des personnages que j'aurais aimé voir plus et leur donner plus d'importance. En tout cas, j'ai décidé de donner une plus grande place à certains personnages secondaires et notamment Seika qui est un personnage que j'aime énormément et qui est très important dans l'œuvre.
Dans cette fanfic, on suivra deux points de vue: celui de Shura et celui d'Aiolos qui sont les deux personnages principaux. Mais il y aura aussi quelques chapitres avec les points de vue de Saga et d'Aiolia car je ne peux pas les mettre de côté car ils sont eux aussi importants dans le récit. Même si j'avoue que c'est surtout Shura que l'on va suivre vu que c'est lui le héros de l'histoire.
Cette fois, c'était la dernière ligne droite. Ajustant sa tunique rapiécée, Shura regarda son maître qui le fixait d’un air sévère. Il savait qu’il n'avait droit à aucune erreur. Il avait été durement entraîné pour en arriver là et s'il échouait, la lame promise allait lui trancher le cou. Le jeune garçon regarda une dernière fois son mentor avant de porter son regard sur la mer en face de lui. Ses yeux noirs observèrent l’immensité bleue jusqu'à fixer un point sombre. Un rocher aux arêtes coupantes bravait les vagues à un kilomètre de distance. Une pierre millénaire portant des traces sur sa surface. Un roc dur et réputé incassable et où des centaines de lames s'étaient brisées n'entamant qu’à peine la roche. Et c’était lui sa cible. Son dernier défi était simple: il devait utiliser son cosmos pour le trancher et ainsi fendre la mer en deux.
Concentrant son cosmos en une aura dorée, Shura inspira un grand coup. Il ne devait pas avoir peur. Maîtriser ses émotions était la clé de sa réussite. Garder son cœur apaisé et fermé mais l’esprit vif et clair. Son maître lui avait répété cette phrase comme un mantra de sorte qu’il le connaissait par cœur et pouvait entendre la voix de son mentor dans sa tête. S’il suivait ce qu’il avait appris, il n’y avait aucune raison pour qu'il échoue.
Shura ferma les yeux et le rouvrit, déterminé. Il n'avait pas sué sang et eau durant plusieurs années pour rien. Il allait réussir et obtenir l’armure du Capricorne et Excalibur. Faisant migrer son cosmos dans sa main, le garçonnet leva le bras et l'abattit avec force devant lui. Presque aussitôt, la mer se fendit en deux, laissant voir le fond marin tandis que le rocher se retrouva avec une coupure nette et lisse le séparant en deux parties parfaitement identiques. Constatant sa réussite, Shura se tourna vers son maître qui lui offrit un léger sourire. Manifestement, il avait réussi le test final.
— Je te félicite, lui dit-il non sans une certaine fierté. Je vois que tu as parfaitement respecté mes enseignements.
Il désigna le rocher tranché.
— Aucun de mes précédents élèves n’avait réussi l’exercice. Pourtant, je vais t’avouer quelque chose: ce rocher n’a jamais résisté aux lames les plus tranchantes. C’est une pierre ordinaire et pourtant, personne n’a réussi à la trancher. Sais-tu pourquoi ?
Shura haussa les épaules et secoua négativement la tête.
— Parce qu’ils laissaient le doute les envahir. Et quand l’on commence à douter de ses capacités, on devient plus faible car on ne se fait plus confiance. Et c'est là que le cœur est faillible: nos émotions perturbent notre jugement. Il est vital d’apprendre à les maîtriser. Je te l’accorde que ce n’est pas toujours facile mais il faut fermer son cœur et affûter son esprit. C’est ainsi qu’un chevalier d’Athéna doit être. Loyal, droit et sans pitié. Protéger notre déesse est notre priorité et je ne peux imaginer la servir mieux que de cette manière.
Shura ne pouvait être que d’accord. Après tout, garder ses émotions à l’intérieur de soi était une sécurité nécessaire pour accomplir son devoir, il en était convaincu.
— Tu l’as bien gagné, lui dit son maître en désignant l’armure d’or. Je n’ai désormais plus rien à t’apprendre.
Il avait réussi. Shura s’autorisa un sourire satisfait avant de poser la main sur son armure. Aussitôt, celle-ci se fragmenta pour le recouvrir. Elle aussi l’acceptait en tant que porteur. Il ne restait plus qu'une seule chose à faire et il sera le nouveau chevalier du Capricorne. Excalibur, cette épée mythique qu'Athéna avait donné au premier chevalier du Capricorne durant l'ère mythologique, gage d’une grande confiance de la part de celle qui n’aimait pas les armes et la violence. Son maître posa ses mains dans les siennes et en un éclat de cosmos, Excalibur changea de porteur.
— À présent, tu es le gardien de cette épée et du dixième temple zodiacal. J'espère que tu seras à la hauteur de tes responsabilités.
***
À la hauteur de ses responsabilités ? Maintenant qu’il était dans le temple qu’il allait devoir défendre, Shura se sentait quelque peu intimidé. Certes, il se doutait bien qu'être un chevalier d’or représentait un lourd poids à porter et que ce bâtiment antique et austère n'était que la partie immergée de l’iceberg. Posant sa Pandora Box dans un coin, Shura observa ses appartements privés. Un salon modeste avec une table basse en bois et un canapé rudimentaire, une petite chambre qui était anciennement la sienne et une autre plus spacieuse qu’il allait à présent occuper comportant un lit simple, une armoire et un miroir plein pied. La dernière pièce était une petite salle de bains faite de faïence blanche avec un seau, un petit poêle pour chauffer l'eau et une vasque avec un miroir. Pas le confort optimal mais cela ne le dérangeait pas. Les seules choses qu’il devait faire était de faire le ménage et demander une permission au Grand Pope pour descendre à Athènes s’acheter quelques habits civils pour remplacer sa tunique miteuse.
Une fois l’inspection des lieux effectuée, Shura se rendit à nouveau dans le hall de sa nouvelle demeure. Cela lui faisait étrange de porter cette armure qu'il convoitait depuis tellement de temps. Pour l'instant, Athéna ne s'était pas encore réincarnée, ce qui lui laissait un peu de temps pour se faire à son nouveau statut. Il décida alors de se rendre au niveau des arènes d'entraînement. Avec un peu de chance, il serait là.
***
Même s'il était encore bien jeune, Shura était l’un des chevaliers d’or les plus âgés. Enfin, du moins le sera-t-il quand les autres apprentis obtiendront le précieux sésame doré. Car pour l’heure ils étaient encore un peu jeunes pour avoir leur armure. En passant devant les arènes, Shura pu voir qu'en plus du chevalier d’argent qui supervisait l'entraînement il y avait également celui qu’il cherchait.
Aiolos. Il ne portait pas son armure aujourd'hui mais à la place une tenue d'entraînement composé d’un pantalon, de bottes et d’une tunique avec des protections en cuir. Néanmoins il avait gardé son bandeau rouge qui retenait ses boucles brunes en arrière. Shura ne put s'empêcher de sourire en le voyant. Il descendit les marches pour le rejoindre. Rapidement, l'éclat de son armure attira les regards. Malgré son air impassible, Shura se sentit un peu mal à l’aise devant toutes ces paires d'yeux qui le fixaient. Malaise bien vite brisé par une petite tête blonde qui arriva en courant vers lui.
Aiolia. Shura eut un léger sourire. Le petit garçon avait visiblement décidé de marcher dans les pas de son grand frère, Aiolos. Non content de porter la même tenue que lui, il avait aussi essayé d'imiter ses techniques. Certes, son cosmos n'était pas encore assez développé pour prétendre au titre de chevalier d'or mais il s'était grandement amélioré depuis la dernière fois qu’il l’avait vu. Non seulement il avait grandi et son cosmos s'était également amélioré. Sans doute ferait-il un chevalier d’or redoutable le moment venu.
— Oh, tu l’as eu ! s'exclama Aiolia en sautillant autour de lui.
Shura lui ébouriffa amicalement les cheveux pendant que Aiolos venait vers lui, un sourire chaleureux aux lèvres.
— Aiolia, doucement, le sermonna-t-il. En tout cas, félicitations, je suis heureux de te voir revenir avec cette armure.
— Pour être honnête, ce n'était pas si difficile. Une fois que tu sais que tu es capable de le faire, c’est facile.
Aiolos hocha la tête. Lui aussi avait eu plutôt facilement son armure donc il comprenait ce que le Capricorne voulait dire.
— Donc je pourrais avoir mon armure tout de suite ? demanda Aiolia en regardant son frère, le regard plein d’espoir.
Sa demande fit rire le Sagittaire tandis que Shura roulait des yeux.
— Aiolia, tu ne peux pas l’avoir tout de suite, tu n’es pas encore prêt.
Le petit garçon prit un air boudeur. Il allait protester quand Shura le souleva du sol.
— Essaie de te dégager. Si tu y arrives, alors tu auras ton armure.
Aiolia le regarda, étonné mais se démena pour s'échapper des bras du plus âgé en se débattant autant qu'il put sans succès. Après plusieurs minutes d’efforts, l’apprenti capitula et Shura le posa au sol.
— Obtenir ton armure ne sera pas difficile, j’en suis sûr car tu as un excellent professeur. Cependant, tu n’es pas encore assez puissant pour cela car ne devient pas chevalier d’or qui veut. Il faut aussi avoir les capacités pour ça et tu ne les as pas encore.
Il observa Aiolia et une idée lui vint pour motiver le plus jeune.
— Je te propose un défi: si tu parviens un jour à me battre, alors tu seras digne de porter l’armure du Lion. Marché conclu ?
Aiolia retrouva son sourire et hocha vigoureusement la tête.
— Je vais m'entraîner tellement dur que tu ne vas rien pouvoir faire contre moi !
Sur ces mots, il repartit s’entraîner avec les autres. Aiolos se tourna vers Shura.
— Merci. Cela lui donne un challenge intéressant et qui va le pousser à se surpasser.
— Tu me remerciera quand il aura son armure, répliqua son ami. D’ailleurs, je pense que tu n’es pas assez sévère avec lui.
Le Sagittaire eut un sourire gêné. C’était vrai qu’il manquait parfois d’autorité et de rigueur avec son jeune frère. Saga lui avait déjà fait la remarque. Mais il n’avait pas l’étoffe d'un maître sévère.
***
Installé à son bureau, Shion était en train de rédiger une lettre quand il reçut un appel mental.
— Je ne pensais pas que tu allais me contacter aussi rapidement, Dohko.
— Excuse-moi si je te dérange dans tes tâches, s’excusa son interlocuteur, mais je voulais discuter avec toi d’un sujet important.
Un sujet important ? Shion reposa sa plume dans l'encrier pour entièrement se concentrer sur la conversation. Il avait sa petite idée sur le sujet de cette discussion mais il préféra laisser son ami parler en premier.
— Il me semble avoir déjà abordé le sujet avec toi alors je vais être bref: tu dois céder ta place de Grand Pope. Tu es trop vieux pour diriger et protéger efficacement le Sanctuaire et la réincarnation d'Athéna est imminente. Il faut un chef capable de se combattre si jamais l’ennemi venait à passer les Douze Maisons.
Shion soupira. Effectivement, c'était une conversation qu’il avait déjà eue avec le chevalier de la Balance quelques mois plus tôt. Il lui avait promis d’y réfléchir mais il n’avait pas encore pris une décision.
— Le problème, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de candidats. En fait, il y en a uniquement deux. Je ne suis pas sûr que…
— Le temps presse, Shion. Tu n’as pas le loisir de réfléchir longtemps sur ta succession.
Dohko avança un peu plus son pion.
— Je comprends que tu ne souhaites pas imposer ce poste à quiconque et que cela a été très dur pour toi d’en hériter il y a deux cents ans. Peut-être juges-tu aussi que ce n’est pas ton devoir mais malheureusement tu n’as pas le choix. Et je pense que les potentiels candidats le savent aussi bien que toi. Loin de moi l’idée de te forcer la main mais je pense qu’il est temps de laisser ta place.
Shion savait que son ami avait raison et que le choix du nouveau Grand Pope ne pouvait pas attendre indéfiniment. Malgré l’urgence, il devait quand même bien réfléchir. Saga était sans doute le meilleur choix au vu de sa popularité et de sa personnalité. Surtout qu’il y avait Kanon pour récupérer l'armure des Gémeaux ce qui faisait qu’aucun chevalier n’allait manquer s'il prenait le poste. Néanmoins, même si c'était d’un point de vue stratégique la meilleure option, Shion hésitait. Quelque chose chez l’adolescent le mettait mal à l’aise. Il avait l’impression de commettre une erreur en le choisissant.
La seconde option était Aiolos. Il était autant respecté que Saga et avait tout pour être un modèle pour les prochaines générations. Il était particulièrement apprécié également, ne rechignant jamais à entraîner les apprentis et à jouer avec eux. Sentant son hésitation, Dohko le rassura.
— Je suis certain que tu feras le bon choix. En plus, cela te permettra de te concentrer davantage sur Mû.
Sur ces mots, la Balance coupa la communication laissant Shion avec ses pensées.
***
Pendant ce temps, dans ses appartements privés, Saga était en train de relire son rapport de mission quand Kanon fit irruption dans la pièce. Le chevalier d’or voulut lui faire une remarque mais après tout son jumeau était également chez lui et il ne pouvait pas le chasser.
— Tu crois que c’est quand que le vieux va enfin te désigner comme son successeur ? voulu savoir le plus jeune en tirant une chaise pour s’asseoir.
— Kanon, un peu de respect, le reprit son aîné. Ça viendra mais peut-être pas tout de suite.
Son cadet fit la moue et croisa les bras.
— Ton nom est sur toutes les lèvres pour ce poste. Si tu le récupère, je vais avoir ton armure, nous sommes bien d’accord là-dessus ?
— Oui, c’est exact. Je t’ai déjà dit que le moment venu, tu pourras me remplacer.
Et Kanon semblait bien impatient de devenir le chevalier des Gémeaux. Cela étant, il pouvait difficilement lui en vouloir d'être pressé. Son jumeau voulait une armure depuis longtemps et il était heureux que celle-ci lui revienne.
— Soit patient, je suis sûr que c’est pour bientôt.
Le soir venu, Shura était en train de nettoyer son armure quand un cosmos puissant mais chaleureux et doux envahit le sanctuaire. Enfilant instinctivement son armure, il alla jusqu'à la grande statue représentant Athéna. C'était là que le cosmos était le plus puissant. D'ailleurs, ce phénomène n’avait pas attiré que lui. Tous les chevaliers étaient présents ainsi que les apprentis qui arrivaient. Finalement, le Grand Pope en personne quitta le Treizième pour voir ce qui se passait. Après environ une minute, un minuscule nouveau-né apparu enveloppé dans un linge blanc. Shion le prit dans ses bras avant de se tourner vers les chevaliers.
— Notre déesse est revenue parmi nous. A présent, nous allons devoir rester vigilants. Son retour est l’annonce des prémices d'une nouvelle guerre sainte.
Une guerre sainte… bien sûr, c'était prévu depuis la défaite d’Hadès plus de deux siècles plus tôt mais la chevalerie dorée comptait moins de la moitié des effectifs et ils étaient tous jeunes. Shion pensait qu’il disposait d'encore un peu de temps mais il allait devoir prendre rapidement une décision maintenant qu’Athéna était de retour parmi les humains. En entrant dans le treizième temple, le Grand Pope se fit la réflexion que la fin de ce vingtième siècle sera bien sombre.