Chapter 1: Les premières bûches d'un feu
Chapter Text
Les prisons et centres de détention de Snezhnaya étaient gelés. Il en était ainsi afin d’exprimer la colère de la Tsarine lorsqu’on lui brisait le cœur. La Déesse bien-aimée qui honorait la terre et épargnait les hommes du rude appel de l’hiver. Ou du moins, c’est ce que disait Mère.
Peruere se retrouva emprisonnée pour le meurtre d’un officier de haut rang : Le Valet. Bien que Snezhnaya la traitait de traîtresse, Peruere elle n’était pas surprise que Crucabena ait fini par trouver la mort. On récolte ce que l’on sème. Crucabena avait maculé la terre de sang innocent. Elle devait donc récolter la destruction qui en résultait. C’est ce que lui disait la Lune Sinistre dans ses rêves. Elle lui avait appris beaucoup de choses qu’elle pouvait comprendre. Le reste n’était qu’un charabia incompréhensible. Un fouillis flou. Elle accepta volontairement sa condamnation entre le moment où elle avait été capturée et le moment où elle était emprisonnée. Elle avait semé son destin. Peu importait à quel point elle en était mécontente. C’est un jeu dangereux que de défier le destin. C’est d’autant plus dangereux de gagner face à lui. Et le défier encore plus ne pourrait résulter qu’en une calamité.
L’araignée, blottie dans le creux de ses mains, tressaillit lorsque la chaleur la gagna. C’était une chose insignifiante aux yeux du destin. Peu importait si elle l’avait sauvée du froid ou non. Cela n’aurait aucun impact sur la grande toile du destin. L’araignée l’avait compris elle aussi. Elle profitait de la chaleur mais ne donnerait rien en retour.
“ Peruere”
Un agent.
“ Par la présente, vous êtes graciée pour le meurtre d’un agent de haut rang, le Valet. Vous serez temporairement nommée Roi du Foyer de l’Atre. De plus amples clarifications concernant votre nouvelle position vous seront transmises plus tard. Que sa Majesté vous guide”
Mère ? Non, Père. A son âge ?
Elle avait à peine 18ans. Cependant, c’était le rêve de Clervie. Clervie…
La porte de sa cellule était ouverte, appelant enfin à la liberté.
“Suivez moi. Nous devons commencer toutes les démarches officielles concernant votre libération”
–o–
Le miroir était un endroit solitaire. Furina vivait un mensonge. Elle n’était pas Foçalors. Elle n’était pas la porteuse de la Justice. Au mieux, elle était un agneau, suivant jusqu’à la fin les instructions de Foçalors. Peu importe ce qu’elles pouvaient être. La scène, les projecteurs, étaient insupportablement solitaires. Elle voulait ramper jusque dans les ombres, être loin de toutes les attentions. Mais à ce moment-là, les ombres ne voulaient pas d’elle.
Un agneau ne survivrait pas longtemps en dehors du pâturage. Au moment où elle toucherait aux bois obscurs, elle manquerait à son devoir, abandonnant Fontaine aux mains de la Prophétie. Elle devrait supporter ce fardeau jusqu’à ce que Fontaine soit sauvée et ce, en dépit de la profonde solitude qu’elle ressentait. Peu importe à quel point Furina était fatiguée. C’était pour le bien de Fontaine et de tous ses habitants.
Mais une pause ferait du bien
Elle n’est qu’une humaine après tout.
Qui aurait crû que de devenir une divinité était l’accomplissement le plus solitaire de tous. D’autant plus lorsque vous n’êtes rien d’autre qu’une façade, une actrice.
Quand le rideau allait-il tomber ? Quand serait-elle enfin libre ?
“ Ma chère Furina, tu t’en sors si bien. Continue comme ça. Tout devrait bientôt être fini, ma brillante étoile”
Ah, Foçalors…
–X–
Peruere était au centre d’opération principal du Foyer de l’Atre, l’orphelinat de Snezhnaya où ceux étant déshonorés et abandonnés étaient accueillis dans les bras de la Tsarine.
Quel endroit pitoyable c’était.
Au moment même où vous y entreriez, vous entreriez au Purgatoire, vous repentant pour le péché d’être un enfant orphelin. Crucabena s’assurerait que vous méritiez l’amour de sa Majesté. Celestia ne vous offrirait aucun répit, elle était plus disposée à détruire qu’à aimer. Peruere méprisait cette terre, cet endroit. Elle détestait comment ces dieux permettaient que la vie d’enfants innocents soit ruinée. Cependant, une grande opportunité pour changer cet endroit en quelque chose de mieux s’offrait à elle maintenant que Crucabena était morte. Enfin, elle fera pour le mieux.
Comment quelqu’un qui n’a jamais connu l’amour d’une famille pourrait réussir à en créer une ?
Clervie voulait une famille heureuse. C’était maintenant le devoir de Peruere de tenter de créer ladite famille. Rebâtir sur l’ancien, et le transformer en quelque chose de meilleur.
–o–
“Ah, quel merveilleux gâteau. Une petite pause loin des affaires judiciaires est vraiment plaisante. Vous n’êtes pas d’accord, Monsieur Neuvillette ?”
Furina mangeait avec gourmandise ce gâteau si rare dont seulement 16 parts étaient vendues par jour. Quel pur bonheur !
“En effet, Dame Furina”.
Neuvillette était aussi indifférent qu’à l’accoutumée. Peut-être même un peu hostile. Il avait toujours eu des réserves à l’égard des Sept. Furina se demanda comment il pouvait se sentir face aux nouvelles de la mort de Morax. Ou peut-être même à propos des nouveaux accords officiels d’échange avec Inazuma. La Shogun Raiden avait aboli les décrets. Une visite sur l'île de Narukami pourrait être une pause véritablement agréable. Peut-être même qu’elle pourrait rendre visite à l’illustre Guuji du Grand Sanctuaire de Narukami et propriétaire de la maison d’édition Yae.
Furina appréciait grandement les light novels qu’elle achetait à Inazuma, surtout ceux centrés sur la romance.
“Ah Neuvillette, aussi indifférent que d’habitude. Vous avez l’air de vraiment apprécier votre eau, alors peut-être me feriez-vous part de vos sentiments à l’égard du nouveau Duc de Méropide ?”
Furina appréciait se livrer à des conversations triviales afin d’oublier momentanément la Prophétie, et par extension, sa propre solitude.
–x–
“ Sa Majesté la Tsarine a décrété ce qui suit : Je pardonne tes péchés et te donne un nouveau nom. Ce titre et son héritage sanglant sont désormais à toi. Mon pauvre, fou et maudit Valet.”
Ainsi, Peruere est morte.
Elle est Arlecchino à présent, Père du Foyer de l’Atre et Quatrième Exécutrice fatui. Tel l’avait décrété sa Majesté. Elle était peut-être exempte de tout crime, mais une dette était dûe.
Pierro, l’Exécuteur originel, fût celui qui lui annonça les mots de Sa Majesté. Il y avait quelque chose d’étrange à son propos. Il était de Khaenri’ah, ses yeux le trahissaient. La Lune Pourpre avait fait entendre sa soif de vengeance. Elle engloutira bien plus que la dynastie Eclipse cette fois : elle engloutira le monde. Son œil terrifiant était le présage de la destruction qu’elle apporterait elle-même. Pierro savait qu’elle n’était pas tout à fait comme les autres. Une fille de seize ans tuant la Quatrième Exécutrice ? Maniant des flammes purificatrices et portant une malédiction ? Effectivement hors du commun.
Cependant, il n’était pas seul ici. A sa gauche se trouvait un garçon, ou plutôt une marionnette. S’il y avait bien une chose positive à propos de ses yeux, c’était leur perception unique. Bon, peut-être pas la perception la plus accrue, mais au moins bien supérieure à celle de la plupart des êtres humains. A l’opposé du garçon se trouvaient une femme des flammes et Le Capitaine. Le Capitaine qui n’était autre que le Premier des Exécuteurs, un homme honorable qui mérite le respect.
La dame, en revanche, était un cas à part. Une façade suffisante qui cachait en réalité quelque chose. Une très belle façade cela dit.
Cependant maintenant, elle n’avait plus le temps pour ce genre d’observation. L’amour est la plus grande faiblesse et la plus grande force d’un individu. Dans une famille, l’amour apporte coopération et compréhension, un bon point pour l’efficacité. Mais dans le cas présent, il vous rend hésitant et faible.
Arlecchino, le Valet, n’a pas de temps à perdre dans de telles futilités.
–o–
Furina était terrifiée. Le Valet venait de tenter de s’emparer du Gnosis, et peut-être même de la tuer. Furina n’avait pas le Gnosis, il était dans l’Oratrice. Oratrice qui détenait tout ce qui aurait dû lui revenir. A cet instant, elle ne possédait rien d’autre que sa fragile humanité. Une chaude écume qui pourrait se briser si facilement…
Pour l’heure, elle devait rencontrer le Valet lors d’un goûter, ou plutôt un interrogatoire. Le Valet était une diplomate habile après tout. Elle opérait avec une impressionnante efficacité, faisant fi de tout ce qui essayait de se mettre en travers de sa route.
Quelle personne terrifiante.
Furina espérait qu’elle pourrait être aussi indifférente que l’était le Valet, aussi ponctuelle et habile. Un véritable leader inébranlable en soi. Bien plus que l'imposteur qu’elle était actuellement. Imposteur qui laissait la Prophétie lui filer entre les doigts. Tout cela avait pris de l’ampleur suite à la disparition soudaine et la condamnation injustifiée du Onzième Exécuteur Fatui, tirant inexorablement sur une corde fragile. Elle ne pourra pas continuer cette mascarade encore longtemps.
Quand est-ce que tout cela prendra fin ?
–x–
Chapter 2: La première rencontre
Summary:
Elles se rencontrent enfin, mais avec un petit challenge avant qu’elles ne puissent poser ensemble les bases de leur nouveau départ. Néanmoins, Arlecchino ne semble pas désireuse de laisser transparaître une partie plus émotive d'elle-même car cela la rendrait hésitante. Furina apprend qu’être humaine n’est pas évident.
Notes:
Tout d'abord, je tenais à m'excuser. La traduction de ce chapitre m'a pris beaucoup plus de temps que prévu, d'autant plus que j'ai eu quelques imprévus qui m'ont retardé. Ma rentrée approchant à grands pas, je ne peux malheureusement pas vous garantir de poster la suite de la traduction très rapidement. Ah et n'hésitez pas à me dire si certains passages vous semblent confus, j'ai essayé de faire au mieux pour adapter certaines expressions aux notres.
En espérant que cela vous plaira quand même, bonne lecture ^^
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
Elle était libre, Furina était libre! Cela faisait un moment maintenant que tout s'était résolu. Elle avait perdu la notion du temps depuis qu’elle se morfondait au fond de son lit. Du moins, jusqu’à ce que Clorinde fasse irruption. Ce n’est qu’à ce moment-là qu'elle décida de vivre à nouveau, de vivre en tant qu’elle-même. Pas de malédiction, pas de prophétie, pas de Foçalors, juste Furina.
Elle prendrait un nouveau départ. Elle n’habitait plus au Palais Mermonia, qui n’était habité que par Neuvillette désormais. Elle n’était plus l’Archonte non plus, plus de justice ni de paperasse pour elle. Cela fit sourire Furina. Après tout, s’asseoir des heures durant pour traiter de la paperasse était vraiment barbant, bien qu’elle devait remplir sa part des tâches.
A présent, Furina se sentait en quelque sorte nostalgique de cette époque. Malgré l’omniprésence de la menace de la prophétie, elle avait déjà vécu 500 ans. Une durée vraiment non négligeable durant laquelle elle avait pu expérimenter tout un tas de choses, bonnes comme mauvaises. Elle avait vu des héros s’élever et tomber, des enfants grandir et gagner en maturité.
Elle avait même pu goûter une myriade de gâteaux et autres délices qui évoluaient et changeait au fil du temps. Elle avait expérimenté tant de choses qu’un humain n’aurait jamais pu même dans ses rêves les plus fous. Même si tout cela avait un prix, un prix inestimable.
C’était difficile d’être affranchie de ses devoirs passés.
C’était difficile de pouvoir exprimer véritablement de la tristesse, de la joie, de la colère, ou même de la fierté, sans avoir à se cacher.
L’avenir de Furina était désormais entre ses mains. Elle avait obtenu une seconde chance pour pouvoir vivre pleinement sa vie.
Néanmoins, certaines parties de sa nouvelle vie ne changeaient pas tellement de celle d’avant. Elle avait pour habitude de goûter des gâteaux et des desserts tous les jours lorsqu’elle était encore l’Archonte. Furina avait testé certains des desserts les plus raffinés, mais désormais, elle essayait de se raisonner. Furina redoutait de penser à la manière dont elle se sentirait après avoir mangé autant de desserts. Cependant, cela ne l’empêchait pas de s’autoriser un gâteau par jour. Surtout si l’on prend en considération qu’elle en recevait une quantité étrange de la part de son public. Furina voulait découvrir qui se cachait derrière toutes ces livraisons. Cette personne était aussi furtive et discrète qu’un chat.
Elle ne pouvait pas se permettre de laisser un bon gâteau se perdre. Surtout lorsqu’il semblait être fait par la personne elle-même.
Peu importe qui faisait ces gâteaux, il ou elle méritait la gratitude éternelle de Furina de Fontaine pour leur goût exquis, et aussi le fait qu’il lui permettait d’économiser quelques moras.
-–x–-
Un des nombreux devoirs d’un père était d’apprendre aux enfants à être indépendants mais aussi auto-suffisants. Même s’il était agréable d’être en famille, vous ne pourriez pas toujours être derrière eux.
C’était peut-être l’une des seules choses sur lesquelles Arlecchino et Crucabena seraient d’accord. Même si elles aborderaient la question de deux manières très différentes.
La leçon actuelle pour les enfants les plus jeunes portait sur la cuisine et la pâtisserie. Cela constituait peut-être l’une des compétences les plus importantes à avoir, d’autant plus qu’elle serait utile en tant que base pour développer tout un tas d’autres compétences. Pour être fort physiquement, vous devez d’abord avoir de bonnes bases en matière de santé et de style de vie.
Malheureusement, la raison d’être de ces leçons n’était une raison aussi pratique qu’Arlecchino l’aurait souhaité. Quelque chose à l’intérieur d’elle-même cherchait à gagner le pardon de Furina. Elle ne comprenait pas vraiment la raison, peut-être juste être dans les bonnes grâces de quelqu’un comme Furina. Elle n’était peut-être plus l’Archonte, mais elle faisait néanmoins toujours partie des hautes sphères de la société, ce qui en faisait une personne à avoir dans sa poche. Le meilleur moyen d’être dans les bonnes grâces de Furina était bien sûr de lui offrir quelque chose qu’elle appréciait. Les gâteaux étaient donc l’excuse parfaite.
D’abord, elle demandait aux enfants de cuisiner un assortiment de desserts, tout cela requérant une variété de compétences, et ensuite, elle demandait à Lyney de les livrer à sa troupe.
Malheureusement pour elle, cette idée était vite devenue hors de contrôle. Arlecchino devait maîtriser cette faiblesse. Une certaine distance entre amitié et hostilité devait être maintenue. Elle ne devait pas franchir cette ligne, elle avait appris sa leçon il y avait bien longtemps. Arlecchino n’était pas du genre à répéter deux fois la même erreur. Mais pour l’heure, elle se contentait de faire préparer quotidiennement des desserts. Ils formeraient un tout, ainsi les efforts des enfants ne resteraient méconnus et seraient récompensés. Ils pourraient profiter de leur part, et Furina pourrait profiter de la sienne.
Une petite expérience ne pourrait faire de mal à personne. Après tout, elle n’avait rien à perdre si elle perdait les faveurs de Furina. Toutes les questions diplomatiques étaient désormais traitées uniquement avec Monsieur Neuvillette.
-–o–-
Un nouveau rebondissement concernant la question du gâteau quotidien venait d’arriver. Furina était invité par un mystérieux individu à le rencontrer au café Lutèce. Il avait une écriture plutôt soignée. Ce serait super d’enfin pouvoir mettre un visage sur la personne qui lui livrait des gâteaux.
Le rencontre devrait avoir lieu un mercredi après-midi à 3h. Ce qui laisserait à Furina suffisamment de temps pour pouvoir se préparer. Elle se devait de se présenter sous son meilleur jour. Elle était la plus grande star de Fontaine après tout. Ce serait un véritable désastre si elle venait à se présenter dans un accoutrement donnant l’impression qu’elle venait tout juste de se lever
D’un autre côté, elle prenait plaisir à prendre soin de son apparence. Même si cela constituait un souvenir éternel de Focalors. Mais cela ne l’empêcherait pas de se l’approprier. Foçalors ne porterait pas la “Dameisele Accomplie”, pas plus qu’elle n’aurait les cheveux courts, et elle n’aurait certainement pas non plus accès à un seul vêtement de la marque de Chiori !
Mais le plus important, Foçalors n’avait pas son Salon Solitaire : Mademoiselle Crabaletta, qui était toujours là pour elle, s’assurant de la divertir et de la rendre heureuse ; Gentilhomme Usher, qui prenait soin d’elle quand elle avait un coup de mou et qui proposait une performance brillante ; enfin et surtout, la Surintendante Chevalmarin qui s’assurait qu’elle soit heureuse et qui lui donnait les câlins les plus chaleureux.
Heureusement pour elle, ils s’assuraient également de la maintenir sur la bonne voie. Il était difficile de rester focalisé sur un objectif quand vous aviez des milliers d’idées qui feraient d’excellentes pièces de théâtre, ou quand vous étiez obsédé par un light novel populaire. Ah, le temps filait. Elle ferait mieux d’aller au café maintenant. Cela porterait préjudice à son image si elle venait à arriver en retard.
-–ox–-
Le temps était au beau fixe. C’était idéal pour une discussion amicale autour d’une pâtisserie dans un café. Furina se dirigea vers le café. La chaleur qui se dégageait de l’astre au-dessus d’elle l’apaisait, lui donnant l’impression d’être semblable à un chat se prélassant. Elle était parfaitement inconsciente de ses propres cauchemars.
“Dame Furina. Je vous en prie, prenez un siège”
Cette voix.
Ces mains.
Ces yeux.
Arlecchino
“Wah, Le Valet !?”
Furina se raidit de la même manière qu’un cerf devant le regard d’un grand méchant loup. A l’exception près que ce n’était pas un loup. Oh non, c’était bien pire. Un mauvais présage ambulant qui la prenait spécifiquement pour cible.
“En effet, c’est mon titre parmi les Exécuteurs Fatui. Vous pouvez plutôt m’appeler Arlecchino.” Cette femme directe et indifférente ! Oh comme Furina aurait aimé pouvoir l’oublier et éteindre le feu qui brûlait ses doux rêves et souvenirs.
“Pourquoi êtes-vous ici ? Qu’attendez-vous de moi ? Vous n’avez aucune emprise sur moi ! Cet œil divin est le symbole de mon ambition, et il n’appartient qu’à moi ! Il faudra me vaincre d’abord si vous voulez me le prendre, mais je ne vous rendrais pas la tâche facile !” Son Salon Solitaire ne tarda pas à se matérialiser à ses côtés. Elle n’avait que faire de ce que la presse penserait d’elle. Elle faisait face à son pire cauchemar, un loup déguisé en mouton.
“Dame Furina, prenez le temps de m’écouter s’il vous plaît.” Arlecchino tentait de maintenir un visage serein et respectueux. Mais cela devenait de plus en plus difficile à mesure que la démonstration émotionnelle de Furina gagnait en intensité.
“Non, je refuse. Tu ne peux plus m’atteindre ! Je ne te laisserais pas faire !” Furina se laissait dominer par ses émotions. Si tout cela n’était qu’une scène, elle se serait applaudit elle-même pour une performance aussi déchirante. Malheureusement, c’était tout sauf une scène de théâtre.
“Dame Furina”
Elle utilisait encore ce ton, celui-là même qu’elle avait utilisé devant son inaction, celui-là même qu’elle avait utilisé pour l’humilier et la manipuler devant les yeux de la Voyageuse. C’était un ton terrifiant, collant parfaitement à celui d’un Père strict.
“Je vous ai invitée à me rejoindre ici pour que vous puissiez me dire si vous avez apprécié ou non les gâteaux et autres desserts variés que je vous ai fait livrer au fil des semaines. Je ne suis pas venue ici pour écouter un enfant insolent bouder. Je vous prierai de bien vouloir vous calmer. Une démonstration d’émotions incontrôlées n’est pas vraiment agréable.” Evidemment qu’elle comparerait Furina à une enfant. Tout ce qu’Arlecchino faisait équivalait toujours à la rabaisser ou la dénigrer, et cela depuis leur fameux premier goûter. Furina refusait de devoir supporter ça à nouveau.
“Non”
“Pardon,”
“Non, je ne participerais pas à ce goûter avec vous. J’apprécie vos efforts et vos cadeaux, mais je ne vous accorderais pas une once de mon temps. Bonne continuation, Arlecchino.”
Le changement soudain dans la confiance en soi de Furina surprit Arlecchino. C’était une agréable surprise de voir Furina si fermement convaincue de ses convictions. Malheureusement, ce n’était pas l’heure d’admirer ses prouesses.
“Dame Furina, les enfants auraient aimé savoir comment leur actrice préférée a réagi face aux desserts qu’ils lui ont préparé. Vous ne voulez pas les décevoir, n’est-ce pas ?” Si cibler les préférences de quelqu’un ne suffisait pas, manipuler ses faiblesses devrait faire l’affaire.
Furina s’arrêta net.
Elle pouvait imaginer les mines tristes des enfants. Cela touchait sa corde sensible. Elle était assez sensible à ces choses là.
“Bien. Mais vous feriez mieux de ne rien tenter, sinon je vais…je vais…je vais le dire à Clorinde ! Et je ne manquerais pas d’avertir les gardes !”
Une menace bien vaine et pathétique. Les chances pour que Clorinde ou même les gardes puissent faire quoi que ce soit à Arlecchino étaient nulles. Cependant, du point de vue de Furina, c’était la personne la plus forte qu’elle connaisse, si on prenait en considération la situation difficile dans laquelle se trouvait sa relation avec Neuvillette. Mais d’un côté, entretenir une mauvaise relation diplomatique avec Fontaine ne manquerait pas de causer des soucis non voulus à Arlecchino.
“Très bien, vous avez ma parole. Je n’oserais pas défier l’étoile la plus brillante de Fontaine. Maintenant, asseyez-vous s’il vous plaît. Les desserts sont un autre cadeau de la part des enfants.”
L’expérience d’Arlecchino pouvait véritablement commencer maintenant.
“Hmph”
Furina céda et s’assit. Son salon fit de même, transformant ce qui devait être une discussion en tête-à-tête en une discussion en tête-à-quatre.
“Maintenant, comment allez-vous Furina ? Je suis sûre que la grande inondation et le procès ont dû vous épuiser.” La manière dont elle parlait irrita profondément Furina. Elle passait trop facilement d’un ton autoritaire à un ton agréable. Une Exécutrice ne pouvait être rien d’autre qu’un danger, elle ne pouvait pas être douce et agréable.
“Je vais plutôt bien, merci. Je me porterais même mieux si quelqu’un n’avait pas essayé de, oh vous savez, me tuer.” Furina était plutôt du genre rancunière. Elle ne laisserait pas le Valet l’énerver si facilement. Cette fois-ci, “l’interrogatoire” serait entre ses mains.
“Hmm, en est-il ainsi ? Dans ce cas, je me dois de m’excuser pour vous avoir blessée. Mon but n’était pas de vous assassiner, mais simplement de récupérer le Gnosis et de sauver Fontaine par moi-même. Je me devais de protéger les enfants. Vous pouvez le comprendre, n’est-ce pas ? Après tout, vous avez joué la comédie pendant 500 ans, et tout ça pour une nation ingrate.” Le Valet sirota son thé d’une manière semblable à celle de Lynette. Quelle belle implication.
Furina se reconnecta à la réalité
“Bien sûr, mais cela ne veut pas dire pour autant que j’approuve vos méthodes. Je suis persuadée que vous m’êtes infiniment reconnaissante. Bien sûr, bien sûr.” Furina pouffa de manière pompeuse. Son comportement passé persistait encore dans sa personnalité actuelle, ou du moins, dans ce qu’elle pensait être sa personnalité et sa personne.
“En effet, et c’est l’une des raisons pour lesquelles je voulais vous rencontrer, Dame Furina. Bien que je n’aurai pas été affectée par l’inondation, cela m’aurait peinée de voir mes enfants se dissoudre. Vous étiez un Dieu digne de dévotion, bien plus digne que n’importe quel être céleste.”
“Furina ne put s’empêcher de rougir. Elle était habituée aux compliments, ses performances lui en ont toujours valu des dizaines. Cependant, être complimentée par quelqu’un comme Arlecchino était vraiment plaisant. Être reconnue par quelqu’un de supérieur à elle était en effet louable.
“Ah oui, merci, merci. Cela me rappelle, Valet, d’où venez-vous vraiment ? Vos mains et vos yeux laissent à penser que vous venez d’un autre monde.” Arlecchino venait juste de confirmer l'intuition de Furina selon laquelle elle n’était pas Fontainoise. Donc, si Furina ne pouvait pas surmonter ses cauchemars en essayant simplement de les oublier, essayer de les affronter et d’en comprendre leur source devrait faire l’affaire. Hmph, peut-être que d’avoir joué un rôle clé dans la loi et certaines affaires judiciaires pouvait lui être bénéfique au final.
Cependant, Arlecchino ne semblait pas satisfaite. Cette information, qui aurait pu sembler insignifiante si on prenait en considération que n’importe qui pouvait la regarder et en conclure qu’elle venait d’un autre monde et qui pourrait expliquer son apparence peu commune, n’était pas quelque chose qu’elle voulait faire savoir au grand public et en particulier à l’Oiseau de Vapeur.
“Si vous tenez vraiment à le savoir, pourquoi ne pas nous rencontrer de nouveau à un autre endroit. Vous et moi prêtons attention aux oreilles indiscrètes. Je vous enverrai une lettre accompagnée de gâteaux pour vous indiquer le lieu. C’était un plaisir de vous rencontrer à nouveau.”
Sur ce, Arlecchino prit congé. Furina était perplexe. Rencontrer de nouveau le Valet ? Rien que de la revoir une seule fois avait suffi à mettre ses nerfs à vif. De plus, elle ne lui avait jamais demandé si elle avait apprécié les gâteaux et si elle voulait exprimer sa gratitude envers les enfants.
Mademoiselle Crabaletta fit claquer ses pinces. Furina se rendit vite compte qu’on l’avait laissée avec tous les desserts offerts par Arlecchino à finir.”Ne te prends pas trop la tête”. Après tout, elle pourrait y réfléchir plus tard, en même temps que de constituer un plan pour interroger le Valet.
Pour le moment, elle avait des desserts pour le rendre heureuse et ses plus chers compagnons.
-–o–-
Bien sûr, c'était le genre d’Arlecchino de traîner Furina jusqu’à des ruines au milieu de nulle part. Bon, elles se situaient en fait au nord de la Cour de Fontaine, mais cela n’excuse rien !
Cependant, Furina se sentait mal. Et c’était déjà le cas quand elle avait reçu l’invitation et les desserts. Les desserts en eux-mêmes étaient délicieux et leur emballage était joliment décoré avec des clochettes de Lumidouce. Ils étaient même accompagnés de macarons, qui certes n’étaient pas aussi exceptionnels que ceux de Navia, mais qui étaient tout de même délicieux. Le problème résidait dans la lettre. Bien que l'écriture semblait similaire à celle de la première, elle n’en restait pas moins inquiétante. Cet endroit lui rappelait un événement passé, mais elle n’arrivait pas à se souvenir duquel.
Peut-être que son malaise résidait dans la présence de Fatuis autour des lieux. Ils avaient beau être dispersés, leur présence se faisait sentir. Il y avait même la légende locale Yseut parmi eux, elle était juste un peu plus loin à l’extérieur des ruines. Malgré tout, les Fatuis hochèrent simplement de la tête en signe de respect et ne lui prêtèrent pas plus attention que cela.
Pour l’heure, une silhouette inquiétante l’attendait au centre des ruines.
“Salutations, Dame Furina. J’espère que le voyage depuis la ville ne vous a pas été trop désagréable. Je me suis assurée que le temps soit clément pour notre rencontre d’aujourd’hui.” Ugh, Furina détestait qu’on s’adresse à elle en la qualifiant de “Dame”. Elle avait laissé ce titre derrière elle, pourquoi les gens avaient-ils autant de mal à l’accepter ?
“Assez avec “Dame”, c’est déjà suffisamment désagréable rien qu’avec le fait que vous m’ayez forcée à venir ici. Maintenant venons en aux faits. Je veux connaître tous les secrets concernant le Valet.” Furina était bien trop épuisée pour s'embarrasser à maintenir sa dignité, bien qu’elle ait déjà eu à continuer de jouer des heures durant après les horaires de la production.
“Bien, bien. Je suis persuadée que vous vous souvenez d’une nuit, qui commence à dater maintenant, où une vive lumière a teint de rouge la ville?” Ah ah ! C’était pour ça que cet endroit lui semblait familier, c’était les ruines de cette nuit là et des semaines suivantes. La nuit s’était soudainement teintée de rouge, et la période suivant cet événement, les Fatuis avaient été beaucoup plus actifs autour de cette zone.
“Eh bien, évidemment ! Qui oublierait un événement pareil ?”
“Dans ce cas, je suis sûre que vous vous rappelez de Crucabena, le précédent Valet. Vous avez dû rarement vous croiser. Après tout, elle ne vous appréciait pas. Elle savait qu’elle n’était pas réellement humaine, elle faisait semblant de l’être.” Furina n’était pas sûre de quel Valet elle avait le plus peur : le sourire malsain de Crucabena ou le mécontentement constant d’Arlecchino. Ugh, les Valets étaient toujours les pires personnes à fréquenter.
“Je me souviens d’elle en effet, même si j’aurais préféré le contraire.” Une frisson lui parcourut l’échine.
“Vous vous souvenez sûrement aussi de la tragédie à laquelle Snezhnaya a été confrontée suite à cet incident, même si l’aspect juridique de cette affaire doit vous échapper. Les Fatuis voulaient garder ça sous silence, loin de votre regard et de celui de Monsieur Neuvillette.”
Voilà qui concluait le jeu de mémoire auquel jouait Arlecchino. Furina pouvait facilement deviner que la mort de Crucabena et cette lueur rouge étaient corrélées. C’était beaucoup trop évident pour n’être qu’une simple coïncidence. “A quoi vous jouez, Arlecchino ?” Furina se renfrogna. Cette journée ne pouvait pas être pire.
Arlecchino, cependant, se contenta de lui jeter un simple regard, faisant fi du mécontentement de Furina.
“Tous ces événements sont liés à un enfant nommé Peruere.”
L’estomac de Furina se retourna. Un enfant ?
“Le Foyer tel qu’il est aujourd’hui est à mille lieux de ce qu’il était avant. Tout ce qui pouvait rappeler Crucabena a été effacé, je m’en suis assurée personnellement. C’était une femme vile, pour ainsi dire. Les orphelins n’étaient que des poupées avec lesquelles elle jouait. Elle avait ses favoris, et se permettait de jeter n’importe quel enfant, peu importe le lien qu’elle avait avec lui. Tous ces actes ignobles se passaient juste sous le nez de la Divinité de la Justice.” Furina se fit plus petite que jamais. Elle n’avait peut-être jamais vraiment été l’Archonte Hydro, mais c’était elle qui était censée agir.
“Je suis désolée.”
“Désolée de quoi ? Ne jouez pas les idiotes. Ce qui est fait est fait et appartient au passé. Il n’est pas nécessaire de dépenser de l’énergie pour ressasser. Les Fatuis excellent lorsqu’il s’agit de mener des opérations dans des pays étrangers et de les cacher, d’autant plus lorsqu’elles jouent un rôle clé dans les plans de Sa Majesté. Crucabena était à la recherche d’orphelins spéciaux, la crème de la crème, de sorte que Sa Majesté puisse avoir une armée de soldats loyaux à ses ordres. Peruere en faisait partie. C’était son enfant le plus spécial.”
Arlecchino était d’un calme imperturbable, comme toujours, même lorsqu’elle racontait une histoire qui retournait l’estomac de Furina, qui elle était sensible.
“C’est elle qui a trouvé l’enfant. Peruere semblait avoir rampé dans un couloir abyssal couvert de suie. Crucabena a tout de suite recueilli l’enfant et l’a élevé avec les autres orphelins, y compris celle avec qui elle était liée par le sang, Clervie. Cependant, le sang ne garantissait aucun traitement de faveur. Clervie resterait le compagnon le plus important et spécial pour Peruere même si l'horreur du quotidien venait à les rattraper et les emporter. Tout ça avait pour but d’élire un nouveau Roi.”
Arlecchino ne pleurait pas. Elle n’avait aucune larme, aucune once de tristesse ou de remords. Ce n’était qu’une histoire pour elle. Furina pleurait. Elle éprouvait des remords et de la tristesse. C’était bien plus qu’une simple histoire pour elle.
“Peruere regarda la vie quitter les yeux de Clervie ici-même, son rang recouvrant sa lame, devenant ainsi l’assassin de sa meilleure amie. Peruere, qui s’était battue ardemment, était maintenant plus calme quant à l’idée de devenir Roi. Peruere assisterait également à la mort de Mère ici, amenée à sa fin à l’endroit même où son propre enfant avait péri. Crucabena fut assassinée par Peruere, consumée par la Lune Sinistre et ses flammes.”
Il était si évident qui Peruere était vraiment. Arlecchino avait un si beau prénom. Furina sanglotait.
“Arlecchino…”
“Épargnez moi votre pitié.”
Furina fut tirée de son état pitoyable et ramenée à la réalité.
“Pardon?
“Je ne cherche pas votre pitié. Il ne sert à rien de ressasser le passé, seul l’avenir compte.”
Les pleurs de Furina s’étaient calmés. Cependant, les larmes coulaient encore, de la même manière que la cascade à quelques pas d’ici. Mais avant qu’elle ne puisse parler, le Valet l’interrompit.
“Eh bien maintenant, vous connaissez mes origines. Je ne suis pas Fontainoise. Ce n’était qu’un mensonge que j’ai utilisé pour faire pression sur vous. Dans les faits, me qualifier de Fontainoise serait en quelque sorte se moquer de mes ancêtres de Khaenri’ah.”
Furina tiqua vivement : elle connaissait Khaenri’ah.
“C’est la nation qui était au cœur du cataclysme d’il y a 500 ans, juste avant ma naissance.”
“En effet. Si vous souhaitez en savoir davantage à propos de mes origines, me permettriez-vous de vous recommander un livre ? Si j’étais vous, je ne le lirais pas avant de me coucher, il pourrait vous empêcher de dormir.”
Arlecchino sortit un livre d’un sac à proximité. Un œil terrifiant ornait la couverture. Le précieux exemplaire fut remis à Furina.
“J’ai des affaires à régler maintenant, c’était un plaisir de vous revoir, Furina.” Arlecchino passa devant elle, et la gratifia d’une légère touche sur l’épaule qui semblait perdurer.
“Attendez.”
Attendez, qu’est-ce que Furina était en train de faire ?!
“Pourquoi me faites-vous confiance à propos de vos origines ? Nous sommes ennemies.”
Arlecchino retint un rire.
“Je sais que vous êtes plus que capable de garder un secret.”
-–o–-
La nature des cauchemars de Furina avait changé, évolué. C’était fini les reconstitutions tordues de sa tentative d’assassinat. Désormais, elle était entourée de ténèbres et le Valet la fixait tandis que le feu la consumait petit à petit. Lire Perinheri et écouter Arlecchino raconter son passé n’avait pas du tout aidé à surmonter son traumatisme. Au moins, elle pouvait se réveiller avec des gâteaux l’attendant.
Arlecchino n’avait pas cessé les livraisons. Cependant, l’Exécutrice ne tenait plus de communiquer avec elle. Une partie d’elle se sentait déçue. Qui finirait une pièce pareille sur un cliffhanger ? C’était comme narguer un chien avec une friandise alléchante pour au final ne pas le lui donner. N’importe qui en serait incappable devant leur regard de chien battu. Si seulement l’expression sur le visage de Furina pouvait avoir le même effet sur Arlecchino. Si seulement elle pouvait voir autre chose que son masque insensible.
“Ugh, Foçalors voulait que je vive une vie meilleure, mais je suis en train de ruminer à propos d’un livre et de me focaliser sur Arlecchino. Une vie globalement pas terrible.”
Elle lança un regard en direction de son Salon depuis l’endroit où elle était allongée, presque nue, sur son lit.
“Qu’est-ce que je devrais faire ? Non, on ne va pas menacer Arlecchino. Eheh.. Je n’ai pas vraiment envie de penser à ça…c’est tellement effrayant.” Mademoiselle Crabaletta semblait un peu trop à l’aise avec le fait d’utiliser sa carapace pour foncer dans les gens ou dans des choses. Les autres n’étaient pas mieux cela dit. Parfois, ce qui aurait dû être une simple promenade pouvait virer au chaos juste parce qu’ils avaient vu quelques brutocollinus et qu’ils se devaient de les tuer pour que Furina soit en sécurité.
Puis, le Gentilhomme Usher eut une brillante idée.
“Tu es un génie, Gentilhomme Usher ! Si brillant ! Nous devrions faire une livraison nous-même. Peut-être qu’on pourrait même s’excuser auprès des jumeaux pour les avoir soumis à un procès. Et de cette manière, on pourrait finalement en apprendre plus sur sa malédiction et ses pouvoirs !” C’était excitant, à condition que ces flammes ne s’étendent pas pour la brûler au passage.
“Allez, mettons nous à cuisiner !”
-–o–-
Furina était une cuisinière désordonnée, la farina s’était retrouvée à recouvrir chaque partie de son corps. Mais à ce moment-là, le pur bonheur de préparer et cuisiner un gâteau l’emplissait d’une joie enfantine. Elle riait de son Salon jusqu’à ce que ses joues ne lui fassent mal.
Son Salon était comme sa famille.
Même si sur le moment sa cuisine ressemblait à un terrible désordre qui allait prendre une éternité à nettoyer, elle était fière du gâteau qu’elle avait fait. Elle l’avait appelé “Pour la Justice” et décoré de son iconique style bleu. Oh, comme elle était fière de sa création.
“Regardez-moi ça, n’est-ce pas magnifique !”
Furina bouillonnait de joie tandis que son Salon l’acclamait.
Désormais, c’était le moment de livrer dans la matinée le gâteau aux jumeaux magiciens.
-–o--
L’inquiétude rampait le long du dos de Furina. Elle n’était plus si sûre de son plan. Elle pourrait plutôt manger le gâteau toute seule plutôt. Elle n’avait pas besoin de l’offrir aux jumeaux magiciens et Arlecchino.
Lyney et Lynette étaient actuellement en train de se disputer à propos de fleurs.
“Je ne pense pas qu’elle les aimera.”
“Mon frère, si tu n'achètes pas ces fleurs, je l’éloignerai de toi.”
“Lynette ! Tu n’oserais pas hein ? Hein ?”
Lynette fixa son frère juste avant de regarder par-dessus son épaule et de remarquer quelqu’un de spécial.
“Mademoiselle Furina.”
Furina sursauta à la mention de son nom. Lyney se retourna promptement pour lui faire face.
“Ah, si ce n’est pas Mademoiselle Furina. Une rose pour la plus grande célébrité de Teyvat ? Maintenant, qu’est-ce qui peut bien amener une célébrité comme vous à venir nous voir ? Est-ce que cela aurait un rapport avec le gâteau que vous portez actuellement ?”
Lyney passa devant Lynette, qui admirait la boîte du gâteau avec un fervent désir, et lui offrit une rose arc-en-ciel taillée.
“Ah, j’espérais simplement pouvoir m’excuser pour le faux procès et que vous puissiez peut-être passer un message à votre Père ?”
Furina passa doucement le gâteau à Lynette qui semblait tentée de le manger ici et maintenant.
“Ah, ne vous en faites pas Mademoiselle Furina. Je suis persuadé que Père et le reste d’entre nous vont adorer votre gâteau. Et il n’y a pas besoin de s’excuser, c’est du passé tout ça. Et nous transmettrons le message que vous avez pour Père. Quel est-t-il?”
Et nous y voilà.
“Pouvez-vous dire à votre Père de venir me rejoindre aux ruines dans deux jours, aux alentours de 15h ?”
Et voilà.
Lyney rit. “Eh bien, serait-ce un rencard avec Père? Nous allons nous assurer qu’elle soit au courant de votre message.”
Furina rougit profondément.
“Quoi ! Non! C’est absurde ! C’était juste une demande par rapport à quelque chose qu’elle m’a mentionné.”
Lyney rit de plus belle. C’était définitivement gênant.
-–x–-
“Père, Mademoiselle Furina demande à ce que vous soyez présente aux ruines d’ici deux jours, aux alentours de 15h.”
“Oh ? Tu peux disposer, je vais le marquer dans mon agenda.”
Notes:
Et voilà pour ce 2e chapitre ! Plus que 14 pour rattraper l'auteur ahah
Chapter 3: L’eau menaçante
Summary:
Furina tente de se plonger plus profondément dans le mystère qu’est Arlecchino, oubliant qu’elle est désormais humaine. Cela met à l’épreuve sa confiance en soi nouvellement acquise et son désir de connaître l’inconnu. Cependant, Arlecchino n’apprécie pas vraiment d’être exposée. Son destin ne le lui permet pas. Pourtant, elle ne peut pas nier sa propre humanité.
Notes:
Tout d'abord, désolé pour la terrible attente que vous avez dû endurer. Entre les cours et quelques soucis de famille, je n'ai finalement pas trouvé beaucoup de temps pour continuer la traduction. J'espère réussir à équilibrer tout ça un peu mieux à partir de maintenant (eh oui, l'auteure en est au chapitre 23 maintenant, j'ai un sacré retard à rattraper)
Je tenais à remercier CrimsonAlphaWolf qui m'a franchement aidé à traduire certains passages (et ce, depuis le premier chapitre !). En plus, elle écrit elle-même quelques petits trucs sympa
Merci pour votre patience, et j'espère que la lecture vous plaira ^^
Chapter Text
Arlecchino essayait en vain de comprendre ce qui la rendait si vulnérable avec Furina. La seule fois où elle avait été si ouverte à propos de sa malédiction, c’était avec Clervie. Clervie, celle qui tenait le mieux sa malédiction à distance. Clervie, celle qui aurait dû grandir.
Cependant, un poids semblait lui avoir été ôté de la poitrine, elle se sentait apaisée. Elle avait obtenu de Furina tout ce dont elle avait besoin. Désormais, elle avait juste besoin de s’assurer qu’elle n’irait pas répandre de rumeurs indésirables. Elle pouvait tolérer les rumeurs entourant son personnage et les manipuler à son avantage. Pourtant, elle redoutait de penser à ce que Charlotte, la petite journaliste, pourrait publier si elle avait vent de ses origines Khaenri’ennes, ou pire encore, de son “sang royal”. Les spéculations autour des mains et des yeux d’Arlecchino étaient ennuyeuses, bien qu’elle s’assurait de les faire taire.
Pour l’heure, malgré l’atteinte à la sécurité de Furina, les insultes à la loi de Fontaine et les livraisons de gâteaux, la jeune fille avait le culot de demander à la rencontrer. N’avait-elle aucune once d’auto-préservation ?
Peu importe à quel point, au fond d’elle, elle avait envie de revoir Furina, elle la trouvait stupide. S’acoquiner avec n’importe quel Exécuteur est une affaire dangereuse. Même ceux moins forts physiquement, ils compensaient par leur intelligence, bien que l’intelligence seule ne leur aurait pas permis d’arriver si loin.
Leur rencontre aurait lieu au même endroit que la dernière fois, dans ces ruines portant le passé d’Arlecchino.
Au moins, Arlecchino pouvait admirer ce nouvel élan de confiance.
–o–
Le voyage était toujours aussi pénible. Furina avait même choisi de porter une version plus légère de sa tenue habituelle. Malheureusement, ça n’avait pas suffit à le rendre plus agréable. Elle devrait vraiment penser à trouver un autre endroit.
Mais au moins, elle était prête à rencontrer Arlecchino cette fois. Elle était arrivée une heure plus tôt juste pour pouvoir examiner un peu plus les ruines. Furina pouvait sentir la présence persistante d’une puissance d’un autre monde. C’était une présence à la fois troublante et profondément intimidante. Elle voulait découvrir le fin mot de cette malédiction, de cette entité. Elle, Furina de Fontaine, apprendrait tout ce qui est possible à propos de la Lune Sinistre. Ça ferait une excellente pièce de théâtre, peut-être. C’est évidemment la seule raison pour laquelle elle voulait apprendre à connaître Arlecchino.
“Dame Furina”
“Waaaah!”
D’où est-ce qu’elle sort ?! Furina sursauta puis se tourna pour faire face à Arlecchino, qui était habillée comme d’habitude. Elle avait une posture plutôt raide.
“Oh, hum, bonjour Arlecchino. J’ai mené une petite enquête sur vous et la Lune Sinistre. J’ai lu et relu ce livre un nombre incalculable de fois, et j’ai même obtenu des informations supplémentaires de la part de Neuvillette. Il est venu me rendre visite récemment. Il ne savait pas grand chose personnellement, mais il m’a quand même donné quelques informations, il a aussi mentionné qu’il était incapable de ressentir la moindre de vos émotions.”, expliqua nerveusement Furina à Arlecchino. Pas étonnant que Lyney et Lynette soient de si bons magiciens, car leur Père avait tendance à apparaître si soudainement et discrètement.
“Je travaille pour que cela reste ainsi. Je ne m’incline devant aucun Dieu ni aucun Souverain. Je peux travailler avec eux si notre objectif est commun. Mais ils ne seront jamais rien de plus qu’un moyen de parvenir à mes fins.”
“ Vous parlez comme une vraie Khaenri’enne !” gloussa Furina. Arlecchino suivait sûrement la non-allégeance des Khaerin’iens envers le Dieux. Peut-être même qu’elle allait encore plus loin en incluant les Souverains. “Bref, j’ai aussi échangé avec les jumeaux pour en apprendre plus sur vous.”
Arlecchino était impressionnée par le désir d’apprendre de Furina. Certains de ses enfants devraient prendre exemple sur elle, cela lui faciliterait certainement la vie.
“Une véritable détective n’est-ce pas ? Maintenant, dites-moi ce que Lynette vous a raconté. Quelque chose à propos de mes cauchemars et de mes pertes de contrôle peut-être ?” Furina sursauta. Comment diable Arlecchino savait-elle exactement ce dont Lynette lui avait parlé ? “
“Hum, eh bien oui. C’est Lynette qui m’a parlé de vos cauchemars, et euh du reste. Comment avez-vous su que c’était Lynette ? J’étais pourtant persuadée que notre pause thé dans un café à chats était suffisamment confidentielle.” Lynette n’aurait-pas rompu leur accord, n’est-ce-pas ?
“Lyney est peut-être doué pour lire les gens et recueillir des informations. Cependant, il n’a pas vu ma vraie réalité. Les autres enfants, Lyney inclus, plus la Voyageuse, ont vu ma forme la plus destructrice. Cependant, seule Lynette m’a vu perdre le contrôle ou est au courant de mes cauchemars. Je lui en ai parlé quand elle était plus jeune et qu’elle faisait encore face aux pires de ses propres cauchemars. Je pensais que cela lui apporterait du réconfort, de savoir qu’elle n’était pas la seule à faire face à de terribles rêves. Cela a fini par fonctionner après un certain temps. Elle est au courant de mes pertes de contrôle depuis le jour où nous nous sommes rencontrées. J’ai accidentellement perdu le contrôle pendant que j’effaçais de l’existence ses agresseurs. Je voulais rendre ça le plus propre et rapide possible afin de ne pas la traumatiser davantage. Découper et trancher, aussi gracieusement que possible, ne l’aurait sûrement pas aidée. Bien qu’ils ne méritaient absolument pas une mort aussi rapide.”
Comment diable cette femme pouvait-elle parler de tels actes avec autant de grâce et de tact ? C’était comme si Arlecchino parlait du temps qu’il faisait et non de la façon dont elle avait fait disparaître des gens ?! Furina resta sans voix un instant.
“Ah, eh bien, je suppose que c’est juste. Bon peu importe, j’ai rencontré la Voyageuse aussi. Elle a mentionné que vous étiez “les Cendres des Flammes de Deux Mondes”. Elle a mentionné aussi l’Abysse Spiralée où elle se rend pour surmonter des défis. Je me demandais si cela pouvait avoir un lien avec votre histoire.” Furina sentit la peur remonter le long de son échine tandis qu’une goutte de sueur coulait sur son visage.
Arlecchino regarda Furina, observant son visage se contracter. Quelle fille intelligente. Arlecchino finit par supposer qu’il n’y avait aucun mal à ce que la Voyageuse et Furina communiquent. Elles savaient toutes les deux qu’elles n’étaient pas de taille.
“Je ne peux ni confirmer ni infirmer ce que vous savez sur l’Abysse Spiralée. Ma mémoire est floue, voire inexistante pour tout ce qui précède mon séjour au Foyer de l’Atre. Mon plus lointain souvenir remonte au jour où Crucabena m’a trouvée. J’étais dans un état pitoyable, affamée et épuisée. Elle m’a emmenée avec elle, sans me poser la moindre question. Elle voulait me présenter à la Tsarine pour tenter de gagner ses faveurs, tout cela parce que j’étais spéciale. Tous les Exécuteurs sont des marginaux, des étrangers. Même ceux qui semblent les plus normaux sont en fait loin de l’être.”
“Pourquoi êtes-vous la Quatrième ?”
Furina parla sans réfléchir.
“Eh bien, en termes de force par rapport au plan de la Tsarine, je suis quatrième sur la liste. Les flammes purificatrices sont très pratiques. C’est ce qui me rend forte à ses yeux, enfin surtout pour son objectif. Crucabena était également Quatrième, mais pour une raison différente. Je suis persuadée que vous voyez pourquoi, surtout avec le livre que je vous ai donné.” Eh bien, Furina venait de débloquer une nouvelle peur. Dieu soit loué, elle n’était plus une Archonte. Elle redoutait de rencontrer la Tsarine.
Que pouvait donc bien vouloir faire cette Déesse ? Sûrement quelque chose de destructeur qui toucherait le monde entier. Que comptait faire la Tsarine avec le Gnosis ?
“Il n’y a pas grand chose qui explique le fonctionnement de la Lune Sinistre, et je me suis toujours demandé à quel point vous êtes forte. Non pas que je veuille vous défier, eheh… non, certainement pas.” Furina ria nerveusement. Pourquoi était-ce si difficile de rester confiante en face de cette femme ?!
“Pas aussi forte que je pourrais l’être.”
“QUOI?!”
Furina paniqua. Par Foçalors, cette femme ne pouvait pas devenir plus flippante ! Qu’est-ce qu’elle entendait par “Pas aussi forte que ce qu’elle pourrait être” ?!
Furina pâlit à mesure qu’elle restait sans voix et paniquait devant Arlecchino. Et pendant tout ce temps, Arlecchino resta stoïque et indifférente face à la démonstration devant elle.
“Et si on se concentrait plutôt sur vous, Furina ?”
Ce n’était pas vraiment ce que Furina avait en tête.
“Eh bien, hum, qu’entendez-vous par-là, Valet ?”
Furina tenta de se calmer bien que le projecteur se braquait directement sur elle.
“Eh bien, je suis consciente du fait que vous ne m’appréciez pas. Vous faites même des cauchemars à mon sujet, et vous aimeriez pouvoir m’oublier complètement. Alors, dites-moi, pourquoi enquêtez-vous davantage sur moi ? Pourquoi ne pas écouter votre instinct ? Est-ce que connaître mon passé n’était pas suffisant pour vous faire fuir ?” Le regard d’Arlecchino transperça l’âme de Furina. Elle se sentait comme un lapin regardant dans les yeux d’un loup, ne pouvant qu’attendre la décision du loup, à savoir la mordre ou pas.
“Quelque chose… m’attire vers vous. Comme si je pouvais vous comprendre, et vous aider avec votre malédiction.”
Le regard d’Arlecchino devint perçant.
“Vous ne comprendriez pas. Vous êtes libérée de votre malédiction. Je n’échapperai jamais à la mienne. Je suis liée à ce destin. Je dois mon existence à la Lune. Je suis destinée à être un monstre. Vous avez eu le droit à une seconde chance. Ne la gâchez pas pour quelqu’un comme moi.”
Furina se recroquevilla sur elle-même tandis qu’Arlecchino lui parlait sèchement. Ses mots lui étaient semblables à des poignards plantés en plein cœur. Elle pouvait sentir son coeur souffrir à mesure qu’Arlecchino la grondait. Pourquoi est-ce que ça faisait si mal cette fois ?
“Alors laissez-moi vous comprendre. Je veux vous connaître, Arlecchino. Je m’en fiche si vous me montrez les dents, je ne m’enfuirai pas cette fois.” C’était la vie de Furina, elle pouvait bien en faire ce qu’elle voulait. Peu importe à quel point elle avait peur d’Arlecchino. Elle était incapable de l’oublier. Pas maintenant, et jamais.
“Eh bien, quelle idiote vous faites. La vie vous offre une seconde chance inestimable, et vous essayez de la gâcher. Allez-vous-en, Dame Furina. Notre affaire ici est terminée. Je ne vous dois rien, pas plus que vous ne me devez quelque chose.”
Furina plongea son regard dans celui d’Arlecchino. Elle avait beau vouloir lui faire remarquer toute la tristesse qui se cachait derrière son agressivité, elle bougea la première et recula. Peut-être devrait-elle vivre sa vie sans Arlecchino et se contenter des rêves qui la hantaient. Même si elle avait désespérément envie de s’accrocher à leur relation fragile.
“Adieu, Furina.”Arlecchino salua Furina. Elle la regarda passer devant elle et descendre la colline, son cœur se serrant. Ses bras brûlaient légèrement. Furina avait touché une corde sensible. Comment osait-elle gâcher sa seconde chance ? Tant de gens en méritaient une, mais ne l’avaient jamais eue. Clervie méritait une seconde chance dans la vie.
Clervie…
–x–
Arlecchino n’avait pas le temps pour l’amour. C’était une chose aussi belle que douloureuse. L’idée d’être autant mise à nue et vulnérable avec quelqu’un, juste dans l’espoir que ce soit réciproque, rendait Arlecchino malade. L’amour vous rendait impulsif. Et faible.
Elle avait aimé Clervie. Mais maintenant, elle était partie, assassinée et effacée, par la faute de sa propre main. Les mêmes mains sur lesquelles se répandait une malédiction longuement oubliée. Arlecchino supposait qu’il s’agissait là de sa punition, de regarder ses bras devenir une toile pour des diamants d’encre, la ramenant à son plan initial avant que l’amour ne change tout.
Cependant, bien qu’Arlecchino ait abandonné toute forme de plaisir, ce n’était pas le cas de ses camarades. Ses aventures avec deux autres Exécutrices n’étaient jamais motivées par l’amour, mais plutôt par un désir ardent de contact. Elles ne pouvaient pas l’aimer. L’une était folle de chagrin pour son amour perdu que personne ne pouvait remplacer. Arlecchino ne faisait qu’apaiser une douleur. L’autre était tellement déconnectée de la réalité, ignorant le concept d’amour. Arlecchino n’était pour elle qu’une sorte de poupée pour pouvoir satisfaire sa curiosité à propos de l’humanité. Arlecchino pouvait s’en soucier sans rien perdre. Elle pouvait contrôler la relation. Elle pouvait garder le contrôle. Sa malédiction ne pouvait pas s’aggraver. Arlecchino ne pouvait pas la laisser faire.
Furina était dangereuse. Elle avait troqué si facilement son don de l’irriter pour celui d’outrepasser ses murs et de lire en elle. Pas étonnant qu’elle ait réussi à se frayer un chemin dans le cœur des Fontainois et à tous les tromper.
Elle ne pouvait pas prendre le risque. Pas quand son avenir était aussi sombre.
–o–
Stupide, stupide Exécutrice ! Pouah, Furina n’arrivait pas à croire qu’elle s’était ouverte si facilement. Qu’était-il arrivé à son contrôle de la situation, à sa résistance ? Furina méprisait Arlecchino plus que jamais. Cette femme avait le don de toujours trouver un moyen de l’énerver, de la même manière qu’une mouche qui ne cesserait de vous tourner autour.
La soudoyer avec des gâteaux, puis lui parler ouvertement de son passé pour finir par lui dire de s’en aller. Hmph, quel culot !
Attendez, pourquoi Furina était si affectée par tout ça ?
Hmph, Furina ne pouvait pas permettre à Arlecchino d’occuper toutes ses pensées.
Elle devait maintenant retourner jusqu’à la Cour de Fontaine, et sans rien avoir obtenu de cette stupide rencontre. Furina ne savait pas ce qui la mettait le plus en colère, Arlecchino elle-même ou bien ce stupide voyage pour aller jusqu’aux ruines. D’un côté, elle avait l’impression d’être à nouveau ce jour-là, au goûter, et de servir à nouveau de punching-ball diplomatique pour Arlecchino. Et de l’autre, elle avait l’impression de marcher dans le désert sans la moindre goutte d’eau.
Pouah ! Furina martelait le sable, créant de petits trous aux endroits où elle avait piétiné. Elle avait fait un détour par les rives de Fontaine. Puisqu’elle avait fait le chemin jusqu’ici, elle allait sûrement en profiter un peu. Furina pouvait admirer et s’extasier devant les petites trognes toutes potelées des Boudinés. Ces adorables petites créatures apaisaient toutes ses inquiétudes, surtout quand elle pressait leurs petites joues. Et c’était un million de fois plus agréable quand c’était un tout petit bébé.
Furina fût détournée de son obsession pour les Boudinés quand elle entendit le cliquetis d’un meka horlogoïde derrière elle. Les meka avaient plutôt tendance à rester éloignés du rivage. L’eau pourrait endommager leur mécanisme d’horlogerie.
“Eh bien, eh bien, si ce n’est pas la fausse Archonte Hydro.” dit une voix bourrue étouffée par le tissu d’un bandana.
Furina se retourna et remarqua plusieurs pilleurs de trésors accompagnés de deux meka horlogoïdes. Leurs grandes silhouettes menaçantes projetaient des ombres sur elle, l’encerclant.
“Qu'est-ce que vous me voulez ?”
Furina sortit son épée, mais une arme chargée d’énergie électro lui effleura le visage. L’électricité jaillit violemment devant elle, menaçant de l’électrocuter. Le meka horlogoïde était en position et prêt à attaquer au moment même où elle esquisserait le moindre geste. Furina sentit la peur la traverser à mesure que le bras tenant son épée s’engourdissait.
“Eh bien, nous sommes là pour rendre justice à Fontaine et appliquer la peine de mort.”
La peine…de mort ?
Furina eut soudain un poids dans la poitrine. Pourquoi était-elle incapable de respirer ? L’épée du meka horlogoïde pointait directement sur elle, sa pointe si finement sculptée. La justice ? La condamnation à mort ? non, Non, NON. Le cliquetis des pièces du meka résonnait dans ses oreilles à mesure que l’épée se rapprochait de son visage, inébranlable, tout comme… l’épée de Clorinde.
Elle fût poussée dans l’eau par une force inconnue avant qu’une vague de chaleur ne frôle sa peau.
L’eau lui léchait les chevilles et les mains. Ses vêtements absorbaient lentement l’eau qui pesait lourdement sur son âme. Est-ce que tout recommençait ? Avait-elle échoué ?
Sa vue devint floue à mesure que les larmes menaçaient de couler. Le passé et le présent se confondaient, formant un horrible mélange. Elle ne pouvait pas l’emporter face à Clorinde. Elle ne pouvait pas gagner. Elle était fichue.
Elle pouvait seulement entendre l’annonce de sa condamnation à mort, la voix de Neuvillette la hantant jusqu’au plus profond d’elle-même. Les mots résonnaient à travers tout son être. Elle avait simplement suivi ce qu’on lui avait dit de faire. Pourquoi est-ce qu’on la punissait ?
Elle allait mourir. Foçalors lui avait promis un répit après tout.
Le pilleur de trésors gémit alors que la faux d’Arlecchino le transperçait, sa pelle tombant sur le sol dans un fracas métallique. Le feu se répandit dans son corps, le brûlant vif. Les autres furent coupés en deux, du sang jaillissant des corps. Le sang coula vers l’eau, la teintant elle et le sable du rivage de la couleur de vies perdues.
Le pilleur de trésor hoqueta lorsqu’il fût empalé par les pics émergeant du sol qu’Arlecchino venait d’invoquer. Son corps resta immobile tandis que des trous dévoilait l’intérieur de ce dernier. Des potions en verre se brisèrent autour d’eux.
Le meka horlogoïde cliqueta et claqua avant qu’un déchirement électrique ne retentisse. La machine tomba au sol dans un désordre indescriptible.
Furina ne pouvait que fixer le vide, elle était trop bouleversée. Tout son corps était engourdi, elle ne ressentait plus rien. Elle se sentait comme un poids coulant dans les tréfonds de la mer, une mer vaste et vide Le monde n’existait plus Fontaine serait noyée en guise de punition pour ses péchés.
“Dame Furina, prenez le temps de respirer. Ce n’est qu’un souvenir, d’accord ?”
Qui était-ce ?
“Retenez votre Salon pour moi, s’il vous plaît.”
Ah oui, son Salon, ses amis. Ils ne pouvaient pas se dissoudre.
“Respirez avec moi, d’accord ?”
“Inspirez, un, deux, trois.” Furina prit une profonde inspiration. Furina ne sentit aucune eau emplir ses poumons pendant qu’elle inspirait par le nez et expirait par la bouche.
“Expirez, un, deux, trois.” Aucune bulle ne se formait lorsqu’elle soufflait.
“Mademoiselle Furina, citez-moi cinq choses que vous voyez autour de vous.”
“Je vois…des croix vibrantes…des cheveux gris…mélangés à d’autres noirs.”
“Encore deux, s’il vous plaît, Dame Furina.”
Furina pouvait apercevoir son Salon.
“Regardez, c’est Mademoiselle Crabaletta, et la Surintendante Chevalmarin.”
Furina sourit faiblement.
“Je peux sentir sa carapace, et sa peau.” C’était lisse, un peu comme de la gelée. Cependant, elle ne bougeait pas, peu importe à quel point elle serrait fort ses amis.
“Très bien, Dame Furina.”
“Vous avez… une main très chaude… et des ongles pointus aussi.”
Furina sourit, la chaleur était agréable. Ses vêtements trempés étaient vraiment pénibles. Elle n’aimait pas la façon dont l’inondation les rendait si lourds. Elle n’était même pas à l’Opéra. Elle était sur une plage.
“Et maintenant, qu’entendez-vous ?”
“Vous, mon Salon, et l’eau.”
Furina allait mieux.
“Ça sent vraiment l’humidité aussi. On peut même le goûter. Beurk, c’est vraiment désagréable.”
Furina se plaignit tout en se blottissant contre Mademoiselle Crabaletta. Elle était parfaite pour s’appuyer dessus. La Surintendante Chevalmarin souffla quelques bulles à côté d’elle. Elle gloussa face à ses pitreries, avant de sourire poliment à Arlecchino.
“Merci de m’avoir aidée. Je ne sais pas ce qui s’est passé.”
Arlecchino sourit légèrement à son tour. Elle ressemblait tellement à Clervie. Son sourire était le même que celui que Clervie lui adressait après une crise de panique.
“Ce n’est pas nécessaire. Je fais la même chose pour mes enfants chaque fois qu’ils en ont besoin, ces pauvres enfants malchanceux.”
Arlecchino était bien meilleur en termes d’amour familial. En tant que “Père”, elle était le pilier sur lequel les enfants pouvaient s’appuyer et dont ils pouvaient apprendre. Un “Père” ne se montrait pas vulnérable devant ses enfants.
“C’est drôle que vous ayez essayé de me tuer. Vous pouvez parfois vous montrer assez douce. C’est agréable.” Furina eut un petit rire doux.
Arlecchino fronça les sourcils. Elle revenait sur ses paroles. Leur affaire était terminée. “Non, je ne suis pas douce. Vous devriez prendre le chemin du retour maintenant, Furina. Je suis sûre que vous avez des affaires à régler, tout comme moi.”
Arlecchino aida Furina à se relever, avant de se retourner pour ramasser les corps des pilleurs de trésors et de les jeter dans l’eau. Une bête pourrait bien s’en faire un repas.
“Au revoir, Dame Furina.”
“Attendez.”
Hum, Furina semblait étrangement convaincue, malgré le carnage qu’elle essayait désespérément d’ignorer.
“Vous m’avez dit que vous vouliez que je reste loin de vous, mais en fait, vous pouvez vous rapprocher. Vous m’avez amadouée avec des gâteaux, et avez continué à le faire même après vous être expliquée. Et maintenant, vous me sauvez et m’aidez quand je suis la plus vulnérable, alors qu’à l’origine, c’est vous qui avez essayé de me tuer ! Ça n'a aucun sens ! Vous ne pouvez pas continuer à jouer avec moi, Arlecchino. Quelque chose au fond de vous a changé, Valet. Quelque chose que vous aimeriez bien garder enfoui juste pour garder cette image de monstre insensible.”
La voix de Furina tremblait, mais elle resta ferme dans son jugement. Elle ne pouvait pas laisser cette opportunité lui filer entre les doigts.
Arlecchino était impressionnée par la perspicacité de Furina. Cependant, elle supposa que c’était en partie dû à son métier d’actrice, d’être capable de voir au travers des masques et de savoir en créer. Furina avait raison. Elle avait tenté de résoudre son problème en utilisant Furina. Cependant, cela n’avait fait qu’aggraver son problème. Elle avait donc décidé de l’enterrer, de le noyer.
“Des observations intéressantes, Dame Furina. Dites-m’en plus,” dit Arlecchino d’une voix traînante afin d’inciter Furina à lui donner plus de munitions à utiliser contre elle.
“Vous êtes un “Père” avant d’être une Exécutrice.”
Quelle surprise.
“Vous saviez que vos enfants se dissoudraient si je ne faisais rien. Alors, vous avez opté pour le Gnosis, parce que vous saviez que vous pourriez l’utiliser. Vous prévoyez d’en manier un autre. Vous aimez vos enfants. Vous les aimez tellement que vous avez accepté votre destin, le destin que la Lune vous a réservé, et vous avez conscience que vous avez besoin de tout ce que vous pouvez avoir pour les protéger. C’est pour ça que vous êtes une Exécutrice. C’est l’amour qui motive vos actes, et pourtant, vous refusez de le voir.”
La voix de Furina se fit plus forte alors qu’elle redescendait d’un pic émotionnel. Arlecchino était abasourdie. Furina l’avait déchiffrée avec si peu d’informations.
“Eh bien, quels mots puissants. Maintenant, que comptez-vous du poids de telles paroles ? Un Exécuteur est un ennemi dangereux.” Arlecchino mit la pression à Furina, un peu comme un chat avec une souris acculée.
“Je ne sais pas, mais ça ne fait rien. L’incertitude est humaine. C’est un peu comme dans une nouvelle pièce, vous ne connaissez pas la fin, vous devez donc regarder la pièce pour la connaître. Vous pourriez peut-être essayer de la prédire, mais vous n’auriez le fin mot qu’en regardant la fin.”
Furina acceptait peu à peu son humanité et son ignorance de tout ça. C’était quelque chose qu’elle méprisait pendant sa divinité. Cependant maintenant, elle ne pouvait s’empêcher de remarquer que l’idée de justice de ce monde était peut-être fausse. L’histoire d’Arlecchino lui avait fait prendre conscience des défauts de la justice de Fontaine.
Furina n’était peut-être pas une déesse, mais elle avait parfaitement le droit, comme tout être vivant et en dépit de ses origines, de juger le monde.
Jusqu’à présent, la volonté d’Arlecchino n’avait pas été injuste. Elle avait parfaitement le droit de rester loyale envers l’humanité et envers le Foyer.
Peut-être que la vie d’Arlecchino pourrait être un contraste intéressant avec la sienne. Quoi qu’il advienne, Furina voulait vivre, être humaine. Arlecchino n’était pas un guide parfait, mais elle était attirée par elle, et elle ne comptait pas se priver d’une telle opportunité.
“Hum, eh bien, vous feriez mieux de vous décider maintenant. L’incertitude donne un résultat imparfait.”
“Eh bien, j’espère que vous serez là pour me soutenir.” Furina sourit doucement à Arlecchino
“Très bien. Je suppose que c’est une évolution naturelle par rapport aux gâteaux.”
“Vous restez avec moi un moment ?”
“Très bien, Dame Furina.”
–xo–
Le soleil commençait à se coucher sur Fontaine. Furina et Arlecchino s’étaient assises un moment, sans rien faire, bien plus longtemps que chacune d’elles pouvait penser. Les anciens ennemis ne deviennent pas amis si facilement.
Furina se leva, et marcha sur l’eau, tandis qu’Arlecchino se tenait sur le rivage.
“J’ai toujours peur…peur de vous,” lui avoua Furina alors qu’elle marchait sur l’eau, scrutant le monde en dessous.
“Alors, prenez cette peur et aiguisez-la. Ne laissez personne utiliser votre passé contre vous.”
Furina se tourna vers Arlecchino et la regarda avancer lentement en équilibre sur fils fins reflétant la lueur du soleil couchant.
“Regardez-moi dans les yeux, Furina.”
Furina sentit la peur lui parcourir l’échine.
“Vous avez peur de moi. Alors, utilisez cette peur comme arme contre moi.”
Furina la regarda fixement, ses yeux en forme de gouttes se dilatant. Sa respiration s'accéléra, mais pas pour la raison qu’elle pensait. Rassemblant tout son courage, elle poussa Arlecchino en direction du rivage. C’était une faible tentative. Poussez Arlecchino, c’était comme pousser un gros rocher.
“Plus fort.”
Furina plongea sa main dans l’eau cristalline et la projeta vers Arlecchino. La vague s’écrasa sur Arlecchino, la trempant.
“Encore.”
Furina fit de son mieux. Elle frappa l’eau, faisant de grands gestes. Elle ne perdit l’équilibre à aucun moment, jusqu’à ce qu’elle sente l’eau la frapper, juste une petite éclaboussure.
Elle finit par éclater de rire. Les doux rires de Furina sérénadèrent le soleil alors qu’il se couchait enfin. Des larmes de rire coulaient sur son visage alors qu’elle ne pouvait s’empêcher de continuer de rire. Ses vêtements étaient complètement trempés, comme quelques instants auparavant. Cependant cette fois, elle ne paniquait pas. Elle pouvait respirer. Son Salon la fixait.
“Très bien. Nous allons continuer à pratiquer votre confiance en soi et vos compétences de combat.”
Furina supposa qu’elle attendrait ça avec impatience.
–xo–
Chapter 4: Flammes vacillantes
Summary:
Furina, sous la supervision d’Arlecchino, s’entraîne contre une myriade de combattants différents. A chaque combat, elle apprend quelque chose en plus concernant sa relation avec Arlecchino, pour son plus grand plaisir et désarroi.
Notes:
Hello ! ^^
Tout d'abord, je tenais à m'excuser pour le délai abominable entre le dernier chapitre et celui-ci. J'ai toujours pas mal de travail et j'ai du mal à trouver suffisamment de temps pour pouvoir traduire plus vite les chapitres (et non, je n'ai absolument pas passé plusieurs heures sur le jeu de musique qu'ils ont remis sur Genshin).
Malheureusement, le rythme de traduction et publication des chapitres risque d'être encore aléatoire pendant un moment.
Encore une fois, n'hésitez pas à me signaler si vous remarquez une coquille ^^
Sur ce, bonne lecture à tous !
Chapter Text
Furina s’était trompée, un vrai combat n’avait rien à voir avec un combat d’entraînement ! Elle gémit de douleur lorsque la fausse épée en bois la frappa.
“Encore.”
Pouah, Arlecchino était vraiment une instructrice stricte. Furina avait la sensation d’être faite de gelée. Elle n’en pouvait plus de se faire malmener.
“Je sais me battre, pourquoi me forcez-vous à m’entraîner?” gémit Furina tandis qu’Arlecchino la faisait se remettre dans une position correcte. Elles s’entraînaient l’une contre l’autre en utilisant de fausses épées depuis quelques heures maintenant.
“Votre technique est intéressante, mais votre volonté faiblit trop souvent. J’espère la renforcer en vous opposant à moi et d’autres dans des combats d’entraînement. Vous aimez la compétition n’est-ce pas ? Cela ne peut que vous être bénéfique.”
Furina devait admettre qu’elle avait raison, elle aimait les bonnes compétitions, surtout lorsqu’il s'agissait d’une compétition cinématographique. Elle pouvait montrer à quel point elle était une excellente réalisatrice et époustoufler le public avec une tempête de gloire. Une compétition de combat, en revanche…Furina était certaine qu’elle n’était pas faite pour ça.
“Uhg, je ne veux pas. C’est horrible de dégouliner de sueur, et vous n’êtes pas une partenaire facile vous savez ! Même un tsunami ne vous ferait pas broncher !” Furina tira la langue à Arlecchino.
Arlecchino répliqua par un coup.
“Vous le ferez. Le monde ne se soucie pas de votre statut. Vous ferez face à quelque chose de mauvais dans le futur, Dame Furina. Vous feriez mieux de vous y préparer ou vous regretterez de ne pas l’avoir fait.”
Arlecchino était une instructrice sévère, avec de bonnes intentions mais une pédagogie horrible.
“Vous voulez que je devienne l’un de vos enfants soldats ?! Un tueur de sang froid ?”
Furina maudit à quel point il était déraisonnablement facile pour ses lèvres de révéler ce qu’elle ressentait vraiment à chaque fois qu’elle était en colère ou contrariée. Surtout lorsqu’Arlecchino se tenait devant elle. Surtout quand Arlecchino avait une arme en main, et qu’on considérait la force avec laquelle elle frappa son arme pour l’envoyer valser hors de ses mains.
“Eheh…Désolée?”
“Furina, même si vous êtes une combattante capable, je ne suis pas là pour vous materner, pas plus que pour mes enfants. Cependant, contrairement à mes enfants qui comprennent la nécessité de se préparer et de devenir plus forts aux yeux de la Tsarine, vous êtes contente de vous faire tuer. Qu’auriez-vous fait si je n’avais pas été là lorsque ces idiots de pilleurs de trésors vous ont attaquée ? Vous vous êtes figée, Furina. Quand quelque chose ne se passe pas comme prévu, vous vous figez et vous l'acceptez. Que se passerait-il si vous vous figiez au mauvais moment ?”
Furina devait l’admettre, elle n’y avait pas pensé.
“Je ne sais pas.”
“Exactement. Je ne vous demande pas d’oublier ça, je vous demande de soit vous battre, soit de fuir.”
–X–
La prise d’Arlecchino sur l’épée d’entraînement faiblit. Elle tomba au sol, laissant ses mains trembler. Pitoyable. Ses ongles semblables à des griffes s’enfoncèrent dans la paume de sa main alors qu’elle fixait Furina, des gouttelettes de sang apparaissant autour des marques laissées sur sa peau. Elle inspira profondément, sentant l’air entrer et emplir ses poumons. Puis elle expira, sentant l’air quitter ses poumons. Elle desserra les doigts, puis tendit la main vers Furina qui la fixa alors avec un regard nerveux.
Mais plutôt que de tendre la main vers son cœur, elle la posa fermement sur son épaule.
“Vous avez fait du bon travail. Les progrès viendront tant que vous continuerez comme ça, compris ?”
Furina resta bouche bée. Parmi tous les gens qu’elle côtoyait, c’était Arlecchino qui venait de la féliciter.
“Merci, mais pourquoi être si gentille d’un coup ?”
Arlecchino ramassa l’épée qu’elle avait délaissée, puis celle de Furina et les ramena jusqu’à l’étui où elles se trouvaient originellement.
“Un simple compliment n’est pas de la gentillesse. Bien sûr, quelqu’un comme vous qui a dû faire face à des aristocrates pompeux doit le comprendre. Ils aiment enjoliver leurs paroles, même si leurs actes disent le contraire.”
Furina était certainement très exigeante en matière d’éloges. C’était peut-être un trait de caractère que partageaient tous les artistes. Du moins, ceux les plus réputés.
“Je sais, mais il s’agit de vous, Arlecchino. Vous êtes le grand méchant loup, et moi le petit chaperon bleu.” Arlecchino souffla, s’amusant d’être comparé à un loup, un chien poilu. Malgré leurs prouesses de chasseurs et leur nature à être en meute, Arlecchino ne s’est jamais considéré comme un loup. Un serpent, peut-être. Une araignée plus certainement.
Les araignées étaient des créatures tellement fascinantes. Leur vue pouvait susciter tant de haine, et pourtant, elles remplissaient bien leur rôle. Des êtres sous-estimés et profondément détestés.
“Il y a un dicton, n’est-ce pas ? Il faut garder ses amis près de soi, et ses ennemis encore plus près. Je pense que cela colle parfaitement à notre situation, Dame Furina.”
“Eh ! Je pensais qu’on s’était rapprochées !” Furina ressemblait à un chiot abasourdi à qui on avait refusé une friandise.
“Je m’assure simplement que vous ne laisserez échapper aucune information à votre petite amie journaliste. Elle ferait n’importe quoi pour mettre la main sur un bon scoop, et vous n’êtes nul autre que la star chérie de Fontaine. Qui ne voudrait pas que la star de la série s’attaque au grand méchant ?”
“Hmph. D’une manière ou d’une autre, Valet, je me rapprocherai de vous, vous verrez !” Furina fit la moue en regardant Arlecchino ranger et nettoyer leur petite zone d’entraînement qu’ils avaient empruntée aux duellistes.
“Continuez à rêver, et peut-être que vous aurez un autre œil divin.” Arlecchino jeta un coup d'œil vers l'œil divin Hydro de Furina.
“Eh !.... Mais c’est une idée d’histoire intéressante !”
–O–
C’était une expérience terrifiante de voir une claymore voler vers vous, surtout quand elle venait d’être projetée par un coup de pied. Même si c’était par l’une des personnes les plus gentilles que Furina connaissait : Navia.
“Aaaah!” Furina s’éloigna de Navia en plongeant vers Clorinde, qui observait leur duel amical. Arlecchino lui avait recommandé de s’entraîner avec Navia. Elle pensait que quelqu’un comme Navia, une âme forte mais profondément gentille, serait une bonne personne avec qui Furina pourrait s’entraîner.
Furina, tout en admettant que Navia était une personne gentille, n’appréciait pas vraiment qu’une claymore vole vers elle. Un geste élégant mais mortel.
“Désolée !” dit Navia à Furina tandis qu’elle saisissait à nouveau sa hache.
Clorinde s’avança et stabilisa Furina, qui sursauta légèrement. “Tu es une combattante admirable, Furina. Toi aussi, Navia.”
Navia se pavana devant les éloges de Clorinde. “Merci, Clorinde! Désolée Furina, tu as été une excellente partenaire d’entraînement !” La voix de Navia passa rapidement d’enjouée à un léger remords alors qu’elle s’adressait à Furina.
“Je vais bien, je ne savais juste pas que tu étais capable de faire ça, Navia.”
Navia rayonnait. “Impressionnant, non ? Tu aurais dû voir le visage rouge de Clorinde quand elle m’a vu le faire devant elle, sa joue…”
“Navia, ça suffit.” toussa Clorinde, les joues légèrement rouges.
“Quoi qu’il en soit, pourquoi as-tu accepté la requête du Valet, Furina ? Aux dernières nouvelles, vous ne sembliez pas être en très bons termes.” Clorinde fit face à une Furina légèrement rouge qui tenait de récupérer sa personnalité générale.
“Eh bien, nous nous sommes rencontrées récemment et j’ai eu un petit incident qui a poussé le Valet à m’aider avec ma confiance en soi.” Furina ne s’attendait pas au visage choqué de Clorinde ni au sourire narquois de Navia, un sourire qui ne lui plaisait pas.
“Des rencontres hein ? Est-ce que toi et le Valet allez à des rendez-vous amoureux ? Quelle relation intéressante.” Les questions innocentes de Navia firent bondir le cœur de Furina. Son visage vira au rouge cramoisi profond tandis que son cœur battait excuse après excuse.
“Non, non, non ! Rien de tout ça ! Ce ne sont que… des rencontres occasionnelles ! Oui voilà, des rencontres occasionnelles ! Je n’oserais pas sortir avec le Valet, même dans un million d’années !”
Cependant, au grand dam de Furina, Navia ne semblait pas convaincue de sa réponse.
“Pourquoi le Valet te rencontrerait-elle occasionnellement ? Aux dernières nouvelles, elle ne s’intéressait qu’aux personnes avec lesquelles elle avait besoin de coopérer pour une mission ou aux enfants du Foyer. Sais-tu si le Valet a déjà eu des relations similaires, Clorinde ?” Le sourire de Navia disparut. Son regard se fit plus sérieux alors qu’elle essayait de se souvenir de ses rencontres avec le Valet et de si Furina avait une relation similaire avec le Valet précédent.
“Non, mes brèves rencontres avec elle m’ont donné l’impression qu’à moins de faire affaire avec elle, ou d’être l’une de ses cibles, elle ne montre aucun signe d'intérêt.” Clorinde se remit sans effort de sa surprise initiale.
“Eh bien, je suppose que nous avons la réponse à la dernière publication de l’Oiseau de Vapeur au sujet de Furina. Je me demande ce que le Valet prépare” dit Navia en repensant au dernier article du journal. Charlotte avait récemment écrit un article spéculant sur la raison derrière les récents voyages de Furina hors de la Cour de Fontaine et sur sa première rencontre avec Arlecchino au café Lutèce.”
Furina paniqua.” Attends, attends, quel article ?”
Navia se tourna vers Furina qui fixait Clorinde. “Oh, Charlotte a récemment publié un article spéculant sur la raison de tes voyages en dehors de la ville et de ton rendez-vous avec le Valet. Elle a supposé que le Valet et toi aviez une liaison secrète.”
L’estomac de Furina se serra.
“Quoi ?! Absurde !” Furina regarda Clorinde et Navia avec des yeux écarquillés. Deux gouttelettes dépareillées remplies d’inquiétude.
“Eh, on ne juge pas. Si tu as envie de sortir avec Arlecchino, vas-y. C’est ta vie maintenant, Furina. Vis-la à fond !” Navia tenta de réconforter Furina avant que Clorinde ne prenne la parole.
“Fontaine sera à tes côtés si jamais elle tente quoi que ce soit. Nous serons à tes côtés.” Clorinde ramena son épée contre sa poitrine dans un geste de salut.
Furina sourit doucement. “Merci, j’ai besoin de temps pour réfléchir à tout ça.” Ca faisait beaucoup à traiter d’un coup. Cependant, plus elle y pensait, et plus cela prenait sens. Arlecchino n’avait montré d’intérêt que pour Poisson après l’inondation. Elle n’avait pas non plus eu de rendez-vous en dehors d’elle et de Neuvillette. Deux personnes profondément impliquées dans les questions diplomatiques du pays. De plus, Arlecchino avait littéralement ses propres agents spéciaux sous ses ordres. Pourquoi quelqu’un d’aussi occupée que le Valet perdrait du temps à superviser et surveiller personnellement Furina alors que n’importe lequel de ses agents ou même de ses enfants pouvaient s’en charger ? A moins qu’elle ne cache quelque chose. Des intentions cachées, comme celles dignes d’un drame romantique. Furina avait maintenant un nouvel objectif en tête. Opération : révéler les intentions du Valet ! Pourquoi Furina avait-elle l’impression que cela allait être plus facile à dire qu’à faire ? Oh, Foçalors, pourquoi ne pouvais-tu pas donner un peu de ta sagesse divine, ou quelque chose du genre, à Furina ?
–O–
La prochaine partenaire d’entraînement de Furina n’était nulle autre que Lynette. Il semblait qu’Arlecchino lui proposait toutes sortes de partenaires et de styles de combat différents. Tout d’abord, Furina avait affronté Arlecchino, puis ensuite, respectivement Clorinde et Navia, et maintenant, c’était au tour de Lynette. Le style de combat de Lynette était en grande partie similaire à celui d'Arlecchino lorsque cette dernière avait utilisé une épée pour se battre.
“Mademoiselle Furina, savez-vous pourquoi Père m’a demandé de m’entraîner avec vous ?” La voix monotone de Lynette était légèrement atténuée par le bruit des deux épées s’entrechoquant.
“Votre Père veut que je devienne plus forte.” Furina bloqua chaque coup gracieux l’un après l’autre.
“Père a agi bizarrement ces derniers temps. Vous en êtes peut-être la cause. Le Foyer admire la force dont vous faites déjà preuve.” Lynette surgit de nulle part derrière Furina, ce qui la poussa à réagir rapidement.
“Vraiment ?” Furina sentit sa poitrine gonfler de fierté face à ses incroyables compétences et aux éloges de Lynette.
“Oui. C’est assez écœurant de voir Père comme ça.” déplora Lynette d’une voix monotone avant de mettre de la distance entre elles.
“Écœurant ?”
“Furina, imaginer Monsieur Neuvillette en couple ne vous écœurerez pas ?”
“...Je crois que je peux comprendre maintenant.” Furina se sentit légèrement mal à l’aise à l’idée d’imaginer quelqu’un comme Neuvillette dans une relation amoureuse. Cependant, ça ferait un excellent scénario de romance. Un juge distant tombant amoureux d’un ancien prisonnier devenu directeur de ladite prison.
“Je pense que nous pouvons mettre un terme à cet entraînement, qu’en pensez-vous Lynette ?” Furina rangea son épée tout en remerciant Lynette pour le temps qu’elle venait de lui accorder.
“Oui. Père m’a promis de m’emmener à un café à chats.” Les yeux de Lynette brillèrent légèrement alors qu’elle se rappelait de la promesse que Père lui avait faite. Cependant, juste avant que Lynette ne puisse quitter l’arène, Furina lui posa une dernière question.
“Pensez-vous que votre Père se soucie de moi ?” Furina se sentit vulnérable. Elle aurait aimé pouvoir retirer ce qu’elle venait de dire.
“Oui.”
Quoi ? Avant que Furina ne puisse en savoir plus sur la situation, Lynette était partie. Son œil divin hydro se mit à légèrement briller et son Salon se matérialisa autour d’elle.
“Qu'est-ce que je suis censée faire ?” gémit Furina à l’attention de son Salon, qui la regarda avant de se regarder entre eux. Puis, chacun émit une idée.
“Mademoiselle Crabaletta ! Nous ne ferons aucun mal à Arlecchino !” Furina ne comprenait pas pourquoi Mademoiselle Crabaletta exprimait un tel dédain envers Arlecchino. Au moins, les autres avaient des idées plus nuancées.
“Surintendante Chevalmarin, je ne pense pas qu’inviter Arlecchino à un rendez-vous fonctionnera vraiment. Elle fera juste la même chose que la dernière fois. Elle refusera de répondre à mes questions à moins d’être dans un endroit isolé. Je ne peux pas l’interroger non plus. C’est le Valet après tout, elle garde tout ce qui est personnel enfouit profondément. C’est difficile de croire qu’elle est en fait humaine.”
Arlecchino était un personnage si complexe que Furina pensait que parler à un mur de briques serait plus facile que de comprendre Arlecchino.
“Gentilhomme Usher, ton idée pourrait bien marcher ! Si nous coinçons Arlecchino la prochaine fois que nous nous entraînons, j’aurai peut-être l’occasion de lui demander ce qu’elle pense ! L’opération ‘révéler les intentions du Valer’ est lancée ! Eh, comment ça ce n’est pas un bon nom ? Eh bien, pourquoi vous n’avez qu’à en proposer un meilleur !”
Mademoiselle Crabaletta proposa alors un bien meilleur nom que Furina n’aurait jamais pu trouver.
–XO–
“Dame Furina, je suis heureuse d’apprendre que votre entraînement avec les autres se passe bien. Clorinde et Navia semblent impressionnées par votre talent. Il en va de même pour ma chère Lynette.”
Ah ah ! C’était Arlecchino. Elles avaient convenu de se retrouver juste à l’extérieur de la Cour de Fontaine, juste derrière le Palais Mermonia. Le Valet voulait voir à quel point Furina avait progressé et aussi entamer la phase suivante de son entraînement.
“Que d’éloges de la part du Valet ! Alors, quelle est la suite ?” Furina était de très bonne humeur ces derniers temps. Son Salon l’avait bien aidée dans la planification de son plan. Elle était ravie de voir les choses se mettre en place. Elle avait juste besoin de savoir ce que le Valet avait prévu pour elle : un combat les opposants, ou bien une compétition avec d’autres membres du Foyer.
“Des primes. En allant à l’Oiseau de Vapeur pour régler quelques affaires, j’en ai profité pour récupérer quelques primes que nous pourrions faire ensemble. L’entraînement ne peut pas offrir la même variété et le même caractère aléatoire qu’un vrai combat.” Arlecchino lui présenta les primes. Cela allait de s’occuper de quelques Meks à des machines des ruines. Ce n’était pas ce à quoi Furina s’attendait, mais cela fera l’affaire.
L’opération ‘Cake Slice’ est lancée !