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21 grammes d'amour

Summary:

Série d'OS ship sans aucun lien entre eux ou avec mes autres histoires. Juste un peu d'amour et de douceur. Divers couple. Crédit oeuvre originale Masami Kurumada. (1) Seiya/Shaina, (2) Camus/Milo, (3) Shun/June, (4) Aiolos/Saga, (5) Io/Fenrir, (6) Shaina/Seiya , (7) Kanon/Milo, (8) Esméralda/Ikki, (9) Camus/Milo, (10) Shaka/Camus, (11) June/Shun, (12 & 13) Shaina/Seiya

Notes:

Note : Ce recueil ne sera composé que d’OS ship sans lien entre eux, et sans lien avec mes autres recueils qui, eux, forment une histoire. Juste un peu de romance, de douceur et d’amour. Divers ship possibles et variés (Seiya x Shaina ; June x Shun ; Shunrei x Shiryu ; Milo x Camus, Julian x Sorento, etc liste non exhaustive)

Dédicace : Pour ShaSei, qui est aussi l’auteur de la couverture et qui a trouvé le titre de ce recueil.
Correctrice : Clina

Personnages : Pégase Seiya , Ophiuchus Shaina
Mention de : Lion Aiolia, Aigle Marin, Seika, Dragon Shiryu, Shunrei, Andromède Shun, Caméléon June
Ship : Seiya x Shaina

Type d’écrit : romance, introspection
Arc temporel : Quelques années après la fin de la guerre contre Hadès.
Lieu : Sanctuaire

Chapter 1: Réalisation : Shaina /Seiya (1)

Notes:

Dédicace : Pour ShaSei, qui est aussi l’auteur de la couverture et qui a trouvé le titre de ce recueil.
Correctrice : Clina

Personnages : Seiya de Pégase , Shaina de l'Ophiuchus
Mention de : Aiolia du Lion, Marin de l'Aigle, Seika, Shiryu du Dragon, Shunrei, Shun d'Andromède, June du Caméléon
Ship : Seiya x Shaina

Type d’écrit : romance, introspection
Arc temporel : Quelques années après la fin de la guerre contre Hadès.
Lieu : Sanctuaire

Chapter Text

Seiya soupira en fixant le ciel étoilé. Revenir au Sanctuaire en temps de paix était presque étrange à ses yeux. Il y était d’abord venu pour s’entraîner, puis dans l’espoir d’avoir des informations sur ce qui se passait au Domaine Sacré, et ensuite pour combattre. Avec ses frères, il avait dû mener des combats âpres contre les Saints d’Or. Il y avait aussi eu la Guerre Sainte contre Hadès. Alors il n’associait pas forcément de bons souvenirs au Sanctuaire d’Athéna. D’ailleurs, il vivait plus à Tokyo qu’ici. Il n’avait pas le même attachement à son lieu d’entraînement que Shiryu et Hyoga. Mais il y avait ici en Grèce des personnes qui lui étaient très précieuses. Et il avait parfois besoin de les revoir pour se ressourcer. Déjà Marin, son Maître, vivait ici. Même si elle avait parfois enfreint les lois du Sanctuaire pour lui venir en aide ; même si elle avait dû combattre un des autres Argents pour le protéger ; elle avait été pardonnée par Athéna et elle était revenue vivre en ces lieux. Et une part de Seiya pouvait comprendre ce choix. C’était aussi ici que vivait Seika, sa sœur aînée, depuis qu’ils s’étaient retrouvés à son réveil. Ces deux jeunes femmes avaient forgé qui il était comme homme et comme guerrier. Il leur devait tout ce qu’il savait et le courage qui l’avait toujours animé.

Et il y avait elle. Elle avait gagné une place importante dans sa vie et son cœur, sans vraiment qu’il ne le comprenne, trop pris par les Guerres qui s’enchaînaient. Mais il se souvenait de sa colère quand Aiolia l’avait blessée lors de leur premier affrontement. Il avait promis de ne jamais lui pardonner ce geste envers l’Amazone, persuadé que le Lion aurait pu retenir son coup et l’éviter. Même s’il l’avait combattue plus d’une fois, il avait toujours essayé instinctivement, sans savoir pourquoi, de ne pas la blesser mortellement. Mais il n’avait jamais pour autant nier sa valeur de Saint d’Athéna. L’Amazone était une redoutable guerrière. Il le savait. Et c’était quelque chose qu’il respectait et admirait chez la jeune femme. Et elle avait toujours été présente, à Asgard et au Sanctuaire de Poséidon. Elle avait combattu avec eux, farouche Amazone peu effrayée par les combats et prête à mourir pour leur Déesse, et pour lui. Il se souvenait qu’elle s’était interposée entre Poséidon et lui, se prenant la flèche du Sagittaire à sa place. Elle avait été prête à se sacrifier en lui servant de bouclier vivant. Mais il s’y était en vrai refusé, inversant leur rôle rapidement. Et finalement les autres étaient arrivés, prêts eux aussi à donner leur vie pour sauver leur Déité et l’Humanité. En y repensant, il se disait qu’il n’aurait sûrement pas supporté de la perdre, elle. Il se serait senti coupable, si cela était arrivé. Elle méritait mieux.

Des yeux, Seiya chercha la constellation de l’Ophiuchus dans le ciel nocturne. Il eut un sourire quand il la repéra. Elle était aussi étincelante que l’Amazone sous sa protection. Pégase connaissait les constellations, comme tous les Saints d’Athéna. Mais il ne retrouvait dans le ciel étoilé que certaines d’entre elles, celles qui correspondaient aux personnes les plus chères à son cœur, Marin, Shaina et ses frères. C’était largement suffisant selon lui. Il avait besoin d’un attachement affectif pour mémoriser certaines choses. Il le savait. Il admira longuement les étoiles tentant de redessiner mentalement le dessin de la Constellation. Et il essaya de visualiser l’Armure Sacrée qui y était liée. Un soupir mélancolique lui échappa. Pour une fois qu’il venait au Sanctuaire, elle n’y était pas. Il le vivait comme une injustice en cet instant. C’était la première fois que cela arrivait. Chaque fois qu’il était revenu ici, elle avait été là. Il avait pu la rencontrer et échanger des anecdotes avec elle. Il l’avait observée s’entraîner avec les autres Saints d’Argent. Il avait parfois participé à ses entraînements aussi, heureux de pouvoir la combattre à nouveau en toute amitié.

Seiya ne s’était d’ailleurs jamais rendu compte qu’il la cherchait non stop du regard quand il était au Domaine Sacré. En vrai, si Marin ne lui avait pas demandé cette fois-ci qui il cherchait aussi activement des yeux, il n’aurait jamais vraiment réalisé qu’il avait chopé cette manie. C’était ce matin lors de l’entraînement collectif au Colisée. Il n’avait pu se retenir de laisser son regard la chercher partout, surpris de ne pas réussir à la trouver aussi facilement qu’habituellement. La question de Marin l’avait pris de cours. Il avait senti ses joues rougir d’un seul coup. Et il avait fixé le sol, se sentant un peu embarrassé de s’être fait prendre. Pourtant il n’avait rien fait de répréhensible. Après quelques secondes pour calmer ses pensées agitées, il avait répondu à l’Amazone. Elle l’avait alors informé de l’absence de Shaina au Sanctuaire. La Serpentaire était en mission. Seiya s’était senti extrêmement déçu et triste, mais il avait essayé de ne rien laisser paraître avant d’avoir pu s’isoler ici sous le ciel étoilé et au calme. Il devait apaiser la tempête qui agitait ses pensées et son âme. Et il devait comprendre pourquoi l’absence de la jeune femme lui pesait autant, pourquoi il se sentait vide maintenant qu’il savait qu’il ne la verrait pas à moins de prolonger son séjour ici.

Un nouveau soupir lui échappa et Seiya ferma les yeux. Il cherchait à comprendre ses propres réactions. Elle hantait ses pensées et ses rêves presque continuellement depuis la fin de la Guerre Sainte. Il avait maintenant le temps de se poser et de réfléchir à certaines choses, qui lui étaient primordiales dans la vie. Il en avait d’abord profité pour tisser des liens plus étroits avec ses frères, même s’il les considérait déjà comme tel avant l’aveu de leur lien de sang et la paix. Maintenant ils pouvaient vraiment profiter de leur lien fraternel. Il avait mis au clair son amitié avec Miho et son lien fraternel avec Saori. Ce dernier était doublé du respect et de l’esprit de protection qu’il avait pour sa Déité protectrice, Athéna. Maintenant qu’il avait réglé cette partie de sa vie, il pouvait s’interroger sur un autre sentiment. Dire qu’il n’avait pas une petite idée de ses sentiments pour elle serait mentir. Il se savait amoureux. Du moins il supposait que c’était cela l’amour, celui avec un grand A, celui des âmes-sœurs… Celui qu’il voyait fleurir entre Shunrei et Shiryu depuis des années, celui qui semblait naître et croître doucement entre Shun et June.

Seiya avait inconsciemment utilisé ses observations sur les relations amoureuses des autres pour comprendre ses propres sentiments. Ce n’était pas compliqué, il avait une réelle intelligence émotionnelle et un sens de l’observation aigu. Il lui suffisait au fond d’écouter comment ses deux frères parlaient de leur douce et tendre pour comprendre qu’il pensait la même chose de Shaina. Elle était le centre de ses pensées après tout. Elle avait ce pouvoir magique et magnifique de faire s’accélérer les battements de son cœur, d’affoler son souffle par sa simple présence. Il arrivait même à dessiner mentalement son visage parfait. Elle était d’une beauté simple et douce, parfaite tout en étant capable de force et détermination. Elle avait par moments un caractère entier et volcanique, qui la rendait aussi impulsive que lui, quand il s’agissait de protéger les siens. Et son petit accent italien était adorablement mélodieux. Et quand on la connaissait bien, on découvrait son sens de l’humour et son intelligence innée. Certes Seiya savait qu’elle avait des défauts, mais il les trouvait tout aussi charmants. À ses yeux elle était parfaite pour lui. Elle le complétait. Ils s’harmonisaient si admirablement. Ils se comprenaient sans parler. Ils se protégeaient mutuellement.

Et elle lui manquait en cet instant. Lui qui s’était fait une joie de la rencontrer et de peut-être réussir à grappiller quelques moments en tête-à-tête avec elle. Un autre soupir lui échappa et il rouvrit les yeux pour fixer de son regard chocolat la constellation de Pégase. Autrefois Shaina s’était confessée à lui, avouant l’amour inconditionnel et pur qu’elle lui vouait depuis des années. Il n’avait jamais répondu. Il n’avait jamais eu le temps jusque ce soir de se pencher sur ses propres sentiments. Mais en cet instant, il savait ce qu’il devait faire. C’était presque un besoin ou une urgence dans sa tête. Il était plus que temps qu’il réponde à sa déclaration d’amour. Il devait lui avouer qu’il en était aussi tombé amoureux, et tout ce qu’elle représentait pour lui ; à quel point elle lui était précieuse. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Oui, c’était le mieux à faire pour profiter d’un futur, qui ne pouvait être que merveilleux s’ils le partageaient.

Seiya avait pris sa décision. Il ferait preuve du même courage qu’au combat. Il attendrait son retour au Sanctuaire et il confesserait son amour. Et après cela, ils pourraient savourer leur lien si précieux.

 

Chapter 2: Réflexion : Camus/Milo

Notes:

Note : Je n’ai pas pensé à le dire dans le premier OS, mais les 21 grammes du titre font référence au poids supposé de l’âme humaine, selon une expérience du médecin américain Duncan McDougall en 1907. Vous trouverez facilement les informations si vous désirez en savoir plus sur le sujet.

Dédicace : Pour Crystal et Maha, j’espère que vous aimerez.
Correctrice : Clina

Personnages : Milo du Scorpion, Camus du Verseau
Mention de : Aiolia du Lion, Mu du Bélier, Hyoga du Cygne, Aldébaran du Taureau
Ship : Milo X Camus

Type d’écrit : romance, introspection
Arc temporel : Quelques jours avant que Seiya et les autres n’arrivent au Sanctuaire pour combattre les Ors.
Lieu : Sanctuaire, Temple du Scorpion

Note 2 : Je ne les ship pas vraiment de base, mais je n’ai eu aucun mal à écrire cet OS. J’espère que cela ne se ressentira pas trop. Je pense que le texte peut être lu à divers niveaux (amitié ou amour), selon comment on les imagine.

Chapter Text

Il faisait chaud. Mais après tout il était en Grèce. Et la chaleur n’avait jamais été un problème de base pour Milo. Il était né dans ces contrées arides et mythiques. Il avait en partie grandi au Sanctuaire, et il s’était entraîné sur l’île de Milos, appartenant aussi à ce pays méditerranéen. Il n’avait jamais trouvé la chaleur suffocante ou la luminosité solaire si intense que cela. En fait il appréciait l’ambiance chaleureuse de ces lieux. Le regard bleu dévia vers le bas des maisons zodiacales. Il pouvait sentir le Cosmos des différents Saint d’Or ayant déjà rejoint le Sanctuaire sur ordre du Grand Pope pour le défendre face à une poignée de Saints de Bronze renégats. Le Scorpion eut un sourire ironique. Il fallait croire que les Saints de Bronze et d’Argents envoyés pour résoudre ce petit problème n’avaient point été aptes à remplir leur mission. Et maintenant ces rebelles osaient s’attaquer directement au Domaine Sacré et à la déesse Athéna. C’était presque insultant pour la Garde Dorée de devoir régler ce genre de problème interne. Mais aucun n’aurait osé désobéir aux ordres du Grand Pope.

Et pour preuve même le Bélier était revenu dans son antre pour la protéger. C’était une surprise en soi de ressentir ce Cosmos calme et serein, qui avait quitté le Sanctuaire il y avait si longtemps… Milo comptait lentement le retour de ses compagnons d’armes. Lui, tout comme Aiolia, était resté ici après la fin de leur entraînement. Il fallait bien des Ors pour protéger la Déité qu’il servait. Et les Argents tout comme les Bronzes avaient prouvé qu’ils n’étaient pas aptes à le faire seuls. Le Scorpion prit le temps de détailler les maisons zodiacales en contrebas. Peu à peu chaque Temple retrouvait son propriétaire, prêt à le protéger au prix de sa vie. Milo se fit la réflexion que théoriquement, aucun des Bronzes ne devrait arriver jusque lui. Même si Mu ne combattait pas réellement, quelle chance avaient-ils face à Aldébaran ? Théoriquement, aucune. Mais aucun Saint d’Or n’aurait osé désobéir et ne pas revenir pour défendre ses positions, même si aucun d’eux ne devait prendre cette menace au sérieux. Milo soupira un peu. L’attente serait longue. Il n’en doutait pas.

Faisant volte-face à l’entrée de son Temple, il fixa le haut des escaliers interminables. La légende disait que personne n’avait réussi à arriver vivant en haut. Son regard bleuté frôla la statue imposante d’Athéna, qui surplombait son autel, les treize Temples zodiacaux mais aussi tout le Domaine Sacré. Puis il observa la fameuse horloge, éteinte comme toujours, perchée sur son pic rocheux. Elle aussi était visible de partout au Sanctuaire. Le Scorpion pencha légèrement la tête. Par habitude quand il était en ces lieux, il portait son armure sacrée. Elle scintillait doucement dans la lumière solaire du jour. Le silence régnait pour le moment. Mais il pouvait ressentir la tension liée à une bataille imminente. Il ne faudrait plus longtemps avant que les Bronzes renégats n’osent souiller ces lieux. Milo avait déjà pu discuter de ce problème avec le Grand Pope. Mais c’était le Lion qui avait été envoyé en mission. Cela étant pour une raison qui lui échappait encore, Aiolia n’avait pas mené à bien cette dernière. Et il était étrange le Lion depuis son retour, à tourner comme un fauve en cage dans sa maison.

Un frisson roula le long de son dos. Il se figea un instant. Pourquoi était-il si surpris de ressentir ce Cosmos glacial et calme ? Après tout lui aussi était un Saint d’Or. Lui aussi avait été rappelé au Sanctuaire. Et Milo pouvait bien s’avouer qu’il avait préféré ne pas y penser jusqu’à maintenant. Le Verseau venait de pénétrer dans le Domaine Sacré. Et sans aucun effort, le Scorpion put localiser son ami et suivre sa progression vers le haut des escaliers. Le regard bleu de Milo se posa sur le Temple du Verseau. Il observa chaque détail de cette maison, que pourtant il connaissait par cœur. Il lui était arrivé après le départ pour la Sibérie de son ami d’y errer pour y ressentir encore un peu les fragments de son Cosmos. Et voilà qu’après quasiment sept longues années, Camus revenait ici. Milo ne savait pas comment il se sentait. Il ne savait même pas ce qu’il espérait de ces retrouvailles. Ô pas que le Verseau soit du genre à venir le saluer pour discuter du passé et renouer leur lien. S’il devait attendre après Camus pour faire le premier pas, ils ne discuteraient jamais… Mais ce dernier n’aurait pas d’autres choix que de traverser son Temple pour regagner le sien. Ce serait l’occasion de se saluer et peut-être discuter un peu.

Lentement le Scorpion se tourna vers les escaliers descendants. Il prit appui contre une des colonnes à l’entrée de son Temple. Le Verseau était encore loin d’être sur le pas de sa porte. Il pouvait se laisser à rêvasser au passé. Quand tout était plus simple, quand ils étaient des enfants et des apprentis. Il avait quelques souvenirs de cette époque-là. Camus n’était alors pas encore cet être neutre et froid, dont les pensées étaient inaccessibles aux autres. À l’époque Milo avait réussi à glaner son amitié sans trop de mal. Il l’entraînait volontiers dans ses jeux avec les autres. Ils avaient de bons souvenirs ensemble, entre deux entraînements. Même si leur caractère était opposé, ils avaient appris à se compléter et à se comprendre. Avec lui, Camus savait se montrer loquace et souriant. Puis était arrivé le jour où chacun d’eux devait aller peaufiner son entraînement loin du Sanctuaire pour gagner son Armure d’Or. La séparation avait été un déchirement pour les deux amis. Mais ils n’avaient pas le choix. Ils avaient été courageux comme se devaient de l’être les Saints d’Athéna.

Dire que Milo avait été heureux de revenir pour retrouver ses amis était peu dire. Mais il avait déchanté avec Camus. Ce dernier était totalement devenu le Saint d’Or du Verseau. Et comme tout Saint des Glaces, il était neutre et froid. Il était devenu impossible de deviner ses pensées et de lire ses expressions. Mais en grandissant autre chose avait changé. C’était ce que Milo ressentait pour son ami d’enfance. Les sentiments étaient plus forts et plus puissants qu’autrefois. Mais le Scorpion n’avait jamais creusé ce qu’il ressentait vraiment pour le Verseau. Il savait qu’il était sûrement le Saint d’Or le plus proche de Camus. Ils passaient du temps ensemble. Ils s’entraînaient ensemble. Milo se savait chanceux d’avoir autant de moments privilégiés avec lui. Le Verseau n’était pas le plus sociable, ni le plus amical de la Garde Dorée. Il ne devait avoir que Milo comme ami. Et ce dernier profitait de son temps avec lui entre deux missions.

Pourtant il se souvenait du pincement au cœur et du goût d’amertume en bouche qu’il avait eu au retour d’une de ses missions. Camus n’était plus au Sanctuaire. Le Verseau était reparti sans un mot, sans un au revoir en Sibérie pour s’occuper de ses disciples. C’était sa nouvelle mission. Et pendant presque sept ans, Milo n’avait eu aucune nouvelle de son ami. Au départ, il lui en avait voulu de son silence, d’être parti sans un mot. N’avait-il donc aucune valeur à ses yeux ? C’était son côté impulsif qui avait pris le dessus. Mais avec le temps, il s’était calmé. Et il avait relativisé. C’était de Camus dont il était question. Le silence était presque la norme avec lui. Après tout Milo faisait presque la conversation à lui seul lors de leurs échanges. Et c’était typique de l’homme neutre et glacial qu’il était. Puis il finirait par revenir.

C’était à cette époque-là qu’il avait commencé à errer dans le onzième Temple. Il y ressentait plus qu’ailleurs la présence de Camus. Et dans son esprit il imaginait tout ce qu’il pourrait lui raconter, s’il en avait l’occasion. Le manque aussi s’était fait sentir, incompréhensible et envahissant à certains moments. Mais il s’y était habitué à cette petite douleur-là. Ses sentiments restaient flous et vagues dans son esprit. Mais il les avait acceptés. Camus serait toujours à part à ses yeux, plus précieux que les autres pour lui. Et peu importait quel type d’amour pouvait les unir, il en existait tellement au fond. Milo savait qu’il aimait Camus d’une manière ou d’un autre. Il n’avait même pas besoin de lui dire. Le savoir lui suffisait. De toute manière il était trop loin de lui pour un temps indéterminé.

Et aujourd’hui que ressentait-il ? Un soupçon d’impatience à revoir un être qui lui était cher, de découvrir s’il avait changé physiquement et au niveau du caractère. Une légère angoisse d’être face à celui qui comptait tellement pour lui, même s’il n’avait toujours pas mis au clair ses propres sentiments. Un peu de rancune pour l’avoir laissé dans l’ignorance et exclu de sa vie, alors qu’ils auraient pu s’écrire, voire se visiter. De la joie parce qu’il lui avait manqué et que passer du temps avec lui le rendait heureux. Et il espérait qu’ils en auraient un peu à partager avant ou après la bataille contre les Bronzes renégats. Milo ne doutait pas de leur victoire de toute manière. Du soulagement de le savoir de retour près de lui, parce que même s’il avait honte de cette pensée, Milo avait douté que Camus revienne comme les autres. Et beaucoup de questions à lui poser, beaucoup de choses à lui raconter aussi, le Scorpion se fit la réflexion que le Verseau allait passer des heures avant de réussir à traverser son Temple.

Le Cosmos glacial approchait de plus en plus. Et Milo sortit de sa rêverie composée surtout de réminiscences, de questions et d’envie de voir le visage apprécié. Le bruit métallique des bottes d’une armure d’Or se répercutait lentement jusqu’à lui. Le regard bleu se fixa sur les escaliers. Quelques secondes plus tard, Camus apparaissait vêtu de son Armure Sacrée. Il n’arborait aucun sourire, aucune expression comme à son habitude contrairement à Milo qui lui offrit un sourire chaleureux de bienvenue. Le Verseau s’arrêta en haut des marches à quelques pas du Scorpion. Et pendant de longues minutes ils se contentèrent de se regarder dans les yeux, observant attentivement l’autre à la recherche de changements visibles. Mais rien n’avait changé. Milo était fidèle à lui-même. Camus était encore plus fermé et glacial qu’autrefois. Le Scorpion devinait qu’il avait dû vivre quelque chose qui l’avait touché. Mais il savait que même avec un long interrogatoire, le Verseau ne se confierait guère. Ce n’était pas dans sa nature. Milo se fit à nouveau la réflexion que Camus lui avait manqué et qu’il était heureux de le retrouver malgré les circonstances.

« Bonjour Milo. Puis-je traverser ton Temple ? », demanda poliment Camus de sa voix neutre et basse. Cela aussi n’avait pas changé, ce qui amusa Milo. Le Verseau était toujours aussi protocolaire.

« Bonjour à toi aussi, Camus. Quel plaisir de te revoir après cette longue absence et d’avoir de tes nouvelles ! Si tu savais comme c’est agréable de discuter avec toi. Je ne t’ai pas trop manqué au moins ? », répliqua Milo avec humour et un sourire taquin. Il ne s’attendait pas de toute manière à un mot ou un geste amical. Quelle que soit la nature de son amour pour Camus, il le savait à sens unique depuis longtemps.

« Ton humour laisse toujours à désirer. », répondit calmement Camus sans aucune expression. Il était encore plus doué qu’autrefois pour ne rien laisser transparaître.

« Cela aussi a dû te manquer. Mais bien sûr tu peux traverser et regagner ta maison. Je suppose que tu n’es ici que pour la bataille. », répliqua Milo sans se faire de faux espoirs. Il décroisa les bras et il bougea, s’éloignant de son pilier. Il s’autorisa un regard sur la silhouette de Camus une dernière fois. « Ton disciple fait partie des renégats. », commenta-t-il lentement. Mais encore une fois, aucune expression ne trahit les pensées du Verseau. Et ce n’était pas un secret que le Saint du Cygne était un des Bronzes renégats. Mais cela était un problème que Camus réglerait lui-même, si tant était que le Bronze arrive jusqu’à lui.

« Je sais. », murmura simplement Camus. Et il avança pour entrer dans la maison du Scorpion. Pourtant il s’arrêta à hauteur de Milo. Il lui offrit un regard en coin. « Je suis heureux de te revoir aussi. »

Et sans un mot de plus, le Verseau disparut à l’intérieur du temple. Et Milo resta stupidement figé sur place, les yeux légèrement écarquillés de surprise. C’était si peu de chose. C’était une phrase qui pouvait avoir n’importe quel sens. Mais le regard et le très léger sourire, qui l’avait accompagnée, était bien plus parlant que les mots en eux-mêmes. C’était suffisant pour arrêter son cœur quelques secondes avant qu’il ne reparte beaucoup trop rapidement, comme un oiseau fou essayant de fuir sa cage. Un sourire prit place sur ses propres lèvres. Et trop tardivement, Milo se tourna pour observer l’intérieur de sa maison. Mais Camus était déjà dehors, en route vers le temple vide du Sagittaire. Oui, cet instant éphémère et précieux, il allait le chérir et le conserver en mémoire. Il était peut-être un début de réponse à toutes ses questions sur ses sentiments, ceux de Camus et leur relation. Une fois cette bataille contre les renégats gagnée et expédiée, il aurait le temps d’avoir une vraie conversation avec Camus, de s’ouvrir à son ami sur ce qu’il ressentait pour lui. Oui, encore quelques jours, et ils pourraient parler librement et profiter de la présence de l’autre. Il avait hâte. Mais en même temps, il pouvait bien attendre quelques jours de plus… Ensuite ils pourraient en profiter pour découvrir leur vraie relation.

Chapter 3: Retrouvailles : Shun/June (1)

Notes:

Correctrice : Clina
Personnages : June du Caméléon, Shun d'Andromède
Mention de : Marin de l'Aigle
Ship : June x Shun

Type d’écrit : romance, introspection
Arc temporel : Après l’arc du Sanctuaire, quand les Bronzes sont guéris.
Lieu : Japon.

Note : C’est un fanart de aranelfealoss qui m’a quelque sorte inspiré cet OS.

Chapter Text

Il avait promis de revenir après la Bataille du Sanctuaire. Il lui avait promis de survivre et de revenir. Et elle s’était accrochée à cet espoir, aussi mince soit-il à ses yeux. Elle avait voulu le retenir pour le protéger. Elle ne voulait pas le perdre lui aussi. Mais elle n’avait pas spécialement fait le poids face à sa volonté, parce qu’il avait cette détermination inébranlable, et il n’aurait jamais abandonné ses frères. Elle le savait avant même d’oser lui demander de ne pas aller combattre les Ors. Qu’avait-elle vraiment espéré? Qu’il l’aimait suffisamment pour céder à sa demande presque égoïste ? Mais ils étaient de Saints d’Athéna avant tout. Et il n’avait jamais reculé face au défi que cela représentait. Alors elle n’avait pas été étonnée de ne pas réussir à le convaincre de l’écouter. Et même si cela lui avait brisé le cœur, qu’elle redoutait de le perdre, elle était fière de lui. Il ne pouvait en être autrement. Il était plus fort qu’on ne l’imaginait au premier abord. Elle le savait, elle qui avait grandi avec lui.

Pourtant elle n’avait pu retenir quelques larmes, quand elle s’était éveillée seule dans cette chambre d’hôpital. Elle n’avait pas besoin qu’on lui explique pour qu’elle sache qu’il était parti avec les autres au Sanctuaire. Et elle avait prié. Qu’aurait-elle pu faire de plus d’où elle était ? Elle s’en était remise à la déesse Athéna tremblante et angoissée et toutes les autres Déités qu’elle connaissait vaguement. Elle s’était sentie si impuissante seule et ici. Après tout, la seule chose qu’elle avait pu faire pour l’aider c’était partager avec Marin les informations qu’elle avait sur le Domaine Sacré. Pour le reste, on lui avait conseillé de se reposer pour guérir plus vite. Elle avait quand même été grièvement blessée. Et elle s’était pliée à leurs ordres, n’ayant guère le choix. Elle n’avait aucune connaissance ici, si ce n’était lui. Mais il était au Sanctuaire et elle au Japon. Alors elle avait obéi. Elle s’était reposée. Elle avait suivi leurs conseils et elle avait passé tous les examens médicaux qu’ils lui avaient ordonnés de faire. Parce qu’elle voulait être en pleine forme quand il reviendrait. Parce qu’il reviendrait. Il ne pouvait en être autrement.

Mais personne ne pouvait comprendre l’attente angoissante qu’elle vivait. Il lui était impossible de savoir comment les combats se passaient au Sanctuaire. Elle avait pu voir la puissance réelle d’un Saint d’Or. Elle l’avait vu détruire l’île sur laquelle elle avait vécu et elle s’était entraînée. Elle l’avait vu éliminer son Maître, un Saint d’Argent, avec aisance. Comment pourrait-il, lui, survivre alors qu’il n’était qu’un Saint de Bronze ? Avait-il compris ce qu’elle avait voulu lui dire avant son départ ? Et ce nœud en elle se resserrait de plus en plus. Les heures s’égrenaient. Elle redoutait la mauvaise nouvelle. Et l’ignorance ne faisait que rendre sa peur palpable et tangible. Elle sentait ses mains trembler. Ô pas tant qu’elle s’inquiétait de son sort à elle, s’ils perdaient. Cela lui importait peu. Elle redoutait juste ses blessures à lui. Et surtout, surtout, qu’il pourrait ne jamais lui revenir… Les perles salées cascadaient muettes sur ses joues trop pâles dans le silence et le secret de ses longues nuits sans sommeil. Elle essayait de rendre le change durant la journée. Elle souriait quand on entrait dans sa chambre, et elle répondait poliment à tout le monde. Mais une fois seule face à elle-même, elle ne pouvait que sentir son monde s’effondrer. Et les tremblements revenaient invariablement. Elle ne savait pas comment endiguer sa peur.

Alors pour calmer son cœur affolé et apaiser ses pensées chaotiques, elle se remémorait le passé. Cela lui arrachait quelques petits sourires. Elle revoyait leur rencontre, quand il était arrivé un peu perdu sur leur île. Elle se rappelait leurs cours collectifs, leurs entraînements et tous les petits moments de pause qu’ils avaient partagés. Ils étaient très vite devenus amis. Elle était la seule fille et il était différent des autres, tellement qu’elle pouvait s’avouer aujourd’hui honteusement qu’elle pensait qu’il ne gagnerait jamais son Armure Sacrée. Elle se souvenait avec une certaine douceur de leurs confidences, de leurs secrets partagés et de leurs jeux d’enfant. Elle se souvenait de son inquiétude quand il refusait de se défendre et d’utiliser la violence face aux autres. Elle se rappelait cette angoisse sourde aussi lors du Sacrifice. Mais il s’était toujours relevé. Il avait gagné contre toute attente, dissimulant en lui un Cosmos le plus puissant qu’elle avait pu ressentir. Elle devait avoir confiance en lui. Elle devait croire en lui, même si ce combat semblait perdu d’avance.

Elle se demandait quand elle était tombée amoureuse de lui ? Quand l’amitié simple était devenue un sentiment plus puissant ? Elle n’était pas certaine de le savoir. Ce n’était pas arrivé comme cela subitement un matin. Cela n’avait rien avoir avec le coup de foudre, comme dans les romans et les films romantiques. C’était quelque chose qui était née et qui avait grandi lentement au fil des jours passés à ses côtés. Elle le connaissait si bien, autant ses qualités que ses défauts. Ce sentiment fort avait fini par dépasser la dévotion qu’elle portait à leur déesse Athéna et le respect qu’elle avait pour leur Maître. Il était devenu petit à petit le centre de son univers personnel, la personne la plus précieuse qu’elle avait dans sa vie. Elle en était désespérément amoureuse. Et cela l’avait poussée à se dévoiler dans l’espoir de le retenir. Et même s’il n’avait point répondu, même si cela n’avait rien changé, elle était heureuse d’avoir pu lui dire. Cet amour qu’elle lui vouait était la seule chose qui lui permettait de croire en son succès.

Et il avait gagné, avec ses frères d’armes. La nouvelle lui avait apporté une vague de soulagement. Elle en avait pleuré de joie. Bien sûr il n’était pas revenu directement. Il avait été grièvement blessé. Et il était resté au Sanctuaire. Et elle n’avait pas osé demander l’autorisation de le rejoindre. De toute manière, elle n’était pas certaine d’être bienvenue au Domaine Sacré. Elle ne savait pas encore quel serait son sort à elle, qui avait désobéi d’une certaine manière aux ordres. Elle avait repris ses prières, pour qu’il guérisse vite. Et elle avait attendu. Les jours étaient devenus des semaines, qui se transformaient en mois. Mais elle n’exigeait rien. Elle se contentait de la joie simple de le savoir vivant et en bonne santé. Elle prenait discrètement de ses nouvelles dès qu’elle le pouvait. Elle n’avait rien d’autre à espérer qu’un jour il reviendrait ici. Et puisqu’on l’autorisait à vivre en ces lieux pour le moment, elle était restée. Et elle attendait aussi paisiblement que possible. Elle savait qu’il s’était réveillé, qu’il guérissait. Et puis le silence s’était à nouveau fait. Mais elle sentait au plus profond de son âme qu’il allait bien.

Vivre ici l’avait amenée à revoir son style vestimentaire. Même si le masque métallique n’était jamais très loin, et qu’elle le sortait régulièrement de son tiroir, elle ne le portait plus quotidiennement. Après tout, elle vivait maintenant entourée de non Saints d’Athéna. Ils n’auraient pas compris ce que le masque représentait. Elle avait aussi opté pour des vêtements civils plus confortables et un peu plus amples. Jeans et tee-shirts étaient devenus ses attributs préférés, sa longue chevelure blonde toujours aussi libre qu’avant. Elle appréciait les bottes en cuir qu’elle portait aussi. Elle apprenait à vivre normalement. Elle n’avait jamais lu autant de livres de sa vie, mais pouvoir s’évader juste en ouvrant un bouquin était des plus agréables. Tout comme elle lui écrivait des lettres, qu’elle n’envoyait pas. Elle les gardait toutes précieusement dans un tiroir fermé à clé. Dans ces mots maladroits et timides, elle déversait son amour pour lui et son besoin de le revoir. Mais elle n’osait pas lui envoyer. Elle ne savait pas ce qu’elle était pour lui.

Cet après-midi était typique de tous les autres. C’était presque étrange d’avoir autant de temps libre et de se découvrir des passe-temps. Elle s’était installée à l’extérieur dans le parc avec un livre sur un banc. Elle avait envie de profiter de la chaleur de la journée, du beau soleil bien brillant et de l’air doux de cette journée. Avec un léger sourire, elle s’était plongée dans les aventures réécrites d’un héros mythique, dont le nom lui était vaguement familier. Elle s’amusait des rebondissements du héros en essayant de ne pas rire toute seule face à son livre. Le temps filait lentement. Et de temps à autre, elle relevait le regard vers le décor naturel qui l’entourait. L’arbre derrière elle lui offrait une ombre bienvenue. Elle bougea légèrement avant de froncer les sourcils et de se concentrer à nouveau sur les lignes qu’elle déchiffrait avec amusement. Pourtant elle sentit un regard posé sur elle. Elle ressentait la présence familière avec force. C’était étrange.

Quand elle releva les yeux, elle rencontra son regard émeraude chaleureux et doux. Un frisson glissa le long de son dos. Elle papillonna des yeux, étonnée. Rêvait-elle ? Elle avait bien envie de se pincer pour le vérifier. Non, il était bien là. Elle savait qu’il était totalement guéri. Pourquoi ne lui avait-on pas dit qu’il reviendrait au Japon ? Sans réfléchir plus longtemps, elle laissa tomber son livre au sol. Et elle sauta sur ses pieds. Il eut à peine le temps de se préparer à l’impact qu’elle lui sautait dans les bras. Elle enserra son cou avec force, son corps percutant le sien un peu trop violemment. Et il recula d’un pas. Elle ne vit pas ses joues qui venaient de prendre une jolie couleur rosée. Il fallut quelques secondes avant que ses bras à lui ne s’enroulent avec douceur autour de sa taille fine.

« Doucement June. », murmura-t-il d’une voix amusée alors qu’il stabilisait leur équilibre et leur position.

« Tu es revenu. », déclara-t-elle d’une voix vibrante et basse. Tout son corps était secoué par ses tremblements. Quelques larmes roulèrent sur ses joues et elles s’échouèrent sur son tee-shirt alors qu’elle déposait son front contre son épaule. Une main caressa son dos avec tendresse pour l’apaiser.

« Je te l’avais promis, non ? », répondit-il sans cesser ses caresses apaisantes.

« Je sais mais... » Elle ravala difficilement un sanglot. Et ses bras le serrèrent un peu plus, son corps se collant totalement eu sien. Sa chaleur la rassurait. Le contact physique lui permettait de réaliser qu’il était bien là. « Mais j’ai eu peur pour toi. Et puis, tu aurais pu ne pas revenir ici, rester au Sanctuaire, Shun. »

« Je reviendrais toujours pour toi. », confessa-t-il déposant un baiser éphémère sur sa tempe. « Moi aussi je t’aime. »

L’étonnement la fit légèrement reculer pour rencontrer son regard émeraude amoureux et doux. Il avait rougi adorablement. Mais elle-même pouvait sentir ses propres joues brûler. Un sourire timide naquit sur ses lèvres en réponse au sien. Elle était heureuse. Elle l’avait eu sa réponse après tout. Et l’attente en valait la peine. Avec un sourire tendre, elle se mit sur la pointe des pieds et elle embrassa délicatement sa joue. Elle était chanceuse. Elle le savait. Elle n’en attendait finalement pas autant. Elle sentit une de ses mains se poser sur sa joue avec douceur. Il pencha la tête vers elle, les yeux fermés. Et il déposa ses lèvres tendrement sur les siennes. Elle mit quelques secondes avant de s’appuyer un peu plus contre lui, de serrer plus fortement son cou et de répondre timidement à son baiser. C’était agréable même si cela affolait son cœur et réchauffait son âme. Le baiser était chaste et simple. Et elle pouvait sentir un léger sourire contre ses lèvres rosées. Ils brisèrent lentement l’échange, et il déposa son front contre le sien.

« Je t’aime aussi. », susurra-t-elle avec une voix un peu tremblotante et presque timide. « Restes-tu ? », osa-t-elle demander avec une certaine appréhension.

« Aussi longtemps que je pourrais. Et aussi longtemps que tu voudras de moi près de toi. », répondit-il taquin. Elle eut un petit rire amusé.

« Comme si je pouvais désirer que tu repartes. », répliqua-t-elle mutine. « Je t’ai, je te garde. »

Et elle le serra un peu plus contre elle. Elle le sentit resserrer son étreinte autour de sa taille en réponse. Elle nicha sa tête dans le creux de sa nuque, heureuse de ressentir sa chaleur et de s’enivrer de son parfum. Elle était simplement et totalement heureuse. Et ils restèrent dans les bras l’un de l’autre de très longues minutes. Le reste du monde n’existait plus. Ils savouraient simplement le fait de se retrouver et d’être avec l’autre tout simplement. Elle lui poserait des questions plus tard sur ses combats, s’il voulait en parler. Et elle lui raconterait ses journées et ses nouvelles passions plus tard. Et peut-être, si elle était courageuse, qu’elle lui donnerait toutes ces lettres qu’elle lui avait écrites, et qui reposaient secrètement dans son bureau. Mais ils avaient le temps. Pour l’instant seules la présence et l’étreinte de l’autre comptaient tout simplement. Et c’était largement suffisant pour la rendre totalement heureuse. Et elle savait qu’il partageait sa joie. Être amoureux et savoir cet amour partagé était une des plus belles sensations au monde selon elle.

Chapter 4: Aveu : Aiolos/Saga (1)

Notes:

Dédicace : Pour Crystal, Koyalau et ShaSei, n’hésitez pas à aller les lire. Elles font des merveilles avec leurs histoires sur Saint Seiya.
Correctrice : Clina

Personnages : Saga des Gémeaux, Aiolos du Sagittaire
Mention de : Kanon du Dragon des mers
Ship : Aiolos/Saga

Type d’écrit : romance, confession amoureuse
Arc temporel : Disons post-canon, quelques années après les Guerres Saintes et un retour à la vie de tout le monde.
Lieu : Sanctuaire, Temple des Gémeaux

Note : Koyalau m’a appris que le 3 juin était le jour de ce ship dans le fandom japonais, c’était l’occasion d’écrire un petit moment romantique sur Aiolos/Saga (avec un peu de retard). C’est un ship que j’apprécie, même si on les voit peu je trouve

Chapter Text

La douleur ne le quittait pas depuis ce matin. Saga grogna pour la forme. Il était heureux d’être seul dans le Temple de Gémeaux. Allongé sur le sofa de la partie vie des lieux, il profitait du silence et de la pénombre des lieux. Cela rendait légèrement plus supportable la souffrance physique qui ne le quittait pas. Ah, ce qu’il regrettait d’avoir accepté d’entraîner ce matin les apprentis les plus jeunes. Depuis leur retour à la vie, Saga avait repris ses fonctions de Saint d’Or des Gémeaux, ce qui incluait de s’occuper des plus jeunes n’ayant pas encore de Maître attitré. Il le faisait autrefois, quand il n’était encore qu’un adolescent. Et sa patience légendaire l’avait toujours aidé à se montrer pédagogue et bienveillant avec les plus jeunes, qu’il guidait volontiers. Enfin sauf les jours comme aujourd’hui. En cet instant il regrettait de ne pas avoir décliné l’entraînement ce matin, il souffrirait certainement moins. La douleur lancinante n’avait fait qu’augmenter, alimentée par la forte luminosité extérieure et le bruit quasiment permanent des combats durant les entraînements. Il la sentait déchirer son crâne régulièrement, comme si un marteau frappait l’arrière de sa tête et que le choc se répercutait dans toute sa tête. Un autre gémissement de douleur lui échappa. Vraiment ce mal de tête ne finirait jamais. Sauf peut-être s’il pouvait dormir quelques heures dans le silence et le noir complet.

Un bruit dans la partie centrale du Temple arracha un grognement à Saga. Il n’était pas vraiment en état de faire des politesses et d’être un bon hôte. Enfin il était quand même un Saint d’Or, il pourrait bien sûr passer outre sa douleur et s’occuper de son invité surprise. Il pouvait le faire. Mais il n’en avait pas envie. Il voulait juste se reposer et que sa souffrance physique s’envola d’elle-même. Le Cosmos chaleureux se rapprocha de la partie vie et pénétra dans la pièce sans aucune invitation. Mais il n’en avait jamais vraiment eu besoin, et cela était encore plus vrai depuis leur retour à la vie. Saga aurait accepté n’importe quelle épreuve pour obtenir le pardon et l’amitié d’Aiolos. Ils le savaient tous les deux. Malgré les mois passés depuis leur retour à la vie grâce aux bons soins de la déesse Athéna, ils essayaient de retrouver leur amitié passée ou du moins de construire quelque chose entre eux.

En vrai, Saga n’était plus certain de ce qu’il ressentait pour le Sagittaire, au minima de l’amitié mais certainement plus. Il y avait toujours eu plus quand il s’agissait de ses sentiments pour Aiolos. Mais c’était alors quelque chose d’indéfini, qui naissait et grandissait lentement alors qu’ils étaient adolescents. Le destin avait choisi de les séparer de la pire des manières. Saga avait longtemps estimé ne pas mériter un quelconque pardon de la part de son ancien meilleur ami. Et ce n’était qu’après bien des discussions à cœur ouvert, des mots d’excuses et de pardon qu’ils avaient réussi à retrouver une relation plus apaisée et plus complice. Le Gémeau ne fuyait plus le Sagittaire. Et ce dernier appréciait à nouveau la présence de l’autre. Et ce qui autrefois était un sentiment indéfini entre deux adolescents maladroits, avait lentement pris un sens. Mais encore une fois, Saga faisait admirablement l’autruche pour citer son frère Kanon.

« Saga, est-ce que ça va ? », demanda la voix légèrement inquiète du Sagittaire. C’était assez inhabituel de trouver le Gémeau allongé dans le noir, un bras sur les yeux pour se dissimuler en pleine journée.

« J’ai mal à la tête. », répondit Saga en ouvrant péniblement les yeux. Seul un long silence lui répondit. Lentement pour ne pas aggraver la douleur lancinante, qui transperçait sa tête, Saga se mit en position assise. Il tourna un regard légèrement fiévreux vers son visiteur, qui l’observait en silence. « La migraine. J’ai juste la migraine ! », précisa-t-il rapidement.

« J’avais compris. », commenta Aiolos avec un léger sourire.

Saga soupira et il passa une main lasse sur son visage. La douleur à la tête avait été un symptôme de sa possession, comme les autres appelaient cela. C’était toujours un signe annonciateur qu’il allait perdre le contrôle. Alors dès qu’il manifestait la moindre migraine, certains s’inquiétaient sur un retour en puissance de son côté sombre, comme son frère le surnommait. Pourtant Saga avait toujours été migraineux. Il avait des migraines depuis l’enfance, c’était probablement pour cela qu’il n’avait pas de suite compris ce qui n’allait pas à l’époque. Avec un froncement de sourcils, le Gémeau regarda avec attention son invité. Aiolos l’observait avec une pointe d’inquiétude dans le regard. Il semblait l’analyser avec attention. Ils restèrent silencieux à se regarder mutuellement durant de longues minutes. Puis Aiolos eut un léger sourire.

« Comment puis-je t’aider ? », questionna-t-il réellement désireux de soulager Saga, mais aussi conscient qu’il ne pourrait pas le faire sans son accord.

« Cela passera, comme toujours. », murmura en réponse le Gémeau, qui ferma un instant les yeux.

Le silence revint dans la pièce sombre. Saga garda les yeux fermés essayant de nier la souffrance à l’arrière de sa tête, qui rendait aussi sa nuque rigide et douloureuse. Il savait qu’il devait se lever et se montrer meilleur hôte. Mais cela lui demandait un tel effort. Ah qu’il était bien faible face à une simple migraine le si puissant et admiré Saint d’Or des Gémeaux. Il perçut vaguement les bruits de pas d’Aiolos qui se déplaçait. Ce dernier s’installa sur le sofa près de lui. Ils étaient suffisamment proches pour que Saga puisse sentir la chaleur qui émanait du corps de son compagnon d’armes. Il eut un léger frisson à cette nouvelle proximité. Depuis quelques semaines, la distance physique que Saga maintenait entre eux s’amenuisait. Le Sagittaire était toujours un peu plus proche de lui. Le Gémeau ouvrit les yeux en sentant les doigts frais de l’Archer sur son poignet. C’était une caresse légère et douce à laquelle il pourrait se soustraire sans difficulté. Mais il n’en avait pas envie. Il appréciait même le léger échange. C’était aussi une nouveauté entre eux le contact physique, qui même s’il restait simple et éphémère, avait un sens qui dépassait l’amitié. En vrai, ils se tournaient gentiment autour sans oser dépasser une certaine limite, toujours incertain que l’autre partageait le même sentiment amoureux. Inconsciemment, Saga tourna la main et leurs doigts se frôlèrent, hésitant encore à s’entrelacer réellement.

Aiolos eut un léger sourire alors qu’il continuait de dessiner des lignes et des courbes sur la paume de Saga. Il avait bien une idée en tête pour soulager la migraine de son ami. Mais il fallait que ce dernier accepte l’idée. L’intimité physique était une nouvelle étape dans leur relation qui connaissait une évolution amoureuse lente mais certaine. Le Sagittaire avait toujours été amoureux du Gémeau, du moins depuis qu’il savait ce que signifiait être amoureux. Lors de leur première vie, il avait été trop timide et incertain pour oser se déclarer d’une manière ou d’une autre. Et il n’était même pas certain que cela aurait changé le cours de leur destin. Cela aurait sûrement rendu leurs retrouvailles et la rédemption de Saga plus compliquées. Même si à ce niveau-là, le Gémeau avait sa part de culpabilité dévorante qui ne semblait point vouloir le quitter. Certes, il avait avancé. Ils avaient tous avancé. Et Aiolos avait pardonné à son ami d’enfance. Et avec l’apaisement et le pardon était arrivée l’envie de vivre cet amour. Il ne pouvait pas être certain de ce que l’avenir leur réservait. Mais il se refusait de laisser passer cette seconde chance. Cela étant, être déterminé ne voulait pas dire qu’il savait comment s’y prendre pour se déclarer ou faire évoluer leur relation vers un plus.

« Je pense savoir comment faire passer ta migraine. », déclara Aiolos avec un sourire. Saga fronça légèrement les sourcils en l’observant. La caresse sur sa main avait cessé. « Tu me fais confiance ? »

« Je te confierais ma vie et tu le sais. », rétorqua le Gémeau. Ce n’était pas un mensonge. Il avait une confiance aveugle en son meilleur ami, pour qui il nourrissait un amour grandissant.

« Bien. Alors laisse-toi faire. », proposa le Sagittaire avec un clin d’œil.

Saga n’hésita qu’une seconde. Et il acquiesça lentement de la tête pour ne pas augmenter la douleur fourbe, qui traversait toujours son crâne à un rythme régulier. Aiolos bougea et il déposa ses mains sur les épaules du Gémeau le forçant à suivre ses indications muettes. En silence, il indiqua à Saga de s’allonger sur le sofa. Ce dernier ne posa aucune question pour une fois. Il n’était pas assez en forme pour discuter de tout et s’opposer à Aiolos. En général, il essayait de garder un certain contrôle sur leur conversation et contact physique, tentant de garder une certaine distance même s’il cédait de plus en plus au besoin de contact de son meilleur ami. Mais aujourd’hui il se laissait guider, faisant une confiance aveugle au Sagittaire. Une fois allongé sur le divan, Aiolos le força à utiliser ses jambes comme oreiller. Saga ne résista pas du tout. Allongé sur le dos, Saga ferma à nouveau les yeux. La main fraîche d’Aiolos se posa sur son front douloureux. Doucement, le Sagittaire utilisa son Cosmos pour apaiser la douleur de son ami.

Avec un sourire, il constata au bout de quelques minutes que les traits de Saga se détendaient. Il semblait moins souffrir qu’à son arrivée. Les doigts de l’Archer caressèrent le front du Gémeau puis glissèrent avec tendresse pour redessiner son nez. Il frôla aussi les joues avant de revenir caresser le front et les longues mèches de Saga. Ce dernier ne semblait pas se plaindre du traitement. Un léger sourire naquit même sur ses lèvres. Le moment avait quelque chose d’intime en soi. Il y avait une complicité et une confiance naturelles entre eux. C’était presque romantique comme instant et cela n’appartenait qu’à eux. Aiolos eut un sourire tendre et un regard amoureux pour son compagnon, qui semblait de plus en plus se relaxer. Les caresses tendres et douces continuaient lentement, tels des frôlements légers et aériens. L’instant était propice aux confidences entre eux. Ils n’avaient jamais parlé de leur relation et de leurs sentiments. Mais il était plus qu’évident qu’ils étaient amoureux tous les deux. Et peut-être était-ce le bon moment pour saisir sa chance et pouvoir vivre pleinement leur amour. Les doigts d’Aiolos ralentirent leurs caresses et ils glissèrent vers les lèvres de Saga qu’il frôla à peine.

« Je t’aime. », susurra machinalement le Sagittaire à un Gémeau presque endormi contre lui.

« Hum… t’aime aussi. », confessa Saga par pure réflexe. Et Aiolos eut un sourire attendri. Ce qu’il était facile d’obtenir des aveux de Saga quand il était à moitié endormi.

« Plus que comme un ami. », ajouta avec humour Aiolos.

« La précision n’était pas vraiment utile. », répliqua un Gémeau plus réveillé que quelques secondes plus tôt, et qui avait ouvert les yeux pour fixer le visage aimé penché au-dessus de lui.

« En es-tu certain ? », questionna l’Archer avant de se pencher et d’embrasser chastement les lèvres du Gémeau, qui répondit avec douceur à la pression éphémère. Aiolos eut un sourire plus grand contre la bouche de Saga.

« Parfaitement. », murmura Saga dans un souffle comme Aiolos mettait fin à leur doux baiser. Il était certain qu’avec un baiser, les choses étaient plus claires qu’avec de simples mots.

« Je ne suis jamais sûr de comment tu comprends les choses ou comment tu vas les détourner pour remettre de la distance entre nous. Et j’estime avoir assez attendu. », confia avec douceur le Sagittaire, qui caressa les longues mèches à nouveau.

Saga soupira. Il ne pouvait pas donner tort à son ami. Quoique ami n’était plus vraiment le bon mot pour qualifier leur relation. Et le Sagittaire avait raison, s’il n’avait pas eu cette migraine, il aurait sûrement détourné les mots de l’Archer à son profit. Ô pas qu’il n’en était pas amoureux, bien au contraire, il était définitivement et totalement épris d’Aiolos. Mais il aurait estimé ne pas mériter cet amour après leur passif et ses actes sombres. Peut-être que celui qui avait le plus de mal à pardonner sa possession était justement lui-même. Mais Aiolos avait fait le premier et le second pas. Et Saga n’avait pas repoussé la confession. Il avait laissé totalement tomber ses barrières de protection face au bien-être ressenti. Lentement le Gémeau bougea pour s’allonger sur le côté. Il referma les yeux alors qu’il passait un bras autour de la taille de l’Archer pour le serrer doucement. Leur étreinte était un peu plus intime et câline comme cela. Saga soupira de nouveau de bien-être. La douleur refluait lentement.

« Je te l’ai dit. Je suis amoureux de toi. », confessa à nouveau le Gémeau, cachant son nez dans le tee-shirt du Sagittaire.

« Donc j’ai le droit d’exiger d’autres baisers, câlins et gestes affectueux même en présence des autres, et évidemment au minimum un rendez-vous. Tu sais un restaurant ou un cinéma ou même un voyage en amoureux. », proposa Aiolos avec une voix joyeuse.

« N’en demande pas trop d’un coup. », répliqua Saga qui considérait que certaines choses ne regardaient que son compagnon et lui. Il n’était pas du genre à s’afficher ouvertement, pas par honte mais parce qu’il aimait conserver certaines choses pour lui seul. « Mais tu auras ton rendez-vous. »

« Voyez-vous ça. Je note qu’il vaut mieux te demander quelque chose quand tu as la migraine. », rigola légèrement le Sagittaire. C’était adorable comme Saga était complaisant et romantique en privé.

« Aiolos ? », murmura doucement le Gémeau en relevant la tête pour croiser le regard doux et chaleureux du Sagittaire

« Oui ? », répondit ce dernier curieux.

« Tu veux bien continuer tes caresses dans mes cheveux… Cela aide avec la migraine. », quémanda doucement Saga.

Aiolos eut un plus grand sourire. De sa main libre, il revint frôler les longues mèches légèrement emmêlées du Gémeau. Ses doigts habiles et fins caressèrent à nouveau le front et ils glissèrent sur le nez de son compagnon. Et ils refirent le chemin inverse avec douceur. Saga soupira doucement et il ferma définitivement les yeux. À première vue, il n’était plus très loin de s’endormir. Aiolos eut un sourire heureux et satisfait. Cela ne l’ennuyait pas de servir de coussin à Saga quelques heures. Le Sagittaire repéra un livre sur la table à côté du sofa. Il pourrait toujours lire ce roman, et il était curieux de savoir ce que pouvait bien lire Saga. Puis quand ce dernier s’éveillerait, s’il se sentait mieux, l’Archer lui proposerait de partager le repas du soir ensemble. Ils pourraient même cuisiner à deux et prolonger leur moment après le repas. On avait une très belle vue du ciel étoilé au Domaine Sacré. Et s’il ne se trompait pas, il y aurait une pluie d’étoiles filantes cette nuit. Ce serait agréable de profiter du spectacle avec Saga.

Aiolos avait obtenu une confession de son meilleur ami. Il ne comptait pas laisser au Gémeau le temps de se rétracter au cas où l’appréhension reprendrait le dessus. Ils avaient assez attendu. Ils devaient aller de l’avant. Et Aiolos désirait profiter de leur relation amoureuse, certes à leur rythme à eux et en prenant le temps de se découvrir et de partager leur amour. Rien ne pressait bien sûr. Mais il avait quand même envie d’avoir des moments privilégiés et précieux avec son compagnon. L’Archer eut un regard amoureux pour le Gémeau endormi et blotti contre lui. Oui, ils avaient la chance de pouvoir vivre leur amour. Et il comptait en profiter autant que possible. Finalement, il attrapa le livre et il commença à lire tout en continuant de caresser le front et les cheveux de Saga.

Chapter 5: Mythologie : Io/Fenrir (1)

Notes:

Correctrice : Clina

Personnages : Io de Scylla, Fenrir d'Alioth
Mention de : Isaak du Kraken, Hyoga du Cygne, Freya de Polaris, Hilda de Polaris, Siegfried de Dubhe, Hagen de Merak
Ship : Io/Fenrir

Type d’écrit : romance, amitié
Arc temporel : Disons post-canon, quelques années après les Guerres Saintes et un retour à la vie de tout le monde.
Note : Cet OS peut être lu à divers niveaux, puisqu’il s’agit d’une première rencontre. Libre à vous d’y voir une future amitié ou une future histoire d’amour. J’ai conscience qu’ils ne se rencontrent jamais dans le canon. Cet OS est né d’un petit fanart que j’ai vu passer, même s’il ne m’a inspiré que le duo Io et Fenrir. Il y aura probablement une petite suite. Il n’a aucun lien avec mes autres OS sur les Asgardiens et Marinas.
Lieu : Asgard, terre de la famille de Fenrir.

Chapter Text

Il faisait frais dans ces contrées du Nord de l’Europe. Io frissonna légèrement. Il était plus accoutumé au climat méditerranéen du Sanctuaire de Poséidon. Et il n’était pas le gardien d’un des piliers soutenant un Océan Glacial, même s’il avait conscience que c’était une pauvre excuse. Il revoyait encore le regard amusé d’Isaak, qui n’avait pas été dupe, quand il l’avait formulé comme excuse pour éviter cette mission. Pourtant il était ami avec le Kraken, et partir en ambassade à Asgard avec lui était tout sauf une corvée. Et le Général de Scylla ne se plaindrait certainement pas de l’accueil qu’il avait reçu de la Souveraine de ce pays, ni de ses guerriers Divins. La plus enthousiaste et accueillante avait été la jeune sœur de la reine Hilda, la princesse Freya. Cette dernière s’était très vite liée d’amitié avec le Kraken, probablement parce qu’ils avaient un ami commun en la personne du Saint Hyoga du Cygne. Lors de leur audience à leur arrivée, les huit Guerriers Divins étaient présents auprès de leur Reine. Et Io les avait discrètement observé, relativement curieux de rencontrer d’autres Guerriers Sacrés. Son regard s’était attardé sur le loup couché auprès du Guerrier d’Epsilon.

Le Général de Scylla passait pour un ami des animaux. En tout cas il avait un grand respect pour ces derniers, étant lié d’une certaine manière à certains prédateurs de par son Armure Sacrée. Ils étaient ses arcanes secrets de combat, fidèles au mythe qui avait donné naissance à son Écaille. Chaque Général avait un lien avec un monstre marin issu d’un mythe antique. Io était lié à Scylla et ses divers visages. Après sa résurrection inespérée, le jeune homme s’était intéressé aux prédateurs représentés dans son Écaille. Et parmi ces derniers, il y avait le loup. Alors en voir un vrai, qui errait librement dans le palais d’Asgard, l’intriguait. Il avait là l’occasion d’en observer un, de l’approcher et qui sait d’en apprendre plus sur eux. Et il pourrait échanger avec quelqu’un qui possédait une armure sacrée lupine lui aussi, et qui avait peut-être des attaques similaires aux siennes. L’échange serait certainement des plus intéressants.

Les yeux rosés n’avaient pas quitté le Guerrier d’Epsilon pendant de longues minutes, l’admirant avec curiosité. Et il avait dû être un peu trop insistant dans son observation, puisque des pupilles dorées se fixèrent franchement dans les siennes. Le Guerrier Divin ne détourna pas les yeux, l’analysant avec un vague intérêt en retour. Io fut incapable de dévier le regard, se sentant comme une proie analysée par un prédateur. C’était une sensation étrange que le trouble qui animait son être et son âme. Il se sentait comme envoûté par le regard doré qui avait emprisonné le sien. Finalement le Marina se sentit rougir légèrement et il baissa la tête pour échapper à l’examen minutieux dont il était l’objet. Mais après tout n’était-ce pas lui qui avait commencé à regarder l’autre avec plus d’intérêt et de curiosité que la politesse et la décence ne le permettaient ? Quand Hilda mit fin à leur audience, ce fut Hagen et Siegfried qui leur servirent de guides pour trouver leurs chambres et visiter le palais. Io eut un dernier regard en arrière pour le Guerrier divin d’Epsilon. Mais ce dernier avait déjà disparu, entraînant le loup dans son sillage.

Et depuis Io ne l’avait pas revu. Le Guerrier ne s’était pas montré lors des divers repas, ni réunions. Isaak et lui s’étaient entraînés une fois avec les Guerriers Divins, mais là encore le Guerrier aux Loups avait fait l’impasse. La seule chose que le Général de Scylla avait réussi à apprendre à son sujet était son nom, Fenrir et qu’il était un enfant sauvage. De toute évidence les convenances sociales et de courtoisie n’étaient pas acquises par Fenrir. Et Io pouvait le comprendre, du peu qu’il avait entendu à son sujet. Il devait haïr l’Humanité, même s’il commençait à apprécier certains de ses proches d’après les dires de ses frères d’armes. Et le Marina avait essayé de ne pas se montrer trop curieux, cela aurait été étrange. Il n’était même pas certain de pouvoir expliquer l’attention qu’il portait à l’autre Guerrier. Il pouvait arguer un intérêt pour des attaques probablement similaires, une curiosité pour son armure et une forme de bienveillance par rapport à son histoire. Il pouvait même juste dire que c’était la manière dont il avait apprivoisé des loups qui l’intriguait. Et toutes ces raisons auraient sûrement convaincu les autres, à part peut-être Isaak. Mais le Kraken était son meilleur ami et ils se connaissaient depuis des années.

Oui, c’étaient des raisons logiques et valables, mais ce n’était pas la raison pour laquelle il aurait aimé mieux connaître Fenrir. En fait Io était incapable d’expliciter d’où venait son intérêt pour l’autre Guerrier. Il savait juste qu’il l’avait admiré, qu’il trouvait ses yeux dorés magnifiques. Et il était curieux de savoir s’il ressentirait à nouveau ces étranges sensations en sa présence. C’était bien la première fois que son corps échappait à son contrôle total. Personne ne l’avait jamais autant intrigué et attiré par sa simple présence. Pourtant Fenrir n’avait rien dit. Le Loup du Nord était resté discret et en retrait. Était-ce juste de la curiosité ? Peut-être. Mais Io supposait qu’il y avait plus que cela. L’autre devait gagner à être connu selon lui. Et puis il avait quelques questions à poser au sujet des loups. Et qui mieux que Fenrir qui vivait avec eux pour répondre à ses questions ? Oui, il pouvait rationaliser son désir de parler avec le Guerrier d’Epsilon. Il préférait se concentrer sur ce qu’il pouvait comprendre et qui lui semblait logique.

Ce qui l’était moins c’était d’avoir quitté seul le palais de la reine Hilda pour errer en forêt dans le vain espoir de rencontrer par hasard Fenrir et sa meute. Io ne connaissait pas les contrées sauvages d’Asgard. Et il était chanceux que ce ne soit pas l’hiver. Il pouvait encore se repérer plus ou moins facilement en observant le décor naturel. Cela n’aurait sûrement pas été aussi simple, si tout avait été recouvert d’un manteau blanc neigeux. Le Général de Scylla souffla doucement. La luminosité diminuait lentement en cette fin d’après-midi. Et il pleuvait déjà depuis quelques minutes. Les vêtements de Io étaient de plus en plus humides et collants. Il grelottait un peu tout en avançant. En vrai il ne savait plus trop dans quelle direction marcher pour rentrer. Il était paumé. Mais il ne désespérait pas de se repérer tôt ou tard, et de retrouver son chemin. Et dans le pire des cas, Isaak finirait bien par s’inquiéter de son absence. Et le Marina ne dissimulait point son Cosmos et sa présence dans les sous-bois. Marcher semblait être sa meilleure option. Il n’espérait plus rencontrer le Guerrier divin d’Epsilon, il cherchait maintenant un abri temporaire pour se protéger de la tempête. Même si l’humidité ne le dérangeait pas de par son lieu de vie, la fraîcheur du climat et le vent qui se levait le refroidissaient considérablement.

De la buée blanche sortait de sa bouche à chacune de ses expirations. Croisant les bras, il tenta de conserver un peu plus sa chaleur corporelle. Maudite curiosité, qui l’avait entraîné si loin du palais. Il ne reverrait probablement pas Fenrir avant son départ de toute manière. Le Loup du Nord semblait ne venir au palais que contraint et forcé. Et il ne risquait pas vraiment de le rencontrer au hasard d’un buisson dans la forêt. Alors il n’y avait aucune chance en réalité que leur chemins se recroisent, si ce n’était de manière officielle et obligatoire. Mais le revoir et lui parler avait un peu moins d’importance en cet instant, où il se sentait perdu et transi de froid. Ce que Io désirait pour le moment était de retrouver sa route pour rentrer au plus vite au palais. Certes il était endurant et il ne fatiguait pas facilement, mais il commençait à avoir faim et soif. Et il avait de plus en plus froid. Le Général de Scylla marmonna un peu entre ses dents. Relevant la tête pour observer à travers les gouttes de pluie et essayer de retrouver son chemin, une ombre capta son regard.

Et il se figea. Face à lui, il distinguait une silhouette humaine. Rapidement autour de l’étranger, il remarqua des animaux qu’il associa à des loups. Io cligna des yeux. Il devait rêver ou halluciner. Mais l’autre s’approcha lentement, d’une démarche un peu méfiante. Et le Général de Scylla fut à nouveau happé par les yeux dorés de l’autre Guerrier Sacré. Ils s’observèrent en silence durant quelques minutes. Fenrir pencha légèrement la tête vers la gauche. À ses côtés, la meute s’était arrêtée elle aussi. Aucun des loups ne semblait agressif. Du moins le calme du Guerrier d’Epsilon devait leur indiquer que Io n’était pas un ennemi, ni un danger. Et le Marina se sentit un peu bête à trembler de froid, les vêtements humides et lourds collés à son corps. Il ne fallait pas réfléchir beaucoup pour deviner qu’il était perdu dans la forêt. Et Io savait qu’il avait été imprudent en partant errer seul en pleine nature. Il sentit ses joues rougir d’embarras, à moins que ce soit le froid plus intense au fil de minutes, qui les faisait changer de couleur.

« Viens. », se contenta de dire Fenrir avant de se détourner.

Io cligna des yeux deux fois avant d’emboîter silencieusement le pas du Loup du Nord. Il savait qu’il n’aurait aucune chance de rentrer au palais sans l’aide du Guerrier Divin d’Epsilon. Il était aussi surpris du timbre de sa voix. En réalité le Marina ne s’était pas vraiment questionné sur le type de voix que pouvait avoir Fenrir. Mais c’était une voix plutôt agréable à entendre. Le Général de Scylla se hâta pour ne pas se laisser distancer. Après de longues minutes de marche dans les sous-bois denses, ils arrivèrent face à une bâtisse assez imposante mais peu entretenue. En tout cas, elle avait été rénovée récemment. Io prit quelques secondes pour observer ce qui avait dû être autrefois le domaine d’une famille de l’aristocratie asgardienne. Il remarqua le blason aux armoiries représentant des loups au-dessus de la porte. Il supposa qu’il était sur les terres du Guerrier d’Epsilon.

Fenrir entra dans l’immense bâtisse, et après une légère hésitation Io l’imita. Il préférait être à l’abri, surtout qu’il entendait l’orage approcher de plus en plus. Les yeux rosés firent le tour du hall très peu décoré. Mais il n’eut pas trop le temps d’admirer le décor, le Guerrier Divin disparaissait déjà dans une pièce au fond du couloir. Le Général de Scylla le suivit silencieusement. Il pénétra dans une pièce plus grande au plafond haut et plus lumineuse grâce aux grandes fenêtres qui offraient une vue sur la forêt bordant le domaine. Un feu brûlait dans l’âtre. Face à la cheminée, il remarqua des peaux de bête ou des couvertures formant un endroit où s’installer confortablement. Tout était simple dans cette pièce, le mobilier était réduit au minimum requis. Par la fenêtre, il put voir un premier éclair tomber sur le toit verdâtre des bois non loin. En laissant ses yeux se promener sur le décor gravé sur l’âtre et le reste de la pièce, il remarqua que la meute s’était installée pour se reposer.

« Tu peux approcher. Ils ne te feront rien. », déclara Fenrir qui s’était agenouillé sur les couvertures face au feu. Io n’hésita pas plus longtemps. Il était transi de froid. Et il rêvait de se réchauffer. Il rejoignit Fenrir assez rapidement et il s’agenouilla à son tour face au feu.

« Désolé, je mets de l’eau par tout. », commenta-t-il avec un sourire d’excuse. C’était une étrange conversation qui débutait entre eux. Et le Général de Scylla essayait de ne pas trop observer à la dérobée son compagnon d’infortune. « Merci pour l’hospitalité. C’est chez toi je suppose. »

« Hilda n’apprécierait pas que je te laisse mourir. », grogna légèrement Fenrir avec un air ennuyé. « Oui. » La réponse était brève et simple. La conversation ne serait pas facile, pour peu que Io arrive à vraiment discuter avec son hôte improvisé.

Le Marina se contenta de sourire tout en observant les jeux de lumière des flammes sur le sol de pierre. La douce chaleur réchauffait ses membres engourdis et séchait lentement ses vêtements humides. Fenrir se remit debout et il disparut par une porte non loin de la cheminée. Io ne bougea pas d’un iota, conscient que sa curiosité pourrait être très mal venue. Et il n’était pas certain d’être plus que toléré. Même s’il avait imaginé leur conversation probable auparavant, c’était très différent de ce qu’il vivait en cet instant. Il n’était clairement ici que parce que Fenrir ne voulait pas déplaire à sa Souveraine. Le Marina soupira. Il bougea pour s’asseoir correctement. Il encercla ses jambes contre son torse dans l’espoir de conserver sa chaleur corporelle. Son regard rosé s’attarda à nouveau sur le manteau de la cheminé en pierre gravée. Il remarqua les mêmes armoiries qu’il avait vues au-dessus de la porte d’entrée. Il glissa ensuite le regard sur les quelques loups composant la meute de Fenrir. Ils s’étaient regroupés pas très loin du feu, mais pas trop près non plus. Ils semblaient dormir pour la majorité. Mais deux mâles le fixaient avec attention, méfiants envers l’Humain étranger qu’il était. Un léger sourire naquit sur ses lèvres.

« Vous savez je ne suis pas votre ennemi. En vrai je suis même en quelque sorte lié à vous. Dans les fauves de Scylla, il y a le loup alors… Je me sens proche de vous. », murmura Io avec une certaine affection. Il se sentait chanceux de pouvoir être aussi proche des loups de Fenrir.

« C’est quoi Scylla ? », demanda la voix curieuse du Loup du Nord. Et Io sursauta, pris par surprise. Il se tourna pour regarder l’autre Guerrier.

« Le nom de mon Écaille. C’est l’équivalent de ton Armure Divine. », explicita lentement le Marina. Fenrir approcha et il déposa de la nourriture, une cruche et des vêtements assez simples près de Io. Ce dernier remarqua qu’il s’était changé.

« Désolé. Je n’ai que ça. », commenta Fenrir en poussant lentement le tout vers Io.

« C’est déjà gentil. Merci. », se contenta de répondre le Marina.

Le silence revient dans la vaste pièce. Fenrir s’intéressa au feu dans l’âtre, qu’il nourrit de nouvelles bûches. Io en profita pour se débarrasser de ses vêtements trop humides et froids. Il enfila le pull en laine et le pantalon que le Loup du Nord lui avait apportés. C’était déjà énorme qu’il se montra aussi généreux avec lui. Puis il mit à sécher ses propres vêtements. Il eut une pensée pour son meilleur ami, qui devait se demander où il était passé depuis quelques heures. Un soupir de bien-être lui échappa et il ferma un instant les yeux. Il se sentait mieux. Il commençait à se réchauffer. Quand le Marina rouvrit les yeux, il croisa le regard doré de Fenrir. Ce dernier l’observait avec attention, la tête légèrement penchée sur le côté. Io sentit à nouveau ses joues rosir et il détourna timidement les yeux. L’étrange sensation, qui était née lors de leur brève rencontre dans la salle d’audience du palais, revint l’habiter. Il n’avait jamais été timide. Il était même plutôt amical et extraverti comparé à certains de ses frères d’armes. Mais face à Fenrir, il semblait perdre de sa verve et de son assurance.

« Scylla c’est qui ? », interrogea à nouveau Fenrir avec curiosité. Io le regarda. « Les armures portent toujours le nom d’un héros ou d’un monstre non ? » C’était une déduction logique. « Mon armure divine rappelle le mythe du Loup Fenrir. », ajouta-t-il lentement. La curiosité brillait dans les yeux dorés qui le fixaient intensément en cet instant.

« Les Écailles des Généraux de Poséidon portent toutes le nom d’un monstre marin. », expliqua lentement Io avec un léger sourire. Il bougea un peu pour faire face à l’autre Guerrier. « Scylla est un monstre issu de la mythologie grecque. »

« Tu racontes. », quémanda Fenrir qui s’allongea sur les couvertures pour être plus confortable. Il appuya sa tête dans sa paume pour la soutenir alors qu’il regardait le Marina avec attention. Et il espérait clairement que le Général de Scylla lui raconte l’histoire complète. Io ne savait pas s’il était un bon conteur ou non, mais il pouvait bien raconter l’histoire à Fenrir.

« D’accord, je vais essayer de te conter cela. », accepta Io et il plissa un peu le nez réfléchissant à comment commencer l’histoire. « Scylla était une Nymphe. Les Nymphes sont dans la mythologie grecque antique des divinités mineures de la nature. Scylla était très belle et elle attira le regard d’un dieu marin, Glaucos. Ce dernier en tomba amoureux et il décida de la séduire. Mais Scylla ne partageait pas ses sentiments et elle le repoussa. Alors Glaucos demanda de l’aide à la sorcière Circé, pour qu’elle lui prépare un philtre d’amour. Malheureusement il ignorait que Circé l’aimait lui et qu’elle était donc jalouse de Scylla. Mais Circé prépara bien un philtre magique. Glaucos le versa dans le bain de Scylla, espérant qu’ainsi elle tomberait follement amoureuse de lui… Au lieu de cela, Scylla fut transformée en monstre et elle s’exila dans la mer Méditerranée. »

« Cela ne finit pas bien. », commenta Fenrir comme il plissait du museau en observant son vis-à-vis. Io avait une voix agréable à écouter et il mettait diverses émotions et intonations dedans quand il contait une histoire. C’était agréable de l’écouter. Sa compagnie était plaisante. Il était rare que le Guerrier d’Epsilon apprécie un autre humain, si ce n’était la reine Hilda.

« Les mythes finissent rarement bien. Mais cela peut arriver. », commenta le Général de Scylla avec un léger sourire amusé. C’était plutôt agréable comme conversation.

« C’est quoi le lien avec les loups ? », questionna Fenrir qui bougea pour s’allonger sur le dos, tournant la tête pour regarder le Marina. Il ne détournait pas les yeux, l’observant et mémorisant ses traits fins.

« Ah… Une fois devenue un monstre, Scylla se réfugia sur un rocher en mer. On raconte qu’elle y attendait les bateaux et les marins. Elle avait alors l’apparence d’une jeune fille, avant de se transformer en fauve quand ils étaient assez proches pour couler leurs navires et les dévorer. », expliqua lentement Io qui bougea un peu pour trouver une position plus confortable. Il s’allongea sur les couvertures à son tour restant en appui sur ses coudes. « Les fauves qui lui sont associés sont l’aigle, le grizzli, le loup, l’abeille, le serpent et la chauve-souris…. Après notre retour à la vie, je me suis intéressé à ces animaux qui composent mon Écaille… » Le regard rosé se posa sur les loups un peu plus loin. « Je suis admiratif de ton lien avec eux. »

« Ils sont ma famille. », répondit brièvement Fenrir, qui attrapa la cruche pour boire une gorgée.

Le silence entre eux se fit pendant quelques minutes. Le Guerrier d’Epsilon présenta la cruche à Io qui la prit. Il en but une gorgée. Fenrir partagea équitablement la nourriture qu’il avait amenée. Et ce fut en silence qu’ils mangèrent. Les plus jeunes loupiots s’approchèrent en quête d’une part à grignoter eux aussi. Fenrir partagea la viande sèche avec eux. Le général de Scylla hésita avant de présenter un morceau de la sienne à un louveteau, qui ne devait pas avoir un an. Bien qu’hésitant, le jeune loup attrapa l’offrande et il recula pour la dévorer rapidement. Rassuré par les attentions du Marina, le jeune canidé revint mendier un autre bout de viande. Avec un sourire, Io lui en offrit à nouveau. Et l’animal recula moins loin et il finit par s’installer près du Marina pour quémander régulièrement un morceau de viande. Un autre louveteau s’approcha dans l’espoir d’avoir sa part. Io eut un plus grand sourire et il partagea ce qui restait entre les deux loupiots.

« Ils t’apprécient. », commenta Fenrir qui les regardait depuis quelques minutes en silence.

« Je suppose que c’est une chance de les voir d’aussi près. Enfin c’est parce que tu es là. », répliqua lentement Io. Il présenta ses doigts à un des louveteaux, qui lui lécha gentiment en guise de remerciement.

« Ta présence est reposante et calme. Ta voix est jolie. », le complimenta inconsciemment Fenrir. Ce qui provoqua une rougeur sur les joues de Io et l’impression que son cœur avait aussi raté quelques battements. L’étrange sensation était de nouveau bien présente, mais ce n’était pas désagréable. « Tu sens la mer. C’est agréable aussi. » Cette fois-ci, le Général eut un léger rire amusé.

« Merci. Même si je ne suis pas certain que sentir la mer soit un compliment. », remercia Io d’une voix douce et un peu timide.

« Pourquoi ? Ça sent bon l’océan. », déclara Fenrir avec un froncement de sourcils. « Les Humains sont étranges. Si on aime une odeur et qu’on trouve que quelqu’un sent comme ça, c’est un compliment non ? »

Le Guerrier d’Epsilon tentait de comprendre. Il voulait se montrer aimable et gentil avec le Général de Scylla. En vrai, il était intrigué par l’autre Guerrier qui étrangement attirait si facilement son regard depuis leur rencontre. Il n’avait eu aucun mal à le reconnaître, malgré la pluie drue qui tombait plus tôt en forêt. Et rien ne le forçait à venir en aide au Marina, ou du moins à le convier dans son antre. Mais il avait envie de passer un peu de temps avec Io, de mieux le connaître. Et pour avoir une chance de discuter avec lui, mieux valait que les autres ne soient pas là. Tout simplement parce que Fenrir se sentait toujours mal à l’aise quand il y avait trop de monde autour de lui. Et de toute manière, il n’était pas très doué en conversation. Par contre il avait très bien remarqué les rougeurs sur les joues d’Io, qui n’étaient pas dues à la chaleur émanant du feu. Et il voyait les regards en coin qu’il lui lançait. Et le Loup du Nord avait des réactions similaires. Cela n’était pas désagréable en soi.

Un coup de tonnerre résonna au-dessus de leurs têtes. S’ils furent surpris, aucun des deux ne sursauta vraiment. Io tourna la tête pour observer par les fenêtres la pluie diluvienne qui s’abattait maintenant sur les terres d’Asgard. Il n’était pas prêt de pouvoir reprendre la route et de regagner le palais de la reine Hilda. Ils se retrouvaient ici tous les deux, légèrement isolés pour un moment. Enfin, le Général de Scylla n’était pas certain que Fenrir le laisserait patienter ici jusqu’à la fin de la tempête. Un autre éclair zébra le ciel sombre et éclaira le sol de la pièce. Les loups se rapprochèrent de Fenrir et du feu alors que le tonnerre se faisait de nouveau entendre. Io eut l’impression que tout le manoir avait tremblé sous l’intensité du bruit. Fenrir se réinstalla en position couchée. Io soupira et il l’imita. En tournant la tête pour regarder le Loup du Nord, il constata qu’il était plus proche de lui qu’auparavant. Il n’y avait presque plus d’espace entre eux. Le Général de Scylla supposa qu’il avait gagné un peu la confiance de son nouvel ami. Il s’appuya à nouveau sur ses avant-bras pour soutenir son corps. Son regard se perdit dans les ombres du plafond.

« Il va pleuvoir toute la nuit. Tu peux rester ici. Je te ramènerais demain au palais. », proposa Fenrir qui appuyait son menton sur ses mains.

« Je te remercie. C’est aimable de ta part. », murmura lentement Io, plus perturbé qu’il ne voulait bien se l’avouer par la gentillesse de Fenrir et leur proximité physique actuelle. Mais il se sentait bien avec le Guerrier d’Epsilon. Et au moins, était-il à l’abri pour la nuit.

« J’aime bien ta présence, ta voix et ton odeur. », répondit simplement le Guerrier Divin en clignant des yeux.

« J’apprécie aussi ta compagnie et notre conversation. », murmura Io avec un doux sourire. « J’espère qu’on pourra encore se rencontrer... »

« Pourquoi on ne pourrait pas ? Tu peux revenir ici. Si tu retrouves le chemin. », le taquina le Guerrier d’Epsilon, arrachant un autre rire léger à Io. Et Fenrir décida qu’il aimait entendre le Marina rire, c’était aussi un joli son.

« Ne doute pas autant de mon sens de l’orientation. Et puisque tu aimes la mer, tu pourrais, toi, venir une fois au Sanctuaire de Poséidon. Je jouerais les guides bien volontiers. », proposa spontanément Io avec un clin d’œil. Ce fut Fenrir qui s’empourpra un peu cette fois-ci, et qui détourna les yeux quelques secondes laissant le silence s’étirer.

« D’accord. », accepta facilement le Guerrier d’Epsilon. « Tu connais d’autres histoires ? »

« Hum oui, quelques unes. », avoua Io lentement. Il avait une passion pour les mythes, légendes et contes. Et il en connaissait quelques uns.

« Raconte encore. », quémanda Fenrir qui s’installa plus confortablement contre le flanc de Io, le regard doré posé sur lui.

Le Général de Scylla papillonna des yeux. Il sentait la chaleur qui émanait du corps allongé près de lui. Le feu continuait de consumer lentement les bûches et de réchauffer l’air ambiant. Dehors l’orage se faisait toujours entendre. Pourtant l’ambiance à l’intérieur était agréable et presque intime. Io s’allongea totalement sur le dos. Son regard se perdit quelques secondes sur les loups qui s’étaient considérablement rapprochés d’eux pour dormir, créant comme un refuge pour les deux guerriers. Quand il tourna la tête, il remarqua le regard doré qui l’observait avec curiosité et intérêt. Io offrit un sourire à Fenrir. Leurs yeux s’accrochèrent pendant de longues minutes. Fenrir finit par sourire en retour au Marina. L’instant avait quelque chose de spécial et de précieux. Io en avait conscience. C’était peut-être sa seule chance de se rapprocher réellement du Loup du Nord, de mieux de le connaître et de tisser une relation, quelle qu’elle puisse être avec lui. Il ignorait encore s’ils seraient amis ou plus. Cela, ils ne pourraient le découvrir qu’avec du temps partagé ensemble comme en cet instant.

« Une histoire de loups ? », questionna lentement Io sans détourner le regard.

« Tu en connais avec des loups ? », demanda Fenrir, le regard pétillant de curiosité.

« Quelques unes. Je peux te conter le mythe de Léto, la mère d’Apollon et Artémis. Ce sont des Olympiens, des jumeaux. Ils ont un fort lien avec les loups. »

« D’accord. Raconte. », répliqua rapidement Fenrir.

Le Loup du Nord déposa son menton sur ses mains croisées. Allongé sur le ventre, il était proche de Io, partageant leur chaleur corporelle comme il le faisait avec la Meute. Le Général de Scylla prit quelques instants pour se remémorer le mythe de Léto avant de commencer à le raconter. Il essaya d’y mettre diverses intonations et émotions. Il tentait de rendre son récit vivant. Et vu l’intérêt de son auditoire, il ne devait pas trop mal s’en tirer. Finalement, il était un bon conteur. Une fois qu’il eut fini ce mythe, Fenrir en demanda un autre. Et Io raconta diverses histoires jusqu’à tard dans la nuit. Le Général de Scylla aurait été incapable de dire quand il s’était endormi. Il savait qu’au fil des récits, Fenrir avait fini par poser des questions et il intervint plus dans les histoires. Ils passèrent un moment des plus agréables tous les deux. Et Io se prit à espérer qu’ils pourraient partager en tête-à-tête d’autres moments aussi privilégiés et précieux que celui-ci et devenir plus proches …

Chapter 6: Confession: Shaina/Seiya (2)

Notes:

Dédicace : Pour ShaSei, avec retard voici ton cadeau d’anniversaire. J’espère que tu apprécieras. Et encore joyeux anniversaire !
Correctrice : Clina

Personnages : Pégase Seiya, Ophiuchus Shaina
Ship : Seiya x Shaina
Mention de : Saori-Athéna, Shun d’Andromède, Aiolia du Lion

Type d’écrit : romance
Arc temporel : Quelques années après la fin de la guerre contre Hadès.
Lieu : Sanctuaire, maison de Shaina

Note : Suite directe du premier OS.

Chapter Text

Seiya n’était pas rentré au Japon. Il avait fait le choix de prolonger son séjour au Sanctuaire avec la permission de leur Déesse. Évidemment Athéna ne lui avait pas refusé cette petite faveur, même si elle avait été relativement surprise par la demande. Et elle s’était enquise de la raison de cette requête inhabituelle pour Pégase, qui vivait plus à Tokyo qu’au Domaine Sacré. Honnêtement, Seiya n’avait aucun problème à quémander une faveur à leur Déité protectrice, mais il s’était senti intimidé de devoir exposer les raisons de sa demande. Pourtant il savait que Saori-san ne le jugerait pas. Elle serait même plutôt encourageante et elle le soutiendrait. Il en était intimement convaincu. Mais il s’était senti rougir à la question et pour une fois il avait baissé les yeux. C’était une chose de reconnaître en son for intérieur qu’il était éperdument amoureux de Shaina et qu’il désirait lui confesser son amour; s’en était une autre de le formuler à voix haute face à sa Déesse. Il désirait en parler d’abord avec celle dont il était amoureux. Et étrangement son manque de répartie avait intrigué la jeune Réincarnation. Peut-être que Saori-san le connaissait trop bien après toutes ces années.

Avec délicatesse et bienveillance, Athéna avait attendu sa réponse sans le presser de questions. La jeune femme avait même usé de son cosmos chaleureux pour rassurer son Guerrier. Après de longues minutes et à demi-mots, Seiya avait bégayé son explication. C’était un monologue relativement embrouillé qu’il avait formulé, essayant de sous-entendre sans dire. Il restait fixé sur son idée qu’il devait d’abord confesser son affection à l’élue de son cœur, mais il savait qu’il devait répondre à la question toute légitime de la déesse Athéna. Et Saori avait doucement souri au discours de Pégase. Ô elle avait bien compris en vrai, plus que Pégase ne l’aurait imaginé. Avec sa bienveillance habituelle, elle avait pointé sans mal qu’il était amoureux de Shaina. Elle n’avait même point eu à réfléchir pour deviner pour qui battait le cœur de son Saint de Bronze. Finalement elle les connaissait vraiment trop bien ses cinq protecteurs les plus proches. Il s’était contenté de rougir encore une fois, et il avait vaguement regardé vers l’extérieur par la vaste fenêtre. La jeune Déité l’avait gentiment rassuré et encouragé à se déclarer. Elle ne semblait même pas douter qu’il recevrait une réponse positive à son attachement. Seiya se demanda si elle savait quelque chose que lui ignorait. Leur Déesse pouvait-elle lire dans leur cœur et leur âme aussi bien que dans leur esprit ? Il poserait peut-être la question un jour à un de ses aînés…

Et maintenant il l’attendait. Il savait que l’Amazone revenait aujourd’hui au Domaine Sacré. Il imaginait sans peine qu’elle irait en premier lieu se présenter au Grand Pope et à la déesse Athéna. Puis peut-être ferait-elle un détour par leur hôpital, si elle avait été blessée. Seiya ne pouvait qu’espérer qu’elle aille bien et qu’elle puisse venir chercher un repos bien mérité chez elle directement après son audience. De toute manière, il n’avait aucune idée du genre de mission que l’Ophiuchus avait bien pu remplir pour le Sanctuaire. Il y en avait un certain nombre, et la majorité ne requerraient pas spécialement de combattre. D’autant plus qu’ils étaient maintenant en temps de paix. C’était presque étonnant que la trêve entre les Déités dure si longtemps… Ou peut-être avait-il juste trop l’habitude d’enchaîner les combats et de rester non stop sur ses gardes pour réussir à se détendre réellement. Enfin ce n’était pas totalement vrai. Quand il était au Japon, il arrivait à se relaxer et à vivre normalement. Mais au Domaine Sacré il ne pouvait s’enlever cette impression que tout allait recommencer… Cela devait tenir au lieu, à l’ambiance spéciale qui y régnait, et à ses souvenirs.

Un nouveau soupir lui échappa. Il croisa les bras derrière sa tête et il s’appuya un peu plus contre le mur en bois de la maisonnette de Shaina. Il n’avait rien prévu d’extraordinaire pour sa confession. Bon il y avait quand même réfléchi, il avait même de manière détournée interrogé ses demi-frères et ses aînés pour glaner quelques informations et idées. Il n’avait pas amené de fleurs. En même temps, il n’était pas certain que Shaina apprécie les bouquets, ni qu’un cadeau aurait été une bonne idée. Les grandes déclarations dans des lieux magiques après un super repas au restaurant ou autre, il avait fait une croix dessus. Pour organiser quelque chose digne des films romantiques, il aurait fallu avoir de l’argent. Et pour cela il devrait retourner quémander l’aide de Saori-san, et donc répondre de nouveau à ses questions… Puis cela ne lui correspondait pas. Il était spontané et direct. Il se devait de rester lui-même et de se faire confiance. C’était le conseil de Shun.

Bon il n’irait pas jusqu’à dire qu’Andromède avait beaucoup d’expérience en la matière, mais il avait une petite-amie. Puis c’était le conseil le plus simple et le moins farfelu qu’il avait reçu pour le coup. Seiya croyait fermement qu’une belle déclaration d’amour dite avec sincérité était tout ce dont il avait besoin. Et en y réfléchissant, il savait que Shaina s’était elle aussi déclarée autrefois de manière plus ou moins directe. Mais l’enchaînement des guerres ne lui avait pas permis de se poser, de réfléchir à ses propres sentiments et de répondre à ceux de la jeune femme. Pégase espérait juste qu’il ne soit pas trop tard, que la jeune femme n’avait pas vu son amour pour lui se flétrir à force de l’attendre. Enfin il serait fixé assez rapidement. Le Cobra serait sûrement direct dans sa réponse. Seiya plissa le nez et il fit une petite moue de réflexion. Il n’allait pas se mentir, l’idée d’un rejet l’avait quand même effleuré. Il avait attendu bien longtemps avant de venir répondre aux sentiments de l’Amazone. Elle avait été d’une patience sans nom avec lui. Alors il se demandait vraiment ce qu’il ferait si son amour pour lui avait changé ?

« Seiya ? Qu’est-ce que tu fais encore du côté des quartiers des femmes ? », soupira la voix bien connue aux accents italiens. Un léger sourire fleurit sur les lèvres de Pégase alors que son cœur manquait un rapide battement. Il releva les yeux sur la jeune femme en armure.

« Bonjour à toi aussi Shaina. C’est toujours un plaisir de te voir tu sais. », la taquina-t-il avec un clin d’œil. « En fait je t’attendais. », finit-il par lui répondre.

Le silence s’étira entre eux quelques minutes. Elle semblait le fixer avec curiosité. Enfin Seiya imaginait qu’elle avait une expression d’étonnement dessinée sur ses beaux traits fins. En vrai il ne pouvait pas en être certain, vu qu’elle portait son masque métallique. Et même s’il avait déjà vu son visage plus d’une fois, elle ne l’enlèverait jamais spontanément face à lui. Enfin si, elle l’avait fait une fois, quand elle était venue lui avouer la raison de sa hargne envers lui peu avant qu’Aiolia ne vienne tenter de l’éliminer. Le souvenir ravivait en lui toujours une légère colère envers le Saint d’Or du Lion. Certes, il lui avait pardonné. Et Aiolia était toujours comme un grand frère de cœur pour Pégase. Mais il ne pourrait jamais oublier que son aîné avait blessé Shaina. Il restait persuadé que le Lion aurait pu faire plus attention et épargner la jeune femme. Seiya cligna des yeux pour revenir au moment présent. Il regrettait de ne pas pouvoir regarder les beaux yeux émeraude de Shaina, ni son si joli et doux visage. Peut-être que s’ils devenaient un couple, il aurait plus souvent l’occasion de la voir sans le masque ?

« Très bien et que me veux-tu ? », questionna finalement l’Amazone en approchant de quelques pas. Elle semblait en bonne santé et non blessée, mais il ressentait sa fatigue au travers de son cosmos. Shaina se laissa tomber assise sur le banc à sa droite, forçant Pégase à tourner la tête pour l’observer. « Et arrête de m’analyser comme ça. »

« Je m’inquiète juste de savoir si tu vas bien. Tu reviens de mission… », répliqua Seiya avec un froncement de sourcils. Le Cobra tourna la tête vers lui, mais il ne put voir que le regard neutre et froid du masque.

« Je vais bien. Juste fatiguée. Asgard ce n’est pas la porte d’à côté. », commenta lentement la jeune femme avant d’étendre ses jambes face à elle et de s’appuyer totalement contre le mur. Seiya aima s’imaginer qu’elle venait de fermer les yeux pour savourer la chaleur du soleil. Il aimait imaginer qu’elle avait une confiance aveugle en lui, tout comme il avait confiance en elle. « Du coup si tu pouvais me dire ce que tu fais là, que je puisse me reposer… »

« Je peux revenir plus tard si tu es épuisée. », proposa-t-il, prévenant et protecteur envers elle. Cela n’était plus à quelques heures près après tout, et si elle avait besoin de dormir….

« Pégase… Dis juste ce que tu as à me dire sans détour. Je n’ai pas la patience pour les longs discours et les joutes verbales là... », l’interrompit la jeune femme avec un léger soupir. Il devina une grimace boudeuse sous le masque.

« Je t’aime. », confessa-t-il. C’était simple et direct. Enfin c’était même peut-être un peu trop direct.

« Pardon ? », bafouilla légèrement Shaina, l’étonnement pointant dans sa voix. C’était vrai que dit comme cela, ça sortait de nul part et cela devait surprendre.

« Je suis amoureux de toi. », affirma à nouveau Seiya avec un léger sourire tendre pour Shaina.

Pégase pouvait se sentir rougir légèrement suite à son aveu. Et le visage métallique tourné vers lui ne lui permettait pas de découvrir l’expression qu’arborait l’Amazone. Il supposait, s’il se fiait à son cosmos, qu’elle ressentait une certaine forme d’étonnement. Mais il lui était impossible de voir ses magnifiques yeux émeraude et d’y lire tout le panel d’émotions qui pouvait les traverser. Seiya avait l’impression que Shaina pouvait entendre les battements rapides et forts de son cœur. Il mordilla légèrement sa lèvre inférieure. Il attendait une réaction de sa part et les secondes lui semblaient être des minutes interminables. La sensation d’attendre sa réponse depuis des heures se faisait pesante sur son âme. Il inspira lentement pour calmer le léger stress qui secouait son être en cet instant. Puis il réalisa que sa déclaration était un peu fade. Et l’Amazone méritait mieux que cela, elle qui avait attendu si longtemps qu’il se décide à répondre à ses sentiments. Pégase cligna des yeux et il eut un léger sourire pour la jeune femme toujours figée telle une statue.

« Désolé. Ce n’est pas comme cela que je voulais te l’avouer. », murmura-t-il toujours avec les joues rougies et un sourire tendre. « En vrai, j’avais préparé une jolie déclaration pour t’avouer à quel point je tiens à toi et que j’avais réalisé partager ton amour… »

« Tu peux toujours retenter. », déclara Shaina à voix basse. Elle semblait se remettre de sa surprise.

« Pas faux. », concéda Seiya en levant les yeux vers le ciel bleu. « Mais j’aimerais alors voir ton visage et tes jolis yeux. »

L’Ophiuchus ne répondit pas de suite. Elle tourna la tête pour regarder face à elle. Ici, ils étaient totalement seuls. Et à cette heure-ci il y avait peu de chance que quelqu’un vienne en ces lieux. Alors certes Seiya savait ce que signifiait voir le visage d’une Amazone. Il connaissait les lois du Sanctuaire. Mais il avait déjà vu son visage autrefois. Il ne quittait pas des yeux sa compagne, qui était devenue bien silencieuse. Pégase comprenait que le masque était aussi une barrière entre elle et le monde extérieur, une protection qui la rendait illisible aux yeux des autres. Pourtant après quelques minutes, Shaina porta la main à son visage et elle décala la protection métallique. Avec lenteur et peut-être une légère hésitation, elle retira son masque qu’elle déposa entre eux sur le banc en bois. Seiya prit quelques secondes pour redécouvrir le visage tant aimé. Elle était toujours aussi belle et elle arborait aussi une expression tendre. Il remarqua les légères rougeurs sur ses joues. Finalement, elle tourna la tête vers lui et leurs regards se rencontrèrent. Shaina lui offrit un petit sourire.

« Tu sais je t’ai toujours trouvée très belle. J’avoue avoir un faible pour tes yeux émeraude. Mais ce n’est pas vraiment pour ton physique que je t’aime. Enfin pas uniquement... », commença lentement Pégase. Il attrapa le masque lentement pour l’observer avec attention cherchant un peu ses mots. « Tu m’as toujours impressionné en quelque sorte. Tu es quelqu’un de fort, d’intègre, de dévoué et qui ne recule pas devant le danger. Tu prends soin des tiens et tu les protèges sans hésiter. Tu as un sacré sens de l’humour et tu es quelqu’un d’intelligent. Bon et tu es une grande guerrière, qui n’a rien à envier aux autres Saints. Même ton côté impulsif et volcanique est charmant… Enfin en revenant ici je pensais te voir comme habituellement, mais tu n’étais pas là. Et tu m’as manqué. C’est cela qui m’a fait réaliser que je te cherchais toujours du regard quand je venais au Sanctuaire, que je cherchais ta compagnie… Et que la raison pour laquelle tu es si précieuse pour moi, c’est parce que je suis en fait tombé amoureux de toi. Je ne sais pas quand c’est arrivé. Et je suis désolé d’avoir mis autant de temps à comprendre ce que je ressentais. Peu importe ta réponse ou si tu veux du temps pour y réfléchir, je voulais te le dire. Je t’aime et j’aimerais qu’on soit plus que des amis. »

Avait-elle besoin de réfléchir ? Il n’en était pas certain. Seiya se dit qu’il n’avait pas fait la plus romantique et poétique des déclarations d’amour. Il avait pourtant écrit plusieurs versions de ce qu’il comptait lui dire avant d’opter pour celle qui lui semblait la mieux. Mais finalement il avait spontanément ouvert son cœur à la femme qu’il aimait, avec simplicité et sincérité. Et il pouvait voir les magnifiques yeux de Shaina briller de mille feux et un sourire doux et timide se dessiner à nouveau sur ses lèvres. Elle avait attendu durant des années après lui, sans jamais se plaindre, ni lui rappeler qu’il n’avait jamais répondu à son aveu. Mais elle avait toujours été là pour lui, à le suivre et l’aider. Elle l’avait aimé en silence avec recul. Il le savait. Il osa tendre la main pour remettre une des longues mèches brunes de la jeune femme derrière son oreille. Ce fut Shaina qui rompit l’échange visuel. Elle avança subitement glissant ses bras autour de son cou pour venir l’embrasser chastement. Fermant les yeux, Seiya savoura la douceur des lèvres rosées posées contre les siennes, et il l’enlaça l’attirant plus près de lui si c’était possible. Ce fut elle qui brisa le chaste baiser et elle déposa son front sur son épaule, fermant les yeux et savourant la chaleur et l’impression de sécurité qui émanaient de lui.

« Je suppose que ça veut dire que tu partages mes sentiments et que tu nous donnes une chance ? », demanda Seiya avec une pointe de taquinerie dans la voix. Il resserra avec douceur son étreinte autour d’elle.

« Idiot. », murmura-t-elle le nez enfoui dans le creux de son cou. « Bien sûr que je suis toujours amoureuse de toi. Je n’ai jamais cru qu’un jour tu partagerais ce sentiment. Je pensais… »

« Je suis désolé de t’avoir fait attendre si longtemps. Je te promets de rattraper le temps qu’on a perdu. », répondit Seiya tout en caressant son dos. Il sentait la tension des muscles de Shaina dûe à la fatigue du voyage et les légers tremblements liés aux émotions qu’ils partageaient suite à son aveu. « J’aurais voulu te faire une déclaration parfaite. »

« Elle l’était. », déclara avec sérieux l’Ophiuchus qui s’éloigna légèrement pour le regarder droit dans les yeux. « C’était parfait. »

Et cela l’était vraiment pour eux. Pégase déposa son front contre celui de l’Amazone. Il ferma un instant les yeux profitant du moment. Il était heureux. Elle l’était aussi. Ils étaient ensemble. Ils n’avaient besoin de rien de plus. Maintenant qu’Athéna avait ramené la paix durablement sur terre entre tous les Sanctuaires, il savait qu’il avait littéralement toute sa vie à consacrer à celle qu’il aimait. Ils pourraient en profiter totalement. Mais pour le moment, il était juste bien avec elle dans ce silence seulement brisé par le chant des rares oiseaux vivant ici. Il sentait le cosmos de Shaina plus apaisé, reflétant son bonheur du moment. Et il savait que le sien devait transmettre les mêmes émotions à la jeune femme. Il resserra ses bras autour d’elle avec un sourire. Il sentit un autre baiser s’échouer avec douceur sur sa joue avant que Shaina ne vienne à nouveau se blottir contre son torse avec lenteur. Seiya appuya sa joue contre les mèches brunes rebelles de sa petite-amie. Parce que oui maintenant ils étaient un couple. Cela aussi le remplissait de joie.

« Combien de temps restes-tu encore ? », questionna doucement la jeune femme.

« Un moment. Aussi longtemps que je le veux. Puis après tu pourrais venir avec moi à Tokyo, si tu le désires. », répondit-il spontanément mais à voix basse de peur de briser le moment. « Tu sais, je pourrais préparer le repas, voire te préparer un bain pendant que tu te reposes de ton voyage. »

« Proposition alléchante. Mais es-tu bon cuisinier ? », le taquina-t-elle.

« Meilleur que tu ne l’imagines. Me fais-tu confiance ? », demanda-t-il avec un sourire mutin.

« Tu le sais. », contra-t-elle avec un léger soupir de bien_être. « Comme je n’ai pas envie de me séparer de toi, je vais accepter ta proposition des plus tentantes. »

À contrecœur, Shaina quitta le refuge des bras de Seiya. Mais elle agrippa sa main pour l’entraîner avec elle à l’intérieur. Elle avait attendu ce moment sans vraiment oser y croire depuis tellement longtemps, qu’elle comptait bien en profiter. Certes elle tombait de fatigue, et elle devait dormir un peu. Mais Pégase lui avait promis de préparer un repas et de prendre soin d’elle. Même si elle avait toujours voulu se montrer indépendante et forte, elle appréciait aussi l’idée que l’homme qu’elle aimait prenne soin d’elle. Alors oui, elle comptait bien en abuser un peu ce soir pour se faire dorloter. Elle le méritait vu sa longue mission et le temps qu’il avait mis à répondre à ses sentiments, donc elle avait bien le droit d’abuser un peu. Elle n’était pas certaine de quand Seiya repartirait au Japon, ni de quand ils se reverraient. Alors tant qu’il serait au Domaine Sacré, elle se fit la promesse de le monopoliser au maximum sans pour autant l’étouffer bien sûr. Mais il n’y avait pas de raison qu’ils ne puissent pas vivre leur relation naissante au maximum de ce que leur statut de Saint d’Athéna leur permettait pour le moment. Peut-être pourraient-ils envisager d’aller errer à Rodorio ou à Athènes pour profiter d’un moment en amoureux réellement seuls ? Elle lui proposerait cela durant le repas. Et elle verrait bien comment ils profiteraient à deux des prochains jours.

 

Chapter 7: Décisions: Kanon / Milo

Notes:

Dédicace : Pour Koyalau en espérant que tu apprécies la lecture.
Correctrice : Clina

Personnages : Kanon des Gémeaux/du Dragon des Mers, Milo du Scorpion
Mention de : Athéna, Grand Pope (Shion), Aphrodite des Poissons, Shaka de la Vierge, Mu du Bélier, Aldébaran du Taureau, Masque de Mort du Cancer, les Bronzes Divins, Kiki
Ship : Milo/Kanon

Type d’écrit : romance, confession amoureuse
Arc temporel : Disons post-canon, quelques années après les Guerres Saintes et un retour à la vie de tout le monde.
Note : J’y vois un pré-ship ou un ship. Il y a des chances qu’il y ait un jour un second OS sur eux, mais vous commencez à me connaître et à savoir comment je fonctionne. Pour rappel il n’y a aucun lien entre chaque OS posté dans ce recueil sauf mention contraire en notes (disons sauf si je réécris sur le même ship).
Lieu : Sanctuaire, Temple des Gémeaux

Chapter Text

Le retour à la vie n’était jamais évident. Et ce qui aux yeux des Déités semblait être un cadeau inestimable et précieux, pouvait devenir un cauchemar ou une corvée pour certains. Kanon n’irait pas jusqu’à dire qu’il n’appréciait pas cette nouvelle vie, ni que c’était un enfer à vivre sans mauvais jeu de mots. Il estimait à sa très juste valeur le présent de la déesse Athéna et ce qu’elle avait dû développer comme miracle de négociation pour l’obtenir des autres Olympiens. Il ne doutait même pas que la discussion avait été houleuse et compliquée, mais leur Déité protectrice était par moments extrêmement têtue. Alors il ne se plaindrait pas de cette vie retrouvée bien plus paisible et simple qu’autrefois. Tout comme il estimait que ce serait une offense de ne pas en profiter pleinement. Peut-être avait-il un côté optimiste dans cette nouvelle ère ? En tout cas, il avait été absous de ses péchés avant la Guerre Sainte contre Hadès par la Déesse Athéna et par Milo du Scorpion. Ce dernier avait compris l’importance de la pénitence aux yeux de Kanon semblait-il… De plus revivre lui offrait l’occasion de partager des moments avec son frère jumeau. Certes il avait de quoi être rancunier envers Saga, mais le Gémeau en titre avait aussi son lot de reproches justifiés à son encontre. Au moins étaient-ils tombés d’accord sur ce point. Et une fois la conversation difficile passée et les regrets formulés, il ne restait que le pardon fraternel des deux côtés et un besoin de renouer leur précieux lien.

Non, ce qui rendait cette nouvelle vie compliquée pour Kanon était le fait de ne plus savoir où était sa place. Qui était-il au fond ? Un Saint d’Or d’Athéna ou un Général de Poséidon ? Ou un électron libre lié par le sang et les actes aux deux Sanctuaires ? Saint d’Or des Gémeaux à mi-temps ou Général du Dragon des Mers à temps plein ? Où devait-il vivre : au Domaine Sacré d’Athéna ou au Sanctuaire sous-marin de Poséidon ou mieux encore là où bon lui semblait loin de tout cela ? Bien sûr il n’était plus le jumeau caché dans l’ombre au nom d’une loi ancestrale stupide au demeurant, si on considérait les ennuis que cela avait toujours valu au Sanctuaire. Il en avait fallu du temps, mais ils avaient enfin compris qu’on ne pouvait effacer un des deux jumeaux sans en payer le prix. Au moins ce problème ne se poserait plus pour les générations futures. Kanon pouvait estimer avoir apporté un mieux à la vie de la Garde Dorée d’Athéna. Et même s’il était connu de tous, parce que retourner dans l’ombre maintenant était impossible, il ne savait toujours pas où se trouvait sa place. Il était toléré de la majeure partie de ses frères d’armes, et apprécié des Saints Divins et de certains des Saints d’Or. Une minorité avait conscience de ses erreurs passées et semblait encore se méfier de lui. Et au fond Kanon les comprenait. Il savait qu’il devait encore faire ses preuves.

« Que complotes-tu ? », questionna la voix amusée de Milo dans son dos. Kanon ne prit même pas la peine de se retourner pour observer le nouveau venu.

« Rien. », répondit le Dragon des Mers avec lenteur. Son regard bleu ne quittait pas le contrebas des escaliers. Il n’y avait rien de bien passionnant à observer en ce moment. « Je ne complote pas toujours. C’est une fausse rumeur à mon sujet. », ajouta-t-il avec un sourire amusé.

« Vraiment ? Venant de la part de celui qui a trompé deux Déités, provoqué au moins deux guerres… », rétorqua Milo en s’installant sur les escaliers près de Kanon. « Tu te planques dans un coin isolé, seul perdu dans tes pensées… »

« Je suis assis à l’entrée du Temple des Gémeaux dans l’escalier menant au Temple d’Athéna, avoue que comme endroit isolé pour comploter, il y a vraiment moins visible. », déclara Kanon en tournant la tête vers Milo. Cette fois-ci, il put voir le sourire amusé et satisfait du Scorpion.

« Bien, j’ai enfin toute ton attention rien que pour moi. », susurra Milo avec un clin d’œil. « Alors blague à part, que fais-tu seul ici quand tout le monde s’entraîne ? »

« J’avais envie de calme, je suppose. », répondit avec un haussement d’épaules Kanon, reportant son regard azuré vers les deux Temples en contrebas. « Et toi, pourquoi manques-tu l’entraînement ? Ce qui est bien plus surprenant venant de ta part que de la mienne, reconnais-le. »

« Tu me manquais trop alors je suis parti à ta recherche. », rétorqua le Scorpion avec une voix oscillant entre le sérieux et la taquinerie.

Kanon tourna à nouveau la tête pour observer son compagnon d’armes. Milo avait ce petit sourire et cette expression qui ne laissaient jamais savoir s’il plaisantait ou s’il était sérieux. Cela pouvait irritait les autres dans certaines situations. Tout semblait être une plaisanterie ou une taquinerie de la part du Saint d’Or du Scorpion. Mais Kanon savait que c’était aussi parfois une façon de se protéger tout en tâtant l’eau pour en connaître la température. Aucun d’eux n’avait été éduqué pour gérer les relations humaines, quelles qu’elles puissent être. Et il y avait toujours une certaine maladresse dans leurs échanges quand il ne s’agissait pas de combat, de Guerre Sainte ou d’entraînement. Et peut-être que dans d’autres circonstances, Kanon aurait opté pour le silence ou une pique bien sentie pour chasser l’importun qui l’avait sorti de ses réflexions pour venir le taquiner. Mais c’était Milo. Et ce dernier avait une place à part dans ses relations. Il devait sa rédemption au Scorpion. Sans réellement le connaître, Milo avait compris ce qu’il était venu chercher et pourquoi il avait enduré les quinze piqûres de son attaque presque sans se défendre. Il lui avait permis de réintégrer à sa manière les Saints d’Athéna, de prouver sa détermination et sa loyauté à leur Déesse.

Et après leur retour inespéré à la vie, le Scorpion avait été un des premiers à venir vers lui. Il semblait avoir totalement pardonné sa traîtrise d’autrefois et être désireux de l’aider à s’intégrer au Sanctuaire ou du moins à la Garde Dorée. Avec Saga, Milo avait été un soutien qui lui avait permis de trouver quelques peu ses marques ici. Et pour cela il lui était reconnaissant. Kanon ne le niait pas en son for intérieur, il avait une certaine forme d’affection pour Milo. Et même, s’il disait rester au Sanctuaire pour sa Déesse et pour son jumeau… Il devait s’avouer qu’il restait aussi pour profiter de la présence du Scorpion. Ce dernier avait un effet sur son être et son âme qu’il aurait qualifié de bénéfique. Cependant il était hors de question de s’épancher oralement sur le sujet ou même de réfléchir pour poser les bons mots sur ce sentiment. Certaines choses méritaient de rester secrètes. Ou du moins, ce ne serait pas lui qui aborderait le sujet en premier et certainement pas aujourd’hui. Non, là Kanon profitait de la sensation d’apaisement que Milo lui permettait de ressentir, l’impression d’être à sa place pour une fois. C’était un sentiment récurent en présence du Scorpion. Et c’était assez agréable.

« Et donc à quoi réfléchissais-tu ? », questionna Milo avec une réelle curiosité, qui n’avait rien de malsain.

« Tu ne sais pas apprécier le silence, je me trompe ? », contra habilement Kanon avec son sourire provocateur habituel. Milo se contenta de hausser les sourcils, nullement impressionné par la tentative de l’envoyer gentiment promener.

« Si tu ne réfléchis pas à un plan machiavélique, je ne vois pas pourquoi tu esquives ma question. », se contenta de répondre le Scorpion avec un calme et un aplomb presque perturbant quand on le connaissait.

Mais au fond Kanon savait que cela n’avait rien d’étonnant. Ils avaient tous grandi trop vite, obligés de devenir adultes alors qu’ils étaient encore des enfants. Ils avaient connu les combats avant d’avoir la moindre notion même de la vie et la mort. Et à aucun moment on ne les avait réellement laissés expérimenter des choses plus futiles ou découvrir les diverses formes d’attachement pouvant exister. Sur ce point précis, Kanon se savait chanceux d’avoir eu son frère jumeau pendant des années. Cependant ils avaient tous appris à se protéger d’une manière qui leur était propre. Ils peinaient à se faire totalement confiance même entre eux. Après tout Aphrodite se cachait derrière son apparente beauté et un air de séduction permanent. Camus ne montrait jamais aucune émotion et il semblait même en être dépourvu. Le Cancer semblait se complaire à paraître plus psychopathe qu’il ne l’était vraiment. Même Shaka, Mu et Aldébaran avaient construit des murs de protection des plus compliqués à percer. Et Milo ne faisait pas exception. Il utilisait la taquinerie et une bonne dose d’humeur, voire de provocation pour cacher par moments ce qu’il pouvait ressentir, ainsi que ses propres doutes. En cela Kanon lui ressemblait un peu, usant d’ironie et de son franc-parler sans filtre pour garder la majeure partie des autres à distance. On ne gagnait pas sa confiance si facilement…

« Tu es bien curieux. », murmura finalement Kanon qui rendait les armes. Et à la réflexion, il devenait de plus en plus complaisant avec Milo ces derniers temps.

« Est-ce de la curiosité que de s’inquiéter pour ses amis quand on les voit tellement perdus dans leurs pensées qu’ils ne vous entendent même pas arriver ? », demanda simplement Milo.

« Milo… Passe moins de temps avec Camus et Shaka, tu deviens philosophe comme eux. », commenta l’ex-Général avec un léger rire.

« Là je tentais plutôt d’imiter Mu mais soit… Non parce que Camus et Shaka le penseraient, mais ne le diraient pas. », déclara le Scorpion légèrement pensif, si Kanon en croyait son nez plissé. « Quoique Mu se contenterait de lire notre Cosmos… » Et voilà la conversation était détournée, Kanon pourrait se contenter de l’alimenter en ce sens et l’esprit vif de Milo ferait le reste.

« À où est réellement ma place ? », murmura finalement le Dragon des Mers. Il se pencha pour ramasser un caillou qu’il lança dans les escaliers, curieux de voir s’il atteindrait le Temple du Taureau.

« Quoi ? », fut la remarque la plus intelligente que Milo réussit à formuler, pris de court par l’aveu.

« Tu m’as demandé à quoi je pensais avant que tu n’arrives. Eh bien à où était ma place et à qui j’étais vraiment. », expliqua Kanon en regardant son compagnon du coin de l’œil. Il constata que le Scorpion l’observait directement avec une lueur de curiosité dans ses yeux clairs.

« Tu pourrais être plus précis ? J’avoue ne pas trop suivre ton raisonnement. Tu comptes partir ? », questionna Milo. Et Kanon aurait juré avoir ressenti une légère tension et un doute chez l’autre Saint d’Or. Serait-il affecté s’il partait ? L’ancien Général de Poséidon chassa lentement la question de son esprit.

« Je suis reconnaissant pour cette nouvelle vie. J’ai aussi eu la chance de vous connaître un peu mieux tous et de renouer avec Saga. Seulement parfois je me demande si je suis un Saint d’Athéna ou un Général de Poséidon. Après tout, j’ai rempli les deux fonctions sur le plus ou moins long terme. Enfin en nombre d’années, j’ai été plus longtemps un Marina qu’un Saint d’Or. Et avec cela je me demande si ma place est ici ou dans le Sanctuaire sous-marin, ou ailleurs. J’ai juste parfois la sensation de ne pas savoir où je dois être, où est ma place dans le nouvel ordre des choses. », expliqua lentement Kanon qui admirait toujours les toits des deux premiers Temples. « Je pense qu’on le ressent tous plus ou moins. »

« Donc tu veux nous quitter. », répéta le Scorpion. La voix de Milo avait un côté plus froid, comme s’il se sentait blessé par l’idée. Ou alors était-ce l’imagination de Kanon qui lui jouait des tours ?

« Non, ce n’est pas ce que j’ai dit. », répliqua le Gémeau en lui lançant un regard. Il lui offrit un léger sourire. « C’est plus compliqué que cela. C’est une sensation personnelle. Je me doute qu’ils ne seraient pas ravis de me voir débarquer au Sanctuaire sous-marin. Et en même temps j’ai de très bonnes raisons de rester ici. Après je ne vais pas mentir, la mer me manque un peu. J’ai vécu tellement longtemps au Domaine Sacré de Poséidon… Peut-être qu’il faut juste que j’aille passer une journée à la plage. » Il eut un autre haussement d’épaules. Il était à moitié sérieux, l’idée de s’approcher de l’Océan avait quand même quelque chose de tentant à ses yeux.

Milo ne répondit pas de suite. Le Scorpion détourna le regard pour observer les Temples plus bas, le grand escalier et le décor montagneux qui les entourait. Kanon supposa vu sa mine sérieuse, qu’il réfléchissait à ce qu’il venait de lui confier. Habituellement c’était plutôt avec Saga qu’il avait ce genre de conversation, son aîné pouvant lui apporter une forme de réponse réconfortante sans l’influencer. Plusieurs fois son jumeau lui avait conseillé de s’en ouvrir au Grand Pope ou à Athéna ou un autre Saint… Saga reconnaissait n’être guère impartial et objectif, ayant une certaine préférence à garder son frère auprès de lui après une si longue séparation. Et Kanon ne se sentait pas pour autant étouffé auprès de son jumeau. Il appréciait le temps passé au Sanctuaire. Après quelques longues minutes silencieuses, il sentit Milo bouger légèrement à ses côtés. Il semblait que le Scorpion avait glissé un peu plus vers lui, si l’ancien Général en croyait la sensation de chaleur qui émanait de leur proximité nouvelle.

« Ça ressemble à quoi le Sanctuaire de Poséidon ? », questionna lentement Milo qui le regardait avec attention à nouveau.

« C’est différent. Plus doux et plus humide niveau climat. Plus lumineux mais de manière tamisée et plus… colorée je dirais. Le décor a un côté irréel et féerique, le tout étant surmonté des piliers soutenant les Océans. Chaque pilier est lui-même différent, un peu à l’image des Temples ici. Là-bas il y a un étrange sentiment d’apaisement, probablement un effet des mers qui servent de ciel. », expliqua vaguement Kanon. Décrire le paysage n’était pas spécialement un point fort chez lui. Il n’était pas assez poétique pour mettre des mots qui faisaient rêver sur un décor.

« Ça fait envie. », murmura Milo avec un léger sourire. « Si tu y retournes, je pourrais t’accompagner pour visiter ? »

« Je ne suis pas guide touristique. », plaisanta le Dragon des Mers avec un sourire amusé. « Demande à Athéna, je suis certain qu’elle acceptera que tu remplisses la prochaine mission diplomatique auprès de l’Empereur des Océans. »

« Ce ne serait pas la même chose. Ce serait moins amusant sans tes commentaires sarcastiques. », répliqua Milo sur le même ton avec un air plus apaisé et un sourire narquois. « Dis-moi quelles sont les raisons qui te font rester ici ? Il y a bien quelque chose de plus ici que là-bas pour que tu ne tentes même pas de t’infiltrer dans le Domaine sous-marin… »

Honnêtement Kanon ne savait pas trop quoi répondre à cette question. Même s’il avait un certain franc-parler à toute épreuve, il y avait des sujets qu’il n’abordait pas même avec Saga. Avait-il vraiment envie de se poser ce genre de question pour y répondre à voix haute ? Certaines choses ne prenaient-elles pas une réelle valeur et un réel sens une fois qu’on les avait formulées et partagées avec un autre ? Le second Gémeau eut un regard en coin pour son compagnon qui ne le quittait pas des yeux. Kanon n’arrivait pas à analyser les diverses émotions dans le regard de Milo. Tout ce dont il pouvait être certain, c’est que jamais le Scorpion ne répéterait ce qu’il lui confesserait. Ce n’était pas dans la nature de ce dernier de trahir la confiance qu’on lui accordait, ni d’avoir la langue trop pendue. L’ex-Général de Poséidon replaça une de ses mèches derrière son épaule avec un soupir. Que risquait-il à être brutalement sincère ? À part peut-être à avoir une idée plus nette de ce qu’était Milo pour lui aujourd’hui ? Même si vivre dans l’ignorance avait son charme, ce n’était pas dans sa nature d’y rester et de ne pas assumer complètement ses paroles, actes et sentiments. Il le savait. Milo lui avait tendu une perche involontaire pour creuser un peu plus leur lien. Avec un autre soupir, Kanon se fit la réflexion que le Scorpion obtenait quasiment tout de lui sans se donner beaucoup de mal depuis leur retour à la vie.

« J’ai grandi ici, certes caché aux yeux de tous, mais je connais bien tous les recoins du Domaine Sacré. Je devais être un Saint d’Athéna. Puis il y a Saga, mon frère jumeau. Je n’ai pas envie de me séparer de lui à nouveau, pas aussi vite… Athéna aussi. Je me devais de la servir et la protéger. Je l’ai trahie pourtant elle m’a sauvé, protégé et pardonné. Elle m’a offert une place dans son armée, le droit de vivre dans la lumière au même titre que vous… Il y a certains liens que j’ai tissés depuis notre retour aussi avec certains autres Guerriers… Et toi. », confessa lentement Kanon, le dernier mot devenant un murmure à peine audible.

« Moi ? », questionna simplement Milo en papillonnant des yeux surpris.

« Hum. », marmonna Kanon. Il n’était pas certain s’il avait espéré que le Scorpion ne l’entende pas cet aveu-là… Mais en même temps s’il avait voulu le garder secret, il n’aurait pas dû le formuler, même à voix basse. « Oui toi. Tu es à part. Tu m’as permis de gagner ma rédemption et tu m’as tendu la main pour m’intégrer. J’apprécie ta compagnie en général. Enfin je t’apprécie… »

L’aveu était maladroit et peut-être pas aussi direct qu’on aurait pu s’y attendre venant de la part de Kanon. Mais ce genre de conversation à cœur ouvert n’était pas dans ses habitudes, ni dans celles de Milo. Ce dernier garda le silence un long moment. Il devait chercher à comprendre quel sens donner à cette confession inattendue. Mais le Scorpion devait avoir conscience qu’il avait une place particulière dans la vie de Kanon. Après tout le cadet des Gémeaux ne recherchait pas spontanément la compagnie de beaucoup de monde en général, or il avait cette tendance à passer presque autant de son temps libre avec Milo qu’il n’en consacrait à Saga. Aucun d’eux ne reprit la parole, profitant des derniers moments de calme qui régnait en ces lieux. L’entraînement devait toucher à sa fin. Bientôt les autres Saints d’Or regagneraient eux aussi leur Temple. Et la conversation discrète et intime prendrait naturellement fin. Peut-être que Kanon n’obtiendrait pas de réponse aujourd’hui, ni un autre jour. Mais cela n’avait aucune importance. Il avait juste sincèrement répondu à une question de Milo. Un frisson courut le long de son être quand il sentit le léger contact contre sa main. Le Scorpion avait discrètement bougé la main pour la rapprocher de celle du l’ancien Général. La caresse était légère et éphémère, mais elle fit sourire doucement Kanon.

« Tu nous laisserais une chance ? », demanda Milo à voix basse. Ils pouvaient percevoir les voix et les éclats de Cosmos de leurs frères d’armes plus si loin que cela.

« N’est-ce pas ce que je fais en restant ici ? », répondit Kanon sur le même ton, ce qui arracha un autre sourire à son compagnon.

Ils étaient bien dans leur petite bulle de calme et de silence. Et ils profitèrent encore quelques minutes de la sérénité des lieux, sachant pertinemment qu’elle serait très vite brisée, quand Kiki passerait en courant pour rejoindre le premier Temple. Mais cela n’avait aucune importance au fond. Ils auraient d’autres moments rien qu’à eux, à partager comme bon leur semblerait. Ils pourraient même en créer à l’envi. C’était un avantage de vivre en temps de paix déclarée : il n’y avait plus aucune obligation à se consacrer qu’à son statut de Guerrier. Kanon crocheta son doigt avec celui de Milo. Ce simple geste voulait dire énormément entre eux. Il était rempli d’une symbolique qu’eux seuls pouvaient comprendre. Et sans plus de mots ou de grandes déclarations enflammées, ils s’étaient compris sur leur relation. C’était peut-être à bien y réfléchir, la confession qui leur correspondait le mieux avec une certaine pudeur sur des sentiments qu’ils n’avaient ni l’habitude de ressentir, ni de partager. Mais ils auraient le temps de découvrir cela ensemble, tranquillement. Les bruits de cavalcade dans les escaliers dans leurs dos leur apprirent que Kiki dévalait les marches le plus vite possible. Le gamin passa près d’eux en les saluant mais sans s’arrêter, arrachant un rire amusé à Milo.

« On pourrait aller à la plage demain. Je connais une petite crique isolée et où personne ne va… », proposa le Scorpion avec un air mutin et un clin d’œil. « Toi, qui rêve de voir la mer… »

« Pourquoi pas. », se contenta d’approuver Kanon, sans pour autant mettre fin à leur léger contact physique. La perspective de quelques heures à la plage rien qu’avec Milo était des plus attrayantes pour son esprit. Il put sentir le Cosmos de son frère pénétrer dans le troisième Temple. Il ne relâcha pas pour autant la main de Milo, qui ne tenta pas non plus de remettre de la distance entre eux. Après tout, ils n’avaient rien à cacher.

Chapter 8: Onirisme: Esméralda / Ikki

Notes:

Correctrice : Clina

Personnages : Ikki du Phoenix, Esméralda
Ship : Esméralda/Ikki

Type d’écrit : romance, angst

Chapter Text

La lumière matinale frôlait son visage cherchant à l’éveiller. Ikki grogna et il se retourna pour fuir la luminosité de l’aurore et profiter un peu plus longtemps de son sommeil. Il était un petit dormeur, n’ayant besoin que d’une poignée d’heures pour se reposer. Mais quand il dormait dans un lit aussi confortable et qu’il se sentait aussi serein, il appréciait en profiter un peu plus longtemps. C’était tellement rare ces moments de plénitude et de paix. Alors il était hors de question qu’il sorte du lit aussi tôt ce matin. Le monde n’était pas à sauver après tout, ni son petit frère. Il passa un bras sous l’oreiller voisin au sien et il soupira enfonçant son nez dedans. L’odeur était douce et agréable. C’était un mélange léger de fleurs printanières. Il connaissait cette senteur. Il reconnaissait toujours son odeur, à elle. Un léger sourire naquit sur ses lèvres alors qu’il profitait un peu plus longtemps du moment. Il savait où elle était et ce qu’elle faisait. Étrangement elle se levait toujours avant lui.

Le Phoenix bailla doucement, mais il conserva les yeux fermés. Privé de la vue, il se concentra sur ce que ses autres sens pouvaient lui apprendre. Il pouvait sentir son parfum enivrant et pourtant léger, qui se mélangeait lentement aux senteurs du petit-déjeuner. Ikki pouvait l’entendre s’affairer dans la cuisine pour préparer le repas matinal tout en chantant de sa voix mélodieuse et douce. C’était un son des plus agréables au réveil. Il avait conscience aussi de la légère chaleur des lieux, mais qui n’avait rien de comparable avec la chaleur aride de l’île de la Reine Morte où il s’était entraîné. Non ici c’était une température douce et agréable qui réchauffait lentement ses muscles et sa peau. Il se sentait bien et étrangement apaisé. En fait, il pouvait se dire heureux. Et il savait qu’il devait cela à l’Ange, qui veillait sur lui et qui l’attendait dans la cuisine pour partager le petit-déjeuner. Ce moment suspendu dans l’éternité du temps, Ikki prit quelques minutes de plus pour le savourer. Il était bien dans cet entre-deux, ce moment unique entre le sommeil et l’éveil, où l’esprit pas encore totalement actif se complaît à prolonger les rêveries de la nuit.

Finalement avec un petit soupir de bien-être, il ouvrit les paupières. Il papillonna quelques instants pour s’habituer à la luminosité matinale de la pièce. Un autre soupir lui échappa. Pour une raison inconnue, son esprit ne semblait pas avoir envie de se lever. C’était comme si quitter la chaleur douillette de son lit allait provoquer un enchaînement moins agréable de faits. C’était ridicule. Il le savait. Roulant sur son dos, Ikki prit le temps de s’étirer un peu et d’observer le rideau qui voletait doucement sous la légère brise matinale. Il faisait assez clair dans la pièce baignée de lumière solaire. Le Phoenix se concentra à nouveau sur les bruits venant de la cuisine et sur sa bien-aimée. Même si elle ne possédait pas de Cosmos comme lui, il avait toujours eu la capacité de sentir sa présence et de savoir comment elle allait. Et son bonheur à elle primait sur tout le reste pour Ikki. Elle était son grand amour et ce qu’il avait de plus précieux, qu’il chérissait le plus. S’il avait survécu à son entraînement c’était grâce à ses bons soins à elle. La surnommer Ange n’avait au fond rien d’anodin dans sa tête.

Après quelques secondes de plus, Ikki repoussa la couverture et il sortit du lit. Il était temps d’aller saluer son bel Ange et de profiter d’une nouvelle journée de paix à ses côtés. Pieds nus sur le plancher, il avança silencieusement vers la porte. Il ne désirait pas se faire repérer trop rapidement pour avoir le loisir d’admirer la jeune femme quelques minutes. Il aimait graver son image parfaite dans son esprit, prenant le temps de savourer chaque matin la chance qu’il avait de l’avoir à ses côtés pour le restant de sa vie. Un désagréablement mais très éphémère pincement mordit brièvement son âme. Mais il chassa l’impression rapidement. Il voulait profiter de ses rituels matinaux en compagnie de son âme-sœur. Il s’inquiéterait plus tard du reste. Pour Ikki ne comptait que l’instant présent qu’il savait précieux et unique. Quand le moment était passé, rien ne pouvait permettre de le revivre si ce n’était le souvenir qu’il imprimait en nous. Et pour que cette réminiscence soit parfaite, il fallait ouvrir tous ses sens pour se gorger de tous les minimes détails qu’il pourrait percevoir. Le Phoenix désirait graver pour l’éternité la beauté de ce tableau dans son esprit, pour ne jamais l’oublier. C’était une sensation presque vitale qu’il ne s’expliquait pas vraiment.

Poussant la porte, il s’arrêta dans l’embrasure et il admira le joli spectacle qui s’offrait à lui. Elle était de dos, préparant de toute évidence la fin du petit-déjeuner. La table était déjà mise pour eux, et le chant des oiseaux lui parvenait par la fenêtre ouverte. Le soleil offrait à sa chevelure blonde des reflets dorés et brillants. Elle s’était attachée les cheveux en une tresse lâche comme à chaque fois qu’elle cuisinait. Ikki s’appuya contre le mur et il la regarda s’activer avec soin et précision, un léger sourire tendre ornant les lèvres du Phoenix. Elle portait une chemise bleu foncé trop grande pour elle, sûrement une des siennes, au-dessus d’un short en jeans qu’il devinait plus qu’il ne voyait réellement. Elle était pieds nus elle aussi, une habitude quand elle était chez eux. Sa voix basse et mélodieuse chantonnait un air qu’il ne reconnaissait pas, mais qu’il appréciait parce que c’était elle qui le chantait. Il y avait quelque chose de surréaliste à la scène, mais Ikki ne pouvait dire d’où lui venait cette sensation. La cuisine ne faisait qu’un avec le séjour et le tout donnait sur une terrasse. La porte-fenêtre était d’ailleurs ouverte. C’était une pièce de vie moderne et pratique, meublée et décorée avec soin. Il y avait même un bouquet de fleurs au milieu de la table. Il se sentait chez lui ici, parce qu’elle était là. Quand il regarda à nouveau vers elle, il croisa son beau regard émeraude qui le fixait avec tendresse. Elle avait un joli sourire amoureux accroché à ses lèvres rosées. Ikki se fit la réflexion qu’elle était parfaite et très belle.

« Bonjour Ikki. J’ai cru que tu ne te lèverais pas aujourd’hui. », le salua-telle avec humour.

« Bonjour Esméralda », se contenta-t-il de répondre en avançant dans la pièce. « Cela sent bon, comme toujours quand tu cuisines. » Il fut ravi de la voir légèrement rougir alors qu’elle essuyait ses mains et qu’elle s’approchait de lui presque timidement.

« J’espère que ce sera bon dans ce cas. Je t’ai préparé tout ce que tu aimes pour le déjeuner. », répliqua-t-elle alors qu’Ikki s’arrêtait face à elle.

Le Phoenix ne répondit pas directement. Il prit le temps de détailler son joli minois aux traits fins. Il avait la sensation étrange qu’il devait se gaver de sa vision autant que possible en cet instant, pour ne jamais oublier le moindre détail de son apparence physique. Il admira le jeu de lumière dans ses pupilles émeraude, qui le regardaient en retour avec tout son amour pour lui. Ses yeux étaient magnifiques et brillant de tellement d’émotions positives et de tendresse pour sa personne. Certains jours, il se disait ne pas mériter son affection. Puis son regard glissa sur sa peau nacrée et légèrement rosie sur ses joues. Instinctivement, il leva la main et il caressa sa joue avec toute la douceur qu’il pouvait mettre dans ses gestes pour elle. Sous ses doigts, il put constater à nouveau la fraîcheur et la douceur de sa peau. En inspirant, il pouvait sentir son léger parfum de fleurs printanières. Esméralda fit un pas de plus et elle se retrouva prisonnière de ses bras puissants, alors qu’il penchait la tête pour enfouir son nez dans sa chevelure dorée. Ses mèches blondes le chatouillèrent un peu. Et Ikki ferma les yeux, se gorgeant au maximum de sa présence, de son odeur et de la chaleur de son corps blotti en sécurité contre le sien. Il la protégerait toujours. Il veillerait toujours sur elle.

« Je suis certain que ce repas sera fabuleux. Tu es une cuisinière hors pair. », déclara-t-il en s’éloignant d’elle pour mieux la regarder. Il remarqua son joli sourire. « En quel honneur ai-je droit à un tel petit-déjeuner ? »

« Parce que tu as de nouveau protégé notre planète. », répondit-elle. Et Ikki fronça légèrement des sourcils, surpris par la réponse. Mais il n’eut pas le temps de se questionner plus que cela. « Et parce que je t’aime. » Lentement, Esméralda se mit sur la pointe des pieds pour lui voler un baiser. Leurs lèvres se frôlèrent avec délicatesse alors qu’Ikki fermait les yeux …

Et le Phoenix n’avait pas besoin de rouvrir les yeux pour savoir ce qui l’attendait. C’était à chaque fois la même chose. Pourtant, ravalant la tristesse et la douleur qui lui mordait l’âme et son cœur meurtri, il fit l’effort de soulever ses paupières encore lourdes de fatigue. La pièce lumineuse de vie avait laissé place à une chambre d’hôpital sombre et impersonnel. Il n’y avait plus chant des oiseaux, ni odeur de bon petit repas préparé avec amour. Il ne restait que l’odeur aseptisée des médicaments et le bruit constant et régulier des machines médicales. Le froid s’abattit subitement sur son être et un frisson parcourut son corps. Les ténèbres étaient toujours présentes, preuve qu’il faisait toujours nuit. Et Esméralda n’était plus là, au creux de ses bras à lui offrir son amour et sa tendresse. C’était à chaque fois le même scénario. Une larme solitaire roula le long de sa joue alors qu’il fixait le plafond sombre au-dessus de sa tête. Il aurait aimé rester plus longtemps dans son rêve. Il aurait aimé que ce ne soit pas un rêve. Il aurait voulu vivre ensemble cette vie-là, simple et pourtant si merveilleuse en bien des points. Mais ce n’était possible que dans ses rêves maintenant.

Un soupir lui échappa. Et Ikki s’assit lentement sur le lit. Son corps le faisait souffrir comme après chaque bataille. La tristesse restait ancrée en lui, avec les remords et la culpabilité. Pourtant il y avait un vague réconfort dans sa situation misérable et douloureuse. Il pouvait sentir le Cosmos de ses quatre frères. Et les savoir vivants eux aussi allégeait un peu sa peine. Avec un regard pour la fenêtre close, Ikki se dit qu’il aurait aimé rester inconscient plus longtemps pour profiter à nouveau de la chaleur de l’amour d’Esméralda. Elle lui manquait. Et les seuls moments qu’il pouvait partager avec elle étaient ceux-là, aussi brefs puissent-ils être : c’était quand il était dans cet entre-deux monde, entre l’inconscient suite au combat et l’éveil. C’était comme si elle le ramenait à la vie à chaque fois, lui promettant que lors de son prochain combat elle serait à nouveau là pour veiller sur lui, tel l’Ange qu’elle avait toujours été à ses yeux. Une seconde larme silencieuse roula sur sa joue alors qu’il fixait le ciel étoilé par la fenêtre.

« Je t’aime aussi, Esméralda. », murmura-t-il dans le silence. Et même si cela était impossible, il avait l’impression qu’elle pouvait l’entendre et qu’une légère caresse frôlait sa joue tiède et humide de larmes. Mais ce n’était qu’une illusion… Cependant c’était tout ce qui lui restait d’elle, le rêve d’une vie normale et simple et ses souvenirs pour retracer ses doux traits dans son esprit.

Chapter 9: Citytrip: Camus/Milo

Notes:

Dédicace : Joyeux anniversaire à Maha, en espérant que tu apprécies ce petit moment de lecture.
Correctrice : Clina

Personnages : Milo du Scorpion, Camus du Verseau
Ship : Camus/Milo

Type d’écrit : romance
Arc temporel : Disons post-canon, quelques années après les Guerres Saintes et un retour à la vie de tout le monde. Après l’OS n°6 de Noël que je leur ai consacré dans « Cadeaux sous le sapin ». Il n’est pas nécessaire d’avoir lu cet OS pour comprendre celui-ci.
Lieu : Grand-Place de Bruxelles

Note : J’aurais pu choisir Paris ou une autre très jolie ville française ou d’un autre pays, mais je me suis faite patriotique. J’ai donc opté pour la capitale de mon pays (et oui, je suis belge). La Grand-Place de Bruxelles fait partie des plus belles grand-places au monde. De plus, elle est classée au patrimoine de l’UNESCO depuis 1998 pour sa représentation homogène de bâtiments tant publics que privés datant du 17ᵉ siècle. Si vous avez un jour l’occasion de la visiter ainsi que les rues voisines, c’est très joli. Les lieux cités existent tous et sont tous à maximum 2 minutes de la place.

Chapter Text

C’était à nouveau une idée de Milo de passer quelques jours de vacances en amoureux loin du Domaine Sacré. Le Scorpion avait eu cette idée un matin en observant les autres Saints d’Or s’entraîner. Il fallait croire que les entraînements étaient source de diverses idées de nature romantique chez le huitième Gardien. À l’annonce de cette invitation au voyage en tête-à-tête, Camus avait d’abord haussé les sourcils dans une question muette à développer les arguments qui pourraient le convaincre à dire oui. Milo s’était lancé dans un relativement long discours pour expliciter les diverses raisons de cette envie subite. En soi, le Verseau appréciait l’idée : passer du temps en amoureux loin du Sanctuaire serait en soi des plus agréables. Et cela pouvait même se révéler amusant, s’il laissait trop de marge de manœuvre à Milo pour organiser leur séjour. Camus gardait un bon souvenir de leur Noël en solitaire à l’isba. Cependant, il n’oubliait pas non plus que les idées de son compagnon pouvaient virer à la catastrophe. Et même s’il avait trouvé touchant et attendrissant cette tentative maladroite de cuisine française de la part de Milo, il se rappelait aussi que cela n’avait pas été un franc succès, pour ne pas dire catastrophique. Il fallait reconnaître que le Scorpion avait un grand cœur, qu’il était un amant attentionné et qu’il désirait plus que tout rendre Camus heureux. Le Verseau ne doutait pas que Milo l’aimait, ni qu’il désirait lui faire plaisir avec cette nouvelle proposition. D’ailleurs dès qu’il avait accepté l’idée, Milo avait à nouveau laissé son esprit s’emballer proposant diverses idées à la minute. Il avait alors parlé de la ville des amoureux, d’hôtel de luxe et d’un lieu où on parlait français. Il était clair que c’était un présent pour son amant qui prenait soin de lui au quotidien. Finalement, Camus n’avait émis qu’une seule condition : que Milo le laisser organiser leur Citytrip. Après une moue légèrement boudeuse, le Scorpion avait accepté. De toute manière, le Verseau était de nature bien plus organisée que lui.

« Il pleut. », râla Milo pour la forme.

« Voilà qui nous change du climat chaud et sec de la Grèce. », remarqua Camus avec amusement.

« Ouais, mais ce n’est pas gai. », ronchonna de nouveau le Scorpion. « Sérieusement, tu aimes ce type de temps ? »

« Je suis né en France, et je me suis entraîné en Sibérie. D’ailleurs j’ai passé plus de temps là-bas qu’au Sanctuaire… Contrairement à toi, qui n’a jamais vraiment quitté la Grèce, et qui vénère la chaleur. », le taquina en réponse Camus. « Et pour te répondre, j’apprécie la pluie, oui. De plus, cela embellit les lieux et nous plonge dans le passé, ne trouves-tu pas ? »

Milo roula des yeux. Il n’avait de toute manière aucun contre-argument à opposer à la réponse de son amant. Après tout, le Scorpion avait voulu ce Citytrip comme un présent à son âme-sœur. Son idée d’origine était de visiter un petit coin romantique dans le pays natal de son compagnon. Il était désireux de connaître la patrie natale du Verseau. Il avait très vite pensé à la ville des amoureux, de l’Histoire et de la culture qu’était Paris. Seulement le Verseau préférait organiser lui-même ce voyage en amoureux. Apparemment, il appliquait le fameux proverbe : Chat échaudé craint l’eau froide. Et après leur mésaventure culinaire de Noël, il avait pris les choses en main. Et pour une raison des plus étranges aux yeux de Milo, Camus avait choisi un Citytrip à Bruxelles, capitale de la Belgique et de l’Europe. Et ville des plus pluvieuses selon l’opinion récente et non objective de Milo. La pluie légère tombait depuis quelques heures, rendant les petites rues pavées glissantes. Ce qui n’arrangeait rien à la piètre opinion que le Scorpion avait des lieux. Bon, il se savait très peu objectif, vu qu’il était un grand amateur de soleil et de chaleur. Finalement, le regard bleu de Milo se posa sur son amant qui arborait un petit sourire heureux. Il semblait que lui appréciait cette ville et leur petite promenade. Milo reconnaissait que l’hôtel était agréable et plutôt bien situé. Si le Scorpion avait bien compris, ils étaient dans le centre historique de la capitale.

Finalement, ils arrivèrent à un croisement de rues. Et Milo constata qu’ils étaient à un coin de la fameuse Grand-Place, dont Camus lui parlait depuis le matin. Le Verseau s’arrêta et il prit le temps d’admirer les lieux avec un sourire. De toute évidence, il aimait cet endroit et il le connaissait bien. À aucun moment, il n’avait eu besoin de plan ou n’avait hésité sur leur chemin. Le Scorpion imita son compagnon et il observa le décor, que pour sa part il découvrait. Et il put observer une place de forme rectangulaire et totalement pavée. Quatre rues uniquement semblaient mener jusqu’ici, chacune se situant à un coin dudit rectangle. L’ensemble architectural des bâtiments bordant la place était à première vue homogène avec ses façades en pierres blanches ou grises garnies de nombreuses fenêtres. Elles étaient aussi ornées de statues et de gravures en relief. Il pouvait même apercevoir de nombreuses dorures décorant chacune d’entre elles. Et Milo se devait d’être sincère, malgré la pluie, c’était un bien joli panorama qui vous replongeait aisément dans un autre siècle.

Le Scorpion remarqua les diverses terrasses couvertes qui longeaient certains bâtiments de la place et qui accueillaient des touristes ayant eux aussi bravé la pluie. En fait, il y avait beaucoup de monde malgré le temps humide. Milo entendit un tintement de cloche non loin, devinant la présence d’une église. Et il sentit Camus lui tapoter l’épaule dans une invitation à le suivre. Il agissait comme s’il connaissait bien les lieux depuis leur arrivée à l’hôtel la veille. Et Milo lui emboîta le pas sans poser de question. Contrairement à son amant, il ne savait rien ou presque de cette ville. Et il n’avait pas pensé à prendre un plan avant de quitter l’hôtel. Le Verseau se dirigea d’un pas sûr vers un bâtiment, le Café Tiera. Il y entra pour qu’ils soient au chaud et au sec, et il opta pour une table de deux près de la fenêtre. Milo ne se fit guère prier et il s’installa avec un soupir satisfait face à son compagnon. Son regard curieux fit un rapide tour des lieux. Puis il attrapa la carte pour faire son choix, imitant en cela Camus qui la lisait déjà avec attention. De toute manière, Milo ne serait pas contre une boisson chaude, ni même un petit goûter.

« Je me trompe si je dis que tu es déjà venu ici ? », questionna finalement Milo.

« Une fois. J’ai été plutôt séduit par cette ville. Et je suis heureux de pouvoir te la faire découvrir aujourd’hui. », répondit sincèrement Camus, qui gardait de bons souvenirs de son unique voyage à Bruxelles.

« Je suis content d’être ici avec toi. », confessa le Scorpion dans un léger murmure, et il offrit un sourire amoureux à son compagnon.

« Malgré la pluie ? », demanda avec humour le Verseau.

« Oui... Bon, c’est le point négatif de notre Citytrip, ce maudit temps grisâtre. », râla Milo avec une légère moue. « Je suppose qu’il y a des trucs à visiter dans le coin ? » Il ne doutait pas qu’il devait avoir un intérêt historique et culturel pour que Camus choisisse de venir sur la Grand-Place aujourd’hui. Et il regrettait de ne pas s’être mieux renseigné sur la ville avant de venir, il aurait ainsi pu aider son amant à choisir leurs sorties et discuter de ce qu’ils visitaient.

« Ma foi, il y a déjà l’hôtel de ville qui se visite. On pourra donc en profiter pour découvrir l’intérieur, la dernière fois je n’ai pas pu. On pourra aussi aller voir la statue d’Everard Serclaes et sa stèle, collée à l’hôtel de ville. On dit que la caresser porte bonheur… À deux pas d’ici, il y a la Bourse de Commerce, l’église Saint-Nicolas entourée de diverses échoppes de bijouterie et de chocolats dans des petites rues pavées d’époque. », lista Camus, qui semblait bien connaître le coin et qui avait déjà regardé ce qu’ils pourraient visiter. Il était comme toujours très bien organisé. « Et non loin, il y a deux choses qui devraient te plaire : le musée du chocolat et le Manneken-Pis . »

« Le Manneken-Pis ? », répéta Milo sous forme d’interrogation et avec un froncement de sourcils.

« Oh je te laisse la surprise de la découverte. C’est un monument célèbre de cette ville. », répondit mystérieusement Camus. Et le Scorpion n’était pas certain de à quoi s’attendre. « As-tu fait ton choix ? »

« Eh bien, je vais te faire une confiance aveugle pour la commande. », décida Milo en refermant sa carte.

Camus acquiesça à sa réponse. Finalement, la serveuse s’approcha pour prendre leur commande. Le Verseau demanda deux gaufres de Bruxelles aux fruits et à la crème chantilly, accompagnées de deux chocolats noirs chauds. La jeune femme prit note avant de repartir sous le regard curieux du Scorpion. Ils restèrent silencieux en attendant leur commande. Camus observait l’agitation extérieure sur la place, et Milo se contentait d’admirer la décoration intérieure. L’ambiance était chaleureuse et agréable, agrémentée par des conversations dans diverses langues qu’il ne comprenait pas. Il en oubliait l’inconvénient du temps pluvieux en cet après-midi. Milo arrivait enfin à se détendre et à profiter du moment présent en compagnie de son amant. Après quelques minutes, la serveuse revint et elle déposa leur commande avec des couverts. Milo régla directement l’addition avec un sourire poli. Puis il observa son assiette, découvrant ce qu’était une gaufre de Bruxelles. Camus eut un sourire amusé, et il commença par boire une gorgée de chocolat chaud.

« Laisse-moi deviner… C’est un plat typiquement belge ? », demanda Milo en prenant ses couverts pour découper un morceau de sa gaufre recouverte de crème chantilly et de fruits de saison.

« Le chocolat et la gaufre font partie des spécialités culinaires belges, effectivement. Il existe même deux sortes de gaufres en Belgique. », répondit Camus, qui était certain que Milo allait apprécier son goûter. « Et je compte bien te faire goûter leurs fameuses frites et leurs bières avant qu’on ne rentre. Peut-être même, si tu ne redoutes rien, d’autres plats locaux. »

La proposition était des plus alléchantes pour Milo, qui à défaut d’être bon cuisinier était un fin gourmet. Le Scorpion eut un sourire avant de s’attaquer réellement à cette fameuse gaufre. Il devait reconnaître que ce n’était pas trop sucré, que le mélange gaufre, fruits et crème chantilly fonctionnait bien et était onctueux. Puis il goûta le chocolat chaud qui eut le mérite de finir de le réchauffer. Tout cela était rudement bon selon son humble avis de gourmand. Finalement, c’était une bonne idée ce Citytrip. Il avait découvert une ville qu’il ne connaissait pas, mais que son amant appréciait. Puis le but restait de faire plaisir à son compagnon qui faisait tellement au quotidien pour lui. D’ailleurs, ici, Camus était moins neutre, plus détendu et spontané. Milo frissonna légèrement de plaisir quand il sentit Camus entrelacer leurs doigts sur la table entre leurs tasses fumantes. Le Verseau lui offrit un regard et un sourire des plus amoureux. Il était heureux de pouvoir partager ce moment avec son compagnon de vie.

« Toujours aussi déçu du choix du lieu pour nos vacances ? », questionna Camus qui se souvenait de la grimace de son amant quand il lui avait annoncé avoir réservé leur Citytrip à Bruxelles. Et il espérait que le Scorpion passait un aussi bon moment que lui. Ils avaient tellement peu de vacances, que ce serait dommage qu’un d’eux n’apprécia pas leur voyage.

« Non. Je m’habitue à la pluie. Et je découvre plein de choses… sur la ville et sur toi. », répondit spontanément Milo avec un clin d’œil, alors que son pouce caressait avec douceur la peau tiède de son amant. « Tu es moins froid et neutre ici, plus toi-même. Ça me fait plaisir. »

« Nous sommes en vacances. », rétorqua Camus. « De plus, tu te donnes beaucoup de mal pour me faire plaisir avec ce voyage. Je peux bien laisser de côté mon image de Saint des Glaces pour quelques jours. »

« Moi, je fais tout ça parce que je t’aime. », répliqua amoureusement Milo.

« Je t’aime aussi. », murmura Camus avec un léger sourire. Et le Scorpion cligna des yeux, pris par surprise. Le Verseau ne déclarait jamais son amour de manière aussi ouverte en général. Il était du genre à faire des sous-entendus détournés que Milo avait appris à déchiffrer.

« Wow ! Tu l’as dit ! Je crois que c’est la première fois que tu me dis aussi ouvertement ces trois mots. », commenta Milo.

« Quels trois mots ? », le taquina Camus. « Je ne sais pas de quoi tu parles. Dépêche-toi de boire ton chocolat chaud, on a des visites à faire ! Et il y a des librairies pas loin. »

Milo eut un léger rire. Camus ne changerait jamais. Et c’était tant mieux, parce qu’il l’aimait tel quel. Il prit néanmoins son temps pour savourer son chocolat chaud. Et il constata en regardant par la fenêtre que la pluie avait enfin cessée. Un léger rayon de soleil illuminait les dorures de la Grand-place. Finalement, il commençait à apprécier lui aussi cette ville. Ils auraient de nombreux et beaux souvenirs en rentrant. D’ailleurs, ils devraient revenir une autre fois…

Chapter 10: Initiative: Shaka/Camus

Notes:

Dédicace : Joyeux anniversaire à Koyalau, en espérant que tu apprécies ce petit moment de lecture.

Correctrice : Clina

Personnages : Shaka de la Vierge, Camus du Verseau
Mention de : Milo du Scorpion, Kanon du Dragon des mers, Saga des Gémeaux, Aiolos du Sagittaire, Hyoga du Cygne
Ship : Camus/Shaka (sous-entendu : Kanon/Milo et Saga/Aiolos)

Type d’écrit : romance, confession amoureuse
Arc temporel : Disons post-canon, quelques années après les Guerres Saintes et un retour à la vie de tout le monde.
Lieu : Sanctuaire, Temple du Verseau

Chapter Text

Cela avait été le sujet de nombreuses réflexions personnelles et méditations. Le sujet avait même été au cœur de certaines de ses conversations avec Bouddha ces dernières semaines. Après tout, Shaka avait parfois besoin de ses lumières pour prendre la bonne décision. Et l’expérience lui avait appris qu’il pouvait lui aussi commettre des erreurs, alors mieux valait bien peser chaque choix qu’il faisait pour éviter à nouveau de se tromper. Et il voulait bien reconnaître qu’avoir la bénédiction de Bouddha pour s’ouvrir à ce type de relations l’avait aidé à poser son choix final. Et rien dans cette décision n’allait à l’encontre de ses croyances et pratiques de vie, du moins pas de celles qu’il avait actuellement. Et il ne pouvait guère vivre uniquement dans son Temple, en refusant tout lien affectif et amical avec ses pairs. Une fois rassuré sur ce point, Shaka avait observé son camarade de la garde dorée qui arrivait à capter si facilement son regard et qui avait éveillé ce nouveau sentiment en son âme. Et il avait dû être bon observateur et patient, car l’objet de son intérêt avait élevé au niveau d’art la neutralité dans son comportement et ses expressions. Mais la Vierge avait remarqué certains regards en coin pour sa personne de la part du Verseau qui étaient plus longs que nécessaire, quelques sourires minimes lors de leurs rares conversations… Tout cela avait finalement convaincu Shaka qu’il ne se méprenait point sur ce qu’il éveillait comme émotion chez l’autre Saint d’Or. Il avait alors joué le jeu, utilisant les mêmes voies de communication pour prouver que l’intérêt amoureux était mutuel.

Et Shaka avait attendu que l’autre fasse un pas de plus vers lui, espérant que ses propres marques d’intérêt finiraient par encourager Camus et être compris par lui. Mais après des mois à se tourner autour en ne communiquant que par regards et sourires, rien n’avait évolué entre eux. Et dire que c’était lui qu’on imaginait incapable de comprendre les émotions et les sentiments, qu’on voyait comme relativement neutre… Le Verseau le battait royalement pour une fois. Apparemment, Shaka n’était pas assez explicite dans ses intentions. De toute évidence dans le jeu de la séduction et de l’amour, Camus était plus gauche qu’il ne l’était lui-même. À moins qu’il ne soit juste plus timide que Shaka ne l’était. Ou que le Verseau redoutait d’aborder un sujet aussi terre à terre avec lui, parce que comme tout le monde au Domaine Sacré, il n’imaginait pas que le relationnel puisse avoir un quelconque intérêt à ses yeux. Peut-être n’arrivait-il pas à associer le concept de l’amour avec sa personne ? La Vierge n’avait pas encore éclairci ce point, mais il y penserait plus tard. Cela étant quoiqu’on puisse imaginer à son sujet, Shaka n’était pas incapable de s’attacher aux autres, d’avoir des amis, voire plus. C’était même quelque chose qu’il désirait depuis quelques mois, avoir ce statut particulier et précieux pour un autre, partager ce genre de lien qui pouvait se passer de mots et combler son âme. Et sûrement qu’il comprendrait mieux bien de ses frères et sœurs d’armes, s’il vivait les mêmes expériences qu’eux dans le domaine émotionnel.

Las d’attendre un geste de Camus, même s’il était la patience incarnée, Shaka avait décidé de prendre les choses en main. Après tout, ils avaient droit à une nouvelle vie en ces temps de paix, autant en profiter pour nouer des relations et découvrir d’autres aspects de la vie que ce qui touchait à leur rôle de Guerriers Sacrés d’Athéna. Ce fut donc par un bel après-midi ensoleillé, après une petite séance de méditation, que Shaka quitta son Temple et qu’il entreprit la longue montée de l’escalier sacré en direction de l’avant-dernière maison zodiacale. Et pour une fois, le Saint d’Or de la Vierge avait gardé les yeux ouverts. Il désirait pouvoir observer les diverses minis expressions de Camus quand ils discuteraient ouvertement de leur future relation. Et si les autres membres de la Garde Dorée avaient été étonnés de le voir monter calmement mais d’un pas décidé, lui qui passait la majeure partie de ses journées à méditer dans son Temple, aucun n’avait osé le questionner. Après tout, il y avait plusieurs raisons qui pouvaient justifier son cheminement vers le Treizième Temple. Et Shaka savait que sa réelle motivation ne devait pas faire partie de la liste des suppositions de ses frères d’armes.

Une fois arrivé sur le parvis du Temple du Verseau, il fit une brève pause. Relevant ses yeux bleus, Shaka prit le temps d’observer les décorations extérieures de la onzième maison zodiacale. Son regard s’attarda sur les gravures et reliefs du fronton au-dessus de sa tête, représentant le signe et la constellation du Verseau. Et il eut un fin sourire. Il prenait rarement le temps de s’intéresser aux choses matérielles, mais ce moment face à l’entrée lui permettait d’organiser ses pensées. Même s’il était serein sur la suite des événements, il constata un léger pincement au cœur. C’était étrange par moments ce que Camus pouvait éveiller chez lui. Prenant une légère inspiration, il entra dans le Temple. Et il put constater qu’il faisait plus frais à l’intérieur de celui-ci. Il y flottait une fraîcheur typique des climats nordiques qui ressemblait bien au propriétaire des lieux, et à l’image du calme que Shaka imaginait qu’on pouvait trouver sur la banquise. Il y flottait aussi une certaine sérénité reposante pour lui, comme l’était souvent la présence du Verseau, même s’il savait affoler ses sens, son âme et perturber son impassibilité par sa simple présence. Mais cela restait un secret bien gardé par Shaka, que personne ne pouvait deviner sous son expression éternellement calme.

« Bonjour Shaka. », le salua poliment Camus. « Tu peux passer. », ajouta-t-il selon les règles de politesse établies quand on désirait traverser un Temple en présence de son propriétaire. Shaka eut à nouveau un frémissement plutôt agréable au cœur. Aussi étrange que cela puisse paraître, il appréciait le timbre de voix et l’accent chantant du Verseau.

« Salutation Camus. Je te remercie, mais mon voyage se termine ici. », répondit Shaka avec un léger sourire amusé. Et il salua d’un léger mouvement de la tête l’autre Saint d’Or.

« Donc tu désires me parler ? », commenta sobrement Camus, avec une légère note de surprise dans la voix. Son regard bleu foncé se fixa avec curiosité sur son invité surprise. Shaka soutint l’échange visuel sans se défaire de son sourire.

« Autour d’une tasse de café, oui. Je suppose que tu ne bois pas de thé. », ajouta Shaka en avançant vers la partie vie du Temple du Verseau. Il se doutait que Camus ne lui refuserait point cette conversation. Il devait même avoir attisé sa curiosité.

« Une raison particulière à cette envie de converser avec moi ? », questionna Camus tout en suivant son invité surprise dans son salon. Il se fit la réflexion que l’autre se comportait comme s’il était chez lui. Shaka prit le temps d’observer le décor intérieur. C’était la première fois qu’il venait dans les appartements privés du Verseau. Et il devait reconnaître que tout était rangé, simple et plus chaleureux qu’on aurait pu se l’imaginer vu le tempérament froid et neutre du propriétaire des lieux. La légende voulait qu’ici se trouva une bibliothèque. Un jour, il questionnerait sûrement Camus à ce sujet.

« Si j’attends que tu te décides à faire le premier pas, nous n’avancerons nullement avant plusieurs vies. Et bien que je crois en la réincarnation et que je sois la patience incarnée, je n’ai plus envie d’attendre. Je pense que nous avons tous mérité de profiter de cette nouvelle vie, que notre Déesse nous a si généreusement offerte. Donc, nous devons discuter, toi et moi. », expliqua posément Shaka alors qu’il s’assit sur le divan tout en reportant son regard clair sur Camus qui l’observait, toujours surpris de sa présence.

« D’accord. Je suppose que c’est inévitable, si nous voulons tous guérir d’une certaine manière. », murmura le Verseau, conscient qu’ils avaient aussi un passif depuis la Guerre Sainte contre Hadès. Et ils n’avaient jamais vraiment parlé de ce combat, ni du reste d’ailleurs. Si Camus reconnaissait ce qu’il éprouvait pour Shaka, il considérait qu’il était plus sage de conserver cet amour pour lui. Du reste, il le supposait sûrement à sens unique. Mais il ne refuserait pas une amitié avec son frère d’armes. « Donc tu bois du café ? Je ne l’aurais pas cru… »

« Ce sera la première fois que j’en goûte. Mais je te fais confiance pour me convertir à cette boisson que tu sembles apprécier. », répliqua Shaka d’une voix taquine alors que Camus se dirigeait silencieusement vers la cuisine.

Shaka suivit du regard Camus quand ce dernier disparut dans l’autre pièce. Et il fit le choix de ne pas suivre son hôte. Il préférait accorder à son compagnon d’armes un moment de réflexion personnelle. Sans aucun mal, Shaka pouvait deviner ce qui agitait les pensées du Verseau en cet instant. Et la véritable raison de sa présence dans la onzième maison zodiacale ne devait même pas effleurer la surface de l’esprit pourtant vif et affûté de Camus. Le jeune homme blond eut un mince sourire amusé par l’idée. Finalement, il avait bien fait de prendre l’initiative de venir en ces lieux pour avoir cette conversation avec le Verseau. Et il comprenait parfaitement que Camus était trop pris entre respect et culpabilité envers sa personne pour oser afficher ses sentiments de manière ouverte. Ah, ce que sa réputation d’homme le plus proche des dieux pouvait parfois lui peser. Shaka ferma les yeux un instant et il inspira profondément, retrouvant un calme olympien des plus parfaits. Il connaissait parfaitement le pouvoir relaxant de la respiration sur la nervosité. Il savait qu’il avait fait le bon choix. Ils méritaient tous les deux de goûter à cette félicité et à ce bonheur simple d’être en couple. Ils avaient déjà bien assez souffert durant les Guerres Saintes. Mais Shaka devinait que la conversation ne serait pas aisée pour autant. Certes il ne doutait pas de lui, ni que son amour soit partagé, mais il ne pouvait réellement présumer de la réponse de Camus. En fait, il espérait que le Verseau ouvrirait son cœur et son âme à sa déclaration, et qu’il l’accepterait. Tout comme lui-même avait accepté ce sentiment qui le liait maintenant à son frère d’armes. D’ailleurs, il n’y avait presque aucun doute dans le cœur de Shaka que cet amour était réciproque… La présence de Camus dans la pièce le sortit de ses réflexions. Et il rouvrit lentement les yeux pour observer l’autre Guerrier Sacré. Le Verseau déposa un plateau avec deux tasses fumantes sur la table basse face au divan. Et Shaka admira les gestes de son compagnon, avant de se décaler légèrement sur le sofa pour l’inviter à s’installer à ses côtés. Ce dernier hésita quelques secondes avant de s’asseoir près de lui.

« C’est rare de te voir les yeux ouverts. », commenta sobrement Camus en présentant une des tasses à son invité.

« Ma foi, je n’ai aucune raison de me priver de la vue pour augmenter mes autres sens. Nous sommes en temps de paix. », expliqua Shaka en humant doucement l’odeur du café. La senteur était plutôt agréable et apportait une sensation de chaleur et de réconfort selon lui. « De plus, si je les ferme, je ne peux pas te voir. Et j’apprécie de t’admirer. »

Camus s’étrangla légèrement avec sa gorgée de café. Et il sentit ses joues légèrement rougir. En réalité, il ne s’était pas attendu à la dernière phrase de Shaka, mais ce n’était pas une nouveauté que ce dernier pouvait surprendre en quelques mots son entourage. Converser avec la Vierge amenait souvent sur des chemins inattendus et des réflexions des plus surprenantes. Cependant, le Verseau se questionnait toujours sur les raisons de la présence de l’autre jeune homme chez lui. Et il l’observait du coin de l’œil boire sa première gorgée de café. Il nota que ce dernier ne grimaçait pas au goût un peu amer du breuvage chaud. Et il se dégageait de Shaka une aura de sérénité que Camus avait toujours apprécié ressentir. La présence du jeune homme hindou avait bien des effets divers sur lui, affolant ses sens et apaisant parfois ses réflexions teintées de mélancolie et regret depuis leur retour à la vie.

« Si tu désires en adoucir le goût, tu peux ajouter du sucre et du lait », indiqua Camus en pointant du doigt le sucrier et le pot de crème sur le plateau. « Donc de quoi désires-tu m’entretenir ? », demanda-t-il prudemment.

« Je pense que tu le sais. », répondit énigmatiquement Shaka avec un léger sourire.

« En es-tu certain ? » Camus haussa les sourcils pour montrer son incompréhension. Mais il connaissait le goût de Shaka pour le mystère lors des conversations et sa capacité à amener les autres à trouver eux-mêmes les réponses à leurs questions. « Il y a sûrement divers sujets qui mériteraient qu’on en parle. Je sais que je te dois des excuses, même si cela n’effacera jamais ce que j’ai fait… »

« Je ne suis pas venu pour discuter de la Guerre Sainte contre Hadès. », l’interrompit Shaka avec douceur. Camus sentit les fins doigts tièdes de la Vierge s’enrouler autour de son poignet, dans une caresse qu’il devinait réconfortante. « Nous avons combattu tous les deux à notre manière pour servir et protéger la déesse Athéna et l’Humanité. Toi, tu l’as fait en suivant le plan de Shion pour contrer le Seigneur des Enfers et ses Spectres. Moi, j’ai obéi à notre Déité protectrice et je l’ai accompagnée aux Enfers pour veiller sur elle. Et puisqu’elle nous a à tous et toutes pardonné et offert cette nouvelle vie, je ne vois pas de raison de t’en vouloir. On ne vit pas dans le passé, Camus. N’est-ce pas quelque chose que tu as voulu enseigner à ton disciple ? Pour ma part, je préfère être ancré dans le présent et me permettre de regarder vers le futur le plus sereinement possible. »

Seul le silence lui répondit dans un premier temps. Et Shaka accepta qu’il faille un moment à Camus pour assimiler ses propos et les accepter. Le Verseau l’observa de longues minutes dans un silence méditatif. Il comprenait plus ou moins la philosophie de son frère d’armes. Et il pouvait admettre qu’il avait sûrement raison. Camus baissa finalement les yeux sur les doigts de nacre qui encerclaient toujours son bras. Shaka dessinait des cercles invisibles du bout de son pouce à l’intérieur de son poignet, dans une caresse tendre et apaisante. Avec un léger soupir, ne niant nullement l’effet relaxant de la caresse et sans chercher à se dégager, Camus déposa sa tasse à moitié vide sur la table. Et il remarqua que Shaka en avait fait de même, libérant ainsi ses deux mains. Quelle que soit la raison de la présence de son visiteur, la conversation serait sérieuse et importante pour eux et leur relation. Camus pouvait le ressentir. D’ailleurs, le Verseau peinait toujours à mettre le bon mot sur leur lien, conscient que le fait qu’il soit tombé amoureux de Shaka pouvait brouiller les choses dans son esprit. Et il se demanda si son compagnon pouvait ressentir sous ses doigts les battements de son cœur devenus un peu trop rapides sous les cajoleries douces.

« Et si, moi, j’avais besoin de ton pardon ? », questionna finalement Camus.

« Alors je t’écouterais et je te l’offrirais. », répondit Shaka avec son éternelle bienveillance et sagesse. « Mais je ne suis pas venu te parler de cela. Nous pourrons avoir cette conversation une autre fois. »

« Puis-je savoir de quoi tu désires discuter ou dois-je encore deviner ? », demanda à nouveau Camus.

« Je pense que ton cœur et ton âme le savent, mais ton esprit se refuse à l’admettre comme une possibilité. », murmura doucement Shaka. « Soit, je vais donc t’éclairer. Je suis venu pour parler de nous et de notre future relation, du moins de celle que j’espère voir naître entre nous. »

« Pardon ?!? », s’étrangla Camus presque de surprise. Celle-là, il ne l’avait pas vu venir. Et au regard de Shaka, il devina aisément que son amour pour ce dernier n’était pas aussi secret qu’il aimait à le croire. Il n’était finalement pas aussi discret qu’il le pensait, ou peut-être ne contrôlait-il pas aussi bien ses expressions qu’il l’imaginait. Cela étant, Shaka avait un don pour lire dans les autres. Camus détourna légèrement la tête, espérant vainement que son trouble ne se verrait pas.

« Comme je te l’ai dit en arrivant, si j’attends que tu te décides, il nous faudra plusieurs vies pour que l’on soit plus que des amis. Donc, j’ai pris l’initiative, après mûres réflexions, de faire le premier pas. », explicita Shaka avec douceur. Et il était on ne peut plus sérieux en cet instant. La surprise du Verseau était, quant à elle, lisible sur ses traits et dans ses yeux bleus. « Et je suis certain que ce sentiment, que j’éprouve depuis quelques temps à ton égard, est réciproque. » Le sourire de la Vierge s’agrandit légèrement quand il constata que son vis-à-vis rougissait un peu plus.

« Il semblerait que je n’ai aucun secret. », commenta Camus en papillonnant des yeux. Il acceptait l’idée que ses sentiments soient connus de Shaka. « Je suis donc un livre ouvert pour toi… »

« Uniquement pour moi. », le rassura doucement Shaka. « Mais je suis difficile à berner après tout. Je sais lire les âmes ou tout au moins les esprits et le cosmos. Et comme tu as été le centre de mon attention et de mes observations, avec le temps j’ai remarqué certains de tes petits sourires en ma présence, ta manière de me parler, de rester plus longtemps quand j’étais présent ou encore tes regards… Tout cela ne m’a pas laissé de doutes quant à la nature de notre lien et la réciprocité de notre affection. »

« Je vois… », murmura Camus. « Je ne doute pas de ta capacité d’observation… Et si tu désires une confession, effectivement je suis amoureux de toi. Mais sois assuré, que je ne ferais rien qui puisse te mettre mal à l’aise. », promit-il dans un soupir.

« Comme tu peux être aveugle quand tu veux ! », déclara Shaka avec amusement. Et il se pencha pour déposer un baiser aussi léger qu’un papillon sur la joue de Camus. « Ce que je veux, c’est être avec toi comme Milo est avec Kanon, ou Aiolos est avec Saga… Moi aussi je suis amoureux de toi. Et je veux profiter de la chance d’être avec toi. Donc, j’ai décidé de te proposer d’être en couple avec moi, et de profiter de notre nouvelle vie à deux. », assura Shaka avec beaucoup d’aplomb et aucun doute. Pour autant, il pouvait sentir son cœur s’affoler, et il n’était pas aussi serein intérieurement qu’extérieurement. Même s’ils partageaient le même sentiment, Camus pouvait rejeter sa proposition pour diverses raisons, qui seraient aussi valables que la détermination que lui avait de vouloir qu’ils soient ensemble.

« C’est direct comme proposition. », remarqua Camus avec un léger sourire. On pouvait dire que Shaka savait ce qu’il voulait. Cela étant, il n’était pas si étonné de la manière dont ce dernier avait présenté les choses. « Mais ce sera un peu plus long que cela… Théoriquement, un couple commence par avoir des rendez-vous… Enfin ce genre de choses. », tenta d’expliquer Camus, démontrant qu’il acceptait l’idée d’être en couple avec Shaka.

« Tu m’apprendras tout cela. », déclara Shaka, et il embrassa à nouveau la joue rosie du Verseau. « On dit que la cuisine française est très bonne. Et une rumeur prétend au Sanctuaire que tu es un bon cuisinier. »

« … », soupira Camus. Il devinait qui était à l’origine des rumeurs sur ses dons culinaires. « Si tu le désires… Mais n’imagine pas que j’ai plus d’expériences que toi pour ce qui est d’être en couple. »

« Peu importe. Nous parcourons ce chemin-là à deux, à notre rythme et en découvrant ce qui nous convient… Une maison se construit pierre par pierre. », répliqua Shaka avant de voler un chaste baiser à son maintenant petit-ami. « Tu permets ? C’est l’heure de la sieste et je compte profiter de ta présence apaisante un peu plus longtemps. », ajouta-t-il en s’allongeant pour utiliser les jambes du Verseau comme un oreiller.

« Je croyais que l’après-midi tu méditais, pas que tu dormais. », commenta Camus avec une touche d’amusement dans la voix.

« Cela m’arrive, oui. », murmura laconiquement Shaka qui trouva une position confortable pour dormir.

« De dormir ou de méditer ? », questionna Camus en attrapant un livre sur la table près du divan. Pour sa part, la lecture était son activité principale pour se relaxer après l’entraînement du matin et le repas de midi.

« De méditer. », répondit Shaka avec une pointe de taquinerie dans la voix. « Je t’apprendrais si tu veux, à la condition que tu m’apprennes le français. »

« Puis-je te demander pourquoi tu désires parler le français ? », interrogea Camus avec curiosité.

« Je trouve que c’est une langue mélodieuse et poétique. Et puis on pourra avoir des conversations secrètes, que personne d’autre que nous ne comprendra. », expliqua Shaka. Il était vrai qu’à part le Verseau, seuls Hyoga du Cygne et un Saint d’Argent parlaient cette langue au Domaine Sacré.

Camus ne répondit rien cette fois-ci. Il glissa juste ses doigts dans les longues mèches dorées pour les recoiffer avec tendresse. Et il eut un sourire doux. Shaka semblait des plus sereins et des plus heureux en cet instant, alors qu’il était aux portes du sommeil. Finalement, cet amour n’était pas tellement que cela à sens unique comme le Verseau l’avait bien longtemps imaginé. Et il était prêt à tenter cette aventure avec son compagnon. Il était curieux aussi de savoir où ce chemin-là les mènerait et de voir s’épanouir leur lien nourri par leur amour commun. Finalement, Camus ouvrit son roman. Il ne pourrait de toute manière pas bouger tant que Shaka dormirait. Peut-être qu’après cette sieste, il oserait lui proposait un repas en tête-à-tête…

Chapter 11: Vacances: June/Shun (2)

Notes:

Correctrice : Clina

Personnages : June du Caméléon, Shun d’Andromède
Mention de : Seiya de Pégase, Shaina de l’Ophiuchus, Bastet
Ship : June/Shun (mentionné Shaina/Seiya)

Type d’écrit : romance
Arc temporel : Cet OS peut se placer dans la continuité de mon OS n° 7 dans Cadeau sous le sapin. Il n’est cependant pas nécessaire de l’avoir lu pour comprendre ce petit texte. Shun et June sont des jeunes adultes, donc autour de la vingtaine et en couple depuis quelques années. Il est fort probable qu’un jour je raconte leur déménagement d’ailleurs.
Lieu : une maison d’hôte en milieu forestier

Chapter Text

C’était une petite nouveauté pour eux. D’ailleurs, la proposition de June avait légèrement surpris Shun au départ, mais cela n’avait été que de courte durée. Bien sûr, ils partageaient toujours leurs vacances, les agrémentant bien souvent de sorties et de visites diverses qu’ils réalisaient en amoureux. Mais ils n’avaient jamais voyagé durant plusieurs jours pour profiter d’un séjour dédié à la détente et la découverte à deux. Évidemment Shun avait très vite accepté la proposition de sa compagne, heureux de cette nouvelle expérience de couple qu’ils pourraient faire. Après tout en général leurs seuls déplacements étaient au Sanctuaire d’Athéna pour les diverses missions et réunions auxquelles ils participaient toujours en tant que Saint de Bronze. Alors l’idée de passer quelques jours voire une semaine dans un endroit inconnu, qu’ils pourraient découvrir et de profiter de n’être qu’à deux était plus que tentante pour le jeune couple qui vivait depuis quelque mois sous le même toit. Et ils avaient longuement discuté du lieu qui serait le plus adapté pour leurs premières vraies vacances en couple. Cela devait bien entendu leur convenir à tous les deux. Et en se renseignant, ils avaient très vite découvert qu’ils ne manquaient nullement d’options, bien au contraire…

Ils avaient un large choix entre les Citytrip de quelques jours, les hôtels tout compris ou presque, les grands lieux de vacances où tout le monde semblait désirer se rendre et les logements à louer dans des endroits plus proches de la nature et isolés… Il y avait aussi des lieux de séjour plus insolites et particuliers à visiter. On pouvait aller vers du tout compris, des réservations de certaines activités ou juste le logement dans des gammes de prix aussi variées que les lieux et activités proposées ! June et Shun s’étaient alors amusés à parcourir les diverses brochures et autres magazines pour trier les lieux de vacances probables. Ils avaient plus que largement commenté certains endroits proposés avec beaucoup d’humour. Mais ils étaient assez vite tombés d’accord qu’ils ne désiraient pas un lieu de vacances avec trop de monde, ni dans un grand hôtel. Ils préféraient nettement un lieu où ils pourraient faire de belles promenades en pleine nature ou visiter des musées ou des sites historiques sans se sentir trop compressés par la foule. Bref, ils désiraient surtout un endroit calme pour profiter intensément de la présence de leur âme-sœur. Finalement, ils avaient opté pour un petit chalet de vacances pour quatre personnes en bordure d’un domaine boisé, qui leur offrait de belles perspectives de randonnées en amoureux et de pique-niques en extérieur.

Shun leur avait réservé une petite semaine dans un des petits chalets en bois sur le domaine. Il s’était gentiment occupé de tout, ne laissant à June que l’opportunité de préparer leurs valises. De plus, Shaina et Seiya avaient accepté de bon cœur de garder Bastet pendant leur semaine en amoureux. Il n’était pas envisageable de la prendre en vacances avec eux. Et June et Shun savaient que leur petite chatte grise serait traitée comme une déesse durant son séjour chez Pégase. Après tout, elle avait ses habitudes chez Seiya depuis qu’elle était chaton, ce dernier la gardant bien volontiers quand Shun devait s’absenter. Andromède n’avait aucun doute qu’elle serait très bien durant son petit séjour là-bas. C’était donc l’esprit serein que June et Shun avaient préparé leur séjour et envisagé tout ce qui leur serait nécessaire pour passer une bonne semaine en amoureux. N’étant pas certains du temps qu’il ferait durant leurs vacances dans cette région, June avait mis divers vêtements allant du tee-shirt au pull, ainsi que leurs chaussures de randonnée.

Et ce fut avec un regard émerveillé qu’ils découvrirent leur petit refuge pour leurs premières vacances en amoureux. Le chalet était en bois avec une terrasse sur laquelle se trouvaient une table, des chaises et un banc ainsi qu’un parasol. Le bas des murs était en pierre et le toit recouvert d’ardoises. La présence d’une cheminée laissait à penser qu’il devait y avoir un feu ouvert dans la pièce principale. Le logement se fondait à merveille dans le décor forestier. Tout autour de leur chalet, ils pouvaient observer la forêt et les deux sentiers de randonnée. Les lieux dégageaient un calme des plus sereins, seulement brisé par le chant des oiseaux des sous-bois et le bruissement léger du vent dans les branches des grands arbres. June soupira de bien-être. À ses yeux, c’était juste magique et parfait. La jeune femme eut un regard en coin pour son compagnon. Elle remarqua son léger sourire et ses yeux pétillants. De toute évidence, Shun aussi était conquis par le décor et la nature les entourant. Oui, elle en était persuadée, ils allaient passer une semaine de rêve ici !

« Wow. C’est fidèle aux photos de la brochure. », remarqua la jeune femme avec un sourire. « On va être bien ici, je crois. »

« Je le pense aussi. », répondit Shun en entrelaçant ses doigts avec ceux de sa compagne. « On sera rien que tous les deux et au calme. On a fait un très bon choix. D’autant plus qu’apparemment, on ne manquera pas d’opportunités de promenades forestières, ni de repas en extérieur. »

« Je n’en doute pas… Je suis même certaine que tu as déjà repéré les sentiers et parcours de randonnée. », murmura June en déposant une bise rapide sur la joue de Shun. « Alors quel est le programme de la journée ? », questionna-t-elle, sachant pertinemment que son compagnon avait sûrement tout organisé. C’était le côté ritualisé et un peu maniaque de Shun depuis la fin des Guerres Saintes, mais cela ne l’avait jamais dérangée. Si tout envisager et organiser permettait à celui qu’elle aimait de profiter au mieux et de se sentir bien, cela lui convenait. Et par moments il y avait un côté reposant aussi à se laisser guider par son compagnon.

« On peut commencer par s’installer, défaire nos valises et ranger les courses. Ensuite pourquoi ne pas faire une première promenade pour découvrir un peu la forêt sans trop s’éloigner ? », proposa Shun avec un sourire. Il aimait la marche en général et les randonnées en pleine nature qui lui offraient un sentiment de plénitude et de calme. C’était un passe-temps qu’il partageait avec June, elle aussi bonne marcheuse et aimant les paysages naturels.

« Bonne idée ! », accepta June qui libéra la main de Shun et se dirigea vers le petit chalet pour en découvrir l’intérieur.

La jeune femme déverrouilla la porte d’entrée. Et elle fit quelques pas dans le chalet tout en observant attentivement le décor. C’était un chalet probablement typique de la région, du moins June le supposait. C’était la première fois qu’ils venaient dans ces contrées et tout était donc une découverte. Une cheminée en pierre ornait la pièce centrale, avec une réserve de bûches à sa droite. Tout le mobilier était en bois coloré et sculpté. Elle repéra une bibliothèque sur un des murs de la partie salon ainsi qu’un divan et deux fauteuils. Ils pourraient y passer leur soirée, après une journée de randonnée dans la forêt environnante, tout en profitant d’un bon feu… Le tableau qu’elle avait en tête la fit sourire tendrement. Peut-être qu’un jour, ils auraient leur propre maison avec un feu ouvert et un jardin… Le regard gris-bleu glissa ensuite vers la partie salle à manger et la cuisine ouverte. Le rez-de-chaussée semblait ne former qu’une seule et grande pièce, si elle omettait la présence de trois portes qui devaient mener vers une salle d’eau et des placards. Ce qui était certain au vu de la cuisine avec son îlot central, c’était qu’ils pourraient aisément se préparer de bons petits plats tous les deux et profiter d’un moment complice en cuisine. En tout cas, il serait facile de se sentir comme à la maison dans ce petit chalet. En vrai, la seule chose qu’il manquait c’était Bastet, se frottant à leurs jambes et ronronnant pour attirer leur attention.

June s’avança de quelques pas supplémentaires vers l’escalier en bois qui menait à l’étage où se trouvaient les deux chambres et la salle de bain. C’était un chalet douillet et joli selon ses critères personnels. La jeune femme se tourna et elle offrit un grand sourire ravi à son compagnon qui venait lui aussi d’entrer dans la pièce et qui observait à son tour les lieux. Shun déposa les valises pour se libérer les mains et fermer la porte. June s’approcha de lui. Elle enlaça sa nuque et se mit sur la pointe des pieds pour lui voler un chaste baiser. Elle sourit contre ses lèvres quand les mains de son petit-ami se posèrent sur ses hanches pour l’étreindre un peu plus contre lui. Ils s’embrassèrent tendrement pendant quelques secondes. Quand ils mirent fin au baiser, Shun déposa une légère bise sur le bout de son nez.

« Les lieux semblent te plaire. », commenta le jeune homme à voix basse et avec un sourire amusé.

« C’est parfait. », lui répondit June. « Je nous imagine déjà préparer le repas, nous reposer face à un bon feu après une journée de randonnée… »

« Quelle imagination. Tu sembles avoir tout prévu ! Laisse-moi quand même un peu de marge pour te surprendre. », la taquina Shun avec un léger rire. Et il baptisa son front d’un baiser aussi léger qu’un papillon.

« Mais bien sûr… D’ailleurs, c’est peut-être moi qui vais te surprendre ! », répliqua June sur le ton du défi et avec un air mutin. Puis elle offrit un clin d’œil complice à son amant.

« Je n’ai aucun doute que tu me réserves quelques agréables surprises durant cette semaine. », répliqua Andromède en la libérant de son étreinte. « Mais pour le moment, on devrait ranger les courses et défaire nos valises. »

« À vos ordres chef. », déclara June en mimant un bref salut militaire. « Une fois cela fait, on pourra se promener un peu pour profiter de ce joli après-midi. »

« C’est effectivement toujours le plan. », confirma Shun. « Je te laisse ranger les courses, je m’occupe de monter nos valises. », ajouta-t-il.

Finalement, il ne leur fallut qu’une dizaine de minutes pour ranger tout ce qu’ils avaient amené. Ils avaient prévu leurs divers repas pour la semaine, ce qui leur permettait de ne pas devoir retourner trop souvent au village durant leurs vacances. Et June rangea relativement rapidement toutes les provisions dans le frigo et les placards. Elle pouvait entendre Shun ranger leurs vêtements et leur nécessaire de toilette à l’étage supérieur. Une fois que la jeune femme eut fini, elle fit un tour plus complet du séjour pour admirer les décorations et les tableaux. Des bruits de pas dans l’escalier lui apprirent que son compagnon avait fini à l’étage et qu’il venait de descendre. Elle se tourna donc pour lui faire face. Shun entra dans la pièce avec leurs chaussures de randonnée en main. June eut un léger sourire. L’après-midi était déjà bien entamée, mais ils avaient encore assez de temps pour une petite promenade découverte des abords forestiers de leur chalet avant que la nuit ne tombe. Ensuite, ils pourraient se cuisiner un petit repas en amoureux. Leur première journée ici promettait d’être des plus agréables. Ils enfilèrent en silence leurs chaussures de marche et ils quittèrent leur petit nid douillet temporaire.

Le temps était doux et ensoleillé. Un léger petit vent jouait avec les branches dans la canopée au-dessus de leurs têtes. Le chemin de terre, qu’ils avaient choisi, était recouvert de feuilles mortes de diverses couleurs. Ils marchèrent en silence durant un long moment. Ils profitaient de l’instant présent, de la présence de l’autre et du calme serein qui émanait de la nature. Ils étaient tellement calmes qu’il ne leur fallut que quelques minutes avant de pouvoir profiter du chant mélodieux des oiseaux forestiers se mêlant aux doux murmures du vent. June agrippa avec douceur les doigts de Shun. Le pouce de son compagnon vint caresser tendrement sa peau tiède, alors qu’il entrelaçait leurs doigts. Ils suivirent sagement le sentier, laissant pour plus tard des explorations plus spontanées et hors des sentiers battus. Ils arrivèrent finalement à une petite clairière ovale, au milieu de laquelle se trouvaient un banc et une table en bois. Ils prirent quelques minutes pour admirer les lieux. Il faisait tellement calme, que ça en était reposant.

« C’est joli. », commenta June à voix basse pour ne pas briser l’instant. « On devrait s’asseoir et profiter un peu des lieux. »

« Bonne idée. Ce vieux chêne là-bas me semble parfait pour une pause à l’ombre. », pointa Shun en désignant un vieil arbre massif de l’autre côté de la clairière.

June accepta d’un léger mouvement de la tête. Ils traversèrent en biais la clairière pour rejoindre le chêne et s’installer à l’ombre de ses branches. Shun appuya son dos contre le tronc massif et il observa le léger mouvement des branches au-dessus de leurs têtes, ainsi que le jeu de lumière filtrant à travers les feuilles. June quant à elle s’installa à ses côtés. Elle soupira de bien-être. Après une minute à savourer la caresse du vent léger sur son visage, la jeune femme se décida à s’allonger à même le sol. Et elle déposa sa tête sur les jambes de son compagnon. Les fins doigts agiles de Shun vinrent instinctivement caresser ses longues mèches dorées, dans un geste devenu un rituel entre eux en soirée. June ferma les yeux. Elle se sentait bien comme cela. En fait, elle aurait pu s’endormir sans aucun problème, et profiter d’une petite sieste bienvenue. Elle n’avait pas réalisé qu’elle était fatiguée avant cet instant, portée qu’elle avait été par son enthousiasme face à leurs premières vacances. C’était vraiment une excellente idée ce petit séjour loin de tout pour se retrouver en amoureux. De plus, le mouvement régulier dans ses cheveux la berçait doucement. Les doigts agiles de son compagnon peignaient ses longues mèches et massaient tendrement son crâne par moments. Shun la connaissait vraiment trop bien. S’il continuait ainsi, elle allait vraiment s’endormir… Un autre soupir de bien-être lui échappa.

« On est bien installé là… », murmura Shun pour ne pas briser la magie de l’instant. « C’est agréable comme endroit… »

« J’avoue. », soupira June. « Et si tu continues tes caresses, je vais m’endormir. »

« Ouh là… Tous les animaux vont fuir, si tu commences à ronfler. », la taquina son amant avec un sourire amusé.

« Je ne ronfle pas ! », déclara June en lui filant un coup de coude dans le ventre en représailles. Et elle bougea un peu pour regarder droit dans les yeux son compagnon avec une moue boudeuse. L’envie de dormir s’était totalement évaporée. « Toi par contre, tu parles en dormant ! »

« Même pas vrai ! », se défendit Shun en ouvrant de grands yeux.

« Oh si... », répliqua la jeune femme avec un grand sourire. « Enfin pas tout le temps, mais... »

Mais elle n’eut guère l’occasion de finir sa phrase, Shun entreprit de la chatouiller au niveau des côtes en représailles. Le fourbe la savait aussi chatouilleuse que lui. Et June éclata de rire tout en se tortillant pour échapper aux doigts agiles de son amant. Finalement, elle se redressa pour rendre la pareille à Shun, tout aussi sensible qu’elle à ce niveau-là. Et ce dernier tenta bien d’éviter les doigts qui visaient son côté. Ils se chatouillèrent durant de nombreuses minutes tout en riant aux éclats. À force de se chamailler, ils avaient fini allongés sur le sol recouvert de mousse, de feuilles et d’herbe, entre deux grandes racines du chêne. Et ils tentaient de reprendre leur souffle et de calmer leur rire. June avait réussi à gagner leur petit combat, puisqu’elle se trouvait à califourchon sur Shun, une jambe de chaque côté de sa taille. Et elle déposa son front contre l’épaule de son compagnon une fois qu’elle eut suffisamment repris son souffle. Les mains de son amant se posèrent légèrement sur ses hanches dans une tendre étreinte.

« J’ai gagné ! », triompha la jeune femme quand elle constata qu’elle était en position de force, puisqu’elle avait réussi, elle ignorait comment, à plaquer Shun au sol. Et elle releva la tête pour lui offrir un sourire lumineux.

« Accordé. », lâcha Shun entre deux souffles encore un peu rapides. Et il déposa une de ses mains sur la joue de sa petite-amie pour caresser sa peau douce.

June se pencha et elle frotta son nez contre celui de Shun avec tendresse. Puis elle l’embrassa chastement et amoureusement. Ils étaient bien comme cela, dans leur petite bulle d’amour et de tendresse. Après quelques secondes, elle sentit la main de son amant glisser en frôlant de manière aérienne sa peau vers sa nuque. Les doigts agiles caressèrent la peau chaude et douce, provoquant un léger frisson dans le dos de la jeune femme alors que son compagnon approfondissait lentement leur baiser. L’autre main de Shun quitta sa hanche pour remonter lentement et se glisser sous son pull venant flatter d’abord du bout des doigts sa peau sensible. Instinctivement elle appuya un peu plus son corps contre celui de son petit-ami, permettant à ce dernier de rendre leur échange encore un peu plus intime et passionné. June savoura l’étreinte et la chaleur émanant du corps contre le sien. Elle mordilla par jeu un peu la lèvre inférieure de Shun pour reprendre un semblant de contrôle sur leur baiser. Et ils continuèrent à s’embrasser pendant de longues minutes alternant entre passion et échanges plus chastes et tendres. Par jeu, Shun finit par réussir à la basculer sur le sol d’un mouvement de bassin rapide. Une fois leur position inversée, il rompit avec douceur leur baiser. Il déposa une bise sur son front, puis une autre sur son nez. Et ils restèrent quelques minutes silencieux à se regarder dans les yeux, les joues légèrement rougies et le souffle un peu court. Puis Shun s’allongea à côté d’elle pour profiter de l’instant. Et il attrapa la main de June. Immédiatement, comme une réponse instinctive, la jeune femme vint de blottir contre le flanc de son petit-ami. Et elle embrassa sa joue rosie, avant de déposer sa tête sur son épaule avec un soupir bienheureux.

« On devrait camper une fois. Cela pourrait être amusant. », proposa June avec un petit sourire. L’idée était tentante. Ils étaient plutôt bien ici, en cet instant, seuls au milieu de la forêt.

« On pourrait envisager le camping pour nos prochaines vacances. », concéda très facilement Shun tout en caressant du bout des doigts l’épaule et le bras de sa compagne toujours amoureusement blottie contre lui.

« Je retiens l’idée pour ma liste. », répondit June avec un clin d’œil. Et elle caressa amoureusement du bout du nez la peau sensible du cou de son petit-ami. Et elle eut un sourire quand elle le sentit légèrement frissonner. Elle déposa quelques baisers papillons sur son cou pour le taquiner un peu plus.

« Donc tu as une liste, Chaton. », répéta lentement Shun en continuant ses caresses envoûtantes sur le bras de sa compagne. Tiens, il utilisait son surnom… June eut un plus grand sourire.

« Bien sûr mon chéri. Tu n’es pas le seul à être organisé dans notre couple. », déclara la jeune femme avec un air taquin. « Et si tu es sage, je te montrerai ma liste de projets pour nous. Et peut-être même que tu pourras donner ton avis sur la destination de nos prochaines vacances. », continua-t-elle sur le ton de la plaisanterie.

« Quelle générosité que voilà. », répondit Shun sur le même ton amusé. Généralement, ils ne faisaient rien sans s’être d’abord mis d’accord. Ils étaient très complices par nature, et s’équilibraient tous les deux d’une certaine manière. Andromède tourna la tête et il déposa un baiser sur le haut de sa tête, avant d’enfouir son nez dans les longues mèches dorées avec un petit sourire.

« Je sais. Mais en vrai c’est parce que je suis amoureuse de toi. », confessa June à voix basse en relevant légèrement la tête pour l’observer.

« Et je t’aime encore plus que ça. », rétorqua amoureusement Shun en la serrant un peu plus fort contre lui.

Et June se fit encore une fois la réflexion que tout le temps qu’autrefois elle avait attendu la réponse de Shun à sa confession amoureuse en valait la peine. Ils avaient toujours pris leur temps avant de passer à une autre étape de leur relation, savourant déjà le fait d’être amoureux. Et depuis quelques mois, ils vivaient ensemble découvrant comment s’organiser et mener leur vie de couple. Entre eux les choses avaient toujours été simples après tout, sans grandes vagues. Ils vivaient leur relation amoureuse aussi sereinement qu’ils avaient vécu leur amitié. Et quoiqu’on puisse en penser de l’extérieur vu leur côté posé et tendre, ils avaient leurs moments passionnés et très amoureux aussi. Ils n’avaient jamais été avares de câlins, baisers et autres gestes tendres entre eux, communiquant leur amour de manière muette. Ils se comprenaient d’un regard, ce qui était un avantage selon la jeune femme. Ils étaient heureux et épanouis ensemble. Et c’était à leurs yeux le plus important. Ils savouraient leur amour à leur manière, simplement et avec beaucoup de tendresse saupoudrée de passion quand il le fallait. June soupira à nouveau et elle se blottit un peu plus contre Shun, enlaçant sa taille. Ce qu’elle pouvait être amoureuse de lui, et depuis si longtemps. Et ce sentiment qui les unissait ne diminuait pas avec les années. Et c’était tant mieux. Et savoir que cet amour était réciproque la comblait plus qu’elle ne pouvait l’exprimer. Ce moment présent était juste parfait et romantique.

« Et si on rentrait, histoire de profiter du chalet aussi… », proposa June en relevant la tête. Et elle bougea pour voler un autre baiser passionné et plein de promesses à Shun. Après tout, elle avait bien envie de poursuivre leur petit câlin…

« Si tu veux Chaton. », répondit Shun dans un murmure contre ses lèvres et avec un petit sourire coquin accompagné d’un clin d’œil.

La jeune femme eut un léger sourire. Shun se remit debout en premier et il l’aida à en faire de même. Et ils s’enlacèrent tout en marchant pour remonter le sentier de terre menant à leur chalet de vacances. Andromède déposa une bise légère sur la tempe de sa compagne. Cette fois-ci, ils discutèrent à voix basse, listant toutes sortes d’activités qu’ils pourraient envisager durant cette semaine. Et aussi quelques options de projets pour d’autres vacances en amoureux… Nul doute que celles-ci ne seraient point les dernières !

Chapter 12: Veillée: Shaina/Seiya (3)

Notes:

Dédicace : Pour ShaSei, j’espère que tu apprécieras. Et joyeux anniversaire, profite bien de ta journée !

Correctrice : Clina

Personnages : Seiya de Pégase, Shaina de l’Ophiuchus
Ship : Shaina/Seiya
Mention de : Shun d’Andromède, Hyoga du Cygne, Shiryu du Dragon, Ikki du Phoenix, Saori Athéna Kido, Seika, Marin de l’Aigle, Hadès

Type d’écrit : romance, angst
Arc temporel : directement après la victoire d’Athéna et des Bronzes à Elysion
Lieu : un hôpital de la fondation Graad près du Sanctuaire

Chapter Text

La déesse Nyx avait étendu son long manteau sombre parsemé d’éclats de diamants scintillants sur le ciel depuis une heure. L’air nocturne était relativement doux en cette saison. Le calme des lieux n’était brisé que par le chant du vent dans les branches des hauts arbres bordant le parc et les petits bruits des animaux nocturnes. Même sa présence ne semblait guère perturber les lieux, comme si elle se fondait à la perfection dans le décor de ce parc composé de verdure et de parterres de fleurs colorées. Étrangement, depuis la fin de la Guerre Sainte contre Hadès, la Déité primordiale de la nuit était devenue la meilleure alliée de Shaina. L’Amazone releva son regard émeraude vers la voûte céleste étoilée. Et elle eut un léger sourire triste. Cette nuit, l’astre lunaire n’était pas visible, caché derrière des nuages tout aussi sombres que la nuit elle-même. Les ténèbres dissimulaient à merveille la présence de l’Ophiuchus au milieu du parc boisé de l’hôpital de la Fondation Graad.

En se concentrant un peu, Shaina pouvait ressentir le Cosmos des Saints de Bronzes. Et elle remarqua qu’il manquait celui d’Ikki cette nuit. Mais cela n’avait rien d’étonnant quand on connaissait le Phoenix et son besoin de solitude. Elle voulait bien parier qu’il n’était de toute manière pas bien loin. Quant à Shun, Hyoga et Shiryu, elle pouvait sentir qu’ils allaient mieux, guérissant lentement mais sûrement de leurs nombreuses blessures. Et comme chaque nuit, Shaina se fit la réflexion qu’elle devrait les visiter au moins une fois avant leur sortie de l’hôpital, avant qu’ils ne repartent chacun dans un lieu différent. Après tout, elle avait souvent combattu à leurs côtés. Ils étaient ses amis et ses frères d’armes. Pourtant malgré le respect et l’affection qu’elle leur portait, elle était pour l’instant incapable de leur parler. Son esprit et son âme étaient exclusivement tournés vers Seiya. Et ce dernier ne semblait toujours pas sur la voie du réveil. Chacune de ses visites crépusculaires lui était dédiée. Pégase était la raison de sa présence ici chaque nuit.

La jeune femme chercha instinctivement du regard dans le ciel nocturne la constellation de Pégase. Shaina contempla les étoiles scintillantes pendant de longues minutes. Elle en connaissait le dessin lumineux par cœur, mais elle éprouvait toujours le même réconfort et la même sérénité quand elle l’admirait. C’était comme ressentir brièvement la présence chaleureuse et forte de Seiya à ses côtés. Un lourd soupir d’inquiétude et de tristesse lui échappa. Puis ses yeux émeraude se posèrent à nouveau sur la façade de l’hôpital. Elle repéra sans aucun mal et rapidement la fenêtre entrouverte de la chambre qu’occupait Seiya. Un bref instant, elle s’interrogea sur cet étrange fait : depuis la première nuit, cette fenêtre restait toujours légèrement ouverte comme si quelqu’un avait connaissance de ses visites, et que cette personne désirait lui faciliter ses allées et venues… Mais qui serait l’auteur d’un tel geste d’aide envers elle ? Qui pouvait avoir deviné qu’elle passait ses nuits ici ? Shaina savait que si les frères de Seiya allaient mieux, ils n’étaient pas encore aptes à quitter leur lit seuls. Et les seules autres personnes venant ici tous les jours étaient la réincarnation d’Athéna, Marin et la sœur aînée de Seiya, Seika. Comment une de ces trois jeunes femmes aurait pu deviner ses visites secrètes ? Il n’y avait aucune chance pour qu’une d’elles sache pour les sentiments habitant son cœur meurtri.

Chassant ces questions auxquelles elle n’aurait probablement jamais de réponse, l’Amazone prit son élan pour atteindre la fenêtre. Une fois sur le rebord, elle l’ouvrit silencieusement. L’Ophiuchus se glissa alors telle une ombre et aussi discrètement que l’animal représentant sa constellation à l’intérieur de la pièce. Son regard perçant fit rapidement le tour de la chambre qui n’avait point changé depuis la veille. Puis la jeune femme eut un long regard tendre pour le jeune homme qui lui avait volé son cœur bien des années auparavant. Seiya semblait tout simplement dormir du sommeil de juste. Il avait l’air si paisible, étendu sur le lit aux draps blancs, qu’un bref instant elle craignit de le réveiller. Sur la table de nuit reposait un vase rempli de fleurs fraîches et multicolores, sûrement une douce attention de Seika ou de la déesse Athéna. Lentement, Shaina se tourna et elle ferma à moitié la fenêtre, pour laisser entrer un peu d’air frais et chasser l’odeur aseptisée de l’hôpital. Puis elle s’approcha sur la pointe des pieds, à pas de velours, du lit. Et elle s’installa dans le fauteuil près du chevet de Seiya. Comme chaque nuit, elle retira ses chaussures pour être plus à son aise. Elle ne repartirait qu’avec les premières lueurs de l’aube.

Un autre soupir, de fatigue celui-ci, lui échappa. Depuis la fin des hostilités avec le dieu Hadès, ses nuits de repos étaient plutôt courtes, voire inexistantes. Après tout, elle veillait chaque nuit sur le jeune homme dont elle était éprise. C’était la mission qu’elle s’était assignée, une autre preuve de son amour passionné et inconditionnel pour lui. Depuis qu’elle avait accepté ses propres sentiments pour Seiya et qu’elle lui avait avoué ceux-ci, elle n’avait jamais failli à l’aider et le protéger. Shaina ne pouvait guère faire autrement. Le voir blessé lui était intolérable. Cela lui brisait le cœur et faisait pleurer son âme. Elle désirait tellement qu’il ne lui arrivât rien, tout en admirant son courage et sa force à combattre tous les ennemis de leur Déesse sans jamais faillir. Alors elle avait fait le choix de le suivre pour combattre à ses côtés pour l’aider et veiller sur lui. Pourtant elle n’avait pas toujours réussi à lui éviter le pire. Et elle porta instinctivement la main à sa poitrine, où reposait la cicatrice laissée autrefois par la flèche du Sagittaire lors de leur bataille contre le dieu Poséidon. Elle était alors prête à sacrifier sa vie, pour permettre à Pégase de gagner face à l’Empereur des Océans. À l’époque, elle était prête à donner sa vie pour sauver celle de Seiya. De la même manière qu’elle s’était interposée entre Aiolia du Lion et Pégase quelque temps auparavant. Son regard tendre se posa sur le visage du bel endormi.

« Si cela était à refaire, crois bien que je n’hésiterai pas une seule seconde, Seiya... », murmura-t-elle avec un léger sourire doux pour le dormeur.

Timidement, Shaina tendit la main pour enlacer les doigts de Seiya avec tendresse et douceur. La chaleur émanant de la peau de Pégase la réconfortait toujours un peu. Cela lui offrait l’espoir que bientôt il s’éveillerait. La jeune femme voulait croire que leur déesse Athéna trouverait comment guérir et sauver Pégase de la blessure que le dieu Hadès lui avait infligé lors de leur combat à Elysion. Et depuis Seiya était dans une espèce de coma. Et tout le monde attendait avec espérance et patience son réveil et son rétablissement. Et l’Ophiuchus savait que Pégase n’était jamais seul durant la journée. Seiya recevait de la visite chaque jour, ses proches se relayant à son chevet. Tous les jours, à heure presque fixe, la réincarnation d’Athéna, Seika et Marin venaient le visiter, mais aussi les Saints de Bronzes avec qui elle avait protégé la sœur aînée de Seiya lors de l’Éclipse suprême de Hadès. D’autres personnes, qu’elle ne connaissait guère, visitaient aussi régulièrement le jeune homme. Shaina n’était pas étonnée qu’il ait autant de connaissance et d’amis en dehors du Sanctuaire, après tout Seiya était quelqu’un de lumineux, chaleureux et amical de nature. Quant à elle, elle n’osait point venir en journée, ne se sentant pas forcément à sa place au vu de leur passé houleux. Et puis qui était-elle pour Seiya aujourd’hui ? Une ancienne opposante devenue une alliée, ou au minimum une amie potentielle ? Elle n’en avait aucune idée…

Alors Shaina était devenue la gardienne de ses nuits, ainsi Seiya n’était jamais seul. Et il pouvait ressentir la chaleur d’une présence amicale et aimante, lui servant, elle le supposait, de lumière dans les ténèbres dans lesquelles il semblait plongé depuis des semaines. Et la jeune femme espérait secrètement qu’il puisse sentir son amour et toutes les ondes positives qu’elle lui envoyait lors de ses longues nuits de veillée solitaire et silencieuse à son chevet. Au fond de son cœur, l’Amazone souhaitait que Pégase comprenne par sa simple présence à ses côtés tout ce qu’elle n’arriverait jamais à lui dire en temps normal. Shaina n’avait ouvert son cœur qu’une seule et unique fois à Seiya. Ce jour-là, elle avait un peu maladroitement avoué son amour pour lui, ce qu’il avait éveillé en elle et qui l’avait poussé à le protéger contre l’attaque d’Aiolia. Et elle n’avait jamais su s’il lui avait répondu, ayant rapidement perdu connaissance. Mais elle n’attendait guère de réponse. Elle voulait juste qu’il sache ce qu’elle ressentait pour lui.

Depuis, Shaina s’était contentée de lui prouver par des gestes, par sa présence à ses côtés lors de chaque bataille et par son sacrifice pour le protéger quand il le fallait, qu’elle l’aimait au-delà de ce que les mots pouvaient exprimer. En réalité, il n’y avait qu’ici, dans le secret offert par la nuit dans cette chambre silencieuse d’hôpital, qu’elle pouvait lui ouvrir son âme. Alors elle lui parlait librement de ses sentiments pour lui. En ces lieux, elle n’était simplement que Shaina. Et elle oubliait pour quelques infimes heures la froideur et la distance qu’elle mettait entre elle et les autres. Cette barrière de protection de son âme, que seul Seiya avait su briser. Et elle laissait s’effriter l’image dure de Saint d’Argent parfait, qu’elle s’était érigée avec fierté durant son entraînement et ses missions pour glaner le respect de ses frères d’armes, pour prouver qu’elle était l’égal des hommes dans la caste des Guerriers Sacrés d’Athéna. Mais face à Seiya, elle se permettait d’être avant tout une jeune femme amoureuse et inquiète pour celui qui faisait battre son cœur. Peut-être était-ce dans ces rares moments qu’elle était réellement elle-même.

Alors dans cette chambre d’hôpital, avec pour seul témoin la déesse Nyx, Shaina avait laissé tomber le masque. Au fil des nuits à le veiller, elle s’était mise à lui parler, espérant que sa voix pourrait le guider vers un réveil probable. Certaines fois, elle se contentait de raconter la vie quotidienne au Domaine Sacré. Avec plus d’humour qu’on ne soupçonnait qu’elle en possédait, elle narrait les péripéties de la reconstruction du Sanctuaire, et son lot de moments comiques. Parfois, quand son âme était plus mélancolique, elle mentionnait le deuil qu’ils faisaient tous lentement de leurs frères et sœurs d’armes disparus, parlant à voix basse avec respect des hommages qui leur étaient rendus par tous et toutes. Et il y avait aussi des moments de silence où elle avait l’impression que son âme communiait avec celle de Seiya. Dans ces minutes où aucun mot ne franchissait ses lèvres closes, elle priait en son for intérieur les Déités de venir en aide à Pégase, lui qui avait accompli des miracles pour sauver la Terre et l’Humanité, se sacrifiant à chaque fois totalement pour remplir sa mission sacrée. Et plus rarement, elle lui confessait à nouveau et à demi-mots son amour inconditionnel pour lui. Bien souvent, alors que les heures s’égrainaient, Shaina s’assoupissait pour un bref moment. Peut-être parce qu’à ses côtés elle arrivait à se détendre, le sommeil finissait par la visiter brièvement. Finalement, ses nuits se ressemblaient toutes. Et elles lui offraient l’opportunité de passer de longs moments en tête-à-tête avec lui. Ce qui, s’il avait été réveillé, aurait été plus compliqué, sachant à quel point il était apprécié de tous et toutes. Et ces instants grappillés avec lui étaient son plus précieux trésor.

« Tu sais, c’est agréable de te parler. J’ai réalisé qu’on n’avait jamais vraiment discuté ou même passé un moment ensemble auparavant… Je veux dire en dehors des combats… Évidemment, ce serait mieux si tu étais éveillé et que tu pouvais me répondre. », murmura-t-elle légèrement mélancolique, mais avec cependant un sourire tendre.

Pendant quelques minutes, Shaina rêvassa à une autre vie, que celle dédiée au service de la déesse Athéna. Une existence où aucun d’eux n’aurait été des Saints protégeant et servant la réincarnation de leur Déité protectrice, où leur mission première n’aurait pas été la protection de la Terre et de l’Humanité. Qu’aurait-elle alors fait de sa vie ? Quel métier aurait-elle pu choisir, si on lui avait laissé le choix de ses études et du devenir de son existence ? Mais dans cette simple vie de jeune femme civile, elle n’aurait sûrement guère pu faire les mêmes rencontres et se forger les mêmes amitiés, que dans sa vie actuelle au Domaine Sacré. D’ailleurs aurait-elle eu la chance de rencontrer Seiya, lui qui était né au Japon quand elle était d’origine italienne ? Cela lui semblait presque impossible. Et même s’ils avaient eu la chance de se rencontrer, quelle relation auraient-ils bien pu avoir ? Certes, son esprit cartésien lui disait que dans ce monde où il n’y aurait pas de Sanctuaire, leurs chemins ne se seraient sûrement jamais croisés. Finalement, aucun monde ne semblait parfait, pas même celui des chimères. Mais il ne lui était pas interdit de rêver, n’est-ce pas ? Alors, parfois, dans ses moments de solitude ou dans ses rêves nocturnes, elle laissait son esprit poursuivre ces chimères bien douces d’une vie normale, d’une relation amoureuse réciproque et partagée, épanouie et heureuse. Et elle s’octroyait le droit de s’imaginer aimée en retour de Seiya, partageant une vie de couple et peut-être une famille avec lui… Malheureusement, la réalité la rattrapait toujours. Un léger soupir lui échappa.

« Et toi, Seiya, imagines-tu parfois ce qu’aurait été ta vie si tu n’avais pas été le Saint de Pégase ? », le questionna-t-elle en observant les traits apaisés de son visage endormi. « Crois-tu qu’on aurait pu… » Shaina buta sur le dernier mot. Son esprit pensait amitié, son cœur hurlait amour pour finir sa phrase. « … être quelque chose de plus. », ajouta-t-elle sobrement.

Shaina soupira. Puis elle osa un geste tendre, le seul qu’elle se permettait d’avoir dans ces moments-là. Tenant toujours la main de Seiya, elle laissa son pouce caresser timidement et avec beaucoup de tendresse la peau tiède du jeune homme. Elle était toujours étonnée de la douceur et de la chaleur de sa peau contre la sienne. Avec un sourire amoureux, mais légèrement mélancolique, elle se laissa glisser au sol. Puis elle s’installa confortablement contre le lit, les bras croisés sur les draps blancs. Sans pour autant lâcher la main de celui qui lui avait dérobé son cœur. Shaina appuya son menton sur ses bras croisés, et elle ferma quelques instants les yeux. Sans qu’elle ne cherchât à la retenir, une larme cascada lentement le long de sa joue. Sa tristesse revint ainsi que son inquiétude pour celui qu’elle aimait. Pourtant, vaillamment, elle lutta pour ne pas laisser le désespoir envahir son âme. Elle ne devait pas désespérer. Elle devait garder l’espoir chevillé au corps que Seiya vaincrait cette ultime épreuve. Elle n’avait pas le droit de laisser les doutes et la tristesse envahir son esprit. Lui, il n’abandonnait jamais. Il était leur porteur d’espérance, celui qui accomplissait des miracles. Alors pour lui, elle se devait d’y croire. Il se réveillerait bientôt. Elle chassa du bout des doigts une ultime larme qui tentait de s’échapper de ses grands yeux émeraude. Elle releva le visage pour l’observer avec amour.

« Réveille-toi, Seiya. On attend tous et toutes ton retour parmi nous. Tout le monde espère que tu accompliras ce miracle de vaincre définitivement Hadès, en guérissant de la blessure que son épée t’a infligée. On a tous besoin de toi, de ton optimisme et de ton espoir sans faille pour tout reconstruire, pour panser nos plaies et avancer… Sans toi, ce n’est pas vraiment une victoire. Et puis tu as enfin retrouvé ta sœur. Seika te veille tous les jours, et elle attend ton retour. Vous avez tellement à rattraper et partager… », murmura-t-elle à voix basse sur un ton encourageant.

Shaina osait rarement parler en son nom propre, optant toujours pour ceux qui étaient chers au cœur de Seiya : Saori Kido, Seika, Marin et ses frères. Une certaine pudeur voilait toujours les sentiments de l’Ophiuchus, même dans le secret de la nuit. Et elle savait à quel point le Saint de Pégase était apprécié, respecté et admiré au Domaine Sacré, et même au-delà. Tous les survivants étaient venus le visiter plus ou moins régulièrement, selon leur degré d’amitié avec lui. Même ceux qui ne le connaissaient que de réputation étaient passé au moins une fois le visiter. Et tout le monde espérait qu’il se réveillerait prochainement. L’Ophiuchus ne doutait pas que même Ikki du Phoenix passait de temps à autre dans cette chambre. Elle avait conscience qu’Ikki errait non loin de l’hôpital, protégeant ses frères en ce moment où ils étaient incapables de le faire eux-mêmes n’étant pas aussi rapides dans leur guérison que lui. Le Phoenix avait toujours agi en protecteur avec eux. Tout comme elle devinait l’angoisse et l’espoir qui devaient étreindre le cœur de Seika et de Marin quand elles venaient toutes les deux à l’hôpital. Par contre, Shaina était moins certaine de deviner ce qui pouvait habiter le cœur de la jeune réincarnation d’Athéna. Mais si cette dernière visitait chaque jour Seiya, elle semblait accorder autant de temps à Shun, Hyoga et Shiryu. Que pouvait bien ressentir Saori Kido face à ceux qui avaient tout sacrifié pour la protéger et sauver la Terre ? Probablement un mélange de tristesse, de culpabilité et d’espoir saupoudré d’une dose d’affection…

« Oui, on attend tous ton réveil. », répéta un peu plus fort la jeune femme. Et elle décida qu’elle pouvait se dévoiler un peu dans le secret de cette chambre sous l’œil bienveillant de la déesse Nyx. « Surtout moi. Je ne peux pas te perdre. J’ai tellement de choses à te dire. Il faut qu’au moins une fois, tu me laisses une chance de tout t’avouer. S’il te plaît offre-moi l’occasion de te dire combien je suis amoureuse de toi, Seiya… Tu as toujours eu une place précieuse dans mon cœur. Sans toi, ma vie semble privée de lumière… Je t’en prie, reviens-moi… »

La sensation d’une pression éphémère sur ses doigts l’interrompit. Instinctivement, elle serra légèrement plus fort la main de Seiya. Ses yeux observèrent avec attention le visage de Pégase… Mais il semblait toujours profondément endormi. Rien ne laissait supposer un réveil prochain. Elle avait dû rêver. C’était la seule explication. Mais cette simple sensation d’étreinte sur ses doigts ramena le feu de l’espoir en son âme. Peut-être qu’il commençait finalement à gagner cette bataille-là aussi. Après tout, Seiya n’abandonnait jamais. Et elle lui ferait honneur en continuant d’espérer son réveil. Un léger sourire naquit sur ses lèvres.

« Réveille-toi, Seiya. Parce que rien ne t’est impossible à toi, notre porteur d’espoir. », déclara-t-elle doucement.

Shaina y croyait. Seiya allait guérir. Et elle pourrait lui confesser à nouveau son amour. Il fallait juste qu’elle soit encore un peu patiente…

Chapter 13: Réveil: Shaina/Seiya (4)

Notes:

Dédicace : Pour ShaSei, j’espère que tu apprécieras. Voilà la seconde partie de ton cadeau. Je te souhaite un joyeux Noël en avance et de bonnes fêtes de fin d’année. Et désolée de l’attente. J’espère être plus rapide pour écrire la partie 3 <3

Correctrice : Clina

Personnages : Seiya de Pégase
Ship : Shaina/Seiya
Mention de : Shaina de l’Ophiuchus, Shun d’Andromède, Hyoga du Cygne, Shiryu du Dragon, Ikki du Phoenix, Saori Athéna Kido, Seika, Marin de l’Aigle, Hadès

Type d’écrit : romance, introspection et un soupçon d’humour au début
Arc temporel : directement après la victoire d’Athéna et des Bronzes à Elysion, suite de l’OS précédent : Veillée.
Lieu : un hôpital de la fondation Graad près du Sanctuaire

Chapter Text

Seiya fut ébloui par la lumière du jour flirtant par la fenêtre et le baignant dans un cocon douillet et chaleureux alors qu’il ouvrait lentement les yeux. Il avait cligné des paupières plusieurs fois pour s’habituer à la luminosité qui suivait les ténèbres dans lesquelles il était resté plongé un long moment. Tout lui semblait tellement éclatant dans la pièce qu’il avait besoin de temps pour habituer sa vue à l’ambiance diurne. C’était la même sensation que quand on passait de longues minutes à observer le soleil. Après quelques instants, le jeune homme réussit à mieux percevoir ce qui l’entourait réellement, devinant les contours des meubles et de la chambre. Le bip régulier d’une machine lui parvint alors, ainsi que l’odeur aseptisée typique des hôpitaux. Il y avait été assez souvent admis pour deviner où il était en cet instant. Et c’était logique après la rude bataille qu’il avait mené aux côtés de ses frères et de sa Déesse pour protéger l’Humanité. Il avait conscience que ses muscles étaient raides et qu’il avait dû être soigné des diverses blessures physiques reçues lors de chaque combat aux Enfers et face à Hadès.

Soudain, il aperçut penché au-dessus de lui un visage familier qui affichait un regard surpris de le voir réveillé. Les pupilles émeraude le fixèrent de longues minutes dans un silence total. Et un sourire fin se dessina sur les lèvres de la personne, dont Seiya distinguait mal les traits. Il n’était pas encore habitué à la luminosité du jour, accrue par celle du plafonnier au-dessus de son lit. Mais cette personne lui était plus que familière. La couleur verte des yeux, la peau blanche et les mèches châtains mi-longues encadrant un visage fin… Il savait que c’était quelqu’un qui lui était proche, qu’il appréciait. Seiya cligna à nouveau plusieurs fois des yeux pour stabiliser sa vue. Mais l’image resta floue. Pourtant la présence était bienveillante, douce et réconfortante pour Pégase. Cela lui donnait un léger sentiment de sécurité et d’être bien éveillé, dans le monde des Humains. Encore engourdi, il ne pouvait guère bouger, remuant lentement les doigts pour retrouver des sensations dans tout son corps, toujours légèrement endormi. Il décida donc de se contenter de sa voix pour le moment.

« Shaina… », murmura Seiya d’une voix plus rauque et tremblante qu’il n’avait imaginé entendre. On y percevait une certaine fatigue. Et il avait l’impression de ne pas avoir parlé depuis des lustres.

« Non. Shun, ton frère. Mais tu n’es pas le premier à nous confondre. », répondit Andromède avec un léger rire. « Désolé de te décevoir. Et bienvenue dans le monde des éveillés. Seiya, tu nous as manqué à tous. »

« Ah... », tenta à nouveau de parler Seiya, en clignant des yeux pour stabiliser sa vue qui s’habituait enfin à la luminosité de la pièce. Une pointe de déception mordit son cœur, en constatant que ce n’était pas la jeune femme qui était à son chevet. Il s’en voulut un peu d’avoir ce genre de pensées, alors qu’il était tout de même heureux de constater que son frère n’avait rien. Il savait que ce combat avait été compliqué pour Andromède, d’un point de vue personnel. Et Pégase était heureux de le voir en vie et en bonne santé. « Ai-je dormi longtemps ? », réussit-il à demander alors qu’il tentait de s’asseoir rapidement aidé par son ami.

« Plusieurs semaines. Depuis notre retour des Enfers. », répondit d’une voix douce et rassurante Shun qui lui offrit un léger sourire. « Ah et au fait, on a gagné… Comme tu devais déjà t’en douter vu où on est… », ajouta-t-il comme une forme de réconfort supplémentaire, que leurs sacrifices et combats n’avaient pas été vains. Ils avaient à nouveau sauvé la terre. Seiya se contenta d’acquiescer lentement, encore incertain de son propre ressenti. Il avait tellement d’informations à assimiler et tant de retard à rattraper, désireux de savoir ce qui s’était passé durant son long sommeil. Il vit son frère se pencher et appuyer délicatement sur une sonnette, appelant sûrement les infirmières. Ils n’avaient donc plus que quelques minutes pour discuter tranquillement.

« Comment vont les autres ? », questionna Seiya lentement, la gorge un peu sèche et la voix enrouée.

« Shiryu se rétablit dans sa chambre. Shunrei est à ses côtés pour l’aider et le soutenir. Hyoga passe quelques examens, mais il va bien. Quant à Ikki, il erre non loin en prenant la peine de nous visiter de temps à autre. Je crois qu’il se voit en protecteur le temps qu’on récupère tous. Saori-san gère le Sanctuaire et sa reconstruction, tout en nous visitant chaque jour. Tu reçois aussi la visite de Marin et de ta sœur, Seika. Tu l’as enfin retrouvée. », raconta Shun espérant rassurer son frère et lui permettre de souffler. « Et la demoiselle de tes pensées te visite chaque nuit. Je pense que tu auras très vite l’occasion de la voir et de lui parler. » Shun n’était guère dupe quant au lien qui unissait Seiya et Shaina. Et il espérait qu’ils auraient l’occasion de discuter à cœur ouvert, maintenant que les Guerres Saintes étaient théoriquement finies.

Seiya détourna le regard quelques minutes. Et il admira silencieusement par la fenêtre ouverte le ciel bleu parsemé de quelques nuages blancs, ainsi que la cime des arbres qui agrémentaient le parc boisé de l’hôpital. L’air semblait doux aujourd’hui. Il entendait le chant mélodieux des oiseaux, quelques murmures et rires venant de l’extérieur. Tout était si paisible et normal en cet instant. C’était la preuve qu’ils avaient bien gagné la Guerre Sainte et qu’ils avaient à nouveau offert la paix à la Terre. Du moins, les Olympiens n’étaient plus en guerre. Et Pégase et ses frères ne pouvaient espérer que cela durerait éternellement. Mais pouvaient-ils avoir une telle confiance en les divinités ? Certes, il ne doutait pas qu’Athéna désirait cette accalmie la plus longue possible. Elle aimait sincèrement l’Humanité et désirait vraiment la protéger. Seiya était moins certain des bonnes intentions des autres Olympiens. Mais il n’était certainement pas totalement objectif sur le sujet. Alors il se contenta de faire confiance à sa Déité protectrice, de croire en elle.

Shun ne relança pas la conversation entre eux, admirant à son tour le paysage extérieur avec un léger sourire serein. Andromède était heureux que son frère soit enfin réveillé. Ils l’avaient tous et toutes veillé. Ils avaient prié pour lui, espérant un miracle qui était enfin advenu. Et il savait que beaucoup attendaient cette bonne nouvelle, dont la jeune femme qui semblait occuper déjà les pensées et les rêves de Seiya. Et ce dernier paraissait bien empressé de la revoir, la belle et fière Amazone. Et Shun ne pouvait que leur souhaiter vraiment de se retrouver enfin et de profiter de leur affection réciproque. Il n’avait aucun doute quant au fait qu’ils étaient épris l’un de l’autre. Seiya, quant à lui, se perdit dans ses réflexions. Il constata qu’il avait une faim de loup, et se dit qu’il devrait peut-être commencer par demander un petit-déjeuner copieux. Cependant il se sentait aussi fatigué. Un comble quand il pensait qu’il venait tout juste de se réveiller après des semaines… Ses pensées furent interrompues par la porte s’ouvrant sur une jeune infirmière qui poussa un petit cri de surprise en le découvrant bien conscient.

La jeune femme habillée de blanc se remit rapidement de son étonnement de voir ses deux patients discuter tranquillement. Seiya lui offrit un sourire poli pour la saluer, alors qu’elle s’approchait de son lit pour vérifier ses constantes. Et il en profita pour lui réclamer un repas. Si elle fut surprise, l’infirmière accepta de lui ramener un plateau. Avant de quitter la pièce, elle congédia Shun, lui demandant de retourner dans sa propre chambre. Bien qu’il ait certainement préféré tenir compagnie à son frère et poursuivre leur conversation, Andromède s’exécuta avec un air désolé et la promesse de revenir au plus tard le lendemain matin. Sur ces paroles, il abandonna Seiya aux mains expertes du personnel soignant. Et si Pégase put prendre son petit-déjeuner dans une ambiance relativement calme et sereine, ce ne fut guère plus le cas une fois qu’il eut terminé de manger ! Il n’eut plus une seule minute à lui et n’eut même pas le temps de se replonger dans d’autres réflexions, ou de poser des questions au sujet de ses frères.

Les heures qui suivirent furent aussi remplies et sportives à ses yeux que lors de la bataille du Sanctuaire ! Pas un seul instant de répit pour souffler et se poser. En quelques heures, il avait vu défiler trois spécialistes au nom imprononçable, et dont il n’était pas persuadé d’avoir compris la spécialité médicale. Il avait répondu à des questions diverses et variées sur son état physique et mental. Bon élève, il se laissa ausculter par tout le monde sans rechigner, sans se plaindre. Il se montrait coopératif, conscient que tout le monde ne voulait que son bien et qu’il se remette au plus vite. Entre deux examens hors de sa chambre, il avait pu entrapercevoir Seika, sa sœur aînée et Saori-san qui l’accompagnait. Les deux jeunes femmes avaient manifesté leur surprise, mais n’avaient guère eu le temps de profiter de lui. On l’emmenait faire toute une série d’examens médicaux pour s’assurer que tout allait bien et qu’il se remettait normalement. Il n’eut que l’opportunité d’un signe de main et de quelques phrases échangées. Cependant, Pégase put entendre les propos rassurants que le médecin adressa aux jeunes femmes, leur promettant que dès demain elles pourraient le visiter aussi longtemps qu’elles le désiraient.

Une fois de retour dans sa chambre et seul, Seiya poussa un profond soupir. Cette journée l’avait autant épuisé que ses précédents combats ! S’il avait pu entrevoir Seika et Saori-san, il n’avait pas pu leur parler très longtemps. Juste le temps d’arriver au rez-de-chaussée et aux salles d’examens. Cela n’avait été que propos confus, remplis d’émotions et de joie de le voir réveillé. Les grandes conversations devraient attendre le lendemain. Quant à ses frères, il n’avait pu obtenir que des informations sur leur état de santé général. Depuis que Shun avait quitté la pièce à son réveil le matin même, Pégase n’avait pu discuter qu’avec le personnel soignant. Alors certes tout le monde était aimable et aux petits soins pour lui, mais ce n’était guère le même que de passer du temps avec sa famille et ses amis proches. Il était aussi inquiet pour eux et heureux de les savoir vivants. Mais il aurait aimé pouvoir leur consacrer au moins quelques minutes. Après tout, avait-il réellement besoin de passer autant d’examens en une seule journée ? Que redoutaient vraiment les médecins ? Pégase soupira à nouveau. Et il ferma un instant les yeux. Quand il rouvrit les paupières, il tourna la tête vers la fenêtre. Les tentures n’étaient pas tirées. Et il pouvait voir à loisir le ciel nocturne recouvert du manteau sombre de la déesse Nyx. Là-haut, trônait la lune et son cortège d’étoiles. Il eut un léger sourire devant le spectacle crépusculaire apaisant. Et il se détendit enfin après une journée bien longue et remplie. Il savourait ce moment de solitude.

« Pfff j’ai l’impression d’avoir à nouveau combattu toute la journée pour sauver Athéna… Aussi claqué que quand on a dû se taper la montée des escaliers du Sanctuaire en douze heures. », murmura Seiya dans un souffle et avec un bâillement de fatigue.

Seiya se releva en faisant attention à ne faire aucun geste brusque. Même s’il était éveillé depuis des heures, il gardait quelques courbatures et quelques douleurs minimes. Ils avaient tous les cinq mené de rudes et violents combats aux Enfers, dont les stigmates physiques n’étaient pas encore totalement guéris. Et il n’envisageait même pas les traumatismes sur leurs psychés… Et même si ses muscles râlèrent un peu du mouvement, Pégase comptait profiter de sa solitude temporaire sans aucune surveillance pour quitter son lit à sa guise. Elles étaient bien gentilles les infirmières, mais il était capable de marcher seul. Certes plus lentement qu’habituellement, mais il tenait seul sur ses pieds. Et il était content de constater qu’il n’avait pas besoin d’aide s’il ne se précipitait point. Ah c’était certain qu’il n’était pas prêt à retourner au combat, ni même à courir un marathon ! Le jeune homme eut un soupir plus détendu une fois hors du lit. Il appréciait le calme retrouvé dans sa chambre. Cela lui permettrait de réfléchir tranquillement à certaines choses.

Seiya eut un regard pour la fenêtre entrouverte sur l’air doux de la nuit. Et il hésita un court instant à la fermer ou non. Mais son instinct et son cœur lui murmuraient de la laisser ainsi, pour offrir l’opportunité à une visiteuse nocturne de se glisser auprès de lui. Il avait la sensation qu’elle devait rester ouverte comme chaque nuit. Du moins s’il avait bien compris la dernière phrase de Shun lors de leur courte discussion du matin. Elle venait tous les jours. Elle viendrait donc sûrement aussi cette nuit. Savait-elle déjà qu’il était éveillé ? La nouvelle pouvait s’être assez vite répandue au Domaine sacré. Avec un léger haussement d’épaules, Pégase se dirigea vers la petite salle de bain, attrapant au passage des vêtements propres que quelqu’un lui avait bien gentiment préparé. Une douche lui ferait le plus grand bien et serait la bienvenue après cette journée d’examens médicaux. Il désirait chasser de sa peau l’odeur aseptisée de l’hôpital. Abandonnant ses vêtements sur la chaise installée dans la pièce d’eau, il se glissa avec précaution dans la cabine de douche et actionna l’eau. Il l’espérait à bonne température et guère glacée.

Et Seiya soupira de bien-être sous le jet d’eau tiède qui détendit ses muscles encore un peu crispés. Cependant, il ne s’attarda pas longtemps et il lava rapidement sa peau, satisfait d’en chasser l’odeur médicale qui le collait depuis le matin. Il gardait l’impression que le moindre geste le fatiguait depuis son réveil, et il se sentait toujours légèrement courbaturé dès qu’il bougeait un peu trop rapidement. Le médecin lui avait assuré que ce n’était que passager, qu’il devait être patient vu son long coma… Il lui avait promis que cela passerait dans quelques jours, et qu’il pourrait alors profiter de quelques brèves promenades en compagnie de ses proches dans le parc de l’hôpital. Et Seiya avait hâte d’y être ! Mais pour le moment, il se devait d’être patient. Heureusement, qu’il pouvait toujours avoir la compagnie de ses frères. Une fois propre et bien rincé, il sortit de la douche et sécha rapidement sa peau. Ensuite il enfila un tee-shirt et un pantalon de training pour être plus à l’aise. Une fois vêtu, il appuya ses mains sur le bord du lavabo et il s’observa dans le miroir. Avait-il changé ? Il ne trouvait pas. Il n’avait pas pris une ride. Enfin, il avait les traits tirés par l’épuisement, et il reflétait une certaine fatigue. Ce qui correspondait parfaitement à son ressenti actuel.

Seiya passa une main dans ses cheveux en bataille et humide tout en baillant légèrement. Puis il concentra doucement son cosmos et il chercha celui de Shun, Shiryu et Hyoga. Il savait qu’Ikki avait déjà quitté l’hôpital. Il ferma les yeux et il eut un sourire. C’était rassurant de les sentir vivants et si proches de lui en cet instant. Il avait bien cru les perdre cette fois-ci. Et en se focalisant un peu plus, il pouvait constater que le Phoenix n’était pas très loin d’eux, veillant à sa manière sur les autres. Tous semblaient se remettre à leur rythme de leurs diverses blessures. Mais si leur présence réchauffait en partie le cœur de Pégase, il manquait quelqu’un à son bonheur actuel. C’était son cosmos à elle qu’il désirait ressentir en cet instant. Sa présence lumineuse et chaleureuse lui manquait... Elle s’était faite très discrète. Tellement même qu’il ne parvenait guère à la trouver, même en la cherchant consciencieusement. Pourtant, il avait senti sa présence au plus près de lui chaque nuit durant son coma. Elle l’avait guidé tout en veillant sur lui. Alors pourquoi se dissimulait-elle maintenant ?

« Je sais que tu étais là à mon chevet jusqu’à mon réveil. », déclara-t-il au silence de la pièce. « J’ai senti la chaleur de ton cosmos, ta bienveillance et toutes tes émotions. Je le reconnaîtrais entre mille. Alors où te caches-tu maintenant que j’aimerais te parler ? »

Seiya connaissait très bien la chaleur du cosmos de Shaina. L’Amazone avait souvent combattu à ses côtés lors des diverses Guerres Saintes menées par Athéna pour protéger l’Humanité. Un soupir échappa au jeune homme. Il était tellement persuadé d’avoir ressenti sa présence malgré les ténèbres qui embrumaient alors son esprit endormi. Tout comme il avait entendu sa douce voix mélodieuse, attirant son attention tel le chant des sirènes envoûtant les marins pour qu’ils viennent à elles. C’était cette certitude de sa présence à ses côtés qui l’avait fait confondre Shun et Shaina alors qu’à peine éveillé il peinait à stabiliser sa vue. Et Pégase eut un léger sourire amusé. Pour sa défense, il fallait admettre qu’avec la lumière en pleine figure et les quelques ressemblances entre Andromède et l’Ophiuchus avaient de quoi surprendre. En y réfléchissant un peu, il était vrai qu’ils avaient quelques similitudes physiques telles que la couleur des yeux et leurs cheveux. Et le côté androgyne de Shun accentuait la méprise dans ce genre de situation. Mais ils n’avaient que cela en commun et une fois bien éveillé Seiya trouvait amusante sa confusion. De toute manière, ce n’était que la vue trouble et le fait qu’elle hantait ses pensées à son réveil qui étaient causes de cette erreur. Il ne s’attendait pas spécialement à trouver un de ses frères à ses côtés, conscient de leurs propres blessures.

D’ailleurs qu’il prononça son prénom en premier dès son éveil avait une signification particulière, et démontrait s’il le fallait encore ses réels sentiments pour la jeune femme. Un nouveau soupir lui échappa alors qu’il s’observait afficher une moue boudeuse dans le miroir. Seiya passa une main dans ses cheveux courts encore humides. Il savait qu’il n’avait jamais répondu à sa déclaration. Celle qu’elle lui avait maladroitement faite avant de perdre conscience dans ses bras suite à l’attaque d’Aiolia. C’était avant la bataille du Sanctuaire. Et cela semblait si lointain maintenant. Sur le moment, il n’avait guère eu l’opportunité d’analyser ses propres sentiments, ni de prendre pleinement conscience de son aveu amoureux. La situation ne lui permettait pas. Il était en plein combat avec le Saint d’or du Lion venu en ennemi et menaçant la réincarnation d’Athéna, qu’il se devait de protéger. Et Seiya avait toujours eu un grand sens du devoir. Puis les combats s’étaient enchaînés très vite : le Sanctuaire, Asgard, Poséidon et enfin les Enfers… Entre deux guerres épiques, il était bien souvent alité pour se remettre et guérir de ses nombreuses blessures et traumatismes. Tout comme ses frères, ils n’avaient vécu ces dernières années que pour protéger Athéna et le monde, mettant en suspend leur propre vie et leur relation aux autres. Aucun n’avait eu un moment pour souffler et penser. C’était bien la première fois depuis longtemps que Pégase avait du temps pour lui et pour mieux comprendre ce qu’il ressentait. Et il priait tous les dieux de l’Olympe et même Odin au passage qu’aucune autre Guerre Sainte ne débuta pour qu’il puisse enfin parler posément avec Shaina !

D’ailleurs après sa déclaration, Shaina n’avait plus dissimulé son amour pour Seiya. Elle avait assumé ses sentiments, sans rien attendre en retour. Et c’était par ses gestes et ses sacrifices que l’Amazone lui prouvait régulièrement la force de son attachement et à quel point elle tenait à lui. Elle s’était plus d’une fois interposée entre lui et le danger, désireuse de le protéger au mieux, incapable probablement d’accepter de le voir blessé. Mais avait-elle compris quand Pégase avait inversé leur position face à Poséidon pour lui éviter la flèche du Sagittaire, pourquoi lui refusait qu’elle se sacrifiât ? Ou n’avait-elle pris ce geste hautement symbolique pour Seiya que comme la preuve de son tempérament chevaleresque et courtois ? Il n’en avait aucune idée. Parce qu’encore une fois, ils n’avaient guère eu le temps de se retrouver et d’en discuter. Seiya grimaça à son propre reflet. Il aurait préféré que les choses soient plus simples, d’avoir une vie comme tous les jeunes gens de son âge. Et il soupira à nouveau. Au moins maintenant avait-il le temps de réfléchir à ses sentiments et à comment avouer ces derniers à la demoiselle de ses pensées. Il avait l’opportunité de choisir la plus belle des manières de se déclarer. Parce que Shaina méritait ce qu’il y avait de mieux. Après tout elle lui vouait un amour dévoué et passionné sans jamais s’imposer, ni exiger une réponse, allant jusqu’à se sacrifier continuellement pour lui et pas uniquement sur les champs de bataille. Et surtout pour la patience qu’elle avait eue à attendre sans se désespérer d’une réponse ou d’une confession amoureuse de sa part.

Parce qu’il pouvait s’avouer maintenant qu’il était amoureux de la jeune femme. C’était un sentiment chaud et lumineux qui lui faisait envisager un avenir radieux et heureux. Et Seiya espérait avoir une chance de partager sa vie avec elle. Il avait la sensation qu’il ne pourrait qu’être amoureux d’elle. Était-ce cela qu’on nommait les âmes-sœurs. Était-ce cela l’amour véritable ? Celui qui vous faisait accomplir des miracles et soulever des montagnes, pour lequel on était prêt à tout abandonner ? Il n’était capable d’imaginer son futur qu’avec Shaina. Elle était celle qui apportait un sens à sa vie et qui lui donnait la force de combattre toutes les épreuves. Elle était le centre de son univers et le pilier de sa vie, son ancre pour ne pas s’enfoncer dans les doutes et la peur. Sa simple présence à ses côtés lui avait permis de revenir des ténèbres. Elle rendait tout plus vivant et précieux. Elle gonflait son cœur de joie et d’amour. Il y avait tellement de choses qu’il aurait aimé lui dire. Seulement, Pégase ne savait pas comment exprimer avec des mots tout ce ressenti amoureux et passionné. Il désirait lui offrir la plus belle des déclarations, celle qu’elle attendait depuis si longtemps… mais il n’arrivait pas à se décider sur comment la formuler réellement.

Après un dernier coup d’œil pour son reflet, Seiya retourna dans sa chambre. Il eut un regard pour la fenêtre. Finalement, s’il la laissait ouverte c’était dans l’espoir que, cette nuit encore, Shaina s’infiltrerait dans la pièce pour veiller sur son sommeil et lui conterait mille merveilles de sa voix enchanteresse. Serait-elle surprise de le trouver bien éveillé ? Il ne pouvait en être certain. Mais Pégase était persuadé que dans l’intimité de la nuit, sous le regard bienveillant et protecteur de la déesse Nyx, ils pourraient enfin parler à cœur ouvert de leurs sentiments et savourer ce lien si fort et si beau qui les unissait. Ils auraient alors le temps de voir éclore leur amour, de l’admirer grandir et s’épanouir quotidiennement. Alors oui, en se couchant dans le lit, Seiya eut l’espoir que sous peu, elle serait à nouveau à son chevet. Et alors, il pourrait enfin lui murmurer un « je t’aime » des plus sincères et passionnés, qui brûlait son cœur et son âme depuis des années. Peut-être aurait-il la chance d’appuyer sa confession d’un doux baiser et d’une étreinte amoureuse. Et il osait espérer, malgré l’attente qu’il lui avait imposée, qu’elle aurait à son égard un tout aussi doux aveu. Après tout, ils avaient maintenant amplement le temps de savourer chaque instant de leur amour, la chance de pouvoir le vivre au grand jour et d’espérer une belle vie en couple. Il ne pouvait imaginer son avenir sans Shaina. Et il avait hâte qu’elle soit à ses côtés ! Elle lui avait tellement manqué.

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