chriStophe Balagna
COLLECTION HUMANITÉS
SouS
la direction de
la direction de
ChriStophe Balagna
(D)Écrire le paysage
D
u 6 au 8 décembre 2018, la Thématique de
Recherche (TR1) « Culture, Herméneutique
et Transmission », a organisé un colloque réunissant
plus d’une trentaine d’intervenants autour du thème
« (D)Écrire le paysage ». Deux aspects ont été mis en
exergue : la description du paysage, qu’il soit panorama
physique, représentation fidèle, état d’âme émotionnel,
miroir des perceptions, mais aussi sa mise en récit,
son écriture, conséquence d’une confrontation, d’un
rapport de force, d’une mise à distance, d’une quête de
compréhension de la part de l’observateur…
Quelques thèmes récurrents sont alors apparus :
l’importance du rôle du paysage en tant que personnage
dans le roman noir, le cinéma, la littérature des xixe et xxe
siècles, la photographie, la peinture, voire la musique ;
le statut du paysage dans la littérature contemporaine,
ou dans celle du xxe siècle ; le paysage révélateur de l’âme
et du cœur, de leurs tourments, de leurs interrogations ;
la force symboliste, voire mystique du paysage à travers
la littérature profane et religieuse…
Mais le paysage s’appréhende aussi en dehors de ses
affinités naturelles, dans l’étrangeté d’une langue, dans
le discours politique, dans ses multiples déclinaisons
historiques et sociologiques. Le paysage, est-ce « le fond
du tableau de la vie humaine » ? (Bernardin de SaintPierre)
(D)Écrire le paysage
(D)Écrire le paysage
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(D)Écrire le paysage
26 €
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17/07/2020 09:53:30
Le paysage gravé de Rembrandt :
une manifestation du sublime ?
Claire CHARRIER
Laboratoire HAR
Université Paris-Nanterre
Résumé : Malgré les apparences, les paysages de Rembrandt
n’appartiennent pas à la tradition topographique néerlandaise.
Celle-ci évoque des lieux identifiables, ce qui aide le spectateur
à se sentir chez lui dans un pays aménagé par l’homme, mais
ouvert à l’immensité des éléments. Rembrandt donne à voir
une nature proche et pourtant étonnante : une force surgit,
qui risque de disloquer la représentation. Des paysages qui
sont à l’échelle humaine se haussent ainsi au sublime. Cette
évocation est corollaire du thème de la kénose : l’abaissement
du divin qui se vide de sa puissance pour s’incarner. L’enjeu
est la possibilité du paysage, comme fragment naturel transformé par l’art en une totalité que le regard peut embrasser. Rembrandt incite à changer de point de vue : quittant
son surplomb, le spectateur exerce une vision tactile, qui lui
apprend à habiter le monde.
Mots-clés : paysage topographique, locus amoenus, paysage
sublime, kénose, toucher.
Summary : Despite appearances, Rembrandt’s landscapes do
not belong to the Dutch topographical tradition. The latter
evokes identifiable places, which helps the spectator to feel
at home in a man-built country, yet open to the immensity
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(D)Écrire le Paysage
of the elements. Nature as depicted by Rembrandt is both
familiar and startling : a force arises, which tends to dislocate
the representation. Landscapes that are on a human scale thus
reach towards the sublime. This evocation is a corollary of
the theme of kenosis : the lowering of the divine that divests
itself of its power to take human form. The stake is the possibility of the experiencing of landscape, as a natural fragment
transformed by art into a totality that the gaze can embrace.
Rembrandt urges the viewer to change his viewpoint : leaving
his bird’s eye view, the spectator exercises a tactile vision,
which teaches him to inhabit the world.
Keywords : topographical landscape, locus amoenus, sublime
landscape, kenosis, touch.
Resumen : À pesar de las apariencias, los paisajes de Rembrandt
no pertenecen a la tradición topográfica holandesa. Evoca
lugares identificables, lo que ayuda al espectador a sentirse
como en casa en un país construido por el hombre, pero
abierto a la inmensidad de los elementos. Rembrandt da a
conocer una naturaleza cercana y aún asombrosa : surge una
fuerza, que puede disestar la representación. Así, los paisajes
que están a una escala humana aumentan a lo sublime. Esta
evocación es un corolario del tema de la kenosis : la bajada
de lo divino que vacía su poder de encarnar. La estaca es la
posibilidad del paisaje, como un fragmento natural transformado por el arte en una totalidad que la mirada puede abrazar.
Rembrandt insta a cambiar su punto de vista : dejando su
voladizo, el espectador ejerce una visión táctil, que le enseña
a habitar el mundo.
Palabras clave : paisaje topográfico, Locus amoenus, paisaje
sublime, Kenosis, tacto.
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Le paysage gravé de Rembrandt : une manifestation du sublime ?
Introduction
Présentant une nature à l’échelle humaine, les paysages de
Rembrandt paraissent appartenir à la tradition topographique.
Il s’agit de paysages néerlandais façonnés par l’homme, et non
de la nature sauvage et terrible de Poussin ou de Rosa, qui, la
première, a été interprétée comme sublime.
Pourtant, en donnant à percevoir l’émergence d’une force
qu’il est difficile d’identifier comme un objet, Rembrandt
produit un étonnement proche de l’effet du sublime. Par la
rupture qui lui est inhérente au moins sous le mode de l’imminence, le paysage sublime menace l’unité de l’image. Cette
rupture rend problématique l’existence même du paysage,
comme fragment de la nature que l’art offre au regard sous
la forme d’une nouvelle totalité.
Aménagés par l’homme, les lieux gravés par Rembrandt
ne peuvent pourtant pas être contemplés sereinement. Nous
faisons l’hypothèse que l’abaissement extrême du divin, lié
au thème de la kénose, trouve pour corrélat l’évocation d’une
nature proche mais insaisissable. Le divin quitte la sphère de
l’éternité pour s’incarner. Renonçant à sa puissance, il devient
un bébé qui se contorsionne de peur (Fig. 1). D’une façon
comparable, la nature s’offre intime mais éblouissante, animée
par une énergie dont l’origine est difficile à localiser.
Nous commencerons par situer le travail de Rembrandt
dans la tradition topographique afin de mieux saisir son
originalité. Puis dans un second moment, nous analyserons
comment le paysage présente une mise en confusion du naturel
et du divin, susceptible de faire naître le sublime.
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(D)Écrire le Paysage
Un renouvellement de la tradition topographique ?
Les vues topographiques : embrasser le paysage
pour se sentir chez soi
L’analyse d’Eugène Fromentin aide à comprendre la particularité de la peinture que le peuple hollandais a inventée
après avoir conquis son indépendance politique et religieuse.
Cette peinture a pour objet le portrait de la Hollande, nation
dotée de mœurs spécifiques, vivant sur un territoire qu’elle
a modelé1.
Pour l’art italien, l’homme était la norme idéale de la beauté
et de l’intérêt de toute chose. La nature avait une fonction de
scène au sens théâtral du terme : de dispositif rendant possible
la représentation des actions humaines, voire de faire-valoir
de ces actions. Procédant à un décentrement, l’art néerlandais
donne à l’homme la place d’un observateur attentif, désireux
d’apprendre de ce qui lui étranger, voire de s’effacer devant
ce qui n’est pas lui.
Il s’agit de devenir humble pour les choses humbles […],
de les accueillir toutes sans omission ni dédain, d’entrer
familièrement dans leur intimité, affectueusement dans leur
manière d’être […]. Désormais le génie consistera à ne rien
préjuger, à ne pas savoir qu’on sait, à se laisser surprendre par
son modèle, à ne demander qu’à lui comment il veut qu’on
le représente2.
1. Eugène Fromentin, Rubens et Rembrandt. Les maîtres d’autrefois, Bruxelles,
éd. Complexe, coll. « Le regard littéraire », 1991, p. 149.
2. Ibid. p. 151.
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Le paysage gravé de Rembrandt : une manifestation du sublime ?
L’art hollandais innove en s’intéressant au monde naturel
compris comme réalité ayant une existence propre, non normée
par l’homme. Pour mieux observer celle-ci, l’artiste dessine.
Outil qui prend des mesures et analyse les formes, le dessin
est le préalable à la peinture et à la gravure3. Il témoigne d’un
rapport complexe à la nature, entre désir de découverte et
volonté de maîtrise.
Dessinateur, graveur et éditeur, Claes Jansz Visscher II
fonde le paysage topographique. Image réflexive, le Phare de
Zwanvoort (Fig. 2) introduit la série consacrée aux paysages
des environs de Haarlem. Alors qu’elle intègre le texte de la
table des matières comme si le spectateur était indifféremment
lecteur, cette gravure reprend le motif de la fenêtre, soit le topos
de la transparence de l’image depuis Alberti4. L’estampe se voit
attribuer la fonction d’un instrument de connaissance. Sur
le rebord de la fenêtre, apparaissent les outils de l’artiste. Au
centre, ceux du buriniste et de l’aquafortiste dont une plaque
gravée. À gauche, un carnet de notes et des plumes, à droite
les outils du peintre et une carte à moitié déroulée. L’estampe
a ainsi deux rôles documentaires : cartographier le pays en le
synthétisant sous forme de plan, donner à connaître des lieux
représentés en élévation, telle l’église gravée sur la plaque. Le
paysage à travers l’embrasure tient des deux modes de représentation. Perçu depuis une certaine hauteur, il est orienté par
le point de vue de l’artiste. Les pinceaux, pointes et appuiemain sont disposés à la manière d’index soulignant la direction que doit suivre le regard. Cette direction est effectivement
continuée par les lignes de force dessinées par le phare et les
dunes. Métaphore de l’œil de l’artiste, le phare le relaie au
sein de l’image. Offrant un certain recul, il éclaire un vaste
panorama. Saisissable en un coup d’œil, celui-ci présente de
3. Ibid. p. 155.
4. Leon Battista Alberti, De Pictura, Paris, Éditions Allia, 2010, I, 9.
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(D)Écrire le Paysage
minuscules détails qui restent lisibles, tels les marins sur la plage
qui halent un bateau. Cette image programmatique amène
à nuancer l’analyse de Fromentin. L’art néerlandais soumet
d’une nouvelle façon la nature au point de vue de l’homme.
Depuis le xvie siècle, la figure de la fenêtre, en mettant la
nature à distance, fonctionne comme « matrice » du paysage5.
Délimitant un champ visuel, la fenêtre sélectionne une parcelle
de nature. L’art transforme le fragment en lui donnant une
unité intrinsèque. L’encadrement et la construction perspective, qui fixe une place déterminée au spectateur, contribuent
à faire de la partie isolée une nouvelle totalité, maîtrisable
par le regard.
De cette façon, le Phare de Zwanvoort donne à voir un
panorama côtier perçu en forte plongée. L’intériorité du foyer,
suggérée par le cadre de la fenêtre, est reliée à l’infinité du ciel
et de la mer. Le graveur évoque d’emblée la difficulté d’appréhender son objet ainsi que les moyens qu’il a de l’enfermer
dans une représentation.
Facile à aménager, la Hollande est ouverte sur l’immensité. Celle-ci représente un défi pour les peintres. La notion
de paysage a en effet une simplicité intrinsèque. Elle désigne
l’étendue d’un pays qui se laisse entrevoir d’un coup d’œil,
enfermer dans une œillade6. Or comment embrasser du regard
la terre, le ciel et la mer, éléments fluides aux limites incertaines, qui ne cessent de se confondre7 ?
Les vues topographiques aident les Néerlandais à se sentir
pleinement chez eux. Leur première fonction est documentaire :
5. Victor Stoichita, L’instauration du tableau : métapeinture à l’aube des temps
modernes, Genève, Droz, 1999, p. 58 sq.
6. Robert, 2000. Dictionnaire historique de la langue française, Alain Rey (dir.).
Terme technique utilisé par les peintres pour désigner la représentation d’un lieu
déterminé, le mot paysage prend à partir de 1573 le sens visuel de « ce qu’on peut
embrasser par le regard ».
7. Paul Claudel, Introduction à la peinture hollandaise, Paris, Gallimard, 1935.
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donner à connaître ou à reconnaître des lieux parfois familiers.
Cette reconnaissance a aussi une portée symbolique : dans ces
lieux, le spectateur lit selon différents niveaux sémantiques
les valeurs que partage la communauté. Celles-ci s’enracinent
dans l’histoire récente. Portant les stigmates de la guerre,
les paysages cristallisent le patriotisme d’un peuple fier de
s’être libéré de la domination des Espagnols. Le motif des
monuments en ruines est fréquent, comme la tour de Huys
te Kleef détruite pendant le siège de Haarlem en 15738.
Par ailleurs l’« idéographie » religieuse est accessible aux
fidèles modestes, marqués par la langue très imagée des prêches
aussi bien qu’aux amateurs, aimant décrypter les jeux de mots
visuels9. Le Paysage de village de Jan Van Goyen10 présente
deux moyens concurrents de traverser la même rivière, le bac
et le pont. Josua Bruyn y voit une illustration du thème des
deux voies : la voie lascive désignée par le bac et la voie pieuse
évoquée par le pont, qui symbolise le Christ. Parcourir du
regard le paysage aide à s’exercer au discernement, ce qui est
utile pour traverser la vie présente.
La noblesse et la haute bourgeoisie cultivent quant à
elles une lecture pastorale. Devenues urbaines, les élites
aiment se retrouver sous les traits de bergers qui ressemblent
à des aristocrates. Elles goûtent la liberté du mode de vie
de l’ancienne noblesse campagnarde, qui tenait du loisir
antique (otium11).
8. Cette tour est représentée par Claes Jansz Visscher II dans la même série,
conservée au Rijksmuseum d’Amsterdam.
9. Josua Bruyn, « Le paysage hollandais du xviie siècle comme métaphore
religieuse », dans Catherine Legrand, Jean-François Méjanès et Emmanuel
Starcky (dir.), Le paysage en Europe du XVIe au XVIIIe siècles, Paris, RMN, 1990,
p. 67-87.
10. Jan Van Goyen, Paysage de village, Kunsthalle, Brême.
11. Alison MacNeil Kettering, The Dutch Arcadia. Pastoral art and its audience
in the golden age, Montclair, Allandheld, Osmun and Co, 1983.
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(D)Écrire le Paysage
S’ancrant dans un imaginaire commun, ces deux dernières
interprétations détournent le spectateur de la réalité effective
du paysage. Contrariant son désir de se sentir chez lui dans
son pays, la religion lui rappelle qu’il est un exilé de passage
sur cette terre, alors que la vision bucolique oriente son désir
vers le passé en lui donnant la nostalgie d’un pays qui n’existe
plus. Ces lectures contredisent la fonction documentaire, qui
évoque la matérialité concrète des Pays-Bas, façonnée par le
travail de leurs habitants.
Par la présence qu’ils donnent aux lieux, les paysages de
Rembrandt tiennent du documentaire. Ils s’en éloignent en
faisant apparaître une force qu’ils ne peuvent complètement
intégrer.
L’immanence insaisissable des paysages de
Rembrandt
Le plus souvent, les estampes de Rembrandt sont tirées de
l’observation. Mais seule la Vue d’Amsterdam (Fig. 3) présente
un lieu identifiable. S’inspirant du modèle des vues de villes
gravées par Pieter Bast12, Rembrandt en modifie les conventions. Sa Vue d’Amsterdam a un point de vue anormalement
bas. La terre n’occupe qu’un tiers de la dimension verticale,
tout le reste étant du ciel. Cela limite les moyens de suggérer la profondeur. Quittant son surplomb, l’artiste regarde
la campagne depuis sa propre hauteur13. L’effet d’immersion et d’immédiateté est accentué. Rembrandt renonce à
la vision claire et distincte, qui crée l’illusion que le regard
s’étend sans limites. Il offre le sentiment d’être plongé dans
une atmosphère lumineuse. Ses eaux-fortes n’incitent pas à
12. Pieter Bast, Vue de Leeuwarden depuis le sud, 1602-1645, burin, Rijksmuseum,
Amsterdam.
13. Christopher White, Rembrandt as an etcher, New Haven, Yale University
Press, 1999, p. 216.
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Le paysage gravé de Rembrandt : une manifestation du sublime ?
fuir un monde peu satisfaisant, mais à découvrir le sentiment
déroutant d’appartenir à la nature.
La proximité accroît le mystère. Arrachées à un moment14
et à un lieu déterminés, les eaux-fortes provoquent un effet de
surgissement. Dans la Grange à foin et le troupeau (Fig. 4), les
lignes floues, presque tremblantes, qui soulignent les masses
créent une atmosphère vibrante. Des détails infinitésimaux
sont perceptibles, tel le village dans le lointain à droite. De
façon surprenante, certains motifs plus proches sont difficiles
à lire : le cheval sur le dos, qui s’ébat dans une position inhabituelle, le berger et son troupeau en train de boire. Les reflets du
premier plan brouillent le regard, qui distingue mal les limites
entre le cours d’eau et la terre. Le rapport entre le lointain et
le proche sont donc inversés. Désorienté, le spectateur a du
mal à faire la mise au point. Nous découvrons l’expérience du
sublime, telle que la présente Clélia Nau. Paradoxalement, le
sublime est envahissant et insaisissable : alors qu’il reconfigure
l’espace pour le réduire à sa manifestation, aucune perspective ne peut l’embrasser15.
La confrontation aux limites de la perception – entre vision
suraiguë et aveuglement – empêche de saisir l’image comme
un tout. Aussi un paysage peu grandiose étonne-t-il. Habité
et cultivé, ce lieu résiste à son appropriation. La puissance
de la terre, celle de l’eau et celle des animaux s’y rencontrent,
sans que l’homme n’en ait la maîtrise.
Donnant à éprouver le choc d’une immanence insaisissable, les œuvres de Rembrandt ne peuvent être classées
parmi les vues topographiques. Celles-ci relèvent du paysage
14. Elles n’évoquent aucun moment précis du jour et ne sont perturbées par
aucun phénomène atmosphérique, mis à part les Trois arbres (Bartsch 212), qui
évoque l’imminence d’un orage.
15. Clélia Nau, Le temps du sublime, Longin et le paysage poussinien, Rennes,
Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 103. Longin, Du sublime, trad. Jackie
Pigeaud, Paris, Payot et rivages, 1993, XXXV, 2-3 ; XXXVI, 1.
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de la Renaissance par leur construction selon la perspective
linéaire ainsi que par le lien avec le locus amoenus. On a noté
l’importance matricielle de la figure de la fenêtre, qui symbolise le point de vue de la culture. Grâce au surplomb que cette
extériorité rend possible, la nature se transforme en spectacle,
soit le corrélat du regard d’un spectateur. S’offrant de manière
échelonnée, le paysage propose une promenade visuelle dont
les moindres détails sont l’occasion d’une délectation16. Cette
relation est perturbée par Rembrandt : le spectateur n’en est
plus réellement un. Il perd les repères qui aident à organiser
les sensations de la proximité et de l’éloignement, nécessaires
pour mesurer et parcourir un espace. Désormais immergé dans
la nature, l’observateur des estampes se soumet à ses forces et
participe à sa dynamique.
Objets de découverte, les vues topographiques suscitent un
effet agréable. Elles s’inscrivent dans la catégorie du paysage
idéalisé d’origine poétique, le locus amoenus, comme en
témoigne la présentation que fait Claes Jansz Visscher II de
sa série de paysages :
Les aspects variés des maisons, et les détours variés
Des chemins, toi qui as plaisir à les regarder, charmants
(amoenos) de tout côté :
Allez, remplis tes yeux avides de ces petits tableaux (tabellis)
sans aspérité.
Les environs boisés de Haarlem te les offrent17.
Le locus amoenus correspond à l’esthétique aristotélicienne
de la juste mesure. L’harmonie des choses éveille le plaisir du
beau. Les images s’offrent comme autant de « petits tableaux »,
16. Victor Stoichita, L’instauration du tableau…, p. 58 sq.
17. Claes Jansz Visscher II, Allégorie de la Création divine, Haarlem, le Temps et
la Diligence, page de titre de la série « Gezichten bij Haarlem », Rijksmuseum,
Amsterdam. Nous remercions Nicole Gengoux pour sa traduction.
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Le paysage gravé de Rembrandt : une manifestation du sublime ?
intrinsèquement unifiés malgré leur variété. Cette esthétique
s’accorde avec l’unité principielle du paysage en tant que lieu
donné à la contemplation. Développé à l’époque moderne par
les peintres flamands et hollandais installés à Rome tel Paul
Bril, le locus amoenus invite à explorer l’animation des différents
plans. Cette promenade imaginaire mène progressivement à la
quiétude de l’horizon, où tout s’estompe, voire s’efface.
Ainsi dans les paysages que Boetius A. Bolwert grave,
une figure présentée de dos ou de profil oriente l’observation. Les légumes de belle taille qui occupent le premier plan
du Paysage aux citrouilles et aux choux (Fig. 5) produisent la
fascination. Assise sous un arbre au feuillage délicat, la figure
aide à dépasser leur luxuriance pour apercevoir la ferme de
l’arrière-plan, dont la cheminée laisse échapper une fumée
évanescente. Donnant de l’épaisseur spatiale à la représentation, la figure permet au spectateur de s’y incorporer. Cette
épaisseur est transitoire car le paysage tend à se déréaliser.
Peu à peu le regard, atteignant les limites du perceptible, est
amené à s’éteindre, faute d’objet.
Le locus amoenus est ainsi à l’opposé du paysage sublime.
Alors que celui-ci inquiète parce qu’il est le lieu du surgissement, celui-là rend possible l’arrachement à l’agitation. Il éveille
un état comparable au « plaisir en repos » des épicuriens18. Les
paysages de Rembrandt suscitent l’étonnement et non l’apaisement. Ils s’apparentent au sublime plus qu’à l’agréable.
Une nature cultivée mais sublime ?
Un sublime à échelle humaine ?
Les estampes de Rembrandt sont très éloignées des paysages
inspirés du traité Du sublime de Longin, que la critique a reconnus
18. Clélia Nau, Le temps du sublime…, p. 107 sq.
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(D)Écrire le Paysage
dès le xviiie siècle comme tels19. Évoquant le chaos des éléments
ou tout au moins une violence latente, les œuvres de Poussin
et de Rosa provoquent l’émerveillement et la terreur.
La découverte du sublime rompt avec l’idée médiévale
selon laquelle tout dans l’univers est un vestige de la présence
divine, vestige dont l’opacité relative reste déchiffrable20. Le
sublime correspond à la découverte d’une altérité radicale
qui, en dessaisissant l’homme de ses prétentions à la maîtrise,
l’incite à se dépasser : le « paradoxal ».
De là vient que, poussés en quelque sorte par la nature,
ce ne sont pas, par Zeus, les petits cours d’eau que nous
admirons, malgré leur limpidité et leur utilité. Mais c’est
le Nil, le Danube et, bien plus encore l’Océan. […] Ce
qui est utile ou même nécessaire à l’homme est à sa portée ;
mais pourtant ce qu’il admire toujours, c’est l’inattendu
(paradoxon). […] Tout le reste montre que ceux qui s’en
servent sont des hommes ; mais le sublime les élève tout
près de la grandeur de pensée divine21.
Le sublime des paysages peut tenir à l’évocation du déchaînement des forces naturelles. Le Paysage avec Pyrame et Thisbé
de Poussin, en donnant à voir deux éclairs qui déchirent le
ciel orageux22, introduit un écart dans la simultanéité. Cet
écart figure la dimension sublime du temps : « que quelque
19. Helen Langdon, « Le Démosthène du sublime : Salvator Rosa et le sublime
du xviie siècle », in Caroline Van Eyck, Stijn Bussels, Maarten Van Delbeke,
Jürgen Pieters (dir.), Translations of the Sublime, the early modern reception and
dissemination of Longinus’Peri Hupsous in Rhetoric, The Visual Arts, Architecture
and the Theatre, Leiden/Boston, Brill, 2012, p. 163-184.
20. Ibid.
21. Longin, Du sublime, XXXV, 4-5 ; XXXVI, 1.
22. Nicolas Poussin, Paysage avec Pyrame et Thisbé, 1651, Städel Museum,
Francfort sur le Main. La représentation de deux scènes successives dans un
même tableau est devenue rarissime à l’époque classique.
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Le paysage gravé de Rembrandt : une manifestation du sublime ?
chose soit qui fasse soudain irruption, qui ne puisse être pensé
dans une succession23 ».
Ou bien le sublime naît du sentiment de l’infini. Le Songe
de Jacob de Rosa révèle des tensions. La force des grands rochers
et des arbres est contrariée par le tassement produit par le
format horizontal, comme si l’élan de la nature était entravé.
Portant les stigmates de la tempête, les troncs brisés se dressent
pourtant vers le ciel. L’échelle, où montent et descendent les
anges, occupe les pensées de Jacob endormi. S’inscrivant au
cœur du sensible, le songe ne le déréalise pas, mais concourt
à lui donner corps et mouvement. Comme faits de chair et de
sang, les anges montent vigoureusement les degrés, accompagnés par des nuages à la matérialité dense. Réciproquement le
paysage est plus qu’un simple décor. Il participe à l’énergie du
divin. N’ayant pas de limites perceptibles, l’échelle indique
le sens des forces qui animent le sensible : l’aspiration divine
à dépasser ce qui circonscrit la nature24.
Aussi le paysage sublime explore-t-il ce qui met au défi le
pouvoir de la représentation visuelle. Il présente des risques :
le chaos menace de détruire la composition, l’imminence
met à mal l’instantanéité, l’infini révèle la vanité du pouvoir
mimétique.
Rembrandt inaugure un nouveau sublime. Une force,
difficile à transformer en un objet localisable, perturbe la
cohérence de l’image. Un tel surgissement caractérise le
premier état de plusieurs estampes. Signé ou imprimé sur
du papier oriental luxueux, ce premier état est généralement commercialisé par Rembrandt, signe qu’il a le statut
d’œuvre et non d’essai. Son illisibilité le rend apparemment
23. Clélia Nau, Le temps du sublime…, p. 217.
24. Longin, Du sublime, XXXV, 5. Salvator Rosa, Songe de Jacob, fin des
années 1650, Chatsworth, coll. Devonshire. Voir https://www.chatsworth.org/
art-archives/devonshire-collection/paintings/jacobs-dream/ Dernière consultation
le 20 janvier 2020.
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(D)Écrire le Paysage
peu conforme au goût dominant. À cause de la densité des
barbes de la pointe sèche25, certains détails sont indistincts.
L’ombre devient énergie, puissance quasi autonome26. Entre
voilement et dévoilement, les choses prennent forme sous le
regard. Présentant ainsi des affinités avec les dessins esquissés, ces œuvres peuvent plaire aux amateurs. L’esquisse donne
en effet à ressentir le dynamisme naturel mieux que ne le fait
un tableau achevé27. Frappant par sa vivacité, elle permet de
voir plus que ce qui est réellement montré. Son indétermination communique une énergie à l’imagination, contrainte
de prolonger ce qui est évoqué.
Or comme le note Edmund Burke un siècle plus tard, l’inachèvement dans la nature ou dans l’art est l’une des sources
de « l’infini artificiel » :
Le printemps est notre saison préférée ; et les petits des
animaux, qui sont loin d’atteindre leur forme achevée,
nous procurent des sensations plus agréables que les adultes
parvenus au terme de leur croissance, parce que l’imagination, au lieu de se plier à l’actuelle donnée des sens, aime
à caresser la promesse d’un avenir. J’ai souvent trouvé plus
de plaisir dans une esquisse inachevée que dans le dessin
25. Rembrandt fait de la pointe sèche, alors utilisée pour graver l’esquisse
préparatoire sur la plaque, un médium à part entière. Cette technique contribue
à créer la couleur de l’estampe, car le graveur joue de la matière des barbes, résidus
de cuivre qu’il laisse le long des sillons gravés. À l’encrage et à l’impression, ces
résidus donnent des plages d’un noir mat et doux.
26. Voir le premier état du Paysage au pêcheur (Bartsch 213) conservé au British
Museum de Londres et reproduit par Christopher White, Rembrandt…, p. 236.
Conservés au Rijksmuseum d’Amsterdam, voir les premiers états du Paysage
à l’obélisque (Bartsch 227), des Trois chaumières (Bartsch 217), ainsi que le
troisième état du Paysage à la tour (Bartsch 218).
27. Voir Samuel Van Hoogstraten, Introduction à la haute école de l’art de
peinture, trad. Jan Blanc, Genève, Droz, 2006, § 28.
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Le paysage gravé de Rembrandt : une manifestation du sublime ?
le mieux fini ; ce que j’attribue à la cause dont je viens de
parler28.
L’idée de l’infini a pour origine une perception indistincte.
Ne percevant pas les bornes d’un objet, l’esprit est porté à
croire que celui-ci n’a pas de limites. Évocation du commencement, l’esquisse produit le même effet. L’imagination se
projette pour développer ce qui est en germe dans la sensation, le rendant aussi présent que s’il était réellement visible.
Aussi la grandeur du sublime n’est-elle pas une étendue
objective, mais « un entre-deux, ni simplement physique, ni
simplement idéal29. » Le sublime ne subsiste et se déploie que
grâce à l’imagination qui l’aide à résonner dans l’intériorité
du spectateur. Nul besoin pour un paysage d’être spectaculaire. Il lui suffit de confronter au mystère de la naissance des
choses pour être sublime.
Entre sublime et kénose
Nous supposons que Rembrandt donne à expérimenter
l’incorporation du divin dans la nature, voire la fusion de l’un
et l’autre en un nouveau tout. Se manifeste ainsi la tension entre
le sublime et la kénose. Formulée par Paul et réinterprétée par
Luther, la kénose est un dépouillement radical. En s’incarnant,
Dieu renonce à sa puissance et à son impassibilité. De ce fait,
les deux natures, humaine et divine, tendent à se confondre.
Devenu humain dans la personne du Christ, Dieu connait le
dénuement de l’enfance et souffre pendant la Passion30.
28. Edmund Burke, Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime
et du beau, trad. Baldine Saint Girons, Paris, Vrin, 2009, II, 11.
29. Baldine Saint-Girons, Fiat Lux, une philosophie du sublime, Paris, Quai
Voltaire, 1993, p. 95.
30. Voir Claire Charrier, « Luther et Rembrandt : une pensée de la kénose »,
dans Revue du Nord, t. 99, mai 2018, p. 565-588.
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(D)Écrire le Paysage
Loin d’être complètement transcendant, le divin s’offre
dans les paysages de Rembrandt. Le surnaturel transforme la
nature, comme s’ils se mêlaient l’un à l’autre et échangeaient
leurs qualités. Le divin se fait proche, tandis que le naturel
devient insaisissable. Le divin tient alors du sublime, au sens
d’une altérité immaîtrisable. Non défini par des limites objectives, il se donne pourtant à connaître. Impossible à embrasser, il se laisse toucher du regard.
C’est le cas des paysages où domine la pointe sèche. Une
énergie apparaît, excédant toute forme. Le Bouquet d’arbres
(Fig. 6) utilise la pointe à la manière d’une plume et d’un
pinceau, ce qui produit un espace très différencié. À gauche, de
grands arbres très esquissés s’élancent vers le ciel, puis le regard
s’enfonce dans une ombre profonde, trouée par un passage
lumineux. Lui succèdent un large massif où la lumière joue
dans les feuillages, puis finalement le dénuement de l’horizon. Fragmentée, la vision subit une succession de chocs,
entre aveuglement et éblouissement. Deuxième facteur de
discontinuité : le relief qui appelle un regard tactile. La suavité
des barbes contraste avec la piqûre des tailles les plus acérées.
Les zones d’obscurité, qui caractérisent les paysages et les
estampes religieuses à la pointe sèche, désorientent en ouvrant
un lieu de non-visibilité. Comme aucun objet n’est identifiable,
l’imagination ne peut actualiser l’idée d’infini. Invité à vivre
une expérience au sein même de l’image, le spectateur doit se
couler dans son rythme, se laisser entraîner par son énergie.
Le regard n’a plus les repères dont a besoin la vision pour
être totalisante et distanciée. Il acquiert les qualités de réceptivité d’un toucher humble, ouvert à la découverte de l’extériorité. L’effet doux et acéré de la pointe sèche produit une
« sublime douceur31 ». Cette expression est un oxymore,
depuis que Quintilien a distingué le style fleuri et doux, qui
31. Baldine Saint-Girons, Fiat Lux…, p. 491 sq.
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Le paysage gravé de Rembrandt : une manifestation du sublime ?
vise à plaire, du style véhément et sublime, qui émeut pour
contraindre à l’adhésion32. L’idée de douceur sublime concilie l’amour et la violence. L’amour n’est plus tant l’objet que
le sujet du médium : non ce qui est représenté, mais l’énergie
qui anime l’image. Nous supposons ainsi que le dynamisme
des paysages manifeste l’amour du Christ, qui remodèle le
sensible par sa douceur. Étant donné que toucher c’est être
touché, ressentir la suavité de l’image, c’est se laisser toucher
et emporter par sa force, celle d’un espace où les contraires
échangent leurs qualités.
Saint François en méditation (Fig. 7 et 8) aide à percevoir
la présence vivifiante du Ressuscité. François prie, séparé d’un
grand crucifix par un arbre majestueux qui introduit au sacré,
tel un oratoire naturel. Indéterminée, l’image évoque à la fois
l’extériorité et l’intériorité : sous l’action de la méditation la
statue devient vivante. Contrairement à la tradition théologique et iconographique, François n’accède pas à la vision
spirituelle du Christ séraphin, ailé et doté d’un corps subtil.
Cette union mystique produit les stigmates33, alors que le
François de Rembrandt retrouve la réalité sensible.
Au second état, l’espace fragmentaire devient plus unifié,
ce qui était suggéré devient tangible. François est saisi par
l’amour du Christ incarné. Il apprend à habiter le monde,
éclairé par l’Invisible. La disjonction entre matière et trait,
obscurité et lumière, laisse entrevoir des effets presque insensibles : l’écorce se transforme en feuillage, l’ombre se fait
lumière, de la mort naît la vie.
Partiellement esquissée encore au second état, l’image est
sur la voie de la complétude. Elle n’est pas totalisable, à la
différence d’un paysage que le regard peut embrasser. Aussi
32. Quintilien, De l’Institution oratoire, trad. M.C. V. Ouzille, revue par
M. Charpentier, Paris, Garnier, 1921, XII, 10.
33. Voir par exemple Lucas Vosterman, d’après Rubens, Saint François recevant
les stigmates, 1620. Burin. British Museum, Londres.
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(D)Écrire le Paysage
Rembrandt ne vise-t-il pas à s’approprier une part de nature
dont il ferait un tableau. Mais en laissant émerger une présence
qu’elle ne peut contenir, l’image évoque la nature sur le mode
de l’altérité. Expérimenter son dynamisme demande de se
laisser immerger et emporter par sa douceur.
Conclusion
Tout en s’inspirant de lieux qu’il a observés, Rembrandt
contrarie le projet des paysages topographiques. Ses estampes
ne permettent pas de jouir de lieux agréables et variés. Mais elles
incitent à redéfinir la place de l’homme au sein de la nature.
Le spectateur est confronté à une force qui le touche par sa
douceur. Désorienté, il perd le point de vue dominant qui
rend possible un regard englobant. D’observateur, il devient
témoin. Engagé dans l’image qui lui donne à connaître un
nouveau rapport au monde, il lui revient de préserver l’humble
grandeur qui habite toute chose. Il atteste alors le sublime
d’une présence qui sollicite sa participation pour s’inscrire
durablement au cœur de la réalité.
Bibliographie
Brugerolles, Emmanuelle, dir., L’Âge d’or du paysage hollandais, Paris, Beaux-Arts éditions, 2014.
Bruyn, Josua, « Le paysage hollandais du xviie siècle comme
métaphore religieuse » dans Legrand, Catherine, Méjanès,
Jean-François et Starcky, Emmanuel, dir., Le paysage en
Europe du XVIe au XVIIIe siècles, Paris, RMN, 1990, p. 67-87.
Burke, Edmund, Recherche philosophique sur l’origine de nos
idées du sublime et du beau, trad. Baldine Saint-Girons,
Paris, Vrin, 2009.
Fromentin, Eugène, Rubens et Rembrandt. Les maîtres d’autrefois, Bruxelles, 1991.
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Le paysage gravé de Rembrandt : une manifestation du sublime ?
Langdon, Helen, « Le Démosthène du sublime : Salvator Rosa
et le sublime du xviie siècle » dans Van Eyck, Caroline,
Bussels, Stijn, Van Delbeke, Maarten et Pieters, Jürgen,
dir., Translations of the Sublime, the early modern reception
and dissemination of Longinus’Peri Hupsous in Rhetoric, The
Visual Arts, Architecture and the Theatre, Leiden/Boston,
Brill, 2012, p. 163-184.
Longin, Du sublime, trad. Jackie Pigeaud, Paris, Payot et
Rivages, 1993.
Nau, Clélia, Le temps du sublime, Longin et le paysage poussinien, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005.
Saint-Girons, Baldine, Fiat Lux, une philosophie du sublime,
Paris, Quai Voltaire, 1993.
Stoichita, Victor, L’instauration du tableau : métapeinture à
l’aube des temps modernes, Genève, 1999.
Van Hoogstraten, Samuel, Introduction à la haute école de
l’art de peinture, trad. Jan Blanc, Genève, Droz, 2006.
White, Christopher, Rembrandt as an etcher, New Haven,
1999.
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(D)Écrire le Paysage
Fig. 1 : Rembrandt, Petite circoncision, Bartsch 48, 1 (1), v. 1630.
Eau-forte et pointe sèche, 89 × 63 mm. Rijksmuseum, Amsterdam.
Droits de reproduction : Rijksmuseum.
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Le paysage gravé de Rembrandt : une manifestation du sublime ?
Fig. 2 : Claes Jansz Visscher (II), Phare de Zwanvoort, extrait de la
série « Gezichten bij Haarlem », 1611. Eau-forte, 102 × 145 mm.
Rijksmuseum, Amsterdam. Rijksmuseum, Amsterdam.
Droits de reproduction : Rijksmuseum.
Fig. 3 : Rembrandt, Vue d’Amsterdam, Bartsch 210, 1 (1), 1638-1642.
Eau-forte, 111 × 152 mm. Rijksmuseum, Amsterdam.
Droits de reproduction : Rijksmuseum.
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(D)Écrire le Paysage
Fig. 4 : Rembrandt, Grange à foin et le troupeau, Bartsch 224, 1
(2), 1652. Eau-forte et pointe sèche, 82 × 175 mm. Rijksmuseum,
Amsterdam. Droits de reproduction : Rijksmuseum.
Fig. 5 : Boëtius Adamsz. Bolwert d’après Abraham Blomaert, « Paysage
aux citrouilles et aux choux », extrait de la série Landschappen met
boerderijen, 1614. Eau-forte, 154 mm × 242 mm. Rijksmuseum,
Amsterdam. Droits de reproduction : Rijksmuseum.
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Le paysage gravé de Rembrandt : une manifestation du sublime ?
Fig. 6 : Rembrandt, Bouquet d’arbres, Bartsch 222, 2 (2), 1652.
Pointe sèche, 122 × 211 mm. Rijksmuseum, Amsterdam.
Droits de reproduction : Rijksmuseum.
Fig. 7 : Rembrandt, Saint François en méditation, Bartsch 107, 1 (2),
avec teinte d’encre sur papier japon, 1657.
Pointe sèche, 180 × 241 mm. Rijksmuseum, Amsterdam.
Droits de reproduction : Rijksmuseum.
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(D)Écrire le Paysage
Fig. 8 : Rembrandt, Saint François en méditation, Bartsch 107, 2
(2), 1657. Pointe sèche et eau-forte, 179 × 244 mm. Rijksmuseum,
Amsterdam. Droits de reproduction : Rijksmuseum.
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