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AU JOUR DE HODIE JUST SO STORIES « Les cultes de l'ignorance disent que la connaissance de l'avenir nous prive de nos âmes, que la perte de notre faculté de choisir entre le bien et le mal nous dépouille de notre humanité. […] Tout le monde est manipulé, tout le monde est un produit de son époque. Et vice versa. Quoi que recèle ce futur immuable, je reste sûr d'une chose : ce que je suis est toujours un composant de ce qui l'a déterminé et continuera à le déterminer. Je ne peux demander de liberté plus grande. Ni de responsabilité plus importante. » Greg EGAN Axiomatique - LGF 2006 pages 54 & 60 Albert GALOY 7/04/2022 JUST SO STORIES « L’intelligence n’est pas ce que l’on sait, mais ce que l’on fait quand on ne sait pas. » Jean Piaget 1896-1980 Autrement dit, la proposition de Démocrite, philosophe grec du IVème siècle avant Jésus Christ, affirmant que « La parole est l’ombre de l’action. », est tout à fait appropriée et pertinente. En effet de l’ombre du passé à la lumière d’aujourd’hui pour éclairer nos actions de demain, il est nécessaire que l’on prenne la parole pour témoigner d’une connaissance qui suppose une action passée reproductible à l’avenir, non à l’identique, mais débarrassée des scories de nos erreurs. Si notre association créée en zone gris d’actualité se nomme, « Hier éclaire le présent pour demain », cela attribue de facto un sens à l’histoire mais aussi à l’avenir. Comprendre le passé serait-ce connaître l’avenir ? Nous oublions un peu rapidement que l’homme n’a imaginé son histoire que récemment, celle supposée de « l’être humain » n’a que quelques 4 à 5 millénaires tout au plus alors que les hominidés sont présents depuis plus de 200.000 ans. Le sens de l’histoire Qu’est-ce donc que le sens de l’histoire ? C’est une déduction formulée sur base de nos connaissances qui de manière empirique, mesurent les conséquences de toute chose révolue pour en déterminer la cause au présent. Donc chercher le sens des choses c’est revenir en arrière, trouver dans le passé la base d’un projet dont le but à venir se mesure déjà dans le présent. Comment procède-t-on ? Par téléonomie, « affirmation selon laquelle chaque chose possède un but auquel est impliqué la notion de projet sans quoi il n’y aurait pas de but et donc partant pas de sens ! »1 Dès que nous avons cerné ce but, nous faisons appel à une affirmation performative pour figer l’ensemble en la forme d’un postulat. Exemple : « la nature est un jardin créé par des forces divines en vue de servir de réserve alimentaire pour l’homme. Avoir imaginé cela, c’est donner par la religion du sens au monde. Or, nous savons que c’est l’homme qui a écrit ce récit, qu’il s’est cru inspiré ou, qu’il ait choisi d’y faire croire, importe peu. Écrit par l’homme, le sens de la nature a un but anthropocentrique de domination que justifie le verset 26 de la Genèse: « Puis Dieu dit : faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. […] Dieu créa l'homme et la femme. […] Et leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. » Le texte biblique contiendrait, selon Lynn White2, les composants fondamentaux d'une vision du monde en rupture complète avec le paganisme : alors que dans l'antiquité, chaque arbre, chaque source, chaque colline avait son propre « genius loci », son esprit protecteur du lieu, ou gardien spirituel, le christianisme aurait désacralisé le monde et permis l'exploitation de la nature. Cette idée a été combattue par le pape François dans son encyclique « Laudato Si ». Mais tous deux, Lynn White et le Saint-Père, aboutissent à la conclusion que seules une nouvelle religion ou une religion repensée permettent de promouvoir une nouvelle représentation du monde. Le collège des Bernardins a organisé divers colloques en abordant des thèmes écologiques par cette nouvelle approche : 1 Jacques, Monod. Le hasard et la nécessité. LE SEUIL. Points 43, 1970. Historien médiéviste américain, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles rendu célèbre par sa thèse sur « Les racines historiques de notre crise écologique » Conférence prononcée en 1966 à Washington. 2 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 3/18 JUST SO STORIES LES MARDIS DES BERNARDINS LA FIGURE SCIENTIFIQUE DE GAÏA Tim Lenton, professeur au sein du Earth system science, Université d'Exeter, Angleterre. Comprendre « L’hypothèse Gaïa » formulée dès 1970 par James Lovelock et Lynn Margulis. (Intervention en anglais) Voir la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=FKjVpyqOZ2w&feature=youtu.be LA THÉOLOGIE DE LA CRÉATION FACE À GAÏA P. François Euvé, théologien, directeur de la Revue Études, Centre Sèvres. S’appuyer sur l’œuvre de Teilhard de Chardin pour interpréter la spécificité du vivant à partir de l’interdépendance de toutes les créatures. Voir la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=T0DR09gC7mI&feature=youtu.be SUR L’EXIL GÉNÉRALISÉ DES MODERNES Bruno Karsenti, philosophe des sciences sociales ; directeur d’études, EHESS. Éclairer « l’exil généralisé » auquel sont contraints les modernes, qui ne savent plus « où atterrir », telle qu’elle fut décrite en particulier par Franz Rosenzweig, et qu’elle peut être opposée avec l’universalisme chrétien, notamment dans la conception juridique de Carl Schmitt. Voir la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=LwyywjRHci0&feature=youtu.be LE VOL DU SANG. RELIRE LA THÉOLOGIE CHRÉTIENNE À L’AUNE DE GAÏA Émilie Hache, philosophe ; maitresse de conférences, Université Paris Nanterre ; chercheuse associée au Groupe d’études constructivistes (GECo), Université libre de Bruxelles. L’encyclique Laudato si' du Pape François est célébrée, mais à aucun moment elle ne revient sur la domination masculine universelle, alors que l’Église chrétienne a largement contribué à l’entretenir au fil des siècles et qu’il s’agit d’une des causes du chaos politique et environnemental. Voir la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=9f-OyHRMMpw&feature=youtu.be L’HOSPITALITÉ OÙ LES CHEMINS D’UNE NOUVELLE DYNAMIQUE DU BIEN COMMUN Dominique Coatanéa, enseignante, chercheur au Centre Sèvres - Facultés Jésuites, Paris. Élargir la notion de bien commun de la sphère humaine à la sphère naturelle, en cultivant la vertu d’hospitalité jusqu’au niveau le plus originaire. Voir la vidéo https://youtu.be/jlfp9x-CldM 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 4/18 JUST SO STORIES GAÏA ET L’ANTHROPOCENTRISME CHRÉTIEN Jean-Louis Souletie, directeur de la faculté de théologie et de sciences religieuses, Institut Catholique de Paris. Trois critiques de l’anthropocentrisme venues du christianisme : les lettres de jeunesse de Teilhard de Chardin, l’œuvre de Jürgen Moltmann et l’encyclique du pape François. Voir la vidéo https://youtu.be/LEZ-vK16_qw « DU DOIGT, GAÏA DÉSIGNE LA TERRE, TOUT SIMPLEMENT » Isabelle Stengers, philosophe ; professeur de philosophie des sciences, Université libre de Bruxelles. Comprendre et développer la formule de Bruno Latour : « Du doigt, Gaïa montre la Terre tout simplement ». Voir la vidéo https://youtu.be/HYmld7IwI8g ESCHATOLOGISATION DE L'IMMANENCE ? L’AMAZONIE COMME TERRE PROMISE Eduardo Viveiros de Castro, anthropologue ; enseignant, Musée National, Rio de Janeiro. Ne faut-il pas que l’essence et le contenu de la religion soient ébranlés ? Voir la vidéo https://youtu.be/Q77KZ2ivUQg LE SOUCI DE GAÏA Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, professeure au Conservatoire National des Arts et Métiers, titulaire de la Chaire Humanités et Santé. Présentation de l’hypothèse Gaïa comme un « mensonge utile », en se référant à La République de Platon, et proposant d’élargir l’éthique du soin au rapport avec la Terre. Voir la vidéo https://youtu.be/LR1dFedxWog TERRE ET POÉSIE Jean-Pierre Lemaire, poète La poésie moderne avait déjà fait parler les fleurs, le ciel et les pierres, sans se limiter à la parole humaine. Voir la vidéo https://youtu.be/S5Pa21f6Gjs CONCLUSION P. Frédéric Louzeau, théologien, directeur du Pôle de recherche du Collège des Bernardins. Camille Riquier, professeur de philosophie et vice-recteur à la Recherche à l'Institut catholique de Paris. Voir la vidéo https://youtu.be/FxK-Ug47_cM 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 5/18 JUST SO STORIES Le sens de l’histoire Rappel : Le sens de l’histoire est une déduction formulée sur base de nos connaissances qui de manière empirique, mesurent les conséquences de toute chose révolue pour en déterminer la cause au présent. Donc chercher le sens des choses c’est revenir en arrière, trouver dans le passé la base d’un projet dont le but à venir se mesure déjà dans le présent. Comment procède-t-on ? Par la théologie ou la téléonomie. L’approche théologique C’est la discipline qui a pour objet d’étudier les questions religieuses en s’appuyant sur les textes sacrés, les dogmes et la tradition. Bref, tout est destin, car c’est écrit ! Et c’est dans l’écriture qu’il faut chercher les causes de ce que nous observons aujourd’hui. Si les écritures n’étaient pas supposées être l’expression d’un symbolisme occulte, ce serait assurément la voie la plus facile pour retracer l’histoire. Mais, si tous les mots pris séparément sont compréhensibles, leurs choix linguistiques douteux et contestables en vue de transmettre une vérité cachée ne permettent pas d’appréhender avec certitude la réalité de faits antérieurs. L’approche téléonomique La téléonomie est l’affirmation selon laquelle chaque chose possède un but auquel est impliqué la notion de projet, sans quoi il n’y aurait pas de but et donc partant pas de sens ! Cela nécessite pour toutes choses un statut particulier afin de figurer dans l’espace cognitif de notre entendement cartésien. C’est la démarche que Jacques Monod, biologiste français, lauréat du prix Nobel de médecine en 1965 , décrit dans son livre « Le Hasard et la nécessité »1. Puisqu’il faut partir d’un point situé au centre de l’espace temporel connu pour étudier l’histoire, et y établir les faits qui nous amènent à interroger le passé, définissons déjà ce moment qui nous occupe et qui s’appelle aujourd’hui., cette zone grise d’actualités. « Hui » est la forme déclinée du substantif « Hodie » et signifie en latin classique aujourd’hui. Hier nous fûmes, demain nous aurons été et ce n’est qu’aujourd’hui que nous sommes en vie. Or, Camus disait que : « La vie est la somme de tous vos choix. Alors que faites-vous aujourd’hui ? » Albert Camus. En ce qui concerne l’humanité, il y a de quoi s’interroger. Nous consommons sans limite, sachant que notre façon de vivre ne nous laisse que 3 ans avant que la dimension de la catastrophe climatique annoncée ne soit irréversible, nous affrontons toutes les variantes d’une pandémie qui aurait pu être évitée si nous n’avions été contaminés par de la viande d’animaux sauvages à peine comestible et nous assistons passivement aux prémices d’une troisième guerre mondiale en fournissant des armes au plus faible des belligérants dans le conflit ukrainien. Mais, personne ne se demande comment nous en sommes arrivés là. Pourtant l’histoire même contée et construite a posteriori est un enseignement qui aurait pu nous prévenir des maux que nous endurons ou que nous nous préparons à subir. Lorsque l’histoire ne percute plus notre présent, nous ne pouvons plus faire face à l’avenir et ne parvenons pas à le prévoir. 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 6/18 JUST SO STORIES Hodie et l’imprévu Nous n’avons pas vu venir la pandémie ni la guerre, car nous n’en avons plus la mémoire, nous ne vivons au présent que pour le moment présent. Nous vivons au jour de « hodie ». Le lapsus linguee qui nous a fait nommer le jour présent « Aujourd’hui », c’est-à-dire « au jour d’aujourd’hui » ou au jour le jour, en atteste. Freud aurait pu en faire mention dans son ouvrage psychopathologie de la vie quotidienne si l’usage de ce lapsus linguee ne révélait en fait un faux lapsus calami car intentionnel. En effet, il s’agit d’une manipulation grossière des linguistes médiévaux cherchant à légitimer une origine latine à tout mot ou expression de la langue française. Le but étant de démontrer que grâce à l’Empire carolingien, nous sommes les dignes héritiers de l’Empire romain par l’usage des codes législatifs, du parler franc qui devait être considéré comme une langue universelle et d’une même religion, religion d’état pour consacrer l’empereur. Qu’importe, me direz-vous ? Que Nenni, peu de gens ont le loisir comme nous de penser l’histoire sur le temps long. Tandis que dans le monde gronde la cacophonie que nos vanités humaines attisées par nos passions démesurées de prédateurs belliqueux transcendent avec dévotion, nous tentons d’expliquer les causes des désordres mondiaux et la cruauté des hommes. Par là, nous pensons la théorie de l’histoire qui n’est en fait que théologie de l’histoire. Les ingrédients de l’empire Nous devrions être attentifs à ce fracas qui nous renseigne sur l’immédiateté des évènements émergents de façon inexpliquée et de manière inattendue à l’échelle de l’histoire réelle de l’humanité. Pourtant les signes tels que l’interdiction, de la langue russe en Ukraine, de l’Église orthodoxe non russophone et des lois édictées en dehors du champ consensuel entre régions faisant partie autrefois d’un même état sont des ingrédients que Constantin ou Charlemagne auraient déjà relevés comme des fractures dans l’hégémonie d’un territoire. Je vous rappelle la recette pour constituer un Empire, il faut une langue unique, des lois semblables et une même religion ou récit politique, ce qui est la version moderne des textes sacrés. Mais ce qui se passe de manière patente en Ukraine est déjà latent en France avec ses régions qui demandent à exercer leur autonomie ou en Belgique, Suisse, Canada, Espagne, etc. Le château de cartes des empires et des états s’effondre par la base ukrainienne, mais cela avait déjà été le cas en Tchécoslovaquie devenue Slovaquie et Tchéquie, ou en Yougoslavie devenue Croatie et Serbie, etc. Tout cela anticipe un monde qui ne peut se prévoir d’une logique ancestrale parce qu’elle ne peut plus faire appel à son référentiel linguistique, juridique et religieux. Lynn White et François Ier ne s’y sont pas trompés, l’humanité a besoin d’un réenchantement spirituel. Hélas le passé n’est pas un lieu de résidence où l’on peut à sa guise rebâtir le socle d’un présent. Il est un lieu de référence duquel on ne peut qu’évaluer et interpréter la raison des choix civilisationnels humains et l’expression qui nous en est transmise au regard des traces réelles que nous pouvons considérer comme mesurables et incontestables pour la seule époque étudiée. Tout le reste n’est que manipulation ! Les hommes sont apparus dans ce monde il y a 200.000 ans et les traces d’une communication intelligible attestée par des peintures rupestres remontent à 20.000 ans à peine. Cela ne date donc que de quelques millénaires et c’est apparu quand le monde est devenu trop complexe pour agir seul. Cet art n’atteste que d’un fait que l’opinion se construit désormais sur des réflexions partagées. Mais quels en sont les thèmes théologiques ? 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 7/18 JUST SO STORIES Hodie est aujourd’hui le jour de Pessa’h Alors, parlons des dix plaies destinées à montrer à Pharaon la toute-puissance du dieu des Hébreux, Yahvé.3 Le sang Pharaon persistait dans son refus de libérer les enfants d’Israël, Moïse et Aaron l’avertirent que Dieu les punirait lui et son peuple. Et tout d’abord, les eaux de la terre d’Égypte se changeraient en sang. Moïse descendit avec Aaron vers le fleuve. Et Aaron leva son bâton, frappa les eaux et les changea en flots de sang. Tout le peuple d’Égypte et le roi lui-même contemplèrent ce miracle ; ils virent les poissons mourir tandis que le sang coulait sur la terre ; et ils se détournaient avec dégoût de l’odeur désagréable qui se dégageait du fleuve sacré. Les poissons moururent dans les rivières et dans les lacs, et pendant une semaine entière, hommes et bêtes souffrirent d’une horrible soif. Cependant, Pharaon ne céda pas. Les grenouilles Après un avertissement en temps voulu, la seconde plaie s’abattit sur l’Égypte. Aaron étendit sa main sur les eaux d’Égypte, et les grenouilles s’assemblèrent en foule. Elles couvrirent chaque pouce de terrain, et pénétrèrent dans les maisons et dans les chambres. Alors, Pharaon prit peur, et demanda à Moïse et à Aaron de prier Dieu pour qu’il éloigne le fléau, promettant que cette fois-ci il libérerait le peuple juif. Mais aussitôt que les grenouilles eurent disparu, il rompit sa promesse et refusa de laisser partir les enfants d’Israël. La vermine Alors, Dieu ordonna à Aaron de frapper la poussière du sol avec son bâton, et à peine l’eût-il fait que dans toute l’Égypte la vermine monta de la poussière et couvrit le pays. Hommes et bêtes souffrirent d’indescriptibles souffrances à cause de cette terrible plaie. Bien que ses conseillers lui aient signalé que c’était certainement là une punition divine, Pharaon endurcit son cœur et resta implacable dans sa décision de garder les enfants d’Israël en esclavage. Les bêtes sauvages La quatrième plaie qui harcela les Égyptiens consista en hordes d’animaux sauvages errants dans toute la campagne et détruisant tout sous leurs pas. Seule la province de Gochène où demeuraient les enfants d’Israël fut épargnée par cette plaie comme elle l’avait été par les précédentes. À nouveau, Pharaon promit sincèrement de laisser partir les juifs dans le désert à condition qu’ils n’aillent pas trop loin. Moïse pria Dieu et les animaux sauvages disparurent. Mais aussitôt qu’ils furent partis, Pharaon retira sa promesse et refusa d’accorder ce que Moïse lui demandait. La peste Alors, Dieu envoya une épidémie mortelle qui tua la plupart des animaux domestiques des Égyptiens. Ils eurent, en plus l’humiliation de voir les animaux des Israélites entièrement sains et saufs. Cependant, Pharaon endurcit encore son cœur et refusa de laisser partir les Israélites. 3 Source Wikipedia 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 8/18 JUST SO STORIES Les ulcères Alors arriva la sixième plaie, qui fut si pénible et si odieuse qu’elle dut frapper le peuple d’Égypte d’horreur et d’angoisse. Dieu ordonna à Moïse de prendre de la suie du fourneau et de la répandre vers les cieux ; et à peine Moïse eut-il obéi que les ulcères s’ouvrirent sur le corps des hommes et des bêtes à travers tout le pays d’Égypte. La grêle Quand Moïse étendit son bâton, la grêle tomba à verse, avec violence. Un tonnerre assourdissant gronda sur la terre, et les éclairs fendirent les cieux, laissant des traînées de flamme sur le sol. La grêle accomplit son œuvre de destruction. Hommes et animaux qui s’exposèrent à sa fureur moururent sur place. Les herbes furent dispersées au vent, et les arbres tombèrent fracassés au sol. Pharaon fit chercher Moïse et reconnut ses péchés : « Le Seigneur est juste, ditil, et moi et mon peuple avons été mauvais. Implorez le Seigneur, car c’en est déjà trop, que le tonnerre et la grêle s’arrêtent, et je vous laisserai partir, et vous ne resterez pas davantage. » Moïse répondit : « Dès que je serai sorti de la ville, j’étendrai mes mains vers le Seigneur. Le tonnerre cessera et il n’y aura plus de grêle, afin que vous sachiez que la terre appartient au Seigneur. » Et tout se passa comme Moïse l’avait dit : la tempête cessa, mais le cœur du Pharaon resta dur. Les sauterelles Jamais dans l’histoire humaine il n’y avait eu d’invasion de sauterelles aussi dévastatrice que celle-ci. Elle amena la ruine complète de l’Égypte, déjà entièrement ravagée par les catastrophes précédentes. À nouveau Pharaon fit venir Moïse et Aaron et les supplia de prier Dieu d’arrêter le fléau. Moïse s’exécuta, et Dieu envoya un violent vent d’ouest, qui précipita les sauterelles dans la mer. Quand la délivrance fut accomplie, l’obstination s’empara à nouveau de Pharaon, et il refusa de libérer le peuple d’Israël. L’obscurité Alors survint la neuvième plaie. Pendant plusieurs jours, toute l’Égypte fut enveloppée d’un voile épais et impénétrable de ténèbres. Mais tous les Juifs ne furent pas épargnés par cette plaie. Il y en avait un certain nombre qui préférait être considéré comme des Égyptiens. Ils moururent pendant les jours d’obscurité. La mort des premiers-nés À minuit exactement, poursuivit Moïse, Dieu passera sur l’Égypte et frappera tous les premiersnés, hommes et bêtes. Parmi les enfants d’Israël cependant, personne ne mourra. Une clameur de détresse parcourra l’Égypte, et tous les Égyptiens seront frappés de terreur, craignant de mourir tous. Alors, Pharaon lui-même se mettra à la recherche des chefs des Hébreux, et les suppliera de quitter l’Égypte sur-le-champ. Sur ces paroles, Moïse et Aaron quittèrent Pharaon qui bouillait de rage. “That’ all folks !” Voilà comment se termine cette histoire en pity end, comme un mauvais cartoon américain. 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 9/18 JUST SO STORIES Le bien et le mal, fondateurs de l’humanité Tout est mal qui finit bien, car le bien triomphe du mal, les juifs ont exterminé de nombreux Égyptiens et quelques juifs transfuges qu’il est légitime de considérer comme ennemis. Car Sapiens sait distinguer le bien du mal. Ce sont là des concepts que nous avons forgés de toutes pièces pour pouvoir nous comparer entre nous. Et aujourd’hui cette comparaison nous sert à poser les bases d’une narration médiatique unanime en vue d’une vision pré-historique du conflit entre ukrainien d’une part et russe ou ukrainien russophile d’autre part avec Poutine dans le rôle du Pharaon et Zelensky dans celui d’Aaron tandis que Von der Leyen se prend pour Moïse. Mais distinguer le bien et le mal chez l’homme n’est-ce pas absurde et complètement subjectif, relevant au plus d’un accord consensuel actuel qui ne résistera pas à de multiples réécritures et interprétations de l’histoire. De toutes façons, cela ne marche que pour les humains. En effet, se pose-t-on la question de savoir si le poisson ou l’arbre connaît la différence entre le bien et le mal, entre Rousseau ou Hobbes ? C’est-à-dire selon la vision du philosophe, l’enfant gentil à la naissance que la société pervertit, et la vision de l’économiste selon lequel l’être est égoïste de naissance. Revenons à la notion du bien et du mal qui sont les dualités sur lesquelles nous rédigeons nos histoires théologiques. Mais, l’ultime Réalité de ce monde est ailleurs selon le professeur Christian de Duve, prix Nobel de médecine en 1974 : « Pour moi, l’Univers, qu’il soit unique ou issu d’un multivers, reste signifiant par la nature de son contenu. D’où ma notion d’« Ultime Réalité » »4. Le dualisme entre bien et mal est-il une maladie infantile du raisonnement humain que l’homme sénile ne se résignerait à accepter qu’à l’aube de sa mort ? Est-ce ce qui fait dire au professeur de Duve dans le même ouvrage : « Après le vrai et le beau, le bien, cette facette de l’Ultime Réalité qui distingue ce qui est bon et ce qui est mal, non pas sous la forme de commandements ou d’interdits, mais, dans son essence, le simple fait qu’une telle distinction existe et fait partie de cette Réalité. À nous de définir, en tenant compte des droits des individus et des intérêts supérieurs de la société, les comportements pratiques à ranger dans I’une ou l’autre catégorie. C’est l’objet de la morale, ou éthique, dont les règles doivent nécessairement varier en fonction des circonstances. »,5 et j’ajouterais d’époque ou de Hodie. Alors, admettons que sa première proposition selon laquelle « l’Univers reste signifiant par la nature de son contenu » soit vraie, cela voudrait dire sur base de la seconde, selon laquelle « nous aurions la capacité morale et éthique de distinguer le bien du mal », que l’homme s’est écarté de la nature du contenu de l’Univers ou pour être plus Spinoziste de Gaïa. Et là, je fais allusion à la PROPOSITION IV de l’Ethique, où Spinoza nous dit : « Il ne peut pas se faire que l’homme ne soit pas une partie de la Nature, et puisse ne pâtir d’autres changements que ceux qui peuvent se comprendre par sa seule nature et dont il est cause adéquate.»6 Christian De Duve, De Jésus à Jésus… en passant par Darwin, p. 78 Ibid Page 85 6 Baruch Spinoza, Éthique, p. 365 4 5 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 10/18 JUST SO STORIES Mais, au professeur de surenchérir par rapport au bien et au mal de l’histoire de l’humanité, bien différente de celle de l’univers et de la terre elle-même qui fut en équilibre avant le désencastrement de l’homme, notion développée par Karl Polanyi7 à laquelle je reviendrai lorsque l’on abordera l’économie. Le professeur de Duve termine donc son livre en écrivant : « C’est ici que je reviens à mon propos initial. Il nous faut des guides. Et, parmi ceux-ci, Jésus s’impose manifestement par son message, qui, adapté aux exigences de notre temps et aux vicissitudes de la condition humaine, rejoint l’Ultime Réalité par une facette qui résume toutes les autres : l’Amour.»8 L’Amour est l’issue du combat théologique entre le mal et le bien et consacre l’essence divine selon Paolo Coehlo, pour qui le mal doit se manifester pour que nous comprenions la valeur du bien. Dans son livre, Le démon et Mademoiselle Prym, l’écrivain nous expose cette théorie : « Il se leva, ouvrit la Bible au hasard, comme il avait l’habitude de le faire quand il avait besoin d’une réponse. Il tomba sur le passage où, lors de la Cène, le Christ demande que le traître le livre aux soldats qui le recherchent. Le curé passa des heures à méditer sur ce qu’il venait de lire pourquoi Jésus avait-il demandé que le délateur commette un péché ? « Pour que s’accomplissent les Écritures », diraient les docteurs de l’Église. En tout état de cause, pourquoi Jésus avait-il induit un homme au péché et à la damnation éternelle ? Jésus ne ferait jamais cela. À vrai dire, le traître n’était qu’une victime, comme lui-même. Le mal devait se manifester et jouer son rôle afin que le bien puisse finalement l’emporter. S’il n’y avait pas de trahison, il n’y aurait pas le calvaire, les Écritures ne s’accompliraient pas, le sacrifice ne servirait pas d’exemple. »9 Cependant même si les deux sont en présence, le choix entre les deux se fait selon les circonstances comme disait le professeur de Duve ou selon l’acception de l’époque où nous jugeons les faits. Notre vérité a les deux visages du bien et du mal que l’on dévisage en envisageant les circonstances. Et ce choix relève du libre arbitre de chacun qui nous est nécessaire pour accéder à l’Amour. « Saint Savin et le brigand Ahab avaient les mêmes instincts, le Bien et le Mal luttaient pour les conquérir, de même qu’ils luttaient pour conquérir toutes les âmes sur terre. Quand Ahab comprit que Savin était son égal, il comprit également qu’il était l’égal de Savin. Tout était une question de contrôle. Et de choix. Rien d’autre. »10 Le libre arbitre Dans ce livre, il apparaît de manière flagrante que le mal occupe le terrain des âmes sur terre ! Il est donc nécessaire de s’élever pour échapper au mal et faire triompher le bien. L’amour exalte, certes, mais la mort libère également l’homme de cette souffrance. Or, si nous avons le choix, cela veut dire que nous avons cette option de notre vivant. Alors, comment faire pour exercer notre libre arbitre ? Économiste hongrois du vingtième siècle. Idem notebas de page 5 9 Paulo Coelho, Le démon et mademoiselle Prym, p. 191 10 Idem p. 246 7 8 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 11/18 JUST SO STORIES La volonté et la confiance en soi Nous devons nous demander : « Pourquoi l’oiseau se pose-t-il sur la branche parce qu’il croit que la branche ne cassera pas. Pas du tout, mais parce qu’il a confiance dans ses ailes. »11 C’est la volonté d’agir et la confiance dans ses capacités de réalisation du bien qui nous permettent de nous élever vers la perfection de l’individu. En quoi cet enseignement tiré du mécanisme dualiste de notre histoire de l’humanité peut-il servir l’humanité face aux périls de demain ? En acceptant que notre culture se fonde sur ces valeurs du bien et du mal comme les masques du double visage de Janus bifront, dont l’un est tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir, l’humanité se présente comme le fanal d’un phare pour communiquer avec l’avenir en évoquant le passé, mais en oubliant que dans le phare nous n’avons jamais allumé de lumière. Cela explique que les actes incongrus que posent les hommes ne se cherchent de justifications qu’au travers des usages qu’ils entendent en faire. Nous appelons cela la grandeur de la nation lorsqu’il s’agit d’interpréter a posteriori les motivations belliqueuses qui ne sont en réalité que des manifestations pulsionnelles animées elles-mêmes d’un passé que nous interprétons. En fait, le désir du libre arbitre fait que nous ne vivons jamais de manière légitime dans la réalité du présent parce que nous sommes déracinés. Le déracinement Selon Simone Weil, la philosophe humaniste du siècle dernier : « un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. »12 Il est là le problème, on ne peut ressusciter ce qui n’est plus vivant dans notre culture par une interprétation de l’histoire. L’histoire des peuples mondialisés n’est plus qu’un fatras de traces et de ruines sans liens, nous pouvons nous émerveiller devant des pyramides ou des mausolées en scrutant les hiéroglyphes ou les runes, nous amuser à en interpréter la portée spirituelle de récits réinventés pour l’occasion, mais leurs enseignements ne font plus partie de notre quotidien parce que la chaîne spirituelle et intellectuelle en a été rompue. Hodie or not hodie Certains ont confondu les jardins des épicuriens où femmes, hommes et esclaves confondus cherchaient l’ataraxie (la paix de l’âme) avec le consumérisme où, aujourd’hui, les humains se croient libres en devenant esclaves de leurs plaisirs au jour le jour. Pour atteindre le sommet de la montagne, les consommateurs sont comme Sisyphe, contraint à un travail permanent et répétitif afin de percevoir un salaire qui leur permet de consommer avant de reprendre le travail en vue de consommer à nouveau. Il faut toujours recommencer, mais il n’y en a que très peu qui peuvent prétendre atteindre des sommets que d’autres rêvent 11 12 Citation entendu lors d’une conférence de Thierry Whatelet le 30 mars 2022 au palais des congrès de Nantes. Simone Weil, L’enracinement, page 61 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 12/18 JUST SO STORIES d’atteindre, car les théories économiques de Milton Friedman13 et de Ayne Rand14 ont ouvert la voie à la méritocratie par l’égoïsme. On est loin de la participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité préconisée par Simone Weil pour espérer s’enraciner. Cette méritocratie est jugée à l’aune de la compétitivité et draine dans son sillon la misère des perdants, l’extinction des espèces et la destruction de notre environnement. Où est la sortie de secours ? La politique a remplacé la religion en guise de récit commun de l’humanité, mais sans espoir de trouver le salut des âmes livrées aux répugnances d’un individualisme favorisé par la cupidité. Or cette âme, que nous pressentions comme lien entre le passé et le futur et qui nous habitait, animait notre existence d’espoir. Karl Polanyi décrivit ce qu’il nommait le désencastrement de l’homme de son milieu naturel. Mais , voyons d’abord comment du point de vue de l’économie, celui-ci considérait le récit historique de l’humanité : L’histoire, « Cette illusion fondatrice de l'économisme décompose n'importe quelle activité humaine en fins et moyens et rationalise l'usage des moyens sous la forme d'une rationalité instrumentale intemporelle. Cela conduit à inverser les perspectives en projetant vers le passé des catégories qui, selon Polanyi, n'appartiennent qu'à une société de marché idéalisée, et a pour conséquence d'éliminer la plus grande partie de l'histoire de l'homme de la scène. Ce qui crée finalement « un paysage artificiel n'ayant que peu de ressemblance voire aucune, avec l’original ».»15 C’est mon propos lorsque je vous disais que la mondialisation nous a déracinés de notre histoire. Seule une centaine de peuples non contactés16 ayant échappé à la mondialisation n’ont pas rompu avec leur passé et connaissent la vérité de leur histoire qu’ils nourrissent au quotidien de leur réalité. Selon Karl Polanyi, « L'idée d'un marché s'ajustant lui-même était purement utopique. Une telle institution ne pouvait exister de façon suivie sans anéantir la substance humaine et naturelle de la société, sans détruire l'homme et sans transformer son milieu en désert. »17 Et puisqu’on peut se référer à des écrits du passé pour expliquer les évènements sans en chercher l’évolution, mais en étudiant la manifestation des principes dont ils témoignent, citons que : «Pour Polanyi, l'Athènes antique est la démonstration empirique que les « formes d'intégration» (de l'économie dans la société) que sont la redistribution, la réciprocité et l'échange marchand peuvent être combinées en un système cohérent, comme si l'efficacité provenait plus sûrement du métissage de ces formes que de l'emprise de l'une (le marché) sur toutes les autres.»18 Milton Friedman (1912-2006), économiste américain, prix Nobel d’économie en 1976 dont l’ouvrage le plus connu est Capitalisme et liberté dans lequel il défende sa thèse de la liberté de marché. 14 Ayn Rand (1905-1982) Philosophe et romancière américaine d’origine russe, juive athée connue pour sa philosophie ojectiviste. Elle a écrit plusieurs livres dont le principal est la Vertu de l’égoïsme. 15 Nadjib Abdelkader, Jérôme Maucourant et Sébastien Plociniczak, Karl Polanyi - l'imaginaire économique, p. 37 16 https://www.survivalinternational.fr/peuplesnoncontactes/qui-sont-ils 17 Ibid 15, page 32 18 Ibid 15, page 28 13 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 13/18 JUST SO STORIES Nous avons depuis longtemps la solution Fabrice Bonnifet, directeur du développement durable chez Bouygues et Céline Puff d’Archvili nous disent dans leur livre « L’entreprise contributive » : « Connaissez-vous la métaphore de la respiration ? Personne ne vit pour respirer, on vit parce qu'un « pourquoi » nous anime un projet, une famille, un amour -, bien que respirer soit vital. L'argent est la respiration de l'entreprise, mais il ne peut pas être sa raison d'être ni sa vision, que ce soit pour le dirigeant ou pour ses salariés. Ce qui motive le plus et le plus longtemps, c'est le sens d'une activité, en termes d'utilité sociale et environnementale, donc la raison d'être de l'entreprise. »19 Hélas comme nous l’avons vu, le consumériste a lui-même déjà accepté que sa raison d’être est l’argent. Pour changer cela, il faut réenraciner l’humain dans le monde et le réincarner dans la société. Il n’y aura plus de travail pour tous dans le monde de demain alors par solidarité, nous devons partager les richesses entre les vivants en laissant la nature rééquilibrer le cycle de la vie et en vue de créer un monde plus juste, nous aurons à ériger les bases d’une économie basée sur la rémunération majorée par l’effort et non par la compétitivité. Pour comprendre, le mal qui sévit en Europe aujourd’hui et comme dirait Serge Lama à l’heure où les hommes sont vrais, je vous proposerai en fin de ce travail, quatre livres. Si j’ai tenu à citer la chanson de Serge Lama, c’est que contrairement à l’adage « il y a loin de la coupe aux lèvres ». Entre l’Amour et la Haine, le bien et le mal, il y plus de proximité ou d’adéquation parfois qu’il n’y paraît. Tout dépend du juge et de notre libre arbitre ! Par Amour, pour quelqu’un ou pour certains, on peut haïr, l’autre ou les autres avec un sentiment de parfaite légitimité. C’est lorsque l’écueil de cette propension humaine s’exprime au travers de ses passions prises comme valeurs sans que l’homme se rende compte que ses actes seront évalués à l’aune de cette dualité moralisatrice et éthique, que les hommes ont l’air vrais. Cette effroyable authenticité est omniprésente dans l’œuvre de Ričardas Gavellis. Mais ces hommes tous ces hommes ont l’air vrais au travers des romans que je vous ai référencés. Martin Schluse (Inconnu à cette adresse), Arnor (Illska), Henri Osewoudt (La chambre de Damocles), ou Vyatautas Vargalis (Vilnius Poker). Ces bifronts n’ont plus qu’un seul visage, celui du mal qui est le vrai visage de l’homme perverti par des désirs de pouvoir et de dominations, mais aussi d’amours inavouables. Voici le texte de la chanson de Serge Lama : Mariage d’un jour Mariages d'un jour sans passion, sans argent À cette heure où la ville est une salle d'attente Mariages de paumés à la barbe des gens Pleine de va nu-pieds, de putains, et de tantes Dans un hôtel pouilleux ou au bois de Vincennes Mariages parfaits de l'ombre et du soleil Noces sans lendemain, amour d'un seul réveil Ou debout sous un pont sur les bords de la Seine Comme les chiens perdus engendrent les bâtards Avec toi, avec moi, avec lui, avec l'autre Combien d'enfants sans nom j'ai fait sur les boule- C'est ainsi que Jésus a choisi ses apôtres vards 19 Fabrice Bonnifet Céline Puff Ardichvili, L'entreprise contributive, p. 73 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 14/18 JUST SO STORIES J'aime ces heures-là où les hommes ont l'air vrai Vont et ne mettent pas leurs bottes dans la boue Ils arrachent leurs masques exhibent leurs portraits Ils rient du bruit joyeux de nos pieds dans les flaques Vrais comme un papillon à la lueur des lampes Comme au confessionnal, comme aux feux de la Et du cri des bourgeois que les voyous attaquent rampe J'aime ces heures-là où les hommes ont l'air vrai Les soldats humiliés par les filles sans cœur Ils arrachent leurs masques exhibent leurs portraits Aiment les filles qui se donnent pour des fleurs Vrais comme un papillon à la lueur des lampes Les filles de joie se font une douce violence Et s'offrent un général pas sorti de l'enfance Comme au confessionnal, comme aux feux de la rampe La nuit ne dit-on pas que tous les chats sont gris Et les hiboux hideux ressemblent à des perdrix Docteur Jekyll s'en va, il quitte le 16ème Pour jouer les Dracula près de celle qu'il aime Les aveugles contents de l'être moins que nous Mariages d'un jour sans passion, sans argent Mariages de paumés, à la barbe des gens Dans un hôtel pouilleux ou au bois de Vincennes Ou debout sous un pont sur les bords de la Seine Quatre livres éclairant le côté sombre des hommes vrais par les thématiques que l’on rencontre en temps de guerre. Ces ouvrages font référence à la Deuxième Guerre mondiale, mais pourraient être ceux que les événements de la guerre actuelle entre la Russie et l’Ukraine auraient inspirés à leurs auteurs : • L’impact de la propagande sur l’opinion des intellectuels : o Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor paru à frais d’auteur en 1938 et réédité régulièrement par de prestigieuses maisons d’Éditions dont les Éditions Autrement qui en fit un livre de poche en 1999. Inconnu à cette adresse (titre original en anglais : Address Unknown) est le premier livre de l'écrivaine américaine Kathrine Kressmann Taylor, écrit sous le nom de plume Kressmann Taylor, publié pour la première fois dans sa version intégrale dans Story Magazine en 1938 aux États-Unis, soit un an avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale Il prend la forme d'une correspondance épistolaire fictive étalée du 12 novembre 1932 au 3 mars 1934 entre deux très bons amis, Martin Schulse, 40 ans, allemand marié et père de trois garçons, et Max Eisenstein, 40 ans, célibataire d'origine juive, associés de longue date dans une affaire prospère de commerce de tableaux à San Francisco, la Galerie Schulse-Eisenstein. En 1932, Martin retourne vivre à Munich et échange avec son ami et associé. Il fut l'objet d'une adaptation cinématographique en 1944, réalisée par William Cameron Menzies. Allemagne, 1932. Martin Schulse, sa femme et leurs enfants sont allemands "de souche". Max est un juif américain d'origine allemande. Ils sont amis, et marchands de tableaux. La sœur de Max, une comédienne prénommée Griselle, a été la maîtresse de Martin. Martin est de plus en plus tenté par le nazisme montant ; il écrit : « Franchement, Max, je crois qu’à nombre d’égards, Hitler est bon pour 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 15/18 JUST SO STORIES l’Allemagne, mais je n’en suis pas sûr ; […] il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d’un fanatique. Mais je m’interroge : est-il complètement sain d’esprit ? » Martin monte en grade dans la société nazie et finalement, en 1933, renie son amitié pour Max et lui annonce qu'il ne peut ni ne veut plus correspondre avec un juif, notamment en raison de la censure et de la police politique qui lit tous les courriers. Max lui écrit pourtant encore une dernière fois, pour lui demander de veiller sur sa sœur, Griselle qui vient de se produire sur la scène berlinoise. La dernière lettre de Max adressée à sa sœur lui est retournée avec la mention inconnu à cette adresse, ce qui signifie qu'elle a sans doute disparu. Max s'inquiète, tandis que Martin lui écrit avec mépris que Griselle s'est « conduite comme une imbécile », et que, poursuivie par une patrouille nazie, elle a couru trouver refuge chez lui. Martin lui a ouvert sa porte, Griselle a demandé à Martin de l'aider, mais il lui a répondu qu'il ne pouvait pas l'héberger, mais qu'elle pouvait courir de l'autre côté du parc. Mais les SA l'ont attrapée et l'ont tuée. La réaction de Max est à la hauteur de son désespoir, et sa vengeance est de faire subir le même sort à Martin. Il lui écrit, sachant que la police nazie surveille le courrier, en lui inventant une famille juive et en faisant croire à la censure qu'il y a un code entre Max et Martin. Par des messages en codes grossiers (reproductions « Picasso, 17 par 81, en rouge », « Rubens, 15 par 204, en bleu et jaune ») pour que les nazis croient à un langage codé. Martin répond désespéré, avec les mêmes supplications que lui avait adressées Max pour sauver sa sœur, qu'il ne faut pas lui écrire ainsi, qu'il risque sa vie si on le fait passer pour juif et comploteur. Mais Max continue inexorablement ses lettres, jusqu'à ce qu'il en reçoive une dernière, avec la même mention, synonyme de capture et de mort : inconnu à cette adresse, qui signifie qu'il a été tué ou bien déporté. • L’impact des événement sur l’éclatement de la personnalité : o La chambre noire de Damoclès de Willem Frédérique Hermans paru en néerlandais sous le titre De donkere kamer van Damokles aux Éditions De Bezige Bij en 1971. La chambre noire de Damokles raconte l’histoire d’Henri Osewoudt, marchand de cigares à Voorschoten. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il rencontre le résistant Dorbeck, qui lui ressemble et qui lui donne des ordres qu’il exécute volontiers. À la suite de ses actions, Osewoudt est capturé, libéré, commet un meurtre et un autre meurtre. Après l’occupation, tout semble se retourner contre lui et il est qualifié de traître. Invoquer Dorbeck s’avère impossible : il n’y a aucune trace qui mène à cet homme. La seule chose qu’Osewoudt a pour prouver l’existence de Dorbeck au monde est un appareil photo avec une photo de Dorbeck dedans, mais cette photo s’avère également ne pas exister à la fin. Dorbeck existe-t-il vraiment ou Osewoudt l’a-t-il inventé ? Dans quelle mesure Osewoudt est-il lui-même responsable de ses actes ? Qui êtes-vous quand tout le monde vous voit comme un traître et un menteur, existe-t-il une chose telle que la vérité et la réalité ? De telles questions sont en jeu dans ce livre effrayant, qui est devenu le roman le plus lu et le plus acclamé d’Herman. 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 16/18 JUST SO STORIES • L’impact des conflits sur l’adhésion aux phénomènes de fanatisme grégaires : o Illska de Eiríkur Örn Norddahl paru aux Éditions Métaillé en 2017. Reykjavik, 2009. Agnes et Omar se rencontrent à une station de taxis. Ils font l'amour. Agnes est juive et rédige une thèse sur l'extrême droite. Obsédée par l'Holocauste, elle a la guerre dans la tête et dans le coeur. Agnes aime Omar qui aime Agnes qui aime aussi Arnor, un néonazi. Agnes se perd en elle-même. Omar s'enfuit. Le fascisme et ses avatars contemporains n'ont pas fini de hanter leur existence. Né à Reykjavik en 1978, Eiríkur Örn Norddahl est poète et traducteur. Illska est son premier roman traduit en français " Un livre monde, riche et dense, dont on ressort K.O. " Myriam Perfetti, Marianne " Virtuose. " Macha Séry, Le Monde Traduit de l'islandais par Eric Boury • Les conséquences post-traumatiques sur l’être en proie à la Paranoïa o Vilnius Poker de Ričardas Gavellis paru aux Éditions Toussaint Louverture en 2014. Ils l’observent, Ils le suivent, Vytautas Vargalys le sait: sa vie est celle d’un homme qu’on a mis en joue. Ils sont partout, Vilnius Leurappartient, alors que lui n’est qu’un simple employé de bibliothèque chargé de référencer les livres qu’Ils ont mis à l’index. Traumatisé par neuf années de tortures endurées au goulag, il se bat désormais pour comprendre Leur but. Gardien de l’histoire de son pays et de ses mythes, le dernier des Vargalys sombre petit à petit dans la folie. Seule Lolita, jeune séductrice au passé trouble et au corps parfait, lui permet encore de croire qu’une nouvelle vie est possible. Mais le sauvera-t-elle ou -précipitera-t-elle sa chute ? Excessif, magistral, ébouriffant, ce roman à quatre voix – celles de Vyautas, l’ancien prisonnier au sexe démesuré, de Martynas, le collectionneur -d’anecdotes, de Stéfania, la fille du pays, et d’un chien philosophe – raconte par un jeu de miroirs la descente aux enfers d’hommes et de femmes qui tentent de survivre dans un monde sans âme. Hallucinante fresque de la monstruosité qui sommeille en chacun de nous, tour à tour poétique, pornographique, métaphysique ou politique, Vilnius Poker est une violente ode à la liberté. Sa publication fit l’effet d’une bombe et fut la catharsis de tout un peuple étouffé par les non-dits de -l’occupation soviétique, propulsant son auteur, Ricardas Gavelis, au rang de plus grand écrivain du pays. C’est le livre de toutes les grandes capitales modernes dévorées par l’apathie et la tentation de l’oubli. C’est le portrait d’un peuple dépouillé de son histoire. C’est Dostoïevski. C’est Kafka et Burroughs. C’est Kundera. C’est un piège. « Effroyable et génial. » Philosophie Magazine 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 17/18 JUST SO STORIES « Manège “kusturicien”, fête du langage alliant logorrhée et novlangue. Roman lyrique et dérangeant, politique, philosophie, mais aussi beatnik et pornographique. » Marianne « Une œuvre dont se dégage une force noire, compacte et gluante, soutenue par une écriture sans fioritures sur les années noires de la falsification de l’histoire et de l’âme des pays de l’Est. » ArtPress « Le chef-d'œuvre de la littérature lituanienne contemporaine enfin traduit. » Livres Hebdo « Une verve polymorphe, à la fois burlesque et mélancolique, orchestrant de multiples fils narratifs sans jamais compromettre la lecture. » Le Magazine littéraire « Une œuvre qui résonne avec le présent. » Les Inrocks « Un un trip mental dans la Lituanie post-Stalinienne, entre Burroughs, Bukowski et Kafka. » Grazia « S’il est des lectures dont on peine à se relever, Vilnius Poker en est de celles dont on refuse de se remettre. » L'intranquille « Une écriture ensorcelante, des images fortes, et au fil des pages, le portrait d’une époque révolue. » Midi Libre « C’est le testament halluciné d’une Lituanie exsangue sous le joug soviétique, l’épitaphe d’un amour sans espoir. Vilnius Poker, c’est une écriture. » La Quinzaine littéraire « Entre polar baroque et veine fantastique. » Matricule des anges Et j’ajouterais par rapport à ce dernier livre qu’il est probablement le seul qui m’ait à ce point marqué, car j’y ai trouvé la lumière des passions absolues dans le champ obscur des manifestations du mal. L’allusion à Rudyard Kipling « Histoires comme ça » (So Stories) est en exergue de chaque page de ce travail pour inviter le lecteur à en réenchanter la réécriture demain dans un monde meilleur. Merci pour votre lecture, Albert 7 avril 2022 20220407 AU JOUR DE HODIE. Page 18/18