AU JOUR DE HODIE
JUST SO STORIES
« Les cultes de l'ignorance disent que la connaissance de l'avenir nous
prive de nos âmes, que la perte de notre faculté de choisir entre le bien
et le mal nous dépouille de notre humanité.
[…] Tout le monde est manipulé, tout le monde est un produit de son
époque. Et vice versa.
Quoi que recèle ce futur immuable, je reste sûr d'une chose : ce que je
suis est toujours un composant de ce qui l'a déterminé et continuera à
le déterminer. Je ne peux demander de liberté plus grande. Ni de responsabilité plus importante. »
Greg EGAN
Axiomatique - LGF 2006 pages 54 & 60
Albert GALOY
7/04/2022
JUST SO STORIES
« L’intelligence n’est pas ce que l’on sait, mais ce que l’on fait quand on ne sait pas. »
Jean Piaget 1896-1980
Autrement dit, la proposition de Démocrite, philosophe grec du IVème siècle avant Jésus
Christ, affirmant que « La parole est l’ombre de l’action. », est tout à fait appropriée et pertinente. En effet de l’ombre du passé à la lumière d’aujourd’hui pour éclairer nos actions de
demain, il est nécessaire que l’on prenne la parole pour témoigner d’une connaissance qui suppose une action passée reproductible à l’avenir, non à l’identique, mais débarrassée des scories
de nos erreurs. Si notre association créée en zone gris d’actualité se nomme, « Hier éclaire le
présent pour demain », cela attribue de facto un sens à l’histoire mais aussi à l’avenir. Comprendre le passé serait-ce connaître l’avenir ? Nous oublions un peu rapidement que l’homme
n’a imaginé son histoire que récemment, celle supposée de « l’être humain » n’a que quelques
4 à 5 millénaires tout au plus alors que les hominidés sont présents depuis plus de 200.000 ans.
Le sens de l’histoire
Qu’est-ce donc que le sens de l’histoire ? C’est une déduction formulée sur base de nos connaissances qui de manière empirique, mesurent les conséquences de toute chose révolue pour
en déterminer la cause au présent. Donc chercher le sens des choses c’est revenir en arrière,
trouver dans le passé la base d’un projet dont le but à venir se mesure déjà dans le présent.
Comment procède-t-on ? Par téléonomie, « affirmation selon laquelle chaque chose possède
un but auquel est impliqué la notion de projet sans quoi il n’y aurait pas de but et donc partant
pas de sens ! »1
Dès que nous avons cerné ce but, nous faisons appel à une affirmation performative pour figer
l’ensemble en la forme d’un postulat. Exemple : « la nature est un jardin créé par des forces
divines en vue de servir de réserve alimentaire pour l’homme. Avoir imaginé cela, c’est donner
par la religion du sens au monde. Or, nous savons que c’est l’homme qui a écrit ce récit, qu’il
s’est cru inspiré ou, qu’il ait choisi d’y faire croire, importe peu. Écrit par l’homme, le sens de la
nature a un but anthropocentrique de domination que justifie le verset 26 de la Genèse:
« Puis Dieu dit : faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur
les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les
reptiles qui rampent sur la terre. […] Dieu créa l'homme et la femme. […] Et leur dit : Soyez
féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer,
sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. »
Le texte biblique contiendrait, selon Lynn White2, les composants fondamentaux d'une vision
du monde en rupture complète avec le paganisme : alors que dans l'antiquité, chaque arbre,
chaque source, chaque colline avait son propre « genius loci », son esprit protecteur du lieu, ou
gardien spirituel, le christianisme aurait désacralisé le monde et permis l'exploitation de la nature. Cette idée a été combattue par le pape François dans son encyclique « Laudato Si ». Mais
tous deux, Lynn White et le Saint-Père, aboutissent à la conclusion que seules une nouvelle
religion ou une religion repensée permettent de promouvoir une nouvelle représentation du
monde.
Le collège des Bernardins a organisé divers colloques en abordant des thèmes écologiques par
cette nouvelle approche :
1
Jacques, Monod. Le hasard et la nécessité. LE SEUIL. Points 43, 1970.
Historien médiéviste américain, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles rendu célèbre par sa thèse sur « Les
racines historiques de notre crise écologique » Conférence prononcée en 1966 à Washington.
2
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 3/18
JUST SO STORIES
LES MARDIS DES BERNARDINS
LA FIGURE SCIENTIFIQUE DE GAÏA
Tim Lenton, professeur au sein du Earth system science, Université d'Exeter, Angleterre.
Comprendre « L’hypothèse Gaïa » formulée dès 1970 par James Lovelock et Lynn Margulis. (Intervention en anglais)
Voir la vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=FKjVpyqOZ2w&feature=youtu.be
LA THÉOLOGIE DE LA CRÉATION FACE À GAÏA
P. François Euvé, théologien, directeur de la Revue Études, Centre Sèvres.
S’appuyer sur l’œuvre de Teilhard de Chardin pour interpréter la spécificité du vivant à partir de l’interdépendance de toutes les créatures.
Voir la vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=T0DR09gC7mI&feature=youtu.be
SUR L’EXIL GÉNÉRALISÉ DES MODERNES
Bruno Karsenti, philosophe des sciences sociales ; directeur d’études, EHESS.
Éclairer « l’exil généralisé » auquel sont contraints les modernes, qui ne savent plus « où atterrir »,
telle qu’elle fut décrite en particulier par Franz Rosenzweig, et qu’elle peut être opposée avec l’universalisme chrétien, notamment dans la conception juridique de Carl Schmitt.
Voir la vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=LwyywjRHci0&feature=youtu.be
LE VOL DU SANG. RELIRE LA THÉOLOGIE CHRÉTIENNE À L’AUNE DE GAÏA
Émilie Hache, philosophe ; maitresse de conférences, Université Paris Nanterre ; chercheuse associée
au Groupe d’études constructivistes (GECo), Université libre de Bruxelles.
L’encyclique Laudato si' du Pape François est célébrée, mais à aucun moment elle ne revient sur la domination masculine universelle, alors que l’Église chrétienne a largement contribué à l’entretenir au fil
des siècles et qu’il s’agit d’une des causes du chaos politique et environnemental.
Voir la vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=9f-OyHRMMpw&feature=youtu.be
L’HOSPITALITÉ OÙ LES CHEMINS D’UNE NOUVELLE DYNAMIQUE DU BIEN COMMUN
Dominique Coatanéa, enseignante, chercheur au Centre Sèvres - Facultés Jésuites, Paris.
Élargir la notion de bien commun de la sphère humaine à la sphère naturelle, en cultivant la vertu
d’hospitalité jusqu’au niveau le plus originaire.
Voir la vidéo
https://youtu.be/jlfp9x-CldM
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 4/18
JUST SO STORIES
GAÏA ET L’ANTHROPOCENTRISME CHRÉTIEN
Jean-Louis Souletie, directeur de la faculté de théologie et de sciences religieuses, Institut Catholique
de Paris.
Trois critiques de l’anthropocentrisme venues du christianisme : les lettres de jeunesse de Teilhard de
Chardin, l’œuvre de Jürgen Moltmann et l’encyclique du pape François.
Voir la vidéo
https://youtu.be/LEZ-vK16_qw
« DU DOIGT, GAÏA DÉSIGNE LA TERRE, TOUT SIMPLEMENT »
Isabelle Stengers, philosophe ; professeur de philosophie des sciences, Université libre de Bruxelles.
Comprendre et développer la formule de Bruno Latour : « Du doigt, Gaïa montre la Terre tout simplement ».
Voir la vidéo
https://youtu.be/HYmld7IwI8g
ESCHATOLOGISATION DE L'IMMANENCE ? L’AMAZONIE COMME TERRE PROMISE
Eduardo Viveiros de Castro, anthropologue ; enseignant, Musée National, Rio de Janeiro.
Ne faut-il pas que l’essence et le contenu de la religion soient ébranlés ?
Voir la vidéo
https://youtu.be/Q77KZ2ivUQg
LE SOUCI DE GAÏA
Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, professeure au Conservatoire National des Arts et Métiers, titulaire de la Chaire Humanités et Santé.
Présentation de l’hypothèse Gaïa comme un « mensonge utile », en se référant à La République de
Platon, et proposant d’élargir l’éthique du soin au rapport avec la Terre.
Voir la vidéo
https://youtu.be/LR1dFedxWog
TERRE ET POÉSIE
Jean-Pierre Lemaire, poète
La poésie moderne avait déjà fait parler les fleurs, le ciel et les pierres, sans se limiter à la parole humaine.
Voir la vidéo
https://youtu.be/S5Pa21f6Gjs
CONCLUSION
P. Frédéric Louzeau, théologien, directeur du Pôle de recherche du Collège des Bernardins.
Camille Riquier, professeur de philosophie et vice-recteur à la Recherche à l'Institut catholique de Paris.
Voir la vidéo
https://youtu.be/FxK-Ug47_cM
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 5/18
JUST SO STORIES
Le sens de l’histoire
Rappel : Le sens de l’histoire est une déduction formulée sur base de nos connaissances qui de
manière empirique, mesurent les conséquences de toute chose révolue pour en déterminer la
cause au présent. Donc chercher le sens des choses c’est revenir en arrière, trouver dans le
passé la base d’un projet dont le but à venir se mesure déjà dans le présent.
Comment procède-t-on ? Par la théologie ou la téléonomie.
L’approche théologique
C’est la discipline qui a pour objet d’étudier les questions religieuses en s’appuyant sur les
textes sacrés, les dogmes et la tradition.
Bref, tout est destin, car c’est écrit ! Et c’est dans l’écriture qu’il faut chercher les causes de ce
que nous observons aujourd’hui. Si les écritures n’étaient pas supposées être l’expression d’un
symbolisme occulte, ce serait assurément la voie la plus facile pour retracer l’histoire. Mais, si
tous les mots pris séparément sont compréhensibles, leurs choix linguistiques douteux et contestables en vue de transmettre une vérité cachée ne permettent pas d’appréhender avec certitude la réalité de faits antérieurs.
L’approche téléonomique
La téléonomie est l’affirmation selon laquelle chaque chose possède un but auquel est impliqué
la notion de projet, sans quoi il n’y aurait pas de but et donc partant pas de sens ! Cela nécessite
pour toutes choses un statut particulier afin de figurer dans l’espace cognitif de notre entendement cartésien. C’est la démarche que Jacques Monod, biologiste français, lauréat du prix
Nobel de médecine en 1965 , décrit dans son livre « Le Hasard et la nécessité »1.
Puisqu’il faut partir d’un point situé au centre de l’espace temporel connu pour étudier l’histoire, et y établir les faits qui nous amènent à interroger le passé, définissons déjà ce moment
qui nous occupe et qui s’appelle aujourd’hui., cette zone grise d’actualités. « Hui » est la forme
déclinée du substantif « Hodie » et signifie en latin classique aujourd’hui. Hier nous fûmes, demain nous aurons été et ce n’est qu’aujourd’hui que nous sommes en vie. Or, Camus disait que :
« La vie est la somme de tous vos choix. Alors que faites-vous aujourd’hui ? »
Albert Camus.
En ce qui concerne l’humanité, il y a de quoi s’interroger. Nous consommons sans limite, sachant que notre façon de vivre ne nous laisse que 3 ans avant que la dimension de la catastrophe climatique annoncée ne soit irréversible, nous affrontons toutes les variantes d’une
pandémie qui aurait pu être évitée si nous n’avions été contaminés par de la viande d’animaux
sauvages à peine comestible et nous assistons passivement aux prémices d’une troisième
guerre mondiale en fournissant des armes au plus faible des belligérants dans le conflit ukrainien. Mais, personne ne se demande comment nous en sommes arrivés là. Pourtant l’histoire
même contée et construite a posteriori est un enseignement qui aurait pu nous prévenir des
maux que nous endurons ou que nous nous préparons à subir.
Lorsque l’histoire ne percute plus notre présent, nous ne pouvons plus faire face à l’avenir et
ne parvenons pas à le prévoir.
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 6/18
JUST SO STORIES
Hodie et l’imprévu
Nous n’avons pas vu venir la pandémie ni la guerre, car nous n’en avons plus la mémoire, nous
ne vivons au présent que pour le moment présent. Nous vivons au jour de « hodie ». Le lapsus
linguee qui nous a fait nommer le jour présent « Aujourd’hui », c’est-à-dire « au jour d’aujourd’hui » ou au jour le jour, en atteste. Freud aurait pu en faire mention dans son ouvrage
psychopathologie de la vie quotidienne si l’usage de ce lapsus linguee ne révélait en fait un faux
lapsus calami car intentionnel. En effet, il s’agit d’une manipulation grossière des linguistes médiévaux cherchant à légitimer une origine latine à tout mot ou expression de la langue française.
Le but étant de démontrer que grâce à l’Empire carolingien, nous sommes les dignes héritiers
de l’Empire romain par l’usage des codes législatifs, du parler franc qui devait être considéré
comme une langue universelle et d’une même religion, religion d’état pour consacrer l’empereur.
Qu’importe, me direz-vous ? Que Nenni, peu de gens ont le loisir comme nous de penser l’histoire sur le temps long. Tandis que dans le monde gronde la cacophonie que nos vanités humaines attisées par nos passions démesurées de prédateurs belliqueux transcendent avec dévotion, nous tentons d’expliquer les causes des désordres mondiaux et la cruauté des hommes.
Par là, nous pensons la théorie de l’histoire qui n’est en fait que théologie de l’histoire.
Les ingrédients de l’empire
Nous devrions être attentifs à ce fracas qui nous renseigne sur l’immédiateté des évènements
émergents de façon inexpliquée et de manière inattendue à l’échelle de l’histoire réelle de
l’humanité. Pourtant les signes tels que l’interdiction, de la langue russe en Ukraine, de l’Église
orthodoxe non russophone et des lois édictées en dehors du champ consensuel entre régions
faisant partie autrefois d’un même état sont des ingrédients que Constantin ou Charlemagne
auraient déjà relevés comme des fractures dans l’hégémonie d’un territoire. Je vous rappelle
la recette pour constituer un Empire, il faut une langue unique, des lois semblables et une
même religion ou récit politique, ce qui est la version moderne des textes sacrés. Mais ce qui
se passe de manière patente en Ukraine est déjà latent en France avec ses régions qui demandent à exercer leur autonomie ou en Belgique, Suisse, Canada, Espagne, etc. Le château de
cartes des empires et des états s’effondre par la base ukrainienne, mais cela avait déjà été le
cas en Tchécoslovaquie devenue Slovaquie et Tchéquie, ou en Yougoslavie devenue Croatie et
Serbie, etc. Tout cela anticipe un monde qui ne peut se prévoir d’une logique ancestrale parce
qu’elle ne peut plus faire appel à son référentiel linguistique, juridique et religieux. Lynn White
et François Ier ne s’y sont pas trompés, l’humanité a besoin d’un réenchantement spirituel.
Hélas le passé n’est pas un lieu de résidence où l’on peut à sa guise rebâtir le socle d’un présent.
Il est un lieu de référence duquel on ne peut qu’évaluer et interpréter la raison des choix civilisationnels humains et l’expression qui nous en est transmise au regard des traces réelles que
nous pouvons considérer comme mesurables et incontestables pour la seule époque étudiée.
Tout le reste n’est que manipulation !
Les hommes sont apparus dans ce monde il y a 200.000 ans et les traces d’une communication
intelligible attestée par des peintures rupestres remontent à 20.000 ans à peine. Cela ne date
donc que de quelques millénaires et c’est apparu quand le monde est devenu trop complexe
pour agir seul. Cet art n’atteste que d’un fait que l’opinion se construit désormais sur des réflexions partagées. Mais quels en sont les thèmes théologiques ?
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 7/18
JUST SO STORIES
Hodie est aujourd’hui le jour de Pessa’h
Alors, parlons des dix plaies destinées à montrer à Pharaon la toute-puissance du dieu des Hébreux, Yahvé.3
Le sang
Pharaon persistait dans son refus de libérer les enfants d’Israël, Moïse et Aaron l’avertirent que
Dieu les punirait lui et son peuple. Et tout d’abord, les eaux de la terre d’Égypte se changeraient
en sang. Moïse descendit avec Aaron vers le fleuve. Et Aaron leva son bâton, frappa les eaux et
les changea en flots de sang. Tout le peuple d’Égypte et le roi lui-même contemplèrent ce miracle ; ils virent les poissons mourir tandis que le sang coulait sur la terre ; et ils se détournaient
avec dégoût de l’odeur désagréable qui se dégageait du fleuve sacré. Les poissons moururent
dans les rivières et dans les lacs, et pendant une semaine entière, hommes et bêtes souffrirent
d’une horrible soif. Cependant, Pharaon ne céda pas.
Les grenouilles
Après un avertissement en temps voulu, la seconde plaie s’abattit sur l’Égypte. Aaron étendit
sa main sur les eaux d’Égypte, et les grenouilles s’assemblèrent en foule. Elles couvrirent
chaque pouce de terrain, et pénétrèrent dans les maisons et dans les chambres. Alors, Pharaon
prit peur, et demanda à Moïse et à Aaron de prier Dieu pour qu’il éloigne le fléau, promettant
que cette fois-ci il libérerait le peuple juif. Mais aussitôt que les grenouilles eurent disparu, il
rompit sa promesse et refusa de laisser partir les enfants d’Israël.
La vermine
Alors, Dieu ordonna à Aaron de frapper la poussière du sol avec son bâton, et à peine l’eût-il
fait que dans toute l’Égypte la vermine monta de la poussière et couvrit le pays. Hommes et
bêtes souffrirent d’indescriptibles souffrances à cause de cette terrible plaie. Bien que ses conseillers lui aient signalé que c’était certainement là une punition divine, Pharaon endurcit son
cœur et resta implacable dans sa décision de garder les enfants d’Israël en esclavage.
Les bêtes sauvages
La quatrième plaie qui harcela les Égyptiens consista en hordes d’animaux sauvages errants
dans toute la campagne et détruisant tout sous leurs pas. Seule la province de Gochène où
demeuraient les enfants d’Israël fut épargnée par cette plaie comme elle l’avait été par les
précédentes. À nouveau, Pharaon promit sincèrement de laisser partir les juifs dans le désert à
condition qu’ils n’aillent pas trop loin. Moïse pria Dieu et les animaux sauvages disparurent.
Mais aussitôt qu’ils furent partis, Pharaon retira sa promesse et refusa d’accorder ce que Moïse
lui demandait.
La peste
Alors, Dieu envoya une épidémie mortelle qui tua la plupart des animaux domestiques des
Égyptiens. Ils eurent, en plus l’humiliation de voir les animaux des Israélites entièrement sains
et saufs. Cependant, Pharaon endurcit encore son cœur et refusa de laisser partir les Israélites.
3
Source Wikipedia
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 8/18
JUST SO STORIES
Les ulcères
Alors arriva la sixième plaie, qui fut si pénible et si odieuse qu’elle dut frapper le peuple d’Égypte
d’horreur et d’angoisse. Dieu ordonna à Moïse de prendre de la suie du fourneau et de la répandre vers les cieux ; et à peine Moïse eut-il obéi que les ulcères s’ouvrirent sur le corps des
hommes et des bêtes à travers tout le pays d’Égypte.
La grêle
Quand Moïse étendit son bâton, la grêle tomba à verse, avec violence. Un tonnerre assourdissant gronda sur la terre, et les éclairs fendirent les cieux, laissant des traînées de flamme sur le
sol. La grêle accomplit son œuvre de destruction. Hommes et animaux qui s’exposèrent à sa
fureur moururent sur place. Les herbes furent dispersées au vent, et les arbres tombèrent fracassés au sol. Pharaon fit chercher Moïse et reconnut ses péchés : « Le Seigneur est juste, ditil, et moi et mon peuple avons été mauvais. Implorez le Seigneur, car c’en est déjà trop, que le
tonnerre et la grêle s’arrêtent, et je vous laisserai partir, et vous ne resterez pas davantage. »
Moïse répondit : « Dès que je serai sorti de la ville, j’étendrai mes mains vers le Seigneur. Le
tonnerre cessera et il n’y aura plus de grêle, afin que vous sachiez que la terre appartient au
Seigneur. » Et tout se passa comme Moïse l’avait dit : la tempête cessa, mais le cœur du Pharaon resta dur.
Les sauterelles
Jamais dans l’histoire humaine il n’y avait eu d’invasion de sauterelles aussi dévastatrice que
celle-ci. Elle amena la ruine complète de l’Égypte, déjà entièrement ravagée par les catastrophes précédentes. À nouveau Pharaon fit venir Moïse et Aaron et les supplia de prier Dieu
d’arrêter le fléau. Moïse s’exécuta, et Dieu envoya un violent vent d’ouest, qui précipita les
sauterelles dans la mer. Quand la délivrance fut accomplie, l’obstination s’empara à nouveau
de Pharaon, et il refusa de libérer le peuple d’Israël.
L’obscurité
Alors survint la neuvième plaie. Pendant plusieurs jours, toute l’Égypte fut enveloppée d’un
voile épais et impénétrable de ténèbres. Mais tous les Juifs ne furent pas épargnés par cette
plaie. Il y en avait un certain nombre qui préférait être considéré comme des Égyptiens. Ils
moururent pendant les jours d’obscurité.
La mort des premiers-nés
À minuit exactement, poursuivit Moïse, Dieu passera sur l’Égypte et frappera tous les premiersnés, hommes et bêtes. Parmi les enfants d’Israël cependant, personne ne mourra. Une clameur
de détresse parcourra l’Égypte, et tous les Égyptiens seront frappés de terreur, craignant de
mourir tous. Alors, Pharaon lui-même se mettra à la recherche des chefs des Hébreux, et les
suppliera de quitter l’Égypte sur-le-champ. Sur ces paroles, Moïse et Aaron quittèrent Pharaon
qui bouillait de rage.
“That’ all folks !”
Voilà comment se termine cette histoire en pity end, comme un mauvais cartoon américain.
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 9/18
JUST SO STORIES
Le bien et le mal, fondateurs de l’humanité
Tout est mal qui finit bien, car le bien triomphe du mal, les juifs ont exterminé de nombreux
Égyptiens et quelques juifs transfuges qu’il est légitime de considérer comme ennemis. Car Sapiens sait distinguer le bien du mal. Ce sont là des concepts que nous avons forgés de toutes
pièces pour pouvoir nous comparer entre nous. Et aujourd’hui cette comparaison nous sert à
poser les bases d’une narration médiatique unanime en vue d’une vision pré-historique du conflit entre ukrainien d’une part et russe ou ukrainien russophile d’autre part avec Poutine dans
le rôle du Pharaon et Zelensky dans celui d’Aaron tandis que Von der Leyen se prend pour Moïse.
Mais distinguer le bien et le mal chez l’homme n’est-ce pas absurde et complètement subjectif,
relevant au plus d’un accord consensuel actuel qui ne résistera pas à de multiples réécritures
et interprétations de l’histoire. De toutes façons, cela ne marche que pour les humains. En effet,
se pose-t-on la question de savoir si le poisson ou l’arbre connaît la différence entre le bien et
le mal, entre Rousseau ou Hobbes ? C’est-à-dire selon la vision du philosophe, l’enfant gentil à
la naissance que la société pervertit, et la vision de l’économiste selon lequel l’être est égoïste
de naissance.
Revenons à la notion du bien et du mal qui sont les dualités sur lesquelles nous rédigeons nos
histoires théologiques. Mais, l’ultime Réalité de ce monde est ailleurs selon le professeur Christian de Duve, prix Nobel de médecine en 1974 :
« Pour moi, l’Univers, qu’il soit unique ou issu d’un multivers, reste signifiant par la nature de
son contenu. D’où ma notion d’« Ultime Réalité » »4.
Le dualisme entre bien et mal est-il une maladie infantile du raisonnement humain que
l’homme sénile ne se résignerait à accepter qu’à l’aube de sa mort ? Est-ce ce qui fait dire au
professeur de Duve dans le même ouvrage :
« Après le vrai et le beau, le bien, cette facette de l’Ultime Réalité qui distingue ce qui est bon et
ce qui est mal, non pas sous la forme de commandements ou d’interdits, mais, dans son essence,
le simple fait qu’une telle distinction existe et fait partie de cette Réalité. À nous de définir, en
tenant compte des droits des individus et des intérêts supérieurs de la société, les comportements pratiques à ranger dans I’une ou l’autre catégorie. C’est l’objet de la morale, ou éthique,
dont les règles doivent nécessairement varier en fonction des circonstances. »,5 et j’ajouterais
d’époque ou de Hodie.
Alors, admettons que sa première proposition selon laquelle « l’Univers reste signifiant par la
nature de son contenu » soit vraie, cela voudrait dire sur base de la seconde, selon laquelle
« nous aurions la capacité morale et éthique de distinguer le bien du mal », que l’homme s’est
écarté de la nature du contenu de l’Univers ou pour être plus Spinoziste de Gaïa.
Et là, je fais allusion à la PROPOSITION IV de l’Ethique, où Spinoza nous dit : « Il ne peut pas se
faire que l’homme ne soit pas une partie de la Nature, et puisse ne pâtir d’autres changements
que ceux qui peuvent se comprendre par sa seule nature et dont il est cause adéquate.»6
Christian De Duve, De Jésus à Jésus… en passant par Darwin, p. 78
Ibid Page 85
6
Baruch Spinoza, Éthique, p. 365
4
5
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 10/18
JUST SO STORIES
Mais, au professeur de surenchérir par rapport au bien et au mal de l’histoire de l’humanité,
bien différente de celle de l’univers et de la terre elle-même qui fut en équilibre avant le désencastrement de l’homme, notion développée par Karl Polanyi7 à laquelle je reviendrai lorsque l’on abordera l’économie.
Le professeur de Duve termine donc son livre en écrivant :
« C’est ici que je reviens à mon propos initial. Il nous faut des guides. Et, parmi ceux-ci, Jésus
s’impose manifestement par son message, qui, adapté aux exigences de notre temps et aux
vicissitudes de la condition humaine, rejoint l’Ultime Réalité par une facette qui résume toutes
les autres : l’Amour.»8
L’Amour est l’issue du combat théologique entre le mal et le bien et consacre l’essence divine
selon Paolo Coehlo, pour qui le mal doit se manifester pour que nous comprenions la valeur du
bien. Dans son livre, Le démon et Mademoiselle Prym, l’écrivain nous expose cette théorie :
« Il se leva, ouvrit la Bible au hasard, comme il avait l’habitude de le faire quand il avait besoin
d’une réponse. Il tomba sur le passage où, lors de la Cène, le Christ demande que le traître le
livre aux soldats qui le recherchent. Le curé passa des heures à méditer sur ce qu’il venait de lire
pourquoi Jésus avait-il demandé que le délateur commette un péché ?
« Pour que s’accomplissent les Écritures », diraient les docteurs de l’Église. En tout état de cause,
pourquoi Jésus avait-il induit un homme au péché et à la damnation éternelle ? Jésus ne ferait
jamais cela. À vrai dire, le traître n’était qu’une victime, comme lui-même. Le mal devait se manifester et jouer son rôle afin que le bien puisse finalement l’emporter. S’il n’y avait pas de trahison, il n’y aurait pas le calvaire, les Écritures ne s’accompliraient pas, le sacrifice ne servirait
pas d’exemple. »9
Cependant même si les deux sont en présence, le choix entre les deux se fait selon les circonstances comme disait le professeur de Duve ou selon l’acception de l’époque où nous jugeons
les faits. Notre vérité a les deux visages du bien et du mal que l’on dévisage en envisageant les
circonstances. Et ce choix relève du libre arbitre de chacun qui nous est nécessaire pour accéder
à l’Amour.
« Saint Savin et le brigand Ahab avaient les mêmes instincts, le Bien et le Mal luttaient pour les
conquérir, de même qu’ils luttaient pour conquérir toutes les âmes sur terre. Quand Ahab comprit que Savin était son égal, il comprit également qu’il était l’égal de Savin.
Tout était une question de contrôle. Et de choix.
Rien d’autre. »10
Le libre arbitre
Dans ce livre, il apparaît de manière flagrante que le mal occupe le terrain des âmes sur terre !
Il est donc nécessaire de s’élever pour échapper au mal et faire triompher le bien. L’amour
exalte, certes, mais la mort libère également l’homme de cette souffrance. Or, si nous avons le
choix, cela veut dire que nous avons cette option de notre vivant. Alors, comment faire pour
exercer notre libre arbitre ?
Économiste hongrois du vingtième siècle.
Idem notebas de page 5
9
Paulo Coelho, Le démon et mademoiselle Prym, p. 191
10
Idem p. 246
7
8
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 11/18
JUST SO STORIES
La volonté et la confiance en soi
Nous devons nous demander :
« Pourquoi l’oiseau se pose-t-il sur la branche parce qu’il croit que la branche ne cassera pas.
Pas du tout, mais parce qu’il a confiance dans ses ailes. »11
C’est la volonté d’agir et la confiance dans ses capacités de réalisation du bien qui nous permettent de nous élever vers la perfection de l’individu. En quoi cet enseignement tiré du mécanisme dualiste de notre histoire de l’humanité peut-il servir l’humanité face aux périls de
demain ?
En acceptant que notre culture se fonde sur ces valeurs du bien et du mal comme les masques
du double visage de Janus bifront, dont l’un est tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir, l’humanité se présente comme le fanal d’un phare pour communiquer avec l’avenir en évoquant
le passé, mais en oubliant que dans le phare nous n’avons jamais allumé de lumière. Cela explique que les actes incongrus que posent les hommes ne se cherchent de justifications qu’au
travers des usages qu’ils entendent en faire. Nous appelons cela la grandeur de la nation
lorsqu’il s’agit d’interpréter a posteriori les motivations belliqueuses qui ne sont en réalité que
des manifestations pulsionnelles animées elles-mêmes d’un passé que nous interprétons. En
fait, le désir du libre arbitre fait que nous ne vivons jamais de manière légitime dans la réalité
du présent parce que nous sommes déracinés.
Le déracinement
Selon Simone Weil, la philosophe humaniste du siècle dernier :
« un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une
collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. »12
Il est là le problème, on ne peut ressusciter ce qui n’est plus vivant dans notre culture par une
interprétation de l’histoire. L’histoire des peuples mondialisés n’est plus qu’un fatras de traces
et de ruines sans liens, nous pouvons nous émerveiller devant des pyramides ou des mausolées
en scrutant les hiéroglyphes ou les runes, nous amuser à en interpréter la portée spirituelle de
récits réinventés pour l’occasion, mais leurs enseignements ne font plus partie de notre quotidien parce que la chaîne spirituelle et intellectuelle en a été rompue.
Hodie or not hodie
Certains ont confondu les jardins des épicuriens où femmes, hommes et esclaves confondus
cherchaient l’ataraxie (la paix de l’âme) avec le consumérisme où, aujourd’hui, les humains se
croient libres en devenant esclaves de leurs plaisirs au jour le jour.
Pour atteindre le sommet de la montagne, les consommateurs sont comme Sisyphe, contraint
à un travail permanent et répétitif afin de percevoir un salaire qui leur permet de consommer
avant de reprendre le travail en vue de consommer à nouveau. Il faut toujours recommencer,
mais il n’y en a que très peu qui peuvent prétendre atteindre des sommets que d’autres rêvent
11
12
Citation entendu lors d’une conférence de Thierry Whatelet le 30 mars 2022 au palais des congrès de Nantes.
Simone Weil, L’enracinement, page 61
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 12/18
JUST SO STORIES
d’atteindre, car les théories économiques de Milton Friedman13 et de Ayne Rand14 ont ouvert
la voie à la méritocratie par l’égoïsme. On est loin de la participation réelle, active et naturelle
à l’existence d’une collectivité préconisée par Simone Weil pour espérer s’enraciner.
Cette méritocratie est jugée à l’aune de la compétitivité et draine dans son sillon la misère des
perdants, l’extinction des espèces et la destruction de notre environnement.
Où est la sortie de secours ?
La politique a remplacé la religion en guise de récit commun de l’humanité, mais sans espoir de
trouver le salut des âmes livrées aux répugnances d’un individualisme favorisé par la cupidité.
Or cette âme, que nous pressentions comme lien entre le passé et le futur et qui nous habitait,
animait notre existence d’espoir.
Karl Polanyi décrivit ce qu’il nommait le désencastrement de l’homme de son milieu naturel.
Mais , voyons d’abord comment du point de vue de l’économie, celui-ci considérait le récit historique de l’humanité :
L’histoire, « Cette illusion fondatrice de l'économisme décompose n'importe quelle activité humaine en fins et moyens et rationalise l'usage des moyens sous la forme d'une rationalité instrumentale intemporelle. Cela conduit à inverser les perspectives en projetant vers le passé des
catégories qui, selon Polanyi, n'appartiennent qu'à une société de marché idéalisée, et a pour
conséquence d'éliminer la plus grande partie de l'histoire de l'homme de la scène. Ce qui crée
finalement « un paysage artificiel n'ayant que peu de ressemblance voire aucune, avec l’original ».»15
C’est mon propos lorsque je vous disais que la mondialisation nous a déracinés de notre histoire.
Seule une centaine de peuples non contactés16 ayant échappé à la mondialisation n’ont pas
rompu avec leur passé et connaissent la vérité de leur histoire qu’ils nourrissent au quotidien
de leur réalité.
Selon Karl Polanyi, « L'idée d'un marché s'ajustant lui-même était purement utopique. Une telle
institution ne pouvait exister de façon suivie sans anéantir la substance humaine et naturelle de
la société, sans détruire l'homme et sans transformer son milieu en désert. »17
Et puisqu’on peut se référer à des écrits du passé pour expliquer les évènements sans en chercher l’évolution, mais en étudiant la manifestation des principes dont ils témoignent, citons
que :
«Pour Polanyi, l'Athènes antique est la démonstration empirique que les « formes d'intégration»
(de l'économie dans la société) que sont la redistribution, la réciprocité et l'échange marchand
peuvent être combinées en un système cohérent, comme si l'efficacité provenait plus sûrement
du métissage de ces formes que de l'emprise de l'une (le marché) sur toutes les autres.»18
Milton Friedman (1912-2006), économiste américain, prix Nobel d’économie en 1976 dont l’ouvrage le plus
connu est Capitalisme et liberté dans lequel il défende sa thèse de la liberté de marché.
14
Ayn Rand (1905-1982) Philosophe et romancière américaine d’origine russe, juive athée connue pour sa philosophie ojectiviste. Elle a écrit plusieurs livres dont le principal est la Vertu de l’égoïsme.
15
Nadjib Abdelkader, Jérôme Maucourant et Sébastien Plociniczak, Karl Polanyi - l'imaginaire économique, p. 37
16
https://www.survivalinternational.fr/peuplesnoncontactes/qui-sont-ils
17
Ibid 15, page 32
18
Ibid 15, page 28
13
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 13/18
JUST SO STORIES
Nous avons depuis longtemps la solution
Fabrice Bonnifet, directeur du développement durable chez Bouygues et Céline Puff d’Archvili
nous disent dans leur livre « L’entreprise contributive » :
« Connaissez-vous la métaphore de la respiration ? Personne ne vit pour respirer, on vit parce
qu'un « pourquoi » nous anime un projet, une famille, un amour -, bien que respirer soit vital.
L'argent est la respiration de l'entreprise, mais il ne peut pas être sa raison d'être ni sa vision,
que ce soit pour le dirigeant ou pour ses salariés. Ce qui motive le plus et le plus longtemps, c'est
le sens d'une activité, en termes d'utilité sociale et environnementale, donc la raison d'être de
l'entreprise. »19
Hélas comme nous l’avons vu, le consumériste a lui-même déjà accepté que sa raison d’être
est l’argent. Pour changer cela, il faut réenraciner l’humain dans le monde et le réincarner dans
la société. Il n’y aura plus de travail pour tous dans le monde de demain alors par solidarité,
nous devons partager les richesses entre les vivants en laissant la nature rééquilibrer le cycle
de la vie et en vue de créer un monde plus juste, nous aurons à ériger les bases d’une économie
basée sur la rémunération majorée par l’effort et non par la compétitivité.
Pour comprendre, le mal qui sévit en Europe aujourd’hui et comme dirait Serge Lama à l’heure
où les hommes sont vrais, je vous proposerai en fin de ce travail, quatre livres.
Si j’ai tenu à citer la chanson de Serge Lama, c’est que contrairement à l’adage « il y a loin de la
coupe aux lèvres ». Entre l’Amour et la Haine, le bien et le mal, il y plus de proximité ou d’adéquation parfois qu’il n’y paraît. Tout dépend du juge et de notre libre arbitre ! Par Amour, pour
quelqu’un ou pour certains, on peut haïr, l’autre ou les autres avec un sentiment de parfaite
légitimité. C’est lorsque l’écueil de cette propension humaine s’exprime au travers de ses passions prises comme valeurs sans que l’homme se rende compte que ses actes seront évalués à
l’aune de cette dualité moralisatrice et éthique, que les hommes ont l’air vrais. Cette effroyable
authenticité est omniprésente dans l’œuvre de Ričardas Gavellis. Mais ces hommes tous ces
hommes ont l’air vrais au travers des romans que je vous ai référencés.
Martin Schluse (Inconnu à cette adresse), Arnor (Illska), Henri Osewoudt (La chambre de Damocles), ou Vyatautas Vargalis (Vilnius Poker). Ces bifronts n’ont plus qu’un seul visage, celui
du mal qui est le vrai visage de l’homme perverti par des désirs de pouvoir et de dominations,
mais aussi d’amours inavouables.
Voici le texte de la chanson de Serge Lama : Mariage d’un jour
Mariages d'un jour sans passion, sans argent
À cette heure où la ville est une salle d'attente
Mariages de paumés à la barbe des gens
Pleine de va nu-pieds, de putains, et de tantes
Dans un hôtel pouilleux ou au bois de Vincennes
Mariages parfaits de l'ombre et du soleil
Noces sans lendemain, amour d'un seul réveil
Ou debout sous un pont sur les bords de la Seine
Comme les chiens perdus engendrent les bâtards
Avec toi, avec moi, avec lui, avec l'autre
Combien d'enfants sans nom j'ai fait sur les boule- C'est ainsi que Jésus a choisi ses apôtres
vards
19
Fabrice Bonnifet Céline Puff Ardichvili, L'entreprise contributive, p. 73
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 14/18
JUST SO STORIES
J'aime ces heures-là où les hommes ont l'air vrai
Vont et ne mettent pas leurs bottes dans la boue
Ils arrachent leurs masques exhibent leurs portraits Ils rient du bruit joyeux de nos pieds dans les
flaques
Vrais comme un papillon à la lueur des lampes
Comme au confessionnal, comme aux feux de la Et du cri des bourgeois que les voyous attaquent
rampe
J'aime ces heures-là où les hommes ont l'air vrai
Les soldats humiliés par les filles sans cœur
Ils arrachent leurs masques exhibent leurs portraits
Aiment les filles qui se donnent pour des fleurs
Vrais comme un papillon à la lueur des lampes
Les filles de joie se font une douce violence
Et s'offrent un général pas sorti de l'enfance
Comme au confessionnal, comme aux feux de la
rampe
La nuit ne dit-on pas que tous les chats sont gris
Et les hiboux hideux ressemblent à des perdrix
Docteur Jekyll s'en va, il quitte le 16ème
Pour jouer les Dracula près de celle qu'il aime
Les aveugles contents de l'être moins que nous
Mariages d'un jour sans passion, sans argent
Mariages de paumés, à la barbe des gens
Dans un hôtel pouilleux ou au bois de Vincennes
Ou debout sous un pont sur les bords de la Seine
Quatre livres éclairant le côté sombre des hommes vrais par les thématiques que l’on rencontre
en temps de guerre. Ces ouvrages font référence à la Deuxième Guerre mondiale, mais pourraient être ceux que les événements de la guerre actuelle entre la Russie et l’Ukraine auraient
inspirés à leurs auteurs :
•
L’impact de la propagande sur l’opinion des intellectuels :
o Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor paru à frais d’auteur en 1938 et
réédité régulièrement par de prestigieuses maisons d’Éditions dont les Éditions
Autrement qui en fit un livre de poche en 1999.
Inconnu à cette adresse (titre original en anglais : Address Unknown) est le premier livre de l'écrivaine américaine Kathrine Kressmann Taylor, écrit sous le nom
de plume Kressmann Taylor, publié pour la première fois dans sa version intégrale
dans Story Magazine en 1938 aux États-Unis, soit un an avant le déclenchement
de la Seconde Guerre mondiale
Il prend la forme d'une correspondance épistolaire fictive étalée du 12 novembre
1932 au 3 mars 1934 entre deux très bons amis, Martin Schulse, 40 ans, allemand
marié et père de trois garçons, et Max Eisenstein, 40 ans, célibataire d'origine
juive, associés de longue date dans une affaire prospère de commerce de tableaux à San Francisco, la Galerie Schulse-Eisenstein. En 1932, Martin retourne
vivre à Munich et échange avec son ami et associé.
Il fut l'objet d'une adaptation cinématographique en 1944, réalisée par William
Cameron Menzies.
Allemagne, 1932. Martin Schulse, sa femme et leurs enfants sont allemands "de
souche". Max est un juif américain d'origine allemande. Ils sont amis, et marchands de tableaux. La sœur de Max, une comédienne prénommée Griselle, a été
la maîtresse de Martin. Martin est de plus en plus tenté par le nazisme montant ;
il écrit : « Franchement, Max, je crois qu’à nombre d’égards, Hitler est bon pour
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 15/18
JUST SO STORIES
l’Allemagne, mais je n’en suis pas sûr ; […] il possède une force que seul peut avoir
un grand orateur doublé d’un fanatique. Mais je m’interroge : est-il complètement sain d’esprit ? »
Martin monte en grade dans la société nazie et finalement, en 1933, renie son
amitié pour Max et lui annonce qu'il ne peut ni ne veut plus correspondre avec
un juif, notamment en raison de la censure et de la police politique qui lit tous les
courriers. Max lui écrit pourtant encore une dernière fois, pour lui demander de
veiller sur sa sœur, Griselle qui vient de se produire sur la scène berlinoise. La
dernière lettre de Max adressée à sa sœur lui est retournée avec la mention inconnu à cette adresse, ce qui signifie qu'elle a sans doute disparu. Max s'inquiète,
tandis que Martin lui écrit avec mépris que Griselle s'est « conduite comme une
imbécile », et que, poursuivie par une patrouille nazie, elle a couru trouver refuge
chez lui. Martin lui a ouvert sa porte, Griselle a demandé à Martin de l'aider, mais
il lui a répondu qu'il ne pouvait pas l'héberger, mais qu'elle pouvait courir de
l'autre côté du parc. Mais les SA l'ont attrapée et l'ont tuée.
La réaction de Max est à la hauteur de son désespoir, et sa vengeance est de faire
subir le même sort à Martin. Il lui écrit, sachant que la police nazie surveille le
courrier, en lui inventant une famille juive et en faisant croire à la censure qu'il y
a un code entre Max et Martin. Par des messages en codes grossiers (reproductions « Picasso, 17 par 81, en rouge », « Rubens, 15 par 204, en bleu et jaune »)
pour que les nazis croient à un langage codé. Martin répond désespéré, avec les
mêmes supplications que lui avait adressées Max pour sauver sa sœur, qu'il ne
faut pas lui écrire ainsi, qu'il risque sa vie si on le fait passer pour juif et comploteur. Mais Max continue inexorablement ses lettres, jusqu'à ce qu'il en reçoive
une dernière, avec la même mention, synonyme de capture et de mort : inconnu
à cette adresse, qui signifie qu'il a été tué ou bien déporté.
•
L’impact des événement sur l’éclatement de la personnalité :
o La chambre noire de Damoclès de Willem Frédérique Hermans paru en néerlandais sous le titre De donkere kamer van Damokles aux Éditions De Bezige Bij en
1971.
La chambre noire de Damokles raconte l’histoire d’Henri Osewoudt, marchand
de cigares à Voorschoten. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il rencontre le
résistant Dorbeck, qui lui ressemble et qui lui donne des ordres qu’il exécute volontiers. À la suite de ses actions, Osewoudt est capturé, libéré, commet un
meurtre et un autre meurtre. Après l’occupation, tout semble se retourner contre
lui et il est qualifié de traître. Invoquer Dorbeck s’avère impossible : il n’y a aucune
trace qui mène à cet homme. La seule chose qu’Osewoudt a pour prouver l’existence de Dorbeck au monde est un appareil photo avec une photo de Dorbeck
dedans, mais cette photo s’avère également ne pas exister à la fin. Dorbeck
existe-t-il vraiment ou Osewoudt l’a-t-il inventé ? Dans quelle mesure Osewoudt
est-il lui-même responsable de ses actes ? Qui êtes-vous quand tout le monde
vous voit comme un traître et un menteur, existe-t-il une chose telle que la vérité
et la réalité ? De telles questions sont en jeu dans ce livre effrayant, qui est devenu le roman le plus lu et le plus acclamé d’Herman.
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 16/18
JUST SO STORIES
•
L’impact des conflits sur l’adhésion aux phénomènes de fanatisme grégaires :
o Illska de Eiríkur Örn Norddahl paru aux Éditions Métaillé en 2017.
Reykjavik, 2009. Agnes et Omar se rencontrent à une station de taxis. Ils font l'amour.
Agnes est juive et rédige une thèse sur l'extrême droite. Obsédée par l'Holocauste,
elle a la guerre dans la tête et dans le coeur. Agnes aime Omar qui aime Agnes qui
aime aussi Arnor, un néonazi. Agnes se perd en elle-même. Omar s'enfuit. Le fascisme et ses avatars contemporains n'ont pas fini de hanter leur existence. Né à
Reykjavik en 1978, Eiríkur Örn Norddahl est poète et traducteur. Illska est son premier roman traduit en français
" Un livre monde, riche et dense, dont on ressort K.O. "
Myriam Perfetti, Marianne
" Virtuose.
" Macha Séry, Le Monde Traduit de l'islandais par Eric Boury
•
Les conséquences post-traumatiques sur l’être en proie à la Paranoïa
o Vilnius Poker de Ričardas Gavellis paru aux Éditions Toussaint Louverture en
2014.
Ils l’observent, Ils le suivent, Vytautas Vargalys le sait: sa vie est celle d’un homme
qu’on a mis en joue. Ils sont partout, Vilnius Leurappartient, alors que lui n’est
qu’un simple employé de bibliothèque chargé de référencer les livres qu’Ils ont
mis à l’index. Traumatisé par neuf années de tortures endurées au goulag, il se
bat désormais pour comprendre Leur but. Gardien de l’histoire de son pays et de
ses mythes, le dernier des Vargalys sombre petit à petit dans la folie. Seule Lolita,
jeune séductrice au passé trouble et au corps parfait, lui permet encore de croire
qu’une nouvelle vie est possible. Mais le sauvera-t-elle ou -précipitera-t-elle sa
chute ?
Excessif, magistral, ébouriffant, ce roman à quatre voix – celles de Vyautas, l’ancien prisonnier au sexe démesuré, de Martynas, le collectionneur -d’anecdotes,
de Stéfania, la fille du pays, et d’un chien philosophe – raconte par un jeu de
miroirs la descente aux enfers d’hommes et de femmes qui tentent de survivre
dans un monde sans âme.
Hallucinante fresque de la monstruosité qui sommeille en chacun de nous, tour à
tour poétique, pornographique, métaphysique ou politique, Vilnius Poker est une
violente ode à la liberté. Sa publication fit l’effet d’une bombe et fut la catharsis
de tout un peuple étouffé par les non-dits de -l’occupation soviétique, propulsant
son auteur, Ricardas Gavelis, au rang de plus grand écrivain du pays.
C’est le livre de toutes les grandes capitales modernes dévorées par l’apathie et
la tentation de l’oubli. C’est le portrait d’un peuple dépouillé de son histoire. C’est
Dostoïevski. C’est Kafka et Burroughs. C’est Kundera. C’est un piège.
« Effroyable et génial. »
Philosophie Magazine
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 17/18
JUST SO STORIES
« Manège “kusturicien”, fête du langage alliant logorrhée et novlangue. Roman
lyrique et dérangeant, politique, philosophie, mais aussi beatnik et pornographique. »
Marianne
« Une œuvre dont se dégage une force noire, compacte et gluante, soutenue par
une écriture sans fioritures sur les années noires de la falsification de l’histoire et
de l’âme des pays de l’Est. »
ArtPress
« Le chef-d'œuvre de la littérature lituanienne contemporaine enfin traduit. »
Livres Hebdo
« Une verve polymorphe, à la fois burlesque et mélancolique, orchestrant de multiples fils narratifs sans jamais compromettre la lecture. »
Le Magazine littéraire
« Une œuvre qui résonne avec le présent. »
Les Inrocks
« Un un trip mental dans la Lituanie post-Stalinienne, entre Burroughs, Bukowski
et Kafka. »
Grazia
« S’il est des lectures dont on peine à se relever, Vilnius Poker en est de celles dont
on refuse de se remettre. »
L'intranquille
« Une écriture ensorcelante, des images fortes, et au fil des pages, le portrait
d’une époque révolue. »
Midi Libre
« C’est le testament halluciné d’une Lituanie exsangue sous le joug soviétique,
l’épitaphe d’un amour sans espoir. Vilnius Poker, c’est une écriture. »
La Quinzaine littéraire
« Entre polar baroque et veine fantastique. »
Matricule des anges
Et j’ajouterais par rapport à ce dernier livre qu’il est probablement le seul qui m’ait à ce point
marqué, car j’y ai trouvé la lumière des passions absolues dans le champ obscur des manifestations du mal.
L’allusion à Rudyard Kipling « Histoires comme ça » (So Stories) est en exergue de chaque page
de ce travail pour inviter le lecteur à en réenchanter la réécriture demain dans un monde meilleur.
Merci pour votre lecture,
Albert
7 avril 2022
20220407 AU JOUR DE HODIE.
Page 18/18