LA BIOPIRATERIE : RÉALITÉ OU MANIPULATION MÉDIATICOPOLITIQUE ?
Le cas des Indiens Krahó en Amazonie brésilienne
Rodolpho Zahluth Bastos
La Découverte | « Hérodote »
2009/3 n° 134 | pages 138 à 150
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-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Rodolpho Zahluth Bastos, « La biopiraterie : réalité ou manipulation médiatico-politique ? Le cas
des Indiens Krahó en Amazonie brésilienne », Hérodote 2009/3 (n° 134), p. 138-150.
DOI 10.3917/her.134.0347
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ISSN 0338-487X
ISBN 9782707158444
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Durant l’année 2002, la presse brésilienne diffusait des nouvelles chaque
semaine sur une affaire supposée de biopiraterie impliquant l’université fédérale
de São Paulo (UNIFESP) 1. À l’origine du conflit, les activités de recherche
menées par un chercheur de l’université entre 1999 et 2001 : la collecte de
ressources biologiques végétales (et notamment d’informations sur l’usage des
plantes) auprès d’Indiens de la communauté Krahó, de l’État du Tocantins, en
Amazonie brésilienne. La recherche étant effectuée dans le cadre d’une thèse
de doctorat, l’UNIFESP a voulu par la suite, à partir des données obtenues, développer un nouveau projet en partenariat avec des laboratoires pharmaceutiques.
Selon la presse, des questions d’ordre juridique et éthique concernant le consentement et la participation de la communauté indigène Krahó au projet étaient au
cœur des conflits.
* Docteur à l’Institut français de géopolitique, université Paris-VIII.
1. J. CARVALHO, « Pesquisadores são suspeitos de biopirataria », O Globo, 09/06/02 ;
R. LOPES, « Tribo quer R$ 25 mi por ervas medicinais », Folha de São Paulo, Ciência,
19/06/02 ; H. ESCOBAR, « Impasse complica pesquisa de plantas medicinais dos craôs », Estado
de São Paulo, 28/06/02 ; R. LOPES, « Universidade não pagará indenização a tribo indígena
craô », Folha de São Paulo, Ciência, 28/06/02 ; H. ESCOBAR, « Craôs negam interesse em
denunciar pesquisadores », Estado de São Paulo, 12/07/02 ; H. ESCOBAR, « Índios não são
contra pesquisa da Unifesp », Estado de São Paulo, 13/07/02 ; R. LOPES, « Técnico da FUNAI
afirma que vai processar pesquisador da UNIFESP », Folha de São Paulo, 18/08/02.
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Hérodote, n° 134, La Découverte, 3e trimestre 2009.
Rodolpho Zahluth Bastos*
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La biopiraterie : réalité ou manipulation
médiatico-politique ?
Le cas des Indiens Krahó
en Amazonie brésilienne
Le territoire Krahó
Hérodote, n° 134, La Découverte, 3e trimestre 2009.
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L’UNIFESP, l’une des universités les plus réputées au Brésil 2, se retrouve face
à une affaire médiatique de biopiraterie dans l’Amazonie brésilienne. Il s’agit
d’un projet de bioprospection mené auprès d’une communauté indigène, qui intéresse principalement des chercheurs et des industriels. Cette affaire démontre bien
les difficultés rencontrées sur le terrain lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre les
principes et les objectifs de la Convention sur la diversité biologique [CDB,
1992]. La CDB s’est emparée du thème de l’accès aux ressources génétiques en
reconnaissant la valeur des savoirs traditionnels dans le domaine de la bioprospection. Dans la pratique, on impose désormais le consentement des populations
traditionnelles comme condition à toute activité d’« ethno-bioprospection » réalisée
sur leurs terres. Il ne s’agit pas d’un simple consentement : il faut un consentement « éclairé, préalable et libre » de la part de la communauté indigène ou locale
détenant des savoirs traditionnels associés aux ressources génétiques. Ce sont
ces qualificatifs à propos du consentement qui sont à la source de nombreuses
accusations de biopiraterie.
La terre indigène (TI) « Kraolândia » (sic) est située entre les latitudes 7° 55’S
et 8° 45’S et les longitudes 47° 10’O et 47° 46’O, dans le nord-est de l’État du
Tocantins. Les Krahó vivent entre les fleuves Manoel Alves Grande et Manoel
Alves Pequeno, des affluents de la rive droite du fleuve Tocantins, et la frontière
naturelle nord-est du territoire indigène est formée par le fleuve Rouge (Rio
Vermelho). Ils occupent une zone d’environ 3 025 kilomètres carrés où prédomine
le cerrado, l’équivalent sud-américain de la savane africaine, bien qu’il y ait aussi
une biodiversité plus semblable à celle des forêts tropicales le long des cours
d’eau. Il s’agirait alors d’une zone de transition entre le cerrado et l’écosystème
de forêt, ce que Meirelles Filho [2006] appelle « cerrado-Amazônia ».
Les Krahó constituent l’un des peuples indigènes de la nation ethnique
Timbira et parlent une langue de la famille jê (tronc macro-jê). Répartis en dixhuit villages où vivent plus de 2 000 personnes 3 les Krahó vivent à proximité des
villes d’Itacajá et de Goiatins.
2. Le ministère brésilien de l’Éducation (MEC) a jugé l’UNIFESP la meilleure université du
Brésil en 2008. Il faut quand même dire que l’université de São Paulo (USP) et l’université
de Campinas (UNICAMP) se refusent à participer de l’évaluation du MEC.
3. Seulement trois peuples indigènes vivant exclusivement à l’intérieur des frontières de
l’Amazonie brésilienne possèdent plus de 10 000 âmes : Guajajara (Maranhão), Makuxi (Roraima)
et Ticuna (Amazonas).
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LA BIOPIRATERIE : RÉALITÉ OU MANIPULATION MÉDIATICO-POLITIQUE ?
HÉRODOTE
4. Notamment auprès du PDDI (Projets démonstratifs pour les peuples indigènes), qui est
un programme financé par le PPG7 (Programme pilote pour la protection des forêts tropicales
brésiliennes), géré par le ministère brésilien de l’Environnement, dont le but est d’appuyer des
projets indigènes de développement d’activités économiques, de valorisation culturelle et de
contrôle territorial. En effet, beaucoup d’associations indigènes sont en train d’être créées dans
ce contexte, compte tenu du fait que le PDDI n’exige pas, comme condition à la présentation de
projets, une durée minimale de vie légale de l’association.
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On assiste en Amazonie brésilienne, depuis la fin des années 1980, à un ample
processus de création d’associations indigènes, légalement constituées, sous forme
d’« organisations de la société civile » [Albert, 2004]. Plusieurs facteurs expliquent
cela : d’abord, la démocratie qui s’installe définitivement au Brésil en 1985, après
vingt ans de régime militaire (depuis 1964), ouvrant la voie à l’organisation de la
société civile ; en deuxième lieu, la promulgation de la Constitution de 1988 qui
ouvre la possibilité aux organisations indigènes de se constituer en tant que personnes juridiques et d’acquérir de ce fait une légitimité nouvelle dans l’espace
public national ; enfin, la montée de la préoccupation de l’opinion publique mondiale à l’égard de la protection de l’environnement et des minorités ethniques, qui
apporte un soutien décisif à l’apparition d’organisations indigènes en Amazonie
brésilienne, notamment au moyen de programmes de coopération internationale
orientés vers les acteurs non étatiques, le développement durable et le financement
de projets locaux [Albert, 2004].
Les dix-huit villages krahó sont aujourd’hui liés à huit associations locales
dont l’organisation est prise en charge par les propres communautés indigènes des
villages. Bien que la plupart de ces organisations disposent d’infrastructures limitées, toutes sont légalement enregistrées ou en passe de l’être. La majorité des
associations krahó a été créée récemment, depuis 2002, avec l’intention d’avoir
une représentation propre pour soumettre des propositions en vue d’obtenir du
financement pour des projets locaux 4. Quoi qu’il en soit, la force représentative
des différentes associations krahó n’est pas la même : lorsque, par exemple, l’association Awkeré ne représente qu’un seul village, l’association Kapèy regroupe
pour sa part tous les villages krahó. Outre ceux-ci, seules trois associations
possèdent des projets dont le financement a été approuvé (Makraré, Vyty-Cati,
Wõkram). Les autres associations (Inxé-Cati, Awké, Pretori) n’ont pas encore de
projets approuvés.
Hérodote, n° 134, La Découverte, 3e trimestre 2009.
Organisation politique des Krahó : l’enjeu contemporain des associations
LA BIOPIRATERIE : RÉALITÉ OU MANIPULATION MÉDIATICO-POLITIQUE ?
Le projet UNIFESP
En 1999, la biologiste Eliana Rodrigues entreprend un travail de recherche et
de collecte de plantes médicinales au potentiel psychoactif auprès des Indiens
Krahó, piloté par les guérisseurs traditionnels, dans l’objectif de connaître les
recettes et les indications thérapeutiques des plantes utilisées dans leurs rituels de
guérison. Ce travail fait partie de sa thèse de doctorat auprès de l’École de médecine de l’université fédérale de São Paulo (UNIFESP), sous la direction du professeur Elisaldo Carlini, directeur du Centre brésilien d’informations sur les drogues
psychotropes (CEBRID) de l’université. Le projet de recherche a été présenté en
1998 et son financement a été approuvé par la Fondation de soutien à la recherche
de l’État de São Paulo (FAPESP) en 1999 7.
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Kapèy et Vyty-Cati sont les associations qui ont le plus grand nombre de
projets financés et implantés sur le territoire.
Fondée en 1994, mais enregistrée officiellement en avril 1996, l’association
Vyty-Cati 5, « grande maison ouverte à tous », rassemble à présent quatre villages
krahó (Aldeia Nova, Bacuri, Cachoeira, Rio Vermelho) et treize villages de cinq
autres peuples de l’ethnie Timbira (Apinayé, Krikati, Gavião-Pykopjê, CanelaApanyekra et Canela-Ramkokamekra). Il s’agit en effet d’une association qui
assure une représentation de l’ethnie Timbira peuplant deux États fédéraux de
l’Amazonie brésilienne, le Maranhão et le Tocantins 6.
Pour sa part, l’association Kapèy (Union des villages indigènes krahó) qui, en
langue timbira, signifie « jolie cour », rassemble tous les villages krahó (18) et
son siège est situé aux alentours du village Água Branca, dans le centre de TI
Kraolândia. Créée en 1993, Kapèy est l’association la plus active au sein des Krahó.
5. En ce qui concerne le nom de l’association, parce qu’il y a d’autres formes lexicales telles
que Wyty-Cati et Wyty-Catë, nous avons choisi celle qui nous semble la plus connue, à savoir
Vyty-Cati (prononcez Votócati).
6. Le siège de Vyty-Cati se trouve à Carolina, dans l’État du Maranhão. Le bâtiment sert
à héberger les Indiens qui se rendent en ville pour vendre de l’artisanat, assister à des réunions
informelles, participer à des rencontres politiques, pour y faire des études, se promener, etc.
Données recueillies auprès de l’anthropologue Deborah Stucchi (entretien personnel au siège
du ministère public fédéral, à São Paulo, le 10 octobre 2002).
7. Projet intitulé « Usages traditionnels de plantes psychoactives par deux groupes humains
au Brésil : une réflexion sur l’efficacité symbolique et les principes actifs ». Outre le soutien de
la FAPESP, le travail d’Eliana Rodrigues sur le terrain a reçu l’aide du Fonds de soutien à la
psychopharmacologie (AFIP) de l’UNIFESP.
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Kapèy et Vyty-Cati, les acteurs majeurs
8. Les Bakairi (État du Mato Grosso) ont également été retenus initialement pour le projet,
mais le choix final s’est porté sur les Krahó qui répondraient davantage aux critères de la
recherche.
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Le choix des Krahó 8 se justifie par le fait que la communauté satisfait aux trois
critères qui avaient été préalablement définis par l’UNIFESP. Il s’agit d’une
communauté indigène qui fait appel à des plantes hallucinogènes au cours de ses
rites et pratiques médicinales ; ensuite, en raison de l’existence, parmi les Krahó,
d’un grand nombre de chamans spécialistes dans la pratique de guérison ; enfin,
on considère que le territoire krahó est situé dans une zone géographiquement
isolée, sans accès facilité au réseau de santé publique, donc favorisant l’exercice
de la médecine traditionnelle [Pivetta, 2001 ; Rodrigues, Assimakopoulos, Carlini,
2005 ; Rodrigues et Carlini, 2006].
La thèse de doctorat d’Eliana Rodrigues a été soutenue au mois de décembre
2001 sous le titre « Usages rituels de plantes qui indiquent des actions sur le
système nerveux central par les Indiens Krahó, en particulier les plantes psychoactives ». L’étude sur le terrain s’est déroulée entre juillet 1999 et juillet 2001 en
plusieurs séjours. Quelques voyages préliminaires ont été organisés pour permettre
de tisser des liens de confiance avec les Krahó, une mesure jugée nécessaire par
les chercheurs qui réalisent des travaux de terrain auprès de communautés indigènes, notamment quand il s’agit de relevés ethnobotaniques [Grenier, 1998].
L’activité de sept chamans a été suivie dans trois villages. Au total, dix visites, à
durée d’environ vingt jours chacune, ont été organisées dans les villages pendant
deux ans, soit près de 200 jours de vie partagée entre le chercheur et les Krahó.
L’UNIFESP s’est mise en contact pour la première fois avec les Krahó par
l’intermédiaire de l’ONG Centro de Trabalho Indigenista (CTI), elle aussi basée à
São Paulo, en 1999. Le rôle de médiateur est assumé par l’anthropologue Gilberto
Azanha, à la fois coordinateur de la CTI (échelle nationale) et de l’association
Vyty-Cati (échelle locale). En tant qu’association représentant les Krahó, cette
dernière devient alors partenaire naturelle de l’UNIFESP dans le projet d’ethnobioprospection dirigé par Eliana Rodrigues. Mais la Vyty-Cati ne représente
que quatre des dix-huit villages krahó : Aldeia Nova, Cachoeira, Bacuri et Rio
Vermelho.
C’est pourquoi les activités de bioprospection sont menées initialement dans le
village Aldeia Nova, associé à Vyty-Cati et à Makraré. Cela dure toute la première
année. À chaque séjour d’une vingtaine de jours, une paie journalière est prévue
pour les chamans qui accompagnent le chercheur sur le terrain. Jusqu’alors, selon
l’UNIFESP, le chercheur ne savait pas que les Krahó se répartissaient dans
Hérodote, n° 134, La Découverte, 3e trimestre 2009.
HÉRODOTE
LA BIOPIRATERIE : RÉALITÉ OU MANIPULATION MÉDIATICO-POLITIQUE ?
plusieurs autres associations 9. Or l’équipe de l’université n’a pas respecté les
limites des villages associés à Vyty-Cati et, au cours de la deuxième année sur
le terrain, elle a poursuivi ses activités d’ethno-bioprospection dans les villages de
Forno Velho et Serra Grande, tous deux n’étant pas associés à l’entité partenaire
de l’UNIFESP [Avila, 2005].
Avant même la soutenance, en décembre 2001, les activités de bioprospection
d’Eliana Rodrigues auprès des Krahó ont été rendues publiques dans un article
de la revue Pesquisa Fapesp parue en novembre 2001 [Pivetta, 2001]. La revue
fait alors écho à l’importance du travail de recherche réalisé et à l’intention de
l’UNIFESP de donner suite au projet de recherche et de développer des médicaments phytopharmaceutiques à partir des ressources et savoirs fournis par les
Krahó. La publication laisse clairement entendre que les bénéfices du projet
devront être partagés entre l’UNIFESP, les Krahó, et les firmes pharmaceutiques
intéressées. Or c’est après la publication de cet article que les premiers conflits au
sein de la communauté krahó sont apparus.
L’association Kapèy, la seule qui représente tous les villages (18), a dénoncé
l’accès aux ressources génétiques et aux savoirs traditionnels des Krahó sans
que toute la communauté soit au courant (ou sans donner son consentement en
toute connaissance de cause) et accusant l’université de biopiraterie puisque
l’UNIFESP prévoit de poursuivre le travail avec l’appui de laboratoires pharmaceutiques et en présentant l’association Vyty-Cati comme le partenaire local privilégié du projet. En effet, les représentants de l’université ne considéraient pas que
les négociations devaient être reprises de façon à intégrer la totalité de la communauté krahó aux discussions. Le ministère public fédéral soulève cette question
lors d’une réunion au siège de l’UNIFESP à São Paulo en février 2002 10.
Agissant en tant que représentant de l’État dans la défense des intérêts indigènes et collectifs, le ministère public fédéral (MPF) rappelle à l’université
l’importance de s’assurer que le consentement des Krahó aux activités d’accès aux
ressources génétiques et aux savoirs traditionnels sur l’usage de ces ressources
9. Déclaration d’Eliana Rodrigues à la CPI sur « le trafic d’animaux et plantes » de
l’Assemblée nationale. CPITRAFI, compte rendu sténographique de la séance du 20 décembre
2002, n° 1134/02, p. 3.
10. Le ministère public fédéral de São Paulo est représenté dans le cas UNIFESP-Krahó
par Mme Maria Luiza Grabner, responsable de la Chambre de communautés indigènes de
l’institution.
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La médiatisation du projet : le début des conflits
11. Rapport du ministère public fédéral, « réunion au siège de l’UNIFESP le 26 février
2002 », s/n.
12. Lettre de l’association Makraré (Aldeia Nova) à la FUNAI datée du 13 mars 2000.
13. Même si cela ne pourrait concerner, de fait, que les bénéfices futurs (brevets sur des
produits, une part des ventes) : l’association Vyty-Cati a toujours été le partenaire privilegié
du projet de l’UNIFESP, comme il a été précisé dans le projet de financement présenté auprès
de la FAPESP (n° 02/03292-8, avril 2002).
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avait bien été donné préalablement, librement et de façon « éclairée », à savoir
dans l’esprit de la Convention sur la diversité biologique (CDB).
Selon le parquet, ce droit au « consentement préalable et éclairé » concerne
non seulement la première phase du projet (recherche académique), mais devrait
également être garanti aux Krahó comme condition à la réalisation de la seconde
phase du projet, celle qui prévoit le développement de produits commerciaux à
partir des ressources et savoirs fournis par la communauté, « y compris parce que
cela touche à des composants culturels d’un ordre symbolique pour les Krahó » 11.
En effet, avant de donner suite au projet, l’UNIFESP est confrontée à quelques
problèmes relatifs à la façon dont la biologiste Eliana Rodrigues obtint le consentement et débuta son travail d’ethno-bioprospection auprès des Krahó. D’abord,
le fait de n’obtenir l’accord que d’une partie minoritaire des Krahó pour initier le
travail de recensement des ressources et savoirs qui sont ceux de tout le peuple
krahó. De fait, ils ont été à peine trois villages (parmi dix-huit) à consentir au
début du travail de recherche : Aldeia Nova (1999), Forno Velho et Serra Grande
(2000). À cela s’ajoute une certaine précarité juridique de l’accord qui a été obtenu :
une simple lettre signée par les chefs des villages 12. L’UNIFESP réfute cependant
toute erreur de procédure ou cherche à les minimiser. En premier lieu, elle affirme
avoir clairement laissé entendre aux habitants des trois villages que tout bénéfice
émanant du projet serait partagé entre tous les villages, c’est-à-dire par tout le
peuple Krahó 13. L’université explique ensuite qu’elle ignorait la présence, au départ
du projet, d’autres associations parmi les Krahó.
Pendant la première phase du projet, même si le paiement d’une somme fixe
à titre de bioprospection n’a pas été prévu, les chamans ont reçu une certaine
somme d’argent à titre de rémunération des heures passées à accompagner le
chercheur sur le terrain, sous forme d’indemnités journalières. Chaque pajé aurait
alors reçu entre 30 et 50 euros (100 et 150 reales) selon la fréquence des sorties
avec le chercheur sur le terrain ; il a été aussi prévu pour les habitants des villages
une somme entre 70 et 120 euros pour chaque jour de visite, montant qui varie
selon la population du village.
Et c’est sans doute parce que les ressources financières étaient limitées que
l’extension de la recherche à d’autres villages a été restreinte par le chercheur.
Hérodote, n° 134, La Découverte, 3e trimestre 2009.
HÉRODOTE
Lettre ouverte des Krahó : la médiatisation des conflits
Hérodote, n° 134, La Découverte, 3e trimestre 2009.
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En effet, la recherche académique avait pour objectif d’être totalement ou
partiellement utilisée dans un projet de recherche et développement de nouveaux
médicaments 14, ceci n’étant possible qu’avec le financement de laboratoires pharmaceutiques intéressés par les résultats de la recherche. Bien évidemment, tout
cela n’a pas été clairement expliqué à la communauté dès le début des travaux.
Mais la recherche a pris un sens nouveau chez les Krahó suite à la publication,
dans la revue Pesquisa Fapesp (novembre 2001), des objectifs d’une deuxième
phase du projet de l’UNIFESP. En effet, avec l’amplification de la cible du projet
et la médiatisation de ses objectifs, d’autres acteurs entrent en scène. L’association
Kapèy, en tant que seule entité représentant tous les villages krahó, demande des
explications à l’UNIFESP et dénonce ce qui semble être un accord déjà conclu
entre l’UNIFESP et l’association Vyty-Cati. Selon la Kapèy, les savoirs krahó sur
la biodiversité locale, transmis et utilisés de façon collective depuis des siècles, ne
pouvaient être négociés et employés à des fins utilitaires, voire économiques, sans
l’aval de l’ensemble de la communauté.
Entre-temps, l’UNIFESP tente de se prémunir d’un possible procès. Coïncidence ou pas, à l’aube de la réunion avec le ministère public au siège de
l’UNIFESP le 26 février 2002, l’université a signé deux protocoles juridiques
avec la Vyty-Cati : un « protocole d’intentions » (22 février) et un « terme de
consentement » (26 février), visant respectivement à autoriser la recherche et la
poursuite du projet de l’UNIFESP. Le protocole d’intention est clair : dans le cas
de brevets de médicaments phytothérapiques issus des informations fournies par
les Krahó, ceux-ci auront droit à une part des royalties, en nommant comme bénéficiaire effectif l’association Vyty-Cati 15.
La Kapèy organise une réunion les 25 et 26 mai 2002 pour régler ce différend
à laquelle l’UNIFESP finalement ne se rendra pas sur les conseils, dit-elle, de
l’association Vyty-Cati. Celle-ci se présentant toujours comme l’association
« concurrente » de la Kapèy. Le rapport de force entre ces deux associations se
14. Dans son évaluation initiale du projet, le Conseil national de développement scientifique et technologique (CNPq) affirme qu’il s’agit d’une étude importante, car permettant de
« connaître le potentiel des plantes brésiliennes pour le développement de nouveaux médicaments » (Rapport 050-I/2000 du ministère public fédéral à Brasília (6e CCR-PGR), daté du
19 avril 2002, élaboré par l’anthropologue Elaine A. Carreira).
15. L’UNIFESP accorde encore d’autres garanties aux indigènes, à savoir que leurs connaissances seront gardées secrètes et que les publications omettraient les noms scientifiques des
plantes indiquées par les chamans dans le but d’éviter une appropriation indue.
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LA BIOPIRATERIE : RÉALITÉ OU MANIPULATION MÉDIATICO-POLITIQUE ?
16. Jaílton DE CARVALHO, « Pesquisadores são suspeitos de biopirataria », O Globo,
Primeiro caderno, 9 juin 2002.
17. Les laboratoires brésiliens Biolab Sanus Farmacêutica SARL et Eurofarma Labs.
SARL.
18. L’autorisation a été obtenue auprès de la FUNAI le 9 juillet 2001 et couvrait la période
allant de juillet 2001 à juillet 2004. Elle a été suspendue le 18 juin 2002.
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joue entre Alberto Hapyhi Krahó (vice-président de la Vyty-Cati) et Fernando
Schiavini (représentant local de la Fondation nationale de l’Indien – FUNAI –,
aux côtés de la Kapèy), selon Hapyhi, « le blanc qui n’a rien à voir avec cela »
[Rodrigues, Assimakopoulos et Carlini, 2005].
L’absence de représentants de l’UNIFESP à la réunion organisée par l’association Kapèy accroît la méfiance à l’égard du projet et des liens de l’université
avec l’association Vyty-Cati. En effet, pendant les deux jours de réunion dans les
locaux de la Kapèy, l’indignation s’impose. Pour les responsables indigènes liés
à la Kapèy, l’UNIFESP avait manqué l’occasion d’éclaircir le déroulement de la
recherche menée par Eliana Rodrigues et de régulariser la situation pour inclure
la totalité du peuple Krahó aux discussions. Cette indignation se traduit finalement par la rédaction d’une lettre ouverte (« Carta Aberta do povo Krahó »,
Itacajá, le 26 mai 2002) où les Krahó demandent à l’UNIFESP la somme de
20 millions de reales (R$) de taxe de bioprospection plus 5 millions à titre
d’indemnisation du préjudice moral, soit un total de 25 millions de reales (environ
8 millions d’euros). C’est le début d’un véritable scandale médiatique.
Au cours des mois qui suivent la publication de cette lettre ouverte, on assiste
en effet à de nombreux reportages de la presse écrite présentant différentes
versions de l’affaire par la voix des principaux protagonistes. Les grands journaux
brésiliens suivent l’affaire. O Globo de Rio fait le premier pas en parlant d’un cas
présumé de biopiraterie 16.
Cette lettre ouverte des Krahó est très mal reçue par l’UNIFESP, qui repousse
les fausses accusations de biopiraterie qui nuisent à sa bonne réputation. Celle-ci
juge également « absurde » la demande d’indemnisation des Krahó, et surtout
son montant. Celui-ci s’explique par la représentation que se font les responsables
de la Kapèy des énormes profits que tirera l’industrie pharmaceutique de leur
savoir.
Mais la publication de la lettre ouverte conduit à la suspension du projet et
au « désistement » des laboratoires pharmaceutiques partenaires de l’UNIFESP 17.
La FUNAI va aussi interdire formellement les chercheurs de l’UNIFESP d’entrer
dans la terre indigène krahó, ce qui signifie l’annulation de l’autorisation antérieurement accordée à l’université 18. Ce n’est pourtant pas encore la fin du projet
Hérodote, n° 134, La Découverte, 3e trimestre 2009.
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LA BIOPIRATERIE : RÉALITÉ OU MANIPULATION MÉDIATICO-POLITIQUE ?
qui n’arrivera qu’en 2005 sur d’autres motifs de refus. Autrement dit, encore
trois ans de rapports de force, de négociations et de conflits.
L’une des grandes difficultés pour le développement de la bioprospection
au Brésil consiste à surmonter la bureaucratie et la lenteur des pouvoirs publics
chargés d’autoriser le déroulement des activités de recherche.
Un exemple flagrant du problème porte sur l’implantation du Conseil de gestion
du patrimoine génétique, le CGEN, organisme chargé d’autoriser les projets de
bioprospection au Brésil. Or, même si la loi brésilienne prévoyait sa création depuis
l’année 2000, le CGEN ne s’instaure (et même progressivement) qu’à partir du
mois d’avril 2002 19, c’est-à-dire après la fin du travail d’ethno-bioprospection
mené par l’UNIFESP auprès des Krahó. Cela signifie que toutes les démarches
prévues par la loi en vue d’être effectuées par l’université auprès du CGEN relèvent
à peu près de la fiction juridique. Bref, comment faire pour déposer une demande
d’autorisation de recherche auprès d’un organisme qui n’existe pas encore ?
Compte tenu de la création tardive du CGEN, l’UNIFESP ne pourra soumettre
sa demande d’autorisation du projet qu’en septembre 2002 20 alors que la recherche
d’ethno-bioprospection est achevée depuis plus d’un an et que la crise est déjà
installée après la publication de la lettre ouverte de l’association Kapèy. De plus,
le CGEN n’établira les directives pour l’obtention du consentement préalable
auprès de populations traditionnelles qu’en juin 2003.
En effet, l’intégralité du travail d’enquête auprès des Krahó fut accomplie sans
le permis d’entrée en terre indigène. Dans les cas d’enquêtes scientifiques à l’intérieur de terres indigènes, le pouvoir de délivrer le permis d’entrée revient à la
FUNAI. Pour son projet dans le territoire krahó, l’UNIFESP n’obtient le permis
qu’en juillet 2001, c’est-à-dire après avoir conclu les deux années d’enquête
ethnobotanique auprès de la communauté indigène. C’est le ministère public qui
fait pour la première fois cette remarque d’irrégularités dans le projet 21. Et pourtant, il n’y aurait peut-être rien de grave si la FUNAI n’avait pris dix-sept mois
pour émettre le permis à l’UNIFESP.
19. La première réunion du Conseil est datée du 25 avril 2002.
20. Demande d’adéquation du projet n° 02000.002755/2002-44, datée du 10 septembre
2002.
21. Rapport 050/2000 du ministère public fédéral de São Paulo, daté du 4 septembre 2002.
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UNIFESP face aux défis de l’ethno-bioprospection
22. Eliana Rodrigues (UNIFESP) argumente que toutes les demandes ont été déposées en
temps utile, juste après la réponse favorable de financement de la part de la Fapesp. Elle affirme
qu’elle s’est personnellement engagée à obtenir les autorisations et renvoie le problème à la
bureaucratie des institutions concernées. Voir ses déclarations à la commission d’enquête parlementaire sur « le trafic d’animaux et plantes » de l’Assemblée nationale. CPITRAFI, compte
rendu sténographique de la séance du 20 décembre 2002, n° 1134/02.
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En fin de compte, les démarches ont pris deux ans, c’est-à-dire le même
laps de temps que pour l’enquête de terrain. Cela signifie que tout le travail
effectué auprès des Krahó se place dans l’irrégularité vis-à-vis des autorisations 22.
En revanche, si le chercheur de l’UNIFESP avait reporté la recherche jusqu’à ce
que les autorisations soient délivrées, il n’aurait pas conclu le projet dans les
quatre ans impartis pour un doctorat, sans compter le risque de perdre le financement pour le travail d’enquête de terrain, indispensable pour mener à bien tout
projet de cet ordre.
À cela s’ajoute le fait que le mouvement associatif indien n’est qu’un phénomène récent en Amazonie brésilienne. En effet, le processus de centralisation de
la représentation politique dans les sociétés indigènes est loin d’être consolidé
et chaque village indigène joue un rôle d’unité politique encore très important au
sein de leur communauté [Avila, 2005]. Ceci explique en grande partie la difficulté de trouver une représentation légitime d’une collectivité indigène, qui ne
devient possible qu’à travers un large processus de consultation auprès de la
communauté concernée.
L’équipe de recherche de l’UNIFESP semble n’avoir pas compris cet enjeu.
En effet, en nommant dès le départ l’association Vyty-Cati comme partenaire
local privilégié, elle a fait son choix de représentation de manière purement intuitive et pragmatique. Un choix qui s’avérerait plus tard clairement à l’encontre de
l’organisation politique des Krahó.
À ce niveau d’analyse, il est intéressant néanmoins de se poser quelques
questions : à qui appartient finalement le « savoir krahó » sur la biodiversité ?
Aux villages concernés par le projet ? À la personne du chaman qui est allé avec
le chercheur sur le terrain ? Aux Krahó, y compris leurs ascendants de l’ethnie
timbira ? À tous les peuples timbira qui partagent probablement le même savoir
local ? En effet, il reste encore beaucoup de questions en suspens lorsqu’il s’agit
de mener un projet de bioprospection auprès de communautés indigènes, notamment en ce qui concerne le partage des bénéfices qui peuvent découler de la
recherche scientifique à finalité économique et les accusations de biopiraterie sont
loin d’être toujours fondées mais tellement porteuses sur le plan médiatique.
Le terme « biopiraterie » est apparu au début des années 1990 pour désigner l’appropriation indue de ressources génétiques et de savoirs traditionnels associés
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Bibliographie
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(notamment par le biais de demandes de brevets). Ce terme repose toutefois sur
deux notions erronées. D’abord, la « piraterie » est (et a toujours été) un acte
illégal, alors que tous les actes désignés par le terme « biopiraterie » ne sont pas
forcément illégaux comme le montre cet article. En effet, à défaut d’une législation régissant l’accès aux ressources génétiques (à charge des États membres de la
Convention sur la diversité biologique, de 1992), l’action de collecter une plante,
de transférer le matériel génétique à l’étranger, d’identifier le composant actif, de
le synthétiser et le breveter, n’est pas illégale. Or, s’il existe une législation, ces actes
peuvent être illégaux dans le pays où la collecte a été faite, mais pas forcément
dans le pays où la recherche a été développée ou le brevet demandé [Carvalho,
2003]. C’est donc pourquoi certains États exigent la mise en place d’un régime
international qui soit juridiquement contraignant. En deuxième lieu, le mot « piraterie », dans le monde de la propriété intellectuelle, concerne exclusivement les
infractions en matière de droits d’auteur. Ce n’est pas le cas du terme « biopiraterie » qui touche d’autres secteurs de la propriété intellectuelle (droits d’auteur,
marques et, surtout, brevets). La biopiraterie n’est pas un concept juridique, mais
une représentation des conflits qui existent à propos de l’appropriation des
ressources génétiques et que visent à dénoncer des rapports de force inéquitables
dans l’exploitation de ces ressources.
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