Associat ion Archéologique des Pyrénées- Orient ales
ARCHÉO 66
BULLETI N DE L’AAPO
N° 30
2015
ARCHÉO 66, no30
V. Porra-Kuteni - Dolmens d’ici, mégalithes, d’ailleurs
Dolmens d’ici, mégalithes d’ailleurs ; pierres dressées
en pays nord catalan
Compte-rendu d’exposition
Allemagne centrale, et à des périodes diverses
du Néolithique qui s’étalent sur deux millénaires
(environ – 4500 ans à – 2200 ans).
Exposition 2015 au Château-Musée de Bélesta
Au VIè millénaire il y a une sédentarisation
des populations en Europe, confirmée par les
restes végétaux qui reflètent l’environnement
impacté par les activités humaines. Au cours de
la première moitié du Vè millénaire, l’implantation néolithique va aller en s’amplifiant. Une
augmentation de la population se traduit par une
déforestation qui s’aggrave brusquement, suite à
des besoins plus grands en surfaces cultivables,
en matériaux pour la construction des maisons,
des bateaux, des voies de circulation et aussi
des engins de traînage et de levage des pierres
pour construire les grands monuments du nord
de l’Europe.
Le Château-Musée de Bélesta dédié à la
Préhistoire récente et à la Protohistoire du
département des Pyrénées-Orientales possède
des salles qui présentent de manière permanente
des mégalithes de la vallée de la Têt. Il était donc
légitime qu’une exposition de remise en contexte
de ces monuments soit enfin montée à Bélesta.
Pour ce faire, les textes et les présentations de
ces monuments s’appuyaient sur les travaux
fondateurs de Jean Abélanet (dont le dernier
ouvrage « Itinéraires mégalithiques en pays
nord catalan » rassemble toute la documentation
connue sur le sujet), mais aussi sur les derniers
travaux archéologiques réalisés en Conflent par la
doctorante Noisette Bec-Drelon. Les recherches
de Tara Steimer-Herbet en Indonésie, ont apporté
aussi un éclairage des plus enrichissants quant à
la connaissance des motivations de populations
actuelles qui construisent des mégalithes pour
leurs défunts. Enfin, des maquettes (réalisées par
Jean Abélanet - fig.1) et des films ont complété la
présentation, associés de manière incontournable
à l’exposition des artéfacts découverts dans les
dolmens nord catalans, fouillés depuis près d’un
siècle.
La sédentarisation va impliquer la
constitution de sociétés puissantes, avec un
essor démographique rapide dans un contexte
territorial bien défini. Cette expansion s’est
réalisée certainement grâce à une hiérarchisation
réglant tous les problèmes de spécialisation des
tâches, aussi bien domestiques qu’intellectuelles,
politiques ou religieuses, et la coordination des
diverses « professions ». La possession de biens
territoriaux nécessitait de les contrôler, avec ses
corollaires : pouvoir et prestige.
C’est dans ces contextes sociaux et
économiques que naît vers le milieu du Vè
millénaire l’architecture mégalithique. Pour la
première fois, l’Homme construit en matériaux
durables des ouvrages dont l’usage n’est pas
uniquement utilitaire. Cette architecture s’est
exprimée de manière différente dans trois
grandes régions atlantiques, essentiellement
sur l’allure extérieure de ces constructions.
Les tombes armoricaines possèdent de hautes
murailles en pierres sèches constituant des
façades impressionnantes (Barnenez, Gavrinis),
sur le littoral occidental les façades des
tombes ibériques restent inconnues ; seules
des couronnes de pierres au pied des restes de
tumulus, ont été retrouvées (comme à Dombate
en Galice). Les tumulus irlandais, plus récents
étaient ceinturés par des enceintes de pierres
posées de champ et parfois richement ornées.
En restaurant Newgrange (vallée de la Boyne),
J. O’Kelly pense que l’enceinte était surmontée
Fig. 1. Maquette du ciste de Calahons (Catllar)
cliché T. Kuteni.
Aux origines du mégalithisme européen
Le mégalithisme européen n’est pas un
phénomène homogène. Il apparaît dans des
sociétés réparties sur le littoral atlantique,
de la péninsule ibérique à l’Irlande et aux
Orcades, ou à l’intérieur du continent jusqu’en
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V. Porra-Kuteni - Dolmens d’ici, mégalithes, d’ailleurs
d’une brillante façade de blocs de quartz blanc
entremêlés de boules de granite, affirmant par là
le caractère exceptionnel de l’édifice.
écartées de cet inventaire. Ces mégalithes dans
les Pyrénées-Orientales se présentent comme
des pierres dressées sans le moindre signe gravé.
Comme les dolmens, les pierres érigées ou les
monolithes ont été taillés dans la roche locale
dominante et proviennent rarement de gisements
lointains.
Les pierres dressées et les grandes tombes
sous tumulus ou cairns sont des architectures
de grand style auxquelles sont attachées trois
fonctions essentielles.
Leur fonction reste énigmatique en l’absence
de contexte archéologique.
- Première fonction fondamentale : c’est une
tombe et / ou un sanctuaire. Les pierres dressées
(isolées ou rassemblées) sont des sanctuaires et
les stèles sont dédiées aux divinités. Les tombes
à couloir sont des sépultures collectives, bien
que parfois l’utilisation très courte laisse penser
qu’elles sont réservées à une certaine classe
sociale (juste certains individus).
En Cerdagne à Targasonne, Laurent Vidal
(Inrap) a fouillé un mégalithe abattu, dont le sol
de circulation retrouvé a été daté par des charbons
de la seconde moitié du troisième millénaire
(env. - 2250 avant notre ère). Plus récemment,
Ingrid Dunyach a fouillé un autre monolithe
abattu dans les Albères (La Borne, col Terrers
II, voir la notice en début d’ouvrage). Entouré
d’un cercle de pierres, ce monument évoque les
Cromlechs retrouvés en Catalogne sud.
- La deuxième fonction de ces architectures
est liée au prestige : l’ampleur des constructions
extérieures qui entourent la tombe centrale
révèle une volonté d’affirmer la puissance du
groupe, de son chef ou des puissances divines
qui dominent la société. La surface et le volume
des cairns (que ce soit Gavrinis ou Newgrange),
dépassent de beaucoup les strictes nécessités de
la fonction funéraire primaire.
Dans la mesure où ces pierres droites
sont en général solitaires (pas de lignes, pas
de regroupements en cercle ou autre), leur
interprétation reste délicate. C’est assurément la
signalisation, l’évocation de quelque chose ou
d’un événement d’ordre social ou spirituel, mais
lequel ?
- La troisième fonction est celle de marqueur
du territoire. En s’élevant à des hauteurs
importantes et sur des points topographiques
élevés, les monuments, pierres dressées, cairns
et tumulus, signalent l’existence d’une société et
révèlent sa puissance.
Borne frontière ? Cénotaphe ? Monument
commémoratif ? Stèle de divinité peinte ?
La période où l’on a érigé ces roches demeure
tout aussi mystérieuse ...
Il a donc fallu un pouvoir politique de
décision pour extraire des blocs allant jusqu’à
300 tonnes, transportés parfois sur plusieurs
kilomètres, ensuite dressés et organisés par des
ingénieurs qualifiés. Ces manœuvres de force ont
certainement été dictées par une forte spiritualité
et peut-être même par un pouvoir religieux. Cette
dimension spirituelle du mégalithisme atlantique
se traduit par une nouvelle forme d’art : les
roches debout gravées ou peintes.
Leur silhouette se dresse en général sur des
horizons bien dégagés et à toutes les altitudes, de
manière sûre pour être bien visible.
A - Dolmens d’ici …
1 - Menhirs et pierres dressées
Les menhirs ne sont pas très nombreux en
Catalogne nord à la différence de la Catalogne
sud. Actuellement on dénombre six menhirs
recensés comme pouvant être préhistoriques. En
réalité, il existe au moins le double de pierres
dressées dont il est difficile de confirmer leur
attribution à la Préhistoire. Celles-ci, anciennes
ou actuelles pierres de bornage, ont donc été
187
−
La Pedra Dreta de Caladroer (Bélesta)
−
La Perafita (Cerbère)
−
La Pedra Dreta de Sant Salvador
(Cerbère)
−
La Pedra Dreta de l’Agly (Espirade-l’Agly) qui a servi de limite de
communes
−
Planal de la Coma del Llop (Vingrau)
−
Monolithe abattu de Vilalte (centrale
Thémis, Targasonne)
−
Monolithe abattu (cromlech?) de La
Borne, Col Terrers II (Argelès-sur-Mer)
−
Pierre dressée du Mas Nou (Bouleternère) déplacée au prieuré de Serrabone,
portant gravure d’une sorte de crosse.
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V. Porra-Kuteni - Dolmens d’ici, mégalithes, d’ailleurs
2 - Historique des recherches en Roussillon
il a dressé l’inventaire exhaustif des « Dolmens
et rites funéraires en Roussillon et Pyrénées nord
catalanes ».
Jaubert de Réart fut le premier à signaler des
mégalithes dès 1832, mais ce n’est qu’en 1921
que Pierre Vidal dresse le premier inventaire de
25 dolmens. Pierre Ponsich en fait un décompte
plus précis en 1949. Depuis, Jean Abélanet a
patiemment prospecté et découvert des dolmens
au nombre de 90 en 1987 pour atteindre 123
monuments en 2011 ! L’étude de la toponymie
l’a souvent aidé à trouver de nombreux vestiges :
arca, caixa, perelada ou peyrelada, l’home mort,
la dona morte (fig. 2).
3 - Mégalithes des Pyrénées-Orientales
Leur implantation est généralement située
en région montagneuse sur des emplacements
privilégiés (très souvent une vue panoramique
avec angle à 360°) comme un col, une crête, à des
altitudes pouvant atteindre 1500 m en Cerdagne
(fig. 3). Les matériaux employés sont des roches
disponibles sur place (schiste, granite, gneiss,
calcaire pour les plus courants).
Fig. 2. J. Abélanet, P. Ponsich et J. Llado sur le dolmen
de la Lloseta (Villerach), archives. P. Ponsich.
Fig. 3. Dolmen Pascarets ou de la Borda (Eyne),
cliché V. Porra-Kuteni
Ces mêmes années 1980, Françoise Claustre
(chercheur au CNRS) nouvellement installée
en Roussillon, a mené la première fouille
programmée d’un mégalithe à Maureillas : le
dolmen de la Siureda.
Leurs dimensions sont dans l’ensemble
modestes. Les mégalithes des PyrénéesOrientales n’ont de mega que le nom, comparés
à bon nombre de monuments chez nos voisins
les plus proches en Catalogne du sud ou dans
l’Aude (le dolmen de Las Fades à Pépieux et
le dolmen de Saint Eugène à Laure-Minervois,
dolmens dont le tumulus dépasse les 15 m de
diamètre).
Dans ce mouvement, c’est en 1993 que fut
élaboré le projet de « la Piste des dolmens » par
les élus du canton de Vinça. Ainsi fut créée une
charte intercommunale pour mettre en place un
chantier école de manière à étudier et valoriser
les dolmens en vu d’un circuit pour le public
randonneur et familial. Cette étude commença
par la fouille en 1993 du dolmen du Moli del Vent
à Bélesta par Valérie Porra. Pour la première fois
dans ce département, le décapage de la totalité du
tumulus montra l’apport d’une telle démarche :
une meilleure connaissance de l’architecture et
la découverte de mobilier, souvent absent de la
cella pillée.
Leur plan est toujours très simple : un simple
caisson, dont les dimensions et l’accès varient
selon les périodes de construction. L’orientation
de l’entrée de la structure est le plus souvent
dirigée vers le sud, plus précisément vers le
sud-est et moins fréquemment vers le sudouest. Malheureusement, le mauvais état de ces
mégalithes ne permet pas toujours de la mettre en
évidence et l’on trouve parfois des orientations
vers l’est (dolmen du Pla de l’Arca à Molitg-lesbains) ou l’ouest (dolmen de los Masos à SaintMichel-de-Llotes), ou encore, vers le nord-ouest
(Saint Martin à Latour-de-France). Certains
monuments pouvaient être clos et ne s’ouvrir
qu’en remuant la dalle de couverture ou par un
sas dans la partie supérieure.
Ce projet de « piste des dolmens » a permis
la fouille, l’étude et la restauration par JeanPhilippe Bocquenet de cinq dolmens des
Aspres et la prospection de toute la vallée de
la Têt, à la recherche de nouveaux dolmens et
de la localisation de monuments anciennement
identifiés. C’est en 2011 que Jean Abélanet
est revenu à ses premières amours avec la
publication des « itinéraires mégalithiques » où
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V. Porra-Kuteni - Dolmens d’ici, mégalithes, d’ailleurs
Gravures et cupules accompagnent souvent
ces monuments, soit sur les dalles elles-mêmes,
soit dans l’environnement proche. Ces signes
se trouvent essentiellement sur la face externe
de la table de couverture du dolmen. On trouve
surtout des cupules (dans les roches granitiques
ou schisteuses) exécutées par rotation d’un galet
en roche dure et plus rarement des croix aux
extrémités cupulées (essentiellement sur des
dalles de schiste). Anciennement attribuées à
une volonté de christianisation de ces édifices,
les découvertes de dalles cupulées à la base de
certains tumulus ont montré leur contemporanéité
du monument. Jean Abélanet a proposé des pistes
d’interprétation de ces signes dans l’ouvrage de
référence sur les roches gravées nord catalanes.
4 - Répartition des dolmens du Roussillon
Le département des Pyrénées-Orientales
compte près de 140 dolmens répartis sur 67
communes (bilan de la DRAC en 2010). Ils
se distribuent principalement dans les zones
montagneuses entre 200 et 2500 m d’altitude.
Des concentrations de ces monuments se
rencontrent dans les Albères, les Aspres, les
Fenouillèdes, le Conflent et la Cerdagne, soit le
centre et l’extrémité ouest du département. Les
plus grands monuments ont souvent reçu une
restauration (environ 15) et certains sont classés
monuments historiques (7).
Les tumulus sont constitués de pierres,
blocs et/ou terre. Parfois ces tertres possèdent
un parement de pierres plates (Moli del Vent
à Bélesta). Leur forme est essentiellement
circulaire avec quelques rares cas ovales avec un
péristalithe, constitué de dalles verticales fichées
en terre, délimitant ainsi un espace funéraire
(de forme rectangulaire au dolmen du Roc del
Llamp à Castelnou). La fouille de certains tumuli
a montré la présence de pierres rayonnantes,
disposées de manière à donner davantage de
cohésion aux concentrations de pierres (dolmens
Prat-Clos à Ria–Sirach et Saint Martin à Latourde-France).
Une question reste posée : pourquoi la situation
des dolmens privilégie de manière générale
les hauteurs, les cols, les crêtes, les plateaux
dominant les terres basses ? (fig. 5). Doit-on y
voir des espaces plutôt dévolus aux éleveurs ?
Peut-on y reconnaître le choix d’un peuple de
pasteurs, avec ses «repères» mégalithiques sur
des territoires de pacages et le long de routes
de transhumance ? La dimension spirituelle du
choix du lieu de la construction de ces sépultures
collectives (ou peut-être simplement de quelques
individus d’un groupe ou une famille) nous
échappe. Mais elle devait revêtir une importance
primordiale pour des gens qui donnaient sens à la
majorité des gestes de leur vie quotidienne (leur
survie en dépendait souvent), qui interprétaient
constamment les mouvements climatiques et
sacralisaient la plupart des éléments naturels
(l’eau, les arbres, les roches, la terre, etc.).
Leur contenu est très souvent indigent
à cause des pillages anciens : le mobilier
déposé en offrande aux défunts a été de tout
temps perturbé, soit par convoitise soit par
réoccupation du lieu utilisé fréquemment
comme abri. De plus, l’acidité de certains sols
a favorisé la dissolution des ossements humains
contenus. Dans le département deux dolmens
font exception : le dolmen de l’Oliva d’En David
à Salses (sol calcaire) où plusieurs restes osseux
humains ont été retrouvés et le dolmen du Serrat
d’en Jacques à Saint-Michel-de-Llotes (fig. 4)
où juste un fragment de boite crânienne humaine
avait été conservé.
Fig. 5. Dolmen El
(cliché V. Porra-Kuteni).
Castillo
(Prats-de-Mollo),
Malgré les outrages du temps, les pillages et
les réutilisations intempestives, la persistance de
ces petits ou moyens mégalithes dans le paysage
des Pyrénées-Orientales offre les plus anciens
témoignages d’une emprise de l’homme sur la
nature. À ce titre, ils procèdent d’un patrimoine
Fig. 4. Dolmen du Serrat d’en Jacques (St Michel-deLlotes), (cliché V. Porra-Kuteni).
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V. Porra-Kuteni - Dolmens d’ici, mégalithes, d’ailleurs
dont il nous appartient de réfléchir sur la
meilleure façon de le conserver et, après l’avoir
étudié, de le transmettre aux générations futures.
Bélesta). Certains de ces dolmens se rapprochent
de l’allée couverte (Prat-Clos à Ria, Poste de
tir à Saint-Michel-de-Llotes). Ces monuments
correspondent aux «galeries catalanes»
côté Catalogne du sud. Leur datation serait
du Néolithique-final (fin IIIème- début IIème
millénaire).
5 - Essai de chrono-typologie
Pour certains monuments, la période
vérazienne peut être avancée, d’après la
céramique à cordons lisses et les habitats de la
même époque, répertoriés aux alentours.
Les dolmens de la Catalogne nord sont des
tombes collectives accueillant un nombre plus ou
moins élevé de défunts : peu de sujets, quelquefois
plusieurs dizaines. Il est tentant d’avoir sur la
genèse des tombes mégalithiques une vision
linéaire, mais rien n’est plus difficile que de dater
ces carcasses de pierre en l’absence de matériaux
organiques (charbons, ossements) utilisés par
les moyens de datation physico-chimique et vu
la rareté des mobiliers remarquables associés
de manière certaine. Pourtant, Françoise
Claustre en 1998 et Josep Tarrus en 2002 ont
pu établir une chrono-typologie d’après l’étude
des diverses architectures, mises en relation
avec les vestiges archéologiques retrouvés.
Cinq phases ont pu être ainsi discernées pour
les constructions des Pyrénées-Orientales, en
précisant que les deux premières concernent un
protomégalithisme plutôt que le dolménisme
stricto sensu. Il ne faut pas imaginer ces phases
comme des ruptures d’habitudes, mais plutôt
comme des comportements prédominants à
certaines périodes.
- Phase 4 - Les dolmens à couloir sont
réutilisés et les dolmens simples sont construits
au Chalcolithique - Ième moitié du IIème millénaire
- (fig. 6). Les dolmens simples sont les plus
nombreux en Roussillon (Llauro, Arles-sur-Tech,
Argelès-sur-Mer, Molitg-les-bains, Campoussy,
etc.). Trois dalles ou davantage délimitent une
chambre carrée ou rectangulaire. L’orientation de
leur entrée est fréquente au Sud (essentiellement
sud-est et parfois sud-ouest). L’accès à la cella
est possible par une dalle frontale à l’entrée
du dolmen (Enveitg), ou par une dalle mobile
(par rapport à une dalle inférieure fixe) qui fait
office de porte-fenêtre (Dolmen de la Siureda
à Maureillas). Parfois, un vestibule-puits sert
de passage, devant la chambre à l’intérieur du
tumulus ou bien une porte en bois aujourd’hui
disparue.
- Phase 1 - La ciste (coffre de quatre dalles
souvent couvertes) avec sépulture encore
individuelle, mais des coffres parfois regroupés
dans un tumulus complexe, daté du Néolithiquemoyen (2ème moitié du Vème millénaire) du groupe
Montbolo (pour exemple la nécropole du Camp
del Ginebre, à Caramany).
- Phase 2 - Les cistes petites ou grandes,
totalement enterrées, sans tumulus (pour
Françoise Claustre comme pour Jean Abélanet,
il n’y a pas de véritables dolmens à couloir et
chambre circulaire ou polygonale). On trouve
aussi de petits coffres enterrés ou semi-enterrés,
avec ou sans tumulus apparent, avec ou sans
péristalithe (Caixas, Catllar, Conat, Eyne, SaintMarsal, etc.). Leur datation pourrait se situer à la
fin du IIIème millénaire ?
Fig. 6. Dolmen del Prat (Trilla), (cliché V. PorraKuteni).
- Phase 5 – On constate la réutilisation de tous
les monuments mégalithiques déjà existants et la
construction de petites cistes aériennes couvertes
d’un tumulus durant la fin du Chalcolithique
et jusqu’à l’âge du Bronze ancien (deuxième
moitié du IIème millénaire avant notre ère ?). Les
petites structures de Bouleternère pourraient
correspondre à cette étape.
- Phase 3 – Le dolmen à couloir évolué
: dolmen à couloir aussi large que la chambre
à plan rectangulaire en U ou en V (Laroquedes-Albères, Saint-Jean-de-l’Albère, Tarerach,
190
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6 - Des offrandes pour les morts
- Des outils déposés en offrande donnent
des indications sur certaines activités
protohistoriques. On a pu observer des haches
polies dans une roche dure (pour le travail
du bois), des alênes en métal cuivreux (pour
réaliser des tatouages ?), des lames de silex au
tranchant retouché pour la découpe de matières
tendres (viandes, moisson des céréales, etc.), des
broyeurs de quartz. Des plaquettes de schiste
poli se rencontrent parfois. Des fusaïoles, petites
boules de terre cuite percée, pour lester le
fuseau pour filer la laine ou des fibres végétales,
indiquent la présence d’un sujet féminin.
Les fouilles archéologiques des dolmens ont
livré des vestiges des offrandes déposées près des
défunts lors des inhumations ou dépôts de corps.
La typologie de ces mobiliers permet de dater
les diverses utilisations des monuments, autant
comme tombeau qu’abri ponctuel lorsqu’il est
ruiné. On y retrouve généralement des éléments
de la vie quotidienne des occupants durant la
Protohistoire et l’Histoire. Les objets sont très
rarement complets et toujours très fragmentés,
témoins des nombreuses fréquentations du lieu.
On remarque toujours la présence d’au moins
une meule à va-et-vient dans les pierres du
tumulus, sans pouvoir préciser si c’est un dépôt
votif ou un rebut de la vie quotidienne.
Pour la Protohistoire, les principales offrandes
sont représentées par :
- Des céramiques contenaient des offrandes
alimentaires pour le défunt dans l’au-delà. On
trouve des coupelles ou gobelets individuels et
de petits vases de stockage. Leurs dimensions
sont en général assez réduites (25 cm de haut au
maximum). Ces poteries modelées portent des
décors et possèdent des formes qui renseignent sur
leur période de fabrication et d’utilisation. Cela
permet de dater de manière relative les diverses
fréquentations du monument (Néolithique final,
Âge du Bronze moyen, etc.).
On peut imaginer qu’il y a eu un grand
nombre de biens en matières périssables comme
des pains, des tissus, des vanneries ou encore des
objets en bois, déposés dans les monuments.
7 - Dernières recherches sur les dolmens en
Conflent en 2013
De nouveaux travaux ont été initiés depuis
2012 sur les dolmens du Languedoc et du
Roussillon par Noisette Bec-Drelon (doctorante
au LAMPEA-UMR7269). Ces investigations
concernent l’exploration des tumulus qui n’ont
pas souvent fait l’objet de fouille systématique
et n’ont pas été intégrés aux réflexions sur le
phénomène mégalithique dans le sud de la
France. Les résultats de ces sondages ont montré
la diversité de ce type de structure au sein
d’un même territoire et ont permis de cerner
des différences comportementales face aux
contraintes du milieu.
- Des parures ornaient les dépouilles (fig. 7).
Si les perles de colliers sont les plus représentées,
il y a aussi des coquillages percés (coquilles de
cardium), des bracelets en bronze et des boutons
à bélière en métal cuivreux, à partir de l’âge du
Bronze.
En 2013, deux dolmens des PyrénéesOrientales ont fait l’objet de sondages : le dolmen
de la Barraca (ou du Mas Llussanes I à Tarerach)
dit « à couloir évolué », édifié en granite, et le
dolmen de Prat-Clos (Ria-Sirach) qui est un
dolmen dit « simple », en schiste. Ces monuments
aux dimensions modestes ont été choisis car peu
touchés par des restaurations et sont de typologie
voisine. En plus de leur différence sur le plan
des matériaux utilisés, ces dolmens présentent
des particularités architecturales au niveau du
tumulus : des dalles rayonnantes semblent cercler
le dolmen de Prat-Clos alors que le dolmen de
la Barraca est ceinturé par une couronne de
blocs juxtaposés (fig. 8). Dans le cadre de ce
programme de recherches, il était question de
préciser la nature de ces structures tumulaires,
Fig. 7. Boucles d’oreilles en or trouvées dans le dolmen
du Serrat d’en Jacques (St Michel-de-Llotes), (cliché
F. Claustre).
- Des armes comme des pointes de flèches
en silex puis en bronze pour les périodes plus
récentes, montrent une partie de la panoplie du
chasseur. Des lames de poignards en silex sont
parfois retrouvées, mais restent rares dans notre
région où il n’y a pas de gisement de silex propre
à la taille.
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Une certaine définition du « mégalithisme »
indonésien…
leur mode de construction, leur évolution et leur
fonctionnement. Les données issues de la fouille
des chambres, effectuée par J. Abélanet dans les
années 1960, situent l’utilisation de ces deux
dolmens au Néolithique final (soit vers – 2200
/ - 2000 ans).
Chez les hommes de Waru-Wora dans la
région de Lamboya à Sumba, la valeur d’une
pierre n’est pas due à sa taille. Une petite pierre
d’une vingtaine de centimètres devant laquelle
sont déposées des offrandes (riz, béthel) est aussi
importante qu’une stèle monumentale de plus
de 2 m de haut ornant la façade d’un tombeaudolmen. Dans une culture fondée sur l’oralité
(l’écriture est connue mais non utilisée) la pierre
est un outil de communication fondamental pour
transmettre l’identité de la tribu (clan/groupe),
le statut social du commanditaire et pour
communiquer avec les ancêtres et les esprits de
la nature.
Les sumbanais érigent depuis le XVIe s.
des stèles et des tombeaux mégalithiques en
l’honneur des esprits ancestraux ; les Javanais
construisaient entre le VIIIe et le XIVe s. des
plates-formes monumentales à gradins en
pierres sèches, les Nihas dressent depuis le
XVIIIe s. des statues anthropomorphes pour
leurs chefs vivants… Ces édifices indonésiens
petits ou grands, constitués de pierres sèches ou
de dalles de plusieurs tonnes, brutes ou taillées,
sont destinés à la mémoire des morts mais aussi
au « pouvoir » des vivants, appartiennent à des
sociétés « à mégalithes ».
Fig. 8. Dolmen la Barraca (Tarerach), (cliché V. PorraKuteni).
Les deux récentes campagnes de sondages
sur les dolmens pyrénéens participent à un
nouveau questionnement sur le phénomène
mégalithique régional, tant sur les contraintes
et/ou les potentialités du milieu que sur
l’architecture même. La prise en compte des
tumulus permettra, à terme, de proposer une
typologie des monuments mégalithiques autour
du Golfe du Lion. En termes de superficie, ces
sondages sur les dolmens de Prat-Clos et de
la Barraca sont restés limités. Il conviendrait
donc de revenir sur ces deux monuments en
réalisant un dégagement global afin de fournir
une information exhaustive. Ces futurs travaux
permettraient notamment de documenter les
systèmes d’accès aux chambres sépulcrales qui
n’ont jusqu’à présent pas été identifiés.
2 - Des tombes au centre du village
Les tombeaux-dolmens sont édifiés au centre
du village ou tout autour du natara, l’espace
dédié aux cérémonies (parfois en périphérie)
(fig. 9). Les morts accidentelles, dont l’esprit
perturbé constitue une menace pour la quiétude
du village, ne peuvent pas bénéficier des
enceintes et sont situés à l’extérieur.
B - Mégalithes d’ailleurs.
Il arrive qu’après une catastrophe naturelle
ou un incendie, le village déménage en laissant
les tombeaux sur leur emplacement d’origine,
ce qui explique la concentration de sépultures
sans habitat voisin. Dans la région de Lamboya,
des nécropoles isolées montrent que les habitants
avaient tout récupéré, des bois de construction
aux pierres de calage des poteaux. Les maisons
implantées sur un socle rocheux n’avaient laissé
aucune trace trois ans après le sinistre.
Texte
d’après
Tara
Steimer-Herbet
(Université de Genève - Suisse)
1 - Construction de tombeaux-dolmens
aujourd’hui : l’exemple de l’Indonésie
En Indonésie (à Nias, Sumatra, Sulawesi,
Java, Florès et Sumba), les observations de
l’archéologue Tara Steimer-Herbet de 2010
à 2013, ont permis d’élargir le champ des
références et des modèles interprétatifs d’ordres
économique, social et politique.
Situées devant les maisons, les grandes
dalles des caveaux sont utilisées pour les
activités du quotidien : lessive, séchage des
graines, discussion. Il n’y a aucun tabou, les
défunts participent de cette manière à la vie des
villageois.
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V. Porra-Kuteni - Dolmens d’ici, mégalithes, d’ailleurs
Fig. 9. Tombeau-dolmen dans le village de Bajawa
Tololela, (cliché T. Steimer-Herbet).
3 - Les commanditaires des monuments
mégalithiques en Indonésie
étaient parfois enterrés avec leurs esclaves.
Quand la chambre devient trop exiguë pour
accueillir d’autres défunts, il n’est pas rare que
la famille écrase les ossements et distribue les
objets des défunts.
A Sumba, le culte des Marapu (des ancêtres,
esprits de la Terre et divinités propres à un clan
ou à un village), assure le lien entre les vivants
et le divin. Chaque homme en mourant devient
Marapu. Les tombes sont édifiées par les enfants
pour leurs parents. L’argent dépensé pour
l’acquisition des dalles et leur assemblage sont le
fruit d’une vie de labeur. Plus la construction sera
importante et plus elle impliquera de participants
issus de la famille, du clan et parfois d’autres
clans si le rang social du défunt est élevé. L’effort
physique consenti est récompensé par des biens
consommables : boissons, cigarettes, béthel,
viande, riz. La famille impliquée offre une
grande partie de son cheptel (buffles, chevaux,
porcs, chiens, volailles).
Les communs et les esclaves étaient inhumés
en pleine terre. Aujourd’hui, tout le monde peut
avoir droit à un tombeau-dolmen, encore faut-il
pouvoir se le payer. En attendant de réunir les
sommes nécessaires, notamment pour les gens
de condition inférieure, les défunts sont inhumés
en pleine terre ; lorsque le tombeau est érigé, ce
qui peut prendre plusieurs années, les ossements
sont déplacés (cérémonie de wolek koda to mati).
Qui taille les dalles et avec quels outils ?
Les propriétaires de la carrière (rémunérés en
bétail) sont les seuls habilités à tailler les pierres,
mais ils ne déplaceront pas les dalles. Luca
Lotohoro, l’un des tailleurs de Wainyapu, a avec
ses trois camarades taillé en trois jours une dalle
de 3 m de large pour 2,5 m de haut et de 40 cm
d’épaisseur.
Qui a droit à une sépulture mégalithique ?
Du XVIe au XXe s. seuls les chefs issus de
la noblesse ainsi que leurs femmes avaient droit
à « une maison des morts ». Ils pouvaient la
partager avec leurs petits-enfants mais pas avec
leurs enfants (la réunion parents-enfants dans
une tombe est jugée incestueuse). Des nobles
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4 - Qui tire les dalles et comment ?
Les tombes sont parfois intégrées dans un
tumulus ou une plate-forme, à Waru-Wora cela
constitue la marque d’appartenance à tel ou tel
clan ; dans ce village il en existe quatre.
Observations recueillies lors de la cérémonie
« tarik batu » à Wainyapu (en 2011)
Les modes d’inhumation diffèrent d’un clan à
l’autre : le défunt peut-être allongé, assis la tête
sur le côté, ou assis la tête droite, mais le corps
est toujours recouvert et maintenu par des tissus
(ikat).
Le clan acheteur vient avec un nombre
suffisant de personnes (de 80 à 100), faisant
appel pour cette occasion aux membres par
alliance. Les hommes (de 10 à 60 ans) recevront
un repas de fête avec de la viande. Les femmes
distribuent du café, des cigarettes et du béthel
et encouragent l’effort des hommes par des cris
et des chants. Des joueurs de gongs rythment
l’effort des hommes.
Des objets et des animaux accompagnent
le défunt : tissus (ikat), parures, parfois un
cheval si le défunt était un cavalier émérite. Les
sculptures sur les stèles ou les tombeaux sont les
représentations du quotidien du défunt : esclaves,
objets de parure, buffle, cheval, etc.
Le maître de cérémonie est un personnage
important : perché sur la pierre, il la sent vibrer
puis glisser et peut, à ce moment précis, redoubler
ses injonctions pour que les hommes prolongent
leur effort. Une traction bien synchronisée peut
faire avancer la pierre de plusieurs dizaines de
mètres d’un coup et à vive allure.
Le phénomène du mégalithisme en
Indonésie se développe dès que les groupes
humains autochtones rentrent en contact avec
des peuples étrangers (installation des royaumes
indo-bouddhistes,
marchands
européens).
Cela correspond à une période d’échanges de
biens et de services. Le mégalithisme disparaît
progressivement dès que la présence étrangère
montre des signes de faiblesse (Sulawesi,
royaume de Lore Lindu ; Sumatra sud). Il cède du
terrain également quand de nouvelles religions
telles que l’Islam à Java et le Christianisme à
Nias et Sumba, remplacent le culte des ancêtres.
Certains événements économiques (disparition
du bois de Santal à Sumba, chute du prix
du Patchouli à Nias) peuvent appauvrir des
populations et par conséquent réduire le nombre
de constructions.
Pour déposer les dalles et les hisser, les
bois utilisés viennent de la forêt très proche,
considérée comme une propriété collective
qu’il est interdit de déboiser pour des cultures.
Les clans peuvent en utiliser gratuitement les
ressources nécessaires pour construire maisons
et tombes. Ils s’y procurent des bambous, du
kapok, du teck, du Turi (Sesbania grandiflora)
ainsi que des lianes. Chaque essence est utilisée
en fonction de ses qualités lors de la cérémonie.
Et enfin un traîneau construit en bois de cocotier
(tena watu), est remplacé parfois par un camion !
Méthodes d’assemblage des dalles pour
constituer le tombeau-dolmen
A Wainyapu, la mise en place des orthostates
d’un tombeau-dolmen se fait grâce à une
armature de Mahoni (sorte d’Acajou) et de
cocotiers, pour maintenir les dalles de chant.
Pour un autre tombeau-dolmen, une rampe de
bois a été aménagée à l’arrière de la chambre
funéraire afin que le camion puisse y amener
la dalle de couverture. La pierre est amenée
lentement sur un jeu de rondins de bois jusqu’à
ce qu’elle déborde légèrement des murs de la
chambre. Les rondins sont retirés un à un par
levier. La porte qui gît sur le côté sera scellée
quand les os auront été déposés.
Sans se hasarder dans des interprétations
sans fondement, ces conclusions sur les sociétés
mégalithiques sont autant de pistes pour essayer
de comprendre les phénomènes participant
à l’émergence ou au déclin des sociétés
protohistoriques qui ont construit les dolmens
du sud de la France.
Quelques exemples de traces invisibles …
- A Sumba, les archéologues ne pourront pas
distinguer parmi les défunts l’esclave du maître.
Si l’esclave est inhumé avec son maître c’est qu’il
a acquis sa confiance, un degré de respectabilité,
a été bien nourri et porte de riches tissus (Ikat).
Plusieurs types de tombeaux-dolmens,
plusieurs rites funéraires dans un même
monument…
Il n’y a pas de règles précises, tout dépend
des ressources du clan (commerce d’esclaves, de
chevaux, de santal, etc.).
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V. Porra-Kuteni - Dolmens d’ici, mégalithes, d’ailleurs
- A Sumba, les morts d’accompagnement sont
inhumés dans la même chambre dolménique. Ni
la position, ni les tissus les entourant, ne peuvent
les distinguer.
ou les défunts lors de la cérémonie peuvent être
redistribués lors d’une réouverture du tombeau.
Les objets rentrent et sortent selon les besoins
(place, argent).
- Il y a sélection des individus dans la
chambre funéraire mais pas exactement comme
on pourrait s’y attendre… Il peut y avoir des
nobles trop pauvres pour se payer une sépulture
en pierre et des esclaves choyés qui seront
inhumés dans un tombeau ! Les parents sont
séparés des enfants et sont inhumés parfois avec
leurs petits-enfants.
- La construction d’un tombeau mégalithique
ne s’effectue pas toujours après la mort d’un
individu. Pour exemple, un Prince dans la région
d’Anakalang s’enorgueillit de son tombeau situé
devant sa maison. Son fils, promu gouverneur
de la région, lui a déjà édifié en 2007 sa tombe,
il peut mourir rassuré, sa « maison des morts »
est prête. A moins qu’il ne décide d’être inhumé
ailleurs et de laisser la chambre funéraire vide.
Dans ce cas, rien ne pourra déterminer que le
monument a été édifié bien avant la mort de
l’individu…
- Les types de tombes paraissent parfois
codifiés mais peuvent répondre à de simples
distinctions entre les clans et être soumis à
autant de variations que de clans (présence ou
absence d’un tumulus, forme d’une plate-forme,
etc.).
Valérie Porra-Kuteni
- Quelles significations accorder aux objets
associés aux défunts ? Les objets inhumés avec le
Éléments de bibliographie
Porra-Kuteni 2009 : Porra-Kuteni Valérie,
Les deux petits dolmens de Rodès et leur place
dans le mégalithisme des Pyrénées-Orientales,
Archéologie d’une montagne brûlée, Massif de
Rodès, Pyrénées-Orientales, O. Passarrius (dir.),
Collection Archéologique départementale, Pôle
Archéologique départemental, éd. Trabucaire,
2009, p. 171- 178.
Abélanet 1990 : Abélanet Jean, Les roches
ornées nord catalanes, Centre d’Études
Préhistoriques Catalanes n° 5, Revista Terra
Nostra, Prades, 1990, 209 p.
Abélanet 2011 : Abélanet Jean, Itinéraires
mégalithiques, dolmens et rites funéraires en
Roussillon et Pyrénées nord-catalanes, éd.
Trabucaire, 2011, 349 p.
Steimer-Herbet 2013 : Steimer-Herbet Tara,
Mégalithes et cultures indigènes : les peuples
oubliés de l’Archipel indonésien, 2013, Jakarta,
Hexart.
Bec-Drelon 2014 : Bec-Drelon Noisette, Le
dolmen de Prat-Clos (Ria-Sirach) et le dolmen
de la Barraca (Tarerach) dans les PyrénéesOrientales, Rapport d’Opération juillet 2013,
DRAC Languedoc-Roussillon, Université d’Aixen-Provence/ Marseille, UMR7269, Laboratoire
Méditerranéen de Préhistoire Europe, Afrique
et Association pour le développement de
l’Archéologie en Languedoc, 2013, 128 p.
Tarrus i Galter 2002 : Tarrus i Galter Josep,
Poblats, dòlmens i menhirs. Els grups megalítics
de l’Albera, Serra de Rodes i Cap de Creus.
Diputació de Girona, Girona, 2002, 950 p.
Vidal 2012 : Vidal Laurent, Serre de Villate,
« centrale photovoltaïque » (Targassonne),
Bilan scientifique du Service Régional de
l’Archéologie, DRAC du Languedoc-Roussillon,
2012, p. 231 – 233.
Claustre 1998 : Claustre Françoise,
Monuments mégalithiques et grottes sépulcrales
en Roussillon, La France des dolmens et des
sépultures collectives (4500-2000 av. J.-C.),
Errance, Paris, 1998, p. 159-174.
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