Sommaire du tome 36 des Documents d’Archéologie Méridionale (2013)
Virginie ROPIOT, Florent MAZIÈRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Introduction
I. Présentations monographiques et micro-régionales
Florent MAZIÈRE, Céline JANDOT, Stéphanie RAUX, Marie-Pierre RUAS, Vianney FOREST,
Antoine RATSIMBA, Pascal VERDIN, Jérôme ROS, Anne BORVON . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Une aire d’ensilage du deuxième âge du Fer en Roussillon : les Vignes de l’Espérance
(Banyuls-dels-Aspres, Pyrénées-Orientales)
Jérôme BÉNÉZET, Céline JANDOT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
La fosse du deuxième âge du Fer des Estanyols (Pia, Pyrénées-Orientales)
Aurélien ALCANTARA, Julien BOHNY, Géraldine CAMAGNE, Camille FAÏSSE, Florent RUZZU . . . . . . . . 73
Note préliminaire sur l’habitat de Quinquiris (Castelnaudary, Aude) à la in du premier âge du Fer
Christophe RANCHÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Les établissements ruraux de l’âge du Fer dans l’ouest du département de l’Aude : remarques préliminaires
Virginie ROPIOT avec la collaboration de Katrina ANKER et Alexa STEVENSON . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
Un hameau du Ve s. av. J.-C. en Minervois : la Condamine (Villeneuve-Minervois, Aude)
Florent MAZIÈRE, Benoit SENDRA, Vianney FOREST, Isabel FIGUEIRAL, Mélanie PRUVOST. . . . . . . . . 131
Les Garennes (Tourbes, Hérault) : une aire d’ensilage du premier âge du Fer
Pierre RASCALOU, Vianney FOREST, Isabel FIGUEIRAL, Claire-Anne DE CHAZELLES, Philippe ECARD . . . . 155
L’Arnoux (Saint-Félix-de-Lodez, Hérault) : un habitat rural du IIIe s. av. J.-C. de la moyenne vallée de l’Hérault
Antoine RATSIMBA, Lise DAMOTTE, Vianney FOREST, Sophie MARTIN
avec la collaboration de Pascale CHEVILLOT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
Mas Vigier (Nîmes, Gard), un exemple d’occupation en plaine nîmoise
(seconde moitié du Ve s. / premier quart du IVe s. av. n. è.)
Pierre SÉJALON, Philippe CAYN, Nathalie CHARDENON, Isabel FIGUEIRAL, Vianney FOREST . . . . . . . 235
Aménagements et évolution de l’exploitation agricole du Mas de Vignoles IX
entre la in du VIe et le IV e s. av. n. è. à Nîmes (Gard)
Alexandrine LE ROUZÈS, Hervé PETITOT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271
Résultats de prospections pédestres autour de l’oppidum Saint-Vincent (Gaujac, Gard)
II. Approches thématiques
Isabel FIGUEIRAL, Laurent BOUBY, Lucie CHABAL, Charlotte HALLAVANT, Carmen MACHADO,
Jérôme ROS, Marie-Pierre RUAS, Caroline SCHAAL,Véronique ZECH-MATTERNE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 285
Données archéobotaniques sur les établissements ruraux du second âge du Fer en Languedoc-Roussillon
Vianney FOREST . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295
Données archéozoologiques sur les sites ruraux du Bas-Languedoc entre le VIe et le IIIe s. av. J.-C. : première synthèse
III. Contributions extra-régionales
David ASENSIO I VILARÓ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 321
El poblament rural en les comunitats ibèriques del nord-est de la Península Ibèrica entre els segles VI i III aC.
Philippe GARDES , Jean-Jacques GRIZEAUD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 339
Le Toulousain et ses marges : recherches récentes sur les habitats (VIe-IIIe s. av. J.-C.)
Christophe MAITAY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 353
Données récentes sur les habitats ruraux du premier âge du Fer en Centre-Ouest
11
Virginie ROPIOT, Florent MAZIÈRE
Introduction
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Virginie ropiot, Florent Mazière
12
Dans le Midi, l’étude sur l’âge du Fer est restée
longtemps associée à l’idée d’une « civilisation
des oppida ». C’est une position tenace qui a
été développée par J. Jannoray dans les années
1950, en particulier autour de l’étude du site
d’Ensérune. On a ainsi considéré pendant
longtemps que l’habitat aggloméré, pas uniquement perché d’ailleurs, constituait par-dessus tout la forme principale, voire exclusive,
d’occupation permettant au mieux de caractériser la Protohistoire du sud de la France. Aujourd’hui encore, la recherche reste axée sur
l’étude des grands sites agglomérés, et principalement ceux de la frange littorale.
❚ 1 Carte de situation
La table ronde « Vivre à la campagne à l’âge du Fer : don‑
nées récentes sur l’habitat rural dans le sud de la France
(VIe s. – IIIe s. av. J.‑C.) », qui s’est déroulée à Elne (Pyrénées-Orientales) le 22 novembre 2013, se proposait de
revenir sur un aspect essentiel de l’âge du Fer dans cette
région, le monde rural, avec comme thème central celui de
l’habitat. Cette rencontre, et aujourd’hui la quinzaine de
contributions réunies dans ce dossier, permettent d’apprécier la diversité des formes de l’occupation rurale et de
discuter du statut de ces installations. Cette documentation nouvelle, qui provient exclusivement de l’archéologie
préventive, conirme l’attrait pour ce domaine qui connaît
aujourd’hui un véritable essor en France.
Documents d’Archéologie Méridionale, tome 36-2013 © ADAM éditions, 2015
S’il est vrai qu’un long cheminement a permis
de faire émerger le thème « des campagnes »,
il ne faudrait pas pour autant croire que la
reconnaissance de l’habitat rural constitue
une donnée archéologique récente. En effet,
on oublie assez souvent que dès les années
1960, quelques chercheurs ont commencé à
investir ce domaine, révélant, ici et là, des
sites d’envergure plus modeste que les agglomérations, mais offrant des informations
complémentaires jusque-là inédites. Dans les
Pyrénées-Orientales par exemple, c’est en
1966 que J. Abelanet découvre sur la commune de Saint-André au lieu-dit Saint-Michel, un site de 150 m2 daté du Ve s. av. J.-C.
Dans l’Aude, précisément en Minervois, les
premières attestations de ce genre d’habitat remontent également à la in des années
1960. Ainsi en 1968, G. Rancoule signale
justement que « ces découvertes répétées tendraient à prouver que les autochtones vivant
à l’écart des oppida, étaient inalement assez
nombreux dans l’Aude, tout au moins aux
VIe-Ve s. av. J.-C. » (Rancoule et al. 1968). Le Languedoc
oriental n’est pas à l’écart de cette dynamique ; les prospections menées dans les vallées de la Tave, de la Cèze
et dans celle du Gardon aboutissent aux mêmes conclusions et pour B. Dedet, au début des années 1980, « une
constatation s’impose désormais, si l’habitat de hauteur
reste très important, au cours de l’âge du Fer, il n’est pas
exclusif loin de là » (Dedet 1982, 199). La dénomination de
ce genre de découvertes est instructive sur l’idée que l’on
se faisait de ces sites ; on utilise le plus souvent le terme d’
« habitats de plein air non perchés », car au fond, la principale préoccupation est de mettre en évidence des liens
d’ordre politique et économique entre l’oppidum et ce type
introduction
de site. Celui plus générique de « cabane » renvoie quant à
lui à la notion d’un habitat perçu comme frustre. Les rélexions d’alors s’appuyaient essentiellement sur des prospections de surface et la surveillance de travaux agricoles.
Ce nouveau champ disciplinaire n’a réellement émergé
qu’à partir du milieu des années 1990 quand l’intérêt
grandissant pour les formes de l’occupation rurale a peu
à peu pris des contours plus systématiques sous l’impulsion de vastes programmes de prospections et inventaires,
en particulier autour des principaux sites groupés. De tels
programmes, s’inscrivant bien souvent dans une démarche
diachronique, ont touché la Vaunage, la moyenne vallée
de l’Hérault, le bassin de Thau, la vallée de la Thongue,
la moyenne vallée de l’Orb, la basse vallée de l’Aude, les
bassins du Tech et de la Têt. La multiplication des découvertes de petits gisements de plaine ou de bas de pente,
notamment autour des sites de hauteur, a non seulement
contribué à renouveler la carte archéologique mais aussi à
mieux caractériser la diversité des formes de peuplement
et ouvrir ainsi de nouvelles perspectives à la recherche. En
parallèle, l’archéologie préventive, tributaire des grands
travaux d’aménagement du territoire, a permis l’exploration de quelques uns de ces établissements dans les
régions de Perpignan (Saint-André/Camp de las Basses),
Carcassonne (Bram/Buzerens), Béziers (Sauvian/CasseDiables), Pézenas (Aspiran/la Bernat 2) (ig. 1).
Les résultats de ces programmes ont été en partie présentés lors d’une table ronde à Lattes en 1997 (Mauné 1998
dir.). Cette rencontre, qui a montré d’une certaine manière
une forme de dualité de la recherche entre le concept de
« ferme » (c’est le nom générique que l’on proposa alors)
et la place, centrale ou non, attribuée à l’oppidum, a par
ailleurs fourni des réponses à des questions de méthodologie, d’interprétation et de datation des sites trouvés pour
la plupart en prospection. Un débat général s’est ensuite
ouvert sur la notion d’organisation du territoire et d’occupation des sols. La problématique spatiale et le rapport
hiérarchique entre les différents types de sites ont alors
pris une place essentielle dans le traitement des informations, comme si inalement l’habitat rural ne pouvait être
appréhendé autrement qu’en tant qu’objet d’étude coniné
à l’analyse territoriale de l’habitat aggloméré, seul lieu de
souveraineté envisageable. Ces aspects ont notamment été
débattus en 2000 lors d’une table ronde à Ullastret en Catalogne et lors du colloque de l’AFEAF à Martigues (Martín Ortega, Plana Mallart 2001 ; Garcia, Verdin 2002).
Un précédent colloque de l’AFEAF organisé à Gérone en
1999 fut avant cela un lieu d’échanges sur la question de
l’exploitation agraire du territoire à l’âge du Fer (voir les
synthèses proposées pour le sud de la France dans : Buxò,
13
Pons 2000). Enin, plus récemment, l’occupation rurale a
pu être abordée plutôt dans le cadre d’une mise en relation
aux paysages (voir les synthèses proposées pour le sud de
la France dans : Bertrand et al. 2009 et Ropiot et al. 2012).
Depuis la table ronde de 1997, et près de 15 années après
que L. Sauvage ait posé la question de l’existence d’une
ferme protohistorique indigène en Gaule méditerranéenne
(Sauvage 1996), d’autres découvertes relatives plus spéciiquement aux formes de l’habitat rural sont apparues dans
nos régions. Les dernières données sur le sujet sont issues
de fouilles préventives, qui se sont déroulées entre 2002
et 2012, parfois sur de vastes surfaces, ce qui a permis
d’appréhender certains de ces établissements dans leur
globalité. C’est cette documentation que nous proposons
de présenter dans ce volume, ain d’établir une nouvelle
grille de lecture de la campagne gauloise dans le Midi de
la France.
D’un point de vue chronologique, la thématique que nous
abordons s’inscrit dans une période (VIe-IIIe s. av. J.-C.)
où s’amorcent des dynamiques de peuplement assez différentes de celles que l’on perçoit pour les périodes antérieures et dont il nous semble important d’énoncer brièvement les grandes lignes. Le point de départ qui a été choisi,
le courant du VIe s., correspond grosso modo à la date de
fondation de beaucoup d’oppida et à une augmentation
considérable de tous les sites d’habitat, en particulier entre
la in du VIe s. et le premier quart du Ve s., ce qui génère une
densiication remarquable du peuplement, dans un espace
plus largement investi. Dans cette dynamique, certains
habitats émergent comme des pôles prééminents. L’essor
des agglomérations et l’augmentation simultanée, en Languedoc et en Roussillon, de petits établissements situés le
plus souvent en plaine et occupés d’une manière générale
pendant une, deux, voire trois générations, c’est-à-dire un
court laps de temps, relètent sans aucun doute une réorganisation de la gestion des terroirs agricoles et la mise en
place d’un système plus hiérarchisé des habitats dans lequel
l’agglomération peut effectivement se trouver au centre
d’un réseau d’exploitation. Ce mouvement s’intègre dans un
processus plus général touchant l’ensemble du sud gaulois.
La période comprise entre la in du VIe s. et le Ve s. apparaît véritablement en Languedoc-Roussillon, comme celle
d’un optimum du peuplement hors agglomérations. Elle est
donc particulièrement essentielle pour aborder la question
des formes de l’habitat rural. D’autant plus que durant les
siècles qui vont suivre, la dynamique de l’occupation va
connaître des changements importants marqués en particulier par une diminution remarquable du nombre de sites,
pour aboutir à l’autre bout de notre cadre chronologique, le
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Virginie ropiot, Florent Mazière
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IIIe s. av. J.-C., à une situation totalement différente. À ce
moment-là, en effet, les campagnes sont abandonnées, ce
qui pourrait témoigner d’une mutation des systèmes de peuplement, sous l’effet de facteurs politiques, économiques et
peut-être historiques qui restent à déterminer.
Géographiquement, le dossier que nous consacrons aux habitats ruraux s’est principalement construit autour de la région
Languedoc-Roussillon. Ainsi, deux articles concernent tout
d’abord les Pyrénées-Orientales. L’un présente une aire d’ensilage dans la plaine, le second une structure excavée, probablement liée à un habitat en zone de piémont. La moyenne
vallée de l’Aude jusqu’au seuil de Naurouze réunit les présentations de deux hameaux et une première esquisse de l’occupation dans l’ouest audois, tandis que l’interluve Orb/Hérault
livre deux champs de silos, l’un du milieu du premier âge
du Fer, l’autre du IIIe s. av. J.-C. Le secteur de Nîmes et l’arrière-pays gardois rassemblent une contribution sur l’occupation autour de l’oppidum de Gaujac et deux présentations
d’établissements ruraux associés à leur parcellaire. Ce tour
d’horizon permet de mettre en valeur l’originalité et/ou les
similitudes de la documentation régionale et d’établir ainsi
un bilan de la situation actuelle. Cette zone, déjà relativement
vaste, s’élargit avec une contribution sur l’habitat dans la
région toulousaine. Nous avons également sollicité nos collègues catalans et D. Asencio a accepté de faire le point sur le
peuplement rural de la Catalogne ibérique, où la diversité et
l’abondance de la documentation permettent de formuler un
schéma typologique d’occupation rurale. Une incursion dans
le Centre-Ouest de la France est par ailleurs proposée avec
l’intervention de Christophe Maitay. Il a paru en effet intéressant de pouvoir proiter de points de vue extérieurs pour
nourrir les discussions lors de la journée du 22 novembre.
Ain de mener à terme ces contributions autour de la campagne protohistorique, il nous a semblé indispensable de privilégier les présentations monographiques et les synthèses
micro-régionales, sélectionnées bien évidemment selon la
qualité et la pertinence de la documentation existante. Ces
contributions montrent la grande variabilité des situations
d’un espace rural à l’autre. Pour chacune, nous avions demandé aux auteurs, dans la mesure du possible, d’appliquer
une liste de questionnements avec pour objectifs de déinir
l’étendue du site et sa chronologie, ses antécédents et d’éventuelles reprises de l’occupation, de caractériser les structures
et le type de mobilier ain de s’approcher du fonctionnement
économique et du statut social de ces habitants, et enin, de
présenter, quand la documentation le permettait, les principales caractéristiques du paysage durant la Protohistoire
et l’insertion du site dans son proche environnement. Pour
compléter cet aspect, le sommaire comprend également deux
Documents d’Archéologie Méridionale, tome 36-2013 © ADAM éditions, 2015
synthèses paléo-environnementales (données archéobotaniques et archéozoologiques) pour le Languedoc-Roussillon,
car ces approches sont désormais incontournables si l’on veut
cerner les interactions possibles entre les modes d’occupation
et leur milieu et déinir de façon plus précise la fonction et le
statut de ces établissements.
Ces travaux récents apportent un nouvel éclairage à la
connaissance de la campagne protohistorique méridionale.
Celle-ci est parsemée d’établissements à l’ampleur, à la richesse et à l’organisation variées — d’une zone géographique
à l’autre, et à l’intérieur même d’une région — qui, d’après
les principaux éléments qui les composent (bâtiments souvent matérialisés par la présence de négatifs de poteaux ou
de lambeaux de murs, puits et petites aires d’ensilage), les
rapprochent sans équivoque d’unités à vocation agricole, en
premier lieu consacrées à la production céréalière… Mais pas
seulement, comme l’a démontré récemment le site de Christol III à Carcassonne où une activité métallurgique manifestement assez intensive est attestée au sein d’une occupation
dont le caractère agricole ne fait pas de doute non plus (Ropiot
et al. 2011). On peut également mentionner les deux fours de
potier de la in du VIe s. du Mas de Pascal à Aspiran, associés
à un silo et à quelques trous de poteaux (Pezin 2004, 115) et
celui du Mas de Fourques à Lunel daté du dernier quart du
IIIe s. (Pancin, Ott 2010). Ces découvertes permettent d’envisager la campagne comme un espace potentiel d’installations
artisanales hors agglomération durant l’âge du Fer.
L’insertion des établissements ruraux dans les réseaux commerciaux est également bien attestée, comme le montre la
présence de diverses catégories de céramiques, parfois de
valeur comme le cratère attique du Mas de Vignoles à Nîmes
et la découverte d’une obole de Marseille en argent dans un
silo du site de l’Arnoux à Saint-Félix-de-Lodez. Ces sites
bénéicient des mêmes importations que les habitats perchés
voisins, dans des proportions bien moindres toutefois, d’où
des taux de céramique non tournée plus importants que ceux
attestés dans les oppida. Mais tous ne sont pas implantés
dans l’environnement proche d’un site aggloméré. Il existe
quelques exemples d’établissements qui pourraient s’apparenter à des hameaux ou des villages parfois éloignés des principaux centres d’activités, et dont le fonctionnement pourrait
traduire une certaine forme d’autarcie. Il nous semble également intéressant de rappeler ici un exemple provençal, celui
de Coudounèu à Lançon-de-Provence, qui constitue un cas
très singulier d’établissement perché fortiié, daté du Ve s.,
dont les fonctions sont celles d’une ferme-grenier (Verdin et
coll. 1996-1997). En tout cas, cela complexiie quelque peu
le schéma traditionnel dans lequel les sites ruraux de plaine
constitueraient des lieux de production et de stockage assu-
introduction
15
jettis au territoire agricole d’une agglomération. Ce panel de
sites traduit de toute évidence la pluralité de l’occupation, et
certainement aussi la complémentarité des types d’habitats.
Mais encore, la découverte de chemins ou d’autres structures
linéaires dessinant des parcelles closes, notamment dans la
région de Nîmes, révèle une volonté constante de structurer
et d’aménager le paysage agraire de la part des sociétés rurales protohistoriques. Ces éléments soulèvent des questionnements sur les modes de gestion de l’espace rural ouvrant
de la sorte des perspectives de recherche de premier ordre sur
l’organisation sociale de ces territoires.
La journée du 22 novembre 2013 doit également beaucoup
à la ville d’Elne qui a accueilli cette rencontre en mettant à
notre disposition une salle de réunion et un indispensable
support logistique. Nous remercions notamment Madame
Annie Pezin, alors adjointe à la culture, qui a par ailleurs
pris activement part à l’animation des débats.
La diversité des découvertes et le renouvellement des approches qui caractérisent désormais l’occupation de la campagne, doivent permettre in ine d’avancer vers une image
réactualisée du peuplement, mais aussi des paysages, des
modes de productions, des échanges et inalement de la société protohistorique.
Enin, nous exprimons notre reconnaissance envers le comité de direction et de lecture des Documents d’Archéo‑
logie Méridionale, qui a assuré le suivi scientiique et la
publication des actes dans ce volume.
Remerciements
Nos remerciements s’adressent tout d’abord à l’Association
des Amis d’Illiberis, représentée par Madame Odette Traby,
qui a apporté non seulement un soutien inancier important à
la table ronde, mais a fourni aussi une amicale aide technique.
Nous tenons également à remercier le Conseil Général des
Pyrénées-Orientales qui nous a apporté son soutien au
moyen de l’octroi d’une subvention, ainsi que l’Inrap, qui a
participé inancièrement à ce projet par le biais d’un PAS.
Virginie ropiot
TRACES, UMR 5608, Université de Toulouse-Le Mirail
Florent Mazière
INRAP, UMR 5608 TRACES, Université de Toulouse-Le Mirail
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Virginie ropiot, Florent Mazière
16
Références
Notes debibliographiques
commentaire
Bertrand et al. 2009 : BERTRAND (I.), DUVAL (A.), GOMEZ DE SOTO
(J.) (dir.) – Habitats et paysages ruraux en Gaule et regards sur d’autres
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Mergoil, 1998, 175 p. (Protohistoire Européenne, 2).
Documents d’Archéologie Méridionale, tome 36-2013 © ADAM éditions, 2015
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et métallurgique de la in du premier âge du Fer à Carcassonne (Aude) : le
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Ropiot et al. 2012 : ROPIOT (V.), PUIG (C.), MAZIERE (F.) (dir.) – Les plaines lit‑
torales en Méditerranée Nord‑occidentale. Regards croisés d’histoire, d’archéolo‑
gie et de géographie de la protohistoire au Moyen Âge. Table ronde de Capestang.
Montagnac : Ed. M. Mergoil, 2012, 315 p. (Archéologie du Paysage 1).
Sauvage 1996 : SAUVAGE (L.) – Existe-t-il une ferme indigène dans le Midi
de la France ? Revue Archéologique de Picardie, 11, 1996, p. 287-292.
Verdin et coll. 1996-1997 : VERDIN (F.) avec les collaborations de BRIENPOITEVIN (F.), CHABAL (L.), MARINVAL (P.), PROVANSAL (M.) –
Coudounèu (Lançon-de-Provence, Bouches-du-Rhône) : une ferme-grenier
et son terroir au Ve s. avant J.-C. Documents d’Archéologie Méridionale,
19-20, 1996-1997, p. 165-198.