conluences tirées des Actes des martyrs perses
ISBN 978-2-503-53372-8
9 782503 533728
VOLVMEN III • 2010
dans l’inscription phénicienne de Cebelireis Dağı
S
H
EMITICA
ET CLASSICA
REVUE
INTERNATIONALE
D’éTUDES
ORIENTALES ET
MéDITERRANéENNES
INTERNATIONAL
JOURNAL OF
ORIENTAL AND
MEDITERRANEAN
STUDIES
VOLVMEN III
2010
F
SOLVITE • VELA • CITI
saBa FaRès
L’inscription arabe de Kilwa :
nouvelle lecture
H
En novembre 1932, George Horsield, alors directeur
des Antiquités de Transjordanie, Agnes Horsfield et
Nelson Glueck, alors directeur de l’American School of
Oriental Research à Jérusalem, effectuent une exploration de cinq jours à Kilwa (Arabie). Les auteurs signalent
la présence d’un monastère et de nombreuses croix1.
Dans un premier article publié en 1933, ils donnent une
très rapide description des vestiges et se concentrent
sur les gravures rupestres préhistoriques2. Ils signalent
néanmoins la présence, parmi les vestiges, d’une inscription en graphie arabe accompagnée d’une croix3. Cette
inscription avait été signalée pour la première fois par
G. Bell, passé par Kilwa, sur le chemin de Ḥâ’il4.
En 1936, N. Glueck publie une étude des vestiges
archéologiques de Kilwa et les plans des bâtiments qui
se trouvent au sud du site5. Il y donne une lecture de
l’inscription, étudiée par L. A. Mayer de l’Université
hébraïque. L. A. Mayer ne parvient à lire que la basmalah et avance la lecture de trois autres mots, mais
tous sont erronés. Il propose de dater le texte de la in
du Ier millénaire après l’ère chrétienne.
Neuf ans plus tard, en 1943, A. Horsield publie un
article plus fourni où elle donne plus de détails sur cette
inscription6, après consultation du Père dominicain
Savignac, pour qui la graphie serait aussi de la in du
Ier millénaire7.
Depuis 2008, nous avons repris le travail de nos
prédécesseurs : nous avons entamé des fouilles dans le
monastère (igure 1) et des prospections archéologiques
et épigraphiques dans une zone de 40 km de diamètre8.
1. HoRsField, HoRsField, glueCk 1933, p. 381-386.
2. Ibidem.
3. Ibid., p. 381.
4. Rapportée d’abord par HoRsField 1943, p. 73-74, d’après
les informations données par la sœur de G. Bell, publiées
par o’BRien 2000.
5. gluCk 1935, p. 9-16.
6. HoRsField 1943, p. 74.
7. Ibidem, p. 74.
8. Un projet franco-saoudien a été lancé en 2009 sous le
patronage de la Sous-Direction des Sciences humaines
Doi: 10.1484/J.SEC.1.100941
Bien entendu, nous avons cherché la fameuse inscription
arabe et nous l’avons retrouvée (igures 2 et 3). Elle est
restée intacte, en très bon état, pas du tout détériorée
depuis le passage de l’équipe anglaise.
L’inscription est gravée sur le linteau de la porte
d’une cellule, qui porte le no 63 dans notre inventaire.
Le linteau mesure 1,20 m de long sur 0,30 m de hauteur.
Dans la partie droite a été dessinée une croix aux bras
en forme de triangle. À gauche se trouve l’inscription.
Elle est gravée sur une surface préparée, des traces d’outil
sont visibles, formant une sorte de cartouche. Le texte
a résisté à la lecture pendant très longtemps, probablement parce que les différentes tentatives n’avaient pour
support iconographique qu’une photographie, ce qui
rend la lecture dificile faute d’avoir vu le texte in situ,
à cause des traces d’outils sur la pierre qui peuvent
prêter à confusion. Après notre première visite à Kilwa
et après y avoir passé plusieurs jours, j’ai réussi à lire
le texte, mais le problème était sa compréhension. À
ce jour, trois expéditions ont eu lieu et beaucoup de
rélexions ont été menées sur le fonctionnement du site
lui-même, ce qui me conduit aujourd’hui à proposer la
lecture suivante :
Bism Allâh ḥimat ’hl Taklâ min ’Iqlîm
Au nom de Dieu, (ceci est) le territoire protégé de
la communauté de Thècle, originaire d’Iqlîm
L. A. Mayer avait proposé à N. Glueck la lecture
suivante :
,
in the name of God. Made this… cell 9
et de l’archéologie du ministère des Affaires étrangères
français, sous la direction de S. Farès. Deux campagnes ont
eu lieu à ce jour. La campagne 2010 a révélé l’existence
d’une église dont la publication est en cours.
9. glueCk 1935, p. 14-15.
seM Clas 3 2010 • p. 241-248
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Saba Farès
Figure 1 - Vue générale du monastère ;
emplacement de l’inscription et des aménagements hydrauliques.
L’inscription arabe de Kilwa : nouvelle lecture
H
Figure 2 - L’inscription de Kilwa.
Figure 3 - Fac-similé de l’inscription.
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244
Saba Farès
Le texte ne présente pas de dificulté majeure de
déchiffrement des lettres qui sont en bon état général,
sauf celles du dernier mot, la dernière lettre étant légèrement effacée. Les traces d’outils sur la pierre et l’érosion peuvent prêter à confusion sur la photographie.
Contrairement à ce que ces traces peuvent indiquer,
l’inscription ne porte aucun signe diacritique.
La basmalah peut induire un doute sur la confession
de l’auteur du texte : compte tenu du contexte chrétien
toutefois, elle est sans équivoque. Elle ne suit pas la
formule habituelle complète : au nom de dieu le clément
le miséricordieux. Celle-ci est connue par un grafiti
chrétien daté de 481 de l’hégire / 1058 de l’ère chrétienne,
qui se trouve dans le couvent de Mar Moussa, près
du Nabk, en Syrie. Selon un prêtre de ce couvent, elle
apparaît également dans des manuscrits syriaques de
l’époque antérieure à l’islam10. Une autre inscription
chrétienne commence également par la basmalah : à
Ṣadad, à 60 km à l’est de Homs, en Syrie, datée de
1153 de l’ère chrétienne (igure 4)11.
Figure 4 - Inscription arabe de Ṣadad (S. Farès).
10. Le texte est le suivant :
, au nom de dieu le clément le miséricordieux, la construction de cette église a été achevée à
l’époque de Thomas le nabkî, ils d’al-Assad. Source :
http://www.nobles-news.com/news/news/index.php?
page=show_det&select_page=12&id=67046.
11. Cette inscription provient de l’église Saint Georges, du rite
syriaque-orthodoxe, que j’ai visitée en juillet 2010. Elle
n’est pas in situ. Le texte est le suivant :
1153
.
au nom de dieu le clément
le miséricordieux, Barakat al-Zahr s’est occupé de la
construction de ce puits et de la couverture de ce bâtiment
qui sont la propriété du couvent Saint George. Le texte a
été rédigé en l’an 1153.
– ḥimat signiie en arabe « le territoire interdit, une
réserve » ; il est employé, selon Lisân al-‘arab, pour
désigner une zone protégée destinée à une exploitation agricole, au pâturage des chameaux, ou bien une
zone qui recueille la pluie et réservée à un groupe de
personnes qui gèrent l’exploitation12.
– ’hl : en arabe le mot a le sens de « population,
communauté ».
– Taklâ : la lecture de ce nom est claire, elle ne présente
aucune dificulté ; Taklâ rappelle le nom de « Thècle »,
la sainte disciple de l’apôtre Paul, qui apparaît pour
la première fois dans les Actes de Paul et de Thècle,
à la seconde moitié du iie siècle13, et dont le culte a
connu une grande diffusion en Séleucie et en Syrie,
au iVe et au Ve siècles de notre ère14. Le monastère le
plus connu, dédié à cette sainte, se trouve à Maʿaloula,
en Syrie, à 50 km au nord de Damas.
– min : préposition sémitique indiquant l’origine ;
d’après C. Brockelmann, la large utilisation de cette
préposition dans ce sens en a fait la préposition de
l’« identité »15 : min indique la parenté, l’origine, la
place d’une personne dans un groupe (tribu, famille),
dans un lieu16.
– ’Iqlîm : L. A. Mayer n’avait pas vu le alif et avait lu
un tâ marbûta à la place du mîm. Il a bien identiié le
qâf et le yâ. La dernière lettre est légèrement érodée,
mais toutes les autres lettres sont bien lisibles. On
s’attendrait à trouver ici le nom d’origine de la
communauté. Le mot signiie en arabe « province,
district, territoire ». ’Iqlîm chez Yaqût al-Ḥamwî est le
nom d’une région près de Damas17. Ce toponyme est
mentionné par al-Qalânisî, dans Ḏayl ta’rîḫ Dimašq
et sa description de la campagne du Sultan Nûr
ad-Dîn Zankî contre les Croisés et de son entrée à
Damas. Selon al-Qlânisî, al-’Iqlîm (
) serait le
lieu où se sont réfugiés les inidèles lorsqu’ils ont
vu l’importance de l’armée du Sultan18. Selon
H. A. R. Gibb, le lieu qui pourrait le mieux correspondre à la description d’al-Qalânisî serait ce qu’on
appelle aujourd’hui ’Iqlîm Ballân, nom qui désigne
une région qui se trouve le long du Nahr al-A‘waj19.
12. Le système de Ḥima est connu dans les zones arides et
fait l’objet d’une littérature assez abondante. Pour plus
de détails sur ce système, voir BoCCo 1993, p. 349-353,
et dRaz 1985, p. 109-121.
13. FestugièRe 1968, p. 52.
14. daVis 2001, p. 4.
15. BRoCkelMann 1908, II, p. 397.
16. BlaCHèRe 1975, p. 339.
17. al-Ḥamwî 1993, t. 1, p. 237.
18. al-Qlânisî 1983, p. 351.
19. Cf. giBB 2002, p. 345, n. 1. Une rivière qui prend sa
source dans le Jabal aš-Šayḫ, passe par Damas et termine
sa course dans le Sabḫat al-Hayjâna.
L’inscription arabe de Kilwa : nouvelle lecture
■ ReMaRques généRales
245
La première observation porte sur la graphie. Au
premier coup d’œil, elle évoque celle qui a connu
une grande diffusion au Bilâd ash-Shâm à partir de la
seconde moitié du Viie siècle20. Le contexte et l’environnement du site évoquent Qasr Burquʿ, en Jordanie21.
La graphie de notre texte est d’un style identique à
celle de Burqu‘, datée de l’an 81 de l’hégire / 700 de
l’ère chrétienne22. Il s’agit d’un texte de construction
commandité par le calife al-Walid, cinq ans avant son
accession au pouvoir (705-715). Dans ce texte, la
basmalah est complète, selon la formule musulmane :
bismillah ar-raḥmân ar-raḥîm. La graphie de notre
inscription serait alors, par comparaison, antérieure
au Viiie siècle. Les céramiques trouvées à Kilwa, dans
la fouille et en contexte, appuient cette datation23.
L’utilisation de la graphie arabe par une communauté
chrétienne ne semble pas étonnante, ni même l’emploi
de la basmalah. La communauté chrétienne melkite
avait adopté la graphie arabe dans la liturgie24 et cette
graphie a ini par être le symbole identitaire de cette
communauté25. Avant même que cette écriture ne
devienne celle des Melkites et de la religion de l’islam,
elle a été celle des tribus arabes de la Syrie, puisque la
graphie de ce texte évoque certains aspects de l’inscription de Jabal Sâys26, tels que le alif et le alif-lâm, le
mîm, etc. Il faut rappeler que les inscriptions les plus
anciennes en graphie arabe, connues à ce jour, sont au
nombre de six : an-Namâra (328 de l’ère chr.), Zabad
(au sud d’Alep, 512 de l’ère chr.), Ḥarrân (538 de l’ère
chr.), Jabal Says (528 de l’ère chr.), Umm al-Jimâl
(Jordanie du Nord, datation incertaine), et Jabal Ramm
(Jordanie du Sud, datation incertaine). Quatre ont été
trouvées dans le Ḥûrân (désert basaltique syro-jordanien) :
an-Namâra, Ḥarrân, Jabal Sâys et Umm al-Jimâl, dont
trois dans des églises : Ḥarrân, Umm al-Jimâl, Zabad.
Une seule sort du lot, celle de Jabal Ramm (Jordanie du
Sud, iVe siècle de l’ère chr.)27.
La deuxième observation porte sur le contenu de
l’inscription. Le texte mentionne la présence d’une
ḥimat, une réserve destinée à recueillir l’eau de pluie
et à l’agriculture. Ceci correspond parfaitement aux
éléments architecturaux du site et aux données archéologiques mises en évidence par notre projet.
Le site de Kilwa est construit aux bords d’un qâ‘,
un lac d’eau douce artiiciel. Le monastère s’appuie
donc surtout sur un système hydraulique très élaboré
constitué d’une digue retenant l’eau de pluie qui descend
des wadis et se verse dans une cuvette naturelle formant
un lac une fois remplie. Il faut y ajouter une citerne,
composée d’un double bassin qui récupère l’eau de
pluie directement par les toitures ou par des canaux
aménagés recueillant l’écoulement des wadis (igure 5).
La fouille, en 2010, d’un espace carré muré mesurant
15 m de côté et rempli de cendres a livré une grande
quantité de noyaux de fruits, tels que des prunes et des
pêches, des olives et des dattes, ce qui suppose que des
arbres fruitiers, des oliviers et des dattiers ont été cultivés sur place. L’importance de l’agriculture dans la vie
monastique en Syrie est bien connue28 ; si protéger le
territoire paraît normal, surtout dans une région très
aride, où l’eau est précieuse, cultiver des fruits dans un
tel environnement relève de l’exploit.
Enin, l’hypothèse selon laquelle le site aurait été
un poste romain-byzantin est exclue29. Il est certain
aujourd’hui qu’il s’agit d’un établissement chrétien : la
quantité de croix, le dégagement d’une église par notre
équipe en 2010 et la chapelle renforcent cette hypothèse. Il faut y ajouter l’organisation des bâtiments et
leur fonctionnement qui sont ceux d’un monastère :
cellules isolées pour des moines, chapelle, église, cuisine,
20. oRy 2009, p. 344.
21. Qasr Burqu‘ est une bourgade sur la route de MafraqBaghdad, au nord-est de la Jordanie. Il s’agit des vestiges
qui indiquent, selon Gaube, quatre périodes d’occupations
(construction ou re-construction) (gauBe 1974, p. 98).
Pour la bibliographie complète, voir gauBe 1974.
22. Cette inscription a été incomplètement publiée dans le
Répertoire chronologique d’épigraphie arabe. Elle a été
complétée par H. Field avec l’aide de H. A. R. Gibb
(Field 1960, p. 15, dessin p. 155). Elle a été reproduite
d’après la lecture de H. Field, par gauBe 1974, p. 97.
23. Les céramiques trouvées dans la fouille sont étudiées par
Marie-Odile Rousset. Le rapport de l’étude est en cours
de publication.
24. gRiFFitH 1989, p. 7.
25. gRiFFitH 2001, p. 16 ; ideM 2002, p. 24.
26. Inscription datée de 528-529 de l’ère chrétienne. Pour
une bibliographie complète de l’inscription et la dernière
analyse du texte, voir RoBin, goRea 2002, p. 503-510.
27. À propos de ces inscriptions, voir le travail le plus récent
sur la question : weRneR dieM 1976, p. 254 ; Chr. Robin
a fait un état de la question en 2001 (RoBin 2001, p. 509577). Concernant les inscriptions de Jabal Usays et de
Ḥarrân, cf. sHaHid 1995, respectivement p. 117-124 et
325-331 ; à propos de celles de Jabal Ramm et Umm
al-Jimâl, voir BellaMy 1988, p. 369-378. L’inscription
d’an-Namâra a été publiée pour la première fois par
dussaud 1902, II, p. 409-421 ; elle a connu ensuite de
nombreuses publications : on doit le dernier commentaire à RoBin 1991, p. 11 et 116-117 ; elle se trouve dans
le Répertoire d’épigraphie sémitique, no 483. L’inscription
de Zabad est publiée dans le Répertoire chronologique
d’épigraphie arabe, où elle porte le no 2, p. 2-3. Enin,
l’inscription de Ḥarrân porte le no 3 dans le même Répertoire chronologique d’épigraphie arabe, p. 3-4.
28. Voir à titre d’exemple Deir Turmanin, en Syrie du Nord :
BRenk 2004, p. 463-464.
29. saRtRe 1981, p. 86.
H
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Saba Farès
Figure 5 - Relevé topographique du monastère et système de canalisation d’eau de pluie.
L’inscription arabe de Kilwa : nouvelle lecture
réfectoire, citernes d’eau et jardins. Le nom même du
site est intéressant à observer : Kilwa en arabe signiie
« isolement, solitude, réclusion, l’endroit où on est en
retrait ». On trouve le même sens en grec, où κέλλιον
désigne « le lieu de méditation »30.
En conclusion, on pourrait souligner que plusieurs
éléments nous orientent vers une communauté monastique d’origine syrienne. La sainte patronne du lieu,
sainte Thècle, dont le culte est répandu en Syrie, le
toponyme et l’architecture sont des détails qui indiquent
une culture syrienne. La graphie vient s’ajouter à ces
éléments et renforce l’hypothèse de l’origine syrienne
de cette communauté. Ce monastère est le plus au sud
du monde chrétien byzantin connu à ce jour et le plus à
l’ouest du monde chrétien perse. Les fouilles à venir
pourraient apporter des réponses aux questions posées
par cette inscription.
Qu’une communauté chrétienne soit entourée d’une
communauté musulmane est une pratique assez courante. Ibn Jubair, au xiie siècle, dans l’ouvrage qui relate
son voyage à la Mecque, mentionne la présence, en
Syrie, de nombreux monastères et villages appartenant
à des chrétiens entourés d’Arabes musulmans avec qui
ils ont conclu des accords31. La communauté installée
à Kilwa ne devait pas être étrangère aux habitants de la
région pour avoir pu s’y installer. La gestion des ressources dans le désert est régie par des réglementations
assez strictes. Accéder aux ressources naturelles nécessite des accords entre les populations. À Dîsseh, près
de Ramm, en Jordanie du Sud, une inscription en langue
arabe et écriture nordarabique, précise les noms des
personnes qui contrôlent la distribution de l’eau récoltée
par ruissellement dans une grotte32. Cette pratique est
encore aujourd’hui en vigueur dans le désert, à Ramm
notamment33.
Au total, si la communauté installée à Kilwa semble
être de culture syrienne, elle n’est pas étrangère au
monde nomade. Ses membres ont pu tirer proit des
techniques venant de la Syrie pour exploiter un territoire
très aride. Les recherches à venir pourraient nous éclairer
davantage sur cette communauté et les techniques
employées pour survivre dans un tel milieu.
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31. Le voyage d’Ibn Jubair a été révisé et traduit en anglais
par wRigHt 1907, puis par BRoadHuRst 1952. Ibn Jubair
(1145-1217) était un géographe, voyageur et poète andalous
qui effectua trois voyages en Orient : son ouvrage ne relate
que son premier voyage.
32. Cf. FaRès-dRappeau 1995, p. 493-497.
33. Observé durant nos campagnes de prospections archéologiques et épigraphiques à Ramm, en Jordanie du Sud, dans
le cadre du projet Franco-Jordanie. Ce projet, commencé
en 1995, continue encore aujourd’hui grâce au inancement de la Sous-direction des Sciences humaines et de
l’archéologie du ministère des Affaires étrangère français,
et est dirigé par S. Farès, F. Zayadine et Kh. Al-Jbour
(Département des Antiquités de Jordanie).
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