Les denrées végétales dans le nord de la Catalogne d’après
les sources historiques et archéobotaniques
(Xe-XVe siècles) : productions et échanges
Jérôme ROS*, Carole PUIG** , Marie-Pierre RUAS***
Situé à un carrefour d’influences culturelles entre les mondes méditerranéens de l’Espagne et du Midi de la France,
le nord de la Catalogne (Pyrénées-Orientales, France), couvert par cette approche, est un site d’observation exceptionnel
pour appréhender la circulation des produits, la transmission des techniques culturales et leur intégration dans les sociétés
médiévales. La confrontation des données carpologiques issues de récentes synthèses avec celles des sources textuelles,
notamment les tarifs de leudes, révèle aujourd’hui l’existence d’importants réseaux de commerce de denrées, depuis
l’Espagne arabe jusqu’en Catalogne nord-pyrénéenne. A la lumière de ces différentes sources, on discutera des denrées
végétales consommées dans cette région entre le Xe et le XVe siècle, ainsi que de l’origine locale ou commerciale de
certaines d’entre elles (céréales, figues, raisins).
Mots-clés : plantes, alimentation, commerce, production, Moyen Âge, carpologie, Roussillon
INTRODUCTION
Les questions de la mise en valeur des terroirs, des
productions végétales et de l’évolution du patrimoine
vivrier médiéval dans le nord de la Catalogne étaient,
jusqu’à présent, peu documentées malgré plusieurs
travaux sur les sources écrites ayant abordé directement
ce volet : les productions et denrées végétales relevées et
commentées concernant soit l’ensemble de la Catalogne,
soit la Cerdagne (Bonnassie 1975-1976, 1990 ; Rendu
1991). Depuis ces publications, les dépouillements d’autres textes ont permis de détailler les productions agricoles médiévales de la plaine roussillonnaise et de la
Cerdagne en pointant les biais de cette documentation
(Puig 2003, 2005a, 2005b, 2005-2006, 2012).
Par ailleurs, sur le terrain archéologique, des
recherches portant sur les terroirs de culture et les
productions végétales à partir des assemblages de
semences (ou restes carpologiques) dans les niveaux
d’activité et d’habitat en plaine et sur les reliefs se sont
développées pendant les années 1986-2003 à la faveur
des opérations d’archéologie préventive dans la vallée de
l’Agly et d’un programme collectif de recherche sur la
Cerdagne (1). Mais les données sont demeurées disper-
sées et ponctuelles. La plaine roussillonnaise n’a longtemps bénéficié que de la publication des concentrations
de semences découvertes dans les fosses du haut Moyen
Âge à Ruscino (Alessandri 1995) ou d’identifications de
vestiges souvent extraits à vue, signalées dans les
synthèses (Ruas 1998, 2005 ; Ruas et al. 2006). En
montagne, deux études à Enveig et Angoustrine ont
documenté la période médiévale antérieure au Xe siècle
de la Cerdagne (Ruas 2003 ; Campmajo et al. 2007).
Quant au Capcir, il n’est documenté que par une seule
étude carpologique des niveaux du XIe-XIIIe siècle du
château des Angles (Ruas et Rendu 2005). Cependant,
depuis 2006, la réalisation d’analyses carpologiques lors
d’opérations d’archéologie préventive sur le tracé ferroviaire LGV66 (2) et de deux mémoires universitaires qui
ont augmenté le corpus de données sur les contextes
ruraux pour une période allant de la République à la fin
du Moyen Âge (Ruas 2005, 2009, 2010-2011, 2012 ; Ros
2010, 2013 ; Ros et Ruas 2014). Ces travaux ont abouti
à l’élaboration d’une première trame archéobotanique du
patrimoine agro-alimentaire en Roussillon.
Alors que les données carpologiques sont désormais
renforcées pour le haut Moyen Âge, particulièrement en
* Carpologue, Archéozoologie, archéobotanique : Sociétés, pratiques et environnements (UMR 7209), Sorbonne Universités, Muséum national
d’Histoire naturelle, CNRS, CP 56, 55 rue Buffon, 75005 Paris, France. ros.jerome@gmail.com
** Chercheur associé FRAMESPA, UMR 5136. c.puig@free.fr
*** Directrice de recherche CNRS, Archéozoologie, archéobotanique : Sociétés, pratiques et environnements (UMR 7209), Sorbonne Universités,
Muséum national d’Histoire naturelle, CNRS, CP 56, 55 rue Buffon, 75005 Paris, France. ruas@mnhn.fr
1
PCR transfrontalier 2001-2003 « Estivage et structuration sociale d’un espace montagnard : la Cerdagne», SRA Languedoc-Roussillon (coordination C. Rendu CNRS UMR 5136 FRAMESPA, Toulouse). Opérations archéologiques sur l’emprise du barrage de l’Agly (Caramany) 1986-1994.
2
Liaison ferroviaire Perpignan - Le Perthus (resp. J. Kotarba, INRAP périodes médiévales).
ARCHÉOLOGIE DU MIDI MÉDIÉVAL, TOME 32 - 2014, 123-138
123
ARCHÉOLOGIE DU MIDI MÉDIÉVAL – TOME 32 – 2014
Roussillon, il est apparu plus pertinent de cibler la
présente approche sur la deuxième moitié du Moyen Âge
(Xe-XVe siècle) plus pourvue en textes qui autorise ainsi
à croiser les deux types de sources, écrites et carpologiques. La limite géographique du corpus retenu
comprend non seulement les régions rattachées alors à la
Catalogne (plaine du Roussillon, reliefs du Vallespir, du
Conflent des Aspres, du Capcir et de la Cerdagne), mais
aussi le Fenouillèdes, qui, durant cette phase, était en
partie placé sous autorité catalano-aragonaise (fig. 1).
L’objectif de cet article est de proposer une première
image de l’éventail des denrées végétales produites,
commercialisées et consommées dans l’extrémité nord
de la Catalogne au cours de la période médiévale. Un
croisement des données carpologiques et des sources
textuelles sera tenté pour la première fois dans cette
région afin d’identifier les plantes et les produits, les
lieux de production ainsi que les réseaux commerciaux.
SOURCES ET MÉTHODES
Les données archivistiques qui couvrent la période du
Xe au XVe siècle ont été réunies dans le cadre d’un
doctorat (Puig 2003) puis enrichies par plusieurs travaux
postérieurs (Puig 2005a, 2005b, 2006, 2012). Elles
émanent de fonds divers : actes de la pratique, ordonnances royales, archives commerciales ou encore recensements terriers. Ces deux derniers types de sources sont
les plus instructifs pour éclairer le propos. En premier
lieu, les tarifs de leudes (Gual Camarena 1968) (3)
permettent d’avoir une vision diversifiée des produits
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Fig. 1 : Aire d’étude et localisation des sources carpologiques
et textuelles citées dans le texte. Symboles : ronds =
sites archéologiques (cf. Fig. 2), carrés = capbreus et
Actes de la pratique, étoiles = leudes
agricoles vendus sur les marchés roussillonnais et
cerdans. Ils se présentent sous la forme d’une énumération de marchandises distinctes. Ce sont des sources
uniques et d’une grande richesse pour ce type d’étude
qui ont cependant de nombreux biais : l’origine des
marchandises est rarement indiquée et le recensement
des produits est partiel car ils ne sont spécifiés que
lorsqu’ils sont taxés. Enfin, la dénomination des plantes
et des denrées est souvent imprécise ou ambiguë (Puig
2005b). En second lieu, les terriers catalans ou
capbreus (4) indiquent plus sûrement des productions
locales, mais les variétés végétales y sont rarement précisées. Elles sont perceptibles d’après la nature de la taxe
qui pèse sur la parcelle (droit en céréales, en légumes, en
fruits…) ou le type de parcelle (vigne, champ,
jardins…). La documentation archivistique existante est
cependant insuffisante pour établir une liste exhaustive
de plantes ou de produits cultivés et/ou consommés dans
le Roussillon médiéval. Cette démarche nécessite le
brassage d’un grand nombre de sources de natures différentes, qui fournissent, au hasard des textes, des informations parfois ténues, souvent partielles.
Le corpus carpologique retenu pour cette étude est
constitué de onze sites aux statuts variés (habitats ruraux,
châteaux), implantés aussi bien en plaine roussillonnaise
que sur les piémonts (Fenouillèdes) ou en montagne
(Capcir) (fig. 1, fig. 2). Les restes végétaux proviennent
de prélèvements de sédiment réalisés par les équipes de
fouilles dans des contextes de nature différente mais
appartenant à des zones d’habitats ou d’activités agricoles : foyers, fosses, puits, trous de poteau et niveaux
d’abandon. Les méthodes d’extraction des vestiges
archéobotaniques n’ont pas toujours été adaptées au
matériel recherché en raison, pour les fouilles anciennes,
de l’absence de protocole destiné spécifiquement à
l’étude des semences. En effet, certains tamisages ont été
effectués sous eau au travers de mailles comprises entre
2 et 6 mm de diamètre, les charbons de bois et certaines
semences étant alors collectés à l’œil nu directement à
partir des refus de tamisage par les équipes de fouilles.
Cette méthode, peu efficiente pour repérer les semences
de taille et de forme très diverses, a induit plusieurs biais
dans la représentativité de ces assemblages carpologiques susceptibles d’être conservés (Marinval 1999). La
majeure partie des échantillons a tout de même fait
l’objet d’un tamisage par flottation sur mailles fines (0,5
et 2 mm). Aussi, cette approche synthétique souffre-telle de l’absence d’homogénéité des méthodes d’échantillonnage et de la représentativité variable des données.
Les semences extraites des sites de ce corpus sont
conservées par carbonisation. Or, en raison de la forme
3
Sources : Leudaire de Collioure, 1252, ACA, Batllia General de Catalunya, Tarifa de la leuda de Coplliure, n° 450, f°1 à 6 et 65 à 71. Leudaire de
Collioure 1298. ADPO 1B69 f°7-12. Leude de terre de Collioure, 1300, ADPO 1B69, f°4r-5v°. Leudaire de Perpignan, ADPO 112 EDT3 Livre Vert
Mineur de Perpignan, f° 79-82 et f° 82-85. Addenda au leudaire de Perpignan, 1321, ADPO 1B94 f°71r. Leudaire de Puigcerda, ADPO 1B138, f° 7172. Leudaire de Thuir, ADPO, 167 EDT1, Livre Vert Mineur de Thuir, f°11 et f° 19 r° - 20 r°. Leudaire du Boulou, ADPO 1B94 f° 51.Gual Camarena
(M.), Vocabularie del comercio medieval. Collección de aranceles aduaneros de la Corona de Aragón (Siglos XIII – XIV), Publicaciones de la
Excelentìssima Diputación Provincial, Tarragone, 1968.
4
Les registres sont conservés aux ADPO sous les cotes : Capbreu d’Argelès 1B30 (2Mi1/2), Capbreu de Collioure 1B29 (2Mi1/1), Capbreu d’Estagel
1B32 (2Mi1/4), Capbreu de Millas-Clayra 1B34 (2Mi1/6), Capbreu de Saint-Laurent 1B33 (2Mi1/5), Capbreu de Tautavel 1B31 (2Mi1/3).
124
LES DEnRÉES VÉGÉTALES DAnS LE nORD DE LA CATALOGnE D’APRèS LES SOURCES HISTORIqUES ET ARCHÉOBOTAnIqUES (Xe-XVe SIèCLES) : PRODUCTIOnS ET ÉCHAnGES
de consommation des plantes (fraîche, broyée, grillée,
bouillie…), des parties consommées (fruits, graines,
feuilles, tiges, racines) et de leur probabilité d’être carbonisées lors d’accident ou d’opérations de transformations, les études carpologiques ne portent, la plupart du
temps, que sur les graines et les fruits et d’autres macrorestes comme les parties végétatives que sont les bulbes,
tubercules ou rhizomes qui ont pu résister à la combustion. Ainsi, la catégorie des légumes à feuilles ou à
racines (légumes verts) est-elle rarement représentée
dans les spectres archéobotaniques (chou, poireau,
épinard, salades par exemple), sauf sous forme des
graines qui n’ont pas forcément été consommées ou qui
le sont pour d’autres emplois.
Au-delà des limites inhérentes à chacun des corpus et
aux méthodes d’analyses, la lecture croisée des données
des sources écrites et carpologiques se heurte aussi à la
difficulté de comparer les listes de plantes établies à
partir d’identifications botaniques souvent précisées au
rang de l’espèce, voire de la variété : Triticum aestivum
(blé tendre), Hordeum vulgare (orge vêtue), Vicia faba
var. minor (féverole) et des recensements des termes
dans des textes qui désignent les plantes dans le langage
vernaculaire régional médiéval. Ces noms en latin,
parfois en catalan médiéval, sont clairement identifiables
pour certains (orge/hordeus), beaucoup moins pour d’autres (citrullis, grau, bladum…). D’autre part, les sources
écrites ne renseignent pas sur la variété culturale ; ainsi
dans l’exemple de l’orge, la carpologie distingue les
variétés vêtues et nues et les sous-espèces à deux ou six
rangs tandis que les textes n’utilisent qu’un seul terme
dont on ne sait pas s’il désigne toujours la même sorte
d’orge. Aussi, l’identification de la plante, du produit ou
du mets à partir de ces deux sources se heurte-t-elle au
problème de la correspondance entre le nom botanique
attribué à un reste végétal et le mot qui désigne un
produit ou un mets dans les textes médiévaux qui utilisent un langage scientifique ou vernaculaire daté. Nous
proposons donc les correspondances les plus probables
déduites des données historiques et archéobotaniques
pour chacune des plantes consignées dans les figures 3,
4, 5, 6 et 7
Les comparaisons terme à terme serviront ainsi à
constater la présence ou l’absence d’une plante/denrée
dans les listes élaborées à partir de ces deux sources. Par
ailleurs, les paramètres d’évaluation du statut et de l’importance des plantes et des produits végétaux diffèrent
entre les deux types de données. Mais par la confrontation des spectres de plantes ou de denrées, il est possible
de repérer les productions locales du Roussillon, d’en
caractériser le fonds agro-alimentaire et les plantes
alimentaires secondaires, les nouvelles denrées végétales
et/ou les plantes nouvelles apportées et adoptées au gré
des contacts culturels et économiques. Dans cet article,
les tableaux ne présenteront que les denrées attestées
entre le Xe et le XVe siècle. Mais les attestations connues
dans les régions voisines ou en Roussillon aux époques
antérieures seront signalées dans le texte.
LES DENRÉES VÉGÉTALES
Les listes de plantes alimentaires dressées ne peuvent
être intelligibles pour former la base de la discussion que
si les noms et les mots sont classés selon une nomenclature, en l’occurrence celle de l’alimentation (5).
Différents organes des plantes alimentaires sont
consommés - racines, tubercules, rhizomes, feuilles,
tiges, bourgeons, bulbes, fleurs, graines et fruits - selon
les espèces et les habitudes culturelles et religieuses. Or,
les organes consommés peuvent entrer dans différentes
catégories définies par les systèmes alimentaires et les
valeurs culturelles et sociales accordées par la société
(Bois 1927 ; Maurizio 1932 ; Braudel 1961 ; Grieco
1987, 1996). La diététique actuelle occidentale définit
des catégories alimentaires classant ces organes selon les
nutriments principaux qui les composent, les modes et
formes de consommation et leur place dans les repas
(Haudricourt et Hédin 1943 rééd. 1987). Dans l’inventaire, nous reprenons les catégories suivantes :
Sites (Commune)
Localisation
Datation Responsable
(siècles) opération
L'Orangeraie (Taxo-d'avall)
Mas de la Madeleine (Perpignan)
Saint Julien (Villeneuve-de-la-Raho)
Vilarnau d'Amont (Perpignan)
L'Horto (Caramany)
Château 2 castrum (Les Angles)
Château (Saint-Pierre de Fenouillet)
Château royal (Collioure)
Orle ouest (Perpignan)
Camp del Rey (Baixas)
Carrer del Farré (Cabestany)
Roussillon
Roussillon
Roussillon
Roussillon
Fenouillèdes
Capcir
Fenouillèdes
Roussillon
Roussillon
Roussillon
Roussillon
IXe-XIIe
Xe-XIe
Xe-XIIe
Xe-XIIe
Xe-XIIe
XIe-XIIIe
XIe-XIVe
XIIe-XIVe
XIIIe-XVe
IXe-XVIe
XIVe-XVe
N. Guinaudeau
J. Kotarba
P. Alessandri
O. Passarius
A. Pezin
A. Bergeret
D. Maso
O. Passarius
A. Bergeret
O. Passarius
J. Kotarba
Nombre Auteur analyse carpologique Numérotation
dans la figure
de
et références
1
contextes
bibliographiques
5
1
1
1
10
5
3
4
1
6
1
Ros 2014
Ros 2013
Ruas 1998, Ros 2013
Ros 2013
Ruas inédit dans Ros 2013
Ruas 2004 Ruas & Rendu 2005
Hallavant 2009
Ros et Ruas 2012
Ros 2013
Ros 2013
Ruas inédit dans Ros 2013
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11
Fig. 2 : Corpus des données carpologiques (Pyrénées-Orientales).
5
F. Sigaut propose l’utilisation d’une nomenclature technique des termes référant à l’action, l’opération, le produit et le mets dans la transformation et
la consommation des plantes. Produit (farine) et mets (semoule) sont donc différenciés (Sigaut 2010).
125
ARCHÉOLOGIE DU MIDI MÉDIÉVAL – TOME 32 – 2014
- légumes secs et féculents : céréales, légumineuses
mûres, fruits riches en amidon comme les glands et les
châtaignes, tubercules farineux, et, par extension,
produits qui en sont tirés comme les pâtes ou le pain ;
- légumes verts ou légumes au sens large : racines
(carotte, betterave), feuilles et tiges (chou, épinard,
salade, cardes) et légumes fruits (concombre, gourde).
Nous y ajoutons les bulbes des oignons et de l’ail qui,
dans les énumérations médiévales, apparaissent comme
légume ;
- aromatiques (herbes), épices et condiments ;
organes divers à saveur aromatique (rhizome de
gingembre, boutons floraux de la câpre ou du clou de
girofle, pistil du safran, graines de fenouil, graines de
moutarde, fruit de l’olive, feuille de menthe etc.),
- plantes oléagineuses : groupe des graines ou fruits
riches en huile (lin, chanvre, pavot œillette, noix,
noisette, amande, olive…). Dans ce groupe figurent des
espèces dont les fibres des tiges sont aussi employées,
mais pour des usages non alimentaires : le lin et le
chanvre en particulier. En général, et par convention
archéobotanique, elles sont réunies dans le groupe mixte
plantes techniques/oléagineuses pour marquer l’indécision quant à l’emploi de ces plantes lorsque des graines
sont les seuls restes découverts ;
- fruits : fruits à coque et fruits charnus ou à pulpe.
Notons qu’on utilise aussi le terme de fruit sec selon
l’état dans lequel est consommé le produit et sa nature
farineuse (voir féculent). Des fruits charnus et à coque y
sont réunis : figue, raisin, datte, mais aussi noisette,
amande ou noix ainsi que les fruits farineux (gland et
châtaigne).
Ainsi, selon l’organe consommé, la substance
utilisée, la façon de consommer et l’état de maturité, une
même plante peut être rangée dans plusieurs catégories.
Le carpologue recourt à des critères tels que le contexte
de découvertes des restes, leur état (fossilisation et fragmentation) et leur abondance, les données archéobotaniques ou textuelles connues et ethnobotaniques pour
classer l’espèce dans une catégorie (cas du lin ou du
chanvre). Certains fruits sauvages attestés par la carpologie sont aussi inclus dans cette revue. D’autres
éléments sont nécessaires pour interpréter ces résidus à
moins que le contexte n’éclaire le mode de préparation
et/ou de consommation. Il ne peut satisfaire non plus
complètement l’historien des textes confrontés à d’autres
codes alimentaires et classements des denrées (cas de
l’ail).
Pour discuter de denrées végétales et croiser les
données, il faut donc prendre en compte à la fois la partie
végétale citée et la façon dont les produits sont classés
dans les textes consultés. Nous avons pris le parti d’utiliser la convention actuelle décrite-ci-dessus qui classe
les plantes et les produits des deux corpus en gardant à
l’esprit le caractère fixiste des catégories. Nous distin-
6
126
guerons, en outre, un groupe de fruits exotiques documentés sous ce statut par la documentation écrite.
La figure 3 indique les occurrences carpologiques des
différents taxons mentionnés par site. Dans les figures (4,
6, 7 et 8), les deux premières colonnes indiquent les
mentions carpologiques obtenues à partir de l’identification des restes de plantes en précisant les noms latin et
français du taxon, utilisés dans la nomenclature botanique (selon la base inventaire de l’INPN) (6), mais aussi
des conventions archéobotaniques (Jacomet 2006). Les
deux autres colonnes consignent les mentions issues de
l’analyse archivistique avec la traduction proposée pour
le terme utilisé dans le texte. La lecture de gauche à
droite suggère, à chaque ligne du tableau, la correspondance la plus probable entre le taxon botanique et le
terme des textes et sa traduction.
L’ensemble des sources convoquées atteste soixantequatre plantes alimentaires en Catalogne septentrionale
entre le Xe et le XVe siècle : quinze légumes secs, dont
sept céréales et un terme non identifié, six ou sept légumineuses, quatorze légumes au sens large, vingt-trois
fruits et douze épices/aromates.
Légumes secs à grains
Céréales
Les céréales sont les plus fréquentes en contexte
archéologique. Cette caractéristique tient à la fois à leur
importance dans l’économie et l’alimentation des populations et aux modes de traitement que subissent les
récoltes et les grains lors des nettoyages, de leur stockage
et des préparations culinaires, qui favorisent leur état
carbonisé et leur conservation dans les sédiments des
sites aérobies (non immergés).
La correspondance entre les céréales identifiées dans
les textes et les espèces enregistrées dans les dépôts
archéologiques n’est pas systématique (fig. 4). Dans le
cas du blé nu, par exemple, son identification spécifique
avec les restes carpologiques nécessite l’existence
d’entre-nœud de rachis pour distinguer les trois espèces
de blé nu possibles : le blé tendre (Triticum aestivum), le
blé poulard (T. turgidum) et le blé dur (Triticum durum)
(Jacomet 2006). Seuls les sites de Vilarnau d’Amont et
du castrum des Angles ont livré des articles de rachis
permettant d’attester un blé nu hexaploïde ou blé tendre
(Triticum aestivum), à savoir le froment stricto sensu.
L’orge vêtue est présente dans dix des onze sites du
corpus et le blé nu dans sept, toujours de façon dominante dans les assemblages dans lesquels ils sont identifiés (Ros 2010, 2013). Ils sont suivis par le seigle (cinq
attestations) et le millet commun (quatre attestations).
Les mentions de millet italien et d’avoine sont plus anecdotiques : la première est enregistrée uniquement sur les
sites du château royal de Collioure (XIIe-XIIIe siècle) et
du Camp del Rey (XVe-XVIe siècle), la deuxième sur
INPN, inventaire national du patrimoine naturel, Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.
CEREALES
Avena sativa
Triticum aestivum
Triticum aestivum/durum
Panicum miliaceum
Setaria italica
Hordeum vulgare
Secale cereale
LEGUMINEUSES
Vicia faba var. minuta
Féverole
Lathyrus cicera ou Lathyrus satives Gesse chiche/cultivée
Lens culinaris
Lentille
Pisum sativum
Pois
Vicia sativa
Vesce cultivée
PLANTES TECHNIQUES
Cannabis sativa
Chanvre
Linum usitatissimum
Lin cultivé
FRUITIERS CULTIVES
Ficus carica
Figuier
Juglans regia
Noyer
Morus cf. nigra
Mûrier cf. noir
Olea europaea
Olivier
Pinus pinea
Pin parasol
Prunus avium/cerasus
Merisier/Griottier
Prunus domestica subsp. insititia Prunier domestique
Prunus dulcis
Amandier
Vitis vinifera
Vigne
FRUITIERS SUPPOSES SAUVAGES
Corylus avellana
Noisetier
Arctostaphyllos uva-ursi
Raisin d'ours
Fragaria vesca
Fraisier sauvage
Rosa sp.
Eglantier
Rubus agg. frticosus
Mûrier ronce
Rubus idaeus
Framboisier
X
Vilarnau
d'Amont
(Perpignan)
Roussillon
Xe-XIIe
L'Horto
(Caramany)
Fenouillèdes
Xe-XIIe
X
X
X
X
X
Château 2
Château
Château royal Orle ouest Camp del Rey
(Les
(Saint-Pierre
(Collioure) (Perpignan)
(Baixas)
Angles) de Fenouillet)
Roussillon Roussillon Roussillon
Capcir
Fenouillèdes
XIe-XIIIe
XIe-XIVe
XIIe-XIVe
XIII e-XVe
IXe-XVIe
X
X
X
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X
X
X
Fig. 3 : Occurrences carpologiques des taxons par site (X = présence du taxon).
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Carrer del
Farré
(Cabestany)
Roussillon
XIV e-XVe
X
LES DEnRÉES VÉGÉTALES DAnS LE nORD DE LA CATALOGnE D’APRèS LES SOURCES HISTORIqUES ET ARCHÉOBOTAnIqUES (Xe-XVe SIèCLES) : PRODUCTIOnS ET ÉCHAnGES
Mas de la
Saint Julien
L'Orangeraie
SITE (COMMUNE)
Madeleine (Villeneuve-de(Taxo-d'avall)
SECTEUR
(Perpignan)
la-Raho)
Roussillon
Roussillon
Roussillon
DATATION
IXe-XIIe
Xe-XIe
Xe-XIIe
Avoine
Blé tendre
Blés nus
X
X
Millet commun
Millet italien
Orge vêtue
X
X
X
Seigle
X
127
ARCHÉOLOGIE DU MIDI MÉDIÉVAL – TOME 32 – 2014
CEREALES
Identifications carpologiques
Mentions textuelles
Taxon latin
Taxon français
Terme usuel
Interprétation proposée
Avena sativa
Avoine cultivée
Cibada, civada
Avoine
Triticum aestivum
Blé nu hexaploïde (Blé tendre) Forment, frumentus Froment
Panicum miliaceum et Setaria italica Millet commun et Millet italien Mill
Millets
Hordeum vulgare
Orge vêtue
Ordeo
Orge
aucunemention
Aros/Arros
Riz
Secale cereale
Seigle
Segle
Seigle
aucunemention
Grua
Céréale non identifiée
aucunemention
arraoni
Mélange d’orge et de froment (Méteil)
Fig. 4 : Attestations des céréales d'après les sources carpologiques et textuelles.
ceux du château de Collioure (XIIe-XIIIe siècle) (Ros
2013) et du castrum des Angles (XIe-XIIIe siècle) (Ruas
et Rendu 2005). Un seul blé vêtu est enregistré, au
château des Angles, sans qu’on puisse déterminer s’il
s’agit d’amidonnier, d’engrain ou d’épeautre (Triticum
type dicoccum/monococcum/spelta) (Ruas et Rendu
2005).
Dans les sources écrites, les céréales apparaissent
communément sous l’appellation de bladum, qu’elles
soient fourragères ou panifiables (7). Une étude récente
a permis de distinguer les céréales consommées par les
hommes de celles destinées au fourrage (Puig 2012)
(fig. 5).
L’approche chronologique de la documentation
archivistique permet également d’observer de nettes
évolutions. Ainsi, les mentions les plus précoces font état
de millet, de froment et d’avoine. Le millet, céréale peu
référencée dans les sources roussillonnaises, fait partie
des céréales les plus anciennes, clairement nommées
dans la documentation à partir du Xe siècle (8). Au XIIIe
siècle, il est parfois dit grosso sive tapato ou ergudelle,
désignant peut-être deux variétés à moins qu’il ne
Céréales
Millet
Froment
Avoine
Orge
Méteil
Seigle
Riz
Céréales panifiables
Céréales commercées
Pain
Farine
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Fig. 5 : Usages des céréales d'après les sources textuelles
médiévales roussillonnaises (période Xe-XVe s.)
(d'après Puig 2012)
7
s’agisse de deux états dans son traitement (9). A la fin du
XIIIe siècle, les sources écrites, par le biais des capbreus
royaux de 1292-1293, révèlent une répartition géographique particulière. A Millas, en Ribéral, le millet est
signalé par défaut car des redevances en céréales pèsent
sur une terre mais ne doivent pas être versées en millet.
Cette céréale est donc produite sur ce finage, mais elle
n’est pas taxée. A l’inverse, le millet est très souvent
mentionné dans le capbreu d’Argelès, sur le littoral, au
même titre que l’orge et le froment. La production du
millet en Roussillon nous apparaît ponctuellement mais
le plus souvent en lien avec des terroirs humides, irrigués
ou marécageux. Au XVIIe siècle, les Roussillonnais le
distinguent aussi du panis (Agusti, f° 200 (10)), terme
qui peut désigner le millet commun ou le millet italien,
tous deux attestés par leurs grains au moins depuis le
Bronze final dans cette région.
Le froment apparaît dans la documentation à partir du
XIe siècle. Dans le courant du XIIe siècle, il est en retrait
par rapport à l’orge car il est destiné à une population
aisée (11), et, par conséquent, il est moins référencé. Les
occurrences augmentent ensuite à partir du XIVe siècle et
ne cesseront de croître pendant l’époque moderne. Cet
essor est à mettre en relation avec le développement de
la boulangerie en milieu urbain depuis le XIVe siècle
(Puig 2012). L’avoine, comme le froment, se rencontre
dans les sources médiévales roussillonnaises au
XIe siècle, mais elle est très souvent associée à l’alimentation animale, et, plus précisément, au droit d’albergue (12).
A partir du XIIe siècle, l’orge est la céréale la plus
référencée dans la documentation. Elle sert à l’alimentation humaine mais aussi au fourrage (Puig 2003). Elle se
maintient en Roussillon jusqu’à l’époque Moderne où le
pain d’orge est alors réservé aux plus pauvres (Agusti,
f° 82 v°). Un méteil apparaît aussi sous l’appellation
Alart, Cartulaire roussillonnais manuscrit, vol. XIV, p. 3, en 1342.
ADPO 12 J 25, 2 Mi 46 R11, Fonds Fossa n° 80 / Cartulaire d’Elne f° 137. En 967, sous la forme « annone milium ».
9
Alart, Cartulaire roussillonnais manuscrit, vol. XIV, p. 341 : En 1283 vente de 100 émines de millet dont 80 sont “de milio grosso sive tapato et
residue 20 de milio ergudelle”.
10
Agusti (M.), Llibre dels secrets de agricultura, casa rùstica i pastoril, Barcelone, 1617, Barcelone, Alta Fulla, 1988.
11
Jusqu’au XIIIe siècle, en Roussillon, le froment semble réservé à une population privilégiée contrairement à l’orge qui constitue l’alimentation de
base des roussillonnais (Puig 2003). A partir du XIIIe siècle, et en parallèle du développement de la boulangerie en ville, le pain de froment se généralise en milieu urbain (Puig 2012).
12
Sur les finages royaux, dont celui de Millas, droit comprenant l’hébergement d’un ou plusieurs soldats et la nourriture de sa monture. Capbreu de
Millas.
8
128
LES DEnRÉES VÉGÉTALES DAnS LE nORD DE LA CATALOGnE D’APRèS LES SOURCES HISTORIqUES ET ARCHÉOBOTAnIqUES (Xe-XVe SIèCLES) : PRODUCTIOnS ET ÉCHAnGES
d’arraoni. Celui-ci est un mélange d’orge et de
froment (13), mais dont on ne connaît pas les proportions
en Roussillon. En Bas-Languedoc, la mescla ou le blé
mitadenc, mentionnés dès le XIe siècle et en développement au XIIe siècle, se composaient de deux parts de
froment pour une part d’orge. Mais les proportions
variaient selon le secteur (Durand 1991, 315).
Le seigle attestés dans les dépôts carpologiques du
Xe-XIe siècle en montagne et en plaine (fig. 3) apparaît
peu et assez tard dans les sources écrites roussillonnaises
(fin XIIIe-XIVe siècle). Cette céréale se rencontre surtout
sur les piémonts roussillonnais, en Conflent et préférentiellement en Cerdagne. Le riz n’est pas exclu de la documentation roussillonnaise, puisqu’il est identifié dans les
tarifs marchands (14). Les sources font enfin mention
d’une céréale au XIIIe siècle, le grua indiqué comme une
plante qui peut être cultivée entre deux rangs de vigne,
au même titre que d’autres céréales, légumes et légumineuses (15). Elle est encore évoquée au XVIIe siècle
(Agusti f° 80), sans qu’il soit possible d’identifier la
plante ou le produit auquel réfère ce terme.
Ainsi les céréales recensées dans les sources écrites
comptent à la fois des espèces à grains nus (froment et
seigle) et une majorité de céréales à grains vêtus (avoine,
orge vêtue, millets, riz). Il est très probable que le terme
ordeo réfère aux variétés d’orges vêtues devenues dominantes dans les dépôts carpologiques au détriment des
variétés nues (Hordum vulgare var. nudum) en France et
en Espagne depuis l’âge du Bronze (Buxó et Piqué
2008 ; Bouby 2010, 2014). Les sources écrites n’indiquent jamais si les céréales présentées sur les marchés
sont décortiquées ou non. Toutefois, à partir du XIIIe
siècle, les actes de la pratique précisent que les grains
composant la part seigneuriale doivent être boni et
pulcri, signifiant qu’ils doivent être de bonne qualité et
sain, mais peut-être aussi décortiqués et prêts à être
stockés (Puig 2012). L’avoine et l’orge employées
comme fourrage sont, en revanche, vraisemblablement
fournies aux animaux sous forme de grains enserrés dans
leurs balles. Mais, on doit se poser la question pour les
grains d’orge qui servent aussi à confectionner les
gruaux, les bouillies ou les pains et dont les grains enveloppés peuvent être moulus sous cette forme dans la
mesure où la farine obtenue peut ensuite être tamisée.
Les assemblages carpologiques livrent des grains dont la
carbonisation a souvent fait disparaître les enveloppes.
Blé nu et seigle, quant à eux, dont les grains sont libérés
après un seul battage ou dépiquage, circulaient probablement à l’état de grains nus.
Légumineuses
Les découvertes carpologiques de légumineuses sont
sporadiques et concernent généralement un faible
nombre d’individus. Féverole, pois et gesses sont enregistrés dans les sites ruraux de la plaine (Saint Julien,
Vilarnau d’Amont, Camp del Rey) tandis que les sites
castraux de plaine et de hauteur livrent plus de diversité
car leur spectre comprend aussi des vesces et des
lentilles. Les découvertes de ces graines en contexte
archéologique sont trop ponctuelles pour évaluer pleinement leur importance dans les pratiques alimentaires et
culturales médiévales de cette partie de la Catalogne. Sur
les onze sites du corpus, seul le site du château 2 des
Angles a livré une quantité significative de graines de
gesse cultivée dans un foyer de bâtiment domestique
daté des XIIe-XIIIe siècles, mêlées à quelques graines de
vesce (Vicia cf. sativa). En l’absence de féverole ou de
pois, on peut se demander si ces gesses entraient dans
l’alimentation des habitants ou celle du bétail. En effet,
la palette végétale identifiée à partir des déchets des
foyers de la basse-cour témoigne d’un accès à des
denrées diverses dont plusieurs étaient obtenues à partir
d’échanges avec les terroirs de la plaine (Ruas et Rendu
2005).
La culture de fèves et de pois est attestée par les
sources écrites médiévales en Roussillon car elles apparaissent dans le paiement des redevances en nature dès le
XIIe siècle (16) (fig. 6). Au XIIIe siècle, les vesces sont à
leur tour documentées (17). Les tarifs marchands de l’intérieur des terres (Perpignan et Thuir) n’indiquent que la
fève et le pois chiche, alors que ceux de Collioure, grand
port du Roussillon, affichent une gamme plus diversifiée
de légumineuses : pois chiche, gesse, pois, fève, lentille
et vesce. Une seule mention confirme qu’elles sont en
partie cultivées dans les jardins roussillonnais de SaintFéliu d’Amont (fèves et pois) (18).
Compte tenu des mentions écrites, il est troublant que
les sites archéologiques du Roussillon n’aient pas livré
de pois chiches alors qu’ils sont attestés dans sept sites
en Languedoc et en Provence entre le VIIIe et le
XVIe siècle. En Languedoc, ils se manifestent dans deux
sites de la plaine alluviale à Lunel-Viel (Hérault) pour le
Xe-XIe siècle (Ruas 1990), à Plaissan les Termes
(Hérault) daté du IXe-Xe siècle (Ruas 2005) et dans deux
sites de la moyenne montagne à Durfort (Tarn) à la fin du
XIIIe siècle (Ruas 1998, 2002) et à La Cisterne à
Cabrières (Hérault) (Ruas 1998). En Provence, ils sont
attestés dans trois sites à Augéry-de-Corrèges (Bouchesdu-Rhône) pour le VIIIe-Xe siècle (Ruas 1998, 2005) et
dans l’arrière-pays, à Vauvenargues (Bouby 1996 inédit)
et Allemagne-en-Provence dans les Alpes-de-Haute-
13
1283, Alart, op. cit., vol. S, p. 338.
Leudaire de Collioure, 1252, ACA, Battlia General de Catalunya, Tarifa de la leuda de Coplliure, n° 450, f° 1 à 6 et 65 à 71. Leudaire de Collioure
1298. ADPO 1B69 f° 7 – 12. Leude de terre de Collioure, 1300, ADPO 1B69, f° 4r° - 5v°.
15
Coutumes de Perpignan, usages X.
16
ADPO 12 J 25, 2 Mi 46 R11, Fonds Fossa n° 175 / Cartulaire d’Elne f° 88 v°, en 1128.
17
Alart, op. cit. vol. S, p. 338, en 1283.
18
Alart, op. cit. vol. VII, p. 610, ADPO Cartulaire du Temple, f° 96 r°, en 1180.
14
129
ARCHÉOLOGIE DU MIDI MÉDIÉVAL – TOME 32 – 2014
LEGUMINEUSES
Identifications carpologiques
Taxon latin
Taxon français
Vicia faba var. minuta
Féverole
Lathyrus cicera ou Lathyrus sativus
Gesse chiche ou Gesse cultivée
Lens culinaris
Lentille
Pisum sativum
Pois cultivé
aucunemention
Vicia sativa
Vesce cultivée
Mentions textuelles
Terme usuel
Interprétation proposée
Faves
Fève ou Féverole
Guixes
Gesse
Lentilles
Lentille
Pesols
Pois
Ciuros
Pois chiche
Vesses/Besa
Vesce
Fig. 6 : Attestations des légumineuses en Roussillon d'après les sources carpologiques et textuelles (période Xe-XVe s. )
Provence (Ruas 2015), occupations du XIe siècle.
Légumineuse du fonds alimentaire méditerranéen, ses
mentions carpologiques médiévales demeurent curieusement rares ou localisées.
niveaux incendiés du Xe-XIe siècle de la Moutte à
Allemagne-en-Provence (Ruas 2015) et du XIVe siècle
du castrum de la Muggliunaccia à Olmi-Capella (HauteCorse) (Ruas 1998).
La vesce se manifeste à Collioure dans les sources
écrites (19) et un dépôt du Château. La mention de cette
graine dont l’espèce n’est pas confirmée dans un foyer
du castrum des Angles en Capcir est trop occasionnelle
pour en déduire sa culture en montagne. Toutefois, le
foyer de Montaillou en Ariège, daté de la fin du XIIe XIIIe siècle a livré une abondance de vesce qui témoigne
d’une réelle culture de cette légumineuse dans les
terroirs de haute montagne pyrénéenne (Hallavant et
Ruas 2007). Alors que ses occurrences sont élevées dans
les sites du haut Moyen Âge du nord de Paris et qu’elle
n’apparaissait pas dans les sites méridionaux (Ruas
2005, 2011), les attestations de la vesce se multiplient
ces dernières années dans les sites du sud de la France à
la faveur de l’augmentation des séries carpologiques
étudiées (Ros 2013).
Dans l’état actuel des recherches carpologiques en
Roussillon, seuls les textes renseignent sur cette catégorie alimentaire. Le paysan roussillonnais cultive dans
son jardin des poireaux et des choux (porris et caulibus),
des carottes (pastanagarum), des oignons (ceparum) et
des navets (nadui) (20). Les gourdes (cucurbitum) et les
concombres (cucumerorum) sont plus rares (21). Avec
les leudaires, la liste s’enrichit de l’ail, de la laitue, de
l’épinard, de la bette, de l’aubergine et de l’échalote. La
vente de graines (notamment en ce qui concerne l’aubergine, le concombre et la gourde calebasse) sur les
marchés roussillonnais confirme que ces légumes étaient
cultivés localement (Puig 2003) (fig. 7).
Légumes verts
Pour ce qui concerne les parties végétatives en
général récoltées et consommées avant la formation des
fruits, elles sont rarement enregistrées dans les sites. Le
corpus carpologique commenté dans cet article ne
dispose d’aucun contexte archéologique immergé (de
type puits ou latrine urbaine), aussi les légumes verts
sont-ils absents des spectres (fig.7).Toutefois, des
espèces de cette catégorie ont pu être attestées par des
graines hors de l’aire d’étude : l’épinard (Spinacia
oleracea) à Montaillou à la fin du XIIe-XIIIe siècle
(Hallavant et Ruas 2008, 2014), le cresson alénois
(Lepidium sativum), le poireau (Allium porrum), l’amaranthe blite (Amaranthus blitum), la gourde (Lagenaria
siceraria) dans une latrine de Montauban (Tarn-etGaronne) du XIVe siècle (Ruas 1998, 2008, 122) et de
probables bulbes d’ail/oignon (cf. Allium) dans les
19
Fruits
Les sources écrites témoignent d’une dichotomie en
ce qui concerne les mentions de fruits (Puig 2006)
(fig. 8). Les actes de la pratique évoquent très peu les
fruitiers, presque jamais les fruits, en dehors des
essences « phares » comme la vigne et l’olivier. Pourtant
les toponymes indiqués dans les actes médiévaux suggèrent la présence d’autres espèces : Castaines, Pererium,
Pruner…, mais les fruits restent dans l’ombre et même
le raisin (frais) n’est jamais évoqué dans ce type de
sources. Les informations sont donc tirées essentiellement des leudaires.
Fruits à pulpe
De nombreux fruits à pulpe sont indiqués à Narbonne
en 1153 (22) et à Barcelone en 1222 (23), mais ils n’apparaissent pas dans la documentation roussillonnaise ou
cerdane. Ils y sont peut-être taxés sous la forme générique de « fruyta ». Seules les cerises sont indiquées à
Perpignan en 1250, et, curieusement, poires et pêches à
Alart, op. cit., vol. S, p. 338 en 1283.
ADPO 1B35 en 1120 à Salses.
21
Alart, op. cit., vol. XII, p. 53, en 1295.
22
Germain Mouynés (M.), Inventaire des archives communales antérieures à 1790, Emmanuel Caillard Imprimeur, Narbonne, 1871, Annexes de la
Série AA, pp. 4 à 6.
23
Gual Camarena (M.), Vocabularie del comercio medieval. Collección de aranceles aduaneros de la Corona de Aragón (Siglos XIII – XIV),
Publicaciones de la Excelentìssima Diputación Provincial, Tarragone, 1968.
24
ADPO, 1 B 138, f° 71-72.
20
130
LES DEnRÉES VÉGÉTALES DAnS LE nORD DE LA CATALOGnE D’APRèS LES SOURCES HISTORIqUES ET ARCHÉOBOTAnIqUES (Xe-XVe SIèCLES) : PRODUCTIOnS ET ÉCHAnGES
LEGUMES VERTS
Identifications carpologiques
Mentions textuelles
Taxon latin
Taxon français
Terme usuel
Interprétation proposée
All/Almoll
Ail
Albudeca
Aubergine
Bettis
Bette
Pastanagarum
Carotte
Col/Coulibus
Chou
Cucumerorum/Congombre Concombre
Scalunyes
Echalote
aucunemention
Spinargiis
Epinard
Cucurbitum
Gourde
Cucurbitus/Carabasse
Gourde calebasse
Lautucis
Laitue
Naps
Navet
Cebes/Ceparum
Oignon
Porro/Porris
Poireau
Fig. 7 : Attestations des légumes verts en Roussillon d'après les sources carpologiques et textuelles (période Xe-XVe s. ).
FRUITS
Identifications carpologiques
Taxon latin
Taxon français et nom du fruit
Arctostaphyllos uva-ursi
Raisin d'ours, busserole
Corylus avellana
Noisetier, noisette
Ficus carica
Figuier, figue
Fragaria vesca
Fraisier sauvage, fraise des bois
Juglans regia
Noyer, noix
Morus cf. nigra
Mûrier cf. noir, mûre noire
Olea europaea
Olivier, olive
Pinus pinea
Pin parasol, pignon
Prunus avium/cerasus
Merisier ou Griottier, cerise
Prunus domestica subsp. insititia
Prunier crèque, prune
Prunus dulcis
Amandier, amande
Quercus sp.
Chêne, gland
Rosa sp.
Eglantier, cynorrhodon
Rubus agg. fructicosus
Ronce de Bertram, mûre de ronce
Rubus idaeus
Framboisier, framboise
Vitis vinifera
Vigne, raisin
aucunemention
Mentions textuelles
Terme usuel
Interprétation proposée
aucunemention
Avenes/Avellans
Noisette
Figa
Figue
aucunemention
Nots
Noix
aucunemention
Oliva
Olive
Pinyes
Pignon
Civeris
Cerise
aucunemention
Amelo
Amande
Glan
Gland
aucunemention
aucunemention
aucunemention
Aztebib
Raisin
Castanyes
Châtaigne
Citrullis
Pastèque
Datils
Datte
limons e pomers e terongers Agrumes (plusieurs sortes)
Melons
Melon
Peres
Poire
Pressec
Pêche
Fig. 8 : Attestations des fruits en Roussillon d'après les sources carpologiques et textuelles (période Xe-XVe s. )
Puigcerda en 1288 (24). La présence de fruits en contexte
urbain, et dont le commerce est inséré dans une dynamique marchande, n’est pas étonnante. En revanche, la
présence de fruits aussi fragiles que la pêche à 1200 m
d’altitude pose question. Faut-il envisager sa production
locale ou sa vente sous une forme autorisant une meilleure conservation ? Aucune découverte carpologique
pour cette période ne vient éclairer la consommation de
poire et de pêche dans cette partie de la Catalogne.
La vigne et l’olivier, plus que discrets dans les textes
évoqués ici, sont les fruitiers les plus souvent attestés en
contexte archéologique roussillonnais des périodes historiques (Ros 2010, 2013). La vigne est présente dans neuf
des sites du corpus, l’olivier dans cinq.
Deux autres espèces cultivées de fruits charnus sont
enregistrées par la carpologie : mûres noires, prunes et
merises/ou griottes ont été découvertes dans le seul site
du château 2 des Angles (Ruas et Rendu 2005), dans des
contextes datés fin XIe-début XIIIe siècle. Les hasards de
la documentation permettent quand même d’attester la
culture du mûrier en Conflent, à Moligt. Ainsi en 1024,
est-il fait mention de plusieurs maisons dotées de
131
ARCHÉOLOGIE DU MIDI MÉDIÉVAL – TOME 32 – 2014
mûriers (jusqu’à trois arbres) plantés dans un jardin (25).
En revanche, d’autres fruits mentionnés par les textes,
comme le melon et la pastèque ne se manifestent dans
aucun site archéologique du corpus. Des mentions carpologiques de pépin de melon existent pourtant dans le sud
de la Catalogne, à Lleida (XIe siècle), en contexte imbibé
ou minéralisé (Alonso 2005).
Les assemblages carpologiques, quant à eux, révèlent
aussi des fruits de cueillette et enregistrent notamment
des cynorrhodons (fruits de l’églantier), de la busserole
(fruit du raisin d’ours), de la fraise des bois et de la mûre
de ronce au château 2 des Angles, des framboises, des
cynorrhodons et des mûres de ronce à Enveig (Ruas
1998, 2003). La mûre de ronce est attestée à la même
période à Saint-Pierre de Fenouillet (Hallavant 2009),
Collioure (Ros 2013) et au Camp del Rey (Ros 2013),
faisant d’elle le troisième fruit le plus fréquent du corpus,
après la vigne et l’olivier. La récolte locale de tels fruitiers sauvages dans le cadre d’activités domestiques
explique leur absence des textes commerciaux ou des
actes de la pratique.
Fruits à coque
Les fruits à coque sont assez bien documentés par les
textes : les amandes, par exemple, sont vendues avec la
coque (26) (Puig 2006). À Perpignan, elles sont aussi
associées au riz et supportent une taxe différente, ce qui
pourrait signifier qu’elles sont alors vendues sans la
coque. À Collioure en 1298, on vend des noisettes avec la
coque, en sac, comme les châtaignes et les noix (27). Le
noyer est un des rares fruitiers roussillonnais à être indiqué
dans les actes de la pratique (28). Enfin, le pignon, également indiqué à Collioure, apparaît dans les actes de la
pratique sous la forme d’un pinyer royal. Celui-ci désignerait un bois de pins parasol relevant de l’autorité royale
(Puig 2006). Les fruits à coque mentionnés à Collioure ont
deux origines possibles. Soit, ils sont issus de productions
locales transportées depuis les coteaux des Albères
proches, soit leur commerce découle d’importation à
grande échelle, leur état sec naturel facilitant grandement
leur conservation pendant le transport.
Les indices carpologiques de fruits « à coque » sont
plus discrets. La noisette et la noix sont régulièrement
attestées dans les sites roussillonnais (Ros 2010, 2013),
mais se rencontrent préférentiellement dans les implantations de versants ou d’altitude. L’amande est attestée au
château 2 des Angles (Ruas et Rendu 2005) et à SaintPierre de Fenouillet (Hallavant 2009). La rareté des
coques de ce fruit en contexte archéologique pose la question de l’utilisation de ces éléments une fois la graine
(amande) extraite. En effet, l’utilisation des coques du
25
fruit comme combustible pourrait expliquer qu’on en
retrouve si peu et sous une forme très fragmentée.
Les pignons et les glands, bien que connus dans la
région dans des contextes alto-médiévaux comme à
Manresa et Ruscino (Ruas 2010-2011 ; Ros et Ruas
2014), sont rares dans les spectres plus tardifs ; seul le
premier se manifeste par un fragment de bractée au
château royal de Collioure (Ros 2013). Or, le leudaire du
Boulou, village d’arrière-pays, présente la particularité
de mentionner les glands de chêne au même titre que les
céréales et les légumes. Ces glands vendus dans le
village étaient certainement ramassés dans des chênaies
locales (29). Le rôle de ce fruit farineux demeure obscur
mais les indices suggèrent son éventuel emploi régional
dans l’alimentation (Puig 2006 ; Ros et Ruas 2014). La
châtaigne n’est, quant à elle, attestée que dans un seul
site médiéval du sud de la France, à Bayonne (PyrénéesAtlantiques), dans les rebuts d’un égout urbain daté du
XIIe-XIVe siècle (Ruas et al. 2006).
Fruits exotiques et du commerce lointain
Les marchés roussillonnais proposent d’autres sortes
de fruits importés qui semblent inconnus ou qui diffèrent
de la palette alimentaire habituelle. Certains sont
exotiques (dattes, agrumes), d’autres (figue, raisin)
probablement vendus séchés car leur origine est lointaine. Les attestations de la datte s’observent le long du
littoral méditerranéen ; elle était importée sous forme
sèche (30). L’origine précise du fruit n’est malheureusement pas connue. Le deuxième leudaire de Collioure se
distingue par la mention d’agrumes : limons e pomers e
terongers. Si les termes permettent d’identifier aisément
le citron et l’orange, que désigne pomers ? L’attribution
de ce terme à la grenade a été envisagée, mais celle-ci
semble apparaître plus généralement sous la forme
granarios. Il semblerait ainsi que ce terme désigne un
agrume, groupe auquel il est associé dans les énumérations. On peut penser au pamplemousse, fruit qui se
serait répandu pendant la période islamique vers la
Méditerranée occidentale (Watson 1983 réed 2008 ;
Albertini 2013) ; le Roussillon correspondrait ainsi aux
aires d’échanges des fruits présents sur le marché de
Collioure. Néanmoins le cédrat, mais aussi la mandarine
ou la bergamote ont pu circuler dans le Bassin
Méditerranéen à cette date. Il semblerait que ces produits
soient assez récents sur ce marché : le tarif de la leude
qui les concerne est suivi de la phrase selon laquelle tous
les produits qui “ne sont ni nommés ni connus des
leuders [chargés de prélever la leude] valent selon les
produits précédents“ (31). À cette date, il s’agirait donc
de nouveautés, mais que l’on connaît suffisamment pour
pouvoir les nommer (Puig 2005-2006) (32).
ADPO H142 : “Et super ipsa casa orto I qui vocant Aspirio cum morarios III et trans ipsa casa de Mirone orto I cum ipso morario ».
Leudaire de Perpignan de 1284 et de Collioure de 1365.
27
Leudaire de Collioure, 1298.
28
ADPO 1B35, en 1119.
29
ADPO 12J25. Le chêne est dit glandiferis oglatis, en 972.
30
Leudaires de Collioure.
31
Leudaire de Collioure 1298.
32
Ce qui favoriserait aussi l’interprétation de pomers comme un agrume et un fruit qui n’est pas originaire de Méditerranée nord-occidentale.
26
132
LES DEnRÉES VÉGÉTALES DAnS LE nORD DE LA CATALOGnE D’APRèS LES SOURCES HISTORIqUES ET ARCHÉOBOTAnIqUES (Xe-XVe SIèCLES) : PRODUCTIOnS ET ÉCHAnGES
La figue, bien qu’elle apparaisse peu dans la documentation, a fait l’objet d’une production locale difficile à
évaluer (33). Toutefois, les leudaires de Collioure font état
de diverses figues, sans aucun doute séchées, originaires
de Mallorque, Alicante, Tortose, Denia, Malaga, Valence,
Tarragone ou Murcie. On note également dans les tarifs
marchands que les taxes qui pèsent sur le panier de figues
varient selon l’origine du fruit (Puig 2006). Le raisin se
manifeste seulement sous la forme d’un terme andalou
aztebib, qui désigne le raisin sec. Il est bien souvent taxé
avec les figues et les dattes (Puig 2005-2006).
En l’état actuel des études, les fruits exotiques
mentionnés dans les textes (dattes et agrumes) ne sont
pas enregistrés par la carpologie dans la zone d’étude.
Des « noyaux » de datte, fruit attesté dans les sites funéraires à la période romaine en France, ne sont enregistrés
que dans trois sites médiévaux dans le nord du pays
(Ruas et al. 2006 ; Ruas inédit). Pourtant, dans les traités
culinaires français, leur chair est utilisée associée aux
figues et aux raisins secs pour leur saveur sucrée (Mane
2006). Les figues et les raisins enregistrés par la carpologie ne sont jamais conservés entiers dans les sites
médiévaux du Roussillon et ne sont présents que sous la
forme des pépins. Or certains assemblages carbonisés
des sites du haut Moyen Âge ont livré des restes de raisin
composés de pépins, de quelques baies et pédicelles,
interprétés comme des résidus de pressurage (Ros et al.,
sous presse). Les assemblages tardifs pris en compte
dans cet article, correspondraient davantage à des résidus
de consommation, peut-être de raisin sec, qui évoqueraient alors les raisins secs importés (aztebib des textes)
ou locaux.. La rareté des sous-produits de pressurage a
été relevée dans les sites médiévaux du Midi de la France
(Ruas et al. 2006) et soulevait la question des lieux
d’exercice de cette activité qui, dans certaines régions,
pourrait être localisés dans les vignes (Puig 2003).
Épices, aromates, condiments
Outre le fait que les plantes de la catégorie
épices/aromates/condiments présentent des organes
variés peu propices à la conservation dans les sites
archéologiques aérobies, celles dont on a utilisé les fruits
et les graines sont souvent broyées dans les préparations
culinaires (Laurioux 1983), notamment celles données
par les traités culinaires occitans et catalans des XIIIe et
XIVe siècles (Lambert 1992). Par ailleurs, les semences
de certaines espèces herbacées comme l’aneth ou la
moutarde, peuvent aussi provenir de plantes sauvages
mauvaises herbes des cultures. Les cueillettes peuvent
toutefois concerner de telles plantes utilisées dans l’alimentation humaine. Une seule mention de graine minéralisée de moutarde blanche existe en Roussillon, dans
un contexte du VIe siècle du site des Xinxetes (SaintCyprien) (Ros 2013). Une graine de galbule de genévrier
(Juniperus communis) est attestée dans les niveaux de
combustion du château 2 des Angles. Mêlée à d’abon33
34
dantes semences de céréales et de légumineuses dans les
cendres de foyer, cet unique individu laisse douter d’une
collecte intentionnelle dans un but alimentaire aromatique. Il est plus probable que des rameaux fructifères
aient servi de combustible et que des fruits aient brûlé à
cette occasion.
Les sources écrites sont plus détaillées sur la question. En effet, les tarifs marchands renseignent relativement bien sur le commerce de condiments et aromates :
des « herbes à cuire » (erba cucera) sont indiquées à
Collioure et Perpignan, de l’anis ou aneth (comie aniç,
annyins), de l’armoise, du serpolet (serpelers), du basilic
(alfarega), de la menthe (menta), de l’origan (auruga),
de la réglisse (reglissia) et de la moutarde (mostasia). On
y rencontre aussi des fleurs : roses (roses), violettes
(violes), bourrache (borragiis), fleur de florinatie ( ?), de
l’aubépine ou de la lavande (espic), du chardon ou de
l’artichaut (flor de cardo). L’armoise, la menthe, le
basilic et la bourrache sont indiquées dans les « Usages
de Perpignan » datés des XIe-XIIIe siècles comme des
plantes qui sont cultivées localement. En outre, une
grande variété d’épices très certainement importées est
également indiquée : safran, poivre, cannelle…
CULTURE, CONSOMMATION, COMMERCE
Le spectre végétal obtenu par la confrontation des
données textuelles et carpologiques permet d’attester une
large palette de plantes dont l’origine et les zones potentielles de mise en culture ne sont cependant pas toujours
définies ou localisées. Par mise en culture, on entendra le
fait de cultiver une espèce sans qu’elle soit nécessairement destinée au commerce ; les assemblages carpologiques étudiés étant pour la plupart plus révélateurs d’activités quotidiennes souvent domestiques (sites ruraux
modestes) que de pratiques culturales pour une production de rapport orientée vers la vente à grande échelle.
Culture locale ?
Les assemblages carpologiques et les textes s’accordent pour envisager la culture locale de certaines des
espèces inventoriées, telles les céréales et les légumineuses. En contextes archéologiques, leurs semences
sont, en effet, mêlées à des adventices de cultures dont
l’écologie témoigne qu’elles proviennent de parcelles
cultivées dans les milieux environnants les sites.
Pour les céréales, le blé nu et l’orge vêtue apparaissent comme les produits les plus courants. La culture des
autres céréales n’est pas toujours avérée en plaine par les
restes carpologiques ou sur les lieux mêmes de la
mention textuelle.
Les rares mentions carpologiques du seigle en
Roussillon s’ajoutent à celles des sites languedociens de
Médor (Ornaisons, Aude) près de Narbonne et de la
place Conesa à Agde (Hérault) (34), datées du VIe siècle.
L’abondance des rachis d’épi à Médor et des grains à
ADPO 12J25, en 972.
Étude inédite de L. Bouby 2002, fouilles D. Ugolini
133
ARCHÉOLOGIE DU MIDI MÉDIÉVAL – TOME 32 – 2014
Agde suggère qu’il y fut cultivé (Ruas 1989 ; 2005). Sa
culture est bien attestée en Conflent (Taurinya), en
Ribéral (Ille, Néfiac) ou à Argelès, par les textes sans
qu’il soit possible d’en évaluer l’importance (Puig 2003).
Les assemblages carpologiques des Angles à 1600 m
(Ruas et Rendu 2005) et les actes notariés de Puigcerda
de la fin du XIIIe siècle (Rendu 1991) témoignent de son
exploitation en haute montagne capcinoise et cerdane.
Les données carpologiques indiquent que le millet était
communément semé en plaine durant la période altomédiévale (Ros 2013). Les carporestes enregistrés aux
périodes postérieures sont insuffisants pour témoigner
d’une production significative. Sa culture à la fin du
XIIIe siècle est pourtant bien attestée par les Capbreus à
Millas et à Argelès, au même titre que l’orge et le
froment. Cette céréale apparaît ainsi dans la documentation sous la forme d’une taxe en nature.
Si les occurrences carpologiques d’avoine se multiplient au début du Moyen Âge en France (Ruas 2005),
les petites quantités de grains découverts, même s’il
s’agit d’Avena sativa, ne suggèrent pas toujours sa
culture en Roussillon ; adventice commune des autres
céréales, son statut demeure flou. Mais son exploitation
dans la région est bien documentée par les textes, bien
qu’elle semble plutôt destinée au bétail.
Enfin, en l’état actuel des recherches, il existe très
peu d’indices démontrant la culture du riz dans le nord de
la Catalogne. Indiqué dans les deux leudes de Collioure,
il aurait été mis en culture au XVe siècle dans la région
de Perpignan, selon la proclamation du lieutenant du
vice-roi [d’Aragon] « […] vedelicet quod negun non
habe a semenar aros una leuga entorn Perpinyan » (35)
(Cheyronnaud 2006), indiquant que la culture du riz ne
devait pas être pratiquée dans la périphérie proche de la
ville. Il s’agirait-là de la plus ancienne mention de
culture de cette céréale en France. Les céréales ont pu
être cultivées en champ (irrigués ou non), qui auraient pu
alors accueillir les légumineuses dont les attestations
carpologiques sont variables.
Les textes apportent quelques indices sur les espaces
de culture, notamment des jardins où sont produites les
autres catégories de plantes. Le jardin médiéval catalan
(hort) se présente sous la forme d’une petite parcelle
consacrée à une culture de légumes et d’aromates, mais
dans laquelle on trouve également des arbres fruitiers et
des plantes textiles telles que le chanvre et le lin (Puig
2003). De la même façon, les cultures fruitières, surtout
les vignes, sont réparties dans diverses parcelles selon le
système du complant (association d’espèces dans la
même parcelle) (Puig 2003 ; Durand et Puig, sous
presse). L’approche par les sources carpologiques montre
ses limites pour ce groupe de productions important dans
l’économie agraire et vivrière puisque la simple attestation des fruits ne prouve pas la culture locale de l’arbre.
Mais ils renseignent sur ceux que les habitants consommaient. Ainsi, les niveaux d’activité de la fin du XIe au
35
134
début XIIIe siècle du castrum montagnard des Angles ont
montré que les occupants ont eu accès à des amandes, des
mûres noires ou des figues. Ces denrées obtenues en
dehors du terroir local ont pu être achetées sur les
marchés comme celui de Puigcerda qui proposaient des
fruits et des légumes apportés par les paysans des vallées
voisines : pêches, poires, ail ou oignon (Rendu 1991, 88).
Les mûres noires pourraient ainsi provenir des cultures
signalées en 1022 à Saint-Just de Cerc (Seu de Urgell) ou
en 1024 à Moligt (Conflent, Pyrénées-Orientales).
Les textes sont ainsi bien plus informatifs sur les
lieux de production des fruitiers dans la région : olivier,
figuier, noyer et chêne ont fait l’objet de cultures en
Roussillon. Toutefois, ils apparaissent aussi très lacunaires. En effet, la mention d’autres fruitiers dans les
toponymes médiévaux confirme qu’ils sont plus présents
dans le paysage médiéval que ne l’indiquent les sources
écrites. Ces arbres fruitiers ne constituraient pas un enjeu
majeur méritant de figurer dans la documentation.
Importation et exportation :
le commerce des denrées
L’importation des denrées exotiques :
dattes, agrumes, riz
L’importation depuis la péninsule ibérique ou les pays
méditerranéens d’espèces exotiques est documentée par
les textes et permet de suivre les circuits commerciaux.
Pour la période médiévale, les contextes archéologiques
pyrénéens, en majorité ruraux, n’en livrent aucune trace.
La datte n’est indiquée qu’à Collioure et témoigne d’un
commerce entre le Languedoc et le royaume de
Majorque. Mais l’origine des fruits est difficile à identifier ; ils pourraient provenir de la région d’Elche, mais
surtout du Maghreb. Les agrumes sont indiqués dans la
deuxième leude de Collioure (1297) et apparaissent
comme des produits nouveaux, récemment introduits sur
les marchés roussillonnais. Exceptionnellement utilisés
dans les plats des recettes culinaires septentrionaux, les
agrumes sont bien présents dans les réceptaires catalans
et languedociens : jus de citron ou d’orange amère servent
à confectionner des sauces qui accompagnent le poisson
frit (Mane 2006). Les carnets de voyage du médecin
Jérôme Munzer, lors de son périple en Europe à la fin du
XVe siècle, signalent la présence d’orangers dans les
jardins de son hôte à Perpignan (Tarayre 2006). Le riz, en
revanche, seule céréale identifiée importée, est signalé
dans les deux leudes.
L’ensemble de ces observations confirme l’existence
d’un commerce à grande échelle de produits exotiques
(fruits et céréales) depuis le sud de la Catalogne et
témoigne de toute évidence d’une curiosité de goût de la
part des Roussillonnais. Il est ensuite difficile d’évaluer
la part des produits achetés et consommés localement et
la part exportée vers le royaume de France et au-delà
(Puig 2006).
ADPO, B 140 fol. 129v°. « in ipso morario super ipsa casa medietate » (Urgellia 4 n°375) Nous remercions E. Bille de nous avoir signalé cette attestation.
LES DEnRÉES VÉGÉTALES DAnS LE nORD DE LA CATALOGnE D’APRèS LES SOURCES HISTORIqUES ET ARCHÉOBOTAnIqUES (Xe-XVe SIèCLES) : PRODUCTIOnS ET ÉCHAnGES
L’importation de denrées pourtant produites
localement : blé, figues, raisins
D’après les textes, on constate qu’en parallèle d’une
production locale que montrent bien les découvertes
carpologiques, certains grains ou fruits sont aussi
importés. On prendra pour exemple le froment, placé
derrière l’orge vêtue avec lequel il forme le duo céréalier
de base d’après les attestations carpologiques. Au
XIVe siècle, le Roussillon, comme tout le reste de la
Catalogne, reçoit du blé de Sicile et de Tunis. Les textes
font pourtant état à cette époque d’une abondance de blé
dans cette région. Cette céréale se développe au début du
XIVe siècle, mais c’est l’orge qui, à cette période,
alimente la plus grande partie de la population. Les arrivages de blé, à cette date, ne constituent pas, comme cela
semble être le cas dans le reste de la Catalogne, une
nécessité en période de disette, mais répondent plutôt à
une demande accrue en une céréale jusque-là réservée
aux nantis (Puig 2003).
La figue est un autre exemple illustrant parfaitement
ces importations de denrées pouvant être produites localement. Bien que l’identification de pépins de figues soit
courante en France méridionale (Ruas 2005 ; Ruas et al.
2006) et, notamment, dans les échantillons nord-catalans
(Ros 2010, 2013), la faible abondance numérique de ses
restes liée à la nature des contextes de découvertes
(absence de dépotoirs gorgés d’eau en Roussillon) ne
permet pas d’évaluer l’importance de son rôle alimentaire dans cette zone. Le figuier peut être rencontré à
l’état spontané et cultivé en Roussillon (Gautier 1898)
comme en Languedoc. Sa présence dans les assemblages
carpologiques d’établissements ruraux est le plus
souvent liée aux rejets domestiques et aux résidus de
consommation. Une provenance locale de ces fruits,
cultivés ou exploités en plaine, est attestée bien qu’elle
ne soit que timidement confirmée par la documentation
écrite (36). Pourtant, lorsque la figue est citée dans les
leudaires de Collioure, il s’agit toujours de fruits
importés de la côte orientale de la Péninsule ibérique, de
toute évidence sous la forme de fruits séchés. Elles
remontent ensuite vers le nord soit par cabotage, soit par
voie terrestre. Curieusement, c’est le seul produit
alimentaire indiqué dans la documentation écrite dont
l’origine soit aussi variée. Ces documents signalent aussi
que les taxes les plus élevées pèsent surtout sur les figues
d’Alicante, de Tortose, Denia, de Malica et, éventuellement, Tarragone. Les figues de Mallorque, Valence et de
Murcie sont moins taxées que les autres. L’origine
géographique différencierait donc les produits selon une
estimation dont on ignore les critères mais qui pourrait se
rapprocher d’un label de qualité (Puig 2006).
L’importation de ce fruit peut, en effet, recouvrir des
raisons multiples telles que la recherche de variétés différentes (goût, forme, taille du fruit), d’une préparation
spéciale (mode de séchage du fruit ?), d’un lieu de
production prestigieux, etc. Un phénomène similaire
s’observe pour le raisin, qui, bien que cultivé dans la
région roussillonnaise depuis le premier siècle de notre
ère (Ros 2010, 2013), fait l’objet d’une importation sous
forme de fruits secs, appelés « aztebib ». Il s’agit de toute
évidence d’un produit transformé, peut-être simplement
séché, mais qui se distingue suffisamment du raisin roussillonnais pour porter une dénomination étrangère.
Associé aux figues et aux dattes dans les leudaires, il
emprunte très certainement les mêmes courants commerciaux qui sont déjà en place dans le milieu du XIIe siècle
(Puig 2006).
CONCLUSION
La mise en relation des données textuelles et carpologiques a permis de dresser ici un premier état des
connaissances sur les denrées végétales consommées et
échangées en Roussillon entre le Xe et le XVe siècle. Les
résultats montrent l’existence d’une bonne diversité
vivrière qui s’enrichit par l’importation d’espèces
exotiques. À ce titre, on découvre que les importations
concernent aussi des espèces pourtant produites en
Roussillon (froment, figues, raisins), signe de la
recherche de produits de qualités diverses et de besoins
conjoncturels accrus.
La lecture croisée des données issues des assemblages carpologiques et des textes, présente bien souvent
des difficultés inhérentes à la nature des sources, mais
leur complémentarité permet d’éclairer certaines questions soulevées par l’absence ou la rareté des attestations
ou le décalage régional. En effet, les données archivistiques médiévales apportent une vision de la production
agricole strictement administrative. Toute la palette de
végétaux cultivés et/ou cueillis échappe à l’inventaire
lorsqu’ils ne sont pas taxés, que ce soit au moment de
leur récolte ou de leur commerce. Ces données, bien que
constituant un jalon, demandent à être étayées par l’augmentation du corpus carpologique. La nécessité de
fouiller et d’échantillonner des contextes urbains, des
sites d’habitat privilégié, des contextes en eau (ex : puits)
ou autorisant la minéralisation des restes (ex : latrines)
s’avère donc essentielle.
Remerciements :
Les données carpologiques sur le Roussillon ont été
acquises lors d’un contrat doctoral du Muséum national
d’Histoire Naturelle (Paris) (2010-2013) et dans le cadre
du projet GDR 3644 BIOARCHEODAT (resp. J.-D.
Vigne UMR 7209 CNRS-Muséum).
ACRONyMES :
ACA : Arxiu de la Corona d’Arago
ADPO : Archives départementales des Pyrénées-Orientales
36
Comme nous l’avons vu plus haut, les arbres fruitiers apparaissent très peu dans la documentation écrite car ils ne sont pas taxés et suscitent donc
peu l’intérêt des administrateurs (Puig 2003).
135
ARCHÉOLOGIE DU MIDI MÉDIÉVAL – TOME 32 – 2014
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