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Le marché des changes parallèle entre la monnaie
nigériane, la naira, et le franc CFA joue un rôle
charnière dans les transactions transfrontalières entre
la Fédération du Nigeria et le Niger : c’est sur la base
du taux de ce marché noir que se concluent depuis
plusieurs années toutes les affaires entre opérateurs
économiques. Le système bancaire moderne, à travers
le marché des changes officiel régi par les banques
centrales, ne règle en effet que les contrats d’Etat
à Etat.
Sur ce marché parallèle, la fixat!on du taux de change
entre les deux monnaies résulte de la prise en compte
de quatre facteurs : le montant dh déficit de la balance
des paiements nigérians ; les modalités d’attribution et
le montant des devises proposées aux opérateurs
économiques par la Central Bank of Nigeria (1) ;
l’attrait exercé par le franc CFA, du moins jusqu’à sa
dévaluation en janvier 1994, comme monnaie de
passage pour obtenir d’autres devises (dollar, livre
sterling, franc français et deutschemark) et enfin le
niveau de l’inflation au Nigeria. Ces facteurs, qui ne
dépendent pas de l’économie du Niger, déterminent la
valeur du franc CFA par rapportà la naira. Celle-ci
peut cependant légèrement varier d’une place à l’autre
en fonction de l’offre et de la demande locales (2).
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*Le taux de change officiel de la naira a été longtemps surévalué, ce qui favorisait les
importations nigérianes de biens de consommation et d’équipement à partir des
recettes d’exportation de pétrole. L’écart qui le ¶it de celui du march6 noir
atteignait près de SO % en 1985 : l’économie du Nigeria était touchée par une
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( I ) Quand la Central Bank of Nigeria décide d’accroître le volume des devises qu’elle met aux encheres, Ia
valeur dz la naira remonte sur le marché noir ; par contre, si elle r4duit ces volumes, la naira bnissera en raison de la pression des o p h t r u r s économiques.
(2) Le jeu des transferts annulerait immediatement des écarts trop importants (cf. E. Grégoire et P. LabaLer,
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N’ 173
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mévente de son pétrole et une chute des cours mondiaux affectant les rentrées de
devises de la Banque centrale, qui ne pouvait plus satisfaire la demande des hommes
d’affaires contraints alors de se tourner vers le marché noir.
A partir de 1986, I’écart entre les deux taux se réduisit sensiblement. Après avoir résisté aux injonctions du Fonds monétaire international et de
la Banque mondiale qui demandaient une dévaluation de la naira afin que sa valeur
reflète davantage I’état réel de l’économie du pays, le gouvernement nigérian accepta la mise en place de deux guichets de changes en septembre 1986. L’un, àtaux préférentiel, était réservé au gouvernement, l’autre, appelé second marché des changes
(Second Foreign Exchange Market), &ait destiné au secteur privé. Le taux de change de la naira par rapport aux devises était alors déterminé par un processus
d’enchères entre la Banque centrale et les banques commerciales. Cette mesure
entraîna une rapide dévaluation de la naira : le dollar qui s’échangeait contre une
naira auparavant, en valait 3,5 en novembre 1956, si bien que I’écart entre le taux de
change officiel et le taux parallèle se réduisit à environ 10 70 : le taux était alors
proche du taux d’équilibre. En 1989, les deux guichets fusionnèrent sous la pression
des bailleurs de fonds qui contraignirent 1’Etat fédéral à abandonner son privilège.
Depuis lors, la naira ne cessa de se déprécier en raison de
l’aggravation continue du déficit budgétaire (101 milliards de nairas en 1993), de
l’inflation élevée (57,3 7~en 1993, 44 % en 1992) et des quantités insuffisantes de
devises mises aux enchères par la Banque centrale (en 1993, elle n’aurait fourni
qu’un peu plus du tiers des besoins en devises des importateurs nigérians, soit
2,7 milliards de dollars). Ces derniers se replièrent sur le marché noir oÙ la naira
enregistra une décote de près de 85 % par rapport à son cours officiel : en décembre
1993, celui-ci était de 75 nairas pour 1 O00 francs CFA alors qu’il était de 138 sur le
marché noir.
L’année 1993 fut également marquée par la décision (2 août
1993) des banques centrales (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest BCEAO - et Banque des Etats de l’Afrique centrale - BEAC) des pays africains de
la zone franc de suspendre le rachat des billets émis par elles et exportés en dehors
des pays africains de la zone franc. Cette inconvertibilité N (3) était motivée par
l’importance des sorties de billets hors des zones d’émission, préjudiciables aux économies des pays : elles étaient le véhicule d’activités frauduleuses et de fuites de
capitaux importantes vers l’Europe et les pays ouest-africains non membres de la
zone franc.
Cette disposition - qui restreignait les facilites de transferts et
surtout de conversion des francs CFA en Europe contre des dollars et des li\res créa une psychose dans les milieux cambistes nigérians qui se sont débarrassés précipitamment des francs CFA qu’ils détenaient comme le confirme I’évolution du taux
de change enregistrée à Kano : de 132 nairas pour 1 O00 francs CFA, celui-ci était
tombé i 85 nairas (4 août 1993) pour se stabiliser autour de 105 une dizaine de jours
plus tard, soit une dépréciation du franc CFA d’environ 14 %. Toutefois, ce dernier
retrouva rapidement son cours antérieur, une fois dissipé l’affolement qui avait saisi
les opérateurs nigérians. Sans doute aussi, avaient-ils trouvé d’autres filières pour
transformer les francs CFA en devises par le biais de5 circuits bancaires : I’accroissement des transferts opérés par les banques nigériennes et camerounaises (4) au
cours du second semestre 1993 est à ce titre ré\élateur.
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(41K. Bakie. J. Engola. A. Hahoua. J. Herrera. (< L’impxt des inesures relatives 13 la convertihilité restreinte
du franc CFA de 1. Lone REAC sur les mirchCs pralltlrs des change. et sur les ichanpes commerciaux informels Cameroun-Nipcri.1 rr, Er.hmg‘.~ rrtr~cfr~,nlitliL,riC ~ i ~ n ~ ~ r r ~ i r n - ~Ohms.itoirr.
~ ’ V i ~ r ~ i n .OCISCA-ORSTOLI.
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Si les mesures d’août 1993 n’ont finalement pas eu de grosses
conséquences sur le taux de change lui-même, elles ont eu, par contre, un impact
psychologique important auprks des hommes d’affaires nigérians qui avaient
jusqu’alors une confiance illimitée dans le franc CFA du fait de sa stabilité et de sa
convertibilité. Leur méfiance était renforcée par les rumeurs - bien que régulièrement
démenties - d’une possible dévaluation.
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La dévaluation du franc CFA :
krach du 12 janvier 1994
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Les représentants des quatorze Etats africains de la zone franc, réunis les 10 et
11 janvier 1994 2 Dakar, ont été contraints d’accepter une dévaluation massive de
leur monnaie ( 5 ) - dont la parité avec le franc français était inchangée depuis 1948 s-r face à un double refus : celui du Fonds monétaire international, dont le directeur
Michel Camdessus était présent i Dakar, de leur octroyer de nouveaux pr@tset celui
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Afrique
contemporaine
de la France, représentée par Michel Roussin, alors ministre de la Coopération, de
I
No 173
continuer i soutenir financièrement l’ajustement structurel sans accord avec le FMI.
le‘ trimestre 1995
Au même moment, le 10 janvier, le général Sani Abacha pré-.-----.
Niger et Nigeria :
sentait le budget de la Fédtration pour l’année 1994 et les grandes lignes de sa polifranc CFA et naira
tique économique et monétaire oÙ la stabilisation du taus de change de Ia naira
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constituait une priorité. En fixant le taux de change à 22 nairas pour un dollar, le chef
22
de 1’Etat entendait supprimer le marché noir ou, tout du moins, atténuer la spéculation sur ce marché en amenant les cambistes à se conformer à la nouvelle mesure.
Pour
cela, les bureaus de change n’étaient plus autorisés à vendre des devises pour
1
financer des importations et leur rôle était dksormais limité B la vente de devises d’un
montant inférieur 9 2 500 dollars, une commission leur étant versée par la Banque
centrale en guise de rémunération. Seules étaient désormais habilitées à vendre des
devises aux importateurs les banques commerciales et de développement agréées par
la Central Bank of Nigeria.
Ces deux mesures entraînèrent un véritable G krach >> monGtaire
sur 1”ensembledes marchés des changes parallèles, que ce soit au Nigeria ou dans les
pays limitrophes. De 138 nairas pour 1 O00 francs CFA au lerjanvier 1994, le taux
avait déjà un peu fléchi sur toutes les grandes places (il était à 128 au Niger le 7)
face aux incertitudes qui planaient sur le franc CFA. I1 s’était toutefois redressé à 136
le 10 au matin. Les opérateurs, i l’écoute des informations diffusées par les radios
internationales, pressentaient qu’une décision importante serait prise B Dakar et commencèrent à anticiper la dévaluation, le franc CFA s’échangeant contre 122 nairas le
11 au matin. Le jour de la dévaluation, le 12 janvier, le taux à Zinder, proche du
Nigeria, passa de 110 le matin à 70 le soir : le franc CFA s’était donc dévalué logiquement de près de 50 % par rapport au cours de la naira du 10 janvier.
Après avoir cédé à la panique, les marchés reprirent leurs
esprits quelques jours plus tard et le 16 janvier le franc CFA se stabilisait .dans.une
fourchette de 85 B 90 nairas pour 1 O00 francs CFA (soit une dévaluation de 37 %
’
par rapport au 10 janvier 19941, fourchette dans laquelle il oscillera jusqu’en juillet.
La naira n’avait donc pas répercuté totalement le montant de la dévaluation du CFA.
Le 12 janvier, les monnayeurs nigériens avaient suspendu
toutes les transactions face aux errements du taux qui ne permettaient pas de se faire
une idée précise du nouvel équilibre qui ne fut donc trouvé qu’une semaine après la
décision historique de Dakar. Les commerçants avaient eu la même attitude en fer-
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en francs français et en dollars, les rechangèrent aux guichets des banques des deux
villes pour récupérer des CFA. D'autres s'étaient prémunis contre le risque de change en conservant des nairas qu'ils changèrent ensuite à Kano.
La dévaluation du CFA conjuguée à la réévaluation de la naira
anima également les marchés des changes nigérians qui étaient soumis à de nouvelles
règles et étaient l'objet de multiples opérations répressives : <( les changeurs de
devises étrangères au marché noir ont disparu le 13 janvier de la plupart des endroits
de Lagos [et de Kano] où ils travaillent habituellement à la suite du renforcement de
la lütte contre les opéiations de change illégales (6). En dépit des arrestations et des
saisies répétées effectuées par les forces de sécurité sur les différentes places de
change du pays, les cambistes furent contraints d'exercer leur activité dans la clandestinité pendant quelques semaines. Le cours du dollar, malgré l'officielle rtévaluation de la naira, restait inchange à 48 nairas tandis que la livre sterling en valait
près de 65.
En moins de six mois, le franc CFA avait perdu aux yeux des
opérateurs nigérians ses deux atouts majeurs : sa convertibilité et son pouvoir d'achat
élevé en devises étrangères. Les marchés des changes parallèles n'en disparaissaient
pas pour autant car il existait toujours une demande de nairas au Niger, bien que les
transactions commerciales entre les deux pays aient été ralenties pendant les mois qui
suivirent la dévaluation. ALINigeria, le marché parallèle continua de satisfaire les
besoins permanents en devises des importateurs, niais aussi la spéculation qui consiste h acheter des devises sur le marché officiel pour les revendre au marché noir, ce
qui entretint la faiblesse de la naira.
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Afrique
contemporaine
N' i 7 3
II, trimestre 1995
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La naira a repris son mouvement de baisse par rapport au franc CFA à partir du mois
de juillet 1994 comme le montrent les relevés de l'agence de la BCEAO de Maradi
(cf. tableau 1).
-
Tableau 1. Taux d e c h a n g e d e la naira pour I O 0 0 francs CFA
(janvier-novembre 1994)
Dates
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12 janvier
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lermai
ler
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Source : Asence de
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Dates
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leraoût
1er septembre
i 5 septembre
ler
octobre
85
15 octobre
1er novembre
87
10 novembre
86
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Taux
88
96
1O0
122
127
140
158
175
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Depuis la dévaluation du franc CFA, on peut distinguer trois
périodes dans les fluctuations du taux de change parallèle.
Du 12 janvier au lerjuillet : ce taux est resté stable, oscillant
entre 80 et 90 nairas pour 1 O00 francs CFA. Au cours de cette phase, les échanges
entre les deux pays se sont ralentis du fait du renforcement des contrôles aux frontières du Nigeria (les produits prohibés n’entrèrent et ne sortirent qu’au comptegouttes pendant quelques semaines) et du prix désormais élevé en francs CFA des
biens nigérians : ainsi, certains produits de l’industrie du Niger (ciment, textiles,
savons, riz, etc.) redevinrent compétitifs sur leur marché face à leurs concurrents nigérians ou asiatiques. D’autres s’exportèrent à nouveau, tels le bétail ou le haricot-niébé.
Du lerjuillet au début du mois de septembre : la naira perdit à
nouveau de sa valeur. Ce repli reflétait, d’une part, les incertitudes politiques qui
règnent dans le pays après l’arrestation de Moshood Abiola et s’expliquait, d’autre
part, par la grève prolongée Quillet-août) organisée par les puissants syndicats du
pétrole (la NUPENG et le Pengassan) qui exigeaient la démission du gouvernement
et l’installation de Moshood Abiola à la tête de la Fédération conformément aux
résultats des élections du 12 j u i n 1993. Ces grèves entraînèrent l’arrêt de plusieurs
raffineries et une chute importante de la production et des exportations - qui
s’accompagna d’une légère tension sur le cours mondial du baril de pétrole - et
réduisirent les rentrées de devises du pays.
Du mois de septembre jusqu’à la mi-novembre 1994 (7) : on
assiste à un effondrement de la naira sur le marché parallèle. Celle-ci retrouva, à la
frontiere nigérienne, son cours du 11 janvier 1994 le 19 septembre (122 nairas pour
1 O00 francs CFA) et son cours du lerjanvier le 13 octobre : le franc CFA a donc
retrouvé sa parité naminale d’avant la dévaluation et s’est même apprécié puisqu’il
dépassa la barre psychologique des 150 nairas le 24 octobre pour coter 175 le
11 novembre. Cette période fut marquée au Nigeria par une grève des syndicats de
dockers qui cessèrent 2 leur tour le travail à la mi-septembre et bloquèrent les exportations de cacao et de caoutchouc. D’autre part, elle connut une forte hausse des prix
intérieurs des produits pétroliers à la suite d’une décision du gouvernement militaire.
Le CFA n’a fait en realité que répercuter la dévaluation de la
naira par rapport au dollar dont le taux de change est passé de 45 pour un dollar en
janvier 1994 à 100 le 11 novembre 1991, soit une dévaluation de près de 122 ’$5. Cette
évolution de la naira, finalement tardive au regard de I’état de I’économie nigériane et
de la situation politique intérieure du pays, trouve son explication principalement dans
deux séries de facteurs dont il est difficile de quantifier le poids respectif.
Les montants de devises offerts chaque quinzaine aux banques
commerciales par la Banque centrale du Nigeria sont en baisse, passant à 105 millions de nairas en 1994 contre 120 en 1993. La demande en devises a de ce fait été
quinze fois plus élevée que le volume disponible au cours du premier semestre de
l’année 1994. Le retard pris en début d’année du fait de 13 réorganisation du marché
fait que la Banque centrale a offert 800 millions de moins au cours des sept premiers
mois de l’année 1994 que l’année précédente (8). Depuis lors, ces ventes se sont
ralenties avec la grthe de deux mois des syndicats pétroliers qui a paralysé les exportations de pétrole (90 % des recettes d’exportation du pays) entraînant par 151 une
diminution des rentrées de devises pour la Banque centrale. Celle-ci alimente en effet
le marché des changes officiels presque uniquement grdce B ces recettes d’exportation.
D’autre part, les exportateurs - de cacao notamment - répugnent à changer leurs
recettes en devises fortes en raison des faibles taux pratiqués et préfêrent se tourner
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L‘ers le marché noir nettement plus rémunérateur (9). Tous ces Cléments contribuent 2
une pression sans cesse plus forte des opérateurs économiques sur le marché parallèle.
La forte inflation que connaît le Nigeria depuis le début de
l’année 1994, estimée i 62 % en juin, a également influé sur la dépréciation de la
naira. Cette inflation devrait s’accentuer car les produits pétroliers ont fait l’objet de
très importantes augmentations au début du mois d’octobre : le prix de l’essence
ordinaire est passé de 3,25 nairas le litre à 1 1 nairas et celui du gas-oil de 3 à 9 nairas tandis que le pétrole lampant connaissait une hausse de 2,75 nairas 2 6. Ainsi, si
les céréales et le nîébé ont vu leur prix modérément augmenter - ce qui peut s’expliquer par l’abondante récolte de l’année 1994 - les prix du sucre en morceaux
(+I 8 %), des oignons (+20 %), des textiles (e3I c/o) et des transports ont littéralement
flambé au cours du mois d’octobre 1994.
Cette analyse de l’évolution de la parité nominale CFA-naira
doit être complétée, pour être significative, par une analyse en termes de taux de
change réels, c’est-à-dire en tenant compte de l’augmentation des prix intérieurs dans
les deux pays. Au Niger, la Direction de la statistique et des comptes nationaux
l’estimait à 41 9fin juin alors qu’elle était de 61 % au Nigeria. Dans ces conditions,
le Niger tirait alors toujours partie de la dévaluation du CFA : exportations de bétail
et de niébé favorisées et réduction de ses importations en provenance du Nigeria.
Depuis lors, l’inflation semble contenue au Niger bien que
l’application d’une nouvelle tarification douanière (10) risque d’engendrer quelques
nouvelles hausses de prix. Au Nigeria, les fortes hausses des produits pétroliers risquent de se répercuter sur l’ensemble des prix. I1 semhle, compte tenu des variations du
taux de change et des prix, que l’on soit revenu à la situation du lerjanvier I994 pour
bon nombre de produits : en effet, en estimant l’inflation au Niger à 40 56 en novembre
I994 et en émettant l’hypothèse - basse sans doute - que celle-ci est passée à près de
80 c?r au Nigeria à la suite des augmentations des produits pétroliers, la chute de la
naira a fait perdre au Niger les avantages de la dévaluation du franc CFA selon plusieurs chefs d’entreprise et comme l’attestent le ralentissement des exportations de
bétail accompagné d’une baisse des cours, les difficultés d’exportation de la récolte de
niébé et la reprise dez importations de produits nigérians.
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prises simultanément au Nigeria pour lutter contre le marché noir des devises puis
l’effondrement de la naira ont profondément secoué le marché des changes parallèles : après la tempête du mois de janvier 1991, les marchés avaient retrouvé un certain équilibre jusqu’en juin. Depuis cette date, la dépréciation de li naira fait i nouveau rentrer les marchés dans une zone de fortes turbulences, le Nigeria étant pris
dans le c l cle infernal dévaluationlinflation et manquant terriblemt-nt de devises. I1
faut espérer pour le Niger qu’un nouLel équilibre sera prochainement trouvé car la
poursuite de la dévaluation de la naira ne manquerait pas de lui poser de trks graves
problèmes économiques.
En effet, le taux de change entre le franc CFA et la naira détermine, pour une large part, les termes de l’échange entre les deux pays : une trop forte
sous-kvaluation de la naira encouragera les exportations nigérianes (par conséquent
les importations nigériennes), ce qui pénalisera les productions nationales agricoles et
industrielles. En moins de dix mois, le Niger semble bien avoir perdu les quelques
avantages qu’il avait pu tirer de la dévaluation du franc CFA dans ses échanges a\ec
son puissant voisin.
Afrique
contemporaine
173
le‘trimestre 1995
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études
25
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( 9 ) Astualiti africaine. Afrique nccidentalr >,. ;M(rrrhi.$rropirmm E t m~~~’ilircrr[zn~eerIr,
n” 2.551, 2 I octahre
IYOJ. p. 21CKi.
(10) Cette tarification est caractCriske par l‘augmentation des droits d’entrie pour u n certain nombre de protl LI i IS.
.ince au Nigeria. L a p . n” 30. 23 milt
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développement)
études
Je Bordeaux I)
Guinée 1994 : au-delà d e Conakry
Michel Gaud
p.
ler
trimestre 1995
sommaire
L a coopération nordique
a v e c l’Afrique subsaharienne
qéditerranéens)
Afrique
contemporaine
N”173
Michel Darmao
;affaires d’outre-mer)
civil
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Niger e t Nigeria : l’impact d e la dévaluation
du franc CFA
Emmanuel Grégoire
\
a
/‘
faits et documents
L’Ecole nationale d’administration
et de magistrature du Tchad
p. 27
Mangara1 Banté
ion
Biarritz : 7-9 novembre 1994
XVllle conférence des chefs d’Etat de France
et d’Afrique
p. 38
André Blanchet
La réglementation des élections au Bénin
p. 40
Brèves
a
1 6 septembre - 1 5 décembre 1994:
p. 59