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Niger et Nigeria : l'impact de la dévaluation du franc CFA

1995, Afrique contemporaine

z zy zyx zyxw - -- iger et I i igeria : I ’impact de la dévaluation du franc CFA w - 1 Afrique contemporaine ND173 ler trimestre 1995 ------I - -.----. Niger et Nigeria : franc CFA et naira 20 - ---.-.--___Y- II i i ( , Emmanuel Gregoire* I Le marché des changes parallèle entre la monnaie nigériane, la naira, et le franc CFA joue un rôle charnière dans les transactions transfrontalières entre la Fédération du Nigeria et le Niger : c’est sur la base du taux de ce marché noir que se concluent depuis plusieurs années toutes les affaires entre opérateurs économiques. Le système bancaire moderne, à travers le marché des changes officiel régi par les banques centrales, ne règle en effet que les contrats d’Etat à Etat. Sur ce marché parallèle, la fixat!on du taux de change entre les deux monnaies résulte de la prise en compte de quatre facteurs : le montant dh déficit de la balance des paiements nigérians ; les modalités d’attribution et le montant des devises proposées aux opérateurs économiques par la Central Bank of Nigeria (1) ; l’attrait exercé par le franc CFA, du moins jusqu’à sa dévaluation en janvier 1994, comme monnaie de passage pour obtenir d’autres devises (dollar, livre sterling, franc français et deutschemark) et enfin le niveau de l’inflation au Nigeria. Ces facteurs, qui ne dépendent pas de l’économie du Niger, déterminent la valeur du franc CFA par rapportà la naira. Celle-ci peut cependant légèrement varier d’une place à l’autre en fonction de l’offre et de la demande locales (2). __ mévente d devises de d’affaires blement. t la Banque reflète d a ta la mise férentiel, (Second I ge de la d’enchèrt entraîna i naira aup change c proche d des baillt zyxwvutsrqpon I (( )) *Le taux de change officiel de la naira a été longtemps surévalué, ce qui favorisait les importations nigérianes de biens de consommation et d’équipement à partir des recettes d’exportation de pétrole. L’écart qui le &parait de celui du march6 noir atteignait près de SO % en 1985 : l’économie du Nigeria était touchée par une *: g l’aggrav; l’inflatio devises qu’un p 2,7 mill enregistr 1993, CE marché 1993) d BCEAC la zbne des pay l’impor nomies capitau zone fr surtout créa ur cipitarr de cha tomb6 plus ta retrow les ope trmsfc semen cours I zyxw zyxwvutsrqp zyxwvutsrq zyxwvutsr Charge de recherche, ORSTOM. ( I ) Quand la Central Bank of Nigeria décide d’accroître le volume des devises qu’elle met aux encheres, Ia valeur dz la naira remonte sur le marché noir ; par contre, si elle r4duit ces volumes, la naira bnissera en raison de la pression des o p h t r u r s économiques. (2) Le jeu des transferts annulerait immediatement des écarts trop importants (cf. E. Grégoire et P. LabaLer, Le fonctionnement du mnrch6 des chmtges pnmll2les et ses incidetzces sur 1e.Y Pcl~niipescc‘r6diers m t r r le Niger et It. Nigeria, mission française de coopération-ORSTORI-GRID, mars 1991). 13) L a c (4) K. I du fram mels C novemt l <atLon du taux de change ilte de la prise en compte :it db déficit de la balance modalités d’attribution et isées aux opérateurs 3ank of Nigeria (1) ; ‘A, du moins jusqu’à sa :omme monnaie de -es devises (dollar, livre tschemark) et enfin le i. Ces facteurs, qui ne 2 du Niger, déterminent la ort à la naira. Celle-ci arier d’une place à l’autre jemande locales (2). urévalué. ce qui favorisait les d’équipement à partir des rait de celui du marche noir igeria était touchée par une ! \ 1 ‘ 1 , Ì l deLises qu’elle met aux enchères. la ces volumes. la naira baisera en rai- rrtants (cf. E. GrCgoire et P. Labaree. Sllr k r ic:ch~7ngr-s c ~ r é f f l i e rfsw r e IC nias IY94). Afrique contemporaine N’ 173 ler trimestre 1995 etudes 21 (( :t 3 mévente de son pétrole et une chute des cours mondiaux affectant les rentrées de devises de la Banque centrale, qui ne pouvait plus satisfaire la demande des hommes d’affaires contraints alors de se tourner vers le marché noir. A partir de 1986, I’écart entre les deux taux se réduisit sensiblement. Après avoir résisté aux injonctions du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale qui demandaient une dévaluation de la naira afin que sa valeur reflète davantage I’état réel de l’économie du pays, le gouvernement nigérian accepta la mise en place de deux guichets de changes en septembre 1986. L’un, àtaux préférentiel, était réservé au gouvernement, l’autre, appelé second marché des changes (Second Foreign Exchange Market), &ait destiné au secteur privé. Le taux de change de la naira par rapport aux devises était alors déterminé par un processus d’enchères entre la Banque centrale et les banques commerciales. Cette mesure entraîna une rapide dévaluation de la naira : le dollar qui s’échangeait contre une naira auparavant, en valait 3,5 en novembre 1956, si bien que I’écart entre le taux de change officiel et le taux parallèle se réduisit à environ 10 70 : le taux était alors proche du taux d’équilibre. En 1989, les deux guichets fusionnèrent sous la pression des bailleurs de fonds qui contraignirent 1’Etat fédéral à abandonner son privilège. Depuis lors, la naira ne cessa de se déprécier en raison de l’aggravation continue du déficit budgétaire (101 milliards de nairas en 1993), de l’inflation élevée (57,3 7~en 1993, 44 % en 1992) et des quantités insuffisantes de devises mises aux enchères par la Banque centrale (en 1993, elle n’aurait fourni qu’un peu plus du tiers des besoins en devises des importateurs nigérians, soit 2,7 milliards de dollars). Ces derniers se replièrent sur le marché noir oÙ la naira enregistra une décote de près de 85 % par rapport à son cours officiel : en décembre 1993, celui-ci était de 75 nairas pour 1 O00 francs CFA alors qu’il était de 138 sur le marché noir. L’année 1993 fut également marquée par la décision (2 août 1993) des banques centrales (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest BCEAO - et Banque des Etats de l’Afrique centrale - BEAC) des pays africains de la zone franc de suspendre le rachat des billets émis par elles et exportés en dehors des pays africains de la zone franc. Cette inconvertibilité N (3) était motivée par l’importance des sorties de billets hors des zones d’émission, préjudiciables aux économies des pays : elles étaient le véhicule d’activités frauduleuses et de fuites de capitaux importantes vers l’Europe et les pays ouest-africains non membres de la zone franc. Cette disposition - qui restreignait les facilites de transferts et surtout de conversion des francs CFA en Europe contre des dollars et des li\res créa une psychose dans les milieux cambistes nigérians qui se sont débarrassés précipitamment des francs CFA qu’ils détenaient comme le confirme I’évolution du taux de change enregistrée à Kano : de 132 nairas pour 1 O00 francs CFA, celui-ci était tombé i 85 nairas (4 août 1993) pour se stabiliser autour de 105 une dizaine de jours plus tard, soit une dépréciation du franc CFA d’environ 14 %. Toutefois, ce dernier retrouva rapidement son cours antérieur, une fois dissipé l’affolement qui avait saisi les opérateurs nigérians. Sans doute aussi, avaient-ils trouvé d’autres filières pour transformer les francs CFA en devises par le biais de5 circuits bancaires : I’accroissement des transferts opérés par les banques nigériennes et camerounaises (4) au cours du second semestre 1993 est à ce titre ré\élateur. zyxw zyxwvutsrq zyxw zyxwvutsr Alèle entre la monnaie : CFA joue un rôle n s transfrontalières entre Niger : c’est sur la base Je se concluent depuis .ffaires entre opérateurs incaire moderne, àtravers el régi par les banques Je les contrats d’Etat (( zyxwvutsrqpon zyxwvut zyxwvutsrqponm zyxwvutsrqponmlkjihg I ! [ ’ I i I i (3j La conkertihilit6 6tait maintenue pour les a o i r s hancaires. (41K. Bakie. J. Engola. A. Hahoua. J. Herrera. (< L’impxt des inesures relatives 13 la convertihilité restreinte du franc CFA de 1. Lone REAC sur les mirchCs pralltlrs des change. et sur les ichanpes commerciaux informels Cameroun-Nipcri.1 rr, Er.hmg‘.~ rrtr~cfr~,nlitliL,riC ~ i ~ n ~ ~ r r ~ i r n - ~Ohms.itoirr. ~ ’ V i ~ r ~ i n .OCISCA-ORSTOLI. nn\enihre 1993. L zyxw z zyxwvutsrqponmlkjihgfedcba zyxwvu zyxwvutsr zy zyxwvuts Si les mesures d’août 1993 n’ont finalement pas eu de grosses conséquences sur le taux de change lui-même, elles ont eu, par contre, un impact psychologique important auprks des hommes d’affaires nigérians qui avaient jusqu’alors une confiance illimitée dans le franc CFA du fait de sa stabilité et de sa convertibilité. Leur méfiance était renforcée par les rumeurs - bien que régulièrement démenties - d’une possible dévaluation. I _- La dévaluation du franc CFA : krach du 12 janvier 1994 le <( )) Les représentants des quatorze Etats africains de la zone franc, réunis les 10 et 11 janvier 1994 2 Dakar, ont été contraints d’accepter une dévaluation massive de leur monnaie ( 5 ) - dont la parité avec le franc français était inchangée depuis 1948 s-r face à un double refus : celui du Fonds monétaire international, dont le directeur Michel Camdessus était présent i Dakar, de leur octroyer de nouveaux pr@tset celui yllcl Afrique contemporaine de la France, représentée par Michel Roussin, alors ministre de la Coopération, de I No 173 continuer i soutenir financièrement l’ajustement structurel sans accord avec le FMI. le‘ trimestre 1995 Au même moment, le 10 janvier, le général Sani Abacha pré-.-----. Niger et Nigeria : sentait le budget de la Fédtration pour l’année 1994 et les grandes lignes de sa polifranc CFA et naira tique économique et monétaire oÙ la stabilisation du taus de change de Ia naira I -.---. constituait une priorité. En fixant le taux de change à 22 nairas pour un dollar, le chef 22 de 1’Etat entendait supprimer le marché noir ou, tout du moins, atténuer la spéculation sur ce marché en amenant les cambistes à se conformer à la nouvelle mesure. Pour cela, les bureaus de change n’étaient plus autorisés à vendre des devises pour 1 financer des importations et leur rôle était dksormais limité B la vente de devises d’un montant inférieur 9 2 500 dollars, une commission leur étant versée par la Banque centrale en guise de rémunération. Seules étaient désormais habilitées à vendre des devises aux importateurs les banques commerciales et de développement agréées par la Central Bank of Nigeria. Ces deux mesures entraînèrent un véritable G krach >> monGtaire sur 1”ensembledes marchés des changes parallèles, que ce soit au Nigeria ou dans les pays limitrophes. De 138 nairas pour 1 O00 francs CFA au lerjanvier 1994, le taux avait déjà un peu fléchi sur toutes les grandes places (il était à 128 au Niger le 7) face aux incertitudes qui planaient sur le franc CFA. I1 s’était toutefois redressé à 136 le 10 au matin. Les opérateurs, i l’écoute des informations diffusées par les radios internationales, pressentaient qu’une décision importante serait prise B Dakar et commencèrent à anticiper la dévaluation, le franc CFA s’échangeant contre 122 nairas le 11 au matin. Le jour de la dévaluation, le 12 janvier, le taux à Zinder, proche du Nigeria, passa de 110 le matin à 70 le soir : le franc CFA s’était donc dévalué logiquement de près de 50 % par rapport au cours de la naira du 10 janvier. Après avoir cédé à la panique, les marchés reprirent leurs esprits quelques jours plus tard et le 16 janvier le franc CFA se stabilisait .dans.une fourchette de 85 B 90 nairas pour 1 O00 francs CFA (soit une dévaluation de 37 % ’ par rapport au 10 janvier 19941, fourchette dans laquelle il oscillera jusqu’en juillet. La naira n’avait donc pas répercuté totalement le montant de la dévaluation du CFA. Le 12 janvier, les monnayeurs nigériens avaient suspendu toutes les transactions face aux errements du taux qui ne permettaient pas de se faire une idée précise du nouvel équilibre qui ne fut donc trouvé qu’une semaine après la décision historique de Dakar. Les commerçants avaient eu la même attitude en fer- man men en fi ville ge e, anin règlt devi de L la lu saisi chan desti tion près opér éievt Pas 1 trans suiv beso te à qui t zyxw l Tab (jam i zy zyxwvut Sourc (6) 4. ( 5 ) SO % pour les pays contiorntaus. 33 4 pour les Comores 1994, . I c La n de jL (cf. t -. .. . c nt finalement pas eu de grosses ont eu, par contre, u n impact iffaires nigérians qui avaient 1 du fait de sa stabilité et de sa imeurs - bien que régulièrement .--... franc CFA : ;Q.I";C;I A Y t994 a*zone franc, réunis les I O et ter une dévaluation massive de s était inchangée depuis 1948 international, dont le directeur oyer de nou\eaux pr&tset celui ministre de la Coopération, de mrel sans accord avec le FMI. *r, le général Sani Abacha pré:t les grandes lignes de sa poliJu taux de change de la naira 72 nairas pour un dollar, le chef du moins, atténuer la spéculaInformer à la nouvelle mesure. .¡sés h vendre des devises pour imité à la bente de devises d'un :ur étant versée par la Banque ormais habilitées h vendre des de dé1;eloppement agréées par zyxwvuts mant leur boutique. Toutefois, certains d'entre eux, à Maradi et 2 Niamey notamment, qui avaient anticipé la dévaluation en transformant une partie de leurs capitaux en francs français et en dollars, les rechangèrent aux guichets des banques des deux villes pour récupérer des CFA. D'autres s'étaient prémunis contre le risque de change en conservant des nairas qu'ils changèrent ensuite à Kano. La dévaluation du CFA conjuguée à la réévaluation de la naira anima également les marchés des changes nigérians qui étaient soumis à de nouvelles règles et étaient l'objet de multiples opérations répressives : <( les changeurs de devises étrangères au marché noir ont disparu le 13 janvier de la plupart des endroits de Lagos [et de Kano] où ils travaillent habituellement à la suite du renforcement de la lütte contre les opéiations de change illégales (6). En dépit des arrestations et des saisies répétées effectuées par les forces de sécurité sur les différentes places de change du pays, les cambistes furent contraints d'exercer leur activité dans la clandestinité pendant quelques semaines. Le cours du dollar, malgré l'officielle rtévaluation de la naira, restait inchange à 48 nairas tandis que la livre sterling en valait près de 65. En moins de six mois, le franc CFA avait perdu aux yeux des opérateurs nigérians ses deux atouts majeurs : sa convertibilité et son pouvoir d'achat élevé en devises étrangères. Les marchés des changes parallèles n'en disparaissaient pas pour autant car il existait toujours une demande de nairas au Niger, bien que les transactions commerciales entre les deux pays aient été ralenties pendant les mois qui suivirent la dévaluation. ALINigeria, le marché parallèle continua de satisfaire les besoins permanents en devises des importateurs, niais aussi la spéculation qui consiste h acheter des devises sur le marché officiel pour les revendre au marché noir, ce qui entretint la faiblesse de la naira. )) Afrique contemporaine N' i 7 3 II, trimestre 1995 zyxwvutsrqpon zyxwvutsrqponmlkji zy zyxwvuts zyxwvutsrq zyxwvuts n véritable <( krach monétaire e ce soit au Nigeria ou dans les 'A au 1" janvier 1993, le taux , ( i l était B 118 au Niger le 7) s'était toutefois redressé à 138 utions diffusées par les radios ite serait prise h Dakir et com,changeant contre 122 nairas le r, le taux 2 Zinder, proche du ?FA s'était donc dévalué Iogi<lira du 1 O janvier. . les marchés reprirent leur> iic CFA se stabilisait dans une (soit une dé\aluation de 37 '3 ~Ilei l oscillera jusqu'en juillet. mt de Ia dévaluation du CFA. nigériens avaient suspendu iit' permettaient pas de se faire iuuti. qu'une semaine après la iit eu la même attitude en fer)) etudes 23 Cevolution du taux d e change depuis la dévaluation La naira a repris son mouvement de baisse par rapport au franc CFA à partir du mois de juillet 1994 comme le montrent les relevés de l'agence de la BCEAO de Maradi (cf. tableau 1). - Tableau 1. Taux d e c h a n g e d e la naira pour I O 0 0 francs CFA (janvier-novembre 1994) Dates lerjanvier 11 janvier 12 janvier 30 janvier lermars 1 avril lermai ler juin Source : Asence de Taux 138 122 95 85 87 zyxwv zyxwvu Dates le- juillet leraoût 1er septembre i 5 septembre ler octobre 85 15 octobre 1er novembre 87 10 novembre 86 la BCEAO de blandi. Taux 88 96 1O0 122 127 140 158 175 zyxwzz zz Depuis la dévaluation du franc CFA, on peut distinguer trois périodes dans les fluctuations du taux de change parallèle. Du 12 janvier au lerjuillet : ce taux est resté stable, oscillant entre 80 et 90 nairas pour 1 O00 francs CFA. Au cours de cette phase, les échanges entre les deux pays se sont ralentis du fait du renforcement des contrôles aux frontières du Nigeria (les produits prohibés n’entrèrent et ne sortirent qu’au comptegouttes pendant quelques semaines) et du prix désormais élevé en francs CFA des biens nigérians : ainsi, certains produits de l’industrie du Niger (ciment, textiles, savons, riz, etc.) redevinrent compétitifs sur leur marché face à leurs concurrents nigérians ou asiatiques. D’autres s’exportèrent à nouveau, tels le bétail ou le haricot-niébé. Du lerjuillet au début du mois de septembre : la naira perdit à nouveau de sa valeur. Ce repli reflétait, d’une part, les incertitudes politiques qui règnent dans le pays après l’arrestation de Moshood Abiola et s’expliquait, d’autre part, par la grève prolongée Quillet-août) organisée par les puissants syndicats du pétrole (la NUPENG et le Pengassan) qui exigeaient la démission du gouvernement et l’installation de Moshood Abiola à la tête de la Fédération conformément aux résultats des élections du 12 j u i n 1993. Ces grèves entraînèrent l’arrêt de plusieurs raffineries et une chute importante de la production et des exportations - qui s’accompagna d’une légère tension sur le cours mondial du baril de pétrole - et réduisirent les rentrées de devises du pays. Du mois de septembre jusqu’à la mi-novembre 1994 (7) : on assiste à un effondrement de la naira sur le marché parallèle. Celle-ci retrouva, à la frontiere nigérienne, son cours du 11 janvier 1994 le 19 septembre (122 nairas pour 1 O00 francs CFA) et son cours du lerjanvier le 13 octobre : le franc CFA a donc retrouvé sa parité naminale d’avant la dévaluation et s’est même apprécié puisqu’il dépassa la barre psychologique des 150 nairas le 24 octobre pour coter 175 le 11 novembre. Cette période fut marquée au Nigeria par une grève des syndicats de dockers qui cessèrent 2 leur tour le travail à la mi-septembre et bloquèrent les exportations de cacao et de caoutchouc. D’autre part, elle connut une forte hausse des prix intérieurs des produits pétroliers à la suite d’une décision du gouvernement militaire. Le CFA n’a fait en realité que répercuter la dévaluation de la naira par rapport au dollar dont le taux de change est passé de 45 pour un dollar en janvier 1994 à 100 le 11 novembre 1991, soit une dévaluation de près de 122 ’$5. Cette évolution de la naira, finalement tardive au regard de I’état de I’économie nigériane et de la situation politique intérieure du pays, trouve son explication principalement dans deux séries de facteurs dont il est difficile de quantifier le poids respectif. Les montants de devises offerts chaque quinzaine aux banques commerciales par la Banque centrale du Nigeria sont en baisse, passant à 105 millions de nairas en 1994 contre 120 en 1993. La demande en devises a de ce fait été quinze fois plus élevée que le volume disponible au cours du premier semestre de l’année 1994. Le retard pris en début d’année du fait de 13 réorganisation du marché fait que la Banque centrale a offert 800 millions de moins au cours des sept premiers mois de l’année 1994 que l’année précédente (8). Depuis lors, ces ventes se sont ralenties avec la grthe de deux mois des syndicats pétroliers qui a paralysé les exportations de pétrole (90 % des recettes d’exportation du pays) entraînant par 151 une diminution des rentrées de devises pour la Banque centrale. Celle-ci alimente en effet le marché des changes officiels presque uniquement grdce B ces recettes d’exportation. D’autre part, les exportateurs - de cacao notamment - répugnent à changer leurs recettes en devises fortes en raison des faibles taux pratiqués et préfêrent se tourner vt u1 1’. ni tr O1 ri le 9 (-I fl dl CI le 1’ I€ e, 1’ n 9 zyxwvu t. b 1 8 n S b n L F 1‘ It t, \. d f F F zyxw r S 1 1 û S ( 1 ( d zyxwv zyxwvu zyxwvut zyxwvutz zyxwvutsrqpo L‘ers le marché noir nettement plus rémunérateur (9). Tous ces Cléments contribuent 2 une pression sans cesse plus forte des opérateurs économiques sur le marché parallèle. La forte inflation que connaît le Nigeria depuis le début de l’année 1994, estimée i 62 % en juin, a également influé sur la dépréciation de la naira. Cette inflation devrait s’accentuer car les produits pétroliers ont fait l’objet de très importantes augmentations au début du mois d’octobre : le prix de l’essence ordinaire est passé de 3,25 nairas le litre à 1 1 nairas et celui du gas-oil de 3 à 9 nairas tandis que le pétrole lampant connaissait une hausse de 2,75 nairas 2 6. Ainsi, si les céréales et le nîébé ont vu leur prix modérément augmenter - ce qui peut s’expliquer par l’abondante récolte de l’année 1994 - les prix du sucre en morceaux (+I 8 %), des oignons (+20 %), des textiles (e3I c/o) et des transports ont littéralement flambé au cours du mois d’octobre 1994. Cette analyse de l’évolution de la parité nominale CFA-naira doit être complétée, pour être significative, par une analyse en termes de taux de change réels, c’est-à-dire en tenant compte de l’augmentation des prix intérieurs dans les deux pays. Au Niger, la Direction de la statistique et des comptes nationaux l’estimait à 41 9fin juin alors qu’elle était de 61 % au Nigeria. Dans ces conditions, le Niger tirait alors toujours partie de la dévaluation du CFA : exportations de bétail et de niébé favorisées et réduction de ses importations en provenance du Nigeria. Depuis lors, l’inflation semble contenue au Niger bien que l’application d’une nouvelle tarification douanière (10) risque d’engendrer quelques nouvelles hausses de prix. Au Nigeria, les fortes hausses des produits pétroliers risquent de se répercuter sur l’ensemble des prix. I1 semhle, compte tenu des variations du taux de change et des prix, que l’on soit revenu à la situation du lerjanvier I994 pour bon nombre de produits : en effet, en estimant l’inflation au Niger à 40 56 en novembre I994 et en émettant l’hypothèse - basse sans doute - que celle-ci est passée à près de 80 c?r au Nigeria à la suite des augmentations des produits pétroliers, la chute de la naira a fait perdre au Niger les avantages de la dévaluation du franc CFA selon plusieurs chefs d’entreprise et comme l’attestent le ralentissement des exportations de bétail accompagné d’une baisse des cours, les difficultés d’exportation de la récolte de niébé et la reprise dez importations de produits nigérians. : CFA, on peut distinguer trois - illèle. e taux est resté stable, oscillant w s de cette phase, les échanges .cement des contr6les aux fron. et ne sortirent qu’au comptermais élevé en francs CFA des trie du Niger (ciment, textiles, hé face à leurs concurrents nigétels le bétail ou le haricot-niébé, de septembre : la naira perdit à les incertitudes politiques qui Abiola et s’expliquait, d’autre par les puissants syndicats du la démission du gouvernement Fédération conformément aux mtraînèrent l’arrêt de plusieurs ion et des exportations - qui mdial du baril de pétrole - et la mi-novembre 1994 (7) : on Iarallkle. Celle-ci retrouva, h la 19 septembre ( 122 nairas pour octobre : le franc CFA a donc s’est même apprécié puisqu’il 24 octobre pour coter 175 le lar une grève des syndicats de enibre et bloquèrent les exporm u t une forte hausse des prix lin du gouvernement militaire. cpercuter la dévaluation de la passé de 45 pour un dollar en tiition de près de 122 %. Cette état de I’économie nigériane et vplication principalement dans ’ le poids respectif. :haque quinzaine aux banques en baisse, passant à 105 milide en devises a de ce fait été Lours du premier semestre de e la réorganisation du marché ins au cours des sept premiers :puis lors, ces ventes se sont )hers qui a paralysé les expor.i pays) entraînant par Ih une de. Celle-ci alimente en effet ’e à ces recettes d’exportation. - répugnent à changer leurs ttiqués et prémrent se toumer L’inconvertibilité partielle du franc CFA, sa dévaluation, les nouvelles mesures prises simultanément au Nigeria pour lutter contre le marché noir des devises puis l’effondrement de la naira ont profondément secoué le marché des changes parallèles : après la tempête du mois de janvier 1991, les marchés avaient retrouvé un certain équilibre jusqu’en juin. Depuis cette date, la dépréciation de li naira fait i nouveau rentrer les marchés dans une zone de fortes turbulences, le Nigeria étant pris dans le c l cle infernal dévaluationlinflation et manquant terriblemt-nt de devises. I1 faut espérer pour le Niger qu’un nouLel équilibre sera prochainement trouvé car la poursuite de la dévaluation de la naira ne manquerait pas de lui poser de trks graves problèmes économiques. En effet, le taux de change entre le franc CFA et la naira détermine, pour une large part, les termes de l’échange entre les deux pays : une trop forte sous-kvaluation de la naira encouragera les exportations nigérianes (par conséquent les importations nigériennes), ce qui pénalisera les productions nationales agricoles et industrielles. En moins de dix mois, le Niger semble bien avoir perdu les quelques avantages qu’il avait pu tirer de la dévaluation du franc CFA dans ses échanges a\ec son puissant voisin. Afrique contemporaine 173 le‘trimestre 1995 ‘N études 25 zyxwvutsrq zyxwvutsrq zyxwvutsrqponm ( 9 ) Astualiti africaine. Afrique nccidentalr >,. ;M(rrrhi.$rropirmm E t m~~~’ilircrr[zn~eerIr, n” 2.551, 2 I octahre IYOJ. p. 21CKi. (10) Cette tarification est caractCriske par l‘augmentation des droits d’entrie pour u n certain nombre de protl LI i IS. .ince au Nigeria. L a p . n” 30. 23 milt I . _. zyxwv zyxw zyxwvutsrqpon zyz développement) études Je Bordeaux I) Guinée 1994 : au-delà d e Conakry Michel Gaud p. ler trimestre 1995 sommaire L a coopération nordique a v e c l’Afrique subsaharienne qéditerranéens) Afrique contemporaine N”173 Michel Darmao ;affaires d’outre-mer) civil f z Niger e t Nigeria : l’impact d e la dévaluation du franc CFA Emmanuel Grégoire \ a /‘ faits et documents L’Ecole nationale d’administration et de magistrature du Tchad p. 27 Mangara1 Banté ion Biarritz : 7-9 novembre 1994 XVllle conférence des chefs d’Etat de France et d’Afrique p. 38 André Blanchet La réglementation des élections au Bénin p. 40 Brèves a 1 6 septembre - 1 5 décembre 1994: p. 59