L’âge du Fer en Aquitaine
et sur ses marges.
Mobilité des hommes, diffusion
des idées, circulation des biens
dans l’espace européen à l’âge du Fer
L’âge du Fer en Aquitaine et sur ses marges.
Mobilité des hommes, diffusion des idées,
circulation des biens dans l’espace européen
à l’âge du Fer
Actes du 35e Colloque international de l’AFEAF
(Bordeaux, 2-5 juin 2011)
sous la direction de
Anne Colin, Florence Verdin
avec le concours financier de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du Fer,
du Ministère de la Culture, de l’Inrap et de l’Institut Ausonius
Aquitania Supplément 30
— Bordeaux —
Fédération Aquitania
Maison de l’Archéologie
8, Esplanade des Antilles
F – 33607 Pessac cedex
Tél. 33 (0)5 57 12 46 51 - Fax 33 (0)5 57 12 45 59
aquitania@u-bordeaux3.fr http://aquitania.u-bordeaux3.fr
Directeur de la Publication : Alain Bouet
Secrétaire des Publications : Stéphanie Vincent
Graphisme de couverture : Stéphanie Vincent
© AQUITANIA 2013
ISSN : 099-528
ISBN : 2-910763-34-X
Imprimé sur les presses de
Gráficas Calima, Santander
– mai 2013 –
Sommaire
Auteurs ............................................................................................................................................................................................ 9
AvAnt-propos, par Dany Barraud ............................................................................................................................................... 13
L’âge du Fer en Aquitaine et sur ses marges
JoAquin GorrochAteGui
Linguistique et peuplement en Aquitania ................................................................................................................................
17
Anne colin, Florence verdin, Antoine dumAs
Dynamiques du peuplement dans le nord de l’Aquitaine : quelques pistes de réflexion.......................................................
33
JuliA roussot-lArroque
L’épée et le rasoir : transition Bronze-Fer autour de l’estuaire de la Gironde .........................................................................
57
BernArd GelliBert, JeAn-clAude merlet, sAndrine lenorzer
Les nécropoles du Premier âge du Fer dans les Landes de Gascogne : organisation, pratiques funéraires.
L’apport des fouilles récentes .........................................................................................................................................
83
christophe sireix
L’agglomération artisanale de Lacoste à Mouliets-et-Villemartin (Gironde) ........................................................................... 103
stéphAnie rAux
La parure en verre du site de Lacoste à Mouliets-et-Villemartin (Gironde) : étude typologique ............................................ 147
vincent Geneviève
Les monnaies préaugustéennes de Bordeaux : quelle circulation monétaire
dans la capitale des Bituriges Vivisques avant notre ère ? ............................................................................................. 173
lAurent cAlleGArin, vincent Geneviève, eneko hiriArt
Production et circulation monétaire dans le sud-ouest de la Gaule à l’âge du Fer (iiie-ier s. a.C.) ........................................... 185
philippe GArdes, AlexAndre lemAire, thomAs le dreFF
L’oppidum de La Sioutat à Roquelaure (Gers). Citadelle des Ausques .................................................................................. 219
JAvier Armendáriz, ArmAndo llAnos, xABier peñAlver, soniA sAn Jose, luis vAldés GArcíA
Le Bronze final et l’âge du Fer en Euskal Herria – Pays basque. Relations et activités commerciales .................................... 247
Jesús F. torres-mArtinez
De l’autre côté des Pyrénées. La Navarre à l’âge du Fer .......................................................................................................... 257
Posters
christophe mAitAy, avec la collab. de BertrAnd BéhAGue, philippe poirier
La nécropole du Premier âge du Fer de Loustalet à Pouydesseaux (Landes)........................................................................... 277
BertrAnd BéhAGue
Étude d’impact sur le site de Niord à Saint-Étienne-de-Lisse (Gironde). Opération 2002 .................................................... 287
pAtrice courtAud, elisABeth rousseAu, henri dudAy, christophe sireix
Un crâne perforé à Niord (Saint-Étienne-de-Lisse, Gironde) .................................................................................................. 293
Antoine dumAs
Le site de Chastel (Aiguillon, Lot-et-Garonne) au Premier âge du Fer : le mobilier céramique ............................................. 301
thiBAud constAntin, mArie-véronique BilBAo
Les fibules du Premier âge du Fer en Aquitaine ...................................................................................................................... 309
BertrAnd BéhAGue, avec la collab. de Aurélien AlcAntArA, stéphAne BouloGne, xAvier dupont,
séverine GAuduchon, corinne sAnchez, thierry Gé
Deux établissements ruraux de la fin du Second âge du Fer sur le contournement nord de Marmande (Lot-et-Garonne) .. 319
céline lAGArde-cArdonA, michel pernot, christophe sireix, christophe le Bourlot
Approche du travail des alliages cuivreux mis en œuvre sur le site
du Second âge du Fer de Lacoste (Mouliets-et-Villemartin, Gironde) .......................................................................... 325
cédric GérArdin
Perles et bracelets en verre du site de Lacoste à Mouliets-et-Villemartin (Gironde) : approche technologique ...................... 331
Aurélien AlcAntArA, AlexAndrA BesomBes-hAnry, christophe chABrié, Frédéric Guédon, christophe rAnché
Eysses avant Excisum : une agglomération gauloise près de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) ........................................... 341
lAurent cAlleGArin, eneko hiriArt, réGis hAreAu
Les découvertes de monnaies préaugustéennes sur le site d’Eysses (Villeneuve-sur-Lot, Lot-et-Garonne).............................. 351
lAurence Benquet, philippe GArdes, JeAn-JAcques GrizeAud, pAscAl lotti, christophe requi, Frédéric veyssière
La Toulouse gauloise revisitée. Apport des fouilles préventives récentes à la connaissance
de la topographie des sites de Toulouse-Saint-Roch et Vieille-Toulouse (Haute-Garonne) .......................................... 359
peter Jud, Aurélien AlcAntArA, mAtthieu demierre, Julie GAsc, AlexAndre lemAire, cécile rousseAu,
GuillAume verrier
Toulouse ZAC Niel (Haute-Garonne). Nouveaux éléments sur l’occupation gauloise du quartier Saint-Roch ..................... 371
cécile rousseAu, sAndrine lenorzer, pierre-yves milcent, Julie GAsc, Florent ruzzu, peter Jud
La nécropole protohistorique de la ZAC Niel à Toulouse (Haute-Garonne).
Présentation liminaire à partir d’un groupe original de sépultures .............................................................................. 377
pedro reyes moyA-mAleno, Jesús F. torres-mArtinez
Réseau de communication à l’âge du Fer en Europe de l’ouest et en Aquitaine.................................................................... 383
Mobilité des hommes, diffusion des idées, circulation des biens dans l’espace européen
à l’âge du Fer
pAtrick pion
Mobilités des hommes : quels modèles anthropologiques ? .................................................................................................... 391
Anne-mArie AdAm
Profits et pièges d’un outil incontournable : la carte de répartition ....................................................................................... 399
coline ruiz dArAsse
Ibère : langue véhiculaire ou “écriture de contact” ? ............................................................................................................... 407
GretA Anthoons
La mobilité des druides et la diffusion de gestes funéraires .................................................................................................... 417
sAndrA péré-noGuès
Aux limites de l’interprétation : mercenariat et mobilité au Second âge du Fer .................................................................... 429
mAnuelA diliBerto, thierry leJArs
Un cas de mobilité individuelle aux ive et iiie s. a.C. :
l’exemple des pièces de jeu d’origine italique trouvées au nord des Alpes ................................................................... 439
cicolAni veronicA
Les petits objets métalliques de la culture de Golasecca : des marqueurs culturels et anthropologiques
pour l’étude de relations transalpines au Premier âge du Fer ....................................................................................... 459
mArine lechenAult
Des éléments mobiliers du Centre-Ouest européen dans les sépultures corses
à la fin du Premier âge du Fer insulaire (vie-ve s. a.C.) .................................................................................................. 479
vlAdimír sAlAč
De la vitesse des transports à l’âge du Fer ................................................................................................................................ 489
Gilles pierrevelcin
La Bohême et la Gaule du ive au ier s. a.C. : étude de cas pour les relations à longue distance .............................................. 513
Alexis GorGues
Les armes et les hommes. La mobilité des guerriers et ses enjeux dans le nord-est du domaine ibérique au iiie s. a.C. ........ 531
pAtrice méniel
Circulation d’animaux et diffusion d’innovations zootechniques à l’âge du Fer ................................................................... 555
lAurence AuGier, ines BAlzer, dAvid BArdel, sylvie deFFressiGne, éric BertrAnd, Felix Fleischer, sABine
hopert-hAGmAnn, michAël lAndolt, christine mennessier-JouAnnet, clémence mèGe, muriel roth-zehner,
mArion sAurel, clAudiA tAppert, GiselA thierrin-michAel et nicolAs tikonoFF, avec la collab. de mireille
ruFFieux, mArieke vAn es
La céramique façonnée au tour : témoin privilégié de la diffusion des techniques au Hallstatt D2-D3 et à La Tène A-B1 .. 563
stéphAne cArArrA, émilie duBreucq, Benoît pescher, avec la collab. d’Anne Filippini
La fabrication des fibules à timbale comme marqueur des contacts et des transferts technologiques
au cours du Ha D-LT A1. Nouvelles données d’après les sites de Bourges, Lyon et Plombières-les-Dijon (France) ... 595
mArion BerrAnGer, philippe Fluzin
Structuration et contexte des échanges en métallurgie du fer durant la Protohistoire.
Une approche interdisciplinaire à partir des matières premières métalliques .............................................................. 609
rAquel vilAçA
Contextes d’utilisation, de circulation et de déposition des premiers
artefacts en fer de l’Atlantique occidental ............................................................................................................................... 631
FedericA sAcchetti, JeAn-christophe sourisseAu
Sur les importations d’amphores en contextes hallstattiens :
regards croisés depuis le Midi de la Gaule et le bassin nord-adriatique .................................................................................. 643
FABienne olmer, BenJAmin GirArd, GuillAume verrier, hervé BohBot
Voies, acteurs et modalités du grand commerce en Europe occidentale ................................................................................ 665
kAtherine Gruel, dAvid WiGG-WolF
Circulations monétaires et modes de production du numéraire dans le monde celtique...................................................... 693
Posters
thierry loGel, avec la collab. de thomAs viGreux
Les axes de circulation de la Protohistoire en Alsace : essai de détermination ....................................................................... 715
rAimon GrAells i FABreGAt
De Italia al Bajo Aragón : La dinámica de intercambios indígena entre el s. vii y vi a.C. ...................................................... 727
Alexis GorGues
Une communauté de marchands méditerranéens à Tolosa au iie s. a.C. ................................................................................ 737
delphine FrémondeAu, mArie-pierre horArd-herBin, Joël uGhetto-monFrin, mArie BAlAsse
L’alimentation des troupeaux porcins et la production de viande à Levroux Les Arènes (Indre) : une analyse isotopique .. 747
mArco schrickel, klAus Bente, Felix Fleischer, AlexAndrA FrAnz
Importation ou imitation du corail à la fin de l’âge du Fer ? Première approche par analyses du matériau ......................... 753
peter treBsche
Quelques remarques sur la mobilité de l’architecture de la civilisation hallstattienne :
des constructions elliptiques en Europe centrale .......................................................................................................... 761
résumés ........................................................................................................................................................................................ 769
Auteurs
Anne-Marie AdAm
Université de Strasbourg, UMR 7044 ; anne.marie.adam@unistra.fr
Aurélien AlcAntArA
Archeodunum, Colomiers ; a.alcantara@archeodunum.fr
Greta Anthoons
Chercheur indépendant, Holsbeek (Belgique) ; greta.anthoons@skynet.be
Javier Armendáriz
Archéologue ; javarmar@terra.es
Laurence AuGier
Service d’archéologie préventive de Bourges Plus ; UMR 8546 AOROC (France) ; l.augier@agglobourgesplus.fr
Marie BAlAsse
Archéozoologie, Archéobotanique : Sociétés, Pratiques et Environnements, UMR 7209 CNRS/Muséum
national d’Histoire naturelle, Paris ; balasse@mnhn.fr
Ines BAlzer
Centre de Recherche, Keltenwelt am Glauberg (Allemagne) ; i.balzer@keltenwelt-glauberg.de
David BArdel
Inrap ; UMR 6298 ARTeHIS ; bardel.david@inrap.fr
Dany BArrAud
Inspection générale du patrimoine (archéologie), Ministère de la Culture et de la Communication ; dany.
barraud@culture.gouv.fr
Bertrand BéhAGue
Inrap Nord-Picardie, Centre archéologique de Villeneuve-d’Ascq ; bertrand.behague@inrap.fr
Laurence Benquet
Inrap Midi-Pyrénées sud, Saint-Orens-de-Gameville ; TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-leMirail ; laurence.benquet@inrap.fr
Klaus Bente
Universität Leipzig, Institut für Mineralogie, Kristallographie und Materialwissenschaft (IMKM), Leipzig ;
bente@rz.uni-leipzig.de
Marion BerrAnGer
Laboratoire “Métallurgies et Cultures”, UMR 5060 - CNRS - IRAMAT, Université de Technologie Belfort
Montbéliard, Belfort ; marion.berranger@utbm.fr
Éric BertrAnd
Service archéologique de la ville de Lyon (France) ; eric.bertrand@mairie-lyon.fr
Alexandra BesomBes-hAnry
Inrap Grand Sud-Ouest Centre archéologique de Pessac
Marie-Véronique BilBAo
Chargée de mission au CRAL (Centre de Recherches Archéologique sur les Landes) ; bilbaomarie@yahoo.fr
Hervé BohBot
CNRS, UMR 5140-Archéologie des Sociétés Méditerranéennes ; herve.bohbot@montp.cnrs.fr
Stéphane BouloGne
Inrap Grand-Sud-Ouest, Centre archéologique de Pessac ; stephane.boulogne@inrap.fr
Laurent cAlleGArin
Université de Pau et des Pays de l’Adour - ITEM (EA 3002) ; laurent.callegarin@univ-pau.fr
Stéphane cArArrA
Service Archéologique de la Ville de Lyon ; stephane.carrara@mairie-lyon.fr
Christophe chABrié
Association des Archéologues du Lot-et-Garonne, BP 104, 47303 Villeneuve-sur-Lot Cedex
Veronica cicolAni
Docteur, UMR AOROC 8546, ENS/CNRS Paris ; veronica.cicolani@gmail.com
Anne colin
Université de Bordeaux 3, Institut Ausonius (UMR 5607) ; anne.colin@u-bordeaux3.fr
Thibaud constAntin
Doctorant, Institut Ausonius, UMR 5607 CNRS-Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 ; thibaud.
constantin@hotmail.fr
Patrice courtAud
PACEA – Anthropologie des Populations Passées et Présentes – Université Bordeaux 1 ; p.courtaud@
pacea.u-bordeaux1.fr
Sylvie deFFressiGne
Inrap GEN Ludres, UMR 7044 (France) ; sylvie.deffressigne@inrap.fr
10
l’âGe du Fer en AquitAine et sur ses mArGes
Matthieu demierre
Université de Lausanne / Université Lumière Lyon 2, UMR 8546 CNRS/ENS, Paris
Manuela diliBerto
École doctorale VI (ED 124), Histoire de l’art et archéologie, Université de Paris IV - Institut d’art et d’archéologie,
Paris ; mdiliberto@email.com
Émilie duBreucq
UMR 5608 TRACES-Université de Toulouse 2 Le Mirail ; emiliedubreucq@yahoo.fr
Henri dudAy
PACEA – Anthropologie des Populations Passées et Présentes – Université Bordeaux 1 ; h.duday@pacea.ubordeaux1.fr
Antoine dumAs
Institut Ausonius, UMR 5607 CNRS-Université Michel de Montaigne Bordeaux 3; antoinedumas001@gmail.com
Xavier dupont
Archéologue contractuel ; xavedu@hotmail.com
Anne Filippini
Doctorante, UMR 5608 TRACES-Université de Toulouse 2 Le Mirail ; anne.filippini@univ-tlse2.fr
Felix Fleischer
Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan, Sélestat ; UMR 7044 (France) ; felix.fleischer@pair-archeologie.fr
Philippe Fluzin
Laboratoire “Métallurgies et Cultures”, UMR 5060 - CNRS - IRAMAT, Université de Technologie Belfort
Montbéliard
Alexandra FrAnz
Universität Leipzig, Institut für Mineralogie, Kristallographie und Materialwissenschaft (IMKM), Leipzig ; afranz@
rz.uni-leipzig.de
Delphine FrémondeAu
Post-doctorante, Centre for Archaeological Sciences, KU Leuven, Belgique ; Delphine.Fremondeau@bio.kuleuven.
be
Philippe GArdes
Inrap Grand Sud-Ouest, TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-le-Mirail ; p.gardes@wanadoo.fr
Julie GAsc
Hadès Balma ; juliegasc@hotmail.fr
Séverine GAuduchon
Service archéologique départemental des Yvelines, Le Pas du Lac Montigny-le-Bretonneux ; severine.gauduchon@
numericable.fr
Thierry Gé
Inrap Grand Sud-Ouest, Centre archéologique de Pessac ; thierry.ge@inrap.fr
Bernard GelliBert
Archéologue, CRAL ; gellibert.bernard@orange.fr
Vincent Geneviève
Inrap, ZI Les Pinsons, Saint-Orens-de-Gameville ; ITEM-EA 3002, université de Pau ; vincent.genevieve@inrap.fr
Cédric GérArdin
Attaché de conservation au Service d’archéologie préventive du département de l’Allier (SAPDA), Conseil Général
de l’Allier ; cdric.gerardin@gmail.com
Benjamin GirArd
Post-doctorant, UMR 5140-Archéologie des Sociétés Méditerranéennes ; bengirar@yahoo.fr
Alexis GorGues
Université de Bordeaux 3, Institut Ausonius (UMR 5607) ; agorgues@yahoo.com
Joaquín GorrochAteGui
Institut des Sciences de l’Antiquité, UPV-EHU, Université du Pays Basque, Vitoria-Gasteiz ; joaquin.
gorrochategui@ehu.es
Raimon GrAells i FABreGAt
Römisch-Germanisches Zentralmuseum - Mainz, Allemagne ; graells@rgzm.de
Jean-Jacques GrizeAud
Inrap Midi-Pyrénées sud, Saint-Orens-de-Gameville ; TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-le-Mirail ;
jean-jacques.grizeaud@inrap.fr
Katherine Gruel
CNRS, AOROC, UMR8546 CNRS-ENS, Paris ; Katherine.gruel@ens.fr
Frédéric Guédon
Inrap Grand Sud-Ouest, Centre archéologique de Saint-Orens, Saint-Orens-de-Gameville
Régis hAreAu
Villeneuve-sur-Lot ; regis_hareau@yahoo.fr
Eneko hiriArt
Doctorant en Archéologie, UMR 5607 – Institut Ausonius, Université de Bordeaux 3 ; eneko.hiriart@gmail.com
Marie-Pierre horArd-herBin
Université de Tours, Laboratoire Archéologie et Territoire, UMR 6173 (CITERES), MSH, Tours ; marie-pierre.
horard-herbin@univ-tours.fr
Peter Jud
Archeodunum, Agence Lyon ; p.jud@archeodunum.fr
11
Auteurs
Céline lAGArde-cArdonA
Service départemental de l’archéologie, Conseil Général de Dordogne ; rattachée à l’IRAMAT-CRPAA ;
c.lagarde-cardona@dordogne.fr
Michaël lAndolt
Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan, Sélestat ; UMR 7044 (France) ; michael.landolt@pairarcheologie.fr
Christophe le Bourlot
Université Paris 13 - Institut Galilée, Laboratoire des Sciences des Procédés et Matériaux
Marine lechenAult
Docteur, UMR 5189 HiSoMA, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon ; marine.lechenault@univlyon2.fr
Thomas le dreFF
Doctorant TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-le-Mirail ; thomas-le-dreff@hotmail.fr
Thierry leJArs
CNRS, UMR 8546, ENS, Paris ; thierry.lejars@ens.fr
Alexandre lemAire
Archeodunum, Agence Sud-Ouest, Colomiers ; TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-le-Mirail ;
alex.lemaire@gmail.com
Sandrine lenorzer
Archeodunum, Agence Sud-Ouest ; sandrine.lenorzer@wanadoo.fr
Armando llAnos
Institut Alavais d’Archéologie/Instituto Alavés de Arqueología/Arkeologiarako Arabar Institutua,
Vitoria-Gasteiz ; arman.llanos@gmail.com
Thierry loGel
Archéologue territorial, Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan ; thierry.logel@pair-archeologie.fr
Pascal lotti
Inrap Midi-Pyrénées sud, Saint-Orens-de-Gameville ; pascal.lotti@inrap.fr
Christophe mAitAy
Inrap GSO - UMR 6566 “CReAAH” ; christophe.maitay@inrap.fr
Clémence mèGe
Service archéologique de la ville de Lyon, UMR 5138 (France).
Patrice méniel
CNRS, UMR 5594 ARTeHIS, Université de Bourgogne (Dijon)
Christine mennessier-JouAnnet
UMR 8546 AOROC (France) ; ch.jouannet@orange.fr
Jean-Claude merlet
Archéologue, CRAL ; merlet.jeanclaude@orange.fr
Pierre-Yves milcent
Université de Toulouse 2 / UMR 5608-TRACES ; milcent@univ-tlse2.fr
Pedro R. moyA-mAleno
Departamento de Prehistoria, Facultad de Geografía e Historia, Universidad Complutense de Madrid ;
preyesmoya@gmail.com
Fabienne olmer
CNRS, UMR 5140-Archéologie des Sociétés Méditerranéennes, Lattes ; fabienne.olmer@montp.cnrs.fr
Xabier peñAlver
Archéologue. Société de sciences Aranzadi. Zorroagagaina. 20014 Donostia (Gipuzkoa, Pays Basque) ;
burdina@gmx.com
Sandra péré-noGuès
Université Toulouse II Le Mirail, TRACES UMR 5608 ; perenog@univ-tlse2.fr
Michel pernot
Université de Bordeaux – CNRS, UMR 5060 IRAMAT-CRPAA ; michel.pernot@u-bordeaux3.fr
Benoît pescher
Éveha Centre-Ouest, Saint-Avertin ; benoit.pescher@eveha.fr
Gilles pierrevelcin
Docteur, UMR 7044 – Strasbourg, MISHA Strasbourg ; gilles_pierrevelcin@hotmail.com
Patrick pion
Université de Paris 10 Nanterre, Département d’Anthropologie, UMR 7055 (Préhistoire et technologie) ;
patrick.pion@mae.u-paris10.fr
Philippe poirier
Inrap GSO - UMR 5059 CNRS/EPHE/UM II ; philippe.poirier@inrap.fr
Christophe rAnché
Inrap Grand Sud-Ouest, Centre archéologique de Montauban ; christophe.ranche@inrap.fr
Stéphanie rAux
Inrap Méditerranée, UMR 5140 ; stephanie.raux@inrap.fr
Christophe requi
Inrap Midi-Pyrénées sud, Saint-Orens-de-Gameville ; TRACES – UMR 5608, Université de Toulouse-leMirail ; christophe.requi@inrap.fr
Muriel roth-zehner
Antea-Archéologie, Habsheim ; UMR 7044 ; muriel.zehner@antea-archeologie.com
12
l’âGe du Fer en AquitAine et sur ses mArGes
Cécile rousseAu
Archeodunum, Agence Sud-Ouest, Colomiers ; c.rousseau@archeodunum.fr
Élisabeth rousseAu
Docteur, Université Bordeaux 3 ; elisabethrousseau36@yahoo fr
Julia roussot-lArroque
CNRS, UMR 5199 Pacea, Université de Bordeaux 1 ; juliaroussot@gmail.com
Mireille ruFFieux
Service Archéologique de l’État de Fribourg (Suisse) ; ruffieuxm@fr.ch
Coline ruiz dArAsse
Docteur EPHE ; r.coline@free.fr
Florent ruzzu
Archeodunum, Agence Sud-Ouest ; f.ruzzu@archeodunum.fr
Federica sAcchetti
Docteur, Centre Camille Jullian, Archéologie Méditerranéenne et Africaine (UMR 7299), CNRS - Université AixMarseille ; sacchetti.federica@gmail.com; sacchetti@mmsh.univ-aix.fr
Vladimír sAlAč
Archeologický ústav AV ČR v Praze, Prague ; salac@arup.cas.cz
Corinne sAnchez
CNRS UMR 5140, Lattes-Montpellier, CDAR ; corinne.sanchez@montp.cnrs.fr
Sonia sAn Jose
Fondation Lenbur. Société de sciences Aranzadi, Donostia (Gipuzkoa, Pays Basque) ; s.san_jose@kzgunea.net
Marion sAurel
Inrap ; UMR 8546 AOROC (France) ; marion.saurel@inrap.fr
Marco schrickel
Landesamt für Denkmalpflege und Archäologie Sachsen-Anhalt, Landesmuseum für Vorgeschichte, Halle (Saale) ;
marco.schrickel@web.de
Christophe sireix
Service d’archéologie préventive, Communauté Urbaine de Bordeaux ; christophe.sireix@wanadoo.fr
Jean-Christophe sourisseAu
Centre Camille Jullian, Archéologie Méditerranéenne et Africaine (UMR 7299), CNRS - Université Aix-Marseille ;
Centre Jean Bérard, USR 3133 CNRS – EFR, Naples ; Jean-Christophe.Sourisseau@univ-provence.fr
Claudia tAppert
Historisches Seminar, Abteilung für Ur- und Frühgeschichtliche Archäologie, Westfälische Wilhelms-Universität
Münster (Allemagne) ; tappert@yahoo.de
Gisela thierrin-michAel
Unité de Géosciences, minéralogie et pétrologie, Université de Fribourg (Suisse) ; gisela.thierrin-michael@unifr.ch
Nicolas tikonoFF
Inrap Grand-Est-Nord, Ludres, UMR 7044 ; nicolas.tikonoff@inrap.fr
Jesús F. torres-mArtinez
Departamento de Prehistoria, Facultad de Geografía e Historia, Universidad Complutense de Madrid ; Instituto
Monte Bernorio de Estudios de la Antigüedad del Cantábrico (IMBEAC). Proyecto “Monte Bernorio en su
entorno” ; ketxutorres @yahoo.com
Peter treBsche
Urgeschichtemuseum Niederösterreich, Asparn an der Zaya, Autriche ; Peter.Trebsche@noel.gv.at
Joël uGhetto-monFrin
Archéozoologie, Archéobotanique: Sociétés , Pratiques et Environnements, UMR 7209 CNRS/Muséum national
d’Histoire naturelle, Paris ; ughetto@mnhn.fr
Luis vAldés
AOROC, UMR 8546 CNRS - ENS, Gastiburu S.L., Bilbao ; luis.valdes@gastiburu.com
Marieke vAn es
Inrap, GES Strasbourg ; marieke.van-es@inrap.fr
Florence verdin
CNRS, Institut Ausonius (UMR 5607), Université de Bordeaux 3 ; florence.verdin@u-bordeaux3.fr
Guillaume verrier
Archeodunum Agence Toulouse, Colomiers ; g.verrier@archeodunum.fr
Frédéric veyssière
Inrap Midi-Pyrénées sud, Saint-Orens-de-Gameville ; frederic.veyssiere@inrap.fr
Thomas viGreux
Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan
Raquel vilAçA
CEAUCP/FCT. Institut d’Archéologie de la Faculté de Lettres de l’Université de Coimbra, Portugal ; rvilaca@
fl.uc.pt
David WiGG-WolF
Römisch-Germanische Kommission, Frankfurt/Main, Allemagne ; wiggwolf@rgk.dainst.de
Mobilité des hommes, diffusion des idées, circulation des biens dans l’espace européen à l’âge du Fer
Sur les importations d’amphores
en contextes hallstattiens : regards croisés
depuis le Midi de la Gaule et le bassin nord-adriatique
Federica Sacchetti, Jean-Christophe Sourisseau
La littérature de ces cinquante dernières années a souvent commenté la présence d’objets et de produits
méditerranéens en contextes hallstattiens, fondant un débat très complexe sur les voies de pénétration.
La “route de l’ambre”, de la mer Baltique aux bouches du Pô, et la “route de l’étain”, des Cornouailles aux
bouches du Rhône, ont été considérés dès le départ comme les deux voies de communication possibles entre
les peuples continentaux, Celtes, et ceux méditerranéens, Grecs et Étrusques, au carrefour des voies fluviales
d’Europe tempérée1.
La question, dès le départ, avait déjà été fondée en termes d’échanges de matières premières autant qu’en
termes d’échanges d’objets. Cependant, à côté des matières premières et des objets il ne faut pas oublier une
troisième catégorie de biens échangés, celle des produits dégradables dont les traces archéologiques ne peuvent
être repérées qu’indirectement, à travers les restes de conteneurs utilisés pour les transporter.
Les produits alimentaires, tels que le vin et l’huile, transportés en amphores, font partie de ce type de biens.
Malgré leur importance pour l’analyse des contacts, l’observation des influences sur les comportements alimentaires et rituels, ainsi que l’étude des routes commerciales qui reliaient les régions de l’intérieur aux zones
côtières, les amphores n’ont pas été complètement intégrées dans les recherches traditionnelles, ni celles sur la
protohistoire européenne, ni celles sur la Méditerranée.
Ce sujet a été traité dans le cadre des publications des sites majeurs concernant ce genre de découvertes :
Bragny-sur-Saône ; Salins-Le Camp du Château ; Vix-Mont Lassois ; Châtillon-sur-Glâne ; La Heuneburg2. Aux
plus importants ensembles s’ajoutent des trouvailles plus au moins isolées qui aujourd’hui s’étendent depuis le
Centre de la France, à Bourges, jusqu’au Bade-Wurtemberg, à Ipf, et qui ont fait l’objet de communications
récentes3.
Néanmoins, dans la plupart de ces publications monographiques, le sujet est traité de manière secondaire
et la présentation des données brutes, c’est-à-dire les matériels eux-mêmes, fait défaut. En outre, jusqu’à présent,
aucune étude exhaustive n’a été menée sur l’ensemble de la documentation des sites hallstattiens4. Par ailleurs,
1- Benoit 1956, 5.
2- Bragny-sur-Saône et Salins, “Le camp du Château” (dernièrement Flouest 1990 et Id. 2007) ; Vix-Mont Lassois (Chaume 2001) ;
Châtillon-sur-Glâne (Lüscher 1996 ; Ramseyer 1997, 40 ; Lüscher 1998) ; La Heuneburg (dernièrement van den Boom & Pape 2000).
3- Voir Sourisseau 2007 pour Bourges et Krause et al. 2005 pour Ipf.
4- La question de la diffusion des amphores à vin en contexte hallstattien, plus récemment abordée par plusieurs chercheurs de l’espace
soit méditerranéen soit centre-européen (Kimmig 1983, Villard 1988, Lüscher 1996, van den Boom & Pape 2000), a commencé à prendre
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moBilité des hommes, diFFusion des idées, circulAtion des Biens dAns l’espAce européen à l’âGe du Fer
les progrès opérés ces dernières années dans le domaine de l’étude des amphores en contexte méditerranéen
suggèrent une reprise de la documentation d’Europe tempérée. Enfin, les récentes études régionales menées
dans la basse vallée du Rhône et dans le secteur de la plaine du Pô5, permettent de reprendre partiellement les
cadres tels qu’ils avaient été envisagés, dans le but de proposer une comparaison entre la zone hallstattienne et
les deux aires potentielles d’arrivée des marchandises. (F.S.)
les Amphores Grecques occidentAles ArchAïques (J.c.s.)
Dans les années passées, il a régné et il règne encore une imprécision relativement importante dans le
domaine de l’identification des amphores les plus fréquemment découvertes en milieu celtique au Premier âge
du Fer. Si l’on met à part les quelques attestations d’amphores étrusques d’origine tyrrhénienne et les très rares
amphores grecques orientales (cf. note 3), l’essentiel des découvertes fait état de productions “massaliètes”,
“ionio-massaliètes” ou “de type massaliète”, expressions floues qui traduisent bien la difficulté d’identification
précise de ces conteneurs. Les protohistoriens de l’Europe tempérée n’y sont pour rien, ces imprécisions étaient
encore très récemment de la responsabilité des spécialistes de l’espace méditerranéen et s’inscrivent dans une
histoire de la recherche qu’il serait trop long de détailler ici6. Néanmoins ces dernières années ont vu le développement d’études qui ont très largement renouvelé nos connaissances en la matière et qui permettent de préciser
un peu les choses.
Débarrassons nous d’abord du problème le moins complexe, c’est-à-dire de l’identification de la production
des amphores massaliètes dites à pâte micacée. Ces productions identifiées comme massaliètes depuis les travaux
de F. Benoit et F. Villard7, puis de G. Bertucchi, de M. Py et de M. Bats à la génération suivante8, se caractérisent
par une argile marron clair à laquelle les Grecs de Marseille ont ajouté un abondant dégraissant très particulier
et assez facile à identifier constitué de paillettes de mica, technique par ailleurs connue à Marseille pour la
production de certaines céramiques communes et d’objets divers. Une typologie de ces productions fait
aujourd’hui à peu près l’unanimité, même si quelques points de détail sur les chronologies de certains types
font encore l’objet de débats9. Des travaux d’analyses physico-chimiques menés dans les années 1980 ont cependant introduit un doute sur l’attribution à Marseille de cette production. Nous retiendrons aujourd’hui, suite
à la découverte de rebuts de cuisson caractérisés et de fours spécialisés à Marseille10, qu’il n’y a plus lieu de
douter de l’attribution à Marseille de cette production à pâte micacée, même si le fameux dégraissant de mica
a été importé d’un secteur situé dans les Maures, à plus de 200 km à l’Est11. Les très nombreux blocs de
micaschistes trouvés dans les comblements du port antique de Marseille, déjà signalés par Villard, confirment
le transfert par voie maritime de ce matériau durant plusieurs siècles.
forme à partir des travaux de F. Benoit (Benoit 1955, 36-38, 42-43 ; Id. 1956 ; Id. 1965, 182-186). Toutefois, M. Piroutet, considérant les
tessons d’amphores découverts dans le Jura, s’arrêtait déjà sur le problème des possibles acheminements des différents types de produits
méditerranéens dans la région (Piroutet 1918-1919, 219-220).
5- Pour le Sud de la Gaule, voir Sourisseau 1997 et Id. 2000 ; pour l’Italie du nord, voir Sacchetti 2012a et Id. 2012b.
6- Pour un point récent sur le vocabulaire et l’histoire de la recherche, voir Sourisseau 2011, 174-175 avec bibliographie.
7- Benoit 1955 et 1965, 182-186 et Villard 1960, 63.
8- Bertucchi 1992 ; Py et al. 2001 (avec la bibliographie antérieure de M. Py sur le sujet) et Bats, dir. 1990.
9- Voir Py et al. 2001, 129 ; argumentation reprise récemment par E. Gailledrat (2010, 461 et note 4), à propos de la publication des
amphores du ve s. a.C. des fouilles récentes de Lattes. Les documents chrono-quantitatifs fournis par ce dernier, s’ils sont extrêmement
précieux et précis (461, fig. 8 ; 462-463, fig. 9 et 10), ne démontrent en aucune manière, à mon sens, la fabrication et la diffusion
contemporaine de types massaliètes distincts, notamment entre le second et le dernier quart du ve s. a.C. D’autres grilles de lecture sont
possibles qui envisagent l’existence d’un phénomène de résidualité relative, somme toute normale dans des niveaux de remblais successifs
d’habitat. On notera que l’analyse d’ensemble de la céramique attique des mêmes contextes, en soulignant le caractère résiduel probable
d’une partie des coupes issues des niveaux du dernier quart du ve s. a.C., pourrait appuyer ce point de vue (Chazalon 2010, 549).
10- CAG 13/3, 257-258 et 469-472, fig. 518-522.
11- Voir Reille & Abbas 1992, avec la bibliographie antérieure.
sur les importAtions d’Amphores en contextes hAllstAttiens
Les amphores souvent dites de “type massaliète” à pâte non micacée constituent la part la plus importante
des découvertes en milieu celtique et sont celles qui posent le plus de problèmes. Longtemps considérées comme
massaliètes, notamment depuis la découverte dans le courant des années 50 d’un four de production rue Négrel
à Marseille par F. Benoit12, la multiplication des découvertes d’amphores de ce type mais présentant des aspects
de pâtes divers bien que proches a très vite insinué le doute. De ces hésitations sont nées les catégories mal
définies des amphores “ioniennes” (F. Villard), “ionio-massaliète” (F. Benoit, P. Pelagatti), voire “ionio-corinthienne” (M. Py), qui renvoient à des productions dont la morphologie est proche, parfois même similaire, aux
amphores massaliètes les plus anciennes (le type 1 de G. Bertucchi) mais dont l’attribution à Marseille était mise
en doute avec raison, notamment par les protohistoriens du Midi, mais aussi par ceux de l’Europe celtique.
Les travaux initiés par M. Bats en Grande Grèce, mais aussi par des équipes siciliennes des universités de
Messine et de Catane, ainsi que par V. Gassner de l’Université de Vienne permettent aujourd’hui de proposer
une lecture plus structurée de l’histoire de ces productions dont on situe la fabrication dans l’ensemble de
l’espace de la Grande Grèce et de la Sicile, Marseille comprise13.
Précisons d’abord les formes envisagées (fig. 1a et b). Si l’on fait abstraction des expériences les plus anciennes,
des viiie et viie s. a.C. qui ne nous concernent pas ici, il faut considérer la création d’un modèle original
d’amphore vers le début du vie s. a.C. dans la région de Sybaris (forme 1α) qui se caractérise par une forme
relativement pansue, un pied plat étroit et un col cylindrique surmonté d’un bord en bourrelet lui-même
souligné par un listel bas. C’est le modèle qui était jusqu’alors considéré comme corinthien de type B depuis
les travaux de C. Koehler14 et qui en datait l’apparition dans le dernier quart du vie s. a.C. Les résultats croisés
des analyses physico-chimiques montrent aujourd’hui clairement que ce type d’amphore n’a probablement pas
été produit à Corinthe mais dans plusieurs centres de production de la façade ionienne de la Calabre, d’abord
à Sybaris, à partir de 600, puis probablement à Locres (second quart du vie s.), peut-être à Crotone et en d’autres
centres de productions de la façade ionienne de la Calabre. Une partie mineure de ces productions se présente
également sous la forme d’imitations d’amphores corinthiennes de type A (forme 1β), mais elles sont beaucoup
plus rares. La production de ces formes (1α et 1β) caractérise toute la durée du vie s. (jusque vers 510 à Sybaris),
date à partir de laquelle elles disparaissent progressivement. Elles sont remplacées par la forme 2, dite traditionnellement “ionio-massaliète”, dont les premières attestations, en parallèle de la production des formes précédentes, apparaissent vers le milieu du vie ou dans le courant du troisième quart du siècle et sont produites jusque
dans le courant du premier quart du ve s. a.C. Les centres grecs de la Calabre sud-ionienne adoptent progressivement cette forme, ainsi que certains établissements grecs de Campanie, notamment Poseidonia-Paestum, mais
aussi Marseille.
C’est à Marseille la forme Bertucchi 1, bien connue, mais attestée suivant deux techniques successives :
Entre 540 et les environs de 500, elles sont produites en pâte dite non micacée, de couleur généralement
jaune.
À partir de 500, la production massaliète se caractérise par la pâte dite micacée bien identifiable, même si
une courte période de transition entre les deux techniques peut être observée.
À partir du second quart du ve s., Marseille adopte une forme sphérique originale – la forme Bertucchi 2 –
qui se distingue alors des autres productions occidentales dont les ateliers (encore plus nombreux qu’auparavant)
se dirigent vers la forme 3 (un peu plus allongée et à col encore cylindrique mais plus développé), puis, vers le
milieu du ve s. vers la forme 4 à col gonflé.
12- Sourisseau 1998 ; CAG 13/3, 395, fig. 376b et 378.
13- Pour une présentation des recherches récentes, voir Sourisseau 2011, 175-177.
14- Koehler 1979 et 1981.
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moBilité des hommes, diFFusion des idées, circulAtion des Biens dAns l’espAce européen à l’âGe du Fer
———
Fig. 1a. Productions gréco-occidentales, vie-ive s. a.C. (© J.-C. Sourisseau).
———————
sur les importAtions d’Amphores en contextes hAllstAttiens
———
Fig. 1b. Tableau récapitulatif des productions gréco-occidentales, vie-ive s. a.C. (© J.-C. Sourisseau).
———————
Compte tenu de l’ensemble de ces distinctions maintenant bien établies, examinons les possibilités de
confusions.
Dans la seconde moitié du vie s., il est très facile, compte tenu de la proximité des aspects de pâte et d’une
morphologie identique, de confondre amphores de Marseille de forme Bertucchi 1 à pâte non micacée et
amphores produites en Calabre sud-ionienne et peut-être en Sicile sud-orientale. À partir du début du ve s., les
bords en bourrelets à pâte jaune non micacée peuvent encore appartenir à des productions de Calabre
sud-ionienne alors que la pâte micacée est propre à Marseille. En revanche, les productions campaniennes,
(Paestum, Vélia, etc.) sont facilement identifiables par leur argile rouge brique, parfois bicolore et dont la surface
externe est souvent engobée de blanc.
le sud de lA GAule (J.c.s.)
Compte tenu de l’ensemble de ces distinctions examinons maintenant le dossier de la diffusion de l’ensemble
de ces amphores dans le Midi de la Gaule.
À partir de l’exemple de Marseille15, les grandes tendances sont les suivantes (fig. 2).
La première moitié du vie s. voit la réception d’une large majorité d’amphores étrusques et de 10 à 15 %
d’amphores grecques importées parmi lesquelles les productions grecques occidentales (en l’occurrence les
formes 1 en provenance essentiellement de Sybaris et de quelques autres cités de Calabre ionienne), ne représentent qu’environ 18 %.
15- D’après Sourisseau 1997 et 2000.
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moBilité des hommes, diFFusion des idées, circulAtion des Biens dAns l’espAce européen à l’âGe du Fer
———
Fig. 2. Évolution de la part relative de chaque catégorie d’amphore à Marseille entre 600 et 400 a.C.
(© J.-C. Sourisseau).
———————
À partir de la seconde moitié du vie s. et jusqu’au début du ve s., la part des amphores étrusques s’effondre
pour ne plus représenter que 15, puis à peine 10 % de l’ensemble. En revanche, on note l’apparition et la
progression constante de la production locale à pâte non micacée (environ 30 %) et une progression relative de
la diffusion également très importante en parallèle de la part des productions grecques importées (entre 35 et
40 %). La composition interne du groupe des amphores grecques importées est par ailleurs profondément
modifiée puisque cette forte progression globale s’accompagne d’une augmentation très significative de la part
relative des productions grecques occidentales (45 %) représentées par des formes 1 et également des formes 2,
dont l’essentiel provient encore des cités de la Calabre ionienne. Bref, on se trouve donc devant une configuration qui associe une forte progression des amphores locales à pâte non micacée et des amphores grecques
occidentales de Calabre parmi lesquelles, les formes 2 ressemblent à s’y méprendre aux productions massaliètes
contemporaines.
À partir du début du ve s. la part des amphores grecques importées chute assez rapidement au détriment des
productions locales à pâte micacée. On observe également que désormais les types de Grande Grèce et de Sicile
caractéristiques de ces périodes ne sont pratiquement plus diffusés dans le midi de la Gaule.
La période charnière durant laquelle les confusions sont possibles, et qui correspond par ailleurs à un
moment durant lequel la diffusion des exemplaires importées (formes 1 et 2) est importante dans le Midi de la
Gaule, et notamment à Marseille, est donc bien la seconde moitié du vie s., période majeure de la diffusion des
importations méditerranéennes en contextes hallstattiens.
sur les importAtions d’Amphores en contextes hAllstAttiens
le nord de l’itAlie (F.s.)
Dans le Nord de l’Italie nous avons mené une enquête systématique sur le secteur compris entre les Apennins
et les Alpes, en gros la vallée du Pô et ses marges gravitant autour du secteur nord-adriatique, étant donné que
la situation de Gênes et de la côte de la Ligurie intéresse des circuits commerciaux différents, plus probablement
liés à Marseille et à la route tyrrhénienne.
Concernant ce secteur au nord des Apennins, d’une part, nous avons fait une révision des amphores publiées
de Spina et du Forcello, les seuls contextes déjà en partie connus16 ; d’autre part, nous avons étudié les amphores
inédites du secteur septentrional du delta du Pô et d’Étrurie padane centrale et occidentale17. Le reste du
territoire impliqué dans l’enquête, c’est-à-dire les aires de la culture de Golasecca et paléo-vénète, n’a presque
pas donné d’amphores.
Cette étude nous a permis d’avancer un certain nombre d’hypothèses sur le territoire du Nord de l’Italie,
notamment au sujet du secteur compris entre les Apennins et les Alpes, susceptible d’être impliqué dans les
échanges entre la Méditerranée et les territoires celtiques transalpins.
———
Fig. 3. Carte de répartition des amphores dans le Nord de l’Italie d’après Cattaneo & de Marinis 1996 (© F. Sacchetti).
———————
16- Pour Spina, De Luca De Marco 1979, Desantis 1989, Id. 1993, Id. 1996. Pour le Forcello voir en dernier de Marinis 2007, avec
références bibliographiques.
17- Pour le delta du Pô, voir Sacchetti 2012a ; pour l’ensemble du territoire, Id. 2012b.
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Une première observation concerne justement la carte de répartition des amphores entre le vie et le début
du ive s. a.C. Sur la base de la carte dressée par R. de Marinis en 1996 et considérée encore valide en 2007 (fig. 3),
on pensait que les amphores grecques dans le Nord de l’Italie se concentraient sur la côte, donc dans les ports
d’arrivée des marchandises méditerranéennes, et le long des voies fluviales qui en permettaient une redistribution plus aisée vers l’intérieur des terres18. Les principales cités étrusques de l’arrière-pays, par exemple Bologne,
la “Felsina (…) princeps Etruriae” de Pline l’Ancien19, et Marzabotto, sur l’itinéraire Étrurie tyrrhénienne-Étrurie
padane, pourtant bénéficiaires des nombreuses importations de céramiques attiques, restaient à la marge par
rapport à la diffusion des amphores. En effet Bologne n’est pas prise en compte dans cette première carte et
Marzabotto y apparaît en raison d’une unique attestation20.
On a donc envisagé que les amphores arrivaient seulement là où une voie fluviale le permettait. On a même
envisagé que pour l’Italie du nord l’habitat étrusque du Forcello, en raison de sa fonction de port fluvial et de
son emplacement au confluent Mincio-Pô et ayant apparemment livré la plupart des attestations d’amphores,
fonctionnait comme “tête de pont”, escale des produits alimentaires méditerranéens destinés au marché
celtique, tant de l’aire de la culture de Golasecca, qu’au-delà des Alpes. Au Forcello ces produits auraient été
transvasés dans des conteneurs plus adaptés au transport terrestre comme des tonneaux et des outres. Ainsi on
a cru donner une explication au manque d’amphores dans le territoire des Vénètes, dans l’aire de la culture de
Golasecca et dans les contextes celtiques européens, où, toutefois, la diffusion des vaisselles céramiques et
métalliques d’origine méditerranéenne relatives au symposium est bien documentée21.
Il nous semble aujourd’hui qu’une telle vision était conditionnée par l’état des études et des publications.
D’après nous, il faut d’abord ramener à de justes proportions l’idée que les marchandises méditerranéennes, et
notamment le vin, qui arrivaient dans le secteur haut-adriatique étaient destinées exclusivement au marché
celtique22.
La nouvelle carte de répartition des amphores que nous avons pu dresser et l’estimation des quantités23
permettent de dire que les amphores étaient diffusées dans toutes les principales cités étrusques du secteur au
nord des Apennins : Adria, San Basilio, Spina, le Forcello, Bologne, Marzabotto et Verucchio. Quelques découvertes isolées s’ajoutent aux collections des sites majeurs du côté de la zone septentrionale du delta du Pô (San
Cassiano et Le Balone) et du côté de la limite occidentale du territoire de l’Étrurie padane (Case Carpi di
Poviglio) (fig. 4).
18- Cattaneo & de Marinis 1996 ; de Marinis 2007.
19- Nat., 3.
20- Le site de Marzabotto apparaissait sur cette carte pour une seule attestation (l’amphore de type corinthienne A exposée au Museo
Etrusco P. Aria de Marzabotto), tout comme Adria (l’amphore de la “collezione Bocchi”). Concernant San Basilio, seulement 7 tessons
d’amphores provenant des fouilles de M. de Min étaient connus (Cattaneo Cassano 1995 ; Cattaneo & de Marinis 1996). Après une
vérification de la documentation des anciennes fouilles et à la suite de fouilles plus récentes, pour l’aire d’Adria et San Basilio nous avons
pu estimer un nombre minimum/maximum de 62/64 individus (Sacchetti 2012a). Nous n’avons pas trouvé confirmation de la présence
d’une amphore grecque (corinthienne B) à Este (Cattaneo & de Marinis 1996).
21- Sur ce sujet la bibliographie est vaste. Le récent colloque Griechische Keramik nördlich von Etrurien: mediterrane Importe im archäologischen
Kontext (Internationale Tagung, Basel 14.–15. Oktober 2011) dont les actes sont sous presse, a fait le point sur la situation.
22- Comme l’avait déjà envisagé D. Vitali (Vitali 1998, 267-270). M. Gras partageait cette idée seulement pour l’huile (Gras 1998, 60-61).
23- À présent le Forcello ne peut plus être considéré comme le site le plus riche du point de vue des importations d’amphores. Le site de
Marzabotto a livré un nombre supérieur d’individus. Cela permet de dire que les sites étrusques du Nord de l’Italie, fouillés d’une manière
extensive et sur lesquels on peut mener des enquêtes systématiques sur les matériaux des niveaux d’habitat, livrent des quantités d’amphores
proportionnelles à la surface fouillée de l’habitat. En effet le site du Forcello a livré une centaine d’individus (estimation de R. de Marinis)
et le site de Marzabotto a livré environ 160 individus (estimation de F. Sacchetti) sur une surface de 25 ha. Dans le cas du Forcello il s’agit
d’un habitat de 12 ha, pas complètement exploré mais récemment fouillé selon les méthodes modernes de la fouille stratigraphique. La
puissance du dépôt archéologique est de 2 m (cf. de Marinis & Rapi 2007, 28, n. 9). Dans le cas de Marzabotto (Sacchetti 2012b) on est
face à un habitat de 25 ha exploré juste en partie et de manière discontinue à partir du xixe s. Les niveaux plus anciens n’ont pas été atteints
dans toutes les zones explorées.
sur les importAtions d’Amphores en contextes hAllstAttiens
———
Fig. 4. Carte de répartition des amphores commerciales grecques dans le territoire compris entre les Apennins et les Alpes. Nombre
d’amphores supérieur à 30 individus (points de grande taille) : 1. San Basilio ; 2. Spina ; 3. Forcello ; 4. Marzabotto (Federica Sacchetti).
Nombre d’amphores compris entre 15 et 30 individus (points de moyenne taille) : 5. Bologne ; 6. Adria. Nombre d’amphores inférieur à
15 individus (points de petite taille) : 7. San Cassiano ; 8. Le Balone ; 9. Padoue ; 10. Poviglio ; 11. Brescia ; 12. Verucchio (© F. Sacchetti).
———————
Comme on aurait pu le supposer, le commerce de la céramique attique, représentée dans ce territoire
essentiellement par des formes à boire24, n’était pas déconnecté du commerce des produits consommés à l’occasion du rituel du symposium. Celui-ci est connu dans ce territoire dès l’époque villanovienne et les Étrusques
padans semblent s’y adapter, en suivant, à partir du milieu du vie s. a.C., un cérémonial d’influence grecque.
En effet, dans le Nord de l’Italie, ce que les sites de diffusion des amphores ont en commun semble être leur
participation au système fédéral étrusco-padan. En l’état actuel, il semble que le reste du territoire demeure en
marge de ce phénomène, étant donné que les sites de Brescia (dans l’aire de la culture de Golasecca) et Padoue
(dans l’aire vénète) apparaissent sur la carte de répartition des amphores en raison d’une unique attestation.
Si l’on veut chercher à expliquer la diffusion des amphores dans le Nord de l’Italie, on ne peut retenir un
critère d’ordre géographique, notamment la proximité d’un site d’une voie d’eau, mais plutôt un critère d’ordre
culturel et politique.
24- Voir en dernier Baldoni 2009, 246-249, concernant le cas de Marzabotto, avec références bibliographiques aux autres sites du territoire.
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Le cas de Marzabotto, un site des Apennins dont on a reconnu depuis longtemps la fonction de relais entre
l’Étrurie tyrrhénienne et l’Étrurie padane, est assez exemplaire. Il est situé au cœur des Apennins et en dehors
donc, en raison de son emplacement, des circuits de diffusion des amphores tels qu’on les envisageait auparavant. Les amphores y arrivent en fait en quantités équivalentes à celles du Forcello25, un site de plaine ayant
apparemment fonctionné comme port fluvial, construit à 200 m d’un ancien lit du fleuve Mincio et situé à
peine à quelques kilomètres au nord du confluent avec le Pô26.
En ce qui concerne les contextes de découverte des amphores, la quasi-totalité vient des zones d’habitats. À
l’appui de l’observation concernant la rareté des dépôts d’amphores dans les mobiliers funéraires de cette phase
chronologique27, seules 13 amphores sur 341/369 individus (nombre minimum/maximum)28, viennent de
nécropoles. Il s’agit d’un phénomène quantitativement insignifiant au regard des milliers de tombes connues
de cette période dans le secteur29. Il s’agit d’un phénomène également marginal du point de vue géographique,
car il ne concerne qu’Adria et Spina, les cités étrusques portuaires, dont le statut d’emporion n’est pas avéré mais
qui peuvent être de toute manière considérées comme des centres “frontaliers” en raison de leur composition
multiethnique30.
En ce qui concerne la chronologie, les importations d’amphores dans le territoire commencent au deuxième
quart ou autour du milieu du vie s.31, bien que leur diffusion générale et massive dans les principaux sites se
situe à partir de la seconde moitié-fin du siècle jusqu’au début du ive s., à l’heure de l’invasion celtique de 388
a.C. qui déstabilise le système étrusco-padan axé sur Bologne/Felsina.
À la différence du Sud de la France, les types d’amphores attestés dans le Nord de l’Italie ne concernent que
les productions du monde grec. Jusqu’à présent, les productions phénico-puniques, ainsi qu’étrusques, ne sont
pas documentées dans ce territoire. Cela sans doute à l’exception d’un unique individu : un exemplaire de type
Py 3, produit à Caere et datable entre la fin du viie et le milieu du vie s. a.C., en provenance de l’habitat de
Briccola de Castelletto Ticino, dans l’aire de la culture de Golasecca32.
En revanche, presque toutes les séries amphoriques connues dans le monde grec et répandues dans le Sud
de la France sont attestées dans le Nord de l’Italie. En l’état actuel des recherches, font défaut uniquement les
amphores laconiennes et de Lesbos. L’absence des amphores SOS, dont il faut rappeler la rareté aussi dans le
Sud de la France33, peut sans doute s’expliquer par des raisons chronologiques. En effet la forme SOS Late II,
la plus récente, est datable entre le dernier quart du viie et le début du premier quart du vie s. a.C.34. Par
conséquent, l’interruption de sa production se situe juste avant les plus anciennes importations d’amphores
dans le secteur nord-adriatique et bien avant l’épanouissement du système économique étrusco-padan engendrant la floraison des échanges avec le monde grec.
Il est difficile de proposer une comparaison entre les sites ou un modèle unique au sujet des tendances des
importations des différentes séries macro-régionales grecques : occidentales, orientales, nord-égéennes, continentales. Dans le territoire nord-adriatique, un site représentatif au même titre que l’emporion de Marseille dans
25- Cf. notes 19 et 22.
26- Au sujet de la fonction de port fluvial du Forcello, voir de Marinis & Rapi 2007, 28-31.
27- Colonna 1985.
28- Sacchetti 2012b.
29- Aucune des milliers de tombes de phase “felsinienne” de Bologne ne contenait des amphores commerciales (cf. Macellari 2002
pour la seule nécropole bolonaise de cette phase à présent publiée). La même situation est vérifiable pour les mobiliers des 295 tombes
contemporaines des nécropoles de Marzabotto (Marchesi 2005).
30- On rappellera que, même à Adria et Spina, le dépôt d’amphores dans les tombes sur une plus large échelle ne commence que dans le
courant du ive s. a.C. (cf. Toniolo 2000, pour Adria, et De Luca De Marco 1979, pour Spina).
31- Dans le territoire de Adria-San Basilio (Sacchetti 2012a et 2012b) et à Marzabotto (Sacchetti 2010, 52, n. 54, cat. 9 et id. 2012b).
32- Identification et détermination de F.M. Gambari (Gambari 1993, 128, notes 8-9). Les autres amphores étrusques connues en Italie
septentrionale concernent Gênes et la Ligurie.
33- Cf. Sourisseau 1997, I, 1,. 105.
34- Johnston & Jones 1978 et Rizzo 1990.
sur les importAtions d’Amphores en contextes hAllstAttiens
le Sud de la France fait défaut. Les conditions des fouilles et l’histoire des recherches concernant les deux ports
nord-adriatiques actifs dans la période qui nous concerne sont très différentes de celles qui ont amené à l’exploration de l’aire portuaire de la cité phocéenne. En effet, l’habitat étrusque d’Adria, le port le plus septentrional
et le plus anciennement actif, dont la documentation remonte à la première moitié du vie 35, se trouve sous la
ville moderne. Seules les anciennes fouilles de 1878 du Pubblico Giardino et celles récentes et en partie inédites
de via San Francesco et de via Ex Riformati ont pu mettre au jour les couches concernant les phases des vie et
ve s. a.C., mais sur des surfaces réduites 36. L’habitat de Spina, actif à partir de 540 a.C. 37, a été découvert dans
les années 1970 à l’occasion des travaux d›assainissement des marais de Valle Lepri, du côté de Comacchio. Il
n’a été exploré que par quelques sondages et il a été fouillé sur une surface également très limitée (200 m x
20 m)38.
Par conséquent, concernant le Nord de l’Italie, la possibilité d’entamer le même genre des réflexions qui ont
été possibles pour le Sud de la France à travers l’exemple de Marseille, ou qui auraient pu être possible à travers
d’autres exemple, comme celui de Lattes, est conditionnée par l’insuffisance de la documentation des ports
d’arrivée des marchandises méditerranéennes et, en général, par le manque d’homogénéité des contextes du
territoire padan. En effet, c’est seulement dans les cas du Forcello et de Marzabotto que nous disposons de
données provenant de vastes secteurs de contextes d’habitat témoignant de toute la période considérée (milieu
vie-début ive s.).
———
Fig. 5. Tendances des importations d’amphores dans le secteur d’Adria, deuxième/troisième quart du vie-début ve s. a.C.
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35- Bonomi 2000.
36- Pubblico Giardino (Donati & Parrini 1999) ; via San Francesco (Bonomi et al. 2003). Cette dernière fouille n’a pas atteint les
niveaux les plus anciens. La fouille de via Ex Riformati, très récente et qui a atteint les niveaux du vie s. a.C., est encore inédite. Je remercie
S. Bonomi pour avoir bien voulu me confier l’étude des amphores en provenance de ces contextes.
37- Lippolis 2000, 111 ; Bruni 2004, 84.
38- Patitucci Uggeri & Uggeri 1993, en particulier 24-25.
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moBilité des hommes, diFFusion des idées, circulAtion des Biens dAns l’espAce européen à l’âGe du Fer
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Fig. 6. Tendances des importations d’amphores dans le secteur d’Adria, ve s. a.C.
———————
Malgré ces limites, nous avons pu observer en général des tendances communes à tout le secteur septentrional du delta du Pô, comprenant les sites majeurs d’Adria et de San Basilio et le territoire environnant39. Ici
les productions les plus répandues sont les amphores grecques occidentales, surtout de “forme 1α” au vie s.
(52 %) et de “forme 5” au ve s. (42 %), suivies par les amphores grecques-orientales et nord-égéennes (fig. 5 et
6).
Pour s’en tenir au vie s. et à la transition avec le ve s., période qui nous concerne davantage, compte tenu de
la perspective hallstattienne centre-européenne, on observe les mêmes tendances au Forcello : les productions
occidentales (“forme 1α” et “forme 2”) représentent 50 % environ des attestations dans le courant de la
deuxième moitié du vie s.
reGArds croisés depuis le midi de lA GAule et le BAssin nord-AdriAtique (F.s.)
De la comparaison entre les données du Midi de la Gaule et celles du bassin nord-adriatique, il résulte que,
entre la deuxième moitié du vie et le début du ve s., période apparemment majeure de la diffusion des importations méditerranéennes en contextes hallstattiens (Ha D2-D3), les productions amphoriques grecques les plus
répandues dans les deux secteurs sont les amphores occidentales, de forme “1α” et “2”. Ces formes, et notamment la “2”, sont les plus fréquemment identifiées également en milieu celtique centre-européen. D’après les
publications, elles seraient dans tous les cas de production massaliète, même si on note des associations avec
des “formes 1α” inconnues dans la production de Marseille.
Toutefois, dans le cadre de ces productions occidentales archaïques, nous avons pu remarquer dans les sites
du Nord de l’Italie certaines différences par rapport au Sud de la France.
39- Sur ce sujet, voir notamment Sacchetti 2012a.
sur les importAtions d’Amphores en contextes hAllstAttiens
Premièrement, il n’est pas du tout sûr que la production massaliète avérée soit documentée dans le secteur
padan et nord-adriatique. Les seules attestations certaines en Italie septentrionale sont en effet celles de Gênes
et de la côte de Ligurie, donc de l’aire nord-tyrrhénienne, et se situent en plein ve et ive s. a.C., c’est-à-dire à un
moment de forte augmentation de la diffusion des productions de Marseille dans le Sud de la France40 (fig. 2).
Deuxièmement, par rapport à ces amphores occidentales archaïques, il est vrai que l’attention des chercheurs
s’est concentrée depuis longtemps sur la localisation des possibles centres de production en Grande Grèce
(Calabre ionienne et Campanie) et en Sicile (cf. fig. 1). Cependant, plus récemment, il a été démontré que la
production de la “forme 1α” pouvait être également partagée par des centres du secteur ionien oriental-sud
adriatique : soit Corcyre, soit une autre localité de la terre ferme donnant sur le même bras de mer41. C’est dans
le même secteur que l’on retrouve d’ailleurs la majorité des ateliers, avérés ou supposés, de production de la
“forme 5”, forme qui est considérée depuis les travaux de Koehler comme l’évolution au ve s. de la “forme 1α”.
En effet, les productions de cette forme actuellement identifiées sont celles de Corcyre42, une “local production
from Corfù-Butrint area”43 (Épire), Apollonia44 (Illyrie méridionale) et Pharos (en Croatie)45.
Bien que dans le secteur nord-adriatique la présence des productions archaïques de Calabre soit avérée, du
moins concernant la “forme 2”46, nous pouvons envisager que dans certains cas47, sur la base de l’analyse visuelle
des amphores de “forme 1α” du secteur padan, elles ne fassent pas partie des groupes de Grande Grèce le plus
souvent reconnus en contextes tyrrhéniens et dans le Sud de la France. La comparaison visuelle entre ces pâtes
et celles échantillonnées en Épire laisse plutôt envisager leur appartenance au “groupe adriatique” (groupe 3)48.
Par ailleurs nous avons pu observer certaines ressemblances entre les pâtes des amphores de “forme 1α” et celles
de la “forme 5” documentées dans le secteur nord-adriatique. Cela pourrait amener à envisager qu’elles viennent
de la même aire de production, dont l’activité des ateliers s’inscrit dans une continuité chronologique, du vie
au ve s. a.C.
L’avancement des recherches sur les groupes occidentaux (à propos desquels il existe encore des incertitudes
et qui ne font pas l’unanimité auprès des chercheurs), notamment en ce qui concerne une meilleure définition
du groupe 3, “adriatique”, amènera à mieux préciser la part relative des différents groupes dans les deux secteurs.
40- Nous ne pouvons pas être sûrs que les exemplaires nommés massaliètes de Spina soient de production massaliète avérée (Desantis
1989). En effet, nous n’avons pas pu faire une analyse visuelle du matériel de Spina dont, par ailleurs, la publication est désormais ancienne
et devrait être mise à jour déjà à la lumière du colloque de Lattes qui a fait le point sur les amphores massaliètes (Bats, dir. 1990) et des
progrès opérés dans le domaine de l’étude des autres productions gréco-occidentales archaïques (cf. supra).
41- Gassner 2003a ; Id. 2003b ; Doctorat sous presse (“ local production from Corfù-Butrint area ”).
42- Pour les arguments et les éléments en faveur d’une production corcyréenne d’amphores corinthiennes B, on renvoie à : Koehler 1981 ;
Kourkoumélis-Rodostamos 1988 ; Kourkoumélis 1992 ; Preka-Alexandri 1992 ; Whitbread 1995, 256, 260.
43- Gassner 2003b, 183-186, 213 (pour Vélia – “ Randform 5 ”) ; Doctorat sous presse (pour Butrinte).
44- Mano 1971 ; Desy 1982 ; Ceka 1986, 89 (concernant le ve s. a.C.) ; Desy & De Paepe 1990, 215 (concernant le ive s. et le iiie s. a.C.) ;
Whitbread 1995, 283.
45- Katić 2004.
46- Nous pouvons le proposer au moins dans les cas de Marzabotto et de Case Carpi di Poviglio. Nous ne pouvons pas le spécifier dans
le cas de Spina (cf. note 39).
47- Adria-San Basilio, Marzabotto, Bologna, Verucchio et sans doute certaines du Forcello (je remercie R. de Marinis de m’avoir montré
les amphores du Forcello, déjà publiées par lui-même).
48- Matérial des fouilles de Phoinike. Je remercie le prof. Sandro de Maria, de l’Université de Bologne (directeur de la fouille), et Erika
Vecchietti pour leur collaboration. Je remercie également V. Gassner qui a bien voulu discuter avec moi de cette problématique.
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moBilité des hommes, diFFusion des idées, circulAtion des Biens dAns l’espAce européen à l’âGe du Fer
l’europe celtique49 (F.s.)
En ce qui concerne l’Europe celtique, il est temps d’établir un bilan précis des importations d’amphores
grecques datables du vie et du ve s. a.C. depuis la moyenne vallée du Rhône et le versant nord des Alpes jusqu’aux
vallées de la Seine, de la Saône, du Rhin et du Danube.
Il y a plus de vingt ans ces découvertes ont fait l’objet d’études de synthèse de la part de C. Bellon et F. Perrin,
pour la moyenne vallée du Rhône, et de J.-L. Flouest, pour le Centre et l’Est de la France50. Ces chercheurs
signalaient déjà la nécessité d’une vérification de certaines attestations d’amphores, en général toutes dites
massaliètes et identifiées à partir de bords des types 1 à 6 de M. Py, datés entre 540 et le ive s. a.C.51
Des publications ponctuelles concernant les sites qui constituent des références majeures pour ce type
d’importations ont été élaborées52. Cependant, à l’exclusion des publications récentes de Châtillon-sur-Glâne,
de La Heuneburg, de Bourges et plus récemment de Vix, aucun de ces grands ensembles n’a encore fait l’objet
d’une publication exhaustive, surtout à la lumière des progrès opérés ces dernières années dans le domaine de
l’étude des amphores grecques53.
En effet, sur la base de ce qui a été publié, et étant donné le manque fréquent de documentation graphique
ou photographique, dans la plupart des cas nous ne connaissons pas le nombre exact des trouvailles, ni leur
ancrage typologique et chronologique. Dans le cas des amphores archaïques, la distinction entre la “forme 1α”
et “forme 2” n’est jamais précisée, ni leur type de production parmi les six groupes grecs-occidentaux actuellement identifiés54 (fig. 1). Dans le cas des productions massaliètes avérées (groupe 6), leur forme, sur la base de
la classification des amphores massaliètes de M. Py, n’est pas non plus toujours précisée. Enfin, la présence de
productions autres que massaliètes n’est en général pas signalée dans les publications, alors que la vérification
directe des matériels qui a pu être faite dans le cadre de cette recherche l’a parfois révélée. C’est le cas notamment de certaines amphores grecques-orientales (à Lyon, à Bourges et à Vix) et des productions étrusques (à
Lyon et à Bourguignon-les Morey)55.
La révision de la littérature scientifique, point de départ de cette recherche, enrichie par la collaboration de
plusieurs chercheurs qui ont signalé des trouvailles inédites, ont permis de dresser une première carte des
attestations (fig. 7). Cette carte ne prétend pas être exhaustive, étant donné l’état d’avancement de la recherche,
mais juste révélatrice d’une situation qui est très complexe et qui doit être traitée de manière systématique, en
commençant par l’étude analytique et directe des objets. Cette étude a été achevée pour plusieurs sites, mais le
traitement de l’ensemble des données demeure en cours. Cela ne permet pas, par conséquent, dès à présent,
d’en tirer des conclusions d’ordre économique et historique, mais autorise un premier bilan, qui ne doit être
considéré que comme le point de départ de cette recherche.
49- Recherche menée par l’auteure dans le cadre du projet AGAME (Archaic and classical Greek Amphoras in north-western Mediterranean
area and central Europe : diffusion, origin and contents) financé par une Marie Curie Intra-European Fellowships (IEF) - 7th European Community
Framework Programme. Je remercie Stéphane Renault (LAMPEA-CNRS Aix-en-Provence) pour la relecture de mon texte en français.
50- Bellon & Perrin 1990 ; Flouest 1990. On rappellera aussi les précédents essais de synthèse de Benoit 1956 et Id. 1965, 182-186
(concernant : La Heuneburg ; Mont-Lassois ; Salins, Camp du Château ; Mantoche) et de Villard 1988 (concernant : La Heuneburg ; MontLassois ; Salins, Camp du Château ; Châtillon-sur-Glâne).
51- Dans le cadre de cette recherche on ne considère que les amphores des contextes hallstattiens. On ne considère donc pas les amphores
de type 5 et 6 de M. Py, également attestées dans ce territoire, notamment dans la moyenne vallée du Rhône (Bellon & Perrin 1990, 251),
mais datable de la deuxième moitié du ve s.
52- Cf. notes 3 et 4.
53- Cf. bibliographie citée aux notes 2 et 3. Pour Vix, Sacchetti sous presse.
54- Gassner 2003 b et Sourisseau 2011.
55- Données inédites.
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sur les importAtions d’Amphores en contextes hAllstAttiens
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Fig. 7. Carte de répartition des amphores grecques en Europe centrale, in vie- début ive s. a.C. (© F. Sacchetti).
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Ipf
La Heuneburg
Münstenberg (Breisach)
Britzgyberg (Illfurth)
Mercey-sur-Saône, ‘Bois du Vernois’ ou ‘Les Tassenières’
(Tumulus 1)
Châtillon-sur-Glâne (Poiseux)
Salins, ‘Le camp du Château’
Bragny-sur-Saône, ‘Sous Moussière’ et ‘La Faux‘
Chassey, ‘Le Camp’
Bourges
Mont-Lassois/Vix
Gorge du loup (Lyon-Vaise)
Piolenc, ‘Les Grands Paluds’
Oppidum de Barry (commune de Bollène) ;
Grand Galap-Nogeiret (commune de Bollène)
L’Esplan (commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux )
La grotte de la Chauve-Souris (dans le déilé de Donzère)
La grotte des Cloches (commune de Saint-Martin d’Ardèche)
Saint-Etienne-de-Dion (commune de Saint-Marcel-d’Ardèche)
Aven du Bois d’Ajude (commune de Lagorce)
Z.A.C. du Vieux-Bourg (Venissieux)
Larina-La Chuire (commune de Hières-sur-Amby)
Milly-Lamartine, ‘En Soution’
Mancey, ‘Charmes’
Verjux, ‘La Mare Grillot’ et ‘Es Chezeaux’
Damerey, ‘Haut du Seuil’
Montmorot, ‘Le Château’
Saunières, ‘La Mare Riande’
Montmirey-la-ville, ‘Le camp du Mont-Guérin’
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43.
44.
45.
Mantoche, ‘Le Bois d’Apremont’(Tumulus 1, 2, 3) ; Mantoche,
‘Le Bois d’Apremont’(Tumulus 4)
Savoyeux, ‘Le Tremblois’(Tumulus)
Pontallier
Heuilley-sur- Saône
Oppidum de Le Malpas (commune de Soyons)
La Brégoule(commune de Soyons)
Tournon
Saint-Romain-en-Gal
Vienne
Grotte de Balmeaux ou du Gardon (Ambérieu-en-Bugey)
Châtillon-sur-Font (Font)
Schiffenen (Düdingen)
Sersheim
Messein (Lorraine)
Bourguignon-les Morey
Le Pègue
Renaître (Châtellerault, Vienne)
a
Ventimiglia
b
Monte Bignone (Sanremo)
c
Monte Colma (Sanremo)
d
Capo Mele
e
San Bartolomeo al Mare
f
Isola Gallinara
g
Albenga
h
Bergeggi
i
Savona
j
Camogli
*pour les sites du secteur adriatique, cf. ig. 4.
658
moBilité des hommes, diFFusion des idées, circulAtion des Biens dAns l’espAce européen à l’âGe du Fer
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Fig. 8. Mercey-sur-Saône, tumulus 1 de la nécropole du ‘Bois du Vernois’
(ou ‘Les Tassenières’) : amphorette (d’après Piningre 1997, 141, ig. 4 ;
dessin S. Verger). Éch. 1/2.
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Fig. 9. 1. Mercey-sur-Saône, tumulus 1 de la nécropole
du ‘Bois du Vernois’(ou ‘Les Tassenières’) : amphorette ;
2. Mantoche, tumuli de 1 à 3 de la nécropole du ‘Bois
d’Apremont’ : amphore (d’après Déchelette 1914, II,
ig. 431).
———————
sur les importAtions d’Amphores en contextes hAllstAttiens
À partir de la moyenne vallée du Rhône, les contextes qui ont livré des tessons d’amphores grecques datables
des époques archaïque et classique (du vie au ive s. a.C.) sont au nombre de 46 (38 en France ; 3 en Suisse ; 5 en
Allemagne). Comme dans le cas des deux aires méditerranéennes, il s’agit presque exclusivement de contextes
d’habitat. Les amphores commerciales ne semblent pas avoir leur place dans la composition des mobiliers
funéraires hallstattiens, comportant pourtant un service à boire de type méditerranéen dès le Ha C56. Les seules
exceptions à cette absence d’amphores dans les contextes funéraires sont constituées par trois sites de la HauteSaône : Mercey-sur-Saône, où l’amphore utilisée comme urne cinéraire dans le tumulus 1 de la nécropole du
Bois du Vernois (ou Les Tassenières) est plutôt une amphorette de table à pied évasé57 (fig. 8 et 9.2) ; Mantoche-Bois
d’Apremont, où une amphore massaliète était utilisée comme receptacle cinéraire dans l’un des tumuli (1, 2 ou
3)58 (fig. 9.1) et les débris d’une amphorette comparable à celle de Mercey ont été signalés dans le tumulus 459 ;
et sans doute, car le mobilier du tumulus a disparu, Savoyeux-Le Tremblois60.
Pour ce qui est de l’analyse des échanges, il est d’abord nécessaire d’éliminer des cartes de répartition les sites
non concernés par la diffusion des amphores à l’époque archaïque (Ha D2-D3) mais impliqués dans ce commerce
seulement à une époque plus tardive (LT A), ce qui entraîne des considérations historiques complètement
différentes et nécessite l’élaboration de cartes de répartition distinctes. En l’état actuel de la recherche, pour ce
qui concerne les amphores archaïques, et donc datables du Ha D2-D3, un regard croisé entre le Midi de la Gaule
et dl’Italie du Nord, permet de distinguer deux zones de concentration majeure des amphores correspondant à
un rayon de 140-150 km depuis les deltas du Rhône et du Pô en direction, respectivement, de l’arrière-pays
gaulois et étrusco-padan. Elles sont de nouveau attestées à Lyon, au confluent Rhône-Saône61. À partir de ce
territoire62 et surtout dans les sites de Bourgogne (dép. Saône-et-Loire et dép. Côte-d’Or), de Franche-Comté
(dép. du Jura et dép. de Haute-Saône) et des hautes vallées du Rhin et du Danube63, on retrouve de nouveau
des amphores, jusque dans le Nord-Est de la France, l’Alsace et la Lorraine (fig. 10). Les plateaux suisses, en l’état
actuel des découvertes, ne semblent pas concernés par les importations d’amphores à l’époque de Hallstatt. En
effet les très faibles attestations de ce secteur transalpin ne commencent pas avant la deuxième moitié du ve s.
a.C.64 Le territoire centre-européen concerné par des importations d’amphores datables du vie au milieu du ve s.
a.C. correspond donc à l’aire hallstattienne occidentale. La présence d’amphores dans ce secteur implique des
problématiques complètement différentes par rapport aux zones des deltas du Rhône et du Pô et leurs alentours
et auxquelles on devra donner des explications économiques et des significations historiques distinctes ainsi
qu’appliquer des méthodes d’analyse différentes.
En effet, même si certains chercheurs ont tendance à ne pas le prendre en compte, la situation de l’Europe
tempérée n’a rien de comparable à celle des rivages méditerranéens. Le système des échanges mis en place en
contexte centre-européen ne peut être en aucune façon comparé au modèle de l’emporia grecque, phénomène
strictement limité aux aires des rivages méditerranéens.
56- Chaume 2001, 282-283.
57- Déchelette 1914, II, 3, 1047, note 2, fig. 431, n°2 ; Flouest 1990, 255 ; Piningre 1997, 141, fig. 4.
58- Gasser 1904, 81 ; Id. 1912 ; Id. 1925, 5-7 ; Déchelette 1914, II, 3, 1047, note 2, fig. 431, n°1 ; Flouest 1990, 255-256 ; Piningre 1997,
tableau p. 143.
59- Flouest 1990, 256 ; Piningre 1997, 142, avec références.
60- Flouest 1990, 255 ; Piningre 1997, tableau p. 143.
61- Il faut rappeler que la phase hallstattienne du site de Lyon n’est pas encore bien connue et que les matériels amphoriques sont datés
pour la plupart à partir du ve s. a.C.
62- Cette zone constitue un enjeu important. Le confluent Rhône-Saône est considéré comme la limite du commerce étrusque entre le
dernier quart du viie et le milieu du vie s. a.C. (Perrin & Bellon 1992, 421). Les plus récentes fouilles de Lyon ont confirmé la faiblesse des
importations d’amphores grecques par rapport aux importations d’amphores étrusques (aimable information de Stéphane Carrara). Même
par rapport à d’autres catégories de matériaux qu’on retrouve à Lyon mais qui sont absents entre Marseille et Lyon (Perrin & Bellon 1992,
424), à l’heure actuelle, il n’est pas encore clair s’il faut considérer cette zone comme un “territoire de Marseille”, s’occupant d’acheminer
les produits par le Rhône.
63- Il s’agit exactement de la zone des “principautés celtiques” d’Europe centrale (Frey 1991, notamment p. 85-88).
64- Le site suisse de Châtillon-sur-Glâne, comme j’ai pu le vérifier directement grâce à la disponibilité du Service d’Archéologie Cantonale
de Fribourg, n’a livré que deux lèvres de types Py 5. Les deux autres sites suisses (Châtillon-sur-Font et Schiffenen) n’ont livré que des
fragments de panse d’amphores micacées (Lüscher 1996 ; Ramseyer 1997).
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moBilité des hommes, diFFusion des idées, circulAtion des Biens dAns l’espAce européen à l’âGe du Fer
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Fig. 10. Carte de répartition des amphores grecques en Europe centrale, in vie-début ve s. a.C. (© F. Sacchetti).
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Il est tout de même nécessaire de mieux appréhender la nature de ces échanges, de prestige ou à plus large
échelle, et le type d’organisation, sous la forme d’une fréquentation commerciale plus ou moins occasionnelle
ou d’un commerce structuré, bien qu’éloigné du système de l’emporia.
À cet égard, il faut considérer très attentivement la méthode d’analyse des données quantitatives. Celles-ci
doivent reposer sur un comptage du nombre d’individus qui, d’une part tienne compte du protocole appliqué
aux contextes méditerranéens des emporia et des colonies grecques65, mais qui, d’autre part, tienne également
compte de la nature profondément différente des contextes archéologiques centre-européens, et notamment des
surfaces fouillées moins importants et d’une richesse relative des dépôts archéologiques également moindre,
quelle que soit la catégorie prise en compte.
Une problématique souvent mise en avant au sujet des amphores en contexte hallstattien concerne justement les quantités, estimées très faibles, soit dans l’absolu, soit par rapport aux autres mobiliers d’origine
méditerranéenne destinés au symposion.
65- Cf. Arcelin & Tuffreau-Libre, dir. 1998.
sur les importAtions d’Amphores en contextes hAllstAttiens
Premièrement, comme on l’a dit, ont manqué jusqu’à présent les éléments d’appréciation : l’inventaire et
l’étude des données, dans chaque site et dans l’ensemble du secteur. En outre, si l’on considère qu’une grande
partie des objets méditerranéens, céramiques et métalliques, faisant partie du service à boire viennent de
contextes funéraires, et que les amphores n’entrent pas dans la composition des mobiliers de cette nature, la
quantité d’amphores n’est pas si modeste. Au contraire, il nous semble qu’elle est cohérente avec la quantité de
céramiques de production méditerranéenne issues des contextes d’habitat. Le cas de Vix en est un exemple. La
comparaison entre les amphores et les céramiques attiques ne semble pas du tout disproportionnée : des
nouvelles fouilles de l’habitat du Mont Lassois proviennent une vingtaine de tessons d’amphores correspondant
à 5 individus et 21 fragments d’attique correspondant à 12 individus66.
Il est nécessaire par la suite d’analyser les tendances des flux sous l’aspect chronologique et typologique, pour
essayer de déterminer les itinéraires d’acheminements et, par conséquent, les vecteurs qui en sont à l’origine et
les médiateurs qui servent de relais.
Au sujet de ces médiateurs, l’enjeu n’est pas des moindres. En l’état actuel des connaissances, les importations de céramiques méditerranéennes en contexte hallstattien ne commencent que dans le courant du troisième
quart du vie s. (Ha D2) et se poursuivent jusqu’à la fin du ve s. Cela, à partir des études de Benoit (1956) et de
F. Villard (1960), a été souvent mis en relation avec l’épanouissement de la puissance commerciale de la colonie
grecque de Massalia et son expansion vers l’intérieur des terres. Cette hypothèse n’a jamais été démentie, étant
donné la présence de produits massaliètes avérés dans les sites datables du Ha D2-D3.
Cependant, cette même période correspond également à l’épanouissement du système économique étruscopadan centré sur Bologne et au développement des trafics nord-adriatiques que la recherche actuelle met de plus
en plus en avant. Des liens entre la Culture de Golasecca et l’Étrurie padane d’une part, et les territoires aux
nord des Alpes d’autre part, sont attestés par la présence dans l’aire nord-alpine d’objets sud-alpins et
inversement.
Cela semble confirmer l’existence simultanée de relations rhodaniennes et transalpines dans cette phase
chronologique correspondant au “phénomène princier”.
Les études régionales menées dans la basse vallée du Rhône et dans le secteur nord-adriatique permettent
désormais de comparer les deux zones méditerranéennes à la zone hallstattienne, au carrefour des deux principaux axes de communications sud-nord : le couloir rhodanien et la voie des Alpes. Étant donné la nette différence des productions amphoriques et du flux des importations documentées dans les deux secteurs méditerranéens, une telle comparaison peut clarifier les questions concernant les routes et les relais commerciaux en
direction de la zone celtique centre-européenne davantage que d’autres catégories d’importations.
66- Pour les amphores, voir Sacchetti sous presse. Pour la céramique attique des nouvelles fouilles, voir Chazalon 2011.
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