Entre moi et ce film, ce ne fut jamais l'amour. Je me disais que j'allais retenter le coup, ne serait-ce que pour l'excellent Gassman (et Sandrelli
et l'ami Noiret
et bien d'autres). Mais comme si le réalisateur n'acceptait pas que le temps a passé, pendant une partie du film, qui est une chronique qui court sur cinquante ans, Vittorio Gassman
est clairement trop vieux pour son rôle – et je crois qu'il le savait bien, lui, et que ça se ressent dans son jeu.
Mais surtout, fondamentalement, je crois qu'Ettore Scola a été victime d'une sorte de malentendu fatal pour son genre de cinéma, j'entends la sorte de cinéma pour laquelle nous l'avons tant aimé : il a cru la critique. Laquelle l'a déclaré "grand auteur" à partir de Nous nous sommes tant aimés –
mais venait justement de descendre en flamme son film Macaroni,
une comédie que je trouve pour ma part désopilante.
Et donc, voici un film qui recoupe en partie ce précédent sommet, ne serait-ce que parce qu'il s'agit d'une chronique avec Vittorio Gassman qui court sur plusieurs décennies. Oh, il y a bien des touches d'ironie – on ne se refait pas – mais malheureusement, l'esprit de sérieux s'est mis de la partie et l'ennui gagne rapidement du terrain (d'autant que le film m'apparaît terriblement confiné aux intérieurs, et que la photo brunâtre de Ricardo Aronovich
n'est vraiment pas ce que ce grand chef op' a fait de mieux). Or ce type de scénarisation, de construction, de mise en scène, de traitement des personnages appellent littéralement l'humour, car c'est de là qu'ils viennent, c'est dans ce vivier que cette façon de faire des films et de raconter une histoire s'est graduellement élaborée, ce qui se sent à tous les tournants: or, ça ne vient pas, même avec Furio Scarpelli
et Ruggero Maccari au scénario.
C'est sans doute pourquoi la critique d'alors a encensé La Famille: enfin un vrai film sérieux, formaté "festival", qui ne risque plus, ô soulagement, d'être jamais confondu avec du cinéma populaire.
En même temps, bon, il m'arrive d'adorer ça par moments, parce que Gassman est un acteur génial, que j'ai toujours plaisir à retrouver, parce que je reconnais l'expertise narrative de scénaristes qui comptent parmi les meilleurs de l'histoire du cinéma: mais du "fonds" formidable qui a si longtemps été leur raison d'être, leur drive – comme on dit en anglais – "nationale-populaire", il ne reste presque plus rien.
J'ai trouvé ça étouffant et il m'a fallu tout mon petit change pour me rendre jusqu'au bout. Heureusement, le finale est très beau.
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