Qu'en dire ? Que, définitivement, Yolande Moreau est la plus grande actrice laide du cinéma français depuis Marguerite Moreno.
Yolande Moreau a toujours été laide. Elle a toujours été bourrée de talent. Revoir Sans toit ni loi,
son premier film où elle parvient, malgré la présence constante, écrasante de Sandrine Bonnaire,
autre admirable artiste, à ciseler un personnage de pauvre fille, brave et vaincue d'avance. Revoir, dans l'intéressant Germinal
de Claude Berri,
ses yeux, son jeu fou lorsqu'elle émascule l'immonde épicier Maigrat (Gérard Croce). Revoir Le fabuleux destin d'Amélie Poulain,
où elle joue, avec juste l'outrance qu'il faut, Madeleine Wallace, la concierge sentimentale à qui Amélie fait le beau cadeau d'une lettre apocryphe de son mari disparu…
D'où vient que Séraphine ne fonctionne pas vraiment, devient, au fur et à mesure, un peu longuet ? Précisément peut-être, parce que Yolande Moreau
est trop seule à porter le film ; outre que, à partir du moment où elle n'est plus sur l'écran, on s'ennuie un peu, on se dit que, finalement, le sujet est un peu léger pour tenir plus de deux heures. Le rythme s'essouffle, s'alanguit, finit par lasser.
C'est bien dommage. Parce que l'actrice est grande…
"Yolande Moreau est la plus grande actrice laide du cinéma français depuis Marguerite Moreno.… Yolande Moreau a toujours été laide.… Oui, Yolande est laide et grande. … cette pauvre souillon un peu simple…"
Vous n'y allez pas un peu fort ? Vous ne craignez pas qu'elle vous émascule pour ces propos peu flatteurs, comme jadis elle le fit avec "l'immonde épicier", lors d'un de vos prochains coquetèles avec le monde du cinéma ? Avez-vous assuré vos choucounettes ?
Voilà un risque du métier de chroniqueur qui ne me concerne heureusement pas, naviguant en compagnie de fort belles personnes (lesquelles me soutiennent, aujourd'hui, certaines depuis leur paradis des terres éternelles) : Deborah Kerr, Eleanor Parker,
Jennifer O'Neill,
Jeanne Crain,
Natalie Wood,
Teresa Wright,
…
Je vous rejoins tout à fait sur le fait que ce film se traine trop, même si Yolande Moreau est décidément une immense actrice. Pourtant, certaines séquences sont fort esthétiques et mêmes reposantes. Ce film comporte des silences absolument magnifiques et très instructifs sur la folie ( elle était plus qu'un peu simple ) qui habitait en sourdine cette merveilleuse artiste. De plus, l'oeil est flatté par une photo magnifique. Yolande Moreau
se promène beaucoup dans cette oeuvre, en gros plans ou en ombre chinoise avec son regard égaré dans on ne sait quel espace sidéral. Elle sait parfaitement jouer de la laideur que vous évoquez et qui déplait tant à Vincentp. Cette même laideur qui accompagnait si bien le côté homme des bois crasseux et désespéré de Depardieu
dans le troublant Mammuth.
Ce rôle de souillon poussé à l'extrême la rend encore plus laide et ajoute une touche de génie à sa prestation. Mais il est vrai qu'elle est souvent trop seule dans ce film et livrée à elle même sans assez de confrontation avec les autres personnages. Par contre, l'ambivalence des rapports entre Séraphine
et Wilhelm Uhde le collectionneur est peut-être un peu bâclée. Ils ne furent pas si angéliques que ça. Et je pense que le metteur en scène aurait du fouiller un peu plus dans ces eaux là. En tous cas, dans la noirceur et l'indolence poussée voulue par Martin Provost se dégage une certitude : Voilà un film qui a du faire naitre des vocations pour la peinture. La passion surexaltée de l'artiste folle pour son oeuvre n' a pu laisser indifférents même les plus blasés dans ce domaine. D'autant que sa façon de peindre et ses préparations n'étaient pas des plus académiques, c'est rien de le dire.
Et puis, un mot. Peut-être étonnant. Paulette Dubost fut épatante dans Bécassine,
mais en voyant l'affiche de Séraphine,
je me dis que notre Yolande
ferait formidablement l'affaire… Non ?
Pour en revenir à la laideur de certaines actrices très talentueuses, je pense apporter de l'eau à votre moulin en vous rappelant que :
Jeanne Fusier-Gir ou Maria Mériko n'étaient pas non plus des plus charmantes.. Et pourtant..
Sur les actrices laides, ami Tamatoa, vous trichez un peu : vous citez et montrez des actrices qui n'ont jamais eu la tête d'affiche, alors que Yolande Moreau ou, comme je l'avais évoqué, Marguerite Moreno
sont des premiers plans.
Si l'on veut trouver es moches, on peut chercher du côté de Lucienne Bogaert :
ou de Muni :
Dans Camille redouble, j'ai trouvé Yolande Moreau
radicalement transformée, physiquement !
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