Un film intéressant par son thème – une romance-passion impossible entre un policier marié chargé de protéger une jeune femme malheureuse menacée par un assassin qu'elle a vu à l'œuvre – et par une réalisation qui fait la part belle à l'atmosphère nocturne de New York, longuement montrée à travers beaux quartiers (celui de la belle bourgeoise) et univers plus modeste, voire pauvre (celui du policier et de sa femme).
Ridley Scott déroule son film de façon feutrée, au milieu des non-dits et des regards fiévreux. La menace omniprésente du redoutable criminel – portée par l'un des plus terribles méchants du cinéma (Kostas Katsulas) – renforce l'empathie qui porte le spectateur vers ce couple a priori mal assorti, et pourtant si crédible… grâce à la conviction des deux acteurs principaux : la belle, troublante et séduisante Mimi Rogers, si fragile, et Tom Béranger excellent en homme simple dépassé par cette liaison inespérée qui lui fait perdre tous ses repères, et vaciller sa vie.
Il y a aussi Lorraine Bracco (la psy des Soprano)
, qui dans mon souvenir, a une très belle scène de rupture avec Berenger,
dans un restaurant.
Tom Berenger, voilà un acteur qui de Les copains d'abord
à Platoon,
en passant par Traquée
ou New York, 2H du matin,
a fait un début de carrière fulgurant, pour sombrer inexplicablement dans les séries B…
En effet, Lorraine Bracco est très convaincante dans son rôle d'épouse qui se sent bafouée. Quant à Tom Berenger, on peut remarquer – curieux principe des vases communicants sans doute – qu'il s'épaississait physiquement à mesure que sa carrière déclinait ! Je l'ai toutefois bien aimé dans Le dernier Cheyenne avec Barbara Hershey…
Tom Berenger et Denis Quaid sont des particularités qui nous surprennent quelque peu… Mais si nous y réfléchissons bien, ils ne seraient pas les seuls dans le cinéma d'aujourd'hui.
On pourrait peut-être se poser la question de savoir pourquoi ?
Par contre, je reviens au film Traquée que l'on aurait tendance à oublier : c'est un excellent Ridley Scott.
La réponse est pourtant limpide. Plutôt que de retourner vers Lorraine Bracco, Tom Berenger aurait dû concrétiser son idylle avec Mimi Rogers : hélas ! il ne s'en est jamais remis. Quelle responsabilité pour Ridley Scott !
Dis, Gaulhenrix : tu y crois vraiment ?
Berenger et Mimi Rogers ne pouvaient avoir une attirance l'un vers l'autre que par le biais de cette situation. Après ? Vivant chacun un monde très différent avec des valeurs plus différentes encore accusées par l'ensemble des moyens mis à disposition… Son "chez lui", aussi modeste pouvait-il être, était son cadre, sa vie professionnelle et sa vie familiale régentées par les aléas les plus divers. Cette affaire avec toutes ses conséquences, bien particulières, à mon sens, ne pourra qu'entraîner, vraisemblablement, des évolutions au sein desquelles, comme tout un chacun, il faut "vivre"…
Certes, droudrou, mais "Pour qu'un ciel flamboie / Le rouge et le noir ne s'épousent-ils pas ?"…
Le film est surtout remarquable du point de vue esthétique: l'univers urbain et nocturne new-yorkais est mis en valeur par une photo superbe qui porte indéniablement la marque du réalisateur de Blade Runner. Les intérieurs sont eux aussi particulièrement soignés.
L'ensemble a peu vieilli hormis certains détails comme la coiffure de Lorraine Bracco.
Il est vrai que le film est intéressant de par sa psychologie assez poussée. Les relations entre le flic, son épouse et la femme protégée par le flic sonnent vrai.
Ces trois personnages sont interprétés respectivement par Tom Berenger, Lorraine Bracco
et Mimi Rogers,
trois comédiens qu'on a (trop) peu vu ces dernières années alors qu'ils sont ici tous les trois impeccables. Le méchant (Andreas Katsulas, vu dans Série Noire
de Corneau)
est antipathique à souhait. Le film oppose de manière judicieuse le milieu bourgeois dans lequel évolue le personnage incarné par Mimi Rogers
et le milieu plus modeste dont font partie le flic et sa femme.
Du coup l'intrigue passe au second plan et on peut regretter qu'elle soit si conventionnelle, voire cousue de fil blanc. Le suspense est peu haletant, ce qui est quand même préjudiciable pour un film policier. Ce film captivant aurait pu/dû être inoubliable.
Ce manque d'intensité dramatique et le casting peu prestigieux expliquent sans doute l'oubli dans lequel Traquée est tombé.
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