Je conservais un excellent souvenir de ce Père tranquille vu plusieurs fois aux temps où la télévision ne se croyait pas obligée aux films en couleurs en début de soirée, mais j'avais plutôt gardé en mémoire une bluette très réussie, très aimable, très bon enfant et un peu superficielle.
Eh bien, c'est beaucoup mieux que ça, et c'est surtout idéologiquement beaucoup plus fort et engagé, comme le décortique l'excellent supplément Pas si tranquille que ça joint au DVD.
Je confinerais au sacrilège en rapprochant ce film de la sombre et magnifique Armée des ombresEt l'un et l'autre film présentent aussi une vision profondément gaulliste de la Résistance : la lutte pour la libération de la Patrie, accomplie par des gens de toute origine, de toute philosophie, de toute provenance, droite et gauche mêlée (Celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas) en tout cas une vision bien éloignée de films plus militants, privilégiant la lutte idéologique contre le nazisme.
On apprend, dans l'excellent supplément déjà cité, que Le père tranquille est le dernier d'une série de films financés par les Pouvoirs publics, dans une optique de réconciliation nationale, ou plutôt de conciliation entre les différentes tendances issues de la Résistance ; et que Clément
fut retenu, après la plus héroïcisante Bataille du rail
(cette épithète n'est pas une critique) bien qu'il ait été lui-même assez éloigné du communisme, alors extrêmement puissant ; outre la qualité du récit, et l'excellent témoignage sur la vie d'une bourgade d'apparence tranquille – mais guère éloignée d'endroits stratégiques, puisqu'on la voit proche d'Angoulême, c'est-à-dire pas très loin de l'Océan – il y a donc dans ce qui est au moins autant le film de Noël-Noël
que de René Clément
un très intéressant et subtil ouvrage destiné à panser des plaies et à apaiser les tensions.
Ce film est un régal qui nous replonge dans un passé oublié et pourtant plein de valeurs humaines qui malgré la guerre nous donne des leçons sur ce qui se passe à notre époque et ces dérives quotidiennes.
Que reste-t-il aujourd'hui de tout cela ??
L'égoïsme et la peur de tous face à l'immoralité de notre époque.
Encore merci à Noël Noël et à Clément pour ce témoignage sur une histoire de notre pays beaucoup plus glorieuse que celle que l'on connaît aujourd'hui.
Une très belle réussite effectivement du cinéma français. Le travail conjugué de René Clément (pour la mise en scène) et Noel-Noel (le scénario et les dialogues) fait des merveilles. Mais il y aussi la photographie de Claude Renoir, et les décors… De l'émotion par exemple, lorsque Monique Martin (Nadine Alari)
puis Pierre Martin (José Artur)
découvrent la réalité de l'activité de leur père. Une prise de recul aussi quant à l'analyse des comportements individuels et collectifs pendant cette période trouble. Les acteurs sont tous excellents (outre les acteurs cités précédemment, citons Paul Frankeur,
Jean Lara, Howard Vernon,…). Un classique indispensable.
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