Un des plus grands films confrantant ces deux monstres sacrés que sont Gabin et Bourvil. Deux personnages que tout oppose et dont les répliques sont devenus cultes comme la scène avec Louis De Funès (alias Jambier) ou celle du café dans lequel se réfugient nos deux protagonistes qui tentent d'échapper au contrôle de deux gendarmes. Un bonheur total de le revoir en DVD !
Je profite de lancer un appel pour qu'un coffret de films avec Bourvil nous sorte au plus vite car sa filmographie en DVD est pour le moment assez misérable. J'aimerais tellement revoir :
"Le coeur sur la main" (1949), "Fortunat" (1960), "La Grande lessive" (1968), "Le Passe-muraille" (1951), "Un drôle de paroissien" (1963), "La cuisine au beurre" (1963), "Le Miroir à deux faces" (1958), "La Grosse caisse" (1965), puis "Les Culottes rouges" (1962) – superbe film avec Laurent Terzieff – , et j'en oublie certainement d'autres.
Un film admirable, mélant très adroitement légéreté et gravité, drame et comédie, propos outranciers et images muettes. Très beau descriptif de l'atmosphère d'une époque -celle de l'occupation de Paris par les troupes allemandes- ou cours de laquelle apparaît une économie souterraine reposant sur des combines foireuses, des bassesses diverses et variées, et aussi un héroïsme dérisoire et pathétique. La guerre telle que peut l'avoir connu le petit peuple et la bourgeoisie. Sous le couvert d'un propos farfelu, très sérieuse et impressionnante démonstration des mécanismes qui constituent et génèrent des classes sociales différentes. Un film que l'on pourraît rapprocher de ce point de vue de la grande illusion, autre chef-d'oeuvre légendaire du cinéma français.
Eh oui, les amis, La traversée de Paris est un de ces grands chefs d'oeuvre noirs, vraiment noirs d'Autant-Lara
!
Si l'on n'y voit que l'anecdote, les éructations de Jambier, la présence de deux acteurs classés dans les meilleurs amuseurs publics de la France d'après-guerre, (Bourvil et Funès)
mais aussi de plusieurs acteurs étiquetés comiques (Georgette Anys,
Jacques Marin,
Hubert de Lapparent)
et de la plus grande vedette de toute l'histoire du cinéma français, Jean Gabin,
les dialogues étincelants de Aurenche
et Bost, si même on se réfère à la nouvelle éponyme de Marcel Aymé,
on passera à côté de la méchanceté intrinsèque et géniale d'Autant-Lara.
La morale de l'histoire, c'est que, tout autant que les riches dans le discours politiquement correct, les pauvres sont veules et malfaisants.
Et que de toute façon, et quoi qu'on y fasse, ça s'arrangera toujours pour les riches, et que c'est d'ailleurs beaucoup plus normal comme ça, parce qu'ils sont cultivés et intéressants.
C'est un proverbe maltais cruel et juste: La pierre tombe sur l'oeuf: tant pis pour l'œuf. L'œuf tombe sur la pierre: tant pis pour l'oeuf.
Dans les temps mièvres, ça décoiffe…
Que rajouter d'original sur ce film connu de tous narrant dans une brève rencontre une tentative de connexion entre un artiste désabusé, provocateur, protégé, avide de théorèmes sur les limites de ses contemporains et un chômeur dont les possibilités de s'exprimer avant d'en venir aux mains ne dépasse pas trois phrases, le tout dans un périple se nourrissant de lâchetés contemplatives.
Le prolétaire est durement malmené par un verdict de passage. Le pleutre rencontré au hasard est jugé sévèrement par un parachuté théorique en manque d'expérience désirant entériner sur le terrain un catalogue social conçu entre intellectuels dans les salons laminant le plus faible en le vêtant de toute la noirceur humaine.
L'œuvre est récupératrice en vaporisant un parfum d'homologation toujours latent envers ces constats racoleurs hurlés dans les bars par un juge itinérant transcendé par la liberté de vomir son mépris envers un troupeau héréditaire durement touché.
« L'intellectuel » Grandgil vocifère, condamne une meute sans envergures camouflées dans les caves en manipulant et rabaissant sournoisement par sa culture et sa présence d'esprit l'ouvrier Martin ne sachant que geindre ou montrer les poings.
La Paix terminologie de ce parcours repositionne chacun sur les rails d'un système maître serviteur semblant indélébile. Le costume et les premières pour l'un, le port des bagages pour l'autre dans un dernier contact chaleureux mais superficiel ne laissant aucune place à une réelle collaboration durable entre deux composants provisoirement rassemblés par la divine providence d'une occupation synonyme de communication entre une équation irréalisable en temps normal.
Finalement le pire c'est quand tout va bien.
et forme par la provocation Marcel Martin (Bourvil)
Formation incomplete ou médiocre au choix vu qu'il le retrouve comme porteur de bagage à la gare.
Fin pessimiste qui nous montre un individu qui n'emerge pas de sa condition malgré les conseils de cet ami.
Alors lutte des classes ou lutte de caracteres ?
Les deux sans doute dans un film qui nous montre une sorte d'interaction entre les deux.
Le milieu influence le comportement et vice-versa.
Les retrouvailles sont effectivement touchantes de sincerité et de naturelles
entre deux hommes français de l'apres-guerre, relativement pudiques de leurs sentiments/émotions.
Je suis d'accord avec Bourvil, Gabin meritait aussi une récompense.
Tu sais c'est du Claude Autant Lara avec des cartes relationnelles non évolutives pour le plus faible distribuées des le départ.
Martin le gentil chauffeur de taxi est écrasé doublement par l'intellect et la prestance verbale de Grandgil qui par le geste mime la terrible différence du mot peintre que Martin dans un premier temps assimile au Batiment, Grandgil réctifie de manière hautaine l'erreur de compréhension. La scène du café est à mon avis insoutenable, La psychologie du réalisateur ne voyage t'elle pas embusquée dans le personnage de Jean Gabin lui même certainement disciple de telles dérives.
Je me souviens avoir vu un Claude Autant Lara perruqué dans un débat sur Canal+ j'ai trouvé cet homme miraculeusement préservé (90 ans) extrèmement négatif.
Ouh là là ! Dès qu'on touche, sur DVDToile, à Autant-Lara (et à Duvivier)
, on me trouve ! Je les tiens l'un et l'autre, pour les maîtres d'un genre très français, sarcastique et noir, d'un noir si fort, si intense qu'il ne laisse pas passer la lumière !
Aussi, juger qu'Autant-Lara, lors du débat que vous avez eu, était "extrêmement négatif", me semble de l'ordre des évidences déconcertantes ; qui trouverait Paul Léautaud ami de la gentillesse et confiant en l'Humanité, me paraitrait exciper d'un aveuglement ridicule : pareil pour l'auteur de L'auberge rouge.
Je vous renvoie au message goguenard que j'ai placé naguère sur le fil de cette Traversée de Paris – que nous aimons – pour en méditer la vraie signification ; car lorsque vous écrivez que, dans l'image finale, Grandgil et Martin sont émouvants, touchants, ou je ne sais quoi, vous méconnaissez vraiment la dimension anarchiste et vénéneuse du film : Grandgil regarde Martin avec la sympathie, la commisération, le mépris affectueux qu'il lui a manifestés durant toute leur épopée baroque : de toute éternité, Grandgil est destiné à voyager en sleeping, et Martin à porter les valises ; et une fois de plus, la différence entre eux, c'est que Grandgil peut bien – pour s'amuser, pour le "fun" comme on dit aujourd'hui – porter des valises ; mais jamais, jamais Martin ne saura monter dans le sleeping.
Grandgil regarde Martin avec la sympathie, la commisération, le mépris affectueux qu'il lui a manifestés durant toute leur épopée baroque : de toute éternité, Grandgil est destiné à voyager en sleeping, et Martin à porter les valises ; et une fois de plus, la différence entre eux, c'est que Grandgil peut bien – pour s'amuser, pour le "fun" comme on dit aujourd'hui – porter des valises ; mais jamais, jamais Martin ne saura monter dans le sleeping.
Une interpretation toute personnelle qui nous revele davantage votre caractere mon cher impetueux.
Et c'est pas joli joli ;)
Quand j'ai du mépris même "affectueux" pour un porteur, je ne vais pas portez 'ses' valises lourdes.
il faut avoir une bonne dose d'empathie.
On peut porter aussi les valises quand on est géné pour l'autre ami, pour avoir un privilege qu'il n'a pas.
Martin pourrait monter dans le sleeping si Grandgil lui propose mais il ne lui proposera pas
et se contente comme gage d'amitié de porter SES propres valises et de le payer d'un service qu'il vient d'éffectué lui-même.
C'est tjs mieux que rien du tout.
C'est aussi un constat d'echec (et une critique) pour Grandgil qui avait de la sympathie pour Martin.
Une grande gueule mais un pietre formateur et ami, une sorte d'épicurien individualiste comme je crois qu'il se définissait lui-même.
Eh bien, eh bien, ça doit faire des années que vous n'avez pas vu le film !
Où avez-vous vu qu'à aucun moment Grandgil porte les valises de Martin ?
Pendant l'Occupation, durant la Traversée, Grandgil veut voir ce que l'on peut faire, dans une époque troublée, jusqu'où peut aller un type déterminé et désinvolte (et protégé par son statut social, sa notoriété artistique – ai-je jamais écrit que Grandgil est un modèle d'altruisme et de bienveillance ???).
A la Libération, Martin continue à porter les valises, parce qu'il est fait pour ça, dans une sorte de déterminisme social ; c'est d'ailleurs le sens de la dernière apostrophe de Grandgil, au moment où le train s'ébranle : - Alors, Martin, toujours les valises ?! Et la réponse de Martin, souriante et résignée : - Eh oui, celle des autres !. Et s'il fallait une preuve que le clivage de classes a repris toute sa place, depuis l'épopée du cochon de Jambier, c'est le retour du vouvoiement que Martin, spontanément, emploie lorsqu'il s'adresse à Grandgil.
Cette mise au point étant faite, je trouve du dernier mauvais goût que vous prétendiez avoir, de cette interprétation, la moindre idée sur mon caractère ou mes propres points de vue.
D'accord avec Impétueux sur son interpétation de la fin… Quelle émotion ? Il est clair que si Martin va parler de cette rencontre à ses copains, le soir devant un apéro, Grandgil lui l'a déjà oubliée en s'installant dans son wagon. Après leur brève aventure en commun, la "vraie vie" a repris pour les deux hommes. Un seul porte encore des valises…
J'ai revu le film il y a qq mois.
Où avez-vous vu qu'à aucun moment Grandgil porte les valises de Martin ?
Je ne le pensais pas mais ma phrase était sans doute pas assez explicite et claire.
Ce qui pousse Grandgil à porter les valises à la gare, ce n'est certainement pas un sentiment de mépris même "affectueux" mais davantage de la sympathie, de l'empathie et peut être une pointe de gene face a un vieux compagnon de route dont on a un peu sympathisé et dont on s'est inquiété du sort.
A la facon qu'il l'appelle plusieurs fois, il est a la fois surpris et content de le retrouver vivant.
Quand a mon supposé "mauvais goût", je comprends votre réaction, Impétueux.
Ca me semblait interessant de souligner qu'un point de vue particulier, surtout quand il est biaisé,
peut renseigner parfois d'avantage sur la personne que sur le film.
Je persiste et signe.
Paul De Montréal
PS: Comme offensé, vous avez le choix des armes.
:D
Pour la seconde fois, regardez le film, au lieu de vous fier à des souvenirs aussi anciens que fallacieux !!
A aucun moment Grandgil ne porte des valises dans l'épilogue !!! Il sort d'un taxi, Gare de Lyon, sans donner la moindre attention au porteur anonyme qui s'empare de ses valises et qui le suit au milieu de la foule pressée ; une valise dissimule opportunément le visage du porteur. Grandgil monte dans le sleeping pendant que le porteur passe les valises par la fenêtre à un autre employé, un contrôleur sans doute ; et quand, pour le payer, Grandgil se penche vers le porteur, il reconnaît le brave Martin, devenu binoclard – possiblement, et même sans doute du fait d'un séjour dans un camp allemand – ; Martin, lui, ne reconnaît pas du premier coup Grandgil mais lorsqu'il y parvient, il est intimidé, un peu gêné, pas le moins du monde envieux.
Grandgil est un mâle dominant, Martin un soumis de nature.
C'est la vie, c'est tout.
Ah, oui ca me revient maintenant.
Et Martin quand il le reconnait, refuse apres le pourboir.
Vous avez raison pour la scene finale, j'ai confondu avec une scene du milieu du film quand Grandgil porte les deux valises.
Je viens, par acquit de conscience, de re-visionner la fin du film : Martin ne refuse pas le billet que lui tend Grandgil : il l'accepte et c'est à ce moment-là, parce qu'il relève la tête – pour remercier – que Grandgil le reconnaît.
Il n'y a pas de fierté qui se rebiffe, chez Martin ; il y a simplement l'acceptation de sa condition.
Tout ceci en dit long sur ce que l'on retient des films qu'on voit… J'imagine que ce doit être le cas pour tout le monde, et pour la plupart des films : on en retient que ce qu'on a envie d'en retenir. A méditer.
Oui, tu as raison Pm Jarriq. Je m'aperçois aujourd'hui que je n'ai pas interprêté la fin de Ma nuit chez Maud de la même façon qu'un auteur d'un livre sur Rohmer. Voir fil consacré à ce film. Des divergences de points de vue entre collègues à propos de Blade Runner
et de la fin énigmatique de la version du réalisateur. Egalement : La planète des singes
: il m'a semblé que la planète en question était la Terre, mais un amateur de science-fiction m'a soutenu mordicus le contraire.
Comme pour tous les cinéastes de qualité, c'est leur technique de réalisation même qui exprime leur pensée.
Or, que remarquons-nous dans la scène finale ? Une valise dissimule Martin ; ce qui laisse entendre combien il est anonyme, voire insignifiant puisque symbolisé par sa seule fonction (porteur de valise). D'autre part, la rencontre entre les deux personnages est montrée selon le procédé de la plongée qui saisit Martin (donc qui le montre en position d'"infériorité"), alors que c'est en contre-plongée qu'est filmé Grandgil (ce qui insiste sur sa "supériorité").
Bref, Autant-Lara – en remettant in fine, après la guerre, les personnages à leur place sociale du début de film – entend sans doute moquer ceux qui, à la Libération, luttaient pour une révolution sociale. Par exemple, Camus, alors Directeur du journal "Combat" issu de la Résistance signait un éditorial "De la Résistance à la Révolution". Pour Autant-Lara, ce n'étaient que billevesées. : pour lui, sans doute, rien ne changerait jamais…
« Bref, Autant-Lara entend fustiger ceux qui, à la Libération, luttaient pour une révolution sociale. »
Et le championnat de saut aux conclusions se poursuit…
Je suggère un article d'Umberto Eco : "Interpretation and overinterpretation"
@vincent
C'est normal d'avoir des interprétations, point de vue différents suivant notre vécu, notre culture. En art pictural, je pense par ex. qu'une peinture abstraite a de l'interet aussi par la multitude d'interprétations possibles.
Sauf que j'ai commis une erreur de mémoire pour la fin ce qui est différent d'une interprétation différente d'une même scène visualisée. C'est vrai que ce type d'erreur de mémoire est souvent orienté vers l'interprétation qu'on se fait du film : j'ai comme réinventé à mon goût la fin du film. ;)
@gaulhenrix
Claude Autant-Lara et Marcel Aymé
(histoire) nous montrent une évolution de statut des deux personnages principaux avec un écart qui selon moi s'est légèrement accru. Maintenant a partir de 2 cas et d'un seul film c'est délicat de connaitre l'opinion politique des auteurs (réalisateur, scénariste) et savoir s'ils pensent déjà qu'en général la 'fracture sociale' s'agrandit.
Les périodes d'instabilité ou de guerre offrent des occasions d'enrichissement spectaculaires à certains et donc peuvent creuser encore plus les différences entre les plus riches et les plus pauvres. Regardez en Russie ce qui se passe ou l'enrichissement du clan Hariri avec la reconstruction après la guerre du Liban.
@ paul-mtl
Bien sûr ! Il s'agissait simplement de rappeler le contexte de l'époque et le débat d'idées qui l'agitait.
Sans "rester froid" , loin s'en faut, devant ce film , je ne me rappelle pas qu'il m'est arraché un sourire…Bourvil, par moments, peut-être…Je ne vois dans ce film d'Ambiance que la pesanteur (merveilleusement bien rendue ) d'une époque inssuportable. Par contre , vous , vous m'arrachez un sourire ( trés amical) quand vous évoquez le Paris By Nihgt de cette époque. Il serait bon que quelques "vieux soldats" présents sur ce site évoquent les nuits de ce Paris là…
Et puis, une chose : Ce n'est pas du "vieux ciné" ! Quand vous écoutez Mozart , vous n'écoutez pas de la vieille musique..
Mais alors, comment auriez-vous interprété la fin si Autant-Lara avait respecté la nouvelle de l'excellent Marcel Aymé,
c'est à dire, si Martin avait poignardé Grandgil dans son atelier? La médiocrité tue le talent?
Mais alors, comment auriez-vous interprété la fin si Autant-Lara avait respecté la nouvelle de l'excellent Marcel Aymé, c'est à dire, si Martin avait poignardé Grandgil dans son atelier?
Il l'aurait découpé en morceaux et aurait mis le corps dans une valise en demandant à Jambier de l'aider à transporter les valises à l'autre bout de Paris. Voir même, si l'on aime l'humour noir ; vendre Grandgil en le faisant passer pour un cochon !
…..Il l'aurait découpé en morceaux et aurait mis le corps dans une valise en demandant à Jambier de l'aider à transporter les valises à l'autre bout de Paris ! Jusqu'à chez Couronne, Alfred, né à Aubenas, Ardèche, signes particuliers :Néant. Et il lui aurait dit :"-Tiens, bouffe le ! c'est lui qui a bu tout ton vin chaud et qui t'a traité de "Salaud d'pauvre !-"
pour \Lagardère
Pourquoi pas plutôt dans le restaurant de Jacques Marin ? Une des clientes disait vouloir manger du rognon d'homme.
Que rajouter d'original sur ce film connu de tous narrant dans une brève rencontre une tentative de connexion entre un artiste désabusé, provocateur, protégé, avide de théorèmes sur les limites de ses contemporains et un chômeur dont les possibilités de s'exprimer avant d'en venir aux mains ne dépasse pas trois phrases, le tout dans un périple se nourrissant de lâchetés contemplatives.
Le prolétaire est durement malmené par un verdict de passage. Le pleutre rencontré au hasard est jugé sévèrement par un parachuté théorique en manque d'expérience désirant entériner sur le terrain un catalogue social conçu entre intellectuels dans les salons laminant le plus faible en le vêtant de toute la noirceur humaine.
L'œuvre est récupératrice en vaporisant un parfum d'homologation toujours latent envers ces constats racoleurs hurlés dans les bars par un juge itinérant transcendé par la liberté de vomir son mépris envers un troupeau héréditaire durement touché.
« L'intellectuel » Grandgil vocifère, condamne une meute sans envergures camouflées dans les caves en manipulant et rabaissant sournoisement par sa culture et sa présence d'esprit l'ouvrier Martin ne sachant que geindre ou montrer les poings.
La Paix terminologie de ce parcours repositionne chacun sur les rails d'un système maître serviteur semblant indélébile. Le costume et les premières pour l'un, le port des bagages pour l'autre dans un dernier contact chaleureux mais superficiel ne laissant aucune place à une réelle collaboration durable entre deux composants provisoirement rassemblés par la divine providence d'une occupation synonyme de communication entre une équation irréalisable en temps normal.
Finalement le pire c'est quand tout va bien.
Par ailleurs, le tandem Bourvil-Gabin fonctionne à merveille. (Vincentp)
C'est tout à fait vrai . Pourtant, Marcel AyméCitations : Biographie de Bourvil de Christian Plume et Xavier Pasquini
Marcel Aymé avait d'autant plus de mérite à avouer qu'il s'était trompé sur les choix de Claude Autant-Lara
que l'adaptation de Jean Aurenche
et Pierre Bost prenait de grandes libertés avec la nouvelle qu'il avait écrite et qui figure dans le recueil Le vin de Paris. Dans le texte d'Aymé,
Grandgil – qui n'est pas un grand peintre reconnu, mais un barbouilleur de gravures érotiques, mais qui, en même temps, sous le pseudonyme (ou son vrai nom) de Gilouin, est un artiste exigeant – est tué par Martin. Celui-ci n'a pas supporté que Grandgil ait accompli l'épopée de la traversée pour s'amuser et se confirmer qu'il est un individu supérieur. Et ça ne réussira pas à Martin, arrêté par la police et confondu par un croquis que Grandgil avait fait quelques instants auparavant, alors qu'il était endormi dans son atelier…
Finalement, souvent, les meilleures adaptations sont d'apparentes trahisons…
L'attitude de Grandgil (Jean Gabin) par rapport aux Allemands est ambiguë. Il ne se révolte pas contre l'occupation , aucune remarque sur les lois ignobles qu'il accepte. Heureux de jouer sur la peur des autres. Heureux de pouvoir jouer de sa notoriété auprès des Allemands. Dans un café, il en veut à la femme du patron qui veut le mettre dehors, et se montre ignoble dans la provocation video salauds de pauvres. Il reproche au patron de ne pas avoir obéi aux lois de Vichy sur les juifs, en employant une juive comme bonne à tout faire. Puis semble prendre la defense de la bonne en disant "et en plus il l'exploite !". Le patron apeuré repond à Grandvil comme s'il était de la gestapo, et décline son identité. Grandvil veut montrer qu'il ne craint pas les forces d'occupation, protégé par son statut. Il criait Jambier quitte à ameuter tout le quartier et à se faire arrêter avec Jambier et Marcel Martin vidéo Jambier !! . Puis c'est Martin qui essaye de desceller la grille et crie Marchandot au moment de livrer le cochon. Les compères se font arrêter par une patrouille . Grandgil est sûr de lui , et de pouvoir protéger son complice lors des interrogatoires .Heureusement que Marcel Martin n’est pas juif, autant soit peu (grands parents juifs par exemple), il n’aurait rien pu faire pour lui ! L’identité légale des Juifs sous Vichy Un officier allemand tué par la résistance bouleverse a bienveillance du nazi sensible aux arguments de Grandgil.
Je crains, Frydman, que vous n'ayez pas compris grand chose à la férocité cynique du film….
Férocité cynique ? Quelles sont les motivations de Grandgil ? Ce n'est pas l'argent, il n'en a pas besoin. Il éprouve de la sympathie, de l'empathie pour le pauvre Martin jusqu'à faire semblant d'être pauvre et faire du marché noir avec lui. Il ne se dérobe pas ,et partage pleinement les préoccupations de Martin pour échapper aux contrôles des patrouilles allemandes ou de la police française dans cette traversée de Paris . Neanmoins il fait prendre des risques énormes en criant très fort Jambier, pour obtenir plus d'argent. De l'argent dont il n'a pas besoin et qu'il pourrait donner de lui même à Martin. Lorsqu'ils vont livrer enfin le cochon, c'est Martin qui à l'instar de Grandgil qui criait Jambier, crie Marchandot, (le boucher charcutier) essayant de desceller la grille ,et Grandgil qui essaye de le temperer, les rôles etant inversés par rapport a la scène chez Jambier. Ils sont arrêtés par une patrouille. Le lien suivant semble donner une bonne analyse des motivations de Grandgil Motivations de Grandgil En définitive, la motivation du récit est résumée par Grandgil qui appréhende le marché noir «?par curiosité, pour voir?jusqu’où on peut aller en temps d’occupation. »
Hédoniste cynique qui méprise absolument tout le monde, y compris Martin, Grandgil veut simplement voir jusqu'où on peut aller – surtout où lui-même peut aller – dans une époque aussi incertaine et dangereuse.
Comme toujours chez le grand Claude Autant-Lara, personne n'est bien. Le réalisateur est toujours le plus grinçant du cinéma français.
Je dirais que le seul vrai salaud du film n'est personne d'autre que Jambier… Gabin n'étant juste qu'un provocateur.
Mais pas du tout, Frétyl ! Tous des salauds ! Jambier, naturellement, Martin qui fait le marché noir, les cafetiers immondes qui exploitent une Juive, les clensts qui sont au courant de tout et ne disent rien…
C'est bien le sens de la nouvelle et du film : tout le monde est un salaud. Les héros sont rarissimes (revoir L'armée des ombres. Tous les autres , c'est nous !
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